Vivre la cité en étant une femme
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- shunAncien⋅ne
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Date d'inscription : 10/04/2015
Vivre la cité en étant une femme
20.07.16 11:05
Fil divisé à partir de ce sujet.
Je suis ok pour essayer de casser les murs qui nous séparent, et surtout pour entendre les choses qu'on a éventuellement à me dire, ou me faire reprendre si je dis des bêtises ou si je m'exprime mal.
Il y a un sujet qui est au cœur de la problématique raciste, et sexiste que j'aimerais aborder, je vais mettre un spoiler car les violences dont je vais parler sont très fortes, et peuvent heurter.
Je suis ok pour essayer de casser les murs qui nous séparent, et surtout pour entendre les choses qu'on a éventuellement à me dire, ou me faire reprendre si je dis des bêtises ou si je m'exprime mal.
Il y a un sujet qui est au cœur de la problématique raciste, et sexiste que j'aimerais aborder, je vais mettre un spoiler car les violences dont je vais parler sont très fortes, et peuvent heurter.
- violences sexuelles dans les cités:
Bon ce n'est pas un scoop, être une femme dans les cités, c'est super dur, et ça quelque soit la couleur de peau. Que tu appartiennes à une communauté spécifique ou pas. Même si les problématiques ne sont pas les mêmes, et que les situations varient énormément d'une femme à l'autre.
Je vais quand même essayer de m'expliquer.
- soit tu appartiens à une minorité ethnique : tu dois te comporter selon les traditions / croyances / ce que le chef de ta minorité décide, sinon tu manges cher. Tu peux aussi te retrouver dans des conflits qui ne te concernent pas du tout, parce que c'est la position officielle de ta minorité contre un autre groupe.
- soit tu appartiens à un groupe religieux, là aussi il faut se comporter comme c'est indiqué sur la notice, et ne pas aspirer à la différence au sein de ton groupe.
- soit tu n'appartiens à aucun groupe particulier, ou pire tu es métisse de 2 cultures et là ça devient très compliqué de te situer, car personne n'accepte / ne reconnais ton identité.
C'est pour faire court, mais les enjeux sont plus complexes.
Évidemment dans la cité, les espaces publics sont encore plus masculinisés, et c'est encore plus difficile de circuler en sécurité pour les femmes, en particulier si tu es jeune.
J'ai vécu, et vu ceci (que je ne qualifie pas de racisme anti-blanches, mais effectivement comme une sorte de " retour de bâton " du racisme tout court).
Les jeunes filles blanches sont considérées dans la cité comme un véritable gibier, qu'il convient de chasser au sens propre. Dans mes amies blanches (mais pas nécessairement chrétiennes, dedans, il y avait d'autres religions notamment indoue) plusieurs ont été enlevées, séquestrées et violées dans les caves du quartier. Elles étaient automatiquement considérées comme des " putes " du fait d'être blanche et " à priori " non musulmanes et non chrétiennes (en fait ils en savaient rien du tout, et toute façon ça ne justifie rien).
Le but était de s'amuser, avant de se marier avec une fille sérieuse (comprendre une fille de la même religion, ou du même groupe ethnique, validée par la famille).
Ça encore, ça ne me surprend pas, et j'y vois effectivement un effet collatéral du racisme, et énormément de sexisme.
Ce qui m'a par contre tordu des boyaux, c'est ceci :
Parmi les jeunes filles racisées, et/ou affectées à une religions non majoritaire, il y avait un mécontentement très fort du fait que les filles blanches à priori sans religion, soient convoitées par des hommes de leur religion à elles, ou de leur ethnie (faut voir la gueule du privilège, mais bon, elles, elles le ressentaient comme ça).
Évidemment quand on est au lycée ou à la fac, des liens se tissent entre des personnes qui viennent de différents horizons, et j'ai été amenée à devenir copine avec des filles de toutes les couleurs, et de toutes les confessions (en fait à tort surement par méconnaissance, je faisais du blind color, en me disant, bhé, on s'en fout). Et quand j'ai commencé à comprendre où j'avais mis les pieds, je me suis sentie très très mal.
Un jour une copine de fac turque et musulmane s'est faite opérer du nez, je suis donc allée dans son quartier (une cité donc), pour lui apporter les cours, et prendre de ses nouvelles, c'était vraiment une bonne copine, je la respectait beaucoup. Pour trouver sa tour c'était pas évident, ça ressemblait à labyrinthe. Je me sentais suivie et épiée. On m'a demandé pourquoi je venais (des hommes évidemment), et où j'allais, et qui j'allais voir. Bon visiblement sa famille était respectée, on m'a laissé passer. Mais j'avais peur de ressortir. Elle m'a alors confié, que habituellement " les filles du bled ne sont jamais amies avec des blanches que pour les amener dans la cité dans des pièges pour que les garçons les attrapent et les enferment "
Je l'ai regardé sans comprendre, et elle m'a expliqué que les filles du quartier quand elles appartenaient à une minorité ethnique ou religieuse, ne supportaient pas que " leurs " hommes " baisent " avec des blanches, et que donc elles faisaient croire à des amitiés pour attirer les blanches dans le quartier pour qu'elles se fassent violer, pour être sures qu'elles n'aient plus aucun attrait et aucune valeur aux yeux de leurs hommes.
Plus la fille blanches était convoitée par les hommes (les critères de choix étant : être blanche, si possible blonde aux yeux clairs, être issue d'un quartier plus favorisé, fréquenter un établissement privé et/ou bien référencé, être dans une filière générale ou à la fac, être " jolie " selon des canons de beauté), plus elle avait de risques de se faire " arnaquer " dans une fausse relation amicale avec des filles de quartier (y compris des blanches, sans doute par affiliation au groupe, comme les mecs blancs des quartiers qui s'intégraient dans les bandes de minorité ethnique ou religieuse), et plus elle avait de risques aussi bien sur d'être agressée par ce type de prédateurs.
Mon amie indienne indoue et blanche aux yeux bleus, qui correspondait aux différents critères, à été attaquée par des filles de quartier avec de l'acide, lancé au visage (heureusement c'était de l'acide trouvé vraisemblablement dans un cours de chimie au collège ou au lycée, et il était relativement dilué, elle a été brulée au visage, mais pas défigurée).
Nous avons eu des altercations régulières avec des filles de minorités, qui nous insultaient ou essayaient de nous ramener à la cité.
J'ai été une fois amenée à la cité, mais j'ai eu énormément de chance, dans le troupeau de prédateurs, il y avait un garçon musulman qui était dans mon lycée, et il a dit que je lui appartenais et que les autres n'avaient pas le droit de me toucher. Ça m'a évité un viol collectif et plusieurs jours de séquestration, il est arrivé en cours de route, et donc avant qu'il n'arrive et qu'il intervienne, j'avais très très très peur, j'ai défoncé des portes, peine perdue, il y avait trop de mecs, et le dédale des caves jouait contre moi, ils devaient être une 20 aine.
Quand il m'a raccompagnée à la sortie de l'immeuble, il m'a dit " casse-toi, je veux jamais te revoir ici, dégage ", j'ai pas demandé mon reste, mais ... j'ai laissé une copine en bas ... elle avait fumé, et bu, je n'ai pas réussi à la faire sortir.
J'ai voulu remercier le gars qui m'avait apporté son aide, d'autant qu'il ne m'avait pas touchée ni rien, il m'avait juste dit " assieds toi sur mes genoux, et ne dis rien, contente toi de sourire ". Et il a fait comme si il ne m'avait jamais vu au lycée. Je n'ai pas insisté.
Mais ça a recommencé encore et encore, les agressions des autres filles, des mecs aussi qui essayaient de nous ramener, voir carrément de nous enfermer dans des lieux publics (toilettes etc ...), j'ai vraiment vécu ça comme un enfer, où même les femmes entre elles ne jouaient pas la carte de la solidarité.
Je pense que ce que j'évoque est complexe, d'un point de vue raciste, sexiste, classiste et religieux. Je n'ai jamais osé trop en parler, parce que j'avais peur que ce soit mal pris, alors que je voulais juste exprimer l'angoisse profonde que j'ai éprouvé à vivre dans ces conditions là. C'est tout.
Je voudrais essayer de comprendre comment s'imbriquent les oppressions pour arriver à cette situation désolante et affreuse.
- Zuul—
- Messages : 233
Date d'inscription : 08/05/2015
Re: Vivre la cité en étant une femme
20.07.16 13:03
@Shun je comprend que tu t'interroge mais je suis pas certaine que ca soit le bon fil de disussion pour aborder ces questions. Là encore le sujet va dévié sur les préoccupations des femmes blanches et finalement les femmes racisées (et discriminées socialement sur leur classe puisque tu parle des personnes racisées en cité) se trouvent plus ou moins à se justifié sur leur manque de loyauté avec les femmes blanches souvent aussi d'autre classe sociale.
Les jeunes femmes racisées des citées dont tu parle sont en plein conflit de loyauté. Doivent-elles soutenir plutot leurs frères de race et de classes ou leurs sœurs blanches ? En cité elle vivent plus avec les hommes de leur race/ethnie/classe sociale qu'avec les filles et femmes blanches.
Je ne veux pas défendre ces femmes dont tu parle @shun ni leur trouvé des excuses ou minimisé leurs implication dans les crimes que tu dénonce. Par contre ca me pause problème que ce sujet soit abordé dans une discussion initié par une femme racisée qui voudrais témoigné de la misogynoire qu'elle subit et cela même en hide. A mon avis il faudrait que cette discussion revienne à un point de vue centré sur les discriminations subits par les filles (et femmes) noires comme l'avais intitulé son auteure et qu'une autre soit ouverte pour ta question @shun et dans laquelle le témoignage de Nurja pourrais trouvé sa place. Car ce sont des questions et sujets centrées sur les filles et femmes blanches et les problèmes de sexisme qu'elles rencontrent avec la population racisées et prolétaire ce qui est différent des problèmes que voulait évoqué BlackSawn
Le comparaisons entre sexisme et racisme sont plutot à évité. J'ose quant même en faire une.
- Lorsqu'on parle des violences systémique subits par les femmes, et en particulier si on en parle dans un espace non sensibilisé (ici puisque c'est un espace féministe on est plutot à l'abri de ce problème), il y a toujours un homme qui va venir parlé des hommes battus. Et après cela la discussion se trouve centrée sur les hommes. Je pense qu'ici vous connaissez ce travers et vous comprendrez que c'est possible de parlé des effets du sexisme sur les hommes ou des hommes victimes de femmes violentes, mais qu'il faudra le faire ailleurs que dans une discussion sur la violence sexiste faite aux femmes. Et vous comprendrez aussi que le fait qu'un homme demande qu'on parle des violences faites aux hommes par des femmes (car ils ne parlent jamais des violences faites aux hommes par des hommes) est toujours suspect et risque facilement de tombé dans la validation du sexisme anti-homme.
- Lorsque l'on parle des violences subits par les femmes racisées, et en particulier si on en parle dans un espace non sensibilisé (ce qui est le cas de ce forum qui n'est pas spécialement sensibilisé aux questions raciales et semble majoritairement fréquenté par des femmes blanches), il y a toujours une femme blanche qui va venir parlé des femmes blanches victimes du sexisme des hommes racisés. Et après cela la discussion se trouve centré sur les femmes blanches. C'est ce qui se passe ici. Si vous voulez parler des problèmes de sexisme rencontré par les femmes blanches vis à vis des personnes racisées (les femmes aussi peuvent être sexistes, les femmes racisées comme toutes femmes) faites le d'une autre façon, dans une autre discussion. Vous êtes blanches et sans vous en rendre compte vous risquez de validé un discours de racisme anti-blancs et de silencier les femmes racisées.
Les jeunes femmes racisées des citées dont tu parle sont en plein conflit de loyauté. Doivent-elles soutenir plutot leurs frères de race et de classes ou leurs sœurs blanches ? En cité elle vivent plus avec les hommes de leur race/ethnie/classe sociale qu'avec les filles et femmes blanches.
Je ne veux pas défendre ces femmes dont tu parle @shun ni leur trouvé des excuses ou minimisé leurs implication dans les crimes que tu dénonce. Par contre ca me pause problème que ce sujet soit abordé dans une discussion initié par une femme racisée qui voudrais témoigné de la misogynoire qu'elle subit et cela même en hide. A mon avis il faudrait que cette discussion revienne à un point de vue centré sur les discriminations subits par les filles (et femmes) noires comme l'avais intitulé son auteure et qu'une autre soit ouverte pour ta question @shun et dans laquelle le témoignage de Nurja pourrais trouvé sa place. Car ce sont des questions et sujets centrées sur les filles et femmes blanches et les problèmes de sexisme qu'elles rencontrent avec la population racisées et prolétaire ce qui est différent des problèmes que voulait évoqué BlackSawn
Le comparaisons entre sexisme et racisme sont plutot à évité. J'ose quant même en faire une.
- Lorsqu'on parle des violences systémique subits par les femmes, et en particulier si on en parle dans un espace non sensibilisé (ici puisque c'est un espace féministe on est plutot à l'abri de ce problème), il y a toujours un homme qui va venir parlé des hommes battus. Et après cela la discussion se trouve centrée sur les hommes. Je pense qu'ici vous connaissez ce travers et vous comprendrez que c'est possible de parlé des effets du sexisme sur les hommes ou des hommes victimes de femmes violentes, mais qu'il faudra le faire ailleurs que dans une discussion sur la violence sexiste faite aux femmes. Et vous comprendrez aussi que le fait qu'un homme demande qu'on parle des violences faites aux hommes par des femmes (car ils ne parlent jamais des violences faites aux hommes par des hommes) est toujours suspect et risque facilement de tombé dans la validation du sexisme anti-homme.
- Lorsque l'on parle des violences subits par les femmes racisées, et en particulier si on en parle dans un espace non sensibilisé (ce qui est le cas de ce forum qui n'est pas spécialement sensibilisé aux questions raciales et semble majoritairement fréquenté par des femmes blanches), il y a toujours une femme blanche qui va venir parlé des femmes blanches victimes du sexisme des hommes racisés. Et après cela la discussion se trouve centré sur les femmes blanches. C'est ce qui se passe ici. Si vous voulez parler des problèmes de sexisme rencontré par les femmes blanches vis à vis des personnes racisées (les femmes aussi peuvent être sexistes, les femmes racisées comme toutes femmes) faites le d'une autre façon, dans une autre discussion. Vous êtes blanches et sans vous en rendre compte vous risquez de validé un discours de racisme anti-blancs et de silencier les femmes racisées.
- IridaceaAncien⋅ne
- Messages : 2950
Date d'inscription : 12/05/2015
Re: Vivre la cité en étant une femme
20.07.16 13:45
Je propose qu'on ouvre un fil sur les violences sexuelles dans les cités pour mieux séparer les sujets. C'est effectivement dommage de mélanger les thèmes au sein d'un même fil.
- shunAncien⋅ne
- Messages : 637
Date d'inscription : 10/04/2015
cité
20.07.16 13:56
Oui je comprends bien, et justement c'est pour ça que j'avais proposé qu'on ouvre un fil pour pouvoir poser nos questions qui ont trait au racisme (comme tu le disais plus " un effet collatéral "), mais sans forcément être concernée par le racisme en lui même.
Mon but n'était clairement pas de remettre en question le racisme, ou de prouver du racisme anti-blanc, mais de comprendre les mécanismes qui sous-tendent le racisme tout court, et qui permettent à toutes les expressions du racisme (y compris collatéral) de s'exprimer.
Ce que je voulais montrer c'est que le sexisme, et le fait de subir cette oppression augmente encore plus les effets négatifs d'autres oppressions systémiques, en gros les oppressions ne se contentent pas de s'additionner (genre tu es une femme + noire + jeune + malade + ...), et que la sommes des oppressions n'est pas égale à l'oppression globale que subit une personne, il y a une sorte de coefficient multiplicateur aggravant.
Si tu veux à l'echelle individuelle, je ne peux pas piffrer ces filles et ce qu'elles m'ont fait à moi et à d'autres, mais à une echelle plus grande, je trouve que c'est le racisme et le sexisme qui les conduit à se sentir dévalorisées (et je trouve que le mot " sentir " n'est pas adapté, parce que ça introduit une notion de subjectivité, qui n'est à mon avis, pas réelle) et à ne pas trouver de place digne de ce nom dans la société.
Il y a un vrai problème de classisme, de sexisme, et de racisme dans ce que j'ai expliqué, et pour moi l'expérience de ces filles de cité, est tout aussi valable que celles d'autres personnes racisées. Je ne défends évidemment pas leurs actes, mais ils ont été motivés par des raisons bien précises, et ce sont ces raisons qui m'intéressent.
Les actes en eux-mêmes, je vais pas dire que je m'en fous, mais c'est ce qui a amené ces filles à établir ces " stratagèmes de survie " qui m'interroge. Exactement comme certaines femmes ont des stratégies sexistes pour des raisons de survie.
Tu comprends ce que je veux dire ? En fait, ce que j'ai exposé, je n'ai pas voulu l'exposer en tant que victime, même si je parle de choses sordides et condamnables, ce que j'ai voulu exposer, c'est l'impasse (dont tu parles justement en parlant de conflit de loyauté notamment) dans laquelle ces filles se trouvent et comment c'est construite cette impasse, avec quels mécanismes d'oppression etc ... pour comprendre.
Je cherche vraiment à comprendre, pas à jeter des pierres, ou à dire que nous aussi les blanches, on vit le racisme structurel. Je cherche à démonter une histoire, l'histoire des femmes racisées dans les cités, pour pouvoir essayer de trouver des clés de communication, comprendre leur réalité, avoir conscience des enjeux pour elle, et trouver des réponses de " blanche " adaptées quand je suis prise à partie. Tu comprends ma démarche ?
Justement, je ne souhaite absolument pas être cantonnée à une expérience de racisme collatéral vécu par une blanche, bien au contraire, ce qui est central pour moi, n'est pas ce racisme collatéral, mais bien l'oppression que vivent les femmes racisées dans les cités qui les amènent à des stratégie de survie qui dépasse l'entendement. C'est leur vécu à elles qui m'intéresse. Je ne sais pas si je suis bien claire ...
Mon but n'était clairement pas de remettre en question le racisme, ou de prouver du racisme anti-blanc, mais de comprendre les mécanismes qui sous-tendent le racisme tout court, et qui permettent à toutes les expressions du racisme (y compris collatéral) de s'exprimer.
Ce que je voulais montrer c'est que le sexisme, et le fait de subir cette oppression augmente encore plus les effets négatifs d'autres oppressions systémiques, en gros les oppressions ne se contentent pas de s'additionner (genre tu es une femme + noire + jeune + malade + ...), et que la sommes des oppressions n'est pas égale à l'oppression globale que subit une personne, il y a une sorte de coefficient multiplicateur aggravant.
Si tu veux à l'echelle individuelle, je ne peux pas piffrer ces filles et ce qu'elles m'ont fait à moi et à d'autres, mais à une echelle plus grande, je trouve que c'est le racisme et le sexisme qui les conduit à se sentir dévalorisées (et je trouve que le mot " sentir " n'est pas adapté, parce que ça introduit une notion de subjectivité, qui n'est à mon avis, pas réelle) et à ne pas trouver de place digne de ce nom dans la société.
Il y a un vrai problème de classisme, de sexisme, et de racisme dans ce que j'ai expliqué, et pour moi l'expérience de ces filles de cité, est tout aussi valable que celles d'autres personnes racisées. Je ne défends évidemment pas leurs actes, mais ils ont été motivés par des raisons bien précises, et ce sont ces raisons qui m'intéressent.
Les actes en eux-mêmes, je vais pas dire que je m'en fous, mais c'est ce qui a amené ces filles à établir ces " stratagèmes de survie " qui m'interroge. Exactement comme certaines femmes ont des stratégies sexistes pour des raisons de survie.
Tu comprends ce que je veux dire ? En fait, ce que j'ai exposé, je n'ai pas voulu l'exposer en tant que victime, même si je parle de choses sordides et condamnables, ce que j'ai voulu exposer, c'est l'impasse (dont tu parles justement en parlant de conflit de loyauté notamment) dans laquelle ces filles se trouvent et comment c'est construite cette impasse, avec quels mécanismes d'oppression etc ... pour comprendre.
Je cherche vraiment à comprendre, pas à jeter des pierres, ou à dire que nous aussi les blanches, on vit le racisme structurel. Je cherche à démonter une histoire, l'histoire des femmes racisées dans les cités, pour pouvoir essayer de trouver des clés de communication, comprendre leur réalité, avoir conscience des enjeux pour elle, et trouver des réponses de " blanche " adaptées quand je suis prise à partie. Tu comprends ma démarche ?
Justement, je ne souhaite absolument pas être cantonnée à une expérience de racisme collatéral vécu par une blanche, bien au contraire, ce qui est central pour moi, n'est pas ce racisme collatéral, mais bien l'oppression que vivent les femmes racisées dans les cités qui les amènent à des stratégie de survie qui dépasse l'entendement. C'est leur vécu à elles qui m'intéresse. Je ne sais pas si je suis bien claire ...
Edit : oki pour l'ouverture du fil sur la violence dans les cités. Peut être ce sera plus adapté pour discuter, mon but n'étant évidemment pas de faire taire les personnes racisées. Au contraire, j'ai plein de choses à apprendre.
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Vivre la cité en étant une femme
24.07.16 20:32
Dihya a écrit: Concernant les quartiers, je pense que la situation est catastrophique, on pourra pas avancer rapidement, ça va être long et compliqué.
Il me semble que tu ne réponds pas à la question initiale :
Est-ce qu'il y a d'autres femmes noires ici qui ressentent que certains hommes blancs les approchent uniquement par une curiosité malsaine, exotisme, fantasme sexuel?
Je ne comprends pas pourquoi tu parles des rapports sociaux entre personnes racisées dans les quartiers. Peux-tu justifier le lien avec la question parce que je ne comprends vraiment pas ?
Aussi, il me semble que tu opères un raccourci entre personne racisée = quartier/cité sans que ce ne soit très clair. Attention, je ne nie pas qu'une partie de la population racisée vit dans ces zones là et je ne nie pas la violence qui y a lieu...mais ça mérite d'être précisé à mon sens. J'ai l'impression que c'est comme si tu disais que tous les arabes sont des voleurs et que tu basais ton argumentation là dessus. Toutes les personnes racisées (noir.es, maghrébin.es, asiatiques, turcs etc...) ne vivent pas dans des quartiers, ce n'est donc pas nécessairement une évidence de faire le lien à mon sens.
Ce fil parle davantage du regard que portent les personnes non racisées sur les personnes racisées et en particulier les hommes envers les femmes. Il est question du croisement entre racisme et de sexisme (reprenez moi si je me trompe).
La violence dans les quartiers avec toutes ses anecdotes terribles et glauques me semble vraiment être un sujet qui mérite d'être abordé dans un autre fil.
- SuperBulleBleu⋅e
- Messages : 96
Date d'inscription : 10/05/2016
Re: Vivre la cité en étant une femme
24.07.16 20:51
Je pense qu'ouvrir un post sur la situation des femmes en cité peut-être intéressant. En fait d'après ce que je lis ici, c'est peut-être même nécessaire (j'avoue être très choquée, je vais dans un collège de cité et je n'ai jamais vu de trucs comme ça, après je n'ai jamais vécu en cité depuis mes trois ans donc je me permettrais pas de dire que je m'y connais)
Parce que là c'est vrai qu'on dérive du sujet initial depuis deux pages ^^
Concernant le sujet initial ben je dois avouer que je n'ai pas grand chose à ajouter, vu que je n'ai jamais vécu d'être objectifiée pour ma couleur de peau (en même temps j'ai seulement 15 ans xD). Je sais que ce genre de comportements existe et je soutiens celles qui l'ont subi, mais je n'ai rien de pertinent à ajouter.
Parce que là c'est vrai qu'on dérive du sujet initial depuis deux pages ^^
Concernant le sujet initial ben je dois avouer que je n'ai pas grand chose à ajouter, vu que je n'ai jamais vécu d'être objectifiée pour ma couleur de peau (en même temps j'ai seulement 15 ans xD). Je sais que ce genre de comportements existe et je soutiens celles qui l'ont subi, mais je n'ai rien de pertinent à ajouter.
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Vivre la cité en étant une femme
24.07.16 21:00
@Dihya Oui c'est indéniable que dans certains milieux, la mixité n'est pas flagrante.
Mais tu opères une confusion assez dangereuse lorsque tu sembles parler des femmes des cités pour parler des femmes racisées en général. Non seulement ça nous (je dis nous parce que nous sommes toutes les deux racisées) cantonne à rester bloquées dans une situation sociale unique mais en plus ça invisibilise les autres et les souffrances qu'elles peuvent vivre. Je comprends que tu veuilles parler de ton expérience personnelle, et je n'ai aucun problème avec ça mais c'est plus prudent à mon sens de ne pas faire de généralités et de justifier tes propos.
Par ailleurs, les rapports sociaux des femmes racisées avec les personnes (les hommes) de la même ethnie (dans les quartiers et en dehors) c'est un sujet qui n'a rien, mais alors rien à voir avec le racisme. Mais ce serait très intéressant d'en parler dans un autre fil s'il n'existe pas déjà !
Mais tu opères une confusion assez dangereuse lorsque tu sembles parler des femmes des cités pour parler des femmes racisées en général. Non seulement ça nous (je dis nous parce que nous sommes toutes les deux racisées) cantonne à rester bloquées dans une situation sociale unique mais en plus ça invisibilise les autres et les souffrances qu'elles peuvent vivre. Je comprends que tu veuilles parler de ton expérience personnelle, et je n'ai aucun problème avec ça mais c'est plus prudent à mon sens de ne pas faire de généralités et de justifier tes propos.
Par ailleurs, les rapports sociaux des femmes racisées avec les personnes (les hommes) de la même ethnie (dans les quartiers et en dehors) c'est un sujet qui n'a rien, mais alors rien à voir avec le racisme. Mais ce serait très intéressant d'en parler dans un autre fil s'il n'existe pas déjà !
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Vivre la cité en étant une femme
24.07.16 21:19
Pas de soucis @Dihya Je ne te demande pas d'être sociologue, juste de ne pas faire de ton expérience une généralité et de faire des raccourcis qui peuvent être maladroits ou blessants.
Pour reprendre ton exemple :
Tu connais des femmes racisées dans des beaux quartiers, ça ne veut pas dire que ça se passe comme ça pour toutes les femmes racisées dans les beaux quartiers.
Pour reprendre ton exemple :
Tu connais des femmes racisées dans des beaux quartiers, ça ne veut pas dire que ça se passe comme ça pour toutes les femmes racisées dans les beaux quartiers.
- shunAncien⋅ne
- Messages : 637
Date d'inscription : 10/04/2015
Vivre la cité en étant une femme
24.07.16 21:36
Suite au débordement du topic " les filles noires ", je lance celui-ci afin d'éviter de mélanger les 2 sujets. Je pense qu'il peut-être utile de préciser si l'on est racisée ou pas, afin de faciliter la lecture des posts, et parce que effectivement, le traitement des femmes diffère fortement selon qu'elles sont racisées ou pas dans ce contexte précis.
Si je m'exprimer mal, n'hésitez pas à me corriger, on peut voir pour une reformulation si je suis maladroite.
Si je m'exprimer mal, n'hésitez pas à me corriger, on peut voir pour une reformulation si je suis maladroite.
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Vivre la cité en étant une femme
24.07.16 21:50
Je ne suis pas concernée par le sujet puisque je n'ai jamais connu la cité. Je propose toutefois un documentaire diffusé il y a deux ans sur France 4 et qui peut apporter quelques éléments de réponses ! Ca s'appelle "L'amour en cité" pour celles/ceux qui connaissent.
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