Quelques ressources pour le débat sur la prostitution
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Un article intéressant, qui décrypte les reproches faits à l'abolitionnisme
http://scenesdelavisquotidien.com/2015/06/29/prostitution-et-engagement-profeministe/
http://scenesdelavisquotidien.com/2015/06/29/prostitution-et-engagement-profeministe/
- InvitéInvité
Un article qui a été partagé sur un autre forum : https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2015/05/21/et-je-suis-ecoeuree-de-vous-les-partisans-de-la-prostitution-huschke-mau-survivante/
Nurja a écrit:Un article qui a été partagé sur un autre forum : https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2015/05/21/et-je-suis-ecoeuree-de-vous-les-partisans-de-la-prostitution-huschke-mau-survivante/
Un autre texte de Huschke Mau
À propos de l’amour de la gauche pour la prostitution – Lettre ouverte de femmes qui en sont sorties
Par Huschke Mau et huit autres femmes sorties de la prostitution.
Lettre ouverte aux Jeunesses de gauche unies de Brême (« Bremer Linksjugend-solid »), une organisation jeunesse officielle du parti allemand de la gauche radicale, en ce qui concerne leur prise de position « Solidarité avec les travailleurs et travailleuses du sexe* – Non à la nouvelle loi sur la protection des personnes prostituées – Non au paternalisme et à l’hétéronomie dans l’industrie des services sexuels » (« Solidarität mit Sexarbeiter * innen – Nein zum neuen Prostituiertenschutzgesetz – Nein zu Bevormundung und Fremdbestimmung im sexuellen Dienstleistungsgewerbe »).
[Initialement publié en allemand sous le titre « Die Linke Freude an der Prostitution – Huschke Mau une Bremer Linksjugend die » sur le site Web sisters-ev.de, le 21 avril 2016.]
Aux membres des Jeunesses de gauche unies,
Je veux qu’il soit clair que je m’adresse à ceux et celles d’entre vous qui ont voté pour la proposition « Solidarité avec les travailleurs du sexe – Non à la nouvelle loi sur la protection des prostituées – Non au paternalisme et à l’hétéronomie dans l’industrie des services sexuels », lors du meeting fédéral de l’organisation Jeunesses de gauche unies des 8 et 9 avril 2016. Je suppose que cela ne signifie pas la totalité d’entre vous, ce qui suggère qu’il y a encore de l’espoir.
Je suis une ancienne « travailleuse du sexe », comme vous nous appelez; j’ai lu votre proposition, et je voudrais vous dire exactement ce que je pense de la « solidarité » que vous nous offrez dans ce document.
Tout d’abord, il est rassurant que vous l’ayez signée comme Jeunesses de gauche. Parce que lorsque j’ai lu l’expression « industrie des services sexuels », j’étais sûre pendant un instant que le FDP [le parti allemand du libertarisme économique] était revenu d’entre les morts.
Mais j’ai vraiment apprécié que vous preniez position contre « l’hétéronomie », le pouvoir des autres sur nos vies. Malheureusement, en lisant cette proposition, j’ai dû me rendre à l’évidence que vous n’aviez pas compris que « l’autre » qui a le pouvoir sur les personnes qui sont dans la prostitution est le prostitueur, au sens que cette caractéristique est INHÉRENTE AU SYSTÈME : il veut du sexe, je n’en veux pas réellement, j’ai simplement besoin d’argent et donc je consens à cette hétéronomie par coercition. C’est aussi simple que cela.
Vous écrivez :
« Même si le travail sexuel est établi depuis longtemps comme service commercial dans notre société et qu’il est considéré comme légal en République fédérale allemande depuis 2002, les travailleuses et travailleurs du sexe demeurent gravement stigmatisés dans leur vie privée et professionnelle. »
Je suis tout simplement abasourdie que vous décriviez l’acte de prostitution comme une « profession » et un « service ». La sexualité est la sphère la plus intime de l’être humain. Pouvons-nous conserver au moins cela, s’il vous plaît, ou devons-nous laisser chaque partie de nous-mêmes être complètement réifiée et commercialisée? Depuis quand la gauche se fait-elle le champion de la vente de tout désir humain? Vous qualifiez le sexe de service, comme s’il était possible de le séparer du soi, du corps, de la personne; comme si vous pouviez simplement le peler, le mettre dans une jolie petite boîte sur le comptoir d’une boutique, et puis un type se présente, me tend 50 euros et repart avec le service sexuel. Est-ce bien la façon dont vous imaginez cela? Vraiment? Vous parlez même de « mauvaises conditions de travail »; croyez-vous réellement que les violences dont nous avons souffert et dont tant d’entre nous souffrent encore sont en quelque sorte améliorées si on nous donne un joli « lieu de travail », comme vous dites? Des « conditions de travail »? Mais de quoi parlez-vous? Dans quelles conditions la violence que nous infligent les prostitueurs est-elle acceptable à vos yeux? Ou ne la voyez-vous tout simplement pas comme une violence, en ignorant ce que vous disent les personnes sorties de la prostitution et les chercheuses et chercheurs en traumatologie? Soixante-huit pour cent de toutes les personnes prostituées souffrent de troubles de stress post-traumatique, et cela sans compter la dépression, la toxicomanie, et les troubles de personnalités limites et les psychoses. Pensez-vous que ces choses ne sont que le résultat de « mauvaises conditions de travail »? Chacune des femmes qui en sont sorties que je connais décrit ce qu’elle a vécu dans la prostitution comme une violence sexuelle. Que nous ayons toléré cette violence sexuelle ou ayons été forcées de le faire ne la transforme pas en profession!
Et puis vous continuez à propos de la stigmatisation, en disant que nous ne devons pas être stigmatisé.e.s. Je suis d’accord avec vous sur ce point, mais je dois souligner que ce n’est pas le stigmate qui nous viole, nous agresse et nous tue. Ce sont les prostitueurs. Malheureusement, vous tirez des conclusions erronées de l’exigence que les personnes prostituées ne soient pas stigmatisées.
Vous écrivez :
« Cette [stigmatisation] s’exprime dans un manque de reconnaissance de leur profession. »
Pour être clair, ce que vous demandez est essentiellement que la violence à l’encontre des femmes prostituées devienne normale. Vous voulez qu’elle devienne un emploi. Vous voulez que la violence devienne ACCEPTABLE. En bref, vous vous battez pour le droit des femmes à qualifier d’emploi la souffrance de la violence sexuelle. Ou mieux : Vous vous battez pour le droit des hommes à violenter des femmes et à minimiser cette violence en la qualifiant de « travail ».
Une autre chose que je ne comprends pas est tout votre discours sur « le travail du sexe comme choix personnel ». Toutes les femmes prostituées que je connais ont « choisi » la prostitution parce qu’elles ne voyaient pas d’autre option. Comment pouvez-vous interpréter cela comme un choix personnel? Est-ce parce que je peux choisir, AU SEIN DE LA PROSTITUTION, entre seulement faire des fellations avec un préservatif (et perdre mon revenu en raison du « choix personnel » de toutes les femmes de l’Europe du Sud) et juste prendre toutes ces bites dans la bouche sans la moindre protection, parce que c’est la norme? Tout un choix personnel!
Notre problème n’est pas le « manque de reconnaissance de la profession », notre problème est la « profession » elle-même! Neuf prostituées sur dix la quitteraient immédiatement si elles le pouvaient. À quoi diable sert votre baratin sur la reconnaissance de la profession?!
Tout votre manifeste donne l’impression d’avoir été rédigé par le lobby pro-prostitution, et cela semble effectivement être le cas. Vous vous référez au BESD [Berufsverband erotische und sexuelle Dienstleistungen e.V .; soit « l’Association professionnelle pour les services érotiques et sexuels »] comme « syndicat de travailleuses et de travailleurs du sexe ». Vous rendez-vous compte que cette organisation ne représente que 0,01% des personnes prostituées en Allemagne? Et de quel genre de syndicat des personnes prostituées parlons-nous s’il comprend les propriétaires de bordels? Des exploiteurs qui créent un « syndicat » pour représenter les travailleuses et travailleurs? Voilà bien le syndicat le plus étrange dont j’aie jamais entendu parler. Qui avez-vous consulté en fait? En dehors des propriétaires de maisons closes comme Fricke et de propriétaires d’agences d’escorte comme Klee? Quelles sont les sources de renseignements sur lesquelles vous fondez, en fait, vos décisions? Si votre prochain projet concerne le racisme, irez-vous consulter les néonazis?
Le paragraphe suivant me fait douter que vous possédiez la moindre capacité de réfléchir à ce sujet ou sur toute autre question. Vous écrivez :
« En plus de ces revers juridiques, il y a beaucoup de victimisation et de paternalisme à l’égard des travailleuses et travailleurs du sexe, même au sein de la gauche sociale. »
Je me demande qui victimise les femmes prostituées – les prostitueurs qui nous agressent ou les personnes qui font état de ces agressions? Si vous voulez nous empêcher de devenir des victimes, abolissez le statut de prostitueur! Ou peut-être voulez-vous simplement que les gens arrêtent de DIRE que des préjudices nous sont imposés dans et par la prostitution? Si tel est le cas, veuillez vous contenter de dire cela et cessez de prétendre que les personnes qui reconnaissent la prostitution comme inhumaine nous victimisent en quelque sorte – ce ne sont pas ELLES qui le font.
Ensuite, vous écrivez :
« Ainsi, certains éléments de la gauche ont à plusieurs reprises réclamé une « abolition totale de la prostitution » ou le soi-disant progressiste « modèle suédois », en affirmant que le travail du sexe/la prostitution est l’expression ultime du patriarcat. »
Laissez-moi tirer cela au clair : parce que cette phrase donne l’impression que vous ne croyez PAS que la prostitution est une expression du patriarcat. Si elle ne l’est pas, de quoi s’agit-il alors? Pourquoi 98% de toutes les personnes prostituées sont-elles des femmes et presque 100% des prostitueurs, des hommes? Mais ne dites surtout pas que c’est parce que nous vivons dans un patriarcat?
Puis, vous dites :
« Oui, le travail du sexe se fait actuellement dans le contexte du patriarcat, ce qui signifie que la question de son caractère volontaire est malheureusement toujours difficile à démêler. »
Donc, la prostitution a aussi lieu en dehors du patriarcat? Sérieusement? Et quelles conclusions tirez-vous de ce qu’il soit difficile de répondre à la « question de son caractère volontaire »?
Ensuite :
« Ce sont surtout des femmes qui travaillent dans cette profession, alors que ce sont surtout les hommes qui achètent les services des travailleuses du sexe. »
Je trouve tout simplement incroyable la façon dont vous prenez la part des agresseurs et banalisez la violence sexuelle par votre choix de mots.
Ensuite :
« Cependant, la réponse féministe ne peut pas être d’adopter une approche paternaliste et d’essayer de dire aux travailleuses et travailleurs du sexe ce à quoi une vie décente devrait ressembler. »
Je meurs d’envie de savoir où vous allez chercher ça. Les gens qui voient la prostitution comme destructrice et inhumaine ne sont pas paternalistes : elles et ils expriment de la solidarité avec nous. Et c’est exactement ce que vous pourriez faire avec un peu de pratique. Il faut que vous arrêtiez de ramener cette idée stupide que toute personne qui reconnaît la prostitution comme dommageable est une sorte de moraliste conservateur essayant de faire la leçon à des « femmes déchues ». Reconnaître la souffrance et la misère de la prostitution et déclarer qu’elle constitue une violence n’est pas faire la morale; cela signifie VOIR les conditions réelles où vivent les personnes prostituées et manifester ainsi du respect et de l’attention aux personnes qui souffrent à l’intérieur de la prostitution et à cause d’elle.
Ensuite :
« Tant le modèle suédois qu’une interdiction complète mettraient en danger l’autonomie et la protection des travailleuses et travailleurs du sexe de façon encore plus dramatique que les lois existantes. Ces lois plus strictes ne changeraient rien à l’existence du patriarcat avec ses rôles spécifiques et sa hiérarchie de pouvoir social entre les femmes et les hommes. »
Pourquoi cela ne changerait-il rien? La prostitution est l’un des principaux piliers du patriarcat, comme toute violence sexuelle. Pourquoi est-ce que ça ne changerait rien de l’interdire? Pourquoi la prostitution serait-elle la seule sphère de la vie où les lois n’ont soudainement pas le moindre impact? La prostitution a-t-elle lieu dans quelque espace intersidéral? Vous pourriez aussi bien dire que le viol ne doit pas être interdit par la loi, car cela ne fait rien pour changer les rôles patriarcaux et la hiérarchie de pouvoir social! Êtes-vous en train de dire que vous voulez simplement tout laisser tel quel? La violence sexuelle, les structures patriarcales – est-ce bien ce que vous endossez? La gauche a-t-elle perdu toute vision de l’avenir? Ou n’est-elle à court de vision que lorsqu’il s’agit des femmes prostituées?
Oui, je présume que vous êtes de bonne foi. Mais si vous préconisez la décriminalisation du prostitueur (je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que l’on ne devrait jamais criminaliser la personne prostituée), alors cela équivaut à tenir un discours comme : « Les femmes touchées par la violence conjugale sont stigmatisées. Pour les libérer de ce stigmate, nous allons décriminaliser la violence de leur agresseur. De cette façon, la femme n’aura plus rien dont avoir honte. » Arrivez-vous à comprendre au moins une partie de tout ça?
Ce que votre brochure ne mentionne pas du tout est le prostitueur – comme d’hab.
Faites-moi simplement une faveur en allant lire quelques messages au hasard sur les forums destinés à ces hommes, puis dites-moi comment diable vous pouvez soutenir la légalisation de quelque chose comme ça? Comment pouvez-vous endosser que des hommes fassent de telles choses aux femmes? Je suis curieuse d’entendre vos arguments à cet effet.
Ensuite :
« Celles et ceux qui veulent rendre illégaux les travailleurs du sexe par choix criminalisent l’ensemble de l’industrie et la contraignent à la clandestinité, où aucune protection ne peut leur être fournie. Afin d’être mieux protégés, les travailleuses et travailleurs du sexe ont besoin de plus d’autodétermination et de la reconnaissance sociale et juridique de leur profession. Ce n’est que de cette façon et en étant reconnus comme travailleurs qu’ils et elles peuvent s’organiser publiquement dans le cadre de la classe ouvrière et revendiquer leurs propres intérêts, de meilleures conditions de travail et une sécurité sociale. Une interdiction du travail du sexe ou la criminalisation des clients (comme en Suède) ne contribuerait qu’à rendre le travail du sexe invisible et moins sûr. »
Et revoici encore le conte de fées de la clandestinité. Veuillez s’il vous plaît aller lire quelques textes expliquant le modèle suédois, qui criminalise le prostitueur et décriminalise la prostituée. Et lisez des évaluations de cette loi, là où elle a été appliquée, en Norvège par exemple. Non, la prostitution ne correspond pas à une quantité d’actes coulée dans le bronze. Oui elle peut être diminuée. Non, le modèle suédois ne la refoule pas dans la clandestinité. Oui, le point de vue d’une société sur les femmes se transforme quand un sexe ne peut plus acheter l’autre. Non, nous n’avons pas besoin de « reconnaissance en tant que profession », nous avons besoin que la prostitution soit reconnue comme une VIOLENCE. Et non, nous ne faisons pas partie de la classe ouvrière, nous sommes d’abord et surtout des personnes lésées par des violences sexuelles par le biais de la prostitution! Nous ne nous organisons PAS dans le cadre de la classe ouvrière, mais au sein d’associations de victimes et de survivantes (par exemple, SISTERS e.V., et SPACE International, des organisations que vous refusez cependant d’écouter. Nous n’avons pas besoin que vous nous organisiez ou que vous parliez de nous; nous nous organisons nous-mêmes, merci beaucoup.
Ensuite :
« Ceux et celles qui préconisent réellement une société émancipée doivent aussi plaider pour l’autodétermination physique et sexuelle. »
La prostitution est l’exact opposé de l’autodétermination sexuelle. Une partie veut du sexe, l’autre non. L’argent est censé combler ce fossé. La prostitution n’a RIEN à voir avec l’autodétermination physique et sexuelle parce que tout ce que je fais, le prostitueur en décide; c’est cela la situation d’hétéronomie. J’en ai incroyablement marre de tous vos discours sur la libération sexuelle lorsque vous mentionnez dans un même souffle la prostitution comme un chemin vers cette libération. Ne nous entraînez pas dans ce discours; nous ne nous laisserons pas instrumentaliser de cette manière! Faites votre propre libération sexuelle, mais vous ne serez pas autorisés à utiliser et maquiller la violence commise contre nous pour y arriver.
De plus, j’aimerais bien vous voir faire un peu de recherche; vous découvrirez rapidement que la prostitution forcée et la prostitution ne peuvent pas être envisagées séparément, comme vous préférez le faire. D’une part, les lignes entre les deux sont floues, et d’autre part il n’y aura jamais assez de femmes qui font cela « volontairement »; un grand pourcentage d’entre elles devront toujours être contraintes pour satisfaire la demande. Cela signifie que vous ne pouvez pas vouloir la prostitution sans être d’accord avec la prostitution forcée; l’une n’existe pas sans l’autre. Et en passant, si vous soutenez la décriminalisation complète et la légalisation de la prostitution, vous soutenez le principe du marché comme unique facteur de régulation, ce qui signifie : la demande augmente, l’offre se développe, la demande croît encore plus parce que les hommes considèrent maintenant comme parfaitement normal d’être un prostitueur, l’offre continue à croître, et ainsi de suite. C’est une spirale ascendante. À vous voir si impatients de voir de la valeur capitaliste extraite des femmes comme marchandises, on se demande si vous avez déjà lu quoi que ce soit sur les mécanismes de base du capitalisme?
Ensuite :
« Le droit d’asile doit également être réformé de telle sorte que les prostituées migrantes sous contrainte ne soient plus confrontées à la menace d’expulsion, mais qu’elles reçoivent plutôt des permis de résidence et de travail. Cependant, l’intention qui sous-tend notre décision est de mettre l’accent sur ces travailleuses et travailleurs du sexe qui éprouvent actuellement des restrictions de leur auto-détermination physique, de leur santé et de leurs droits dans leur vie professionnelle de travailleuses et travailleurs du sexe, les personnes qui ont fait le choix conscient et délibéré de livrer des services sexuels et érotiques. »
Oh, et quelle est la proportion de ces personnes? Une sur dix au grand maximum. Et voilà sur qui vous voulez vous aligner pour déterminer des facteurs qui affectent la situation de TOUTES les femmes prostituées en Allemagne? Vous ne vous souciez pas du reste d’entre nous, ou quoi? Qui avez-vous écouté chez BESD, cette organisation des propriétaires de bordels? Vous n’avez certainement pas écouté les 90 pour cent de prostituées du pays qui sont des femmes migrantes, parce qu’elles ne font pas partie de cette organisation. Et vous êtes réellement heureux de votre connivence avec ces merdes racistes! La grande majorité des prostituées ne sont pas les propriétaires de maisons closes, des escortes de grande classe, des dominatrices; la majorité d’entre elles ne parlent même pas l’allemand! Comment pouvez-vous être aussi ignorant.e.s? La prostitution est classiste et raciste, ou pourquoi pensez-vous qu’on y trouve tant de femmes autochtones dans les autres pays, et tant de femmes roms en Allemagne? Comment expliquez-vous cela?
Et puis vous allez afficher sur Facebook des appels à des manifestations antiracistes? Vous me faites vraiment rire!
Ensuite :
« Ainsi nous estimons qu’un féminisme qui est sérieux au sujet de son souci de l’autodétermination des femmes et de l’autodétermination sexuelle doit aussi se battre pour les droits et les revendications des associations de travailleuses et travailleurs du sexe. L’association régionale de Brême des Jeunesses de gauche solides appuie un tel féminisme et Belle plaidera pour l’autonomisation juridique des travailleuses et travailleurs du sexe et se montrera solidaire de leurs luttes. »
Vous ne vous montrez certainement pas solidaire de nos luttes en qualifiant la violence sexuelle de profession, en ignorant la majorité d’entre nous, et en qualifiant la prostitution d’autodétermination sexuelle et physique!
Mais de quoi diable parlez-vous? Il vous faut trouver un chemin pour revenir à la réalité. Et si vous ne pouvez pas nous signifier de solidarité parce que vous êtes trop occupés à écouter les propriétaires de bordels, au moins laissez-nous en paix et ne présumez pas de parler en notre nom! Vous n’avez jamais eu à offrir votre cul : vous êtes à l’extérieur de la prostitution – ce qui est un privilège, j’aimerais vous le rappeler – et vous êtes assis là, dans votre association régionale de Brême et à votre meeting fédéral, à baratiner sur sa reconnaissance en tant que profession? Arrêtez de délirer.
Au moins une fois par semaine ici, chez Sisters e.V., nous recevons la visite d’une femme qui est déjà sortie de l’industrie (sans parler de celles qui nous contactent parce qu’elles cherchent encore à en sortir!) Elle nous dit que si elle a pris tout ce temps pour briser son silence, c’est parce que tout ce que la société lui dit, c’est que c’est une PROFESSION et que c’est du TRAVAIL et que c’est un EMPLOI; c’est du joyeux travail sexuel – et donc toutes les blessures qu’elle a subies dans la prostitution indiquent que c’est ELLE qui doit avoir un problème. Et cela, c’est précisément le climat politique que créent les gens comme vous. Tout votre discours enferme dans le silence les femmes qui ont quitté la prostitution. Moi aussi, je suis restée sans voix pendant des années en raison de textes comme le vôtre – parce que lorsque tu es prostituée et que tu lis quelque chose comme ça, tu ne sais même pas par où COMMENCER.
La prostitution est sexiste, raciste et classiste, et vous, vous arrivez, après avoir écouté les propriétaires de maisons closes et d’agences d’escorte, et vous voulez nous parler de libération sexuelle? Et vous appelez cela être de gauche? Vous ne pouvez pas parler sérieusement. Il ne peut jamais s’agir d’aménager aussi confortablement que possible un système sexiste, classiste et raciste comme la prostitution. Qui espérez-vous voir s’accommoder de cela? Un tel système doit être ABOLI. Vous devez comprendre que soutenir les femmes dans la prostitution n’est pas la même chose que soutenir le système prostitutionnel! Ce système doit être renversé et non institutionnalisé encore mieux et « reconnu comme une profession »! La seule chose que je trouve louable à propos de votre document est l’exactitude avec laquelle il constitue un fidèle copié-collé des arguments du lobby des pimps. Beau travail, en effet.
Sérieusement, est-ce à cela que ressemble votre solidarité? Honte à vous, et non merci!
Huschke Mau (@huschkemau)
Signé au nom des femmes de Sisters e.V. qui sont sorties de la prostitution
Annalena, femme sortie de la prostitution
Sonja, femme sortie de la prostitution
Sandra, femme sortie de la prostitution
Sunna, femme sortie de la prostitution
NaDia, femme sortie de la prostitution
Andra, femme sortie de la prostitution
Esther Martina, femme sortie de la prostitution
Eva, femme sortie de la prostitution
Post-scriptum : Si vous choisissez toujours d’entendre l’opinion de femmes de la prostitution qui ne sont pas des exploiteuses, et que vous voulez dépasser les racontars véhiculés au sujet du modèle suédois, vous pouvez commenter ce texte d’un Oui. Ça fait toujours du bien de s’exprimer.
Version originale allemande : http://sisters-ev.de/2016/04/21/die-linke-freude-an-der-prostitution-huschke-mau/
Version anglaise : https://survivormegaphone.wordpress.com/2016/05/10/the-lefts-love-of-prostitution-an-open-letter-from-exited-women/ Le site Survivor Megaphone a pour mandat « Translating the words of survivors of prostitution »
Traduction : Tradfem
*Note des traducteurs : Les noms désignant des personnes – tels travailleur, prostitueur et femme – dans le document en allemand des Jeunesses de gauche solides, sont tous suivis d’un astérisque pour alléguer leur neutralité de genre (l’allemand est une langue très sexuée). L’astérisque apparaît même après le substantif « femmes », malgré l’absence de forme masculine du mot ou de suffixe connu. Le seul nom dénué de cet astérisque est le mot « hommes ».
https://tradfem.wordpress.com/2016/06/06/a-propos-de-lamour-de-la-gauche-pour-la-prostitution-lettre-ouverte-de-femmes-qui-en-sont-sorties/
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Ce texte est tout simplement génial.
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Merci @Pierregr.
Excellent texte, qui démonte un à un tous les flous artistiques utilisés par les personnes qui soutiennent la légalisation en se voilant la face sur la réalité (ou qui pire, soutiennent la légalisation en connaissant parfaitement les tenants et les aboutissants mais jettent de la poudre aux yeux du grand public pour obtenir leur soutien - proxos inside).
En termes d'arguments, c'est irréprochable, un véritable bazooka abolitionniste.
A diffuser.
Excellent texte, qui démonte un à un tous les flous artistiques utilisés par les personnes qui soutiennent la légalisation en se voilant la face sur la réalité (ou qui pire, soutiennent la légalisation en connaissant parfaitement les tenants et les aboutissants mais jettent de la poudre aux yeux du grand public pour obtenir leur soutien - proxos inside).
En termes d'arguments, c'est irréprochable, un véritable bazooka abolitionniste.
A diffuser.
- SuperBulleBleu⋅e
- Messages : 96
Date d'inscription : 10/05/2016
Je viens de partager cet article sur twitter. J'espère qu'il fera un peu le poids contre tout l'anti-abolitionnisme prétentieux et pas argumenté ambiant sur ce réseau social.
J'ai vu des gens qui n'ont jamais connu la prostitution parler au nom des tds et prétendre que les abolos "n'écoutaient les concerné.es" à côté, euh
J'ai vu des gens qui n'ont jamais connu la prostitution parler au nom des tds et prétendre que les abolos "n'écoutaient les concerné.es" à côté, euh
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Les adeptes de la légalisation, eux, n'écoutent que le 0,0000001% de prostitué-e-s privilégié-e-s- qui ne sont pas représentatifs du tout de l'ensemble des personnes prostitué-e-s et tirent des généralités à partir de cette ultra-minorité.SuperBulle a écrit:J'ai vu des gens qui n'ont jamais connu la prostitution parler au nom des tds et prétendre que les abolos "n'écoutaient pas les concerné.es" à côté, euh
Donc question légitimité et pertinence, c'est très limité.
Moi aussi je connais des Dominas pros, mais pour une Dom pro qui a choisi et assume son truc tranquille, y a combien de femmes sans papiers réduites en esclavage et planquées dans des caves, des appart, des forêts ?
Combien sont contraintes de baiser sans capote pour rapporter plus aux proxos ?
C'est tellement facile pour ces gens-là de tenir de grandes leçons de morale quand ils sont tranquillement dans leur petit confort, et qu'ils n'ont surtout eux-mêmes jamais connu cette réalité !!!
Encore des gens qui théorisent sur la rue sans jamais y avoir foutu les pieds.
Militants de salon.
Encore un article cinglant
https://revolutionfeministe.wordpress.com/2016/06/25/prostitution-entendre-la-voix-des-survivantes/
Interview de Melinda Tankard Reist
Par Francine Sporenda
FS : Pourquoi avez-vous décidé de publier ces témoignages de survivantes de la prostitution ?
MTR : Nous avons pensé que le moment était venu d’entende les voix des femmes qui avaient été dans l’industrie du sexe et n’en donnaient pas une image favorable—en fait, ça aurait dû être fait il y a longtemps.
Nous voulions créer un espace où les survivantes pourraient partager leurs témoignages, tout en révélant la réalité de l’exploitation commerciale du sexe et en rendant visible les souffrances qu’elle leur avait causé.
Dans toute discussion sur l’industrie de la prostitution, c’est essentiellement ceux qui ont intérêt à ce que le système se perpétue que l’on entend. Cette industrie dont les profits se chiffrent en milliards de dollars cherche à convaincre tout le monde que la prostitution est juste un service comme un autre qui permet aux femmes de gagner beaucoup d’argent, de voyager et de jouir d’un train de vie luxueux. Dans cette activité, les femmes sont présentées comme « escorts, hôtesses, strip-teaseuses, danseuses, travailleuses du sexe ». La prostitution est désignée par des euphémismes tels que « rendez-vous rémunéré » et les femmes deviennent des « assistantes sexuelles » et des « entrepreneuses érotiques ». Il n’y a quasiment aucune mention des dommages, des violations, de la souffrance et des ravages causés par la prostitution sur le corps et sur l’esprit, ni des morts, des suicides et des meurtres qui sont fréquents. La réalité des dommages causés par la prostitution doit être niée parce que, si elle était connue, elle interfèrerait avec le business de l’exploitation sexuelle. C’est pourquoi nous avons voulu corriger ce déséquilibre et offrir une plate-forme à d’autres voix pour qu’elles puissent être entendues.
FS : Si l’on prend en considération l’impact négatif que le fait de pouvoir acheter des femmes comme des marchandises a sur la façon dont les hommes voient les femmes, pensez-vous que l’on puisse être féministe et pro-prostitution ?
MTR : Non. Etre féministe signifie faire progresser le statut des femmes et s’attacher à réduire leur situation d’inégalité dans le monde. La prostitution n’est pas pro-femmes, elle est incompatible avec la dignité et l’humanité des femmes, c’est une industrie construite sur leur dos. Le fait qu’il y ait des millions de femmes exploitées dans cette industrie globalisée n’est pas exactement un indicateur de succès féministe ou de progrès, cela met en évidence que nous avons abandonné ces femmes. Les vingt survivantes qui s’expriment de façon très personnelle dans « Prostitution Narratives » décrivent l’absence de choix qui les a amenées dans cette industrie, leurs vulnérabilités, y compris celles résultant d’agressions sexuelles passées et présentes, la pauvreté et le fait d’être économiquement défavorisées, la marginalisation. Elles ont été victimes de prédateurs de l’industrie du sexe qui ont utilisé avec elles des tactiques prédatrices de recrutement. Le « choix » n’était le plus souvent que l’acceptation de la seule option disponible.
Comme Annabelle écrit dans le livre :
« Dire qu’une femme entre dans l’industrie du sexe par choix est un mensonge. Pour faire un choix, vous devez avoir les faits sur ce que vous choisissez. Je crois que toutes les femmes prostituées sont maintenues en captivité, pas juste physiquement comme dans le cas des femmes trafiquées, mais par les mensonges de l’industrie du sexe. L’industrie sait que, une fois que vous êtes tombée dans le piège, c’est dur d’en sortir. Je ne crois pas que n’importe quelle femme choisirait de s’infliger émotionnellement, physiquement et spirituellement le niveau de trauma que m’a infligé cette industrie ».
Jade a été prostituée en Nouvelle-Zélande. Elle décrit qu’elle voulait s’en sortir mais n’avait aucune aide :
« Après cinq ans, je voulais quitter l’industrie du sexe. Deux fois, j’ai essayé de suivre une formation. Je voulais travailler avec les jeunes, être travailleuse sociale. Mais il m’était impossible d’étudier tout en me prostituant et en me droguant. Aucune des associations censées défendre les « travailleuses du sexe » ne m’a proposé une aide pour m’en sortir. Ils fournissaient des avocats, des services de santé, du lubrifiant, des préservatifs et des digues dentaires, mais rien pour en sortir ».
Comme une autre survivante le souligne :
« Sans des programmes d’aide pour en sortir, sans une aide psychologique à long terme, sans un endroit sûr où vivre, sans un travail ou une formation en vue d’un travail, sans donner aux femmes prostituées le moyen de garder leurs enfants—nous les forçons à rester dans l’industrie du sexe »
Toute personne qui lit les récits des violences extrêmes subies par ces femmes qui ont témoigné ne pourra plus jamais associer féminisme et industrie du sexe. Ce n’est pas être pro-femme que de soutenir l’industrie du sexe, qui dispose d’un énorme pouvoir et de masses d’argent, alors qu’il n’y a presque aucune aide financière publique (en tout cas ici en Australie) pour soutenir les femmes qui veulent quitter l’industrie. Une femme qui a travaillé pour la plus grande organisation d’aide aux « travailleuses du sexe » en Australie devait répondre aux nombreuses femmes qui l’appelaient pour demander qu’on les aide à en sortir que ce n’était pas le rôle de l’organisation—elle pouvait aider les femmes à y rester, mais pas à en sortir.
Le but d’une société sans prostitution tel qu’il a été exprimé par votre Assemblée nationale française, c’est le démantèlement du système prostitutionnel—et c’est la seule position féministe authentique.
FS : Tanja Rahm, une des survivantes qui témoigne dans le livre, dit que « si ça avait été un crime d’acheter des femmes pour son plaisir, j’aurais su que ce que faisaient ces hommes était mal. » Pourquoi est-ce si important pour les jeunes filles que des lois criminalisant l’achat de sexe soient passées ?
MTR : Tanja le dit très bien, nous devons l’écouter attentivement. Une société qui applique des lois inspirées par le modèle nordique (qui criminalise l’achat de sexe, et non la personne prostituée) envoie un message fort : que cette activité n’est pas un travail légitime, que les hommes qui pensent qu’ils ont le droit d’acheter des femmes et des filles ne seront pas validés par la société. Une des grandes forces du modèle nordique, c’est qu’il ne dit pas seulement « c’est mal », il comporte des provisions financières et des compensations concrètes pour permettre aux femmes de se refaire une nouvelle vie une fois sorties de l’industrie. Le message que cela fait passer vers les femmes et les filles, c’est que ce n’est pas acceptable d’être ainsi exploitées, vous valez mieux que ça, et nous vous donnerons ce dont vous avez besoin pour accéder à une nouvelle vie.
Les femmes qui sont dans l’industrie du sexe ont aussi plus de pouvoir quand les clients risquent une pénalisation. Lorsque les femmes prostituées sont protégées de toute sanction légale, mais pas leurs clients ou leurs proxénètes, elles sont dans une position plus favorable pour demander l’aide de la police, et pour requérir une aide publique si elles le désirent. Tant que la prostitution sera vue comme un travail ordinaire, ces services d’aide publique ne peuvent pas être créés parce qu’ils ne paraissent pas nécessaires.
La loi récemment passée en France prévoit aussi des programmes pour éduquer les jeunes et leur faire prendre conscience que la prostitution est une marchandisation du corps constituant une forme de violence envers les femmes ». En association avec d’autres mesures, cela permettra d’envoyer un message encore plus fort aux victimes de la prostitution, à celles qui risquent d’y entrer, aux clients et à l’ensemble de la société : la prostitution est une violation des droits humains insupportable.
FS : Jacqueline Lynne dit que lorsqu’elle travaillait pour un centre d’accueil pour les femmes prostituées au Canada, la plupart des femmes qui passaient dans ce centre étaient d’origine autochtone. En Europe, la plupart des femmes prostituées viennent du Nigeria, d’autres pays africains, de la Chine etc. Y-a-t’il un lien fondamental entre racisme et prostitution, et comment le racisme est-il une dimension essentielle de la pornographie ?
MTR : Ici en Australie, la co-éditrice du livre, Caroline Norma, a écrit des pages très fortes sur « l’asiatisation » de la prostitution et sur l’expansion des bordels n’employant que des femmes asiatiques. http://melindatankardreist.com/2015/09/their-passports-are-taken-they-are-told-they-are-here-to-undertake-sexual-services-and-they-will-not-be-paid-how-long-can-the-sex-industry-deny-trafficking/.
Nos journaux sont pleins d’annonces érotisant les femmes asiatiques, décrites comme jeunes, petites, fraîches, dociles, désireuses d’offrir à un homme tout ce qu’il désire. Elles savent se tenir à leur place–pas comme les femmes occidentales, c’est ce qui est impliqué. L’érotisation des femmes asiatiques combinée avec le recyclage des stéréotypes sur leur désir de faire plaisir et leur corps de nymphettes met en évidence la façon dont l’industrie du sexe utilise la « race » pour en tirer profit. Et bien sûr, les stéréotypes racistes sont aussi très présents dans le marketing des femmes d’autres origines ethniques. La « racialisation » des corps est particulièrement apparente dans la pornographie, où on voit un mépris pour les personnes de couleur. Les femmes noires sont d’insatiables « putes de ghettos », qui méritent ce qui leur arrive parce qu’elles parlent trop. Elles sont populaires dans le porno gonzo (NDLT porno extrême), c’est sur elles que sont pratiqués les actes sexuels les plus hardcore. Les latinos sont des traînées, etc. Alors que les opinions racistes explicites ne sont plus tolérées dans la société, elles sont toujours en vigueur et courantes dans l’industrie du sexe.
FS : « Tout homme qui va dans un bordel n’a aucun respect pour les femmes » affirme aussi Jacqueline Lynne dans « Prostitution Narratives ». Est-ce que vous êtes d’accord avec cette affirmation, et pourquoi ?
MTR : De nouveau, c’est important d’écouter les femmes qui sont sur le terrain et qui connaissent à fond le comportement des hommes. Si je suis d’accord avec ce que dit Jacqueline Lynne, c’est parce que je crois que ce que les contributrices du livre ont écrit témoigne de leur expérience vécue.
FS : Caitlin Roper observe que nous assistons à un accroissement du « male entitlement » due au néo-libéralisme et à l’influence de l’industrie du sexe ? C’est aussi votre avis ?
MTR : Bien sûr. Le néo-libéralisme a tiré profit de la prolifération et de la globalisation de la prostitution et de la pornographie parce que les gouvernements soutiennent généralement ce qui est profitable—et dont ils tirent des revenus par les impôts et par d’autres taxes—et ils ont donc adopté une attitude de « laisser faire » vis-à-vis de l’industrie du sexe, contribuant ainsi la domination de l’idéologie du marché.
Les garçons sont élevés dans l’idée que les femmes existent pour leur usage et leur plaisir. Ils apprennent de bonne heure, par la culture pop, par les médias, par la musique, par les jeux vidéo violents et hypersexualisés, qu’ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent. L’industrie du sexe a envahi la culture dominante, et les garçons imbibent ce message depuis le jour de leur naissance. La violence envers les femmes la plus hardcore est érotisée et accessible en un clic, et des garçons de 9/10 ans sont exposés au message que la violence est sexy.
Dans un article qui est devenu le texte le plus lu sur le site de la chaîne de télévision ABC, « Religion et éthique », j’ai exposé les comportements et les attitudes sexuelles que les filles devaient subir de la part des garçons http://www.abc.net.au/religion/articles/2016/03/07/4420147.htm. L’industrie du sexe—et ses manifestations multiples dans la culture -met en danger toutes les femmes et toutes les filles, partout.
https://revolutionfeministe.wordpress.com/2016/06/25/prostitution-entendre-la-voix-des-survivantes/
- InvitéInvité
Un article que j'ai trouvé intéressant car il confirme ce que je pensais : la prostitution via internet n'est, au final, pas vraiment un mieux.
- Rae Story : La gentrification numérique de la prostitution.:
- En 2014, j’ai corédigé un article universitaire pour une revue d’études supérieures qui cherchait à analyser la répartition des prostituées en catégories mythifiées : la paria sociale, la victime abjecte et humiliée… et la compagne sociale émancipée et chic. A l’époque j’étais un peu ambivalente au sujet de mes propres buts, dans la mesure où ils se heurtaient au débat académique plus large : ayant travaillé dans l’industrie pendant presque une décennie, je me sentais de plus en plus mal à l’aise avec ce que je considérais être une « gentrification » ou une idéalisation de ce commerce. De nouveaux médias – internet et la démocratisation de la photographie numérique – avaient rendus désuètes les classiques cartes professionnelles laissées dans les cabines téléphoniques et ces annonces qui meublaient les dernières pages des journaux. Le système prostitutionnel s’était rapidement doté d’une nouvelle Image. Notre article examinait l’impact qu’avaient ces enjeux sur chaque « travailleuse du sexe » (une expression qu’à mon grand regret, j’utilisais à l’époque) dans une culture néolibérale contemporaine.
En revenant six ou sept ans en arrière, je me souviens du moment où je me suis pour la première fois hasardée dans la prostitution « free-lance ». J’avais travaillé pendant plusieurs années dans de petits bordels et des services d’escorte locaux (ayant la plupart du temps évité les grands établissements des centres-ville, ouverts 24 heures sur 24) et j’étais devenue profondément insatisfaite du peu de contrôle que j’avais sur les prostitueurs que je voyais, sur le temps passé, et l’argent gagné. Les tarifs ridicules et la multiplication des clients étaient physiquement éreintants et complètement avilissants ; et, en plus de ces problèmes physiques, une maquerelle s’appropriait la moitié de mes recettes.
La sphère mondiale du Web s’était manifestement imposée chez la plupart des gens depuis un bon moment, et les « escortes indépendantes » étaient déjà un élément fondamental dans ce paysage. J’admirais plutôt naïvement leurs sites personnalisés comme des boutiques haut de gamme, débordants d’images photoshoppées et de phrases aguicheuses. La plupart du temps, ces femmes exigeaient des prix plus élevés pour compléter leur présumé « statut d’élite » et utilisaient leurs sites Web pour étayer ces prétentions. À mesure que se popularisaient la création de sites personnels et l’accès à de bonnes photos peu coûteuses ou gratuites, on voyait de tels sites « d’élite » et de telles escortes « haut de gamme » surgir partout comme des taupes. J’ai fait pareil.
Ce ne fut que lorsque la police fit fermer un établissement où j’avais travaillé durant environ deux ans que j’ai réalisé qu’il serait relativement facile pour moi de « faire cavalier seul ». J’ai dû louer un appartement d’allure assez banale en raison des loyers élevés dans la ville de classe moyenne où j’habitais. Puis, je me suis activée à meubler avec zèle un site Web, en y affichant des photos bien léchées de moi contorsionnée comme un cintre sur des chaises longues, et accompagnées d’affirmations de mon plaisir à « vivre la grande vie » et à fréquenter des « hommes classe ». J’ai en fait réussi à me présenter avec une certaine grandiloquence, vu ma soif d’échapper aux conditions sordides du monde des bordels. Mais, alors que l’expérience pratique du travail en indépendante améliorait ma situation dans le sens où j’avais moins de prostitueurs à voir pour gagner le même montant, mon enthousiasme pour ce changement de culture s’est avéré illusoire et de courte durée.
En plus de cette légère amélioration de mon confort matériel, ma nouvelle approche reflétait un présupposé quant à l’élévation de mon statut : je croyais que l’industrie gagnait en crédibilité, qu’elle devenait civilisée et normalisée, et que c’était une bonne nouvelle pour nous les battantes.
On appelle aujourd’hui « gentrification » [ou embourgeoisement] le processus par lequel des personnes riches envahissent les quartiers de gens plus pauvres, attirées par une sorte d’esprit bohème ou contre-culturel qui y régnerait. Ce faisant, elles diluent efficacement l’atmosphère par leur présence, en modifiant (paradoxalement) ces espaces eux-mêmes. C’est comme si l’auditoire s’emparait du spectacle. Y mettant fin.
Je détourne bien sûr un peu la terminologie : ce que j’appelle la « gentrification », toute mineure, du système prostitutionnel signifie le déplacement hors de la clandestinité (des portes closes, des bordels, et des gestes à la sauvette dans des véhicules), pour aller vers une culture hors de portée du voyeur ordinaire ou de la classe friande des commérages. L’industrie a ainsi accédé à des vitrines en ligne et à un ensemble de représentations offertes à la consommation des internautes occasionnels ou à des documentaires, des articles de journaux, et des duels dans les médias sociaux. Cette nouvelle imagerie scintillante devenait aisément disponible pour nourrir des débats télévisés ou illustrer diverses autobiographies à caractère confessionnel, qui allaient bientôt se retrouver empilées dans les chariots d’épicerie, les soldeurs et les librairies d’occasion. Ce qu’un auditoire voyeur trouvait « intéressant » était la clandestinité relative du système prostitutionnel; mais combien de fois pouvait-il être exposé, démasqué, expliqué dans tous ses détails ?
Internet a peut-être débuté comme un horizon pour de nouvelles idées, mais il a été rapidement dompté par la grande entreprise. La prostitution n’a pas connu un sort différent : les bordels ont commencé à éprouver de la difficulté à recruter des travailleuses (une perte que je n’ai pas pleurée) puisque de nombreuses prostituées les fuyaient et que de nouveaux répertoires avisés trouvaient un moyen d’exploiter la nouvelle « autonomie » de ces femmes. Les sites indépendants eux-mêmes ont perdu en popularité (étant souvent incapables de rivaliser avec les pratiques de référencement numérique des grands répertoires qui entraient dans la danse). D’énormes nouvelles plateformes multimédias vendant des « services sexuels » sont devenues comme les médias sociaux, des endroits où il fallait être pour pouvoir gagner sa croûte. Au Royaume-Uni, un site en particulier possède un quasi-monopole sur l’industrie. Adieu maquerelle locale avec tes Marlboro, bonjour mammouth Internet.
Pour arriver à faire face dans ce nouvel environnement, l’exposition est devenue une nécessité pour la plupart des femmes. Devant la cacophonie de profils structurés de façon quasi identique, les femmes en prostitution ont dû multiplier les efforts pour « se démarquer de la masse ». Nous devions afficher une kyrielle sans fin de photos personnelles sur nos profils en ligne, rédiger des blogues, nous livrer à des séances de webcam ou de conversation érotique pour imposer notre « marque ». Certaines femmes en sont même venues à vendre des photos imprimées, des calendriers et d’autres marchandises. Comme les vedettes de films pornos travaillaient souvent comme prostituées, il y a aussi eu un effet inverse : des amies qui avaient déjà été prises de panique si on les voyait entrer dans un bordel ont commencé à mettre en ligne des sex-tapes personnelles pour gagner plus d’argent et rameuter des prostitueurs. On a même constaté la popularité grandissante des forums dans lesquels les mecs discutaient des femmes qu’ils avaient prostituées ou matées en ligne, statuant en « experts » sur leurs « mérites ». Je ne connais pas une seule femme dans l’industrie qui n’ait pas été massacrée par ces technoprédateurs, sous prétexte qu’elle était trop grosse, trop vieille, trop laide, trop coûteuse ou trop passive.
Il faut donc comprendre que ces développements profitent beaucoup plus aux prostitueurs et aux entreprises qu’aux travailleuses. Les femmes plus âgées que je rencontrais et qui avaient été dans la prostitution pendant des décennies regrettaient les temps où elles devaient donner beaucoup moins d’elles-mêmes. C’était l’époque où avoir des relations sexuelles pour de l’argent était quelque chose que la plupart des femmes reconnaissaient ne pas aimer, l’époque où devoir embrasser et câliner quelqu’un ou se livrer à des acrobaties genre star du porno aurait paru ridicule, et où on ne laissait le prostitueur s’approcher qu’à la distance nécessaire pour effectuer « le travail », puis lui montrer la porte. Je ne fais bien sûr que relater des témoignages que j’ai recueillis, je ne peux être certaine de leur exactitude, mais j’ai entendu de tels propos à plusieurs reprises.
Dans ma naïveté, je m’étais moi-même convaincue que devenir une « prostituée qui embrasse » allait m’être bénéfique d’une certaine manière. Quand j’entends des femmes de l’industrie se vanter de ne pas seulement offrir du sexe, mais également de l’intimité et de la compagnie, cela me rappelle mes anciennes illusions. Bien sûr, il est impossible d’acheter de l’intimité, et je ne suis même pas convaincue que c’est ce que cherchent beaucoup de prostitueurs... Par quel genre de contorsion cérébrale faut-il passer pour trouver autonomisant d’avoir à offrir une toujours plus grande partie de vous-même à quelqu’un ?
Les femmes effectuent déjà la majorité du travail non rémunéré dans le monde et sont moins susceptibles d’avoir accès à la richesse et au pouvoir. Je peux comprendre comment nous pourrions être convaincues que la libération des prostituées pourrait consister à cesser d’avoir à se cacher ou de dissimuler les violences commises contre nous. Mais comment ce principe de base a-t-il été perverti et déformé, dans un mirage culturel où les femmes doivent s’exposer à la consommation, la satisfaction et l’évaluation de prostitueurs encore relativement invisibles (et même s’afficher aux yeux de toute la culture) ? Comment est-il autonomisant de devoir offrir des services toujours plus « intimes et personnels » ? De devoir exhiber plus de photographies et d’images de nos corps toujours plus accoutrés, pomponnés et modifiés ? De nous montrer toujours plus volontaires, plus gratifiantes, plus disponibles ? Et tout ça souvent sans gagner beaucoup plus d’argent ?
Comment nous sommes-nous faites avoir dans ce nouveau système ?
Je pourrais blâmer la culture néoféministe si brillamment cartographiée par Hillary Radner dans son texte Neo-Feminist Cinema : Girly Films, Chick Films and Consumer Culture, où elle détaille le phénomène qui sous-tend le succès de films comme Pretty Woman et Sex and the City. Elle fait valoir à juste titre que le féminisme a été détourné par le capitalisme de consommation, qui a repopularisé l’image classique de la « perpétuelle jeune fille ».
Ce statut d’adolescente a pour particularités d’imposer un état de constant « devenir », de « réinvention » et de gestion de notre « image », à travers la mode et d’autres formes de consumérisme (et plus tard, bien sûr, par le biais des médias sociaux). La prostitution refléterait, en ce sens, une société plus large qui, à certains égards, a convaincu les femmes de toujours donner plus d’elles-mêmes : d’être plus attrayantes, plus attentives, plus capables, plus entreprenantes, et plus à même de satisfaire les autres. La femme au foyer comme modèle de la féminité idéalisée peut avoir péri, mais on l’a remplacée par la poupée sexuelle, toujours bien manucurée, toujours jeune, toujours disponible. Malgré tout le travail qu’exige l’incarnation de ce rôle, nous nous sommes laissées convaincre qu’il était en fait à notre avantage. Comme l’écrit Radner :
« Les effets de la "révolution sexuelle" pourraient être qualifiés de libérateurs au sens où ce discours public a produit de nouvelles normes de comportement. La chasteté n’était plus la mesure de la valeur des femmes. Ces nouvelles normes, cependant, ont également produit la base de nouvelles formes de régulation sociale fondées sur l'impératif de la "dose de sexe"... Les droits et les devoirs de la citoyenneté en sont venus à refléter paradoxalement la poursuite du plaisir, produisant un environnement dans lequel la sexualité elle-même est devenue contrainte, la condition sine qua non de l’existence humaine. »
La prostitution via Internet a perverti cette féminité idéalisée – forme de gratification pour les hommes – de sorte qu’elle apparaisse comme une forme d’autonomisation des femmes, à travers leur auto-exposition, leur fabrication et leur image de marque. L’Internet est devenu un domaine dans lequel les prostituées individuelles peuvent vendre aux prostitueurs leur « identité » personnelle, en façonnant cette image pour aguicher ce qu’elles imaginent être leur propre « auditoire ». Dans ce cas, ce n’est pas la pornographie qui constitue la référence idéologique, mais la musique pop.
Vers la fin de mon activité d'« escorte », j’étais complètement épuisée. Le travail au bordel avait été brutal pour mon corps, mais mon boulot comme « escorte indépendante » m'avait bousillé l'esprit. Alors qu’autrefois je me contentais de décliner la gamme d’actes sexuels classiques avec, au mieux, un sourire lointain, et un « bonne journée à vous », j’étais maintenant devenue obsédée par mon apparence, mon appartement, ma publicité mais aussi mon « image ». J’avais été amenée à adopter le plus insidieux de tous les contrats, celui de la « Girlfriend Experience » : coquette, impliquée, hyper attentionnée et disponible. Assez intelligente pour comprendre le « client », mais jamais assez pour le contredire. Leur mentir au sujet de mon parcours, mes opinions et mes habitudes afin de faire étalage d’une personnalité agréable pour l’ego masculin payeur.
Des amies avaient également déserté les bordels en masse et avaient commencé à naviguer elles aussi dans ce paysage de simulations. Aux yeux des « clients », il ne nous arrivait jamais de boire beaucoup, de fumer, de prendre de la drogue, de jurer, de nous exprimer avec grossièreté (sauf dans les moments sexuels appropriés), de discuter, d’avoir des opinions, ou de refuser de les satisfaire. En fait, la plupart des femmes que je connaissais éprouvaient des problèmes d’alcool, de drogue, d’alimentation, de santé mentale et de colère. Même si nous n’étions pas régulièrement battues ou violées par les prostitueurs (bien que cela arrivât), notre estime de soi et notre confiance étaient aussi peu consistantes que nos plates-formes numériques.
Une amie qui, comme moi, a quitté l’industrie en raison de son épuisement nous appelle en plaisantant « Les putains de Stepford »[1]. Quant à moi, cette culture en était une de « putains de banlieue » ».
Nous prétendions être heureuses, émancipées, sexy et à l’aise dans nos rôles d’éponges pour la satisfaction masculine immédiate, tout en repoussant nos maladies et nos détresses sous le canapé... tout comme les femmes dont Betty Friedan avait décrit la condition dans La Femme mystifiée[2] : des ménagères isolées, engloutissant secrètement de la vodka et des médicaments pour composer avec leur misère quadrillée. Dans chacun de nos appartements, les « escortes haut de gamme » que je connaissais étaient en effet comme ces femmes au foyer ; seulement il fallait maintenant servir plus d’un « mari » pour s’assurer d’un toit au-dessus de nos têtes.
Rae Story
Rae Story est une écrivaine pigiste à temps partiel vivant au Royaume-Uni. Elle se décrit comme « critique de l’industrie du sexe » après y avoir travaillé durant plus de 10 ans, à divers titres et dans plusieurs pays. Elle a complété une maîtrise en études cinématographiques à l’Université d’Exeter. En plus de la prostitution, elle s’intéresse à la théorie féministe du cinéma, au féminisme socialiste, et à la toxicomanie des femmes.
Version originale : http://www.feministcurrent.com/2016/02/22/whoreburbia-gentrification-sex-work/
Traduction : Tradfem
[1] Allusion au roman d’Ira Levin Les Femmes de Stepford, devenu aussi un film. (ndt)
[2] Betty Friedan : La femme mystifiée, édition Gonthier, 1971. (ndt)
Je l'ai vu passer aujourd'hui dans des groupes FB abolitionnistes, je pensais le poster justement
- SuperBulleBleu⋅e
- Messages : 96
Date d'inscription : 10/05/2016
Je viens de lire ça, c'est horrible, je pensais pas que ça pouvait aller jusque-là
http://fr.africatime.com/articles/zoophilie-lolita-une-nigeriane-raconte-sa-terrible-histoire-et-fait-des-revelations
Attention c'est très violent, ne lisez pas si vous êtes sensibles, moi-même j'aurais préféré ne pas lire.
http://fr.africatime.com/articles/zoophilie-lolita-une-nigeriane-raconte-sa-terrible-histoire-et-fait-des-revelations
Attention c'est très violent, ne lisez pas si vous êtes sensibles, moi-même j'aurais préféré ne pas lire.
- Zuul—
- Messages : 233
Date d'inscription : 08/05/2015
Prostitution: au bois de Boulogne, la désertion du chaland, l'avènement des violents
http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/prostitution-au-bois-de-boulogne-la-desertion-du-chaland-l-avenement-des-violents_1837470.html
L'article me semble incriminé la loi abolitionniste alors que cette loi n'est pas en application. Il me semble que la dégradation des conditions de vie des personnes prostitué viens d'une persécution policière dans la cadre de la chasse aux personnes sans papiers.
La loi meme si elle n'est pas encor appliqué a peut etre deja eu un effet psychologique sur les prostitueurs "moyennement" sexistes ne laissant que les misogynes. C'est possible aussi que les flics se lachent vu qu'ils sont particulièrement tout puissants en ce moment.
http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/prostitution-au-bois-de-boulogne-la-desertion-du-chaland-l-avenement-des-violents_1837470.html
L'article me semble incriminé la loi abolitionniste alors que cette loi n'est pas en application. Il me semble que la dégradation des conditions de vie des personnes prostitué viens d'une persécution policière dans la cadre de la chasse aux personnes sans papiers.
La loi meme si elle n'est pas encor appliqué a peut etre deja eu un effet psychologique sur les prostitueurs "moyennement" sexistes ne laissant que les misogynes. C'est possible aussi que les flics se lachent vu qu'ils sont particulièrement tout puissants en ce moment.
- IridaceaAncien⋅ne
- Messages : 2950
Date d'inscription : 12/05/2015
J'étais persuadée du contraire ! Quand est-elle censée entrer en application alors ? Est-ce que ce n'est pas contradictoire avec ce paragraphe de l'article :Zuul a écrit:L'article me semble incriminé la loi abolitionniste alors que cette loi n'est pas en application.
Dans celui-là, je comprends que les verbalisations des clients sont légales, mais que les accompagnements aux personnes prostituées n'existent pas encore :Depuis le vote de la loi, un client est passible d'une amende de 1.500 euros, pouvant monter à 3.750 en cas de récidive.
Seuls 249 d'entre eux ont été verbalisés en France fin septembre, selon une source policière. Une peccadille eu égard au 30 à 40.000 prostituées estimées en exercice dans le pays.
La loi prévoit pourtant, outre son volet coercitif, des mesures sociales, avec la création d'un parcours de sortie de la prostitution, des mesures d'accompagnement ainsi qu'un titre de séjour de six mois pour les prostituées étrangères engagées dans ce parcours.
Mais les décrets d'application ne sont pas encore sortis, relève le ministère du Droit des femmes.
On peut néanmoins supposer que les clients sont devenus frileux suite à l'écho médiatique des débats sur cette loi. C'est ce que laisse entendre cet autre paragraphe :
Cela dit, c'est l'analyse de la prostituée du comportement de ses clients. Non pas que sa parole serait sans valeur, mais peut-être que ses anciens clients ont des motivations autres pour ne pas la solliciter (baisse de revenus par exemple). Ce serait intéressant d'avoir une enquête interrogeant directement ces derniers, pour voir si leur version concorde avec cette analyse.Mais l'impact psychologique de la loi est réel. "Dès qu'il y a un article dans la presse, un reportage, les clients ne viennent plus. Ils ont peur", décrypte Roberta.
- Zuul—
- Messages : 233
Date d'inscription : 08/05/2015
Tu as raison @Iridacea la loi est entré en application. Par contre la police a choisi le camp des prostitueurs puisqu'ils continuent à harcelé les prostituées et n'ont verbalisé que 249 prostitueurs.
Pour le volet "insertion" des personnes prostituées, j'avais trouvé le budjet pour cette partie et c'était une somme qui m'a semblé dérisoire vu le nombre de personnes concernées.
Pour le volet "insertion" des personnes prostituées, j'avais trouvé le budjet pour cette partie et c'était une somme qui m'a semblé dérisoire vu le nombre de personnes concernées.
Iridacea a écrit:
Cela dit, c'est l'analyse de la prostituée du comportement de ses clients. Non pas que sa parole serait sans valeur, mais peut-être que ses anciens clients ont des motivations autres pour ne pas la solliciter (baisse de revenus par exemple). Ce serait intéressant d'avoir une enquête interrogeant directement ces derniers, pour voir si leur version concorde avec cette analyse.Mais l'impact psychologique de la loi est réel. "Dès qu'il y a un article dans la presse, un reportage, les clients ne viennent plus. Ils ont peur", décrypte Roberta.
Rosen Hicher avait constaté la même chose du temps où elle exerçait (c'est moi qui graisse)
Et aux personnes prostituées qui se sentent « visées » par ce projet de loi ?
Il faut savoir que quand on est prostituée, on est là pour gagner de l'argent. Moi je rageais quand il y avait un article sur un salon de massage, cela me cassait de moitié mon chiffre d'affaires. on nous empêche de travailler. C'est ce que je pensais quand j'étais dedans. Et aujourd'hui que j'en suis sorti, je fais comme tous les autres : je compte mon argent à la fin du mois ; si j'ai que dix euros à la fin du mois, je fais avec. Donc la prostituée, elle se sent visée (par ce type de mesure), quelle que soit la forme de prostitution.
Extrait de cet article datant de 2011
http://infos.fondationscelles.org/archives/104-rosen-hicher-s-engage-pour-la-penalisation-du-client-n7
- IridaceaAncien⋅ne
- Messages : 2950
Date d'inscription : 12/05/2015
Je ne suis pas sûre que Rosen Hicher dise exactement la même chose. Je ne conteste pas que le revenu de la prostituée interrogée ait baissé, je dis simplement que les causes de cette baisse ne sont peut-être pas seulement celles qu'elle croit (et c'est normal, elle ne va pas payer une étude de marché pour comprendre la fuite de ses clients).
Ce que je comprends du discours d'Hicher, c'est que la prostituée ressent l'ouverture du moindre salon de massage comme une menace directe à son activité, et qu'elle serait incapable de s'adapter à la variation d'activité. Çe me laisse un peu perplexe, parce que si on m'amputait de la moitié de mon revenu, je ferais la gueule tout pareil. Je ne vois pas à quel point c'est spécifique à la prostitution.
Autre chose, dans la suite de l'entretien avec Hicher, elle dit :
Pareillement, dans l'article posté par @Zuul, on interroge un représentant du Mouvement du Nid, qui dit :
En plus, dire que ce discours est mille fois entendu, je trouve que c'est un peu méprisant. Si c'est si souvent entendu, c'est bien que c'est une réalité inchangée pour ces personnes, non ? J'ai l'impression que le bonhomme amoindrit cette parole en voulant la relativiser.
Ce que je comprends du discours d'Hicher, c'est que la prostituée ressent l'ouverture du moindre salon de massage comme une menace directe à son activité, et qu'elle serait incapable de s'adapter à la variation d'activité. Çe me laisse un peu perplexe, parce que si on m'amputait de la moitié de mon revenu, je ferais la gueule tout pareil. Je ne vois pas à quel point c'est spécifique à la prostitution.
Autre chose, dans la suite de l'entretien avec Hicher, elle dit :
Ce qui me semble confirmer la parole de Roberta, la prostituée interrogée dans l'article de L'Express.Déjà, rien que le fait d'en parler, cela a dû faire fuir la moitié des clients. De toute façon, moi je dis aux clients que la loi est passée ! Les trois quarts des clients sont idiots et, avec tout ce qui a été dit dans les médias, ils ne vont pas chercher à savoir si ça a été voté, si ça va être voté... Pour eux, on en a parlé dans les médias, ça a été mis en application. Ils ne vont pas chercher plus loin. Et je suis certaine que les filles, aujourd'hui, ont déjà perdu la moitié de leurs clients.
Pareillement, dans l'article posté par @Zuul, on interroge un représentant du Mouvement du Nid, qui dit :
Pareil, j'ai un peu du mal à voir en quoi la détresse exprimée est à relativiser car typique de la prostitution. La plupart des prostituées sont précaires, donc une perte de revenus n'est pas négligeable, et c'est compréhensible.[…]tout en relativisant le discours du "ça ne va pas", "mille fois entendu" de prostituées, quelle que soit l'actualité législative.
"Il y a toujours chez elles l'expression d'une détresse en terme d'activité, que ce soit parce que +les conditions d'exercice sont moins bonnes+, ou +car il n'y a pas assez de clients+ ou +trop de concurrence+", énumère-t-il.
En plus, dire que ce discours est mille fois entendu, je trouve que c'est un peu méprisant. Si c'est si souvent entendu, c'est bien que c'est une réalité inchangée pour ces personnes, non ? J'ai l'impression que le bonhomme amoindrit cette parole en voulant la relativiser.
- SuperBulleBleu⋅e
- Messages : 96
Date d'inscription : 10/05/2016
@Iridacea, je trouve son ton condescendant aussi.
Alors apparemment la loi ne fonctionne pas pour l'instant, la violence aurait augmenté, les filles près des frontières vont aller se prostituer en Allemagne ou Espagne.
Le principal problème serait le fait que le "volet social" n'est pas encore mis en place (comment ça se fait ? Quand on fait une loi pareille c'est le truc qui devrait être mis en place en premier...)
Et j'ai aussi lu ceci dans les commentaires :
Que pensez-vous de cet article ?
Honnêtement je me réjouissais que la loi soit passée, mais j'ai l'impression que notre gouvernement est tout simplement incapable de mettre en place des mesures sociales efficaces contre la précarité, et que donc l'aide pour que les prostituées puissent sortir du milieu risque de ne jamais être mise en place. Ça plus le fait que la police n'aide pas, alors que c'est eux qui sont sensés procéder aux arrestations.
Alors apparemment la loi ne fonctionne pas pour l'instant, la violence aurait augmenté, les filles près des frontières vont aller se prostituer en Allemagne ou Espagne.
Le principal problème serait le fait que le "volet social" n'est pas encore mis en place (comment ça se fait ? Quand on fait une loi pareille c'est le truc qui devrait être mis en place en premier...)
Et j'ai aussi lu ceci dans les commentaires :
C'est sûr que si la police ne coopère pas, la loi ne risque pas de marcher.Une loi carrément bidon . Je le constate que sur le tronçon de nationale Lyon-Gre , ou les fourgonnettes ont explosées , ou les "patrons" de ces femmes discutent avec les képis bien tranquillement , avant d'aller chercher le résultat du boulot fourni . En plus , cette "loi" , ne dérange pas grand monde , vu le nombre de camions et de voitures , motos , vélos qui s'arrêtent . A mon humble avis , cette loi a plutôt favorisé la prostitution bien encadrée des proxos et Cie
Que pensez-vous de cet article ?
Honnêtement je me réjouissais que la loi soit passée, mais j'ai l'impression que notre gouvernement est tout simplement incapable de mettre en place des mesures sociales efficaces contre la précarité, et que donc l'aide pour que les prostituées puissent sortir du milieu risque de ne jamais être mise en place. Ça plus le fait que la police n'aide pas, alors que c'est eux qui sont sensés procéder aux arrestations.
- IridaceaAncien⋅ne
- Messages : 2950
Date d'inscription : 12/05/2015
Selon cet article, ces mesures d'aide à la sortie de la prostitution devaient être mises en place six mois avant la pénalisation des clients, soit l'inverse de ce qui s'est effectivement produit.
Il y a pas mal de problèmes avec le texte de loi en lui-même, comme l'obligation pour les personnes prostituées en situation irrégulière de rentrer dans un parcours de sortie pour avoir droit à un titre de séjour… sachant que ce titre de séjour est nécessaire pour avoir un travail qui ne soit pas au noir.
J'ai tendance à penser que cette loi a été un hochet pour contenter certaines assos et donner quelques gages de politique sociale, et qu'elle a été bâclée. C'est de toute façon plus facile de donner de nouveaux objectifs aux unités de police que de mettre en place des politiques d'accompagnement des populations précaires.
Il y a pas mal de problèmes avec le texte de loi en lui-même, comme l'obligation pour les personnes prostituées en situation irrégulière de rentrer dans un parcours de sortie pour avoir droit à un titre de séjour… sachant que ce titre de séjour est nécessaire pour avoir un travail qui ne soit pas au noir.
J'ai tendance à penser que cette loi a été un hochet pour contenter certaines assos et donner quelques gages de politique sociale, et qu'elle a été bâclée. C'est de toute façon plus facile de donner de nouveaux objectifs aux unités de police que de mettre en place des politiques d'accompagnement des populations précaires.
- Zuul—
- Messages : 233
Date d'inscription : 08/05/2015
J'ai retrouvé le budget pour « la prévention de la prostitution et l’accompagnement social et professionnel des personnes prostituées » est de 4,8 millions d’euros. Le gouvernement estime qu'il y a de 30.000 à 40.000 prostitué·e·s.
source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/04/06/01016-20160406ARTFIG00041-les-cinq-mesures-phares-de-la-loi-qui-veut-revolutionner-la-lutte-contre-la-prostitution.php
source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/04/06/01016-20160406ARTFIG00041-les-cinq-mesures-phares-de-la-loi-qui-veut-revolutionner-la-lutte-contre-la-prostitution.php
- IridaceaAncien⋅ne
- Messages : 2950
Date d'inscription : 12/05/2015
C'est effectivement le budget qui est cité partout. Par contre, peu d'infos sur la façon d'utiliser cet argent.
- InvitéInvité
C'est sûr qu'avec 120 euros en moyenne par personne, ils vont aller loin. Même en l'utilisant bien.Zuul a écrit:J'ai retrouvé le budget pour « la prévention de la prostitution et l’accompagnement social et professionnel des personnes prostituées » est de 4,8 millions d’euros. Le gouvernement estime qu'il y a de 30.000 à 40.000 prostitué·e·s.
source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/04/06/01016-20160406ARTFIG00041-les-cinq-mesures-phares-de-la-loi-qui-veut-revolutionner-la-lutte-contre-la-prostitution.php
- chester DenisBleu⋅e
- Messages : 73
Date d'inscription : 04/09/2016
Le groupe zéromacho a publié deux brochures :
- l"égalité femmes-hommes, vous êtes contre ?
- prostitution : les réponses de Zéromacho.
Il faut aller sur la page des "actions" et on trouvera les liens PDF (que je n'ai pu faire apparaître) à l'action 50.
Ce sont des argumentaires assez bien développés et fruit d'un travail collectif, semble-t-il.
- l"égalité femmes-hommes, vous êtes contre ?
- prostitution : les réponses de Zéromacho.
Il faut aller sur la page des "actions" et on trouvera les liens PDF (que je n'ai pu faire apparaître) à l'action 50.
Ce sont des argumentaires assez bien développés et fruit d'un travail collectif, semble-t-il.
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