Pédagogies alternatives
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- OmniiaAncien⋅ne
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Re: Pédagogies alternatives
30.09.13 9:25
C'est aussi vrai pour la plupart des étudiant-es en L1 de Psycho. Dans ma fac, même en L2 ou en L3, les stats correspondent encore à un truc très très flou pour nous. On commence réellement à comprendre lorsque l'on est nous même amené-es à réaliser des expériences.Polyvalentour a écrit:@Nurja : Maintenant que j'y pense, pour comprendre les expériences plus en détails, les élèves ont besoin de pré-requis en statistiques. J'avais oublié ce détail. Du coup, des enfants de 6e ne seraient pas prêts.
J'ai regardé le début de la vidéo que tu as posté et j'ai une expérience différente de celle de Nurja. Les cours de début de cursus peuvent être de ce genre là dans ma fac. Cette vidéo aurait d'ailleurs très bien pu être montrée en cours.
- sandrineAncien⋅ne
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Re: Pédagogies alternatives
30.09.13 9:31
Je me demande si on peut parler de pédagogies alternatives pour la fac? Je pensais que le concept ne s'appliquait qu'à la période de scolarité obligatoire?
- OmniiaAncien⋅ne
- Messages : 2909
Date d'inscription : 20/10/2012
Re: Pédagogies alternatives
30.09.13 9:39
J'en sais rien du tout
Re: Pédagogies alternatives
30.09.13 15:45
Je suppose que ça dépend de ce que tu mets derrière le mot "pédagogie alternative", si c'est une référence à "l'éducation nouvelle" avec des pédagogies comme Montessori, Freinet... (http://fr.wikipedia.org/wiki/Éducation_nouvelle) ou si c'est plus largement ce qui sort de ce qu'on a l'habitude de voir dans les écoles et les facs.
Je me souviens d'une expérience menée pendant plusieurs années dans mon collège. Pas de référence à une pédagogie de l'éducation nouvelle, mais une classe passerelle entre le CM2 et la 6e. Un projet de classe, ici autour d'un centre équestre (soigner les chevaux, apprendre à monter, etc) qui permettait de raccrocher les enfants démotivés par un apprentissage trop théorique et des cours qui permettait de revoir les apprentissages de primaire qui n'avaient pas été acquis, de prendre un peu d'avance sur le programme de 6e et de s'habituer au fonctionnement du collège. Les élèves faisaient ensuite une 6e normale, et la totalité faisaient ensuite leur collège sans redoubler. Tout montrait que c'était beaucoup plus efficace qu'un redoublement. Donc pour moi c'est une pédagogie alternative, puisque ça change de ce que propose habituellement l'éducation nationale (cette classe a malheureusement été supprimée, parce que trop cher).
Pour ce qui concerne le public, voici la liste des collèges et lycées expérimentaux de l'éducation nationale, dont les établissement co-gérés par les profs et les élèves : http://fr.wikipedia.org/wiki/Collège_expérimental
Il bénéficient d'un statut dérogatoire : pas de carte scolaire, des profs volontaires et qui adhèrent au projet d'établissement.
On voit bien, malheureusement, dans l'article, qu'ils se heurtent à des problèmes de financement et que de nombreux établissement ont tout simplement été contraints de fermer.
Si je suis favorable, de ce que j'en connais, aux modes de fonctionnement des pédagogies type Montessori, j'ai de nombreuses réserves sur leur application actuelle en France. Je ne parle pas de l'aspect mercantile de la chose, même s'il y aurait beaucoup à dire (mutliplication des ateliers "montessori" et de la vente de materiel montessori hors de prix alors que c'est contraire aux principes). Mais j'ai accompagné plusieurs fois mes cousines dans leur école Montessori, et j'ai rarement vu autant d'entre soi : tous les élèves sont enfants de CSP++ surinvestis dans l'éducation de leurs enfants et qui pensent à peu près tous de la même façon. Pour moi, l'idée de mixité sociale et de rencontre de gens différents est au coeur de l'école et c'est pas là que ça va être le cas. On lit souvent que ces pédagogies sont parfaites pour lutter contre l'échec scolaire, mais paradoxalement elles sont réservées à ceux qui en ont le moins besoin (même si heureusement il y a quelques cas où elles sont utilisées pour venir en aide aux enfants défavorisés : http://www.rue89.com/2012/05/14/montessori-des-beaux-quartiers-aux-enfants-pauvres-de-noisy-232171).
Je lis souvent que les enfants qui viennent de ces écoles réussissent très bien quand ils réintègrent le système classique. Je pense que c'est important de le souligner pour contrer l'idée que ces pédagogies font des enfants qui les pratiquent des inadaptés sociaux incapables de s'intégrer, mais il ne faut pas oublier que statistiquement de toute manière, ces enfants auraient très bien réussi dans le système classique. Et même dans l'article cité plus haut, ils soulignent qu'on peut difficilement dire si les progrès des enfants relèvent de la pédagogie en tant que telle ou du taux d'encadrement. Est-ce qu'il y a des études qui montrent des réussites supérieures à l'éduc nat en terme de réduction de l'échec scolaire ou de lutte contre les inégalités en prenant en compte l'origine sociale et culturelle des enfants ?
Je me souviens d'une expérience menée pendant plusieurs années dans mon collège. Pas de référence à une pédagogie de l'éducation nouvelle, mais une classe passerelle entre le CM2 et la 6e. Un projet de classe, ici autour d'un centre équestre (soigner les chevaux, apprendre à monter, etc) qui permettait de raccrocher les enfants démotivés par un apprentissage trop théorique et des cours qui permettait de revoir les apprentissages de primaire qui n'avaient pas été acquis, de prendre un peu d'avance sur le programme de 6e et de s'habituer au fonctionnement du collège. Les élèves faisaient ensuite une 6e normale, et la totalité faisaient ensuite leur collège sans redoubler. Tout montrait que c'était beaucoup plus efficace qu'un redoublement. Donc pour moi c'est une pédagogie alternative, puisque ça change de ce que propose habituellement l'éducation nationale (cette classe a malheureusement été supprimée, parce que trop cher).
Pour ce qui concerne le public, voici la liste des collèges et lycées expérimentaux de l'éducation nationale, dont les établissement co-gérés par les profs et les élèves : http://fr.wikipedia.org/wiki/Collège_expérimental
Il bénéficient d'un statut dérogatoire : pas de carte scolaire, des profs volontaires et qui adhèrent au projet d'établissement.
On voit bien, malheureusement, dans l'article, qu'ils se heurtent à des problèmes de financement et que de nombreux établissement ont tout simplement été contraints de fermer.
Si je suis favorable, de ce que j'en connais, aux modes de fonctionnement des pédagogies type Montessori, j'ai de nombreuses réserves sur leur application actuelle en France. Je ne parle pas de l'aspect mercantile de la chose, même s'il y aurait beaucoup à dire (mutliplication des ateliers "montessori" et de la vente de materiel montessori hors de prix alors que c'est contraire aux principes). Mais j'ai accompagné plusieurs fois mes cousines dans leur école Montessori, et j'ai rarement vu autant d'entre soi : tous les élèves sont enfants de CSP++ surinvestis dans l'éducation de leurs enfants et qui pensent à peu près tous de la même façon. Pour moi, l'idée de mixité sociale et de rencontre de gens différents est au coeur de l'école et c'est pas là que ça va être le cas. On lit souvent que ces pédagogies sont parfaites pour lutter contre l'échec scolaire, mais paradoxalement elles sont réservées à ceux qui en ont le moins besoin (même si heureusement il y a quelques cas où elles sont utilisées pour venir en aide aux enfants défavorisés : http://www.rue89.com/2012/05/14/montessori-des-beaux-quartiers-aux-enfants-pauvres-de-noisy-232171).
Je lis souvent que les enfants qui viennent de ces écoles réussissent très bien quand ils réintègrent le système classique. Je pense que c'est important de le souligner pour contrer l'idée que ces pédagogies font des enfants qui les pratiquent des inadaptés sociaux incapables de s'intégrer, mais il ne faut pas oublier que statistiquement de toute manière, ces enfants auraient très bien réussi dans le système classique. Et même dans l'article cité plus haut, ils soulignent qu'on peut difficilement dire si les progrès des enfants relèvent de la pédagogie en tant que telle ou du taux d'encadrement. Est-ce qu'il y a des études qui montrent des réussites supérieures à l'éduc nat en terme de réduction de l'échec scolaire ou de lutte contre les inégalités en prenant en compte l'origine sociale et culturelle des enfants ?
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: Pédagogies alternatives
01.10.13 12:23
A la base je pensais aux pédagogies au sens de conception globale et non à l'aménagement de pédagogies "classiques". Mais évidemment chacun(e) peut interpréter le sujet de base à sa manière...Je suppose que ça dépend de ce que tu mets derrière le mot "pédagogie alternative", si c'est une référence à "l'éducation nouvelle" avec des pédagogies comme Montessori, Freinet... (http://fr.wikipedia.org/wiki/Éducation_nouvelle) ou si c'est plus largement ce qui sort de ce qu'on a l'habitude de voir dans les écoles et les facs.
Sinon je trouve tes critiques des écoles, collèges et lycées "alternatifs" très pertinents, et je les partage en grande partie. Je m'étais fait les mêmes remarques sur la différence entre l'école Bonaventure http://revoltescolaire.skyrock.com/1570836112-Ecole-libertaire-en-Oleron.html et la méthode Freinet appliquée à l'école publique, telle que vécue par mon compagnon en CM1 et CM2: JAMAIS son père ne l'aurait mis dans une école pratiquant une pédagogie alternative (ni les parents d'aucun(e) de ses camarades)!
Concernant le LAP j'aurais quand même également quelques réserves:
- Les ancien(ne)s du LAP que je connais ont tou(te)s des points communs: dynamiques, ouvert(e)s, confiance en soi... Mais sachant qu'illes sont sélectionné(e)s dès le départ sur ces critères, ça relativise un peu.
- Indéniablement les élèves du LAP ont des parents déjà convaincus du bien fondé de la méthode. Pourtant à titre personnel je dois constater l'évolution de mon fils depuis qu'il va dans ce lycée. Il prend de plus en plus confiance en lui, il va volontiers à l'école, il retrouve l'envie d'apprendre. Et il est de plus en plus autonome et volontaire dans divers domaines (l'autre jour il nous a préparé le petit déj de lui même! Au LAP il s'est porté volontaire pour servir le café du matin à la cafétaria...)
Enfin, à propos de l'intégration: je connais pas mal d'ancien(ne)s élèves du LAP (et même un élève de terminale qui fréquente la librairie Publico). Sa mère est une ancienne du LAP. Elle n'a pas eu son bac mais a repris des études quelques années plus tard et est devenue psy. Une autre est monteuse vidéo free lance. Et je pense surtout à Daniel Maunoury que je cite toujours en exemple à mes fils:
http://www.bastamag.net/auteur33.html
Photographe free lance (spécialisé dans les photos de manifs...) créateur du fanzine Canicule, militant dans l'âme (il a réussi à fédérer toute sa rue pour des actions concertées, contre des expulsions, pour l'alphabétisation et l'aide aux devoirs, pour obtenir des papiers et j'en passe...) il ouvre des squats, il participe à des mouvements un peu partout (à NDDL par exemple).
Le LAP s'est récemment rebaptisé "lycée de la seconde chance", car nombreux(se)s sont celleux qui comme mon fils sont des rescapé(e)s de l'école "tradi" et avaient le choix entre ce lycée et une filière technique non choisie.
- Ju-juAncien⋅ne
- Messages : 238
Date d'inscription : 03/09/2013
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 11:14
D'accord avec Dunarad et Lila (je ne vais pas tout quoter pour la lisiblité).
En ce qui concerne le niveau des élèves au collège, ma soeur qui est prof depuis 10 ans en collège est responsable selon les années, de tous les 6è-5è ou tous les 4è-3è de l'établissement (poste en dessous de directrice de collège) et en tant que telle elle connait le niveau global des classes, elle rencontre bcp de parents etc.
Le niveau des élèves a baissé notablement depuis au moins 10 ans, et (comme il a été dit plus haut parallèlement) à ça ma soeur a en face des parents qui refusent que leurs enfant redouble, et vont se plaindre d'injustice ou alors retirer leurs enfant de l'établissement si on le fait redoubler. Les profs sont contraints de donner la moyenne là où ça n'est pas justifié.
De manière générale, la mentalité de beaucoup de parents et d'enfants devient malsaine par rapport à l'éducation. Ma soeur travaille dans un établissement privé payant et beaucoup de parents se comportent en client-roi (j'ai payé, il est hors de question que mon enfant redouble), l'instruction devient un bien de consommation comme un autre. Elle me disait que lors des réunions parents-profs, elle a des parents qui viennent râler que leurs enfant a de mauvaises notes, sous-entendu c'est sa faute à elle mais jamais à leurs enfant. A côté de ça on a des parents qui donnent des excuses à leurs enfant quand les devoirs ne sont pas faits (il faut dire qu'aujourd'hui beaucoup cumulent les activités extra-scolaires c'est là encore un problème, l'enfant est parfois overbooké!).
J'ai été surveillante en collège et je me souviens de cet élève, il se battait avec un autre, je les sépare et les punit, et l'un me sort, énervé d'avoir été puni, "on [moi et mes parents] va porter plainte!". Ca n'a jamais été fait mais ça montre une certaine mentalité. D'ailleurs le CPE du collège où j'ai travaillé, a démissionné en plein milieu d'année tellement il en avait ras-le-bol et pourtant je le connaissais, c'était un dur.
Il faut savoir qu'il existe aussi un problème au niveau des punitions: on est obligé d'appliquer la gradation des punitions:
En gros 1er avertissement ds le carnet de correspondance->2è->3è->heure(s) de colle->rencontre avec les parents-> conseil disciplinaire et renvoi temporaire ou définitif.
Même si un élève fait quelque chose de vraiment grave, il faut respecter cette gradation et la punition ne correspond donc pas à la gravité de ce qu'il a fait. Par ailleurs les avertissements écrits ne servent strictement à rien, j'ai pu lire sur le visage des élèves combien ils s'en fichaient. Certains vont falsifier la signature des parents, et d'autres ne doivent pas se faire remonter les bretelles parce qu'ils en rient ouvertement (je parle d'expérience). C'est seulement quand on arrive aux heures de colle que ça commence à les embêter et encore pas tous. Les plus rebelles les collectionnent et ne sont plus à ça près, c'est comme une heure de cours en plus.
Bref il y aurait beaucoup de choses à changer. Les élèves ne sont pas bêtes, c'est juste que d'une part beaucoup de parents ne les éduquent pas assez (en même temps aujourd'hui avec la double journée de travail on a des parents surchargés et fatigués) et que d'autre part le système scolaire est très mal fait, du coup on se retrouve avec des élèves qui gaspillent leurs potentiel.
La faute est partagée et le problème global......
En ce qui concerne le niveau des élèves au collège, ma soeur qui est prof depuis 10 ans en collège est responsable selon les années, de tous les 6è-5è ou tous les 4è-3è de l'établissement (poste en dessous de directrice de collège) et en tant que telle elle connait le niveau global des classes, elle rencontre bcp de parents etc.
Le niveau des élèves a baissé notablement depuis au moins 10 ans, et (comme il a été dit plus haut parallèlement) à ça ma soeur a en face des parents qui refusent que leurs enfant redouble, et vont se plaindre d'injustice ou alors retirer leurs enfant de l'établissement si on le fait redoubler. Les profs sont contraints de donner la moyenne là où ça n'est pas justifié.
De manière générale, la mentalité de beaucoup de parents et d'enfants devient malsaine par rapport à l'éducation. Ma soeur travaille dans un établissement privé payant et beaucoup de parents se comportent en client-roi (j'ai payé, il est hors de question que mon enfant redouble), l'instruction devient un bien de consommation comme un autre. Elle me disait que lors des réunions parents-profs, elle a des parents qui viennent râler que leurs enfant a de mauvaises notes, sous-entendu c'est sa faute à elle mais jamais à leurs enfant. A côté de ça on a des parents qui donnent des excuses à leurs enfant quand les devoirs ne sont pas faits (il faut dire qu'aujourd'hui beaucoup cumulent les activités extra-scolaires c'est là encore un problème, l'enfant est parfois overbooké!).
J'ai été surveillante en collège et je me souviens de cet élève, il se battait avec un autre, je les sépare et les punit, et l'un me sort, énervé d'avoir été puni, "on [moi et mes parents] va porter plainte!". Ca n'a jamais été fait mais ça montre une certaine mentalité. D'ailleurs le CPE du collège où j'ai travaillé, a démissionné en plein milieu d'année tellement il en avait ras-le-bol et pourtant je le connaissais, c'était un dur.
Il faut savoir qu'il existe aussi un problème au niveau des punitions: on est obligé d'appliquer la gradation des punitions:
En gros 1er avertissement ds le carnet de correspondance->2è->3è->heure(s) de colle->rencontre avec les parents-> conseil disciplinaire et renvoi temporaire ou définitif.
Même si un élève fait quelque chose de vraiment grave, il faut respecter cette gradation et la punition ne correspond donc pas à la gravité de ce qu'il a fait. Par ailleurs les avertissements écrits ne servent strictement à rien, j'ai pu lire sur le visage des élèves combien ils s'en fichaient. Certains vont falsifier la signature des parents, et d'autres ne doivent pas se faire remonter les bretelles parce qu'ils en rient ouvertement (je parle d'expérience). C'est seulement quand on arrive aux heures de colle que ça commence à les embêter et encore pas tous. Les plus rebelles les collectionnent et ne sont plus à ça près, c'est comme une heure de cours en plus.
Bref il y aurait beaucoup de choses à changer. Les élèves ne sont pas bêtes, c'est juste que d'une part beaucoup de parents ne les éduquent pas assez (en même temps aujourd'hui avec la double journée de travail on a des parents surchargés et fatigués) et que d'autre part le système scolaire est très mal fait, du coup on se retrouve avec des élèves qui gaspillent leurs potentiel.
La faute est partagée et le problème global......
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 12:36
Je raisonne en terme sociaux et pas en terme d'individus (c'est génial pour ton fils qu'il puisse en bénéficier), mais autant je trouve fantastique qu'il y ait des écoles de la seconde chance comme le LAP, autant je m'interroge sur le fait que les élèves qui y vont soient issus des classes sociales favorisées et aient des parents qui suivent activement leur scolarisation, c'est-à-dire statistiquement ceux qui ont le moins besoin d'y aller.sardine a écrit:
Le LAP s'est récemment rebaptisé "lycée de la seconde chance", car nombreux(se)s sont celleux qui comme mon fils sont des rescapé(e)s de l'école "tradi" et avaient le choix entre ce lycée et une filière technique non choisie.
Je n'ai pas de solution miracle, mais je m'interroge : est-ce que l'origine sociale des élèves qui souhaitent entrer au LAP est prise en compte afin de mettre en place d'avantage de mixité, ou est-ce que seule la motivation des élèves compte ?
@ Ju-ju
J'avoue être toujours dubitative devant les discours concernant les parents qui défendent trop leurs enfants face à l'établissement scolaire.
Je sais à quel point c'est difficile pour les profs et le personnel d'avoir des parents qui donnent systématiquement raison à leur enfant et qui remettent en cause les sanctions, voire le fonds de l'enseignement (je l'ai vécu en tant qu'animatrice en me faisait hurler dessus par une mère qui voyant son fils puni est arrivée en affirmant que son fils n'avait "rien fait du tout" alors qu'elle n'avait aucune idée de ce qui s'était passé)
Mais l'inverse (l'enseignant a forcément raison et les discours associés type "moi de mon temps quand l'instit me mettait une baffe j'en prenait une autre en rentrant à la maison") ne me semble pas plus sain et je suis aussi souvent témoin de cas où les instits et les profs oublient que les parents ont aussi leur mot à dire en ce qui concerne la scolarité de leur enfant.
On ne peut pas demander aux parents de s'investir davantage dans l'éducation de leur enfant (ce qui est indispensable pour la réussite scolaire des dits enfants) et refuser qu'ils prennent part aux décisions concernant l'enfant.
Oui, il faut lutter contre une vision clientéliste de l'école, rappeler que les parents ne sont pas des professionnels de l'éducation contrairement aux profs et que le prof ou l'instit doit prendre en compte tous ses élèves (beaucoup trop nombreux mais c'est un autre problème) et pas seulement le fils de M. ou Mme Trucmuche. Mais en trouvant l'équilibre pour laisser leur place aux parents, au lieu de se plaindre qu'ils interviennent.
Quant au refus des parents qu'on fasse redoubler leur enfant... Ils n'ont pas tort !
"En règle générale, à l'école et au collège, le redoublement s'avère peu équitable et inefficace du point de vue des progrès individuels des élèves. Il affecte négativement la motivation, le sentiment de performance et les comportements d'apprentissage de ceux-ci et les stigmatise"
Et c'est pas moi qui le dit c'est... l'éducation nationale ! ( http://www.education.gouv.fr/cid3881/le-redoublement-cours-scolarite-obligatoire-nouvelles-analyses-memes-constats.html )
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 12:37
Ju-ju a écrit:
Le niveau des élèves a baissé notablement depuis au moins 10 ans,
tous les profs disent ça depuis le XVIIIème siècle, au moins. Je pense que si c'était vrai on serait revenus à la préhistoire. Je pense que c'est surtout un décalage entre le vécu, les exigences des profs, la réalité des élèves, etc…
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 12:41
@lila78: oui je partage tes interrogations dans l'absolu, mais d'une part mon fils avait le choix entre le LAP et une filière technique qu'il n'avait même pas choisie (l'horticulture), d'autre part je ne crois pas que l'école puisse résoudre les problèmes d'inégalités de cette société, tu as raison il ne s'agit que de solutions individuelles. Mon copain m'a d'ailleurs confirmé que ses camarades qui ont bénéficié de la méthode Freinet à l'école publique sont tous devenus ouvriers, comme leurs parents (même si comme lui ils n'ont jamais oublié ce qu'ils ont appris pendant ces deux années).
A l'époque où il a participé à cette émission, mon fils était encore en "tradi", il n'imaginait pas qu'un jour il irait lui aussi au LAP!
Quand je lui demande ce qui l'a le plus frappé au LAP, il me répond: "On sent bien que les profs ne méprisent pas les élèves, ils sont gentils avec nous, ils essaient vraiment de nous intéresser".
Pour lire la suite:
http://fa-ivry.forlogaj.tk/article80/menaces-sur-lavenir-du-lycee-autogere-de-paris
A l'époque où il a participé à cette émission, mon fils était encore en "tradi", il n'imaginait pas qu'un jour il irait lui aussi au LAP!
Quand je lui demande ce qui l'a le plus frappé au LAP, il me répond: "On sent bien que les profs ne méprisent pas les élèves, ils sont gentils avec nous, ils essaient vraiment de nous intéresser".
(Ambre et ses camarades étaient tous en échec scolaire grave: ils expliquent comment le LAP leur a fait retrouver le goût d'apprendre.)
Marc, Marius, Milan et Ambre, élèves au Lycée autogéré de Paris (Lap), Jérémie et Sébastien, dans un collège traditionnel, et Laurent et Sylvie, animateurs de Lundi matin sur Radio libertaire (et parents d’élèves), en discutent.
Sébastien - Est-ce qu'il y a des punitions au Lap ?
Ambre - Non. On nous traite en adultes, on considère que c'est à nous de voir ce qui est le meilleur pour nous.
Sébastien - Du coup, vous faites moins de bêtises ?
Ambre - Les bêtises, c'est beaucoup pour défier l'autorité ; et comme on peut s'exprimer, on n'a pas besoin de faire ça pour être vraiment entendu.
Milan - On a une commission justice : cinq élèves, élus par les élèves, et trois profs, élus par les profs, qui se réunissent en cas de besoin. Par exemple, on avait eu un problème de deal. Au bout de trois semaines-un mois, la décision a été prise et présentée en AG d'exclure un élève.
Ambre - Ce n'est pas un conseil de discipline : le but est de discuter avec les gens quand il y a des problèmes et les régler à l'amiable. Il n'a du y avoir que deux exclusions dans toute l'histoire du lycée, et on est 242 élèves cette année.
Marius - Quand j'étais au collège, en tradi, j'ai assisté à trois conseils de discipline en un an, dont deux se sont résolus par une exclusion et un par un déportement dans un lycée spécial d'encadrement. Ça s'est passé en une demi-heure, la proviseure et le CPE sont arrivés en sachant déjà ce qu'ils voulaient : l'exclusion. La personne pouvait dire tout ce qu'elle voulait, ça ne changeait strictement rien. La commission justice, c'est quelque chose qui prend du temps, qui écoute les différents intervenants. Ils font un travail d'enquête aussi, pas pour chercher le coupable mais pour savoir ce qui s'est réellement passé.
Sébastien - On a un professeur, on a déjà fait une manif dans la cour contre lui. Il nous lance des craies dans la tête, il nous insulte. Il m'a même mis un coup de pied qui m'a fait tomber. On a fait des petits papiers où on a écrit chacun ce qu'il nous avait fait ; mais il ne s'est rien passé. Ils disent que ce n'est pas vrai.
Jérémie - J'ai le même professeur et je me suis sauvé de la classe.
Ambre - Il y a des profs comme ça et c'est nos profs qu'on vire. Je trouve ça dégueulasse.
Sylvie - Est-ce qu'il serait possible qu'un prof se comporte de cette manière au Lap ?
Ambre - Non. Les profs sont volontaires pour venir, ils sont choisis par l'ensemble de l'équipe enseignante. Ils viennent un an pour voir comment ça se passe.
Marius - Dans le cas (improbable) où un professeur comme ça arrive au lycée autogéré, ça ne se passerait pas comme ça. Là, les élèves font une manif, ils font passer des mots, mais on ne les croit pas : la parole d'un élève ne vaut pas celle d'un prof ; au Lap, un élève n'a pas forcément tort contre un prof.
Sébastien - C'est quoi les programmes, et est-ce que ça vous intéresse ?
Pour lire la suite:
http://fa-ivry.forlogaj.tk/article80/menaces-sur-lavenir-du-lycee-autogere-de-paris
- InvitéInvité
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 12:46
Ju-ju :
C'est marrant parce que moi au contraire je me rappelle que quand j'étais au collège-lycée les élèves et parents ne me paraissaient pas du tout remettre en question l'autorité des profs. On disait souvent que "tel prof est trop sympa, pas assez autoritaire". On avait eu qq profs qui ne voulaient pas nous noter, bah on en demandait, des notes, des évaluations et des punitions. Je ne dis pas ça du tout pour dire que c'est ce qu'il faut faire, mais que les gens me paraissent, à moi, globalement très favorables aux punitions et compagnie. (Bon après pas forcément quand ça leur tombe dessus).
C'est marrant parce que moi au contraire je me rappelle que quand j'étais au collège-lycée les élèves et parents ne me paraissaient pas du tout remettre en question l'autorité des profs. On disait souvent que "tel prof est trop sympa, pas assez autoritaire". On avait eu qq profs qui ne voulaient pas nous noter, bah on en demandait, des notes, des évaluations et des punitions. Je ne dis pas ça du tout pour dire que c'est ce qu'il faut faire, mais que les gens me paraissent, à moi, globalement très favorables aux punitions et compagnie. (Bon après pas forcément quand ça leur tombe dessus).
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 12:55
Tiens, à propos de notes, j'ai lu cet article sur la suppression de toutes les notes pendant 1 an dans une classe de 6e : http://www.rue89.com/2013/09/01/classe-a-arrete-les-notes-satisfaisant-complique-245316
les techniques : Pas de note mais des validations à quatre niveaux de compétences, confection de grille de cheminement d’apprentissage, co-construction avec les élèves de ces grilles, auto et co-évaluation, devoir à retravailler sous le principe de l’effacement d’ardoise (un meilleur résultat permet d’effacer le résultat précédent, obtenu pour le même devoir), projet interdisciplinaire, tutorat des élèves entre eux...
le bilan : "Qu’en disent les élèves ? Certains aimeraient être évalués comme le sont les trois autres classes de sixième du collège. Soif de normativité compréhensible pour ces pré-ados. Qu’en serait-il si toutes les classes de sixième étaient sans note ?
Beaucoup disent apprécier avoir eu plus de temps pour apprendre, pouvoir refaire les devoirs avec le principe de l’effacement d’ardoise, réfléchir à comment ils pourraient faire pour progresser. Tout le monde se sent à sa place. Lorsqu’il y a un problème (et il y en a eu !) on arrive à le résoudre ensemble.
Qu’en disent les parents ? Ils sont plutôt satisfaits. Pour trois parents, c’est quand même plus clair avec les notes et ces bonnes vieilles moyennes... Difficulté, bien compréhensible, de changer les repères que nous avons construits. Les bulletins sous leur forme qualitative et étoffée ont été appréciés. Le suivi des élèves aussi.
Qu’en disons-nous, équipe pédagogique initiatrice du projet ? Neuf profs souhaitent continuer, deux non. Tout ça nous a pris beaucoup de temps, nous a demandé de bousculer des habitudes, d’inventer d’autres pratiques pédagogiques. Mais dans l’ensemble l’équipe y voit un résultat éducatif concluant."
(l'administration n'a pas voulu que l'expérience continue)
les techniques : Pas de note mais des validations à quatre niveaux de compétences, confection de grille de cheminement d’apprentissage, co-construction avec les élèves de ces grilles, auto et co-évaluation, devoir à retravailler sous le principe de l’effacement d’ardoise (un meilleur résultat permet d’effacer le résultat précédent, obtenu pour le même devoir), projet interdisciplinaire, tutorat des élèves entre eux...
le bilan : "Qu’en disent les élèves ? Certains aimeraient être évalués comme le sont les trois autres classes de sixième du collège. Soif de normativité compréhensible pour ces pré-ados. Qu’en serait-il si toutes les classes de sixième étaient sans note ?
Beaucoup disent apprécier avoir eu plus de temps pour apprendre, pouvoir refaire les devoirs avec le principe de l’effacement d’ardoise, réfléchir à comment ils pourraient faire pour progresser. Tout le monde se sent à sa place. Lorsqu’il y a un problème (et il y en a eu !) on arrive à le résoudre ensemble.
Qu’en disent les parents ? Ils sont plutôt satisfaits. Pour trois parents, c’est quand même plus clair avec les notes et ces bonnes vieilles moyennes... Difficulté, bien compréhensible, de changer les repères que nous avons construits. Les bulletins sous leur forme qualitative et étoffée ont été appréciés. Le suivi des élèves aussi.
Qu’en disons-nous, équipe pédagogique initiatrice du projet ? Neuf profs souhaitent continuer, deux non. Tout ça nous a pris beaucoup de temps, nous a demandé de bousculer des habitudes, d’inventer d’autres pratiques pédagogiques. Mais dans l’ensemble l’équipe y voit un résultat éducatif concluant."
(l'administration n'a pas voulu que l'expérience continue)
- InvitéInvité
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 17:53
Je crois que les réactions des parents quand on a puni un enfant suite à un souci de comportement sont très différentes d'un parent à un autre.
Je constate certains parents prêts à couvrir leurs rejetons à tout prix et d'autres qui doublent la punition. Ni l'un ni l'autre ne me semble sain.
J'essaie de construire une relation avec les parents quand tout va bien, mais ce n'est pas simple (je n'ai mes élèves que 2 périodes par semaine et suis sur plusieurs écoles).
Je constate certains parents prêts à couvrir leurs rejetons à tout prix et d'autres qui doublent la punition. Ni l'un ni l'autre ne me semble sain.
J'essaie de construire une relation avec les parents quand tout va bien, mais ce n'est pas simple (je n'ai mes élèves que 2 périodes par semaine et suis sur plusieurs écoles).
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 17:56
Tu as réussi à dire en une phrase ce que j'ai essayé de dire en 2 paragraphe !Nurja a écrit:
Je constate certains parents prêts à couvrir leurs rejetons à tout prix et d'autres qui doublent la punition. Ni l'un ni l'autre ne me semble sain.
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 19:17
ce truc des notes ça me rappelle quelqu'un qui m'a raconté une réunion parents-instit, ils expliquent bien pendant la réunion que cette année y aura pas de notes, et à la fin un des parents demande "vous pouvez nous dire le niveau? ils sont bons ou pas?"
- koAncien⋅ne
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Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 19:24
C'est terrible, et en même temps, c'est tellement pas étonnant. Il n'y a pas un secteur de la vie qui n'est pas soumis aux évaluations/système de notation. C'est donc logique que des parents ne comprennent pas que la vie peut fonctionner sans ces systèmes là.
Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 19:29
oui. mais ça me choque d'autant plus que ce sont de jeunes enfants. ils ont 7 ou 8 ans, ils sont déjà "mauvais" ou "bons".
- sandrineAncien⋅ne
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Re: Pédagogies alternatives
02.10.13 19:47
A part ça vous n'imaginez pas le soulagement que c'est de voir son enfant partir enthousiaste à l'école, et revenir chaque soir plus enthousiaste.
Milan (lycéen au LAP), contrairement à mes enfants, a eu la chance d'aller dans une école primaire alternative, après un passage douloureux en "école tradi". Lui et mon fils avaient animé un débat à la librairie Publico sur l'oppression spécifique des enfants:
Rxtrait de l'interview de Milan et Sébastien:
Pour lire la suite de "C'est pour ton bien":
http://fa-ivry.forlogaj.tk/article155/c-est-pour-ton-bien
Milan (lycéen au LAP), contrairement à mes enfants, a eu la chance d'aller dans une école primaire alternative, après un passage douloureux en "école tradi". Lui et mon fils avaient animé un débat à la librairie Publico sur l'oppression spécifique des enfants:
Rxtrait de l'interview de Milan et Sébastien:
Sylvie — En tant qu'enfants, vous avez pas de syndicats, pas de prud'hommes, vous n'avez rien pour vous défendre. Les parents ne peuvent rien. Les syndicats de parents ? … t'es là pour faire tampon et pour servir la soupe au système scolaire. Il est hors de question de remettre en cause quoi que ce soit. Un autre exemple, c'est ce qui s'était passé en centre de loisirs. (Je n'ai pas eu que des retours de Sébastien mais aussi d'autres camarades à toi qui m'avaient raconté la même histoire.)
Sébastien — Un animateur nous a enfermés à clef dans une salle, il a fait tomber mon copain en lui donnant un grand coup de pied, il l'a frappé à terre. Un autre, il l'a projeté sur une table. Le frère de mon copain, il était tout petit et n'avait absolument rien fait, il l'a projeté contre le mur ; il pleurait. Juste après, il nous a donné un bonbon et nous à dit : "Vous dites rien du tout, sinon je vous éclate !"
Sylvie — Des fois ils en parlent pas du tout à leurs parents. D'autres parents me disaient que leur enfant les avaient suppliés de ne pas en parler, parce qu'après il se retrouvera dans les pattes de la personne qui dira que c'est la parole de l'enfant contre la sienne – et la parole de l'enfant, elle vaut pas grand chose.
Milan — Les violences que j'ai connues, c'était des petites humiliations. Par exemple, je me souviens du prof qui dit à voix haute : "T'écris comme un porc !" C'était plein de petits trucs comme ça.
Pour lire la suite de "C'est pour ton bien":
http://fa-ivry.forlogaj.tk/article155/c-est-pour-ton-bien
- sandrineAncien⋅ne
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Re: Pédagogies alternatives
04.11.13 23:26
Jeudi soir j'irai au LAP avec mon compagnon. Mon fils est toujours aussi emballé par le Lycée autogéré de Paris. Finalement l'AG a voté non pour la manif de ce matin, ils iront plutôt demain. La majorité ne voulait pas rater la rentrée!
Edit: j'ai choisi cette image par hasard sur google images... et en fait le jeune en sweat noir à incrustations bleues c'est mon fils (les visages des élèves ont été floutés, par ceux des profs).
http://www.l-a-p.org/La première rencontre-débat
"les jeudis du LAP"
aura lieu le
jeudi 7 novembre à 19h30 au Lycée Autogéré de Paris
393 rue de Vaugirard, 75015 PARIS - M° Convention ou Porte de Versailles
Les jeudis du LAP
Cette année l’équipe du LAP a décidé d’ouvrir le lycée pour y organiser des rencontres, des moments de débats, que nous avons choisi d’appeler les "jeudis du LAP". Il s’agit de rencontrer les personnes qui se préoccupent de tout ce qui se passe actuellement dans l’école et ailleurs dans la société. Ce serait des moments qui permettraient d’échanger, de débattre, de rassembler, mais aussi de promouvoir l’autogestion et de rencontrer les personnes engagées dans le changement de l’école. Nous proposons que ces moments aient lieu au Lycée Autogéré de Paris une fois tous les deux mois.
Jeudi 7 novembre 2013
Se réapproprier le champ politique
En septembre 1982, l’aventure du Lycée Autogéré de Paris commençait grâce à des professeurs et des lycéens. Cette réappropriation collective d’un établissement scolaire allait permettre à des milliers de jeunes et des dizaines d’enseignants de ne plus subir l’école. Comme d’autres institutions, l’Éducation Nationale est en effet largement déconnectée des intérêts du plus grand nombre. Les programmes sont trop souvent pensés en fonction de la formation d’une élite (républicaine ?). La sélection s’opère sans aucun égard envers ceux qu’elle exclut. L’école (avec sa langue, ses codes, son organisation presque carcérale) reste étrangère à la vie de ceux qui la fréquentent.
31 ans après, les alternatives à l’école traditionnelle restent trop minoritaires.
Nous pouvons nous interroger sur ce qui empêche l’extension des écoles coopératives, autogérées. Bien sûr, dans les académies et au ministère certains ne voient pas d’un bon oeil ce genre d’initiatives, mais est-ce la seule raison de ce blocage ? Non, le problème vient aussi de la base, nous constatons malheureusement que trop d’enseignants et d’élèves acceptent d’évoluer dans une école qui ne leur convient pas, voire qui les aliène.
Cette résignation n’est pas propre à l’école. Depuis les 30 dernières années, la société est en crise, sans qu’aucun contre-modèle ne parvienne à servir d’horizon. Les espoirs collectifs des années 60-70 ne semblent porter qu’une infime minorité d’individus. La défiance institutionnelle révélée par les résultats des dernières élections est avant tout alimentée par un désabusement vis à vis du politique plutôt que par une recherche d’alternative. Ainsi, l’espace politique est de plus en plus distant du peuple.
Pourtant, les initiatives sociales se sont multipliées ces dernières années : ouverture de lieux associatifs, luttes contre les délocalisations d’usines, lancement de coopératives, multiplications et ancrage des zones à défendre (ZAD)...
Aussi, ces dernières semaines, des lycéens ont joyeusement bousculé l’inaction collective et se sont emparé de la question des expulsions de leurs camarades. Par plusieurs manifestations auto-organisées, ils nous ont rappelé qu’il est possible d’agir contre l’inhumanité d’un état.
Chacune des ces initiatives et luttes sont porteuses d’espoir, mais comment les rendre cohérentes entre elles ? Comment éviter que nos actions ne concourent à un éparpillement des forces ? Comment se réapproprier le champ politique et lui rendre une cohérence globale ?
Edit: j'ai choisi cette image par hasard sur google images... et en fait le jeune en sweat noir à incrustations bleues c'est mon fils (les visages des élèves ont été floutés, par ceux des profs).
Re: Pédagogies alternatives
05.11.13 1:21
Bonsoir !
En tant qu'ancien du LAP je voulais juste préciser que même si une sélection est faite avant l'entrée et que la motivation est prise en compte, il ne s'agit pas nécessairement de motivation à rentrer au LAP. Un projet, un but, ou juste une soif de savoir suffit parfois aux binômes que vous voyez en entretien de vous choisir. J'ai de nombreuses raisons de ne pas supporter la sélection telle qu'elle est faite au LAP, mais ce n'est pas pour ça
Sinon effectivement, en sortant d'une telle structure, la fac est un sacré coup dur pour ceux qui choisissent d'y aller : élèves dissipés (n'allant pas en cours pour apprendre, voire n'ayant pas choisi d'eux mêmes leurs licences), cours magistraux (surtout en première année)... C'est un peu déprimant !
En tant qu'ancien du LAP je voulais juste préciser que même si une sélection est faite avant l'entrée et que la motivation est prise en compte, il ne s'agit pas nécessairement de motivation à rentrer au LAP. Un projet, un but, ou juste une soif de savoir suffit parfois aux binômes que vous voyez en entretien de vous choisir. J'ai de nombreuses raisons de ne pas supporter la sélection telle qu'elle est faite au LAP, mais ce n'est pas pour ça
Sinon effectivement, en sortant d'une telle structure, la fac est un sacré coup dur pour ceux qui choisissent d'y aller : élèves dissipés (n'allant pas en cours pour apprendre, voire n'ayant pas choisi d'eux mêmes leurs licences), cours magistraux (surtout en première année)... C'est un peu déprimant !
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: Pédagogies alternatives
05.11.13 1:33
Je connais moi même pas mal d'ancien(ne)s Lapien(ne)s et je ne les reconnais pas dans ce portrait: élèves dissipé(e)s n'allant pas en cours pour apprendre etc.
Ce n'est pas non plus le portrait que me dresse mon fils de ses camarades dans l'ensemble. Mais je suppose bien qu'il y a de tout parmi les élèves et qu'il y a aussi des déçu(e)s. Il semble d'ailleurs que plusieurs ados se soient déclaré(e)s perturbé(e)s par l'aspect autogestionnaire (toute une éducation à refaire! )
Quant à la sélection je suis un peu partagée moi aussi, mais c'est le problème de toute sélection, il y a une part d'arbitraire...
Mon fils a été coopté par des élèves de première et terminale et des profs après la présélection, en raison de sa motivation et de son dynamisme (ses notes étaient lamentables et s'il n'avait pas été au LAP il aurait atterri en lycée technique avec un choix très restreint de filières). Pour lui la fac n'aurait pas été un coup dur, pas plus que pour les lascars du LEP électronique (il n'y aurait pas été du tout!)
http://fa-ivry.forlogaj.tk/article146/les-lascars-du-lep-electronique
Ce n'est pas non plus le portrait que me dresse mon fils de ses camarades dans l'ensemble. Mais je suppose bien qu'il y a de tout parmi les élèves et qu'il y a aussi des déçu(e)s. Il semble d'ailleurs que plusieurs ados se soient déclaré(e)s perturbé(e)s par l'aspect autogestionnaire (toute une éducation à refaire! )
Quant à la sélection je suis un peu partagée moi aussi, mais c'est le problème de toute sélection, il y a une part d'arbitraire...
Mon fils a été coopté par des élèves de première et terminale et des profs après la présélection, en raison de sa motivation et de son dynamisme (ses notes étaient lamentables et s'il n'avait pas été au LAP il aurait atterri en lycée technique avec un choix très restreint de filières). Pour lui la fac n'aurait pas été un coup dur, pas plus que pour les lascars du LEP électronique (il n'y aurait pas été du tout!)
http://fa-ivry.forlogaj.tk/article146/les-lascars-du-lep-electronique
Re: Pédagogies alternatives
05.11.13 1:35
Je dressais le portrait des élèves rencontrés à la sortie du LAP, en fac. Pardon de ne pas avoir été suffisamment clair !
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