Représentation de la femme et/ou de l'homme dans le dernier film que vous avez vu !

HS sur les "vieux" et le "bon vieux temps" :

Horace (1er siècle avant JC) disait ceci : "Laudator temporis acti" qu'on peut traduire par "celui qui fait l'éloge du temps passé". En fait, il disait cela des gens plus âgés qui passaient leur temps à dénigrer leur moment présent, en pensant au passé : "c'était mieux avant"

Ce matin pendant un don de plaquettes j'ai regardé le film « le petit prince » (celui de 1974), enfin sa première heure. Je l'ai trouvé assez misogyne. J'ai pas de souvenir du livre mais d'après wikipédia c'est assez proche.

Déjà, il est loin de passer le test de bechdel : un seul perso féminin, alors que le petit prince rencontre des personnages et animaux censés être variés dans son voyage, c'est tous hommes blancs* y compris les animaux (dans le film, les animaux sont joués par des humains pour les faire danser, chanter, parler, etc).

*Ça porte un nom l'équivalent du test de Bechdel en remplaçant « femme » par « non-blanc » ?

Mais surtout, j'ai pas du tout aimé la façon dont la rose (le seul perso féminin, dont la seule fonction est évidemment d'être aimée par un perso masculin (hétérocentrisme habituel)) est présentée : orgueilleuse, coquette et exigeante... on croirait entendre un discours masculiniste comme quoi ouais, les femmes, toutes des salopes qui manipulent les hommes par la séduction, en fait c'est elles qui ont le pouvoir, c'est dégueulasse. (Bon, le film ne sort pas ce genre de discours, mais franchement il leur fourni un terreau idéal.)

D'ailleurs wikipédia m'apprend que c'est apparemment la vison qu'Antoine de saint-Éxupéry avait de son épouse : orgueilleuse et fragile à la fois. Super.

J'ai l'impression qu'il y aurait aussi des trucs à dire sur l'opposition amour-amitié (l'amour fait souffrir, l'amitié entre hommes par contre ça fait du bien), mais j'avoue que j'ai pas assez bien compris tous les dialogues (c'était en VO et le volume était mal réglé), donc je vais pas trop développer.

Bref, je pensais faire un choix sympa qui me mettrait de bonne humeur, c'était bien raté Ça fait chier qu'autant d'œuvres qui sont censées être poétiques, profondes, etc. soient autant pourries de sexisme, de racisme, etc.

 Numa. J'ai relu le petit prince il n'y a pas longtemps, et j'étais vraiment mitigée de voir une jolie préface, l'histoire du mouton dessiné que j'adore, avec la misogynie des passages avec la rose...

J'ai jamais lu le Petit Prince, les quelques extraits que j'en ai lu m'ont toujours soûlée (je trouve ça niais), ben du coup vous me donnez pas vraiment envie de m'y mettre ^^
(je savais pas qu'on pouvait regarder des films en donnant ses plaquettes ^^)

Je suis allée voir Le vent se lève de Miyazaki, et ouhlala j'ai plein de choses à en dire ! Mais d'abord je dois aller travailler un peu (et ouais, je tease   )

exno a écrit:Je suis allée voir Le vent se lève de Miyazaki, et ouhlala j'ai plein de choses à en dire ! Mais d'abord je dois aller travailler un peu (et ouais, je tease   )

Idem ! Mais moi, j'ai juste la flemme ! (Déjà que je songeais de parler de Twelve years a slave !…)

Cherry Song a écrit:

exno a écrit:Je suis allée voir Le vent se lève de Miyazaki, et ouhlala j'ai plein de choses à en dire ! Mais d'abord je dois aller travailler un peu (et ouais, je tease   )

Idem ! Mais moi, j'ai juste la flemme ! (Déjà que je songeais de parler de Twelve years a slave !…)

Twelve years a slave ça m'intéresse d'avoir ton avis Cherry ! Maintenant tu es obligée d'en parler, mouhahaha  

Bon allez, j'ai rien à faire cet après-midi donc je m'y mets !


C'est l'histoire d'un ingénieur aéronautique (personne réelle semble-t-il) qui vit dans les années 30.
J'ai trouvé ce film à chier   Je sais c'est violent comme terme, mais j'ai beaucoup aimé les autres films que j'ai vu de Miyazaki, et là sur beaucoup de points j'ai trouvé que ça craignait vraiment...
En fait, avant d'en venir aux représentations de l'homme et de la femme, je veux dire que je me suis vraiment ennuyée pendant ce film, et je pense que c'est dû au fait que les personnages n'ont aucune personnalité, aucune caractéristique... C'est très étrange en fait, ça fait un peu point de vue externe tout du long, biographie très factuelle... En plus j'ai trouvé la réalisation déstabilisante car les ellipses ne sont pas du tout marquées et d'un coup on se retrouve 5 ans plus tard sans savoir comment ni pourquoi...
En plus je trouve le personnage central assez antipathique car qui dit avions dans les années 30 au Japon dit avions de guerre, et pas une seule fois il ne s'interroge sur le problème éthique que ça pose de concevoir des avions de guerre. A un moment il prononce même cette phrase épique (!) : "nous ne sommes pas des marchands d'armes, nous voulons juste faire de beaux avions"... avec des mitraillette dedans les avions hein -_-

Bref, entrons dans le vif du sujet ! Au milieu de tout ça il y a une histoire d'amour (?) entre cet ingénieur et une jeune femme qu'il rencontre. Le seul autre personnage féminin est la soeur du "héros", qu'on ne voit que très peu, et qui devient quand même médecin.

Spoiler : relation de couple et abnégation féminine:

Vous l'aurez compris, ça m'a soûlée

Cherry si tu l'as vu je suis intéressée par ton avis du coup ! Je me demandais si c'était pas juste moi qui étais de mauvaise humeur (l'éternel féminin et ses sautes d'humeur qui nuisent à son entendement, toussa....)

Loupita Lebowski a écrit:
Twelve years a slave ça m'intéresse d'avoir ton avis Cherry ! Maintenant tu es obligée d'en parler, mouhahaha  

exno a écrit:
Cherry si tu l'as vu je suis intéressée par ton avis du coup ! Je me demandais si c'était pas juste moi qui étais de mauvaise humeur (l'éternel féminin et ses sautes d'humeur qui nuisent à son entendement, toussa....)

Ça me fait deux films à chroniquer là, tout de suite donc !   

Bon… Je vais faire ça sur traitement de texte (une fausse manœuvre qui efface tout serait dramatique pour ma motivation) et je reviens !

Cool   

Oh je suis trop déçue !! Le dernier Miyazaki, quoi...  

Attendons quand même l'avis de Cherry Song ! (sérieux je me fais même pas confiance pour ça, c'est terrible -suffit qu'on te dise "regarde, ce vieil homme est très talentueux" et voilà)

exno a écrit:Attendons quand même l'avis de Cherry Song !

Bon sang que de pression sur mes épaules ! xD

Je n'ai même pas fini ma critique de "Twelve years a slave" !   
Je me rends compte que j'ai un million de choses à dire. Je synthétise tout ça et je me mets à "Le vent se lève" qui devrait me prendre moins de temps.

Haha t'inquiète, on attendra 20 ans s'il le faut

12 years a slave de Steve McQueen

Je crois que ce n'est un secret pour personne que c'est un film très très éprouvant.
Ce que j'ai trouvé intéressant dans ce film, c'est la galerie de personnages, le fait que chacun d'entre eux est bien écrit, avec leurs contradictions, leurs doutes, etc.
Même le pire esclavagiste (Epps) a ses failles et est parfois pathétique. Sans aller jusqu'à parler de compassion, faut pas pousser !

Tout ça pour dire que je ne sais par où commencer et comment traiter de ce film. J'ai tant à en dire !

Bizarrement, j'ai oublié le nom que les négriers ont donné à Salomon… Pourtant c'est emblématique : un « nègre » n'a pas de nom propre, seulement celui qu'on lui accorde. Ce n'est pas uniquement pour qu'il ne soit pas retrouvé dans ce contexte mais c'est aussi et surtout pour lui voler, lui arracher une partie de lui* : son nom, puis la chemise que sa femme lui a offerte. Ce genre de détail a son importance pour moi.

Je tiens à commencer par Eliza, la femme dont on a vendu les deux enfants à des personnes différentes qui les a donc perdus.
C'est elle qui reste lucide malgré tout et met Salomon en garde, lui qui ne comprends pas encore très bien ce qu'il vit et qui sont les gens qui l'entourent. Surtout son premier « maître », Sherlock Kahn Ford**.

Parlons des Ford : William Ford avait essayé, en achetant Salomon et Eliza, d'acquérir aussi la fille d'Eliza, reprochant le manque de cœur de la personne qui sépare une mère de ses enfants. Puis il prend en compte l'avis de Salomon, lui offre un violon, ayant appris qu'il en jouait et enfin il lui sauve la vie puis le protège comme il peut. Personnage sympathique, n'est-ce pas ? J'y reviendrai…

Sa femme nous est ensuite présentée. Et c'est là qu'arrive le premier personnage qui incarne la profonde ambivalence pour ne pas dire totale contradiction de certains personnages vis-à-vis des noirs : d'abord empathique envers Eliza, elle la plaint et se désole de la peur de ses enfants. Mais en l'espace de quoi… 30 secondes, elle devient quasiment monstrueuse avec elle en lui disant qu'après un repas et du repos, ses enfants seront vite oubliés !  WTF ?!

Cette absence d'empathie est confirmée un peu plus tard et aura des conséquences sur ce qui arrivera à Eliza.

Spoiler:

Je n'ai toujours pas parlé de Patsey ! Elle est celle qui porte le film avec Salomon quand il arrive chez Epps, connu pour traiter ses esclaves de façon extrêmement cruelle, selon les dires même de Ford.

Dès le début, elle est présentée comme la meilleure travailleuse de la plantation et aussi comme la cible de l'intérêt d'Epps. Au début, elle semble plutôt enjouée mais on ne l'entend parler que bien plus tard dans le film. Elle est aussi la cible de la jalousie de l'épouse d'Epps. Jalousie qui explique en partie son attitude globale envers elle, en plus de son racisme virulent et probablement aussi de ce que son statut de femme exige d'elle.

Tout ça pour dire que Patsey s'en prend plein la tête dans tous les sens du termes ! Et quelque part, elle est aussi victime de la cruelle indifférence de Salomon, comme il a été indifférent au sort d'Eliza. Ce film a pour moi montré qu'en plus de détruire les individus, ce système a aussi tout fait pour détruire toute sorte de lien entre ces mêmes individus. C'est plus flagrant durant les deux scènes les plus difficiles du film et insidieux tout le temps autrement. À la fin, elle n'aura plus rien de « plutôt enjouée »…

Je n'ai évidemment pas tout dit mais je sens que je vais y passer des heures si je continue.


* Ce moment m'a fait penser au « Voyage de Chihiro », où même si heureusement, elle ne subit aucune violence physique, Chihiro/Sen deviendrait totalement esclave de Yubaba si jamais elle oubliait totalement son vrai prénom, s'oubliant elle-même en tant que personne.

** À propos du rôle de la famille Cumberbatch dans la traite et l'esclavagisme (en anglais) : http://www.dailymail.co.uk/news/article-2549773/How-Benedict-Cumberbatchs-family-fortune-slavery-And-roles-films-like-12-Years-A-Slave-bid-atone-sins.html


Et l'(excellente) actrice qui joue le rôle de Patsey s'appelle Lupita ! J'adore l'idée !

Le vent se lève de Hayao Miyazaki

Je n'irai pas jusqu'à dire que je l'ai trouvé à chier pour ma part, bien que je trouve que c'est le moins bon film de sa filmographie. Et je ne me suis pas ennuyée non plus.

Il y a des idées que j'ai trouvées excellentes mais elles relèvent plus de la mise en scène que du reste. Je pense à la façon dont sont traités les tremblements de terre notamment. Et les musiques de Jō Hisaishi sont excellentes, comme toujours.

Pour le reste, je suis d'accord avec exno. Pas de remise en cause du personnage et même politiquement, le film pose problème :
Le rôle du Japon dans la seconde guerre mondiale n'est jamais vraiment abordée. Juste quelques mots, puis on dit que Hitler est une ordure, point.
J'ai aussi ricané à l'évocation bien euphémisante (ça existe comme mot ?) des "zéro"…

Concernant les personnages féminins du film, j'ai aussi été très déçue. Loin des personnages de San, Chihiro, Dame Eboshi ou encore Gina pour ne citer qu'elles, les femmes de ce films ne sont pas travaillées pour un sou.

En gros, je n'ai rien à ajouter à ce qu'à dit exno concernant Nahoko. Je pense exactement la même chose. J'ai aussi été choquée par l'absence de réaction de Jirō face à sa mort (même si j'ai aussi trouvé que sa mise en scène était belle).
Et les autres femmes du film ne servent à rien, il faut le dire.

Dans un genre similaire (homme + avion), Porco Rosso était vachement mieux, et pas qu'un peu. C'est probablement le seul film de Miyazaki que je ne tiens pas particulièrement à revoir.
Je suis bien déçue que Miyazaki termine sa carrière sur un tel ratage.

Je suis d'accord que la musique était super, et que c'était très bien esthétiquement aussi

Cherry Song a écrit:
J'ai aussi ricané à l'évocation bien euphémisante (ça existe comme mot ?) des "zéro"…

Je vois pas de quoi tu parles   


12 years a slave j'ai bien envie de le voir ! Mais j'arrive pas à me motiver pour aller au cinéma toute seule... (viens Loupita on y va ensemble)

Les zéro étaient les avions utilisés par les kamikaze.

Ah je savais pas ça, du coup j'ai pas dû relever quand ils en ont parlé ! Cela dit j'y ai pensé à la fin quand on voit les avions partir et que le mec n'a pas une seule pensée pour les pilotes...

Cherry Song a écrit:
Et l'(excellente) actrice qui joue le rôle de Patsey s'appelle Lupita ! J'adore l'idée !  

  

exno a écrit:12 years a slave j'ai bien envie de le voir ! Mais j'arrive pas à me motiver pour aller au cinéma toute seule... (viens Loupita on y va ensemble)

Ouais si tu trouves un ciné parisien où la place ne coûte pas 10€ en tarif réduit

Bon mais du coup Cherry j'arrive pas à comprendre si t'as bien aimé ou si tu es mitigée ?

Par contre, ne me tapez pas, mais je viens de découvrir que Steve McQueen est noir, et bon bin ça me donne un peu plus confiance en son film que, par exemple, au hasard, Django unchained

J'ai vraiment beaucoup aimé. J'aurais dû le préciser, c'est vrai.

Il me semble qu'aux MK2 (à bibliothèque en tout cas), les places moins de 26 ans (ou étudiant, je sais plus) sont sensiblement moins chères (peut-être 6 euros, je crois). (Ouais, ça fait beaucoup de trucs que je sais pas, pour un petit message.)

Au MK2 bibliothèque c'est 4,90 pour les moins de 26 ans, et 6,90 le week-end.