[Article] Point de consentement

Voici une réflexion intéressante sur la notion de consentement et ses limites dans un monde patriarcal. Je mets en citation le paragraphe qui m'a le plus parlé.

Si en effet les femmes consentent aux désirs masculins par dépit ou défaut, c’est déjà un dévoiement substantiel de la valeur de leurs consentements. Mais pire en un sens que cela, pire parce que dissimulé, un autre dévoiement du consentement, c’est que les désirs des femmes s’alignent sur les désirs normatifs de la société, désirs sociétaux qui sont eux-mêmes andro-centrés parce que la société est patriarcale. Dans ce cas là, il serait résolument impossible pour les femmes de consentir librement parce qu’à la base même de leur pensée et de leur conception de la sexualité est quelque chose qui ne leur appartient pas et surtout qui a été mis là par des hommes qui n’ont pas les mêmes désirs et objectifs qu’elles. Les femmes qui consentent aux désirs des hommes par substitution de leurs propres désirs en désirs masculins, par force d’éducation patriarcale et/ou d’oppression sont donc condamnées dans leurs pensées mêmes à ne pouvoir trouver de porte de sortie. Le consentement devient donc un butoir plus que l’expression libératrice (autant que cela se peut) d’une personnalité pleinement consciente de tous les enjeux attachés à la sexualité dans un univers patriarcal.

Et en effet, quel valeur a notre consentement si nous le donnons par défaut, parce que nous avons intégré que les désirs de notre partenaire doivent lui être accordés ? À quoi consentons-nous vraiment, si nous ne savons pas qu'il existe une alternative ?

Je pense que là aussi une déconstruction est nécessaire. La femme qui donne son consentement, ne pourra le faire pleinement que si elle a pris conscience avant du contexte dans lequel elle le donne, et des influences extérieures et internalisées qui la poussent à le donner. Une fois cette prise de conscience faite, alors on peut donner, ou ne pas donner un consentement en conscience.
Ce n'est pas seulement valable pour la sexualité, mais pour tous les choix que l'on fait ...
Ce travail sur soi-même est long, difficile, implique une introspection et une analyse des relations que l'on entretient avec soi-même, avec les autres, et c'est pas toujours une partie de plaisir. Mais je pense que c'est le seul moyen de se respecter vraiment, et de ne pas choisir des chemins de " facilité " qui, si ils semblent plus simples sur le moment, s'avèrent néfastes sur le long terme.

En fait, je crois que c'est quasiment une philosophie de vie, une interrogation permanente de soi et des autres, un esprit critique permanent, une recherche d'identité, une quête de sens, bref ... En ce qui me concerne, ce choix de vie a changé bien des choses : notamment je n'éprouve plus ce fameux blues post-coïtal.