"l'enfant roi"
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- sandrineAncien⋅ne
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Date d'inscription : 15/09/2012
Re: "l'enfant roi"
24.01.13 14:26
Antisexisme a écrit:[
Une des premières choses que ma mère m'a apprise : il ne faut pas trop manger, sinon on devient grosse, et être grosse, saymal !
Une BD que ma soeur jumelle a faite, et qui est euh... authentique !
Trop géniale la BD! c'est une pro ta soeur jumelle? Enfin mieux vaut en rire qu'en pleurer...
ça me fait penser à ce qui est arrivé à la (vraie) jumelle d'une amie: quand sa deuxième fille a eu trois mois et qu'il a fallu la mettre à la crèche (donc s'en séparer...) le bébé s'est mis à refuser la nourriture et à maigrir, maigrir... dans le même temps la maman s'est mise à gonfler, gonfler (poids plus une espèce d'oedème pas clairement identifié). Désespérée la maman va voir une pédopsy qui lui demande si par hasard elle n'aurait pas une jumelle. interloquée la maman répond oui, comment vous avez deviné???
La pédopsy demande alors si sa jumelle n'aurait pas eu une grosse différence de poids à sa naissance. Oui, c'est le cas, elle a même du rester des mois en couveuse car elle ne pesait qu'un kilo (la maman pesait trois kilos...) Ce serait paraît-il un cas rare mais répertorié en psy: le deuxième enfant renverrait au rôle des parents dans la fratrie, et la situation présente remettait en scène celle de sa propre naissance! La maman a donc du affronter son sentiment de culpabilité (largement entretenu par la mère qui lui reprochait d'avoir "tout bouffé" et d'avoir failli tuer sa soeur...) et surtout le fait que le bébé était un nouvel enfant, avec une nouvelle histoire. Une histoire qui s'est bien finie puisqu'aussitôt après cette prise de conscience la maman a dégonflé et le bébé regonflé!
Dingue, non?
... Pour en revenir au sujet général, quant à moi je n'ai aucune méthode pédagogique, ce qui ne signifie pas que je laisse tout faire à mes gosses: pas plus que je ne laisserais des ami(e)s se moucher dans mes rideaux, sans pour autant avoir un programme prédéfini de comportement en cas de problème avec elles et eux!
Les manuels pédagogiques m'ont toujours fait le même effet que les manuels genre "comment faire pour séduire les hommes", on séduit vraiment avec ce qu'on est, et on transmet ce qu'on est (comment transmettre le respect des autres par exemple si soi même on se comporte comme une malotrue?)
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: "l'enfant roi"
24.01.13 17:14
(bon on s'éloigne du sujet, mais j'ai pas tout compris : en fait, la mère était "grosse" par rapport à sa soeur jumelle, à la naissance, et elle a reproduit ce schéma avec sa fille ? (une différence de poids)).
Oui c'est ça, l'une maigrit et l'autre grossit en conséquence (ce qui s'était passé in utero, une des jumelles prospère au détriment de l'autre - d'où les reproches "tu as failli tuer ta soeur"). La pédopsy avait deviné que la mère qui grossissait pendant que son deuxième enfant maigrissait avait une jumelle parce qu'elle aurait rencontré exactement le même cas auparavant...
Il y a quand même un rapport avec le sujet: c'est que ce genre d'histoire démontre une fois de plus que la transmission dans ce qu'elle a de volontariste et de "contrôlé" compte beaucoup moins que l'histoire inconsciente: on transmet ce qu'on est, ce qu'on ressent, ce qu'on vit, ce qu'on pense réellement.
Je crois que "l'enfant roi" est un mythe, on traite les enfants comme on se traite nous mêmes (ne recherchons nous pas le maximum de confort et de bien être?) ou comme on voudrait qu'on nous ait traités. Tout ça pour se rendre compte que comme disait mémé l'argent (le confort) ne fait pas le bonheur, mais qu'on ne sait pas pour autant comment faire pour se sentir mieux, comment faire pour que nos enfants soient le plus heureux possible.
- Ju-juAncien⋅ne
- Messages : 238
Date d'inscription : 03/09/2013
Re: "l'enfant roi"
14.09.13 2:56
Je vais quoter d'un autre topic pour rebondir sur ce post:
Désolé pour le racontage de vie, c'était pour illustrer les implications sur le long terme de quand on choisit à la place de l'enfant.
Tellement vrai.....en 6è je voulais faire espagnol LV2 mais mes parents m'ont imposé l'allemand et m'ont menti en disant que je ne pourrais jamais changer de LV2 ce qui était faux, j'aurais pu changer en 4è. Résultat, des années à se forcer, à essayer d'aimer en vain l'allemand, des résultats pas terrible. Arrivée à la fac (licence de langue) ils ne proposaient pas espagnol en LV2 donc c'était soit l'allemand soit une langue étrangère "exotique" (japonais etc), mais l'espagnol il fallait en avoir fait au collège/lycée. J'ai essayé de négocier avec l'administration, de changer de fac, rien à faire. Au final la décision de mes parents de m'empêcher de choisir espagnol m'a poursuivi jusque dans mes études supérieures. Aujourd'hui, 13 ans après mes premiers cours mon niveau d'allemand est toujours lamentable, des centaines d'heures gaspillées ou j'aurais pu apprendre l'espagnol. Reste à me payer le CNED ou apprendre en auto didacte.michonne a écrit:Leur corps leur appartient quand on parle de pédophilie. Sur les autres sujets (sport, nourriture, habillement et même une simple coupe de cheveux) l'adulte pense avoir tout les droitsAraignée a écrit:On dit qu'il faut apprendre aux enfants que leur corps leur appartient et qu'un adulte n'a pas le droit d'y toucher sans leur accord, mais apparemment pour certain(e)s, ce ne serait pas valable quand on parle de leur estomac.
Désolé pour le racontage de vie, c'était pour illustrer les implications sur le long terme de quand on choisit à la place de l'enfant.
- CarolAncien⋅ne
- Messages : 684
Date d'inscription : 31/07/2013
Re: "l'enfant roi"
14.09.13 3:21
Je voulais faire un bac pro compta, mes parents ont refusés. Pour eux le bac pro était une voie de garage pour les nuls et je devais faire un bac B puis la fac comme mon frère. 4 ans plus tard ma petite sœur a fait un bac pro compta et maintenant elle gagne bien sa vie, moi, à 40, je galère pour trouver un financement pour un bts compta au greta pour ne pas me retrouver une fois de plus avec un job de serveuse ou de caissière
le monde idéal serrait celui où les parents ne projettent pas leurs angoisses/désirs/rêves avortés sur leur progéniture.
le monde idéal serrait celui où les parents ne projettent pas leurs angoisses/désirs/rêves avortés sur leur progéniture.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: "l'enfant roi"
14.09.13 4:09
+ 100 000 000 !michonne a écrit:le monde idéal serrait celui où les parents ne projettent pas leurs angoisses/désirs/rêves avortés sur leur progéniture.
Ma mère, après son bac, s'est inscrite en fac d'anglais. Puis, en attendant la rentrée, elle est partie en Inde avec une amie. Et une fois revenue, sa mère lui a dit "je t'ai inscrite à l'Ecole Normale, il ne manque plus que ta signature, signe !"
Et ma maman a donc fait l'Ecole Normale et est devenue institutrice, parce que sa mère l'avait décidé.
Puis, peu avant la naissance de mon frère, elle a voulu arrêter. D'une part parce qu'elle voulait avoir du temps pour élever ses enfants, et d'autre part parce qu'en fait, ce travail d'institutrice la rendait littéralement malade, physiquement malade (elle somatisait et faisait des migraines à répétition). Pas parce que ce métier ne lui convenait pas, mais parce qu'il lui avait été imposé par sa mère, et qu'elle se sentait donc totalement enchaînée à une vie choisie par sa mère.
Sauf qu'elle avait signé pour au moins dix ans et qu'on ne démissionne pas comme ça de la fonction publique. Elle a donc du aller voir un psychiatre, lui expliquer pourquoi elle ne voulait/pouvait plus pratiquer ce métier. Le psy, compréhensif, lui a signé un document la déclarant inapte à exercer le métier d'institutrice. Du coup, elle a pu arrêter, mais son diplôme n'a plus aucune valeur, c'est comme si elle n'avait jamais eu rien d'autre que le bac... et quand, une fois nous ses enfants devenus grands, elle a voulu retrouver du travail, ça a été très difficile. Elle a d'abord, très souvent, été nounou/femme de ménage, voire, dans une certaine famille de bourgeois, considérée comme une domestique (elle passait par la petite porte de derrière, était tutoyée et appelée par son prénom tandis que eux, exigeaient qu'elle les vouvoie et les appelle "Monsieur" et "Madame") ; là, j'ai eu la rage, et je l'ai fortement poussée à arrêter de travailler chez ces gens-là. Et même si ne plus avoir de travail du tout lui faisait peur, elle a heureusement fini par suivre mon conseil.
Elle a essayé de repasser le concours pour redevenir institutrice, mais n'y est pas arrivée. Heureusement, au final, sur un malentendu (quelqu'un ayant pris la date où elle a eu son bac pour sa date de naissance, ce qui la rajeunissait de 18 ans et du coup donnait à son CV l'impression d'être bien rempli), elle a été acceptée pour devenir remplaçante documentaliste dans les collèges et lycées. Mais c'était un sacré coup de chance, sans ça, elle n'aurait peut-être jamais pu faire autre chose que la bonne, elle n'aurait peut-être jamais pu avoir assez d'argent pour se séparer de mon père.
Tout ça parce que sa mère avait décidé à sa place quelle serait sa vie...
Et cette même grand-mère (la mère de ma mère), forçait ma mère à manger quand elle était enfant. Même des choses qu'elle n'aimait pas, comme la viande justement. Elle choisissait à sa place ce qu'elle devait manger, et aussi les quantités.
Ma mère à l'adolescence, était anorexique...
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: "l'enfant roi"
14.09.13 9:30
J'avais déjà évoqué les conséquences gravissimes que peut avoir cette attitude de non respect du corps de l'enfant dans le domaine de l'alimentation (qui à mon avis est significative du respect qu'on a pour l'enfant d'une manière générale...) sur ce même fil:
https://feminisme.1fr1.net/t946p15-l-enfant-roi#22481
https://feminisme.1fr1.net/t1224-finis-ton-assiette#30832
(Pour celleux qui sont sensibles au sujet je vous conseille vraiment vraiment d'écouter "L'Enfant fou" de Stupeflip, en plus musicalement c'est génial...
https://feminisme.1fr1.net/t946p15-l-enfant-roi#22481
Et aussi sur le fil "finis ton assiette"!sardine a écrit:Je ne sais pas s'il y a d'autres personnes sur le forum qui ont souffert de troubles alimentaires: c'est mon cas (et le cas de ma meilleure amie, gravement anorexique dans son adolescence - ça rapproche... ). Evidemment il y a de multiples raisons à ces problèmes, difficiles à toutes identifier, mais je peux vous dire que l'attitude de ma mère a quand même pas mal joué: aujourd'hui encore j'ai horreur de goûter des nouveaux plats, je suis hyper difficile, et je ne suis pas complètement nette avec la bouffe.Araignée a écrit:Ca me parait très étrange l'idée qu'il faut manger par politesse. On mange parce qu'on a faim, pas pour faire plaisir à papa/maman/grand-mère/le pape. Pour éviter le gaspillage, il suffit s'il y a des restes de ne pas refaire à manger au repas suivant, et de manger ces restes.ko a écrit:ou bien il faut bien aussi par politesse manger ce qui a été cuisiné, ne serait-ce pour éviter le gaspillage (ce qui n'empêche pas de consulter les enfants sur ce qu'iels auraient envie de manger certains soirs par exemple). Faut dire aussi que les goût de pas mal d'enfants ne coincident pas toujours avec les gout culinaires des adultes avec lesquels iels cohabitent (HS:je me souviens que je ressentais les sensations gustatives bien plus fortes, le "mauvais" me dégoutait à m'en faire vomir, et le "bon" était succulent).
Ma mère (comme beaucoup de mères, mais peut-être davantage?) tenait à me faire manger varié, alors que du plus loin que je me rappelle je détestais énormément de plats (les petits pois, le poisson, le ragout, le riz... en fait j'avais plus vite fait le tour de ce que j'aimais!) j'avais trouvé une astuce, couper en tout petits morceaux et avaler chaque morceau avec une gorgée d'eau. Et plus tard aller me faire vomir dans les WC... Pour moi les repas étaient synonymes de sale quart d'heure à passer. "Finir les plats pour ne pas gaspiller" me donnait l'impression que mon corps était une poubelle! Je me disais à quoi ça sert de manger quand on n'en a ni besoin ni envie, juste pour ne pas culpabiliser de jeter?
Le pompon c'était quand on me disait: "Pense aux Africains qui meurent de faim", ça avait le don de me nouer définitivement l'estomac! Je me demandais d'ailleurs qui ça pouvait bien mettre en appétit? Mon amie a vécu la même chose, mais ses troubles alimentaires ont bien failli la tuer (on l'avait mise dans le fameux "pavillon des enfants fous"). Pourtant elle était considérée par tout le monde comme une "enfant gâtée", personne ne prenait sa souffrance au sérieux jusqu'à ce qu'elle devienne anorexique...
Il y a une chanson qui m'a remuée parce que ça fait allusion à ça (être forcée de manger quelque chose qu'on déteste - et justement "le poisson avalé avec de l'eau"!):
Stupeflip "L'Enfant fou"
https://www.youtube.com/watch?v=dW82f35vl3Q
https://feminisme.1fr1.net/t1224-finis-ton-assiette#30832
(Pour celleux qui sont sensibles au sujet je vous conseille vraiment vraiment d'écouter "L'Enfant fou" de Stupeflip, en plus musicalement c'est génial...
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