Religions et droits des femmes
+19
Cassandr3
Agatha Christa
La Chatte
Araignée
Administratrice
Tilleul
Judy Squires
Arrakis
Tecma
Ucralo
Vénus
Léo-Lébas
Insulaire
cleindo
pierregr
Déconstruire
Lucha
Poussin Machin
Yves 54
23 participants
- InvitéInvité
Re: Religions et droits des femmes
08.03.15 13:35
Il y a des conventions sur internet. Notamment le fait que les lettres capitales soient comprises comme le fait de crier.eloiz a écrit:Je cris pas j'insiste.
C'est à toi que je demande pourquoi tu postes cette vidéo sur ce fil, qu'est-ce qu'elle apporte? Parce qu'honnêtement, je ne vois pas.eloiz a écrit:J'sais pas faut demander à l'autrice.
- InvitéInvité
Re: Religions et droits des femmes
08.03.15 14:23
Si vous avez l'occasion d'aller écouter maintenant : http://www.arabel.fm/player/, vous aurez l'avis de trois femmes sur l'islam et la place des femmes.
edit : "dieu les a voulu égaux entre eux avec des spécificités"
edit : "dieu les a voulu égaux entre eux avec des spécificités"
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: Religions et droits des femmes
10.03.15 14:13
C'est un peu l'avis de pas mal de femmes non féministes et non religieuses aussi (malheureusement) (je ne peux pas écouter pour l'instant).
J'en profite pour linker ces 24 portraits de musulmanes de France . La 4eme est féministe, j'aime bien son portrait ; pas mal évoquent les droits des femmes et les rapports hommes / femmes même si ce n'est pas au centre des portraits, et j'ai l'impression d'y retrouver grosso modo la même "variété de discours" et les mêmes contradictions qu'ailleurs, qu'il s'agisse du féminisme, de la "séparation des rôles" ou du garde-fou "ce n'est pas la faute des hommes mais du système".
Sur l'utilisation des arguments religieux pour justifier les discriminations H/F et traitements inégalitaires, je n'ai pas l'impression que ça soit très différent des autres "classiques" : la Nature est comme ça, la Science le prouve, etc.
L'usage d'un argument religieux a tendance à bloquer l'échange quand j'y suis impliquée, dans la mesure où je ne peux pas forcément le discuter (je ne suis pas croyante, et les textes religieux que je connais ont effectivement des bases sexistes). Mais au final, le problème ne se pose que pour les personnes ayant une lecture complètement littérale de ces textes. J'ai surtout rencontré ce souci en discutant avec des créationnistes et des bonnes-sœurs en couvent "ouvert", en fait.
Dans les autres cas, la discussion ne dérive très vite vers les "différences évidentes que tout le monde constate et que prouvent la Nature et la Science", donc on se met à parler de construit / inné, de sociologie, bref, ça donne des discussions assez "habituelles" (et fatigantes) sur le sujet.
Là où je vois une spécificité au sexisme "religieux", c'est plutôt dans le cheminement pour parvenir à s'en détacher :
1 - parce que le texte étant censé être une révélation, une vérité, et non une matière à "éprouver", en évolution, comme est censé l'être le savoir scientifique. Mais au final, les sciences sont souvent vulgarisées de cette manière ("La Science prouve que nos cerveaux sont différents", "La Nature a voulu que", etc). Et l'importance de ce "blocage" dans les idées d'une personne croyante, et leur évolution, dépend beaucoup de son rapport à la foi et la spiritualité, et notamment de l'importance qu'elle accorde aux "dogmes" (textes + théologie) et des "idées théologiques contestataires" auxquelles elle a accès si ça compte pour elle.
2 - L'exclusion sociale, qui est un point qui revient dans les quelques témoignages de "déconversion" dont j'ai pris connaissance. La religion cimentant au quotidien un groupe "important" pour la personne, il est très difficile de s'en détacher, car cela constitue une remise en question de ce groupe, et comporte souvent des risques de réactions violentes, d'exclusion,... J'ai effectivement noté cette fonction de ciment social chez des connaissances (adventiste), mais le religieux étant, j'ai l'impression, assez central dans leur vie, elle est sans doute souvent beaucoup moins importante.
Là encore, ça n'est pas une chose que je trouve si spécifique à la religion. Ça peut s'appliquer à pas mal de groupes, notamment à mon parcours dans le militantisme d'extrême et ultra gauche, et à pas mal de témoignages sur les "milieux militants" que j'ai lus / écoutés depuis : en gros, pointer un problème dans l'idéologie ou les pratiques du milieu concerné revient souvent à s'exposer à une exclusion plus ou moins explicite, à diverses violences, à l'accusation de vouloir diviser le mouvement et de desservir la Cause, etc.
Mais je pense que chaque milieu à ses mécaniques spécifiques concernant cette "dynamique sociale", que ça soit dans sa "fonction liante" ou sa manière d'exclure.
Du coup, analyses et les témoignages de croyant-e-s sur leur parcours féministe, et l'impact - éventuel - de ces deux points, m'intéressent beaucoup.
Sinon, de mémoire, j'avais vu - il y a déjà quelques années - un tableau INSEE où les personnes se définissant comme religieuses avaient en moyenne des opinions plus conservatrices que l'ensemble de la population. Mais ma pause est terminée et je n'ai pas pu remettre la main dessus, du coup je ne sais pas si c'était seulement les personnes se disant pratiquantes, ou celles se disant croyantes qui étaient "étudiées".
Et du coup, pas le temps de continuer mon message, pour changer ^^ (en même temps il est déjà assez paveteux)
J'en profite pour linker ces 24 portraits de musulmanes de France . La 4eme est féministe, j'aime bien son portrait ; pas mal évoquent les droits des femmes et les rapports hommes / femmes même si ce n'est pas au centre des portraits, et j'ai l'impression d'y retrouver grosso modo la même "variété de discours" et les mêmes contradictions qu'ailleurs, qu'il s'agisse du féminisme, de la "séparation des rôles" ou du garde-fou "ce n'est pas la faute des hommes mais du système".
Sur l'utilisation des arguments religieux pour justifier les discriminations H/F et traitements inégalitaires, je n'ai pas l'impression que ça soit très différent des autres "classiques" : la Nature est comme ça, la Science le prouve, etc.
L'usage d'un argument religieux a tendance à bloquer l'échange quand j'y suis impliquée, dans la mesure où je ne peux pas forcément le discuter (je ne suis pas croyante, et les textes religieux que je connais ont effectivement des bases sexistes). Mais au final, le problème ne se pose que pour les personnes ayant une lecture complètement littérale de ces textes. J'ai surtout rencontré ce souci en discutant avec des créationnistes et des bonnes-sœurs en couvent "ouvert", en fait.
Dans les autres cas, la discussion ne dérive très vite vers les "différences évidentes que tout le monde constate et que prouvent la Nature et la Science", donc on se met à parler de construit / inné, de sociologie, bref, ça donne des discussions assez "habituelles" (et fatigantes) sur le sujet.
Là où je vois une spécificité au sexisme "religieux", c'est plutôt dans le cheminement pour parvenir à s'en détacher :
1 - parce que le texte étant censé être une révélation, une vérité, et non une matière à "éprouver", en évolution, comme est censé l'être le savoir scientifique. Mais au final, les sciences sont souvent vulgarisées de cette manière ("La Science prouve que nos cerveaux sont différents", "La Nature a voulu que", etc). Et l'importance de ce "blocage" dans les idées d'une personne croyante, et leur évolution, dépend beaucoup de son rapport à la foi et la spiritualité, et notamment de l'importance qu'elle accorde aux "dogmes" (textes + théologie) et des "idées théologiques contestataires" auxquelles elle a accès si ça compte pour elle.
2 - L'exclusion sociale, qui est un point qui revient dans les quelques témoignages de "déconversion" dont j'ai pris connaissance. La religion cimentant au quotidien un groupe "important" pour la personne, il est très difficile de s'en détacher, car cela constitue une remise en question de ce groupe, et comporte souvent des risques de réactions violentes, d'exclusion,... J'ai effectivement noté cette fonction de ciment social chez des connaissances (adventiste), mais le religieux étant, j'ai l'impression, assez central dans leur vie, elle est sans doute souvent beaucoup moins importante.
Là encore, ça n'est pas une chose que je trouve si spécifique à la religion. Ça peut s'appliquer à pas mal de groupes, notamment à mon parcours dans le militantisme d'extrême et ultra gauche, et à pas mal de témoignages sur les "milieux militants" que j'ai lus / écoutés depuis : en gros, pointer un problème dans l'idéologie ou les pratiques du milieu concerné revient souvent à s'exposer à une exclusion plus ou moins explicite, à diverses violences, à l'accusation de vouloir diviser le mouvement et de desservir la Cause, etc.
Mais je pense que chaque milieu à ses mécaniques spécifiques concernant cette "dynamique sociale", que ça soit dans sa "fonction liante" ou sa manière d'exclure.
Du coup, analyses et les témoignages de croyant-e-s sur leur parcours féministe, et l'impact - éventuel - de ces deux points, m'intéressent beaucoup.
Sinon, de mémoire, j'avais vu - il y a déjà quelques années - un tableau INSEE où les personnes se définissant comme religieuses avaient en moyenne des opinions plus conservatrices que l'ensemble de la population. Mais ma pause est terminée et je n'ai pas pu remettre la main dessus, du coup je ne sais pas si c'était seulement les personnes se disant pratiquantes, ou celles se disant croyantes qui étaient "étudiées".
Et du coup, pas le temps de continuer mon message, pour changer ^^ (en même temps il est déjà assez paveteux)
- Tilleul—
- Messages : 669
Date d'inscription : 23/04/2014
Re: Religions et droits des femmes
10.03.15 15:42
Je trouve que tes remarques sont très pertinentes et mettent en lumière les questions des positions dogmatiques (qu'elles soit religieuses ou patascientifiques) et des communautés dogmatiques. Finalement, on reste dans les mêmes logique avec une "vérité" fossilisée qui est censée aller de soi.
- Exemple zététique:
- Par exemple, c'était un gros sujets de confusion quand je fréquentais les forum zététique, pas mal de personnes considéraient de prime abord (via un faux rasoir d'occam) que tout phénomène "inexpliqué" se devait d'avoir une explication rationelle qui irait de soi car "logique". C'était leur crédo et impossible de le remettre en question. (Alors que la démarche scientifique prone au contraire une observation empirique et la mise à l'épreuve permanente des modèles)
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: Religions et droits des femmes
13.03.15 23:21
Ah tiens, un point que j'avais oublié : dans les manifs pour le droit à l'IVG, j'ai régulièrement entendu des slogans anti cathos / chrétiens. Je pense en particulier à "cathos, fachos, hors de nos vies" et à "on n'aurait pas tous ces emmerdements, ah si Marie avait connu l'avortement!".
D'un côté, je les trouve compréhensible dans le contexte (église très réactionnaire et anti-droit des femmes et non-straight à disposer de leurs corps + manifs et actions de SOS touts petits et autres groupes anti-IVG très violents). De l'autre, j'ai l'impression que ce genre de slogan "tire dans le tas" au lieu de viser spécifiquement les institutions, groupes, idéologies et personnes qui posent problème. Et peuvent blesser des gens pro-choix, voire les détourner du militantisme pro-choix.
Pour détailler mes réflexions en vrac sur ces deux slogans : dans cathos, fachos, hors de nos vies, la virgule est clairement marquée. C'est bien "les cathos ET les fachos". En soi, je suis d'accord, vu que personne n'a à entrer dans la vie d'autrui, mais ça présuppose que "nos vies" ne peuvent pas être cathos. C'est une espèce d'exclusion implicite des cathos pro-choix du coup.
(pour le second j'ai plein de trucs dans la tête, et je pense aussi à d'autres points, mais je crois que je préfère écouter d'abord en fait)
Du coup, je me demande quel est le ressenti des cathos / chrétiennes / croyantes pro-choix par rapport à ça. Et celui des autres-que-moi en général. Je ne sais pas si certaines ici ont envie d'en parler, mais je "lève" le sujet ^^.
Je me doute bien que les croyantes - et les autres - n'auront pas toutes le même avis, la même vision, que les réactions de celles du forum ne seront pas représentatives, etc, je ne considérerai pas que quand X dit tel truc elle représente toutes les cathos / croyantes / trucmuches.
(bon, je vais tenter de trouver un moment pour écouter l'émission)
D'un côté, je les trouve compréhensible dans le contexte (église très réactionnaire et anti-droit des femmes et non-straight à disposer de leurs corps + manifs et actions de SOS touts petits et autres groupes anti-IVG très violents). De l'autre, j'ai l'impression que ce genre de slogan "tire dans le tas" au lieu de viser spécifiquement les institutions, groupes, idéologies et personnes qui posent problème. Et peuvent blesser des gens pro-choix, voire les détourner du militantisme pro-choix.
Pour détailler mes réflexions en vrac sur ces deux slogans : dans cathos, fachos, hors de nos vies, la virgule est clairement marquée. C'est bien "les cathos ET les fachos". En soi, je suis d'accord, vu que personne n'a à entrer dans la vie d'autrui, mais ça présuppose que "nos vies" ne peuvent pas être cathos. C'est une espèce d'exclusion implicite des cathos pro-choix du coup.
(pour le second j'ai plein de trucs dans la tête, et je pense aussi à d'autres points, mais je crois que je préfère écouter d'abord en fait)
Du coup, je me demande quel est le ressenti des cathos / chrétiennes / croyantes pro-choix par rapport à ça. Et celui des autres-que-moi en général. Je ne sais pas si certaines ici ont envie d'en parler, mais je "lève" le sujet ^^.
Je me doute bien que les croyantes - et les autres - n'auront pas toutes le même avis, la même vision, que les réactions de celles du forum ne seront pas représentatives, etc, je ne considérerai pas que quand X dit tel truc elle représente toutes les cathos / croyantes / trucmuches.
(bon, je vais tenter de trouver un moment pour écouter l'émission)
- Ucralo—
- Messages : 349
Date d'inscription : 19/10/2014
Re: Religions et droits des femmes
13.03.15 23:54
Merci pour le lien.Antisexisme a écrit:http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-les-feministes-islamiques-2014-12-22
Je viens de télécharger l'épisode. Je l'écouterai plus tard.
- comment télécharger l'épisode:
- Je n'ai pas trouvé de bouton "télécharger l'épisode" sur le site. Donc je présume qu'il n'existe pas. Au cas où ça intéresserait quelqu'un d'autre que moi de télécharger l'épisode sous forme de fichier mp3, voici son URL :
http://www.franceculture.fr/sites/default/files/FEMINISTES_ISLAMIQUES.ITE_00071397_RSCE.MP3
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Religions et droits des femmes
14.03.15 0:19
La grande question est : est-il (physiquement) possible d'avorter d'un fœtus créé par immaculée conception et dont l'un des parents est divin ?On n'aurait pas tous ces emmerdements, ah si Marie avait connu l'avortement !
OK, je sors.
- Ucralo—
- Messages : 349
Date d'inscription : 19/10/2014
Re: Religions et droits des femmes
14.03.15 0:28
- hs humour:
- Araignée a écrit:On n'aurait pas tous ces emmerdements, ah si Marie avait connu l'avortement !
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: Religions et droits des femmes
14.03.15 14:13
Tu me rappelles tous ces films ultra cliché où la meuf est enceinte de "l'Elu" et ne parvient pas à avorter même quand elle veut grave, sans que ça soit traité autrement que comme preuve de "t'as vu, c'est carrément l'Elu sinon elle aurait avorté!"
"Ah si Marie avait connu l'avortement", je trouve ça intéressant dans l'absolu en fait (ça pointe que son consentement ou non consentement n'est pas mentionné dans la Bible). Mais en pratique l'utilisation du slogan me gêne souvent.
Ca me gênerait peut-être moins si les manifs pro-choix auxquelles j'ai participé ressemblaient parfois plus à des rencontres orientées anars ou communistes que féministes (3 slogans orientés pro-choix/féminisme, puis 10 minutes à chanter l'Internationale, en gros). Et autant je suis très portée sur l'anarcha-féminisme et les "valeurs" libertaires et d'extrême-gauche, et je pense qu'il est intéressant et nécessaire de "combiner" le féminisme et l' "anarchommunisme", autant là, ça me gênait que le sujet de la manif disparaisse la moitié du temps au profit d'un truc sans rapport avec le droit à l'IVG et à disposer de son corps, ou le féminisme tout court.
Bref, voilà pour les détails que j'ai omis dans mon message précédent.
- Spoiler:
- Legion est particulièrement naze sur ce point par exemple
"Ah si Marie avait connu l'avortement", je trouve ça intéressant dans l'absolu en fait (ça pointe que son consentement ou non consentement n'est pas mentionné dans la Bible). Mais en pratique l'utilisation du slogan me gêne souvent.
Ca me gênerait peut-être moins si les manifs pro-choix auxquelles j'ai participé ressemblaient parfois plus à des rencontres orientées anars ou communistes que féministes (3 slogans orientés pro-choix/féminisme, puis 10 minutes à chanter l'Internationale, en gros). Et autant je suis très portée sur l'anarcha-féminisme et les "valeurs" libertaires et d'extrême-gauche, et je pense qu'il est intéressant et nécessaire de "combiner" le féminisme et l' "anarchommunisme", autant là, ça me gênait que le sujet de la manif disparaisse la moitié du temps au profit d'un truc sans rapport avec le droit à l'IVG et à disposer de son corps, ou le féminisme tout court.
Bref, voilà pour les détails que j'ai omis dans mon message précédent.
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: Religions et droits des femmes
14.03.15 16:28
Merci pour la citation, elle m'avait complétement échappé !
Sinon, je finis d'écouter l'émission sur les féminismes islamiques, qui est vraiment intéressante. Je n'ai pas spécialement des trucs plus brillants à dire que ce qui est déjà dans l'émission, mais je la conseille.
- commentaires et développement, j'ai l'impression que ça fait virer le sujet au débat théologique du coup je le mets en spoiler parce que je suis pas sûre que ça soit super productif dans le cadre du forum:
- j'ai lu les évangiles partiellement et complètement en vrac et je ne me souvenais pas de ce passage. Je me rappelais vaguement de la version de l'év. selon St Matthieu, qui n'évoque pas du tout l'avis de Marie sur la question.
(voir ici de 1.18 à 1.23)
Je viens de lire l'annonciation dans St Luc du coup, l'ange mets Marie devant le fait accompli (tu deviendras enceinte, tu enfanteras, etc), sans lui demander son accord, mais elle le donne effectivement. Et je suppose qu'on peut arguer qu'un Dieu omniscient connait son consentement "d'avance". Et du coup je me demande si cette omniscience n'est pas anachronique, il me semble que l'idée d'omniscience totale de Dieu est apparue plus tardivement que les évangiles.
Sinon, je finis d'écouter l'émission sur les féminismes islamiques, qui est vraiment intéressante. Je n'ai pas spécialement des trucs plus brillants à dire que ce qui est déjà dans l'émission, mais je la conseille.
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: Religions et droits des femmes
18.03.15 9:47
J'avoue que je ne sais pas quoi répondre, tellement ça me fait froid dans le dos l'idée de préparer une enfant à un destin prédéterminé, surtout quand il est aussi terrible (voir son fils mourir après avoir souffert le martyre, même avec l'idée de "l'après-vie", c'est horrible).
Sinon, encore une fois, merci pour toutes les précisions que je n'aurais sans doute jamais eues autrement ^^
Si tu as envie d'en parler et t'en souviens, comment as tu réagi quand on t'a évoqué lors du cathé la "préparation" de Marie et l'arrangement du mariage entre elle et Joseph dès leur enfance ? L'as-tu ressenti de manière particulière ?
Sinon, encore une fois, merci pour toutes les précisions que je n'aurais sans doute jamais eues autrement ^^
Si tu as envie d'en parler et t'en souviens, comment as tu réagi quand on t'a évoqué lors du cathé la "préparation" de Marie et l'arrangement du mariage entre elle et Joseph dès leur enfance ? L'as-tu ressenti de manière particulière ?
- Ucralo—
- Messages : 349
Date d'inscription : 19/10/2014
Re: Religions et droits des femmes
22.03.15 17:25
Finalement, j'ai écouté l'épisode relayé par Antisexisme sur les féministes islamiques.
A un moment, ils parlent de musulmanes féministes qui sont contre l'obligation du port du voile. Elles interprètent le Coran de telle sorte que le port du voile n'est pas obligatoire pour les femmes. D'ailleurs, elles se plaignent de ne pas être assez entendues.
A un autre moment, il y avait une autre femme qui affirmait que le féminisme islamique serait dangereux parce que ça participerait à l'islamisation rampante de la société et que ça se basait sur une religion sexiste.
Mais je me demande à quoi ressemblent précisément les croyances religieuses des féministes islamiques. D'aileurs, sont-elles à peu près d'accord entre elles ?
A un moment, ils parlent de musulmanes féministes qui sont contre l'obligation du port du voile. Elles interprètent le Coran de telle sorte que le port du voile n'est pas obligatoire pour les femmes. D'ailleurs, elles se plaignent de ne pas être assez entendues.
A un autre moment, il y avait une autre femme qui affirmait que le féminisme islamique serait dangereux parce que ça participerait à l'islamisation rampante de la société et que ça se basait sur une religion sexiste.
Mais je me demande à quoi ressemblent précisément les croyances religieuses des féministes islamiques. D'aileurs, sont-elles à peu près d'accord entre elles ?
- InvitéInvité
Re: Religions et droits des femmes
22.03.15 17:31
L'Islam est une religion dans laquelle chaque croyants est libre d'interpréter et comprendre le texte à sa façon. Donc, il n'y a pas UN Islam.
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: Religions et droits des femmes
23.03.15 13:44
D'accord, merci pour la réponse. (J'espère que mes questions ne sont pas pesantes ou énervantes, n'hésite pas à me le signaler si c'est le cas).
Re: Religions et droits des femmes
23.03.15 23:06
Ucralo a écrit:
Mais je me demande à quoi ressemblent précisément les croyances religieuses des féministes islamiques. D'aileurs, sont-elles à peu près d'accord entre elles ?
Je te conseille le livre Féminismes islamiques de Zahra Ali, c'est un recueil de textes écrits par des femmes musulmanes de différents pays et courants. Sinon, des grands noms des féminismes islamiques (on utilise ce mot par commodité mais toutes ne se revendiquent pas féministes) : Amina Wadud, Fatima Mernissi, Margot Badran, Asma Lamrabet, Asma Barlas, et en France Stéphanie Latte-Abdallah. Certaines d'entre elles ont des textes dans le livre susnommé.
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: Religions et droits des femmes
24.03.15 11:25
Article de Ndella Paye (militante afro-féministe, anti-raciste, membre de Mamans Toutes Egales et portant un voile). L'article s'intitule "Stop, mon Corps ne vous appartient pas" ; l'auteure y relate et analyse les réactions violentes qu'elle a rencontré suite à son intervention dans le débat suivant la projection de "Je ne suis pas féministe mais..." à Créteil.
H.S. : comme elle évoque "Ouvrir la Voix" d'Amandine Gay, d'autres liens, sans rapport particulier avec la religion : la conférence-débat autour, rencontre-interview entre Amandine Gay et Mrs Roots.
- l'article:
C'est le mois de mars, un mois pendant lequel, en tant que femme, noire, musulmane, je dois célébrer certaines journées : d'abord le 8, qui est la journée internationale du droit des femmes, puis le 15, c'est le triste anniversaire du vote de la loi du 15 mars 2004 excluant de l'école publique les filles qui portent le foulard et enfin le 21 qui est la journée internationale contre le racisme.
Nous sommes le 14 mars 2015, une semaine après le 8 mars, journée internationale du droit des femmes et la veille du onzième anniversaire du vote de la loi du 15 mars 2004. Je décide d'aller, avec une amie, au festival du film de femmes de Créteil voir Je ne suis pas féministe, mais..., un film de Florence et Sylvie Tissot sur le parcours de la féministe Christine Delphy. J'y vais, toute contente, pensant que ce serait un espace safe (de sécurité) pour moi. En effet, Sylvie et Christine sont des copines militantes féministes avec qui j'ai lutté en 2004 contre l'exclusion de l'école des jeunes filles portant le foulard. J'étais donc à mille lieues de me douter que je subirai une violence venant de femmes, qui se disent féministes. Il faut rappeler qu'une semaine plus tôt ce film devait être projeté à la mairie du XXe arrondissement et suivi de débats prévus sur plusieurs jours, mais que la maire de l'arrondissement a annulé l’ensemble de ces présentations. Je devais intervenir à un des débats programmés. En revanche, pour Créteil, je ne pensais vraiment pas qu'il pouvait y avoir problème parce que trois femmes portant le foulard assistent à la diffusion du documentaire et au débat.
J'arrive un peu en retard et rate le début du film. Le parcours de Christine est applaudi tout au long de la diffusion, et jusqu'à la fin où elle dénonce la loi sur le foulard. Christine, Florence et Sylvie sont ovationnées. On nous demande de nous diriger vers la salle où aura lieu le débat. Je réagis la première lorsque la parole est donnée à la salle, pour témoigner toute ma reconnaissance à Christine qui est une amie avec qui j'échange assez régulièrement et qui m'a beaucoup apporté dans mes combats de femme. Je tenais à lui rendre hommage pour le courage de son engagement contre l'exclusion des filles de l'école. Je ne pensais pas que mon intervention aller cristalliser les débats autour du foulard.
Une première femme s'indigne et accuse le foulard (il faut dire que les femmes portant le foulard ne sont plus que des voiles ambulants aux yeux de beaucoup…) de remettre en cause les luttes menées par les « garçonnes » des années 20 qui coupaient leur cheveux très court et revendiquaient le droit de s'habiller plus court. Plusieurs autres interventions pointent du doigt le foulard jusqu'au moment où une femme tente de faire le parallèle entre le foulard et le mariage, considérés tous deux comme des symboles de domination de la femme. Elle est elle-même mariée et se voit accusée de soumission à l’ordre patriarcal : elle qui est féministe, comment peut-elle se marier et rester cohérente avec les idées d'égalité qu'elle véhicule ? Elle invite les féministes à accepter que des femmes puissent se marier ou porter le foulard sans être forcément considérées comme soumises, et elle rappelle, comme le dit Christine dans le film, que nous sommes toutes traversées par des contradictions.
Mais le cauchemar n'est pas fini. À la fin du débat, je me fais interpeller tout de suite par une iranienne, qui me demande si je suis prête à m'engager pour soutenir les femmes iraniennes battues parce qu'elles ne veulent pas porter le voile en Iran. « Je décide des luttes que j'investis, chère Madame, lui dis-je, je refuse toute injonction à quelque lutte que ce soit, mais pour moi, le dernier mot revient à la femme. Aucune institution, personne ne devrait obliger une femme à porter un foulard ou à l’ôter. » On nous demande de nouveau de sortir de la salle pour discuter à l'extérieur et laisser place au débat qui suit. Sur le trajet, nous nous retrouvons avec deux autres copines portant le foulard à subir un interrogatoire, alors qu’aucune question n'est adressée à ma copine blanche, non voilée. Les injonctions que l’on reçoit s'adressent exclusivement à celles dont on doute qu'elles soient féministes, à celles qui ne peuvent tout simplement pas être féministes : les femmes voilées, les musulmanes.
Me voilà projetée à nouveau dix ans en arrière pendant les manifestations du 8 mars. Des « féministes » nous demandaient, à nous qui portions le foulard, si nous étions pour ou contre l'avortement, pour ou contre l'égalité des hommes et des femmes, nos positions sur l'homosexualité et j'en passe. Nous devions prouver que nous étions féministes, mais quelle que soit la réponse que nous leur apportions, le fichu sur notre tête nous disqualifiait d'office. On ne peut pas être féministe et porter le foulard. Une féministe doit exhiber son corps, elle doit renoncer à sa foi. Je n'ai pourtant jamais entendu des féministe remettre en question le fait qu'un président de la République ne montre que sa tête, que les différents ministres hommes de la République montrent très peu de leur corps. Non, ça, ça ne dérange personne. Il en est de même des journalistes hommes, cela ne pose problème à aucune féministe qu'ils n’exhibent pas leur corps. Pourquoi exiger de moi que j'enlève mon foulard parce que certaines ont lutté pour se dénuder ? En quoi ce bout de tissu que j'ai sur ma tête remet en cause des années de luttes de femmes ? En fait, ce que ces femmes me disent depuis plus de dix ans c'est : « ton corps nous appartient ». Comment pouvait-il en être ainsi pour des femmes qui luttent depuis des décennies pour s'approprier leur corps ?
Parlons de ces luttes justement, que des femmes ont menées pour s'émanciper de la domination masculine. Elles les ont menées contre les diktats des hommes qui définissaient la longueur de leurs cheveux et de leurs vêtements. L’ironie du sort, c'est que ces mêmes femmes, qui ont tant lutté pour obtenir la liberté de choix, veulent interdire à d'autres femmes d'avoir des choix différents des leurs. Elles reproduisent sur d'autres femmes qui ont seulement décidé d'adopter d'autres règles vestimentaires que les leurs les mêmes violences qu'elles ont subies.
Il convient de (re)définir le sens que ces femmes donnent au féminisme et à l'émancipation. Si le féministe signifie lutter pour l'égalité hommes-femmes et l'amélioration des droits et de la situation des femmes, comment comprendre qu’autant de violences sur d'autres femmes, quelle que soit la justification avancée, soit « féministe » ? Comment cela peut-il être fait « au nom du féminisme » ? Comment des femmes arrivent-elles à reproduire sur d'autres femmes ces mêmes mécanismes qu'elles dénoncent, sans que cela ne les ébranle le moins du monde ? La seule réponse qui me vient à l'esprit est qu'elles sont tellement ethnocentrées qu'elles sont aveugles à la contradiction, pourtant flagrante. Elles sont tellement « la norme » qu'elles ne se rendent pas compte de leurs dérives. Quand ces femmes s'adressent à moi, c'est avec une telle condescendance qu'on croirait que je suis leur sujet (« sujet » : se réfère à la classification juridique d’une personne dans une ou plusieurs catégories d'indigénat). À leurs yeux, je ne peux être libre, autonome, douée de raison, je ne peux être maîtresse de mes choix. C'est tellement infantilisant de se voir expliquer constamment le monde, de se voir traitée d'aliénée, d'éternelle enfant.
Pour nous féministes, musulmanes portant le foulard, nous devons tenir sur plusieurs fronts. Accusées par la communauté féministe mainstream de trahir leurs luttes, nous ne sommes pas comprises à l'intérieur de notre communauté de foi qui réduit le féminisme à cette lutte acharnée pour exhiber le corps des femmes. Et puisque nous sommes des femmes, la lutte pour l'égalité se fait à plusieurs niveaux aussi, nous devons lutter pour l'égalité avec les hommes mais aussi pour l'égalité avec les « féministes » qui combattent la religion et le foulard. Nous refusons de nous laisser dicter la façon dont nous devons nous habiller, par des hommes comme par des femmes. Nous saurons choisir comme des grandes les voies/voix de notre émancipation.
Au cours de mes années de luttes militantes, j’ai fait l’expérience douloureuse de voir des comportements et des modes relationnels qui n’étaient pas adéquation avec les idéaux défendus. Je poursuis pourtant mon combat pour l’émancipation. Ma voie, je la trouve aujourd’hui avec un groupe de sœurs afro-féministes que j’ai rencontrées à l’occasion du tournage du film d’Amandine Gay Ouvrir la voix. Avec elles, je ne suis pas contrainte de renoncer à une de mes identités, je n’ai pas de malaise à être musulmane. C’est contre toutes les discriminations que nous subissons que nous luttons en tant que femmes noires, croyantes ou non, grâce à l’intersectionnalité. Ce concept américain qui nous permet de refuser de penser en termes de priorités nos luttes ou de devoir remettre à plus tard certaines d’entre elles. Pour nous, ni la lutte de classe, ni celle de race ne doivent être mises au-dessus des autres luttes, c’est contre toutes nos oppressions que nous luttons en parallèle, nous sommes multiples, nous sommes à des croisements. Enfin une vraie bouffée d’oxygène.
H.S. : comme elle évoque "Ouvrir la Voix" d'Amandine Gay, d'autres liens, sans rapport particulier avec la religion : la conférence-débat autour, rencontre-interview entre Amandine Gay et Mrs Roots.
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: Religions et droits des femmes
24.03.15 13:30
C'est le féminismeTM dont parle Salomé sur son blog en gros, le "féminisme dominant". En gros, le féminisme ayant le plus de relais dans les médias et face aux institutions, n'interroge pas ses alliances avec ses dernières, et dépense beaucoup d'énergie à envoyer des injonctions aux femmes "non-conformes" à ce qu'elles considèrent comme libérateur, en considérant a priori que toute parole de la part de ces "non-conformes" sera non-valable, car aliénée. Je grossis le trait, ça n'est pas toujours aussi flagrant ou "caricatural". (Au cas où : ça ne signifie aucunement qu'il n'y ait pas de problèmes, y compris des problèmes importants, et des rapports de domination non traités, dans les mouvements féminismes non "TM/Mainstream").
(pas trop le temps de développé, l'article de Salomé a pas mal de matière de toutes façons...)
(pas trop le temps de développé, l'article de Salomé a pas mal de matière de toutes façons...)
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum