Mad Pride
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- AraignéeAncien⋅ne
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Re: Mad Pride
14.02.15 0:16
J'aime bien ton texte et je suis largement d'accord. Je suis juste gênée par ce passage :
Ca me fait penser aussi à un discours déjà entendu (je ne dis pas que c'est ton avis), selon lequel on ne devrait pas hospitaliser ensemble les "simples dépressifs" et les "vrais fous/psychotiques". Pour ma part je pense que le/la plus fou/folle des schizophrènes paranoïaque est citoyen-ne comme les autres et que, à l'hôpital comme dans la cité, il est hors de question de l'isoler des autres humain-e-s, groupe auquel il/elle appartient pleinement. Et je défendrai bec et ongles s'il le faut le mélange des patient-e-s dans les structures du soin psychique.
Pour le reste, on est d'accord, Sarkosy a grandement contribué à détruire la psychiatrie, la relation soignant-e-s/soigné-e-s qui est à la base du soin, et donc le soin, tout en renforçant le stigmate et en proposant des aberrations (mettre un bracelet électronique à un-e psychotique, c'est s'assurer qu'elle/il sera de plus en plus paranoïaque, de plus en plus isolé-e-s du reste de l'humanité par sa peur (à juste titre !) et qu'il/elle se suicidera sans doute à court terme).
Réformer la psychiatrie, ç'aurait pu être une si bonne idée : remettre la confiance et le consentement du/de la patient-e au centre des priorités, abolir la contention par liens, l'isolement long et la médication forcée, lutter contre la stigmatisation, continuer à désaliéner la folie comme on l'a fait dans l'après-guerre, augmenter les places et le nombre de soignants, recréer la formation spécifique ISP (infirmiers/ères spécialisé-e-s en psychiatrie) qu'on a supprimée... Y a tellement de choses à faire, et non, on fait tout le contraire, on renvoie les malades à l'asile et au stigmate de "fous dangereux".
La seule chose qui me rassure, c'est d'entendre la voix de quantité de soignant-e-s qui continuent à prôner une psychiatrie du lien (lien de confiance, de soin, de parole, de présence), une psychiatrie de citoyen-nes (donc maître-sse-s de leur destin et à la base des choix les concernant), une psychiatrie de la confiance en l'autre et ses capacités, une psychiatrie de la liberté.
En fait, la plupart des malades psy sont hospitalisé-e-s de leur plein gré, et c'est valable pour les psychotiques tout autant que pour les dépressifs/ives. C'est souvent que des personnes dépressives pointent le fait qu'elles, elles ne sont pas folles, mais je trouve ça problématique, dans le sens où c'est se désolidariser des autres malades psy (qui en réalité ne sont pas dangereux/ses non plus) en refusant de porter le même stigmate (ce que je comprends aussi, parce que le stigmate est lourd).même pour les dépressifs qui ont demandé eux même leur hospitalisation ! (c'est vrai, sont trop dangeureux ceux là !)
Ca me fait penser aussi à un discours déjà entendu (je ne dis pas que c'est ton avis), selon lequel on ne devrait pas hospitaliser ensemble les "simples dépressifs" et les "vrais fous/psychotiques". Pour ma part je pense que le/la plus fou/folle des schizophrènes paranoïaque est citoyen-ne comme les autres et que, à l'hôpital comme dans la cité, il est hors de question de l'isoler des autres humain-e-s, groupe auquel il/elle appartient pleinement. Et je défendrai bec et ongles s'il le faut le mélange des patient-e-s dans les structures du soin psychique.
Pour le reste, on est d'accord, Sarkosy a grandement contribué à détruire la psychiatrie, la relation soignant-e-s/soigné-e-s qui est à la base du soin, et donc le soin, tout en renforçant le stigmate et en proposant des aberrations (mettre un bracelet électronique à un-e psychotique, c'est s'assurer qu'elle/il sera de plus en plus paranoïaque, de plus en plus isolé-e-s du reste de l'humanité par sa peur (à juste titre !) et qu'il/elle se suicidera sans doute à court terme).
Réformer la psychiatrie, ç'aurait pu être une si bonne idée : remettre la confiance et le consentement du/de la patient-e au centre des priorités, abolir la contention par liens, l'isolement long et la médication forcée, lutter contre la stigmatisation, continuer à désaliéner la folie comme on l'a fait dans l'après-guerre, augmenter les places et le nombre de soignants, recréer la formation spécifique ISP (infirmiers/ères spécialisé-e-s en psychiatrie) qu'on a supprimée... Y a tellement de choses à faire, et non, on fait tout le contraire, on renvoie les malades à l'asile et au stigmate de "fous dangereux".
La seule chose qui me rassure, c'est d'entendre la voix de quantité de soignant-e-s qui continuent à prôner une psychiatrie du lien (lien de confiance, de soin, de parole, de présence), une psychiatrie de citoyen-nes (donc maître-sse-s de leur destin et à la base des choix les concernant), une psychiatrie de la confiance en l'autre et ses capacités, une psychiatrie de la liberté.
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
14.02.15 11:35
Pour ma part, je pense pour avoir été hospitalisée plusieurs fois en HP, que le mélange des malades doit être " bien " fait. Ce n'est pas forcément en fonction de l'étiquette psychiatrique que l'ont doit regrouper les patients, mais en observant les effets bénéfiques ou néfastes de leur mélange.
Par exemple, quand j'ai été hospitalisée sur demande de tiers, j'ai atterri dans une unité psychiatrique lourde. J'étais entourée de malades lourds, et c'était très difficile de lutter contre leur " envahissement psychologique ", ils venaient me voir tous les jours, toute la journée pour me déverser leur passé traumatique et souvent aussi leur délire. C'est très perturbant, et ça n'a pas contribué à améliorer mon état, au contraire.
Donc je pense qu'il faut éviter de créer une spirale descendante, en mélangeant certains patients qui ne peuvent pas s'aider mutuellement. D'autre part, les patients arrivent parfois dans des états physiques qui sont très choquants (auto mutilation, violences familiales ou conjugales) et quand le soir on se déshabille pour dormir pas très loin de son voisin de chambre et qu'on voit une partie de son corps (par exemple ses jambes) pleine de blessures, c'est très dur, et ça peut traumatiser (ça m'est arrivé, et j'ai eu très peur).
D'autres malades sont très insultants, et agressifs, et ça aussi ça n'aide pas forcément ...
Je ne suis pas pour la ségrégation des malades selon leur diagnostique psy, évidemment, mais dans les hôpitaux, il y a vraiment de tout, et en tant que malade on peut être confronté à une réalité à laquelle on est pas du tout préparé, dans une période de grande fragilité qui plus est.
Par ailleurs, je suis contre la mixité en HP. J'ai vu ce que ça donne, et c'est dangereux. Vraiment. Les femmes malades psychiatriques étant plus victimes de viols et de violences sexuelles que la population féminine générale.
Tout ça n'est que mon point de vue, basé sur mon expérience. Après, il y a une très grande différence entre les centres d'accueil pour malade volontaire, et ceux où on enferme le HO, et HDT. J'ai fait les 2, et ce n'est clairement pas le même contexte.
Par exemple, quand j'ai été hospitalisée sur demande de tiers, j'ai atterri dans une unité psychiatrique lourde. J'étais entourée de malades lourds, et c'était très difficile de lutter contre leur " envahissement psychologique ", ils venaient me voir tous les jours, toute la journée pour me déverser leur passé traumatique et souvent aussi leur délire. C'est très perturbant, et ça n'a pas contribué à améliorer mon état, au contraire.
Donc je pense qu'il faut éviter de créer une spirale descendante, en mélangeant certains patients qui ne peuvent pas s'aider mutuellement. D'autre part, les patients arrivent parfois dans des états physiques qui sont très choquants (auto mutilation, violences familiales ou conjugales) et quand le soir on se déshabille pour dormir pas très loin de son voisin de chambre et qu'on voit une partie de son corps (par exemple ses jambes) pleine de blessures, c'est très dur, et ça peut traumatiser (ça m'est arrivé, et j'ai eu très peur).
D'autres malades sont très insultants, et agressifs, et ça aussi ça n'aide pas forcément ...
Je ne suis pas pour la ségrégation des malades selon leur diagnostique psy, évidemment, mais dans les hôpitaux, il y a vraiment de tout, et en tant que malade on peut être confronté à une réalité à laquelle on est pas du tout préparé, dans une période de grande fragilité qui plus est.
Par ailleurs, je suis contre la mixité en HP. J'ai vu ce que ça donne, et c'est dangereux. Vraiment. Les femmes malades psychiatriques étant plus victimes de viols et de violences sexuelles que la population féminine générale.
Tout ça n'est que mon point de vue, basé sur mon expérience. Après, il y a une très grande différence entre les centres d'accueil pour malade volontaire, et ceux où on enferme le HO, et HDT. J'ai fait les 2, et ce n'est clairement pas le même contexte.
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: Mad Pride
15.02.15 1:13
J'imagine un service où tou-te-s les patient-e-s seraient mélancoliques... pour remonter la pente, je pense qu'il y a mieux. Parce qu'une concentration de conversations qui ne tournent qu'autour des idées noires, ça doit pas aider (alors que saupoudrer l'ambiance de poésie schizophrénique, ça change tout).
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
15.02.15 10:59
Disons je pense qu'il faut faire des " assortiments " de patients qui soient bien pensé, et surtout pas basés sur le principes de " ils ont le même profil, on va les mettre ensemble " ou de " bon ils sont tous tarés, aller hop ensemble les tarés ".
- TW violences en HP:
Ma meilleure amie a déjà été en HP sur demande de 1/3, et elle s'est retrouvé dans la même chambre qu'une jeune femme suicidaire qui s'est pendue dans la chambre pendant la nuit.
Voilà, ce qu'il faudrait éviter.
Moi, je me suis retrouvée avec des personnes agressives, qui me jetaient des objets dessus et m'insultaient (insultes sexistes), puis avec une personne suicidaire qui faisait de l'automutilation (mais genre des trucs vraiment dangereux, pas juste de la scarification, elle attaquait les tendons quoi quand même), j'ai voulu aller aux toilettes parce que je ne supportais plus et dans les toilettes je suis tombée sur une femme que j'ai cru être en train de vomir, en fait non, elle se tapait la tête sur le rebord des toilettes, plus précisément les dents. Ça faisait un bruit horrible. Je suis retournée dans le couloir, ou je me suis faite engueulée par la surveillante de nuit, qui m'a demandé de retourner me coucher.
Le lendemain quand je suis allée faire pipi, y avait des dents au fond des toilettes.
Sans compter des patientes, plus légères, qui venaient raconter des histoires de maltraitance sordides, de viols, d'inceste etc ... Je n'arrivais pas à m'en sortir, et j'avais l'impression que mes jours dans cette prison étaient comptés.
J'étais arrivée désorientée, après un abus de substance, un peu agitée, et légèrement agressive après le personnel soignant (parce que je ne voulais pas être enfermée), j'étais suicidaire au bout de quelques jours entre ces 4 murs.
Donc oui pour moi, le mélange anarchique des patients, ou leur cloisonnement par diagnostique est tout à fait néfaste.
Et encore là, je ne parle pas de la violence des " soins " imposés, de la violence juridique lorsque les soignants signent à ta place les documents d'hospitalisation, les menaces de la part des soignants, ni des personnes enfermées ici qui n'ont rien à y faire (Parkinson, Alzheimer).
Un matin je me suis réveillée parce que je sentais quelque chose dans mon lit. C'était une grand mère, qui s'était collée contre moi, pour faire un câlin, elle était triste, parce qu'elle ne trouvait plus son dentier. C'était pas méchant du tout hun, mais j'ai eu une peur énorme.
Sans compter les affaires qui disparaissent alors qu'elles sont sous clés, le marché noir, le chantage du personnel au médicament, les interdictions totalement abusives (genre interdiction de lire, d'écouter de la musique, de faire des activités commune simple du style un scrabble, ou des perles ...), même avoir le journal ou des clopes, c'était hors de prix...
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
15.02.15 18:32
Quand j'ai appris il y a des années qu'on pouvait faire interner les gentes, j'ai eu peur qu'on m'interne de force (parce que j'ai pas confiance et que je sais que j'ai raison à ce sujet).
Je crois qu'il y a vraiment de quoi finir suicidaire quand on est témoin de ce que tu racontes Shun, j'aurais envie de devenir sourde, aveugle, muette et de ne plus rien sentir pour être coupée de ce monde.
Je pense à cette phrase : J'ai pas besoin de psy, je suis pas fou/folle. Avec une société aussi psychophobe et maltraitante il y a de quoi éviter à tout prix d'être catégorisé-e comme "fou/folle".
Je crois qu'il y a vraiment de quoi finir suicidaire quand on est témoin de ce que tu racontes Shun, j'aurais envie de devenir sourde, aveugle, muette et de ne plus rien sentir pour être coupée de ce monde.
Je pense à cette phrase : J'ai pas besoin de psy, je suis pas fou/folle. Avec une société aussi psychophobe et maltraitante il y a de quoi éviter à tout prix d'être catégorisé-e comme "fou/folle".
- MaitreYodaBleu⋅e
- Messages : 59
Date d'inscription : 15/02/2015
Re: Mad Pride
16.02.15 3:58
Aheum..
Dites...
C'est pas que je veuille faire mon emmerdeuse dès mon premier post, mais...
J'avoue que j'ai un peu grincé des dents en lisant les descriptions d'automutilation "super hardcore" comme étant vraiment ultra choquantes.
Je veux dire...
J'ai un bon gros passé d'automutilation aussi. Pas aussi harcore que vous décrivez, mais par contre, plusieurs amis à moi ont très largement fait dans le "hardcore" en la matière (je vous épargne les détails qui n'apporteraient rien à la discussion, mais vla. Ouais. Pas juste des coupures superficielles quoi). Et à certaines périodes, si quelqu'un voyait mes jambes, disons... C'était assez difficile de douter du fait que j'avais une relation assez fusionnelle avec les objets coupants, quoi, étant donné que sans exagérer, y avait plus de zones de croutes et de plaies à divers états de cicatrisation que de zone de peau intacte.
Disons... Je concois largement que ca puisse choquer quelqu'un qui ne s'est jamais automutilé, ou qui en est resté aux coupures ultra superficielles.
Et c'est humain, hein, pas de souci avec ca.
Mais la manière de parler des gens qui ont fait des gros trucs, comme étant "effrayants", ou ce genre de trucs... Ca me fait un peu mal au bide pour eux, là, en fait.
Disons... J'imagine que si l'un/e d'entre eux tombait sur ce post, il/elle se dirait "Ouais ok, ben si je croisais ces gens, je leur ferais peur". Et euh... Outch, quoi.
C'est pas exactement fun de lire la peur dans le regard de l'autre.
C'est même vachement stigmatisant, en fait :/
Et j'ai envie de poser une question peut-être un peu "bête", mais... Pourquoi avoir peur de quelqu'un qui a les jambes ou les bras couverts de coupures ? Jveux dire... S'automutiler, c'est à soi même qu'on le fait hein... Pas à son voisin de chambre ou à la personne qu'on croise dans le bus...
Dites...
C'est pas que je veuille faire mon emmerdeuse dès mon premier post, mais...
J'avoue que j'ai un peu grincé des dents en lisant les descriptions d'automutilation "super hardcore" comme étant vraiment ultra choquantes.
Je veux dire...
J'ai un bon gros passé d'automutilation aussi. Pas aussi harcore que vous décrivez, mais par contre, plusieurs amis à moi ont très largement fait dans le "hardcore" en la matière (je vous épargne les détails qui n'apporteraient rien à la discussion, mais vla. Ouais. Pas juste des coupures superficielles quoi). Et à certaines périodes, si quelqu'un voyait mes jambes, disons... C'était assez difficile de douter du fait que j'avais une relation assez fusionnelle avec les objets coupants, quoi, étant donné que sans exagérer, y avait plus de zones de croutes et de plaies à divers états de cicatrisation que de zone de peau intacte.
Disons... Je concois largement que ca puisse choquer quelqu'un qui ne s'est jamais automutilé, ou qui en est resté aux coupures ultra superficielles.
Et c'est humain, hein, pas de souci avec ca.
Mais la manière de parler des gens qui ont fait des gros trucs, comme étant "effrayants", ou ce genre de trucs... Ca me fait un peu mal au bide pour eux, là, en fait.
Disons... J'imagine que si l'un/e d'entre eux tombait sur ce post, il/elle se dirait "Ouais ok, ben si je croisais ces gens, je leur ferais peur". Et euh... Outch, quoi.
C'est pas exactement fun de lire la peur dans le regard de l'autre.
C'est même vachement stigmatisant, en fait :/
Et j'ai envie de poser une question peut-être un peu "bête", mais... Pourquoi avoir peur de quelqu'un qui a les jambes ou les bras couverts de coupures ? Jveux dire... S'automutiler, c'est à soi même qu'on le fait hein... Pas à son voisin de chambre ou à la personne qu'on croise dans le bus...
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
16.02.15 4:49
Salutations MaitreYoda, si tu es passée sur la page d’accueil, tu auras sans doute remarqué qu'il faut se présenter avant de poster (c'est écrit en violet, seule couleur de la page, plutôt en haut et en gras, on peut pas louper la phrase).
Il peut être très flippant de constater qu'une personne se taillade jusqu'aux tendons, tout comme je sais qu'il est pas fun de lire la peur ou le jugement dans le regard des autres, voire carrément les entendre juger à voix haute (on m'a déjà sorti un "faut pas faire ça, c'est pas bien", alors que ça cicatrisait depuis plus de 3 mois, la personne s'en est aperçu alors que je portais continuellement manches longues et mitaines, un instant d'égarement où j'ai relevé mes manches...). Surtout en milieu HP, je n'y ai jamais séjourné mais on m'en a suffisamment parlé pour que je comprenne que c'est pas safe pur les personnes qui y vont. Et quand on va pas bien, quelque soit la raison, voir des blessures d'auto-mutilation peut vraiment faire mal. Mais c'est pas la faute de la personne en face.
Il m'est arrivé de constater une entaille profonde sur le bras de mon ex, et je l'ai cru (sans doute parce que je voulais pas mettre en doute ce que je prenais quand même un mensonge) quand il m'a dit que c'était accidentel. Possible qu'il avait peur que je le juge, c'était légitime. Je l'ai pas engueulé quand il m'a finalement dit la vérité, je me suis sentie impuissante, parce que me faire mal était une chose, mais voir une personne à qui on tient se faire mal c'est très dur aussi. J'ai vécu les deux points de vue, y compris pour les crises d'angoisse et le fait d'être au fond du trou et d'avoir envie de disparaître, je dirai qu'aucune des positions n'est enviable.
Il y a un topic sur le forum où on peut parler de suicide, et des détails qui vont avec. C'est pas interdit et les personnes qui s'auto-mutilent ont la parole sur ce forum.
Cependant il y a des personnes qui réagissent à ces propos, et c'est pas pour silencier ou juger, c'est juste qu'elles y sont sensibles, par empathie notamment.
Nous utilisons les balises /spoiler/ et l'acronyme TW (trigger warning), et on écrit en orange en quoi c'est un TW. Si c'est un topic axé sur le témoignage, c'est généralement indiqué dans le titre.
A titre personnel je ne pourrais pas gérer d'être en présence de personne qui se mutilent ou ont des blessures profondes, ce serait pas par jugement, ce ne serait pas une peur à proprement parler mais je suis très empathique, et encore très abîmée. J'ai une personne de ma famille qui s'est scarifiée, elle peut m'en parler, je l'ai pris au sérieux et je n'ai pas peur d'elle.
Il peut être très flippant de constater qu'une personne se taillade jusqu'aux tendons, tout comme je sais qu'il est pas fun de lire la peur ou le jugement dans le regard des autres, voire carrément les entendre juger à voix haute (on m'a déjà sorti un "faut pas faire ça, c'est pas bien", alors que ça cicatrisait depuis plus de 3 mois, la personne s'en est aperçu alors que je portais continuellement manches longues et mitaines, un instant d'égarement où j'ai relevé mes manches...). Surtout en milieu HP, je n'y ai jamais séjourné mais on m'en a suffisamment parlé pour que je comprenne que c'est pas safe pur les personnes qui y vont. Et quand on va pas bien, quelque soit la raison, voir des blessures d'auto-mutilation peut vraiment faire mal. Mais c'est pas la faute de la personne en face.
Il m'est arrivé de constater une entaille profonde sur le bras de mon ex, et je l'ai cru (sans doute parce que je voulais pas mettre en doute ce que je prenais quand même un mensonge) quand il m'a dit que c'était accidentel. Possible qu'il avait peur que je le juge, c'était légitime. Je l'ai pas engueulé quand il m'a finalement dit la vérité, je me suis sentie impuissante, parce que me faire mal était une chose, mais voir une personne à qui on tient se faire mal c'est très dur aussi. J'ai vécu les deux points de vue, y compris pour les crises d'angoisse et le fait d'être au fond du trou et d'avoir envie de disparaître, je dirai qu'aucune des positions n'est enviable.
Il y a un topic sur le forum où on peut parler de suicide, et des détails qui vont avec. C'est pas interdit et les personnes qui s'auto-mutilent ont la parole sur ce forum.
Cependant il y a des personnes qui réagissent à ces propos, et c'est pas pour silencier ou juger, c'est juste qu'elles y sont sensibles, par empathie notamment.
Nous utilisons les balises /spoiler/ et l'acronyme TW (trigger warning), et on écrit en orange en quoi c'est un TW. Si c'est un topic axé sur le témoignage, c'est généralement indiqué dans le titre.
A titre personnel je ne pourrais pas gérer d'être en présence de personne qui se mutilent ou ont des blessures profondes, ce serait pas par jugement, ce ne serait pas une peur à proprement parler mais je suis très empathique, et encore très abîmée. J'ai une personne de ma famille qui s'est scarifiée, elle peut m'en parler, je l'ai pris au sérieux et je n'ai pas peur d'elle.
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
16.02.15 9:48
Je pense pour le coup que c'est différent d'être avec une personne qui se mutile, ou avec une personne qui s'est mutilé. Je pense MaitreYoda (ah bon c'est plus Jabba le hutt ?), que tu approuveras le fait qu'être en présence d'une personne durant sa mutilation est quelque chose de très difficile à gérer; c'est différent de s'être mutilé de façon hardcore, que de se mutiler face à des personnes en HP de façon hardcore.
Cela dit, j'avoue qu'à la relecture, je partage ton mal-être. Oh, je ne dis pas qu'il n'y a pas de soucis dans les HPs, on a des vécus totalement différent, voire carrément en opposition, mis aux mêmes endroit, y a des abus des infirmiers et de l'administration etc.
Seulement, l'idée de "regrouper" par "degré" ça me donne pas mal l'impression d'un "on va dire que vous vous êtes pas fou, mais eux si, donc vous on vous sépare, et eux, on les recalle ensemble". :/
Cela dit, j'avoue qu'à la relecture, je partage ton mal-être. Oh, je ne dis pas qu'il n'y a pas de soucis dans les HPs, on a des vécus totalement différent, voire carrément en opposition, mis aux mêmes endroit, y a des abus des infirmiers et de l'administration etc.
Seulement, l'idée de "regrouper" par "degré" ça me donne pas mal l'impression d'un "on va dire que vous vous êtes pas fou, mais eux si, donc vous on vous sépare, et eux, on les recalle ensemble". :/
- MaitreYodaBleu⋅e
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Re: Mad Pride
16.02.15 10:09
(Désolée pour la non présentation, j'avais à vrai dire pas l'intention de poster hier soir, je comptais juste faire un petit tour et lire, mais ce sujet m'a fait réagir, un peu impulsivement, vu qu'il me touche pas mal ^^)
(Bah, Jabba est un peu épuisé, laissons la place à MaitreYoda. Mais bien vu, c'est bien moi ^^).
A vrai dire, ce qui m'a fait réagir, c'est principalement le mot "peur", qui revenait plusieurs fois.
Pas dans le but de juger les gens qui ont "peur" face à une personne qui s'automutile, mais parce que j'avais envie de questionner / faire remarquer le fait que la PEUR, face à une personne qui au final ne fait de mal qu'à elle-même, c'est possiblement pas la réaction la plus adéquate au monde.
Et disons... Elle est bien dictée par les préjugés sur l'AM, cette peur : on n'a pas PEUR face à quelqu'un qui fume clope sur clope par exemple, alors que niveau dégats à long terme sur la santé, c'est pas plus anodin que d'aller se titiller les tendons (ahah, regardez qui parle, en terme de clope, aussi, d'ailleurs. Hum ^^)...
Bien sur, ca parait weird à quelqu'un qui ne se coupe pas. Mais pourquoi est-ce que c'est la peur qui domine ?
J'ai bien ma petite hypothèse, hein, en terme de "non mais faut être complètement cinglé pour se couper, et si on est cinglé à ce point on est forcément dangereux", quoi. Un truc du genre, le bon vieux préjugé sur "problèmes psy = dangerosité".
Entendons nous, je ne dis pas que les personnes qui ont répondu sur le sujet en évoquant la "peur" face à l'automutilation sont des gens qui rabaissent les personnes avec des soucis psy, hein. Juste bah... C'est tellement martelé partout, cette image là, que ca s'imprègne... Y compris souvent parmi les gens qui ont des souci psy, d'ailleurs.
Erf, j'suis pas sure d'être ultra claire dans mon discours, là ?
C'est compréhensible, ce que je dis ?
(Bah, Jabba est un peu épuisé, laissons la place à MaitreYoda. Mais bien vu, c'est bien moi ^^).
A vrai dire, ce qui m'a fait réagir, c'est principalement le mot "peur", qui revenait plusieurs fois.
Pas dans le but de juger les gens qui ont "peur" face à une personne qui s'automutile, mais parce que j'avais envie de questionner / faire remarquer le fait que la PEUR, face à une personne qui au final ne fait de mal qu'à elle-même, c'est possiblement pas la réaction la plus adéquate au monde.
Et disons... Elle est bien dictée par les préjugés sur l'AM, cette peur : on n'a pas PEUR face à quelqu'un qui fume clope sur clope par exemple, alors que niveau dégats à long terme sur la santé, c'est pas plus anodin que d'aller se titiller les tendons (ahah, regardez qui parle, en terme de clope, aussi, d'ailleurs. Hum ^^)...
Bien sur, ca parait weird à quelqu'un qui ne se coupe pas. Mais pourquoi est-ce que c'est la peur qui domine ?
J'ai bien ma petite hypothèse, hein, en terme de "non mais faut être complètement cinglé pour se couper, et si on est cinglé à ce point on est forcément dangereux", quoi. Un truc du genre, le bon vieux préjugé sur "problèmes psy = dangerosité".
Entendons nous, je ne dis pas que les personnes qui ont répondu sur le sujet en évoquant la "peur" face à l'automutilation sont des gens qui rabaissent les personnes avec des soucis psy, hein. Juste bah... C'est tellement martelé partout, cette image là, que ca s'imprègne... Y compris souvent parmi les gens qui ont des souci psy, d'ailleurs.
Erf, j'suis pas sure d'être ultra claire dans mon discours, là ?
C'est compréhensible, ce que je dis ?
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Mad Pride
16.02.15 10:18
Assez d'accord avec Jonas...
Peut-être aussi que si on est si choqué-e-s à la vue de personnes s'auto-mutilant, c'est au moins en partie par intériorisation du stigmate portant sur les malades psy.
Parce que bon, dans l'absolu, être choqué-e par l'état des autres patient-e-s, c'est le risque dans toute section d'un hôpital, non ? Pourquoi c'est plus souvent souligné en HP qu'ailleurs ?
(J'ai écrit en même temps que MaîtreYoda, et pour écrire un peu la même chose...)
Peut-être aussi que si on est si choqué-e-s à la vue de personnes s'auto-mutilant, c'est au moins en partie par intériorisation du stigmate portant sur les malades psy.
Parce que bon, dans l'absolu, être choqué-e par l'état des autres patient-e-s, c'est le risque dans toute section d'un hôpital, non ? Pourquoi c'est plus souvent souligné en HP qu'ailleurs ?
(J'ai écrit en même temps que MaîtreYoda, et pour écrire un peu la même chose...)
- MaitreYodaBleu⋅e
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Date d'inscription : 15/02/2015
Re: Mad Pride
16.02.15 10:53
Ouaip, après c'est différent avoir peur POUR quelqu'un, et avoir peur DE quelqu'un :/
Pour le coup quand je lisais les posts parlant de "J'ai vu l'état des jambes de mon voisin de chambre, du coup j'ai eu super peur", j'ai plus eu une impression de peur DE son voisin que de peur POUR son voisin.
A tort peut-être, d'ailleurs, hein.
Pour le coup quand je lisais les posts parlant de "J'ai vu l'état des jambes de mon voisin de chambre, du coup j'ai eu super peur", j'ai plus eu une impression de peur DE son voisin que de peur POUR son voisin.
A tort peut-être, d'ailleurs, hein.
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
16.02.15 11:19
Sauf que dans le cas des troubles psys, il y a de façon récurrente la "peur de la personne". Comme si une personne qui s'AM allait forcément attaquer la personne à côté d'elle.
Et cette peur-là, en effet (que je comprends qu'elle ait ressenti, à la relecture, même si pas sur que ce soit ce qui ait été dit)... elle est pas juste.
Et cette peur-là, en effet (que je comprends qu'elle ait ressenti, à la relecture, même si pas sur que ce soit ce qui ait été dit)... elle est pas juste.
- MaitreYodaBleu⋅e
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Date d'inscription : 15/02/2015
Re: Mad Pride
16.02.15 11:29
Disons... Pour donner un exemple de ce que donne la peur DE la personne :
Un pote s'est fait refuser un poste de mono dans une colo. Parce qu'il avait des cicatrices (pourtant anciennes) d'AM.
Parce que "quand on s'AM, on n'est pas qqun de responsable, alors lui confier des enfants..."
Un ami proche a passé très très près de se faire virer de sa formation. Parce qu'il s'était AM en voyage d'étude, et que ca s'était su. Et qu'il fallait "protéger les autres étudiants de cette situation". Si ses parents et son psy n'avaient pas été à 100% derrière lui, il jartait...
Des exemples comme ça, je pourrais en citer encore pas mal d'autres.
Voilà pourquoi je réagis assez fortement quand on met dans la même phrase "peur" et "automutilation".
Un pote s'est fait refuser un poste de mono dans une colo. Parce qu'il avait des cicatrices (pourtant anciennes) d'AM.
Parce que "quand on s'AM, on n'est pas qqun de responsable, alors lui confier des enfants..."
Un ami proche a passé très très près de se faire virer de sa formation. Parce qu'il s'était AM en voyage d'étude, et que ca s'était su. Et qu'il fallait "protéger les autres étudiants de cette situation". Si ses parents et son psy n'avaient pas été à 100% derrière lui, il jartait...
Des exemples comme ça, je pourrais en citer encore pas mal d'autres.
Voilà pourquoi je réagis assez fortement quand on met dans la même phrase "peur" et "automutilation".
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: Mad Pride
16.02.15 12:53
Je ne pensais pas que ça allait aussi loin (et pourtant, je m'AM aussi...).
Ce que tu racontes Maître Yoda, je l'ai souvent vu vis à vis non de l'AM, mais de l'usage de drogues illicites (ça peut aller jusqu'au placement des enfants, non pas parce qu'ils/elles sont maltraité-e-s ou délaissé-e-s, mais simplement sur base de "les parents consomment des drogues illicites").
Ce que tu racontes Maître Yoda, je l'ai souvent vu vis à vis non de l'AM, mais de l'usage de drogues illicites (ça peut aller jusqu'au placement des enfants, non pas parce qu'ils/elles sont maltraité-e-s ou délaissé-e-s, mais simplement sur base de "les parents consomment des drogues illicites").
- MaitreYodaBleu⋅e
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Date d'inscription : 15/02/2015
Re: Mad Pride
16.02.15 13:31
C'est malheureusement fréquent, ouais. Que ca soit vis à vis de l'AM, vis à vis de la consommation de drogues, ou vis à vis des problèmes psy de manière générale : ca fait peur, donc la société projette sur les personnes concernées une prétendue "irresponsabilité"...
Sans vérifier plus loin que ca.
Parce que bon. Que y ait un peu une "vérification" des conditions de vie des enfants quand les parents sont dans une situation difficile : soit, c'est assez logique, et quelque part c'est important pour la protection de l'enfance.
Par contre, que d'emblée y ait une méfiance, et que tout soit interprété à la lumière de cette méfiance, ca craint vraiment.
Parce que bon. Si on veut observer des signes que qqun est un "mauvaise parent", on les trouves. Toujours. Parce que y a aucun parent parfait.
Donc si on va avec tout plein d'a priori vérifier la situation d'un enfant, on va FORCEMENT trouver des "signes inquiétants". Dans toutes les familles, en fait.
Mais on ne va vérifier avec ces a priori là que dans les familles déjà stigmatisées.
Sans vérifier plus loin que ca.
Parce que bon. Que y ait un peu une "vérification" des conditions de vie des enfants quand les parents sont dans une situation difficile : soit, c'est assez logique, et quelque part c'est important pour la protection de l'enfance.
Par contre, que d'emblée y ait une méfiance, et que tout soit interprété à la lumière de cette méfiance, ca craint vraiment.
Parce que bon. Si on veut observer des signes que qqun est un "mauvaise parent", on les trouves. Toujours. Parce que y a aucun parent parfait.
Donc si on va avec tout plein d'a priori vérifier la situation d'un enfant, on va FORCEMENT trouver des "signes inquiétants". Dans toutes les familles, en fait.
Mais on ne va vérifier avec ces a priori là que dans les familles déjà stigmatisées.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Mad Pride
16.02.15 14:16
Ca me fait penser à un truc que j'ai parfois entendu, et qui personnellement me blesse énormément (surtout quand ça sort de la bouche de quelqu'un que j'aime et estime, par exemple une infirmière psy amie de longue date de ma famille...) :
"Les toxicomanes, ils tueraient père et mère pour une dose."
Outre que c'est sous-entendre des choses ignobles vis à vis de ce que je pourrais faire à mes parents, c'est ultra-stigmatisant et absolument faux, bien sûr. On ne dirait pas ça d'un-e diébétique ("elle/il tuerait père et mère pour son insuline") alors que dans l'absolu, le/la diabétique aurait une raison supplémentaire à commettre un tel meurtre : sa vie en dépend ! Alors que bon, le manque d'héroïne, c'est très désagréable*, mais il n'y a pas de risque vital.
*Même si là aussi, c'est souvent exagéré dans les représentations qu'on en donne. Le syndrome de sevrage aux opiacés, c'est plus ou moins les mêmes symptômes qu'une grosse grippe : courbatures, fièvre, nez qui coule, fatigue, difficulté à dormir, douleurs de dos , diarrhée, nausée, vomissements. Pas de quoi tuer ses proches.
Mais en plus, ce que ce genre de préjugés risque d'amener, c'est dans le cas où effectivement un-e héroïnomane en viendrait à tuer son père et/ou sa mère.... Parce qu'après tout, ça peut arriver, dans le même pourcentage de risques que chez les non-héroïnomanes. Si l'assassin de son/ses parent-s n'est pas UD*, alors juge, avocats, procureur, journaliste, psy, etc, se demandent forcément "qu'est-ce qui l'a poussé-e à ce geste ? Quelles sont les potentielles circonstances atténuantes (parents maltraitant, incestueux/ses, violent-e-s, etc...) ? Dans quelle mesure est-ce qu'il peut s'agir d'un accident plutôt que d'un meurtre ?"
Mais si l'assassin est UD, il y aura de fortes chances pour que ces questions soient moins creusées, voire pas abordées du tout. Il/elle a tué son père/sa mère ? Pourquoi ? Ben parce qu'elle/il est "toxico" pardis !
Alors que si on remplace "être toxico" par "avoir la grippe", l'absurdité du raisonnement saute aux yeux.
Il/elle a tué son père/sa mère ? Pourquoi ? Ben parce qu'elle/il avait la grippe, pardis !
*UD : usager/ère de drogue(s). Ca a l'avantage d'être non stigmatisant et de ne pas sous-entendre que tout-e UD est dépendant-e, contrairement à "addict-e" ou pire "toxicomane" (qui en plus sous-entend qu'on s'auto-empoisonne, alors que bon... si je voulais me tuer, c'est pas de l'héro que je prendrais, mais plutôt du cyanure ou de la ciguë), sans compter les "toxico" (quand un médecin et/ou "spécialiste" utilise ce terme, méfiance ! Voir par exemple le psychiatre Francis Curtet...) et "junky" (qui signifie tout bonnement "déchet". J'avais un voisin - prof et traducteur d'anglais en plus - qui utilise constamment ce mot-là. Et qui d'ailleurs me méprise assez ouvertement).
Par extension UDVI = usager/ère de drogue(s) par voie intraveineuse.
EDIT : Sinon, ça fait quelques temps que j'ai très envie d'aller à la piscine, mais que je n'ose pas, par peur du regard des gens sur moi. Je crains même qu'on me foute dehors. Mes jambes ressemblent à des champs de batailles, entre les marques dues à l'AM (brûlures et coupures) et celles dues aux injections (traces de piqûres le long des veines, ce que les anglophones appelle le "trainspotting" et qui a donné son nom à un film célèbre, nombreux hématomes, cicatrices d'abcès et de petites nécroses, varicosités...). Sans compter mes poils qui moi ne me gênent pas, mais qui risquent d'attirer encore plus le regard et les jugements...
"Les toxicomanes, ils tueraient père et mère pour une dose."
Outre que c'est sous-entendre des choses ignobles vis à vis de ce que je pourrais faire à mes parents, c'est ultra-stigmatisant et absolument faux, bien sûr. On ne dirait pas ça d'un-e diébétique ("elle/il tuerait père et mère pour son insuline") alors que dans l'absolu, le/la diabétique aurait une raison supplémentaire à commettre un tel meurtre : sa vie en dépend ! Alors que bon, le manque d'héroïne, c'est très désagréable*, mais il n'y a pas de risque vital.
*Même si là aussi, c'est souvent exagéré dans les représentations qu'on en donne. Le syndrome de sevrage aux opiacés, c'est plus ou moins les mêmes symptômes qu'une grosse grippe : courbatures, fièvre, nez qui coule, fatigue, difficulté à dormir, douleurs de dos , diarrhée, nausée, vomissements. Pas de quoi tuer ses proches.
Mais en plus, ce que ce genre de préjugés risque d'amener, c'est dans le cas où effectivement un-e héroïnomane en viendrait à tuer son père et/ou sa mère.... Parce qu'après tout, ça peut arriver, dans le même pourcentage de risques que chez les non-héroïnomanes. Si l'assassin de son/ses parent-s n'est pas UD*, alors juge, avocats, procureur, journaliste, psy, etc, se demandent forcément "qu'est-ce qui l'a poussé-e à ce geste ? Quelles sont les potentielles circonstances atténuantes (parents maltraitant, incestueux/ses, violent-e-s, etc...) ? Dans quelle mesure est-ce qu'il peut s'agir d'un accident plutôt que d'un meurtre ?"
Mais si l'assassin est UD, il y aura de fortes chances pour que ces questions soient moins creusées, voire pas abordées du tout. Il/elle a tué son père/sa mère ? Pourquoi ? Ben parce qu'elle/il est "toxico" pardis !
Alors que si on remplace "être toxico" par "avoir la grippe", l'absurdité du raisonnement saute aux yeux.
Il/elle a tué son père/sa mère ? Pourquoi ? Ben parce qu'elle/il avait la grippe, pardis !
*UD : usager/ère de drogue(s). Ca a l'avantage d'être non stigmatisant et de ne pas sous-entendre que tout-e UD est dépendant-e, contrairement à "addict-e" ou pire "toxicomane" (qui en plus sous-entend qu'on s'auto-empoisonne, alors que bon... si je voulais me tuer, c'est pas de l'héro que je prendrais, mais plutôt du cyanure ou de la ciguë), sans compter les "toxico" (quand un médecin et/ou "spécialiste" utilise ce terme, méfiance ! Voir par exemple le psychiatre Francis Curtet...) et "junky" (qui signifie tout bonnement "déchet". J'avais un voisin - prof et traducteur d'anglais en plus - qui utilise constamment ce mot-là. Et qui d'ailleurs me méprise assez ouvertement).
Par extension UDVI = usager/ère de drogue(s) par voie intraveineuse.
EDIT : Sinon, ça fait quelques temps que j'ai très envie d'aller à la piscine, mais que je n'ose pas, par peur du regard des gens sur moi. Je crains même qu'on me foute dehors. Mes jambes ressemblent à des champs de batailles, entre les marques dues à l'AM (brûlures et coupures) et celles dues aux injections (traces de piqûres le long des veines, ce que les anglophones appelle le "trainspotting" et qui a donné son nom à un film célèbre, nombreux hématomes, cicatrices d'abcès et de petites nécroses, varicosités...). Sans compter mes poils qui moi ne me gênent pas, mais qui risquent d'attirer encore plus le regard et les jugements...
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: Mad Pride
16.02.15 16:11
Aucune idée. Mais je me vois très mal en combinaison non plus...
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
16.02.15 17:45
Antisexisme a écrit:Je continuerai d'être choquée par le désespoir intense de ces personnes.
D'un autre côté... les cicatrices peuvent dater de quelques années, le mal-être ne plus être d'actualité, ou encore la personne peut vivre avec un handicap psychique et recourir à l'AM sans avoir besoin d'attention par rapport à ça.
Si une personne est en fauteuil roulant, elle a plus besoin qu'on milite pour que les lieux publics lui soient accessibles plutôt qu'on lui dise "la pauvre", la réduisant à cela... (juste un exemple pour tenter d'expliquer mon propos, sans douter du bien fondé de ta compassion).
Quand je lis les derniers posts je me dis que je ne pourrais jamais rencontrer certaines membres ou alors seulement avec des gants. C'est d'ailleurs pour ça que beaucoup se mutilent à des endroits non visibles ou passent un temps non négligeable à chercher des moyens de le cacher quitte à porter des manches longues quand il fait 35 degrés.
Je comprend le choc, et quelque part heureusement qu'il existe sinon nous ne serions plus humain-es. Cependant ce truc dégueulasse et si peu regardable, ces choses honteuses à cacher, c'est une partie de mon corps, une partie de ma vie et le prix enduré pour faire partie du monde des vivants, les vestiges d'un combat dont je souhaite sortir vainqueure, le nier, c'est nier ce pour quoi je ne suis pas dans une boite en bois. Aussi la commodité d'autrui... j'ai du mal à comprendre en quoi ça me concerne.
Au delà de l'empathie n'est-elle pas là aussi car on est habitué à des représentations lisses dans l’esthétique du corps humain ?
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
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Re: Mad Pride
16.02.15 19:07
A propos du post de Shun, je me dis qu'il y a vraiment un sérieux problème.
Je veux dire... Si on interne les gens contre leur gré, c'est en principe parce qu'ils/elles sont considéré-e-s comme dangeureux/ses pour elles/eux-mêmes (ou pour les autres mais c'est rarissime).
Or si on interne ces gens contre leur gré, mais qu'ils et elles se retrouvent à se mutiler en se coupant profondément ou à se cogner la bouche au point de se casser les dents ou même à se pendre sans que personne ne soit là pour les en empêcher et résoudre le problème à la base de ces actes (c'est à dire l'angoisse ou le mal-être si forts que se faire très mal physiquement apaise la douleur psychique), c'est qu'il y a un sérieux problème : l'hôpital ne répond plus au besoin de pourquoi il est là. Oui, je sais, manque de moyens, manque de personnel, tout ça. Mais dans ce cas, pourquoi continuer à hospitaliser des gens contre leur gré si l'hôpital ne peut même pas leur apporter la sécurité vis à vis d'elle/eux-mêmes ? Alors que bon, même avec peu de personnel et de moyens, il est quand même possible, je pense, de réduire cette douleur d'exister, au minimum suffisamment pour que personne n'en arrive à de tels actes (médication, et puis, rêvons un peu, contention humaine, présence de quelqu'un pour écouter et recevoir cette douleur, etc).
Je trouve d'une aberration sans limite que d'un côté, la contention par liens et l'isolement existent encore, ainsi que la médication forcée et l'internement d'office ou à la demande d'un tiers, mais que dans le même temps, à l'hôpital même, on laisse des gens se mutiler gravement ou se suicider...
Ainsi l'HP ne serait plus qu'un lieu où l'on enferme les gens pour protéger les autres, c'est à dire un asile à la sauce 19ème siècle ? Un lieu sécuritaire mais même pas un minimum sécurisant...
Je veux dire... Si on interne les gens contre leur gré, c'est en principe parce qu'ils/elles sont considéré-e-s comme dangeureux/ses pour elles/eux-mêmes (ou pour les autres mais c'est rarissime).
Or si on interne ces gens contre leur gré, mais qu'ils et elles se retrouvent à se mutiler en se coupant profondément ou à se cogner la bouche au point de se casser les dents ou même à se pendre sans que personne ne soit là pour les en empêcher et résoudre le problème à la base de ces actes (c'est à dire l'angoisse ou le mal-être si forts que se faire très mal physiquement apaise la douleur psychique), c'est qu'il y a un sérieux problème : l'hôpital ne répond plus au besoin de pourquoi il est là. Oui, je sais, manque de moyens, manque de personnel, tout ça. Mais dans ce cas, pourquoi continuer à hospitaliser des gens contre leur gré si l'hôpital ne peut même pas leur apporter la sécurité vis à vis d'elle/eux-mêmes ? Alors que bon, même avec peu de personnel et de moyens, il est quand même possible, je pense, de réduire cette douleur d'exister, au minimum suffisamment pour que personne n'en arrive à de tels actes (médication, et puis, rêvons un peu, contention humaine, présence de quelqu'un pour écouter et recevoir cette douleur, etc).
Je trouve d'une aberration sans limite que d'un côté, la contention par liens et l'isolement existent encore, ainsi que la médication forcée et l'internement d'office ou à la demande d'un tiers, mais que dans le même temps, à l'hôpital même, on laisse des gens se mutiler gravement ou se suicider...
Ainsi l'HP ne serait plus qu'un lieu où l'on enferme les gens pour protéger les autres, c'est à dire un asile à la sauce 19ème siècle ? Un lieu sécuritaire mais même pas un minimum sécurisant...
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
16.02.15 19:53
C'est clair...
Je crois que c'est le bordel et que il y a de tout et que c'est une question de chance, de hasard, de fric et parfois de géographie (c'est à dire des moyens dont dispose la région, donc encore de fric ; parce qu'on cache aux patient-es qu'ielles ont le droit de changer d'établissement hors de leur secteur).
[TW suicide et tout ça]
Tout ça pour dire : les abus de contention et d'iso ça existe aussi et c'est tout aussi condamnable que la négligence. Lors d'une même hospi, enfermée en iso j'ai été témoin des cris que poussaient toute la journée certains qui voulaient sortir, et quand je suis sortie ça a été pour apprendre qu'une personne s'était pendu dans le parc, alors qu'elle était dans un cadre d'hospi beaucoup plus libre (logé dans le parc, carrément moins de surveillance etc).
[/TW]
Tout le monde sait que le mélange des patient-es est maltraitant ; la seule raison pour laquelle il existe c'est le manque de moyens et le peu de considération qu'on porte à la santé mentale (d'où le manque de moyens), tout simplement.
(Après ce que tu as dit par rapport aux psychoses je l'ai moi-même constaté et je suis d'accord).
Je crois que c'est le bordel et que il y a de tout et que c'est une question de chance, de hasard, de fric et parfois de géographie (c'est à dire des moyens dont dispose la région, donc encore de fric ; parce qu'on cache aux patient-es qu'ielles ont le droit de changer d'établissement hors de leur secteur).
[TW suicide et tout ça]
Tout ça pour dire : les abus de contention et d'iso ça existe aussi et c'est tout aussi condamnable que la négligence. Lors d'une même hospi, enfermée en iso j'ai été témoin des cris que poussaient toute la journée certains qui voulaient sortir, et quand je suis sortie ça a été pour apprendre qu'une personne s'était pendu dans le parc, alors qu'elle était dans un cadre d'hospi beaucoup plus libre (logé dans le parc, carrément moins de surveillance etc).
[/TW]
Tout le monde sait que le mélange des patient-es est maltraitant ; la seule raison pour laquelle il existe c'est le manque de moyens et le peu de considération qu'on porte à la santé mentale (d'où le manque de moyens), tout simplement.
(Après ce que tu as dit par rapport aux psychoses je l'ai moi-même constaté et je suis d'accord).
- Arrakis—
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Re: Mad Pride
16.02.15 20:03
Pour la peur de l'auto mutilation grave, je l'ai ressentie pour des proches, des proches (souvent les mêmes) l'ont ressentie pour moi... Et c'est tout à fait compréhensible quand on est seule avec la personne, qui n'est manifestement pas "aidée" par le personnel, je pense.
C'est mettre entre les mains d'un-e patient-e la sécurité d'un-e autre patient-e, la rendre de fait responsable de la vie de l'autre.
Je comprends que la description en termes de peur soit choquante / blessante ceci dit, mais le contexte "fait tout" pour engendrer cette réaction (la surprise, le poids de la responsabilité sus-citée, etc).
Ca me semble beaucoup plus compréhensible que les gens qui viennent poser des questions super personnelles et formuler des jugements à l'emporte pièce parce qu'ils ont vu les marques sur la peau d'une personne, pour comparer (je ne sais pas si ça vous est arrivé... Ca doit être le cas aussi pour les symptômes psychologiques je pense, j'ai également quelques souvenirs là-dessus).
EDIT : ça me fait bizarre de répondre là alors que depuis plusieurs pages, shun n'a pas répondu, qu'elle n'a donc pas pu préciser sa pensée/son contexte etc. Ca fait partie du "fonctionnement" d'un forum mais ça me titille un peu.
C'est mettre entre les mains d'un-e patient-e la sécurité d'un-e autre patient-e, la rendre de fait responsable de la vie de l'autre.
Je comprends que la description en termes de peur soit choquante / blessante ceci dit, mais le contexte "fait tout" pour engendrer cette réaction (la surprise, le poids de la responsabilité sus-citée, etc).
Ca me semble beaucoup plus compréhensible que les gens qui viennent poser des questions super personnelles et formuler des jugements à l'emporte pièce parce qu'ils ont vu les marques sur la peau d'une personne, pour comparer (je ne sais pas si ça vous est arrivé... Ca doit être le cas aussi pour les symptômes psychologiques je pense, j'ai également quelques souvenirs là-dessus).
EDIT : ça me fait bizarre de répondre là alors que depuis plusieurs pages, shun n'a pas répondu, qu'elle n'a donc pas pu préciser sa pensée/son contexte etc. Ca fait partie du "fonctionnement" d'un forum mais ça me titille un peu.
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
16.02.15 20:16
Ok, alors c'est moi qui étais complètement à côté de la plaque. Non évidemment je ne parlais pas de se blesser devant quelqu'un (quelle idée...), ni d'exposer aux regards une plaie ouverte ou de s'inquiéter pour l'intégrité physique de quelqu'un...
(moi aussi pour les animaux :/ )
(moi aussi pour les animaux :/ )
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
16.02.15 20:34
Je vais préciser mes propos vu que ça a généré un questionnement. Alors je précise à cette époque, je m'auto-détruisais beaucoup (conso de prod +++, alcool +++, relations sexuelles avec personnes à risque sans protection +++ etc ...). J'avais déjà un passé d'AM assez costaud (pas de scarif, mais de l'arrachage de peau direct à vif qui m'avait valu des renvois du collège puis du lycée, donc je connais bien le problème de l'exclusion).
Donc de ce côté, pas de soucis avec des cicatrices etc, d'ailleurs à moins qu'on m'invite à m'exprimer sur le sujet, je ne dis rien quand je les remarques, parce que c'est quelque chose de l'ordre de l'intime et que ça ne me regarde pas, sauf si c'est un proche, et que les blessures sont récentes, ce qui indique qu'il a peut-être besoin d'en parler (dans ce cas, je tends une perche au cas où la personne ait besoin de vider son sac), mais autrement non. C'est personnel.
Pour info, dans cet HP qui se trouve à Rouen, la visite psychiatrique c'était 15 min, une fois par semaine, avec un infirmière qui notait le comportement du malade pendant la séance.
D'ailleurs tout était noté aussi en dehors des séances :
- le nombre de fois où on va aux toilettes,
- le comportement alimentaire,
- le comportement avec les autres malades,
- l'intégration " sociale " en milieu HP,
- les occupations qu'on peut arriver à avoir (j'ai fini par jouer à la marchande avec des bouts de papier et des lettres de scrabble),
- si on prend les médicaments correctement,
- si on dort ou pas à l'heure (oui y a une heure genre 20h ou tu dois dormir, si tu dors pas, c'est le mal --> pas le droit de lire, pas le droit de regarder la télé, et tempi si tu te sens pas bien, angoissé, ou si t'as juste envie de pisser, et comme c'est mal, ça sera consigné, et rapporté au psychiatre, pour le jour ou t'as tes 15min de rdv),
- si on se lave,
- si on utilise des objets plutôt dangereux (genre un peigne, ou un sèche cheveux, ou une lime à ongle),
- à quelle heure on se lève, si la chambre est pas trop bordélique, d'ailleurs, les chambres sont inspectées tous les jours --> comme en prison (matelas, oreiller [quand t'as la chance d'en avoir un], couverture, armoire (oui celle la même dont tu gardes précieusement la clé dans ta chaussette nuit et jour et que malgré ça tes affaires disparaissent), recoins susceptible de planquer un truc interdit (grille d'aération, extracteur de fumée HS etc ...).
Inutile de dire, qu'avec moi ça c'est très mal passé :
- On m'a interdit de porter mes chaussures avec des lacets (risque de pendaison), donc j'étais pieds nus, vu que ben mes chaussure tenaient pas sans les lacets,
- On m'a interdit de porter mes vêtements, je devais porter une espèce de blouse, avec marqué dessus CENTRE PSYCHIATRIQUE donc si j'arrive à sortir, j'irais pas bien loin ...
- interdiction du téléphone,
- interdiction des visites
- et de tout ce qui possède un câble (y compris le mp3),
- interdiction de la musique,
- interdiction des activités " manuelles " (type scoubidou, perles de rocailles, etc ...),
- heure de tv règlementées.
- Pas trop le droit de rester devant une fenêtre trop longtemps (on risquait pourtant pas de se défenestrer, les fenêtres ne s'ouvrait pas et on était au RDC),
- hygiène dégueulasse (sang dans les douches, poils, cheveux, moisi).
- Pas de miroir (pour pas qu'on se blesse),
- savon " comestible ".
- Couverts en plastique, assiettes en plastique.
- Interdiction de sortir, évidemment, double sas d'entrée (comme dans les banques), pour éviter toute évasion.
Non vraiment, je n'ai absolument rien contre les malades, dont je plains sincèrement le sort. Je suis malade psychiatrique, même si je suis beaucoup plus stable qu'avant. Je n'ai pas peur des gens qui font de l'AM, j'ai plus peur pour eux (passé un certain stade que je juge dangereux pour le pronostique vital de la personne, ou au moins pour sa capacité à conserver un membre), et je ressens une douleur atroce parce que je me dis qu'en arriver à ce point, ça signifie une souffrance psychologique incommensurable, et que pour moi, il n'y a rien de pire sur terre que la souffrance psychologique.
Par contre, je n'ai jamais eu peur qu'ils me fassent du mal (ils en auraient été bien incapables je pense). J'aurais tellement voulu les aider, leur apporter un peu de soutien, mais j'étais tellement submergée par mes propres difficultés, celles de tous les malades qui m'assaillaient pour me parler des leurs, que j'étais à bout de nerfs, à bout de souffle. Je n'avais pas les moyens de porter tout ça, c'était vraiment trop lourd. Pourtant, j'étais tellement convaincue que ces personnes valaient la peine, d'être écoutées, entendues, soutenues, tellement convaincue, qu'avec des vrais soins, une vraie prise en charge leurs vies auraient pu s'améliorer, et qu'ils auraient peut-être moins eu de souffrance à supporter...
Ho non, vraiment, je n'aurais pour rien au monde voulu juger ces gens, pas après (ni même avant) ce que j'ai vu. Comment aurais-je pu ?
Cette prise de conscience en arrivant : je suis ici, parce que je suis comme eux ... J'en suis donc à ce point de désespérance ? De souffrance ? Et dire que je n'en avais même pas conscience.
C'était insupportable, il y avait une telle condensation de souffrance au m² que l'air était irrespirable.
Là franchement j'aurais eu besoin d'une personne dans un bon épisode maniaque. Ça m'aurait fait un bien fou.
... Voilà ce que ça a été. Et encore, je vous passe les techniques d'entretien psy... qui étaient d'une violence sans nom.
Voilà j'espère que ce que j'ai écrit ne choque personne, surtout pas les gens atteints de difficultés psy, car je suis moi même malade, et je ne hiérarchise pas les maladie psy, je pense qu'elles peuvent être complémentaires (dans le sens s'aider mutuellement à aller mieux, quand on les assortit bien) et qu'il y a un soignant pour gérer le groupe de manière à ne pas perdre de vue les objectifs (même si ils sont très simples, comme préparer le repas), parce que ça peut être très valorisant pour les malades.
Edit : désolée de mon temps de réponse, mais vous avez beaucoup posté, et j'ai énormément de boulot en ce moment (je dois faire dans les 46h semaine). Donc de ce côté, pas de soucis avec des cicatrices etc, d'ailleurs à moins qu'on m'invite à m'exprimer sur le sujet, je ne dis rien quand je les remarques, parce que c'est quelque chose de l'ordre de l'intime et que ça ne me regarde pas, sauf si c'est un proche, et que les blessures sont récentes, ce qui indique qu'il a peut-être besoin d'en parler (dans ce cas, je tends une perche au cas où la personne ait besoin de vider son sac), mais autrement non. C'est personnel.
- TW violence en HP:
- Ma voisine de chambre, celle dont je parlais des jambes : c'étaient des hématomes de pas loin de 10 cm de diamètre, pas du tout dus à de l'AM, c'était une femme battue par son conjoint, qui était arrivée là en urgence parce qu'elle " délirait " à cause des dernières violences conjugales. Elle portait aussi des stigmates osseux de violences plus anciennes qui avaient cassés des os qui s'étaient mal ressoudés (en faisant des bosses), parce qu'elle n'était pas allée voir de médecin (ce que je ne juge pas). Donc là ce n'est pas la peur de l'AM, c'est la peur de l'atrocité que subissait cette femme. C'est affreux. Horrible. Quand elle s'est déshabillée en parlant (en gros elle expliquait ce qui c'était passé, en me disant que c'était normal, parce que son mari était portugais), j'avais envie de dégueuler.
Pas parce que je la trouvais effrayante elle, mais ce qu'elle a subi, oui, je trouve ça très très effrayant, en fait pour moi ça ressemble juste à l'enfer (même si je crois pas en l'enfer, ni au paradis).
L'autre personne que j'ai vu qui d’auto-mutilait, étais une femme anorexique, sourde, elle était là pour sa 17ème tentative de suicide. Elle se taillait dans un endroit peu commun : les aisselles. Elle essayant de couper son bras (j'ai pas très bien compris pourquoi, parce que étant sourde, elle avait des difficultés d'articulation, et moi énormément de mal à me concentrer devant un charcutage atroce, dont elle ne semblait pas ressentir la douleur), c'était très impressionnant. Des morceaux de chair pendant, ça saignait partout. Et aucun soignant. Rien, le désert, juste moi, qui essayait de lui dire qu'il fallait qu'elle s'arrête, (désolée, hun, je respecte la volonté des malades psy, pas de soucis, mais j'avais pas vraiment envie qu'elle se désosse le bras quoi, je sais pas, elle aurait pu le regretter quand même, sans penser aux problèmes d'infection etc ... enfin, non, résolument, je peux pas regarder quelqu'un s'amputer sans rien faire quoi, c'est au delà de mes forces). J'essayais de lui parler, mais comme elle était sourde, et qu'elle ne me regardait pas, je n'arrivais pas à établir le contact. Et oui, je le reconnais, j'avais peur que si j'intervenais elle ne comprenne pas (la surdité n'aidant pas la communication) et qu'elle n'accepte pas mon intervention. J'ai cherché un soignant, mais je n'ai trouvé personne (inutile de dire, qu'on avait pas de sonnette pour appeler l'infirmière hun ...)
Ensuite, la dame dans les toilettes, je ne sais pas si c'était de l'AM, je ne crois pas, elle était très délirante, et je pense qu'elle essayait de " chasser " quelque chose qui l'habitait. Elle proférait des menaces, des injures etc ... à quelque chose qui semblait être en elle, et qu'elle voulait faire sortir en se tapant la tête. Très agressive, impossible d'intervenir (je pense d'ailleurs que ce n'est pas le rôle des malades quand même), elle m'aurait tapé, (elle avait déjà essayé à plusieurs reprises avant, elle me prenait visiblement pour quelqu'un d'autre, c'était une des raisons pour lesquelles je refusais le traitement --> baisse de vigilance = risques dans un univers hostile (que les violences viennent des malades ou du personnel).
Quant à ma meilleure amie, qui s'est retrouvée avec une pendue à coté de son lit ... heu je crois que normalement, même avec de la tolérance sur les maladie psy, et sans aucun jugement, le but, c'est quand même pas que les gens se tuent, tellement ils vont mal, (ou qu'ils s'amputent, ou qu'ils se fassent sauter le râtelier), donc bien sur, je ne porte pas de jugement sur cette personne tellement mal qu'elle en est morte, ni sur les autres malades que je viens de citer, mais plus sur le système qui les abandonne à une souffrance si terrible.
Pour info, dans cet HP qui se trouve à Rouen, la visite psychiatrique c'était 15 min, une fois par semaine, avec un infirmière qui notait le comportement du malade pendant la séance.
D'ailleurs tout était noté aussi en dehors des séances :
- le nombre de fois où on va aux toilettes,
- le comportement alimentaire,
- le comportement avec les autres malades,
- l'intégration " sociale " en milieu HP,
- les occupations qu'on peut arriver à avoir (j'ai fini par jouer à la marchande avec des bouts de papier et des lettres de scrabble),
- si on prend les médicaments correctement,
- si on dort ou pas à l'heure (oui y a une heure genre 20h ou tu dois dormir, si tu dors pas, c'est le mal --> pas le droit de lire, pas le droit de regarder la télé, et tempi si tu te sens pas bien, angoissé, ou si t'as juste envie de pisser, et comme c'est mal, ça sera consigné, et rapporté au psychiatre, pour le jour ou t'as tes 15min de rdv),
- si on se lave,
- si on utilise des objets plutôt dangereux (genre un peigne, ou un sèche cheveux, ou une lime à ongle),
- à quelle heure on se lève, si la chambre est pas trop bordélique, d'ailleurs, les chambres sont inspectées tous les jours --> comme en prison (matelas, oreiller [quand t'as la chance d'en avoir un], couverture, armoire (oui celle la même dont tu gardes précieusement la clé dans ta chaussette nuit et jour et que malgré ça tes affaires disparaissent), recoins susceptible de planquer un truc interdit (grille d'aération, extracteur de fumée HS etc ...).
Inutile de dire, qu'avec moi ça c'est très mal passé :
- On m'a interdit de porter mes chaussures avec des lacets (risque de pendaison), donc j'étais pieds nus, vu que ben mes chaussure tenaient pas sans les lacets,
- On m'a interdit de porter mes vêtements, je devais porter une espèce de blouse, avec marqué dessus CENTRE PSYCHIATRIQUE donc si j'arrive à sortir, j'irais pas bien loin ...
- interdiction du téléphone,
- interdiction des visites
- et de tout ce qui possède un câble (y compris le mp3),
- interdiction de la musique,
- interdiction des activités " manuelles " (type scoubidou, perles de rocailles, etc ...),
- heure de tv règlementées.
- Pas trop le droit de rester devant une fenêtre trop longtemps (on risquait pourtant pas de se défenestrer, les fenêtres ne s'ouvrait pas et on était au RDC),
- hygiène dégueulasse (sang dans les douches, poils, cheveux, moisi).
- Pas de miroir (pour pas qu'on se blesse),
- savon " comestible ".
- Couverts en plastique, assiettes en plastique.
- Interdiction de sortir, évidemment, double sas d'entrée (comme dans les banques), pour éviter toute évasion.
Non vraiment, je n'ai absolument rien contre les malades, dont je plains sincèrement le sort. Je suis malade psychiatrique, même si je suis beaucoup plus stable qu'avant. Je n'ai pas peur des gens qui font de l'AM, j'ai plus peur pour eux (passé un certain stade que je juge dangereux pour le pronostique vital de la personne, ou au moins pour sa capacité à conserver un membre), et je ressens une douleur atroce parce que je me dis qu'en arriver à ce point, ça signifie une souffrance psychologique incommensurable, et que pour moi, il n'y a rien de pire sur terre que la souffrance psychologique.
Par contre, je n'ai jamais eu peur qu'ils me fassent du mal (ils en auraient été bien incapables je pense). J'aurais tellement voulu les aider, leur apporter un peu de soutien, mais j'étais tellement submergée par mes propres difficultés, celles de tous les malades qui m'assaillaient pour me parler des leurs, que j'étais à bout de nerfs, à bout de souffle. Je n'avais pas les moyens de porter tout ça, c'était vraiment trop lourd. Pourtant, j'étais tellement convaincue que ces personnes valaient la peine, d'être écoutées, entendues, soutenues, tellement convaincue, qu'avec des vrais soins, une vraie prise en charge leurs vies auraient pu s'améliorer, et qu'ils auraient peut-être moins eu de souffrance à supporter...
Ho non, vraiment, je n'aurais pour rien au monde voulu juger ces gens, pas après (ni même avant) ce que j'ai vu. Comment aurais-je pu ?
Cette prise de conscience en arrivant : je suis ici, parce que je suis comme eux ... J'en suis donc à ce point de désespérance ? De souffrance ? Et dire que je n'en avais même pas conscience.
C'était insupportable, il y avait une telle condensation de souffrance au m² que l'air était irrespirable.
Là franchement j'aurais eu besoin d'une personne dans un bon épisode maniaque. Ça m'aurait fait un bien fou.
- Mon vécu au contact d'une schizophrène en HP:
- Et quand j'y repense, il y avait une schizophrène, jeune, elle avait - de 18 ans, et elle je l'aimais bien, elle était une des rares malades qui n'était pas abandonnée par sa famille, et sa famille lui apportait régulièrement des chocolats des trucs comme ça, et elle partageait, sans rien demander en échange. Elle aimait danser, même sans musique (d'ailleurs elle était surnommée la petite danseuse), et j'aimais bien danser avec elle, même si je n'entendais pas la musique qu'elle avait dans la tête, parce que ça lui faisait plaisir, et que son visage s'illuminait, et que c'était un rayon de soleil.
Mais voilà, le personnel soignant considérait ça comme déviant, lui donnait alors un traitement assommoir, pour qu'elle aille dormir. Et je ne voyais plus la petite danseuse. Alors je lui ai dit qu'on pouvait faire danser nos doigts comme des jambes, sur la table.
Je me suis faite épinglée comme menace subversive envers des malades particulièrement fragiles.
... Voilà ce que ça a été. Et encore, je vous passe les techniques d'entretien psy... qui étaient d'une violence sans nom.
- mon idée de la répartition des malades en HP, basée sur le coopératif, et l'inclusion:
- Non ce que je pense c'est qu'il faudrait répartir les malades plus équitablement, par exemple la petite danseuse, pour moi était un élément de réconfort, elle ne me gênait pas du tout, par contre elle gênait beaucoup d'autres malades qui avaient peur de ses pas (la nuit elle dansait dans sa chambre et on entendait le bruit de ses pas, ce qui effrayait beaucoup de malades qui l'évitaient), là je pense qu'on aurait eu, elle et moi, une spirale ascendante. D'autres malades ont beaucoup besoin de solitude parce qu'ils sont phobiques sociaux, d'autres sont très tactiles et proposent des massages, ce que je pense c'est qu'il aurait fallu organiser des groupes en fonction des affinités des patients, et de leur capacité à échanger des choses positives entre eux, éventuellement avec un soignant qui aurait pu aider à organiser le truc, ou à dépasser certaines appréhensions. Faut pas croire, certains malades psy, ont très peur d'autres malades, et vice versa, ce qui génère un climat de stress supplémentaire. Mais justement désamorcer cette peur de l'autre, par des activités en coopération, ça aurait pu être une idée à développer, ça aurait renforcé la cohésion des malades, et ça aurait pu les aider. Ça a été une de mes initiatives, de proposer des activités communes, mais j'ai été convoquée immédiatement, et mise en isolement.
Voilà j'espère que ce que j'ai écrit ne choque personne, surtout pas les gens atteints de difficultés psy, car je suis moi même malade, et je ne hiérarchise pas les maladie psy, je pense qu'elles peuvent être complémentaires (dans le sens s'aider mutuellement à aller mieux, quand on les assortit bien) et qu'il y a un soignant pour gérer le groupe de manière à ne pas perdre de vue les objectifs (même si ils sont très simples, comme préparer le repas), parce que ça peut être très valorisant pour les malades.
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
16.02.15 21:30
Euh... sérieusement ?shun a écrit:Ça a été une de mes initiatives, de proposer des activités communes, mais j'ai été convoquée immédiatement, et mise en isolement.
Je suis de plus en plus choqué par tout ce que tu raconte sur cet HP, un certain nombre de trucs sont communs mais d'autres sont pas mal hard, ça a dû être franchement horrible.
Il n'y a pas ou peu d'activités thérapeutiques dans les HP parce qu'ils n'ont pas les moyens, et c'est pour ça que ça se limite à du gardiennage médicamenteux.
Normalement il y a une commission interne que tu peux saisir avec un-e représentant-e des usagers, il faut vraiment qu'on mette qq chose en œuvre pour les gens connaissent leurs droits... (plus que la fiche des droits des personnes hospitalisées qui au final ne sert à rien). Enfin au stade que tu décris... ça me fait penser à cette phrase de Jean Oury : "Soigner les malades sans soigner l’hôpital, c'est de la folie".
- InvitéInvité
Re: Mad Pride
16.02.15 21:48
Oui, c'est tout à fait sérieux. Les violences vécues dans cette hôpital venaient surtout du personnel médical, qui profitait de l'état des patients, et surtout du fait qu'ils ne seraient pas crus, pour les maltraiter, voler leurs affaires (on avait fait des petits bijoux, avec des perles, le personnel soignant nous les a confisqués et on a vu les bijoux portés après par ces mêmes personnels devant nous).
Il fallait payer le personnel soignant pour avoir des cigarettes : 3x le prix du commerce.
Parfois ils monnayaient aussi des médicaments périmés à des malades " à croc ".
Bref, tu sais le chef de service a été mis en accusation pour vols aggravé : il prenait les clés des patients (celles de leur domicile, qu'on est obligé de remettre à son arrivée), et il allait visiter les logements, en prenant ce qui l'intéressait ...
C'est même paru dans le journal. Donc, je pense que le service où j'ai atterri, était vraiment un endroit ... spécial.
Il fallait payer le personnel soignant pour avoir des cigarettes : 3x le prix du commerce.
Parfois ils monnayaient aussi des médicaments périmés à des malades " à croc ".
Bref, tu sais le chef de service a été mis en accusation pour vols aggravé : il prenait les clés des patients (celles de leur domicile, qu'on est obligé de remettre à son arrivée), et il allait visiter les logements, en prenant ce qui l'intéressait ...
C'est même paru dans le journal. Donc, je pense que le service où j'ai atterri, était vraiment un endroit ... spécial.
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