Le forum féministe
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Derniers sujets
Message pour catiend03.05.19 18:13Invitéévolution du patriarcat29.04.19 0:42HécateFilm "Colette", 201829.04.19 0:35Hécate"La petite fille sur la banquise" par Adélaïde Bon.29.04.19 0:27HécateDétransition MTF29.04.19 0:26HécateChristine Delphy, théoricienne et militante féministe d'aujourd'hui28.04.19 21:58HécateMagdalen Berns28.04.19 21:49HécateLe phallus et le néant par Sophie robert.28.04.19 19:22HécateLa chaîne "Le media" propose un sujet sur #metoo et #balancetonporc27.04.19 15:15HécateDemande d'avis : qui se décharge sur qui ?10.02.19 18:15InvitéUne culture du viol à la française - Crêpe Georgette09.02.19 10:43InvitéSortir en tant que féministe 29.01.19 16:18VénusHumour sexiste18.01.19 13:14AstréeFemmage aux militantes féministes tuées - 9 janvier14.01.19 8:19AstréeLa soi-disant crise de la masculinité06.01.19 18:25AstréeFéminisme et véganisme06.01.19 16:11InvitéPétition - Constat du sexisme dans le sport et le roller derby24.12.18 23:28AstréeNanette23.12.18 21:39AstréePeggy Sastre21.12.18 9:31AstréeNaissance de mon webzine féministe20.12.18 10:01poppee-leeT'as pensé a... L'instagram de la charge mentale19.12.18 23:27PapillusionSyndrome de Stress Post-Traumatique.19.12.18 20:43Astrée"Contes qui guérissent, contes qui aguerrissent" théâtre et projet livre, par Les culottées du bocal.19.12.18 20:19Astrée"Contes à rebours" par Thypaine D.19.12.18 19:48AstréeConférence 2018 : Les femmes et le mouvement animaliste par Willène Pilate.19.12.18 19:20AstréeLa prostitution n'est pas un métier (suite)17.12.18 23:35AstréeWhy we need to move beyond cultural relativism vs. universalism11.12.18 21:08AstréeSites de rencontres extraconjugaux, club libertins.....Avis?04.12.18 11:58sawdaTribune sur la soit-disant "liberté d'importuner"30.11.18 11:52sawdaScum manifesto, Valerie Solanas11.10.18 17:28XB Rose-Noire
Le Deal du moment :
Smartphone Xiaomi 14 – 512 Go- 6,36″ 5G ...
Voir le deal
599 €

Mad Pride

+5
MaitreYoda
exno
Araignée
Breizhmel
pierregr
9 participants
Aller en bas
Araignée
Araignée
Ancien⋅ne
Ancien⋅ne
Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

14.02.15 0:16
J'aime bien ton texte et je suis largement d'accord. Je suis juste gênée par ce passage :
même pour les dépressifs qui ont demandé eux même leur hospitalisation ! (c'est vrai, sont trop dangeureux ceux là !)
En fait, la plupart des malades psy sont hospitalisé-e-s de leur plein gré, et c'est valable pour les psychotiques tout autant que pour les dépressifs/ives. C'est souvent que des personnes dépressives pointent le fait qu'elles, elles ne sont pas folles, mais je trouve ça problématique, dans le sens où c'est se désolidariser des autres malades psy (qui en réalité ne sont pas dangereux/ses non plus) en refusant de porter le même stigmate (ce que je comprends aussi, parce que le stigmate est lourd).

Ca me fait penser aussi à un discours déjà entendu (je ne dis pas que c'est ton avis), selon lequel on ne devrait pas hospitaliser ensemble les "simples dépressifs" et les "vrais fous/psychotiques". Pour ma part je pense que le/la plus fou/folle des schizophrènes paranoïaque est citoyen-ne comme les autres et que, à l'hôpital comme dans la cité, il est hors de question de l'isoler des autres humain-e-s, groupe auquel il/elle appartient pleinement. Et je défendrai bec et ongles s'il le faut le mélange des patient-e-s dans les structures du soin psychique.

Pour le reste, on est d'accord, Sarkosy a grandement contribué à détruire la psychiatrie, la relation soignant-e-s/soigné-e-s qui est à la base du soin, et donc le soin, tout en renforçant le stigmate et en proposant des aberrations (mettre un bracelet électronique à un-e psychotique, c'est s'assurer qu'elle/il sera de plus en plus paranoïaque, de plus en plus isolé-e-s du reste de l'humanité par sa peur (à juste titre !) et qu'il/elle se suicidera sans doute à court terme).

Réformer la psychiatrie, ç'aurait pu être une si bonne idée : remettre la confiance et le consentement du/de la patient-e au centre des priorités, abolir la contention par liens, l'isolement long et la médication forcée, lutter contre la stigmatisation, continuer à désaliéner la folie comme on l'a fait dans l'après-guerre, augmenter les places et le nombre de soignants, recréer la formation spécifique ISP (infirmiers/ères spécialisé-e-s en psychiatrie) qu'on a supprimée... Y a tellement de choses à faire, et non, on fait tout le contraire, on renvoie les malades à l'asile et au stigmate de "fous dangereux".



La seule chose qui me rassure, c'est d'entendre la voix de quantité de soignant-e-s qui continuent à prôner une psychiatrie du lien (lien de confiance, de soin, de parole, de présence), une psychiatrie de citoyen-nes (donc maître-sse-s de leur destin et à la base des choix les concernant), une psychiatrie de la confiance en l'autre et ses capacités, une psychiatrie de la liberté.
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

14.02.15 11:35
Pour ma part, je pense pour avoir été hospitalisée plusieurs fois en HP, que le mélange des malades doit être " bien " fait. Ce n'est pas forcément en fonction de l'étiquette psychiatrique que l'ont doit regrouper les patients, mais en observant les effets bénéfiques ou néfastes de leur mélange.

Par exemple, quand j'ai été hospitalisée sur demande de tiers, j'ai atterri dans une unité psychiatrique lourde. J'étais entourée de malades lourds, et c'était très difficile de lutter contre leur " envahissement psychologique ", ils venaient me voir tous les jours, toute la journée pour me déverser leur passé traumatique et souvent aussi leur délire. C'est très perturbant, et ça n'a pas contribué à améliorer mon état, au contraire.

Donc je pense qu'il faut éviter de créer une spirale descendante, en mélangeant certains patients qui ne peuvent pas s'aider mutuellement. D'autre part, les patients arrivent parfois dans des états physiques qui sont très choquants (auto mutilation, violences familiales ou conjugales) et quand le soir on se déshabille pour dormir pas très loin de son voisin de chambre et qu'on voit une partie de son corps (par exemple ses jambes) pleine de blessures, c'est très dur, et ça peut traumatiser (ça m'est arrivé, et j'ai eu très peur).

D'autres malades sont très insultants, et agressifs, et ça aussi ça n'aide pas forcément ...

Je ne suis pas pour la ségrégation des malades selon leur diagnostique psy, évidemment, mais dans les hôpitaux, il y a vraiment de tout, et en tant que malade on peut être confronté à une réalité à laquelle on est pas du tout préparé, dans une période de grande fragilité qui plus est.

Par ailleurs, je suis contre la mixité en HP. J'ai vu ce que ça donne, et c'est dangereux. Vraiment. Les femmes malades psychiatriques étant plus victimes de viols et de violences sexuelles que la population féminine générale.

Tout ça n'est que mon point de vue, basé sur mon expérience. Après, il y a une très grande différence entre les centres d'accueil pour malade volontaire, et ceux où on enferme le HO, et HDT. J'ai fait les 2, et ce n'est clairement pas le même contexte.
Araignée
Araignée
Ancien⋅ne
Ancien⋅ne
Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

15.02.15 1:13
J'imagine un service où tou-te-s les patient-e-s seraient mélancoliques... pour remonter la pente, je pense qu'il y a mieux. Parce qu'une concentration de conversations qui ne tournent qu'autour des idées noires, ça doit pas aider (alors que saupoudrer l'ambiance de poésie schizophrénique, ça change tout).
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

15.02.15 10:59
Disons je pense qu'il faut faire des " assortiments " de patients qui soient bien pensé, et surtout pas basés sur le principes de " ils ont le même profil, on va les mettre ensemble " ou de " bon ils sont tous tarés, aller hop ensemble les tarés ".
TW violences en HP:
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

15.02.15 18:32
Quand j'ai appris il y a des années qu'on pouvait faire interner les gentes, j'ai eu peur qu'on m'interne de force (parce que j'ai pas confiance et que je sais que j'ai raison à ce sujet).

Je crois qu'il y a vraiment de quoi finir suicidaire quand on est témoin de ce que tu racontes Shun, j'aurais envie de devenir sourde, aveugle, muette et de ne plus rien sentir pour être coupée de ce monde.

Je pense à cette phrase : J'ai pas besoin de psy, je suis pas fou/folle. Avec une société aussi psychophobe et maltraitante il y a de quoi éviter à tout prix d'être catégorisé-e comme "fou/folle".
avatar
MaitreYoda
Bleu⋅e
Bleu⋅e
Messages : 59
Date d'inscription : 15/02/2015

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 3:58
Aheum..

Dites...

C'est pas que je veuille faire mon emmerdeuse dès mon premier post, mais...

J'avoue que j'ai un peu grincé des dents en lisant les descriptions d'automutilation "super hardcore" comme étant vraiment ultra choquantes.

Je veux dire...

J'ai un bon gros passé d'automutilation aussi. Pas aussi harcore que vous décrivez, mais par contre, plusieurs amis à moi ont très largement fait dans le "hardcore" en la matière (je vous épargne les détails qui n'apporteraient rien à la discussion, mais vla. Ouais. Pas juste des coupures superficielles quoi). Et à certaines périodes, si quelqu'un voyait mes jambes, disons... C'était assez difficile de douter du fait que j'avais une relation assez fusionnelle avec les objets coupants, quoi, étant donné que sans exagérer, y avait plus de zones de croutes et de plaies à divers états de cicatrisation que de zone de peau intacte.

Disons... Je concois largement que ca puisse choquer quelqu'un qui ne s'est jamais automutilé, ou qui en est resté aux coupures ultra superficielles.
Et c'est humain, hein, pas de souci avec ca.

Mais la manière de parler des gens qui ont fait des gros trucs, comme étant "effrayants", ou ce genre de trucs... Ca me fait un peu mal au bide pour eux, là, en fait.

Disons... J'imagine que si l'un/e d'entre eux tombait sur ce post, il/elle se dirait "Ouais ok, ben si je croisais ces gens, je leur ferais peur". Et euh... Outch, quoi.

C'est pas exactement fun de lire la peur dans le regard de l'autre.
C'est même vachement stigmatisant, en fait :/

Et j'ai envie de poser une question peut-être un peu "bête", mais... Pourquoi avoir peur de quelqu'un qui a les jambes ou les bras couverts de coupures ? Jveux dire... S'automutiler, c'est à soi même qu'on le fait hein... Pas à son voisin de chambre ou à la personne qu'on croise dans le bus...
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 4:49
Salutations MaitreYoda, si tu es passée sur la page d’accueil, tu auras sans doute remarqué qu'il faut se présenter avant de poster (c'est écrit en violet, seule couleur de la page, plutôt en haut et en gras, on peut pas louper la phrase).

Il peut être très flippant de constater qu'une personne se taillade jusqu'aux tendons, tout comme je sais qu'il est pas fun de lire la peur ou le jugement dans le regard des autres, voire carrément les entendre juger à voix haute (on m'a déjà sorti un "faut pas faire ça, c'est pas bien", alors que ça cicatrisait depuis plus de 3 mois, la personne s'en est aperçu alors que je portais continuellement manches longues et mitaines, un instant d'égarement où j'ai relevé mes manches...). Surtout en milieu HP, je n'y ai jamais séjourné mais on m'en a suffisamment parlé pour que je comprenne que c'est pas safe pur les personnes qui y vont. Et quand on va pas bien, quelque soit la raison, voir des blessures d'auto-mutilation peut vraiment faire mal. Mais c'est pas la faute de la personne en face.

Il m'est arrivé de constater une entaille profonde sur le bras de mon ex, et je l'ai cru (sans doute parce que je voulais pas mettre en doute ce que je prenais quand même un mensonge) quand il m'a dit que c'était accidentel. Possible qu'il avait peur que je le juge, c'était légitime. Je l'ai pas engueulé quand il m'a finalement dit la vérité, je me suis sentie impuissante, parce que me faire mal était une chose, mais voir une personne à qui on tient se faire mal c'est très dur aussi. J'ai vécu les deux points de vue, y compris pour les crises d'angoisse et le fait d'être au fond du trou et d'avoir envie de disparaître, je dirai qu'aucune des positions n'est enviable.

Il y a un topic sur le forum où on peut parler de suicide, et des détails qui vont avec. C'est pas interdit et les personnes qui s'auto-mutilent ont la parole sur ce forum.

Cependant il y a des personnes qui réagissent à ces propos, et c'est pas pour silencier ou juger, c'est juste qu'elles y sont sensibles, par empathie notamment.
Nous utilisons les balises /spoiler/ et l'acronyme TW (trigger warning), et on écrit en orange en quoi c'est un TW. Si c'est un topic axé sur le témoignage, c'est généralement indiqué dans le titre.

A titre personnel je ne pourrais pas gérer d'être en présence de personne qui se mutilent ou ont des blessures profondes, ce serait pas par jugement, ce ne serait pas une peur à proprement parler mais je suis très empathique, et encore très abîmée. J'ai une personne de ma famille qui s'est scarifiée, elle peut m'en parler, je l'ai pris au sérieux et je n'ai pas peur d'elle.
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 9:48
Je pense pour le coup que c'est différent d'être avec une personne qui se mutile, ou avec une personne qui s'est mutilé. Je pense MaitreYoda (ah bon c'est plus Jabba le hutt ?), que tu approuveras le fait qu'être en présence d'une personne durant sa mutilation est quelque chose de très difficile à gérer; c'est différent de s'être mutilé de façon hardcore, que de se mutiler face à des personnes en HP de façon hardcore.

Cela dit, j'avoue qu'à la relecture, je partage ton mal-être. Oh, je ne dis pas qu'il n'y a pas de soucis dans les HPs, on a des vécus totalement différent, voire carrément en opposition, mis aux mêmes endroit, y a des abus des infirmiers et de l'administration etc.
Seulement, l'idée de "regrouper" par "degré" ça me donne pas mal l'impression d'un "on va dire que vous vous êtes pas fou, mais eux si, donc vous on vous sépare, et eux, on les recalle ensemble". :/
avatar
MaitreYoda
Bleu⋅e
Bleu⋅e
Messages : 59
Date d'inscription : 15/02/2015

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 10:09
(Désolée pour la non présentation, j'avais à vrai dire pas l'intention de poster hier soir, je comptais juste faire un petit tour et lire, mais ce sujet m'a fait réagir, un peu impulsivement, vu qu'il me touche pas mal ^^)

(Bah, Jabba est un peu épuisé, laissons la place à MaitreYoda. Mais bien vu, c'est bien moi ^^).

A vrai dire, ce qui m'a fait réagir, c'est principalement le mot "peur", qui revenait plusieurs fois.

Pas dans le but de juger les gens qui ont "peur" face à une personne qui s'automutile, mais parce que j'avais envie de questionner / faire remarquer le fait que la PEUR, face à une personne qui au final ne fait de mal qu'à elle-même, c'est possiblement pas la réaction la plus adéquate au monde.

Et disons... Elle est bien dictée par les préjugés sur l'AM, cette peur : on n'a pas PEUR face à quelqu'un qui fume clope sur clope par exemple, alors que niveau dégats à long terme sur la santé, c'est pas plus anodin que d'aller se titiller les tendons (ahah, regardez qui parle, en terme de clope, aussi, d'ailleurs. Hum ^^)...

Bien sur, ca parait weird à quelqu'un qui ne se coupe pas. Mais pourquoi est-ce que c'est la peur qui domine ?

J'ai bien ma petite hypothèse, hein, en terme de "non mais faut être complètement cinglé pour se couper, et si on est cinglé à ce point on est forcément dangereux", quoi. Un truc du genre, le bon vieux préjugé sur "problèmes psy = dangerosité".

Entendons nous, je ne dis pas que les personnes qui ont répondu sur le sujet en évoquant la "peur" face à l'automutilation sont des gens qui rabaissent les personnes avec des soucis psy, hein. Juste bah... C'est tellement martelé partout, cette image là, que ca s'imprègne... Y compris souvent parmi les gens qui ont des souci psy, d'ailleurs.

Erf, j'suis pas sure d'être ultra claire dans mon discours, là ?

C'est compréhensible, ce que je dis ?
Araignée
Araignée
Ancien⋅ne
Ancien⋅ne
Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 10:18
Assez d'accord avec Jonas...

Peut-être aussi que si on est si choqué-e-s à la vue de personnes s'auto-mutilant, c'est au moins en partie par intériorisation du stigmate portant sur les malades psy.

Parce que bon, dans l'absolu, être choqué-e par l'état des autres patient-e-s, c'est le risque dans toute section d'un hôpital, non ? Pourquoi c'est plus souvent souligné en HP qu'ailleurs ?

(J'ai écrit en même temps que MaîtreYoda, et pour écrire un peu la même chose...)
avatar
MaitreYoda
Bleu⋅e
Bleu⋅e
Messages : 59
Date d'inscription : 15/02/2015

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 10:53
Ouaip, après c'est différent avoir peur POUR quelqu'un, et avoir peur DE quelqu'un :/

Pour le coup quand je lisais les posts parlant de "J'ai vu l'état des jambes de mon voisin de chambre, du coup j'ai eu super peur", j'ai plus eu une impression de peur DE son voisin que de peur POUR son voisin.

A tort peut-être, d'ailleurs, hein.


Dernière édition par MaitreYoda le 16.02.15 11:25, édité 1 fois
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 11:19
Sauf que dans le cas des troubles psys, il y a de façon récurrente la "peur de la personne". Comme si une personne qui s'AM allait forcément attaquer la personne à côté d'elle.
Et cette peur-là, en effet (que je comprends qu'elle ait ressenti, à la relecture, même si pas sur que ce soit ce qui ait été dit)... elle est pas juste.
avatar
MaitreYoda
Bleu⋅e
Bleu⋅e
Messages : 59
Date d'inscription : 15/02/2015

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 11:29
Disons... Pour donner un exemple de ce que donne la peur DE la personne :

Un pote s'est fait refuser un poste de mono dans une colo. Parce qu'il avait des cicatrices (pourtant anciennes) d'AM.
Parce que "quand on s'AM, on n'est pas qqun de responsable, alors lui confier des enfants..."

Un ami proche a passé très très près de se faire virer de sa formation. Parce qu'il s'était AM en voyage d'étude, et que ca s'était su. Et qu'il fallait "protéger les autres étudiants de cette situation". Si ses parents et son psy n'avaient pas été à 100% derrière lui, il jartait...

Des exemples comme ça, je pourrais en citer encore pas mal d'autres.

Voilà pourquoi je réagis assez fortement quand on met dans la même phrase "peur" et "automutilation".
Araignée
Araignée
Ancien⋅ne
Ancien⋅ne
Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 12:53
Je ne pensais pas que ça allait aussi loin (et pourtant, je m'AM aussi...).

Ce que tu racontes Maître Yoda, je l'ai souvent vu vis à vis non de l'AM, mais de l'usage de drogues illicites (ça peut aller jusqu'au placement des enfants, non pas parce qu'ils/elles sont maltraité-e-s ou délaissé-e-s, mais simplement sur base de "les parents consomment des drogues illicites").
avatar
MaitreYoda
Bleu⋅e
Bleu⋅e
Messages : 59
Date d'inscription : 15/02/2015

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 13:31
C'est malheureusement fréquent, ouais. Que ca soit vis à vis de l'AM, vis à vis de la consommation de drogues, ou vis à vis des problèmes psy de manière générale : ca fait peur, donc la société projette sur les personnes concernées une prétendue "irresponsabilité"...

Sans vérifier plus loin que ca.

Parce que bon. Que y ait un peu une "vérification" des conditions de vie des enfants quand les parents sont dans une situation difficile : soit, c'est assez logique, et quelque part c'est important pour la protection de l'enfance.

Par contre, que d'emblée y ait une méfiance, et que tout soit interprété à la lumière de cette méfiance, ca craint vraiment.

Parce que bon. Si on veut observer des signes que qqun est un "mauvaise parent", on les trouves. Toujours. Parce que y a aucun parent parfait.
Donc si on va avec tout plein d'a priori vérifier la situation d'un enfant, on va FORCEMENT trouver des "signes inquiétants". Dans toutes les familles, en fait.
Mais on ne va vérifier avec ces a priori là que dans les familles déjà stigmatisées.
Araignée
Araignée
Ancien⋅ne
Ancien⋅ne
Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 14:16
Ca me fait penser à un truc que j'ai parfois entendu, et qui personnellement me blesse énormément (surtout quand ça sort de la bouche de quelqu'un que j'aime et estime, par exemple une infirmière psy amie de longue date de ma famille...) :

"Les toxicomanes, ils tueraient père et mère pour une dose."

Outre que c'est sous-entendre des choses ignobles vis à vis de ce que je pourrais faire à mes parents, c'est ultra-stigmatisant et absolument faux, bien sûr. On ne dirait pas ça d'un-e diébétique ("elle/il tuerait père et mère pour son insuline") alors que dans l'absolu, le/la diabétique aurait une raison supplémentaire à commettre un tel meurtre : sa vie en dépend ! Alors que bon, le manque d'héroïne, c'est très désagréable*, mais il n'y a pas de risque vital.

*Même si là aussi, c'est souvent exagéré dans les représentations qu'on en donne. Le syndrome de sevrage aux opiacés, c'est plus ou moins les mêmes symptômes qu'une grosse grippe : courbatures, fièvre, nez qui coule, fatigue, difficulté à dormir, douleurs de dos , diarrhée, nausée, vomissements. Pas de quoi tuer ses proches.

Mais en plus, ce que ce genre de préjugés risque d'amener, c'est dans le cas où effectivement un-e héroïnomane en viendrait à tuer son père et/ou sa mère.... Parce qu'après tout, ça peut arriver, dans le même pourcentage de risques que chez les non-héroïnomanes. Si l'assassin de son/ses parent-s n'est pas UD*, alors juge, avocats, procureur, journaliste, psy, etc, se demandent forcément "qu'est-ce qui l'a poussé-e à ce geste ? Quelles sont les potentielles circonstances atténuantes (parents maltraitant, incestueux/ses, violent-e-s, etc...) ? Dans quelle mesure est-ce qu'il peut s'agir d'un accident plutôt que d'un meurtre ?"
Mais si l'assassin est UD, il y aura de fortes chances pour que ces questions soient moins creusées, voire pas abordées du tout. Il/elle a tué son père/sa mère ? Pourquoi ? Ben parce qu'elle/il est "toxico" pardis !
Alors que si on remplace "être toxico" par "avoir la grippe", l'absurdité du raisonnement saute aux yeux.
Il/elle a tué son père/sa mère ? Pourquoi ? Ben parce qu'elle/il avait la grippe, pardis !



*UD : usager/ère de drogue(s). Ca a l'avantage d'être non stigmatisant et de ne pas sous-entendre que tout-e UD est dépendant-e, contrairement à "addict-e" ou pire "toxicomane" (qui en plus sous-entend qu'on s'auto-empoisonne, alors que bon... si je voulais me tuer, c'est pas de l'héro que je prendrais, mais plutôt du cyanure ou de la ciguë), sans compter les "toxico" (quand un médecin et/ou "spécialiste" utilise ce terme, méfiance ! Voir par exemple le psychiatre Francis Curtet...) et "junky" (qui signifie tout bonnement "déchet". J'avais un voisin - prof et traducteur d'anglais en plus - qui utilise constamment ce mot-là. Et qui d'ailleurs me méprise assez ouvertement).
Par extension UDVI = usager/ère de drogue(s) par voie intraveineuse.


EDIT : Sinon, ça fait quelques temps que j'ai très envie d'aller à la piscine, mais que je n'ose pas, par peur du regard des gens sur moi. Je crains même qu'on me foute dehors. Mes jambes ressemblent à des champs de batailles, entre les marques dues à l'AM (brûlures et coupures) et celles dues aux injections (traces de piqûres le long des veines, ce que les anglophones appelle le "trainspotting" et qui a donné son nom à un film célèbre, nombreux hématomes, cicatrices d'abcès et de petites nécroses, varicosités...). Sans compter mes poils qui moi ne me gênent pas, mais qui risquent d'attirer encore plus le regard et les jugements...


Dernière édition par Araignée le 16.02.15 14:34, édité 2 fois
Araignée
Araignée
Ancien⋅ne
Ancien⋅ne
Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 16:11
Aucune idée. Mais je me vois très mal en combinaison non plus...
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 17:45
Antisexisme a écrit:Je continuerai d'être choquée par le désespoir intense de ces personnes.

D'un autre côté... les cicatrices peuvent dater de quelques années, le mal-être ne plus être d'actualité, ou encore la personne peut vivre avec un handicap psychique et recourir à l'AM sans avoir besoin d'attention par rapport à ça.
Si une personne est en fauteuil roulant, elle a plus besoin qu'on milite pour que les lieux publics lui soient accessibles plutôt qu'on lui dise "la pauvre", la réduisant à cela... (juste un exemple pour tenter d'expliquer mon propos, sans douter du bien fondé de ta compassion).

Quand je lis les derniers posts je me dis que je ne pourrais jamais rencontrer certaines membres ou alors seulement avec des gants. C'est d'ailleurs pour ça que beaucoup se mutilent à des endroits non visibles ou passent un temps non négligeable à chercher des moyens de le cacher quitte à porter des manches longues quand il fait 35 degrés.

Je comprend le choc, et quelque part heureusement qu'il existe sinon nous ne serions plus humain-es. Cependant ce truc dégueulasse et si peu regardable, ces choses honteuses à cacher, c'est une partie de mon corps, une partie de ma vie et le prix enduré pour faire partie du monde des vivants, les vestiges d'un combat dont je souhaite sortir vainqueure, le nier, c'est nier ce pour quoi je ne suis pas dans une boite en bois. Aussi la commodité d'autrui... j'ai du mal à comprendre en quoi ça me concerne.
Au delà de l'empathie n'est-elle pas là aussi car on est habitué à des représentations lisses dans l’esthétique du corps humain ?
Araignée
Araignée
Ancien⋅ne
Ancien⋅ne
Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 19:07
Réputation du message : 100% (1 vote)
A propos du post de Shun, je me dis qu'il y a vraiment un sérieux problème.

Je veux dire... Si on interne les gens contre leur gré, c'est en principe parce qu'ils/elles sont considéré-e-s comme dangeureux/ses pour elles/eux-mêmes (ou pour les autres mais c'est rarissime).
Or si on interne ces gens contre leur gré, mais qu'ils et elles se retrouvent à se mutiler en se coupant profondément ou à se cogner la bouche au point de se casser les dents ou même à se pendre sans que personne ne soit là pour les en empêcher et résoudre le problème à la base de ces actes (c'est à dire l'angoisse ou le mal-être si forts que se faire très mal physiquement apaise la douleur psychique), c'est qu'il y a un sérieux problème : l'hôpital ne répond plus au besoin de pourquoi il est là. Oui, je sais, manque de moyens, manque de personnel, tout ça. Mais dans ce cas, pourquoi continuer à hospitaliser des gens contre leur gré si l'hôpital ne peut même pas leur apporter la sécurité vis à vis d'elle/eux-mêmes ? Alors que bon, même avec peu de personnel et de moyens, il est quand même possible, je pense, de réduire cette douleur d'exister, au minimum suffisamment pour que personne n'en arrive à de tels actes (médication, et puis, rêvons un peu, contention humaine, présence de quelqu'un pour écouter et recevoir cette douleur, etc).
Je trouve d'une aberration sans limite que d'un côté, la contention par liens et l'isolement existent encore, ainsi que la médication forcée et l'internement d'office ou à la demande d'un tiers, mais que dans le même temps, à l'hôpital même, on laisse des gens se mutiler gravement ou se suicider...


Ainsi l'HP ne serait plus qu'un lieu où l'on enferme les gens pour protéger les autres, c'est à dire un asile à la sauce 19ème siècle ? Un lieu sécuritaire mais même pas un minimum sécurisant...
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 19:53
C'est clair...

Je crois que c'est le bordel et que il y a de tout et que c'est une question de chance, de hasard, de fric et parfois de géographie (c'est à dire des moyens dont dispose la région, donc encore de fric ; parce qu'on cache aux patient-es qu'ielles ont le droit de changer d'établissement hors de leur secteur).

[TW suicide et tout ça]

Tout ça pour dire : les abus de contention et d'iso ça existe aussi et c'est tout aussi condamnable que la négligence. Lors d'une même hospi, enfermée en iso j'ai été témoin des cris que poussaient toute la journée certains qui voulaient sortir, et quand je suis sortie ça a été pour apprendre qu'une personne s'était pendu dans le parc, alors qu'elle était dans un cadre d'hospi beaucoup plus libre (logé dans le parc, carrément moins de surveillance etc).

[/TW]

Tout le monde sait que le mélange des patient-es est maltraitant ; la seule raison pour laquelle il existe c'est le manque de moyens et le peu de considération qu'on porte à la santé mentale (d'où le manque de moyens), tout simplement.

(Après ce que tu as dit par rapport aux psychoses je l'ai moi-même constaté et je suis d'accord).
Arrakis
Arrakis

—
Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 20:03
Réputation du message : 100% (1 vote)
Pour la peur de l'auto mutilation grave, je l'ai ressentie pour des proches, des proches (souvent les mêmes) l'ont ressentie pour moi... Et c'est tout à fait compréhensible quand on est seule avec la personne, qui n'est manifestement pas "aidée" par le personnel, je pense.
C'est mettre entre les mains d'un-e patient-e la sécurité d'un-e autre patient-e, la rendre de fait responsable de la vie de l'autre.
Je comprends que la description en termes de peur soit choquante / blessante ceci dit, mais le contexte "fait tout" pour engendrer cette réaction (la surprise, le poids de la responsabilité sus-citée, etc).

Ca me semble beaucoup plus compréhensible que les gens qui viennent poser des questions super personnelles et formuler des jugements à l'emporte pièce parce qu'ils ont vu les marques sur la peau d'une personne, pour comparer (je ne sais pas si ça vous est arrivé... Ca doit être le cas aussi pour les symptômes psychologiques je pense, j'ai également quelques souvenirs là-dessus).

EDIT : ça me fait bizarre de répondre là alors que depuis plusieurs pages, shun n'a pas répondu, qu'elle n'a donc pas pu préciser sa pensée/son contexte etc. Ca fait partie du "fonctionnement" d'un forum mais ça me titille un peu.


Dernière édition par Arrakis le 16.02.15 20:06, édité 1 fois
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 20:16
Ok, alors c'est moi qui étais complètement à côté de la plaque. Non évidemment je ne parlais pas de se blesser devant quelqu'un (quelle idée...), ni d'exposer aux regards une plaie ouverte ou de s'inquiéter pour l'intégrité physique de quelqu'un...
(moi aussi pour les animaux :/ )
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 20:34
Je vais préciser mes propos vu que ça a généré un questionnement. Alors je précise à cette époque, je m'auto-détruisais beaucoup (conso de prod +++, alcool +++, relations sexuelles avec personnes à risque sans protection +++ etc ...). J'avais déjà un passé d'AM assez costaud (pas de scarif, mais de l'arrachage de peau direct à vif qui m'avait valu des renvois du collège puis du lycée, donc je connais bien le problème de l'exclusion).

Donc de ce côté, pas de soucis avec des cicatrices etc, d'ailleurs à moins qu'on m'invite à m'exprimer sur le sujet, je ne dis rien quand je les remarques, parce que c'est quelque chose de l'ordre de l'intime et que ça ne me regarde pas, sauf si c'est un proche, et que les blessures sont récentes, ce qui indique qu'il a peut-être besoin d'en parler (dans ce cas, je tends une perche au cas où la personne ait besoin de vider son sac), mais autrement non. C'est personnel.

TW violence en HP:

Pour info, dans cet HP qui se trouve à Rouen, la visite psychiatrique c'était 15 min, une fois par semaine, avec un infirmière qui notait le comportement du malade pendant la séance.
D'ailleurs tout était noté aussi en dehors des séances :
- le nombre de fois où on va aux toilettes,
- le comportement alimentaire,
- le comportement avec les autres malades,
- l'intégration " sociale " en milieu HP,
- les occupations qu'on peut arriver à avoir (j'ai fini par jouer à la marchande avec des bouts de papier et des lettres de scrabble),
- si on prend les médicaments correctement,
- si on dort ou pas à l'heure (oui y a une heure genre 20h ou tu dois dormir, si tu dors pas, c'est le mal --> pas le droit de lire, pas le droit de regarder la télé, et tempi si tu te sens pas bien, angoissé, ou si t'as juste envie de pisser, et comme c'est mal, ça sera consigné, et rapporté au psychiatre, pour le jour ou t'as tes 15min de rdv),
- si on se lave,
- si on utilise des objets plutôt dangereux (genre un peigne, ou un sèche cheveux, ou une lime à ongle),
- à quelle heure on se lève, si la chambre est pas trop bordélique, d'ailleurs, les chambres sont inspectées tous les jours --> comme en prison (matelas, oreiller [quand t'as la chance d'en avoir un], couverture, armoire (oui celle la même dont tu gardes précieusement la clé dans ta chaussette nuit et jour et que malgré ça tes affaires disparaissent), recoins susceptible de planquer un truc interdit (grille d'aération, extracteur de fumée HS etc ...).

Inutile de dire, qu'avec moi ça c'est très mal passé :
- On m'a interdit de porter mes chaussures avec des lacets (risque de pendaison), donc j'étais pieds nus, vu que ben mes chaussure tenaient pas sans les lacets,
- On m'a interdit de porter mes vêtements, je devais porter une espèce de blouse, avec marqué dessus CENTRE PSYCHIATRIQUE donc si j'arrive à sortir, j'irais pas bien loin ...
- interdiction du téléphone,
- interdiction des visites
- et de tout ce qui possède un câble (y compris le mp3),
- interdiction de la musique,
- interdiction des activités " manuelles " (type scoubidou, perles de rocailles, etc ...),
- heure de tv règlementées.
- Pas trop le droit de rester devant une fenêtre trop longtemps (on risquait pourtant pas de se défenestrer, les fenêtres ne s'ouvrait pas et on était au RDC),
- hygiène dégueulasse (sang dans les douches, poils, cheveux, moisi).
- Pas de miroir (pour pas qu'on se blesse),  
- savon " comestible ".
- Couverts en plastique, assiettes en plastique.
- Interdiction de sortir, évidemment, double sas d'entrée (comme dans les banques), pour éviter toute évasion.

Non vraiment, je n'ai absolument rien contre les malades, dont je plains sincèrement le sort. Je suis malade psychiatrique, même si je suis beaucoup plus stable qu'avant. Je n'ai pas peur des gens qui font de l'AM, j'ai plus peur pour eux (passé un certain stade que je juge dangereux pour le pronostique vital de la personne, ou au moins pour sa capacité à conserver un membre), et je ressens une douleur atroce parce que je me dis qu'en arriver à ce point, ça signifie une souffrance psychologique incommensurable, et que pour moi, il n'y a rien de pire sur terre que la souffrance psychologique.

Par contre, je n'ai jamais eu peur qu'ils me fassent du mal (ils en auraient été bien incapables je pense). J'aurais tellement voulu les aider, leur apporter un peu de soutien, mais j'étais tellement submergée par mes propres difficultés, celles de tous les malades qui m'assaillaient pour me parler des leurs, que j'étais à bout de nerfs, à bout de souffle. Je n'avais pas les moyens de porter tout ça, c'était vraiment trop lourd. Pourtant, j'étais tellement convaincue que ces personnes valaient la peine, d'être écoutées, entendues, soutenues, tellement convaincue, qu'avec des vrais soins, une vraie prise en charge leurs vies auraient pu s'améliorer, et qu'ils auraient peut-être moins eu de souffrance à supporter...

Ho non, vraiment, je n'aurais pour rien au monde voulu juger ces gens, pas après (ni même avant) ce que j'ai vu. Comment aurais-je pu ?
Cette prise de conscience en arrivant : je suis ici, parce que je suis comme eux ... J'en suis donc à ce point de désespérance ? De souffrance ? Et dire que je n'en avais même pas conscience.
C'était insupportable, il y avait une telle condensation de souffrance au m² que l'air était irrespirable.

Là franchement j'aurais eu besoin d'une personne dans un bon épisode maniaque. Ça m'aurait fait un bien fou.
Mon vécu au contact d'une schizophrène en HP:

... Voilà ce que ça a été. Et encore, je vous passe les techniques d'entretien psy... qui étaient d'une violence sans nom.

mon idée de la répartition des malades en HP, basée sur le coopératif, et l'inclusion:

Voilà j'espère que ce que j'ai écrit ne choque personne, surtout pas les gens atteints de difficultés psy, car je suis moi même malade, et je ne hiérarchise pas les maladie psy, je pense qu'elles peuvent être complémentaires (dans le sens s'aider mutuellement à aller mieux, quand on les assortit bien) et qu'il y a un soignant pour gérer le groupe de manière à ne pas perdre de vue les objectifs (même si ils sont très simples, comme préparer le repas), parce que ça peut être très valorisant pour les malades.
Edit : désolée de mon temps de réponse, mais vous avez beaucoup posté, et j'ai énormément de boulot en ce moment (je dois faire dans les 46h semaine).
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 21:30
shun a écrit:Ça a été une de mes initiatives, de proposer des activités communes, mais j'ai été convoquée immédiatement, et mise en isolement.
Euh... sérieusement ?
Je suis de plus en plus choqué par tout ce que tu raconte sur cet HP, un certain nombre de trucs sont communs mais d'autres sont pas mal hard, ça a dû être franchement horrible.
Il n'y a pas ou peu d'activités thérapeutiques dans les HP parce qu'ils n'ont pas les moyens, et c'est pour ça que ça se limite à du gardiennage médicamenteux.

Normalement il y a une commission interne que tu peux saisir avec un-e représentant-e des usagers, il faut vraiment qu'on mette qq chose en œuvre pour les gens connaissent leurs droits... (plus que la fiche des droits des personnes hospitalisées qui au final ne sert à rien). Enfin au stade que tu décris... ça me fait penser à cette phrase de Jean Oury : "Soigner les malades sans soigner l’hôpital, c'est de la folie".
Anonymous
Invité
Invité

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

16.02.15 21:48
Oui, c'est tout à fait sérieux. Les violences vécues dans cette hôpital venaient surtout du personnel médical, qui profitait de l'état des patients, et surtout du fait qu'ils ne seraient pas crus, pour les maltraiter, voler leurs affaires (on avait fait des petits bijoux, avec des perles, le personnel soignant nous les a confisqués et on a vu les bijoux portés après par ces mêmes personnels devant nous).
Il fallait payer le personnel soignant pour avoir des cigarettes : 3x le prix du commerce.
Parfois ils monnayaient aussi des médicaments périmés à des malades " à croc ".
Bref, tu sais le chef de service a été mis en accusation pour vols aggravé : il prenait les clés des patients (celles de leur domicile, qu'on est obligé de remettre à son arrivée), et il allait visiter les logements, en prenant ce qui l'intéressait ...
C'est même paru dans le journal. Donc, je pense que le service où j'ai atterri, était vraiment un endroit ... spécial.
Contenu sponsorisé

Mad Pride - Page 2 Empty Re: Mad Pride

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum