Pourquoi je suis contre la prostitution
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- GruntBanni·e
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Date d'inscription : 27/09/2011
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 13:45
J'ai l'impression que ça dépend en grande partie du regard que la société a sur la sexualité. On nous apprend à considérer certaines situations comme normales/gratifiantes/humiliantes/inacceptables selon l'âge, la relation sociale, le nombre, les échanges d'argent.. des partenaires sexuel-le-s. Et cette vision est intériorisée par à peu près tout le monde, à des degrés divers.Antisexisme a écrit:En fait je pense quand même qu'il y a un truc particulier avec la sexualité.
C'est pas comme boire un verre d'eau.
Sinon, on ne ferait pas aussi gaffe au consentement, à l'âge des partenaires, etc etc.
Après je ne saurais pas l'expliquer... mais je ne pense pas qu'il faut y voir une "sacralisation" de la sexualité. Juste admettre que c'est quelque chose de particulier ?
Ceci dit, même s'il y avait une grande part de construit dans les tabous qui entourent la sexualité, ça n'enlève rien au traumatisme des agressions sexuelles. On ne peut pas dire "Dans une société idéale, la sexualité est une activité banale" et hop, les personnes violées/attouchées/prostituées se sentent mieux par magie.
Si j'osais une comparaison : l'argent et la propriété sont des constructions sociales, aussi, ça n'empêche pas de se sentir mal quand on se fait voler ou vandaliser nos affaires.
Et puis, oui, il y a en plus un rapport au corps, à notre essence d'être vivant, qu'on ne peut pas faire disparaître. Sexer, manger, dormir, enfanter, ça touche au plus profond de ce que nous sommes.
Il peut y avoir d'autres choses (réfléchir, préparer à manger, travailler de ses mains..).
En fait je crois que c'est ce que je voulais dire : ce rapport particulier à soi on peut le ressentir dans d'autres domaines que la sexualité, et c'est à mon avis un argument pour instituer une protection des individus vis à vis des activités qu'ils peuvent ressentir comme aliénantes (parce que touchant à ce qu'ils vivent comme leur intimité, leur dignité). Autrement dit, comparer la prostitution à d'autres travaux pénibles et mal vécus devrait amener à reconsidérer ces travaux (à ne pas y contraindre autrui, y compris par la pression économique), et pas à banaliser la prostitution.
Ceci dit je reste dubitatif par rapport à une pénalisation généralisée des clients, pour la raison suivante : quid des personnes qui disent le vivre bien et militent en ce sens, et dont on n'a aucune raison de penser qu'elles en sortent traumatisées ?
Par exemple, qui serais-je pour dire qu'il faut interdire aux clients de Morgane Merteuil d'avoir recours à ses services ? Il s'agit peut-être d'un cas particulier, statistiquement anecdotique, mais qui existe.
- Lubna—
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Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 13:48
Grunt a écrit:
Ceci dit je reste dubitatif par rapport à une pénalisation généralisée des clients, pour la raison suivante : quid des personnes qui disent le vivre bien et militent en ce sens, et dont on n'a aucune raison de penser qu'elles en sortent traumatisées ?
Par exemple, qui serais-je pour dire qu'il faut interdire aux clients de Morgane Merteuil d'avoir recours à ses services ? Il s'agit peut-être d'un cas particulier, statistiquement anecdotique, mais qui existe.
Statistiquement anecdotique oui. Ce serait donc peut être plus pertinent de s occuper de l immense majorité?
- Brad Burroughs—
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Date d'inscription : 07/05/2013
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 13:52
C'est toujours mieux de parler du cas particulier qui arrange son point de vue. En espérant que "l'argument" passe (des fois qu'on y voit qu'du feu...)
Y en a qui qui considèrent "normal" de vendre son corps, sa tête, ses bras... parce qu'ils le font au quotidien. Parce que c'est comme ça que tourne le monde, "ma p'tite dame".
Sauf que l'argent est l'ennemi du genre humain.
C'est pas grave, qu'ils se fassent plaisir. On se retrouvera sur les barricades, et pas du même côté, c'est certain.
Y en a qui qui considèrent "normal" de vendre son corps, sa tête, ses bras... parce qu'ils le font au quotidien. Parce que c'est comme ça que tourne le monde, "ma p'tite dame".
Sauf que l'argent est l'ennemi du genre humain.
C'est pas grave, qu'ils se fassent plaisir. On se retrouvera sur les barricades, et pas du même côté, c'est certain.
- GruntBanni·e
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Date d'inscription : 27/09/2011
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 14:13
Ou de prendre en compte les deux ?Lubna a écrit:Ce serait donc peut être plus pertinent de s occuper de l immense majorité?
- Lubna—
- Messages : 359
Date d'inscription : 04/01/2013
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 14:14
Grunt a écrit:Ou de prendre en compte les deux ?Lubna a écrit:Ce serait donc peut être plus pertinent de s occuper de l immense majorité?
Comment?
- Nos désirs font désordre—
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Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 14:16
Lubna a écrit:
Quant à " un vagin,un bras c est pareil". Mouais...je serais curieuse de savoir qui ressent de la même façon une main au cul et une main sur l épaule lors d une bise par ex.
Peut-être que ce texte a déjà été cité quelque part, et peut-être qu'il y en a comme moi qui ne sont pas toujours d'accord avec les théories de Nancy Huston sur la différence des sexes, mais j'ai trouvé que dans le texte ci-dessous, Huston rappelle simplement le lien entre la sexualité et la reproduction, que malgré la contraception, on doit avoir bien ancré dans nos petites têtes. Donc c'est p'têt pour ça qu'on fait une distinction. Ca ne me semble pas déconnant, quand même...
http://www.liberation.fr/societe/01012361259-il-y-a-deux-ans-disparaissait-une-fille-de-joie
Je mets ici la partie concernée :
Métier comme les autres ? Foutaises. Arcan, qui a exercé ce métier pendant plus de deux ans, sait que ce n’est pas anodin pour une femme de vendre son corps. «Tu n’avais pas, dit la narratrice de Folle à son amant qui raffole de cyberporno, ma manie de penser au quotidien des filles qu’on voyait, pour toi, les images n’existaient pas vraiment, elles n’avaient pas l’épaisseur de la vie.» Puisqu’elles sont appelées à incarner indéfiniment la femme jeune et belle, les putes ont du mal à s’inscrire dans le temps, à vieillir, à imaginer une existence après le tapin. Alors que, pour les clients, «la passe» se glisse dans les interstices de leur vraie vie, pour les putes, c’est leur vraie vie, la seule qu’elles ont.
Les ouvriers aussi vendent leur corps ? Certes… sauf que vendre ses bras et vendre son cul ce n’est pas pareil. On montre ses bras dans la rue, pas son cul, et pour cause. Je ne parle pas métaphysique ici, je parle physique. Le cul des femmes, c’est privé parce que tous, nous avons démarré notre existence en cellules minuscules dans le tréfonds du ventre d’une femme, et sommes jaillis d’un vagin sanguinolant. Mais quelle vie privée peut avoir une femme lorsque, dans sa vie professionnelle, comme dit Nelly Arcan, a été atteinte «la chair même d’où émane l’amour» ?
Travailleurs du sexe ? Le neutre du mot «travailleurs» est trompeur. Les hommes qui acceptent d’être payés pour une prestation sexuelle en sont moins atteints que les femmes, pour une raison dont on ne parle jamais : leur corps ne peut pas porter un enfant. Les mâles de notre espèce répandent leur semence et s’en vont ; cet acte ne les concerne pas en profondeur. Hétéros ou gays, ils peuvent apprécier (aussi) des contacts impersonnels, le plaisir pour le plaisir, la variété pour la variété, et ne pas s’y sentir plus impliqué que cela. Les femmes, pour accepter d’exclure de la relation sexuelle tout imaginaire lié à l’amour et à la fécondité, encore et encore, jour après jour, année après année, ont tendance à abuser de substances qui diminuent leur sensibilité, atténuent leur sensualité, floutent leur présence, altèrent leur concentration, portent atteinte à leur santé et raccourcissent leur vie.
- Brad Burroughs—
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Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 14:24
Je ne crois pas que les uns se sentent "plus concernés" que les autres par l'acte sexuel. Je veux dire : il y a des femmes qui se sentent concernées, d'autres pas, des hommes qui se sentent concernés, d'autres pas. Je pense que ça dépend beaucoup de l'INTENTION qu'il ya dans l'acte. Et qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de physiologie. Car c'est dommage de réduire un être humain à un assemblage de rouages, d'appareils, de composants...
Un être humain, c'est un tout : des bras, des jambes, une tête et... une intention, une "manière" de faire, d'être... c'est ça, je pense, la différence essentielle entre nous.
Un être humain, c'est un tout : des bras, des jambes, une tête et... une intention, une "manière" de faire, d'être... c'est ça, je pense, la différence essentielle entre nous.
- Nos désirs font désordre—
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Date d'inscription : 02/04/2013
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 14:49
Oui Huston est essentialiste jusqu'au bout des ongles, donc c'est parfois compliqué pour moi de démêler ce avec quoi je suis d'accord. Je pense qu'effectivement ça n'apporte pas grand chose de séparer fortement le côté concerné ou pas concerné.Antisexisme a écrit:
Pas sûr de ça.... ça me paraît essentialiste.
En revanche, je ne suis pas certaine qu'on puisse s'arrêter au côté érogène (perso, tu me mets la main sur l'épaule sans prévenir, je te retourne une méga claque car j'ai un frisson et donc, je me sens agressée... Je ne suis pas une généralité bien sûr). Quand même, même si c'est essentialiste, pour le moment dans nos imaginaires collectifs, on ne peut pas dire qu'on est complètement affranchis du fait que nous, les femmes, sommes les seules à procréer... Et que ça a (parfois) des conséquences sur notre sexualité... Si ?
Enfin peut-être que je suis encore trop sous le joug de la domination masculine, mais il me semble difficile de totalement dissocier les deux, tout le temps et en toutes circonstances, et plus spécifiquement quand on parle de la prostitution. Enfin bon je parle un peu sans connaître les mécanismes qui sont mis en jeu dans notre inconscient dans le cas d'un rapport sexuel.
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 14:59
Grunt a écrit:Ceci dit je reste dubitatif par rapport à une pénalisation généralisée des clients, pour la raison suivante : quid des personnes qui disent le vivre bien et militent en ce sens, et dont on n'a aucune raison de penser qu'elles en sortent traumatisées ?
Par exemple, qui serais-je pour dire qu'il faut interdire aux clients de Morgane Merteuil d'avoir recours à ses services ? Il s'agit peut-être d'un cas particulier, statistiquement anecdotique, mais qui existe.
En Suède, la prostitution n'a pas disparu. Des prostituées exercent encore, certes bcp plus difficilement qu'avant. L'abolitionnisme n'a jamais prétendu faire disparaître la prostitution mais en s'attaquant au système prostitutionnel, il fait en sorte que les personnes fragilisées ne tombent plus dans le "panneau".
La plupart des clients n'en ont rien à foutre du sort des prostituées, sont-elles esclaves, "libres", c'est le cadet de leur souci. En menaçant de les pénaliser, la plupart vont prendre peur (que l'entourage le sache ou qu'ils aient un casier judiciaire) et c'est le but, faire peur. Comme les points du permis, en qq sorte. Des gens continuent à faire des infractions mais le retrait de permis leur pend au nez.
En Suède, le système éducatif prend apparemment en compte cette notion d'achat du corps des autres et je pense qu'en // avec la pénalisation, il faut un changement de mentalité.
Maintenant, si 2 personnes parfaitement consentantes ont le souhait d'avoir des relations sexuelles et qu'ils décident d'un "prix", personne ne pourra les en empêcher.
Qqn-e disait que toutes les femmes sont concernées car la plupart des femmes que je connais ont entendu un jour un homme leur demander "c'est combien ?", alors qu'elles n'étaient pas dans un quartier "chaud" ou habillées selon les stéréotypes.
Je trouve ça d'une violence inouïe et ça doit cesser.
Et c'est le système prostitutionnel qui inscrit dans la tête des hommes qu'une femme a un prix.
En résumé, que MM et ses copines se rassurent, elles trouveront toujours des hommes pour les payer. Mais au moins, il n'y aura plus besoin d'esclaves pour assouvir ceux qui exercent leur privilège de dominant. Tiens, ça me rappelle une discussion ça
- GruntBanni·e
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Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 15:02
Aucune idéeLubna a écrit:Grunt a écrit:
Ou de prendre en compte les deux ?
Comment?
Permettre à toute personne d'avoir les moyens de vivre, et lutter contre toute forme d'exploitation d'autrui, est-ce que ça suffirait à "trier" entre la prostitution réellement choisie, et celle issue d'une contrainte ?
En fait, j'ai l'impression que la pénalisation du client est le signe d'une politique qui ne se donne pas les moyens d'agir : certes, ça devrait permettre de faire régresser la prostitution, mais de façon indifférenciée, sans se demander si on emmerde des gens qui n'ont pas besoin d'aide et n'en demandent pas.
Mais ça demande moins de réflexion sur l'état global de notre société (les rapports hommes/femmes, l'exploitation de l'immigration illégale favorisée par la fermeture des frontières, la misère économique, la prise en charge des victimes de violences sexuelles). C'est une solution de fainéant, parce qu'on (les politiques) préfère bousculer au passage les membres du STRASS et celleux qui se reconnaissent - pourquoi pas ? - dans leur discours, que remettre en cause d'autres choix politiques pourtant liés à la prostitution et aux conditions dans lesquelles elle s'exerce.
Ceci dit, il y a aussi l'argument de l' "exemple" : quand bien même un client de Morgane Merteuil ne nuirait à personne, il serait convaincu de par son geste que le corps des femmes (en général) se monnaye, et ça participe au maintient global du patriarcat. J'avoue que je suis moyennement convaincu par cette vision là du rôle des lois.
Du plaisir ou de la douleur, dans les deux cas ce n'est pas anodin. D'ailleurs il me semble avoir lu une survivante de la prostitution qui expliquait que le plaisir était pire, car il embrouillait beaucoup la perception de la prostitution (par rapport à la douleur qui pose les choses clairement : je ne veux pas de ce rapport, je m'y force en échange d'argent, c'est une violence de façon évidente).Antisexisme a écrit:
Je me demande plutôt si c'est dû au fait que les organes génitaux créent du plaisir. Tu touches le bras de quelqu'un --> ca ne fait rien de particulier. Tu touches le sexe de quelqu'un --> excitation purement génitale qui peut être très perturbante si ce n'est pas désiré (dissociation entre la sensation physique et la disposition psychologique*)
(simple hypothèse... j'en sais rien en fait)
* j'ai lu notamment que les femmes violées ont souvent du "plaisir" physique lors du viol... Ça rend la chose hyper perturbante car elles se demandent vraiment si elles ont aimé. Peut-être que l'aspect vraiment pervers du sexe non désiré est là-dedans, dans cette dissociation.
Ça me paraît plausible en effet. Aucune des deux personnes ne va choisir de dénoncer l'autre, ça resterait une affaire strictement privée et consensuelle.pierregr a écrit:Maintenant, si 2 personnes parfaitement consentantes ont le souhait d'avoir des relations sexuelles et qu'ils décident d'un "prix", personne ne pourra les en empêcher.
- InvitéInvité
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 15:09
D'autre part, contrairement aux Suédois, nous n'avons pas trente ans de politique anti-sexiste derrière nous. L'opinion publique et les hommes en particulier ne voient toujours pas le problème posé la prostitution qui ne résulte pas de la traite. Donc la loi sera perçue comme une espèce de machin qui n'a aucun sens (de la même manière que l'interdiction de la fessée passe encore pour une restriction intolérable des libertés), et sera très facilement contournée par tout le monde - clients comme prostituées. Et je peux vous dire très précisément de quelle manière. J'ai récemment eu comme interlocutrice une Féministe engagée au FDG, qui a fondé son propre mouvement, et qui estime que la loi abolo réglera le problème et constitue un aboutissement. Voilà ce qui arrive quand on raisonne sur un sujet sans le maîtriser...
- GruntBanni·e
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Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 15:19
Heu, tu es abolitionniste et convaincu qu'une politique abolitionniste ne servirait pas à grand chose, ou j'ai mal compris ?
- Lubna—
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Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 15:56
Antisexisme a écrit:[
* j'ai lu notamment que les femmes violées ont souvent du "plaisir" physique lors du viol... Ça rend la chose hyper perturbante car elles se demandent vraiment si elles ont aimé. Peut-être que l'aspect vraiment pervers du sexe non désiré est là-dedans, dans cette dissociation.
Tu as lu ça où?
C'est une dissociation corps/esprit ou un genre de transfert (ou les deux...)? Un peu comme si on revêtait le ressenti de l agresseur?
- Brad Burroughs—
- Messages : 151
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Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 16:03
Un viol est donc perpétré au moins à deux niveaux :Antisexisme a écrit: j'ai lu notamment que les femmes violées ont souvent du "plaisir" physique lors du viol... Ça rend la chose hyper perturbante car elles se demandent vraiment si elles ont aimé. Peut-être que l'aspect vraiment pervers du sexe non désiré est là-dedans, dans cette dissociation.
1 - s'approprier le corps d'autrui contre son gré, par la force (l'argent est à ce titre également un moyen coercitif puisqu'il "force" quelqu'un à vendre son corps : il ne peut donc pas y avoir de "consentement", en prostitution - à part des exceptions, mais elles sont infimes)
2 - imposer un plaisir que je ne désire pas. Mon corps ne m'appartient plus, il est totalement sous l'emprise de l'autre, "JE" s'efface sous le plaisir imposé. La véritable domination est là. L'Homme affirme sa toute-puissance (on parle bien "d'impuissance", tiens...) par le plaisir qu'il procure à sa victime malgré elle, il anéantit son pouvoir à elle. Le plaisir anéantit sa victime : il ne s'agit pas d'une mort physique, mais bien d'une mort psychique.
Le viol est donc un meurtre psychique.
- Brad Burroughs—
- Messages : 151
Date d'inscription : 07/05/2013
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 16:10
Des foi j'arive a écrir come i fô
- Lubna—
- Messages : 359
Date d'inscription : 04/01/2013
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 16:13
OKAntisexisme a écrit:Je crois que je l'ai entendu de la bouche de Muriel Salmona dans une émission radio (sur radio libertaire), mais pas sûr à 100%
Il me semble que M. Salmona l'expliquait en particulier parce que le stress induit la synthèse de neurotransmetteurs qui provoquent une excitation "physique" (qui n'a rien à voir avec le désir).
Il y a par ailleurs quelqu'un qui le disait sur la page d'OLF... quelqu'un dont le travail était la prise en charge de personnes victimes de violences sexuelles (et cette affirmation avait provoqué beaucoup de colère)
Bref, je me souviens plus exactement de ma source... mais je crois que c'est bien Muriel Salmona qui le disait.
...(elle disait aussi que la pornographie jouait beaucoup là-dessus : le stress pour provoquer une excitation sexuelle)
(par ailleurs ça rejoint un truc que j'avais vu en cours, sur l'élevage : pour provoquer l'ovulation de truie, il faut les stresser...)
- InvitéInvité
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
13.05.13 18:59
Grunt a écrit:Heu, tu es abolitionniste et convaincu qu'une politique abolitionniste ne servirait pas à grand chose, ou j'ai mal compris ?
Ah oui je pense qu'une loi est absolument nécessaire, mais qu'en l'état actuel des choses, elle sera VAINE et à peu près autant respectée que la loi de 1970 sur la consommation de stupéfiants (et en particulier le cannabis).
- AraignéeAncien⋅ne
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Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
14.05.13 7:31
Pour avoir connu des hommes s'étant prostitués, si, ils l'ont vécu tout aussi mal...Grunt a écrit:Après, peut-être que les hommes prostitués sont moins atteints (et encore, j'en suis pas certaine) car de manière général le corps des hommes est moins réifié.
C'est étrange ce que tu soulignes là... ça me fait penser à l'élément qui a déclenché mon entrée en prostitution (même si j'y pensais depuis longtemps, mais c'est ce qui a déclenché mon passage à l'acte quoi...). En fait c'est un truc qui me trouble beaucoup parce que je n'ai jamais trouvé l'explication, le pourquoi ça a été l'élément déclencheur. En fait, mon ex avec qui j'étais très très proche (on n'était plus en couple, mais on se considérait comme âmes sœurs, on se donnait du "ma chérie" et du bisou sur la bouche), après notre séparation, est sortie avec un gars (un gros connard, et je dis pas ça par jalousie, il était macho, matérialiste - du genre à considérer que ce qui fait la valeur d'un chien c'est son prix à l'achat, ultra jaloux et possessif - il a même essayé un jour de se suicider en voiture avec elle, manipulateur, du genre aussi à décider pour elle de ses fréquentations et occupations, etc). Bref, elle s'est retrouvée enceinte de lui, et me l'a annoncé par téléphone. Et au téléphone, elle m'a dit "s'il était de toi, je le garderais". Le soir du jour où elle a avorté, je suis allée tapiner pour la première fois de ma vie...Nos désirs font désordre a écrit:Quand même, même si c'est essentialiste, pour le moment dans nos imaginaires collectifs, on ne peut pas dire qu'on est complètement affranchis du fait que nous, les femmes, sommes les seules à procréer... Et que ça a (parfois) des conséquences sur notre sexualité... Si ?
Enfin peut-être que je suis encore trop sous le joug de la domination masculine, mais il me semble difficile de totalement dissocier les deux, tout le temps et en toutes circonstances, et plus spécifiquement quand on parle de la prostitution. Enfin bon je parle un peu sans connaître les mécanismes qui sont mis en jeu dans notre inconscient dans le cas d'un rapport sexuel.
C'est ce que j'allais répondre. L'abolitionnisme n'interdit d'ailleurs pas de se prostituer, mais d'acheter des rapports sexuels. Même si dans les faits, ça signifie moins de clients pour les prostituées, je trouve que dans ce que dirait la loi, la différence est fondamentale.pierregr a écrit:En Suède, la prostitution n'a pas disparu. Des prostituées exercent encore, certes bcp plus difficilement qu'avant. L'abolitionnisme n'a jamais prétendu faire disparaître la prostitution mais en s'attaquant au système prostitutionnel, il fait en sorte que les personnes fragilisées ne tombent plus dans le "panneau".
La plupart des clients n'en ont rien à foutre du sort des prostituées, sont-elles esclaves, "libres", c'est le cadet de leur souci
Et puis, même les rares qui ne s'en foutent pas, qui s'ils le savaient, ne payeraient pas pour coucher avec une prostituée non libre ou qui le vit mal, ben en fait, ils n'ont aucun moyen de savoir. Aucune prostituée ne dira jamais à son client "j'ai un mac" ou "je fais ça pour me détruire". Donc l'acte d'acheter du sexe est en lui-même un acte pas anodin, dangereux (pas pour le client, mais pour les personnes achetées), et cette prise de risques énorme (parce que les femmes non maquées qui le vivent bien, c'est quand même une minorité), ne devrait pas être, comme actuellement, considérée comme anodine. On pourrait comparer ça avec le fait de rouler à 100 en pleine ville : pas sûr que le conducteur/la conductrice écrase un gosse, mais le risque étant énorme, on limite la vitesse et on punit les chauffards.
S'il faut attendre que les rapports hommes/femmes changent, que plus personne ne souffre de misère économique, que les frontières ne soient plus fermées pour les immigré(e)s, que les abus sexuels disparaissent pour protéger les prostituées, on peut attendre très longtemps, sans vouloir être pessimiste.Grunt a écrit:Permettre à toute personne d'avoir les moyens de vivre, et lutter contre toute forme d'exploitation d'autrui, est-ce que ça suffirait à "trier" entre la prostitution réellement choisie, et celle issue d'une contrainte ?
En fait, j'ai l'impression que la pénalisation du client est le signe d'une politique qui ne se donne pas les moyens d'agir : certes, ça devrait permettre de faire régresser la prostitution, mais de façon indifférenciée, sans se demander si on emmerde des gens qui n'ont pas besoin d'aide et n'en demandent pas.
Mais ça demande moins de réflexion sur l'état global de notre société (les rapports hommes/femmes, l'exploitation de l'immigration illégale favorisée par la fermeture des frontières, la misère économique, la prise en charge des victimes de violences sexuelles).
Oui. Et même pas besoin pour ça que la victime ressente du plaisir mécanique. Je me souviens très bien du regard qu'avait mon ex quand il me violait (et qu'avaient certains de mes clients aussi d'ailleurs, le même regard) : un regard glaçant, très dur, comme si par son seul regard il voulait me détruire, m'annihiler... me tuer.Brad Burroughs a écrit:Le viol est donc un meurtre psychique.
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
14.05.13 9:17
Pour en avoir parler avec une péripathéticiénne du quai de la fosse de Nantes (toujours dans ma quête de savoir) je lui ait posé l question pourquoi elle faisait cela, et comme pour la plupart de ces femmes a qui j'ai posé cette question, elle ma dit que c'était la seule solution qu'elle avait car elle n'avait pas le choix, personne ne voulait l'engager sauf pour son cul, pour d'autres ce sont des femmes noires venue du continent africain, qui m'ont expliqué q'elle sont venue en france avec leurs compagnon rencontrer sur internet car elles pensaient que c'était le prince charmant, et qui au final étaient des affreux salopard (je ne dirais pas ce qu'ils faisaient par respect pour elles), ou encore d'autres et c'était des mec d'à peu prés mon âge qui me disaient que il faisaient ça une nuit afin de gagner
un peu d'argent pour partir en voyage car il leur manquait pas grand chose.
Les raison sont nombreuse (de mon coté je suis tellement désespéré que je serait prét a vendre mon corps dasn un bar remplit de femmes mûre qui cherche un jeune garçon si ça me permet d'avoir un peu d'argent pour vivre un peu).
la prostitution masculine existe aussi, et la prostitution c'est malheureux mais des gens en vivent parce que on leurs refuse du travail alor squ'il y a des postes vacant en majorité.
un peu d'argent pour partir en voyage car il leur manquait pas grand chose.
Les raison sont nombreuse (de mon coté je suis tellement désespéré que je serait prét a vendre mon corps dasn un bar remplit de femmes mûre qui cherche un jeune garçon si ça me permet d'avoir un peu d'argent pour vivre un peu).
la prostitution masculine existe aussi, et la prostitution c'est malheureux mais des gens en vivent parce que on leurs refuse du travail alor squ'il y a des postes vacant en majorité.
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
14.05.13 9:34
@Araignée, tu fais bien de rappeler qu'effectivement, aucune personne prostituée ne va parler de sa situation, soit par crainte de réprésailles si elle est forcée (le client peut très bien être complice avec le mac), soit comme tu dis parce qu'elle est dans une espèce de déni. Mais je parlais aussi de ce que les clients disent "off the record", quand on les interroge sur le fait d'acheter du "sexe" : c'est là que bcp reconnaissent s'en foutre de la situation des prostituées qu'ils fréquentent.
@Corentin, sorry mais "bar à cougar", ça me choque.
@Corentin, sorry mais "bar à cougar", ça me choque.
- AraignéeAncien⋅ne
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Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
14.05.13 9:49
Oui, beaucoup s'en fichent carrément (comme beaucoup de gens se fichent que leurs chaussures soient fabriquées par des esclaves, que leurs œufs soient pondus par des poules dont on a coupé le bec et qui vivent dans 30 cm², que leur café du matin ne permette pas à ceux qui l'ont cultivé de survivre...)
Sinon, je ne parlais pas forcément de déni. Nul besoin d'être dans le déni pour mentir aux clients sur ses raisons de se prostituer. Question de fierté, de refus de raconter sa vie à ces gens-là. Je leur donnais même pas mon vrai prénom, c'était pas pour leur raconter mon enfance et leur confier mes névroses. Je leur mentais sur tout, sur pourquoi j'avais le prénom d'une fille tatoué sur le cœur (mon grand amour de jeunesse devenait ma sœur morte dans un accident, pas question qu'ils sachent que j'avais un côté lesbienne), sur pourquoi j'avais de petites griffures dans le cou (les pattes indélicates de mes rats domestiques devenaient des pattes indélicates de chat), sur l'endroit où je vivais (j'avais mon chez-moi bien sûr, je ne vivais ni dans la rue, ni chez une amie, ni en squat. Et quand j'ai vraiment eu mon chez-moi, s'ils me demandaient où j'habitais, mon quartier devenait un autre quartier à l'autre bout de la ville), et tant qu'ils ne s'en rendaient pas compte en voyant les traces de piqûres, je ne consommais bien entendu aucune drogue, etc, etc.
Et puis aussi il y a la crainte de perdre un client qui ne s'en foutrait pas, tout simplement.
Sinon, je ne parlais pas forcément de déni. Nul besoin d'être dans le déni pour mentir aux clients sur ses raisons de se prostituer. Question de fierté, de refus de raconter sa vie à ces gens-là. Je leur donnais même pas mon vrai prénom, c'était pas pour leur raconter mon enfance et leur confier mes névroses. Je leur mentais sur tout, sur pourquoi j'avais le prénom d'une fille tatoué sur le cœur (mon grand amour de jeunesse devenait ma sœur morte dans un accident, pas question qu'ils sachent que j'avais un côté lesbienne), sur pourquoi j'avais de petites griffures dans le cou (les pattes indélicates de mes rats domestiques devenaient des pattes indélicates de chat), sur l'endroit où je vivais (j'avais mon chez-moi bien sûr, je ne vivais ni dans la rue, ni chez une amie, ni en squat. Et quand j'ai vraiment eu mon chez-moi, s'ils me demandaient où j'habitais, mon quartier devenait un autre quartier à l'autre bout de la ville), et tant qu'ils ne s'en rendaient pas compte en voyant les traces de piqûres, je ne consommais bien entendu aucune drogue, etc, etc.
Et puis aussi il y a la crainte de perdre un client qui ne s'en foutrait pas, tout simplement.
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
14.05.13 9:56
Oui, le déni n'est pas la seule raison, merci en tout cas de raconter la réalité crue de ton quotidien.
Sinon, la différence (cynique ?) entre les vêtements qu'on achète et qui sont fabriqués par des esclaves et les prostituées, c'est que les hommes sont en contact physique (pour dire le moins) avec la prostituée. L'esclave au bout du monde, on peut toujours feindre ne pas savoir qu'ille existe, vu encore récemment à la sortie d'un Apple Store, des lobotomisé-e-s brandissant leur I Phone 5 comme une espèce de trophée qui se fichaient pas mal de savoir que chez Foxconn en Chine, des femmes et des hommes se suicidaient pour qu'illes puissent continuer à frimer avec leur smartphone.
Feindre d'ignorer la prostituée qu'on vient d'aller voir, ça me paraît déjà moins crédible.
Sinon, la différence (cynique ?) entre les vêtements qu'on achète et qui sont fabriqués par des esclaves et les prostituées, c'est que les hommes sont en contact physique (pour dire le moins) avec la prostituée. L'esclave au bout du monde, on peut toujours feindre ne pas savoir qu'ille existe, vu encore récemment à la sortie d'un Apple Store, des lobotomisé-e-s brandissant leur I Phone 5 comme une espèce de trophée qui se fichaient pas mal de savoir que chez Foxconn en Chine, des femmes et des hommes se suicidaient pour qu'illes puissent continuer à frimer avec leur smartphone.
Feindre d'ignorer la prostituée qu'on vient d'aller voir, ça me paraît déjà moins crédible.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
14.05.13 10:11
Oh, mais le discours "femmes qui joignent l'utile à l'agréable", "métier comme un autre", "proxénétisme qui reste de l'ordre de l'exception ou n'est en fait que du soutien" et compagnie, brandi par le Strass, relayé par les médias et pas nié par les putes en activité, même les plus lucides (pour les raisons expliquées plus haut) leur donne un très bon moyen pour feindre d'ignorer.
Quoique y en a aussi un paquet qui apprécient carrément la douleur (psychique et physique). Y en a un paquet qui arboraient un large sourire quand il se rendaient compte que je me shootais (parce qu'ils croyaient que je tapinais parce que j'avais besoin de ma dose, donc pas le choix). Y en a un paquet qui gémissaient plus fort de plaisir quand malgré mes efforts ils se rendaient compte que j'avais mal (et pourtant ça aussi, c'était important pour moi de le cacher, parce que leur donner ce plaisir-là, c'est comme s'ils m'avaient volé un truc énorme sans l'avoir payé...).
Très franchement, le jour où la loi intègre le fait d'être client comme un délit, même si comme le pense Van Poppel ça n'avance finalement pas à grand chose dans les faits, ben je sabrerai le champagne quand même. Même si c'est au final juste pour le symbole (quoique je ne suis pas sûre du tout de partager l'opinion de Van Poppel), parce que ce symbole, j'y tiens.
Quoique y en a aussi un paquet qui apprécient carrément la douleur (psychique et physique). Y en a un paquet qui arboraient un large sourire quand il se rendaient compte que je me shootais (parce qu'ils croyaient que je tapinais parce que j'avais besoin de ma dose, donc pas le choix). Y en a un paquet qui gémissaient plus fort de plaisir quand malgré mes efforts ils se rendaient compte que j'avais mal (et pourtant ça aussi, c'était important pour moi de le cacher, parce que leur donner ce plaisir-là, c'est comme s'ils m'avaient volé un truc énorme sans l'avoir payé...).
Très franchement, le jour où la loi intègre le fait d'être client comme un délit, même si comme le pense Van Poppel ça n'avance finalement pas à grand chose dans les faits, ben je sabrerai le champagne quand même. Même si c'est au final juste pour le symbole (quoique je ne suis pas sûre du tout de partager l'opinion de Van Poppel), parce que ce symbole, j'y tiens.
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
14.05.13 10:37
pierregr a écrit:@Corentin, sorry mais "bar à cougar", ça me choque.
Excuse-moi c'était pas voulut, j'ai changé le mot "cougar" en "femmes mûres qui cherches un jeune garçon" 'est plus délicat là ?
Re: Pourquoi je suis contre la prostitution
14.05.13 10:40
C'était pas vraiment le mot cougar qui me dérange (quoique), c'est plutôt cette notion de bar "rempli de femmes" qui semblent attendre un jeune (?)homme et sont prêtes à payer. Cela me paraît caricatural ou alors, ça existe, ce genre d'endroits ?
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