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Le viol, un crime sexiste ?

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01.09.13 17:48
Merci pour le soutien, je le renvoie à toutes celles qui en ont besoin :calin: 

Ces histoires de manipulation de la part des violeurs, ça me fait penser à la manière d'enfermer les femmes en général, surtout au niveau thérapeutique et médical. Dans un épisode de American Horror Story, il y avait une phrase du genre "On vit dans une société où les femmes sont rendues folles ou accusées de l'être pour qu'on puisse les enfermer".
Tiffanny
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Le viol, un crime sexiste ? - Page 6 Empty Re: Le viol, un crime sexiste ?

01.09.13 17:52
C'est terrible de vous lire. Encore pire que j'imaginais. On parle de la condition féminine en Afrique, en Occident c'est moins évident mais plus pervers. Tout se passe comme si d'une manière ou d'une autre certains hommes trouvent toujours le moyen d'arriver à leurs fins.
Solidarité avec toutes... :calin: 
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01.09.13 18:43
GloriAnar a écrit:Merci pour le soutien, je le renvoie à toutes celles qui en ont besoin :calin: 

Ces histoires de manipulation de la part des violeurs, ça me fait penser à la manière d'enfermer les femmes en général, surtout au niveau thérapeutique et médical. Dans un épisode de American Horror Story, il y avait une phrase du genre "On vit dans une société où les femmes sont rendues folles ou accusées de l'être pour qu'on puisse les enfermer".
J'adore aussi AHS, quel dommage qu'il se sente obligé de violer une femme à chaque saison. La saison 3 traitera des sorcières, j’espère qu'elle seront montrées d'une façon positive même si je me fais pas trop d'illusion...

On vit dans une société où les femmes sont rendues folles ou accusées de l'être pour qu'on puisse les enfermer : ça me fait penser à cet article le cinéma est politique . J'ai beaucoup aimé ce dessin animé, c'est si rare de voir des femmes solidaires dans les médias.
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Le viol, un crime sexiste ? - Page 6 Empty Re: Le viol, un crime sexiste ?

01.09.13 23:12
Loupita Lebowski a écrit:Je suis contente que tu aies réussi à dépasser ça et à (presque) en rire aujourd'hui. Ce genre de phrases peuvent détruire et en même temps elles démontrent bien toute la stupidité et les contradictions de ces hommes.
C'est vrai que si aujourd'hui j'en presque ris, pendant longtemps (6 ans), je l'avais assimilée comme vraie. J'étais coupable, coupable de ne pas être une "vraie femme" (comprendre "une femme baisable"), coupable d'avoir osé sortir avec un homme alors que j'étais incapable d'avoir des relations sexuelles, coupable d'avoir mal, coupable d'être une pute et de refuser de l'être pour l'homme que j'aimais, coupable, coupable, coupable. Du coup, quand je voyais mon ex, je lui faisais la bise, l'invitais chez moi, lui offrais le thé (puis, petit à petit, si mon comportement envers lui était toujours aussi accueillant, une fois qu'il était parti, seule chez moi, je laissais éclater ma colère et ma peine...).

Quand j'ai répété cette phrase à mon psy, lui qui doit entendre très souvent des récits terribles et des traumatismes infernaux (d'autant plus que sa spécialité, c'est l'écoute et l'aide des demandeurs d'asile), sa première réaction (je m'en souviendrai toute ma vie, de cette séance), ça a été ça :
OO

Puis, j'ai dit que ça constituait quand même un aveu (dans cette phrase, on entend quand même distinctement "je t'ai violée", preuve qu'il savait exactement ce qu'il faisait ; il a beau jeu maintenant de prétendre que c'était un quiproquo et qu'il m'avait crue consentante). Un aveu et une tentative (réussie, même si elle ne l'est plus) de retournement de culpabilité.
Et lui, mon psy, m'a dit une chose à laquelle je n'avais pas pensé. Dans cette phrase, en fait, non seulement il me rend coupable du viol qu'il a commis à mon encontre, mais en fait, il va encore plus loin, il m'accuse, en filigrane, de l'avoir violé. Parce que ce qu'il dit, c'est que je l'ai "forcé". Or on parle ici d'une "relation sexuelle" (avec tous les guillemets qu'on doit mettre dans une telle situation) : je l'ai forcé à avoir une "relation sexuelle" avec moi, donc je l'ai violé, rien de moins. C'est l'ultime du retournement de culpabilité.

Je me souviens qu'à la fin de cette séance, quand mon psy s'est levé pour me raccompagner à la porte et que je me suis levée aussi, près de la porte, nous étions très proches l'un de l'autre et mon regard a croisé le sien.

Il avait les larmes au bord des yeux.


Dernière édition par Araignée le 02.09.13 2:51, édité 1 fois (Raison : grammaire et orthographe)
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01.09.13 23:16
Il avait les larmes au bord des yeux.
ça ne m'étonne pas :calin: :calin: Sad Sad 
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02.09.13 0:05
Je crois bien que je les ai aussi en ce moment :calin: Crying or Very sad 
Araignée
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02.09.13 3:14
Cette empathie très lisible qui caractérise mon psy (on entend parfois que les psychanalystes sont "froids et distants', ben en tout cas pas le mien. Je l'ai aussi vu se ronger les ongles quand j'évoquais mes soucis d'argent ou ma peur de retourner tapiner, mais aussi sourire voire rire quand je faisais référence, même involontairement, à une plaisanterie faite auparavant), cette empathie donc et ses émotions qui transparaissent, suscitent chez moi deux sentiments ambivalents.

D'une part, ça me trouble, ça touche ma propre empathie, j'ai peur de lui faire du mal, peur que mes récits l'atteignent de façon douloureuse, d'autant plus que je me dis que des patients comme moi, ou du moins des patients qui souffrent et ont une histoire douloureuse, il en voit toute la journée, tous les jours de la semaine (d'où aussi le fait que quand il part en vacances, même si j'appréhende, je suis contente pour lui, je me dis qu'il en a besoin et qu'il va pouvoir souffler un peu). Je ressens le besoin de le protéger, de raconter en douceur, pas trop d'un coup, de ponctuer par des séances plus légères, plus joyeuses, de faire en sorte qu'il ait l'occasion aussi de profiter de mon humour, de ma poésie, de ce qui me rend heureuse, de mes bonnes nouvelles... J'ai beau savoir qu'il a effectué un travail sur lui et sait gérer le contre-transfert, ça ne m'empêche pas de penser que tout ça doit l'affecter, je le vois bien...

D'autre part, ça me rassure, ça me fait du bien de me rendre compte qu'il m'aime, que ma souffrance ne l'indiffère pas, qu'il la comprend puisqu'il la ressent. Je ne supporterais pas un psy froid, distant, sans expression. Je ne supporterais pas d'avoir l'impression que ce qui m'a détruit, ce qui m'a anéantie, ce qui m'empêche parfois de vivre, lui, il s'en fiche. Je ne supporterais pas d'avoir à me demander si à ses yeux, je ne serais là que pour lui permettre de gagner sa vie. Je ne supporterais pas d'imaginer que, peut-être, quand il pense à moi, il me voit comme une marginale cinglée et inutile. Je sais, du moins je peux imaginer sans problème et je suis sûre d'être plus dans le vrai que dans le fantasme total, qu'il m'apprécie, qu'il aime certains aspects de ma personne, qu'il souhaite pour moi que j'aille mieux, que je sois moins angoissée, que je réalise mes rêves.

Si je vous raconte ça, ce double-sentiment d'apprécier l'empathie et en même temps, d'en ressentir de la peine pour l'empathique qui du coup souffre, c'est parce que c'est aussi ce que je ressens quand vous aussi, vous faites preuve de la même empathie.

Du coup je vous fais un câlin : :calin:
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02.09.13 6:47
:calin: à toi, Araignée.
Irja
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02.09.13 22:14
Je découvre ton témoignage Araignée et je ne sais que dire à part me joindre à ce calin :calin: 
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03.09.13 1:01
Je suis vraiment très touché par ton témoignage araignée. Je ne voudrais pas être maladroit mais si je peux me permettre ne t'inquiète pas trop pour ton psy. C'est un professionnel de l'écoute. Il est là pour t'aider. C'est normal qu'en tant qu'être humain, il soit touché par ton histoire. Les machines sans cœur, c'est insupportable. Mais, c'est aussi un professionnel qui est formé pour entendre des grandes souffrances et t'aider à mieux les vivres.
Araignée
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03.09.13 2:21
Merci Irja et Charlot.

Charlot, je sais qu'il est formé à entendre les souffrances sans se laisser envahir, qu'il a fait une analyse, tout ça, mais il y a quand même une part de moi qui ressent le besoin de le préserver... rationnellement, je sais que ce n'est pas la peine, mais tout ce qu'on fait ou pense n'est pas rationnel. C'est aussi le signe que mon transfert est très fort, et c'est plutôt bon signe (pour les psychanalystes, ce qui fait fonctionner la thérapie, c'est avant tout le transfert ; et ça semble logique, le transfert, c'est avant tout du lien, et sans lien, pas de soin...).

Ce soir, j'étais chez mes voisins, et mon ex était là. Comme d'habitude, je ne lui ai pas dit bonjour, pas dit au revoir, pas parlé, même quand il s'adressait à moi. Mais je suis très contente de constater que contrairement à avant, sa présence ne m'affecte plus du tout : qu'il soit là ou pas, ça m'indiffère (je sais que par contre, si je cesse de l'ignorer, même pour lui lancer une réplique cinglante, aussitôt je m'écroule). Je le vois, je l'entends, mais en fait, c'est comme s'il faisait partie des meubles, pour moi il n'est plus un être vivant (juste retour de bâton, il a voulu faire de moi un non-être, un objet, qu'il en soit ainsi pour lui...), c'est mon moyen de me protéger et je suis ravie de constater que maintenant, il marche à 100%.
sandrine
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03.09.13 2:39
:calin:  Araignée, très émue aussi...
Les psys que je connais (en tant qu'amis, pas patiente...) m'ont toujours parlé de la nécessité de "distance thérapeutique" (le transfert est un lien qui est censé se faire uniquement dans le sens "patient-thérapeute"). Même si le thérapeute ressent des sentiments personnels (ce qui est bien normal, pour être thérapeute il n'en est pas moins sensible...) il ne doit pas l'exprimer, dans l'intérêt de la thérapie.
Mais il semble que ce dogme soit remis en cause par certaines écoles:
Les approches psychanalytiques plus récentes d'outre-mer, approches post-modernistes, remettent en question cette notion d'un analyste neutre à partir duquel le patient établirait la distance. Le modèle suggéré est celui d'une distance co-créée simultanément par les deux partenaires. Ceux ci ont des rôles différentiels, des positions asymétriques, mais ont une influence mutuelle l'un sur l'autre. La thérapie serait donc une sorte de "tango a deux"' avec des processus de "régulation mutuelle", proches de ce que l'on observe dans la relation entre le nourrisson et sa mère (Voir les travaux de Beebe& Lashman et de Daniel Stern).
Hoffmann suggère que la distance dans la situation thérapeutique résulte d'un rapport didactique, entre une certaine spontanéité et une discipline analytique: d'un coté, la discipline psychanalytique avec son setting d'écoute des associations libres, de règles de temps et d' espace, d'arrangements financiers, qui facilite l' idéalisation nécessaire pour contrecarrer les influences négatives du passe; de l' autre, une spontanéité et une réceptivité au patient qui représente la réaction a ce que le patient a d'unique et qui lui permet de se sentir reconnu comme tel par le thérapeute.
http://www.serpsy.org/colloques_congres/compte-rendu/serpsy_04/treves.html
Au vu de tes réactions je me dis que cette théorie est fondée... Smile 
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03.09.13 6:51
Chère Araignée, je suis heureuse que tu arrives à te protéger contre ton ex aujourd'hui. :calin:
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03.09.13 9:48
Intéressante ton approche Sardine
sandrine
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Le viol, un crime sexiste ? - Page 6 Empty Re: Le viol, un crime sexiste ?

03.09.13 9:50
Elle n'a rien d'original, c'est cette même approche (le refus de prendre ce risque) que tou(te)s les membres abolitionnistes du forum développent aussi à propos de la prostitution.
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03.09.13 10:02
Araignée : au final, tu progresses. C'est que son approche à priori te correspond et c'est ça qui est vraiment important.
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03.09.13 10:22
@ antisexisme : c'est insupportable de trouver des arguments qui au final, permettraient d'enlever un peu de la responsabilité du violeur. Quoi qu'ait pu faire une femme, un violeur reste 100% responsable.
Personnellement je serais une femme, je m'imagine que j'aurais peur de la violence des hommes.
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03.09.13 12:18
Je suis tout à fait d'accord avec toi, c'est totalement incohérent. Je trouve que ça rejoint un peu le principe des injonction contradictoires : les femmes sont censées tenir compte en permanence du risque d'être violées, mais ne doivent surtout pas en parler parce que sinon c'est vexant pour ces pauvres hommes. (Même principe que « une femme doit être toujours épilée, maquillée, tout ça, mais sans passer trop de temps dans la salle de bain parce que c'est relou.)

J'ai l'impression aussi que les personnes qui tiennent ce genre de discours contradictoires ont une conception du viol différente : par exemple je mettrais ma main au feu que le type qui dit « Le mec il la connait pas, il s'en fout d'elle, il va faire ce qu'il a envie et basta ! » aura beaucoup de mal à accepter de mettre le mot « viol » dessus (même dans le cas où le mec pénètre la femme de force). En revanche, quand on lui dit qu'il y a beaucoup de violeurs, s'il pense « avec un couteau dans un parking », il se dit qu'il y en a pas tant que ça (pour le coup il a pas forcément tort) et que c'est quand même gonflé d'accuser les hommes d'être comme ça.
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03.09.13 12:23
@Charlot: En général on aime pas trop le muli-post (plusieurs post de la même personne à la suite) ;)Dans le cas comme celui du dessus, il y a la fonction "éditer" au dessus du message à droite Wink

@Antisexisme:
J'ai tendance à penser comme toi. Je pense qu'en chaque être humain il y a de la violence. Dans notre société c'est mal vu pour une femme d'être violente alors qu'on valorise ça chez les hommes (cf. les conneries de kamal, les garçons qui jouent à la guerre et à la bagarre) du coup oui, il y a un violeur potentiel en chaque homme.

Je me suis moi même surpris (et peiné) de la violence (physique ou verbal) que je pouvais déclencher si on me pousse à bout.

Je ne cherche évidemment pas à remettre la culpabilité du violeur sur la société. Un violeur est toujours responsable.

Note/Edit: Je viens de me rendre compte que j'ai mis beaucoup de parenthèses, désolé, j'espère que c'est pas trop illisible
Anonymous
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03.09.13 15:32
Bien noté rbelu merci
Araignée
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03.09.13 19:09
sardine a écrit:
Ceux ci ont des rôles différentiels, des positions asymétriques, mais ont une influence mutuelle l'un sur l'autre. La thérapie serait donc une sorte de "tango a deux"' avec des processus de "régulation mutuelle", proches de ce que l'on observe dans la relation entre le nourrisson et sa mère (Voir les travaux de Beebe& Lashman et de Daniel Stern).
Hoffmann suggère que la distance dans la situation thérapeutique résulte d'un rapport didactique, entre une certaine spontanéité et une discipline analytique: d'un coté, la discipline psychanalytique avec son setting d'écoute des associations libres, de règles de temps et d' espace, d'arrangements financiers, qui facilite l' idéalisation nécessaire pour contrecarrer les influences négatives du passe; de l' autre, une spontanéité et une réceptivité au patient qui représente la réaction a ce que le patient a d'unique et qui lui permet de se sentir reconnu comme tel par le thérapeute.
De plus en plus de psy voient la relation thérapeutique comme ça. J'ai même souvent lu des psychanalystes qui écrivaient que leur cheminement professionnel, théorique, voire personnel, est forcément influencé par ce qu'ils reçoivent de leurs patients. Ce qui parait bien plus sain et logique qu'un psy qui s'enfermerait dans les théories des autres, sans entendre ce que chaque patient, chaque inconscient, chaque vécu a d'unique. Finalement, toute théorie psychanalytique est née de ces rencontres, de ces cheminements thérapeutiques où le patient, ou l'analysant, en découvrant son propre inconscient, l'a aussi découvert pour le psy. Lorsque ces découvertes semblent en recouper d'autres, naît une théorie (c'est à dire un fonctionnement inconscient qui a l'air d'être commun à de nombreux patients, ce qui ne veut pas dire qu'il le sera à tous, partout et en tout temps...)
Le jour où je suis allée voir mon psy sous LSD, je lui parlais de la parole magique, de la parole qui influe sur l'univers, une des raisons pour lesquelles j'ai parfois peur de parler. Et il m'a répondu "mais c'est vrai : quand vous parlez, vous influez sur votre univers, et sur celui qui entend ce que vous dites, donc sur mon univers aussi".

Sinon, j'ai vu mon psy aujourd'hui, et lui ai parlé de ces émotions qui transparaissent de lui et (tout en me rassurant sur son empathie) me donnent le sentiment de devoir le protéger (on parlait de l'incestuel et de mon sentiment de devoir protéger mes parents, ne pas les abîmer avec ça, et il m'a rappelé qu'on n'était pas là pour juger qui que ce soit, mais seulement mettre au clair des situations vécues et leur influence sur moi).
Il m'a donc rappelé que lui aussi a son thérapeute avec qui s'occuper de ce qui a pu le toucher, le blesser, lui faire peur.

Et surtout, une chose à laquelle je n'avais même pas pensé : quand on a peur de dire quelque chose à l'autre de peur de lui faire peur, c'est avant tout pour soi qu'on a peur. Parce que dire, c'est mettre à distance, mais au moment où on dit, des protections tombent et on revit ce qui fait peur, ce qui fait mal, etc.

On a aussi parlé de l'intime, cette chose que j'ai du découvrir seule (par exemple, mes parents, s'ils ne m'ont jamais donné l'impression que la masturbation était sale, malsaine ou immorale, ne m'ont par contre pas non plus dit que c'était quelque chose d'intime qu'on ne faisait pas en public. Du coup je me masturbais sur le canapé du salon, en présence de mes parents voire de leurs amis. C'est de moi-même, en grandissant, que j'ai fini par trouver ça gênant et que j'ai, de moi-même, fini par aller m'isoler dans ma chambre pour me masturber en toute intimité), dont mes limites sont encore assez floues, et que j'ai mise à l'épreuve dans la prostitution. Et il m'a dit une chose que j'ai encore du mal à cerner ("je vais peut-être trop vite ? Ou je suis complètement à côté ? - Je crois que vous allez trop vite") : l'idée qu'en se prostituant, on tente, inconsciemment, de récupérer son intime, de façon paradoxale (et qui ne fonctionne en fait pas du tout). En exerçant un contrôle (du temps, de l'espace, du tarif...) sur cet intime. C'est encore assez flou pour moi comme idée (trop vite, je vous dis), mais je vais y réfléchir, parce que même trop vite, il me semble y apercevoir quelque chose de vrai, ou du moins de parlant.

Je suis désolée de vous déballer ma thérapie, mais d'une part, de l'écrire me permet d'éclaircir encore plus les choses, et d'autre part, si ça vous inspire quelque chose, n'hésitez pas à m'en faire part, ça me permet aussi d'avancer.
Anonymous
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03.09.13 19:31
Ne sois pas désolée, Araignée, c'est bon de te lire.
pierregr
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03.09.13 23:05
La notion de contrôle sur son corps revient fréquemment : j'ai entendu dire qu'en fait, au moins on a de contrôle sur sa vie, au plus on tend à contrôler ce qu'on peut, en l'occurrence, son corps. Cela passe par des tas de pratiques de mutilations, d'amaigrissement, d'obsession à s'arracher tous les poils, la prostitution pourrait en faire partie également.
Pendant l'espace de qq mn/heures, on se sent puissant-e. Mais c'est pour retomber encore plus bas par la suite.
GloriAnar
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03.09.13 23:22
:calin: à toi Araignée
Je me retrouve un peu dans ce que tu racontes, et dans ce dont parle pierregr. Je me suis mutilée pendant assez longtemps, et je me suis fait volontairement du mal, et je pense que c'était parce que je pensais "quitte à avoir mal, autant que je me cause moi-même cette douleur, que je pourrai contrôler". Pour moi c'était un contrôle total sur mon corps et sur ce que je ressentais, puisque la douleur éclipsait d'autres choses que je ne voulais pas affronter. Je pense que ça venait aussi de l'idée que je devais souffrir, que c'était normal puisque d'autres me faisaient subir ça. Ca me permettait aussi de mettre en actes ce que je pouvais ressentir, de le faire devenir réel pendant un instant et de pouvoir "passer à autre chose" ensuite.
Malheureusement comme le dit pierregr à long terme ce n'est pas tenable...
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03.09.13 23:31
J'en parle un peu sur mon site

Florence Montreynaud (fondatrice des Chiennes de Garde en 1999) explique que c'est une violence à leur corps que les femmes s'infligent, via la chirurgie esthétique, les régimes alimentaires extrêmes.
A cette liste, je rajoute évidemment l'épilation : celle-ci est aussi une violence puisqu'on arrache quelque chose de naturel, l'état de la peau après épilation le prouve largement.
En fait, la violence est présente chez les hommes et les femmes, contrairement au refrain patriarcal "les femmes sont douces et les hommes sont durs". Mais les hommes sont éduqués à l'extérioriser, par le sport, le combat, la guerre, etc., alors que les femmes sont éduquées à l'intérioriser et s'en prennent à leur propre corps.
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