Légalisation du proxénétisme
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- JezebelAncien⋅ne
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Date d'inscription : 18/07/2012
Re: Légalisation du proxénétisme
14.12.12 2:11
Les quelques commentaires qui suivent sont, comme d'habitude, nauséabonds. A croire que la prostitution est devenue le dernier bastion de la liberté à défendre.
- JezebelAncien⋅ne
- Messages : 2182
Date d'inscription : 18/07/2012
Re: Légalisation du proxénétisme
14.12.12 8:02
Antisexisme a écrit:Notons que là, on est même plus dans la prostitution comme liberté, mais dans le proxénétisme comme choix de vie respectableJezebel a écrit:Les quelques commentaires qui suivent sont, comme d'habitude, nauséabonds. A croire que la prostitution est devenue le dernier bastion de la liberté à défendre.
J'ai plus eu l'imrpession qu'illes réagissaient au discours abolitionniste de l'auteure en fait.
Mais je pense que tu as aussi raison et que ça englobe également ce brave "souteneur" qu'on voudrait empêcher de soutenir en rond.
Ce qui n'empêche pas de me questionner sur comment toute activité liée à la prostitution est devenue intouchable, sinon pour en faire une institution respectable de la part des gouvernements en place.
On est face à une opinion complètement schizophrène, qui continue à stigmatiser les prostitué-es mais qui en même temps reconnait l'activité comme étant l'expression d'une sacro-sainte liberté.
Je me demande aussi à quel moment à eu lieu ce shift dans les mentalités (à moins que je me trompe et qu'il y ait toujours eu ces revendications basées sur la liberté de choix des personnes prostituées?)
- JezebelAncien⋅ne
- Messages : 2182
Date d'inscription : 18/07/2012
Re: Légalisation du proxénétisme
14.12.12 9:36
Antisexisme a écrit:Jezebel a écrit:
Je me demande aussi à quel moment à eu lieu ce shift dans les mentalités (à moins que je me trompe et qu'il y ait toujours eu ces revendications basées sur la liberté de choix des personnes prostituées?)
Dans "les femmes de droite" (que j'ai enfin fini !) Dworkin cite un texte du XIXème siècle. Ca ressemble exactement à ce qu'on peut lire en général dans les commentaires des journaux en ligne ! Les mêmes lieux communs :
Dans son étude de la prostitution, publiée pour la première fois en 1857, William Acton a énoncé ce qui en est venu à être accepté comme un point de vue modéré et raisonnable :
Il me semble vain de fermer les yeux devant le fait que la prostitution existera toujours. Nous pouvons bien le regretter, mais nous devons admettre qu’une femme, si elle est dans cette disposition, peut tirer profit de sa personne et que l’État n’a aucun droit de l’en empêcher. Il a cependant le droit, à mon avis, d’insister pour qu’elle ne devienne pas, par le trafic de sa personne, un vecteur de transmission de maladie et pour que, s’étant vouée à une occupation dangereuse pour elle-même et pour d’autres, elle se soumette à la supervision, dans son intérêt et dans celui de la communauté
Il faut vraiment que je lise ce livre! Intéressant, effectivement, je ne pensais pas que ça remontait à aussi loin. Je sais qu'il y avait eu un débat très important autour de ça en Angleterre (XIXe mais je n'ai plus la période exacte) où certaines femmes appartenant à la bourgeoisie avait fait une "grève du sexe" (si on peut appeler ça comme ça pour l'époque) afin que leur maris arrêtent de fréquenter les prostituées. Si je me souviens bien, il y a avait à la fois une certaine solidarité envers ces dernières et également des préoccupations de santé publique. Les prostituées étaient séparées en 2 catégories: celles qui faisaient ça par plaisir (i.e. perversité) et celles par contrainte économique qu'il fallait aider (enfin tout ça est un peu flou). je n'aurais pas pensé que l'aspect liberté individuelle aurait déjà été abordé.
Pour le côté santé publique, on voit encore bien l'absence de responsabilité du client et son inexistence. c'est encore flagrant même aujourd'hui.
Désolée, on s'éloigne du sujet, c'était juste my two cents.
Est-ce que Dworkin aborde le proxenétisme aussi dans ce livre?
- cleindoAncien⋅ne
- Messages : 2926
Date d'inscription : 20/01/2012
Re: Légalisation du proxénétisme
14.12.12 10:35
cela fonctionne dans les deux sens: la pratique c'est aussi qu'une loi ne suffira jamais à supprimer ce qu'elle interdit. Même pas 50 lois ni rien. Y aurait plus aucun crime si c'était le cas... Et ma remarque englobait aussi le fossé entre idéal et réalité (la aussi dans les deux sens)Quand la théorie est contredite par la pratique, alors il faut revoir la théorie.
Simple remarque "scientifique".
Re: Légalisation du proxénétisme
14.12.12 18:02
Ce n'est pas parce qu'un idéal est difficile à atteindre qu'on ne doit pas légiférer dans ce sens. Comme je l'ai dit sur l'autre topic, en 1980 quand le viol est devenu crime dans la loi, il l'a été parce qu'on s'est pas contenté de penser "bah, y aura toujours des viols". Et oui, y a toujours des viols, et toujours des mythes très prégnants sur le viol, mais ce genre de loi permettent une évolution dans les esprits. Je pense que si le viol n'avait pas été reconnu comme un crime, ce serait pire.
En plus, je parle de loi, parce qu'on est dans un pays de lois. Mais ce qui est intéressant au fond, c'est déjà de réfléchir à ce qu'on VEUT, à ce qui est bien ou mal, souhaitable ou non…
Ce qui me ramène là ou je voulais en venir:
Si le proxénétisme constitue une exploitation immorale dans 99% des cas, c'est peut-être simplement parce qu'il en est une, parce qu'il s'inscrit dans des rapports de pouvoir qui lui sont intrinsèques, et donc qui le rendent inacceptable EN SOI (et non pas: qui génèrent des dérives, car quand les "dérives" sont la règle plutôt que l'exception, c'est que ce ne sont plus vraiment des dérives, mais des éléments constitutifs/révélateurs du système). Ce que les pro-prostitution ne voient pas (dans la mesure ou ils sont sincères) c'est que la prostitution cristallise les rapports patriarcaux et qu'elle est un pivot central du patriarcat. C'est en raison du système qui fait exister la prostitution, et non pas à cause de supposées dérives de ce système, que les prostituées sous proxo seront toujours des corps interchangeables, moins que des personnes, des "putes". Peut-il y avoir des exceptions? Peut-être, mais si oui, ça ne change rien à la soupe.
En plus, je parle de loi, parce qu'on est dans un pays de lois. Mais ce qui est intéressant au fond, c'est déjà de réfléchir à ce qu'on VEUT, à ce qui est bien ou mal, souhaitable ou non…
Ce qui me ramène là ou je voulais en venir:
Si le proxénétisme constitue une exploitation immorale dans 99% des cas, c'est peut-être simplement parce qu'il en est une, parce qu'il s'inscrit dans des rapports de pouvoir qui lui sont intrinsèques, et donc qui le rendent inacceptable EN SOI (et non pas: qui génèrent des dérives, car quand les "dérives" sont la règle plutôt que l'exception, c'est que ce ne sont plus vraiment des dérives, mais des éléments constitutifs/révélateurs du système). Ce que les pro-prostitution ne voient pas (dans la mesure ou ils sont sincères) c'est que la prostitution cristallise les rapports patriarcaux et qu'elle est un pivot central du patriarcat. C'est en raison du système qui fait exister la prostitution, et non pas à cause de supposées dérives de ce système, que les prostituées sous proxo seront toujours des corps interchangeables, moins que des personnes, des "putes". Peut-il y avoir des exceptions? Peut-être, mais si oui, ça ne change rien à la soupe.
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: Légalisation du proxénétisme
20.12.12 19:59
Tiens, vu qu'on parlait des positions du STRASS il y a quelques pages : j'ai retrouvé un texte du STRASS concernant les maisons closes (spoiler : le STRASS est contre), qui récuse clairement le salariat (100% des revenus d'un travailleur du sexe doivent lui revenir - c'est très tautologique dit comme ça).
Le descriptif du positionnement proprement dit est à partir du 3eme paragraphe, les deux premiers étant consacrés à "casser" le mouvement du Nid et les "anti-prostitution".
Je quote sans les dites attaques, du coup, comme ça inutile d'aller lire des trucs énervants pour avoir l'info.
PS : concernant l'abrogation des lois sur le proxénétisme, au vu du contexte ça fait référence à l'interdiction de louer des logements pour une utilisation "prostitutionnelle" et de s'associer entre putes pour en louer, ces deux pratiques étant considérées comme du "proxénétisme hôtelier".
Le descriptif du positionnement proprement dit est à partir du 3eme paragraphe, les deux premiers étant consacrés à "casser" le mouvement du Nid et les "anti-prostitution".
Je quote sans les dites attaques, du coup, comme ça inutile d'aller lire des trucs énervants pour avoir l'info.
Le STRASS récuse le système abolitionniste actuel qui est en fait un système répressif à l’égard des travailleuSes du sexe sous prétexte de dignité humaine et de morale.
Nous sommes opposéEs au concept de maison close tel qu’elle existait aux XIXème et XXème siècles car elle était un moyen de contrôle et une entrave à nos libertés, et dénonçons l’hypocrisie des lois actuelles qui nous interdisent de travailler en intérieur, en particulier quand nous voulons travailler à plusieurs pour notre sécurité.
Nous sommes contre les maisons closes parce que :
Nous refusons de travailler au profit du tenancier d’une maison close comme nous nous opposons à toute forme d’exploitation et parce que 100% des revenus issus du travail du sexe doivent revenir au travailleur lui-même.
Nous refusons qu’une personne tierce nous impose ou influe dans le choix de nos clients, de notre prévention, de nos pratiques et de nos tarifs.
Nous considérons que le dépistage obligatoire aux IST souvent préconisé avec la réouverture des maisons closes ne protège en rien les travailleuSes du sexe et leurs clients puisqu’il ignore les fenêtres de séroconversion lors des transmissions de ces maladies.
Seul le port du préservatif protège et le dépistage obligatoire n’est en fait utilisé que pour inciter les travailleurs du sexe à accepter des rapports non protégés et à appliquer des politiques d’exclusion à l’égard des travailleurs séropositifs. Les scandales de contaminations dans l’industrie du porno sont un exemple flagrant de la contre productivité du dépistage obligatoire en matière de santé.
Nous refusons d’être mis à l’écart de l’espace public dans des endroits fermés et espaces réservés ou cachés. Nous faisons partie de cette société et nous voulons que nos lieux de travail soient des espaces ouverts à tout public adulte et non des maisons closes.
Nous ne voulons pas qu’un système réglementariste divise les travailleurs du sexe entre des réguliers qui travailleraient en maison closes et d’autres qui continueraient d’être criminalisés pour refuser de se plier au contrôle de l‘Etat. Nous voulons les mêmes droits pour tous quelle que soit notre nationalité.
Ce que nous voulons :
Le droit de travailler où nous voulons.
Le droit de nous associer avec qui nous voulons.
Le droit de travailler avec qui nous voulons.
Le droit de travailler comme nous le voulons.
Cela inclut donc d’abroger les lois sur le racolage et le proxénétisme qui nous empêchent d‘organiser notre travail et de nous loger de manière indépendante. En voulant dissuader l’existence de la prostitution, ces lois ne nous protègent pas, elles nous mettent en danger.
Note : Ce sont aussi les conclusions de la Déclaration et du Manifeste pour les Droits des Sexworkers en Europe, rédigés à l’issue de la conférence européenne de 2005, par plus de 300 travailleuSes du sexe de tout l’europe.
PS : concernant l'abrogation des lois sur le proxénétisme, au vu du contexte ça fait référence à l'interdiction de louer des logements pour une utilisation "prostitutionnelle" et de s'associer entre putes pour en louer, ces deux pratiques étant considérées comme du "proxénétisme hôtelier".
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