Le scientisme, ou la propagande des chiffres
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La Chatte
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- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
27.02.14 17:32
@ Oui Omniaa, c'est là dessus que je coince, et c'est ici pour moi que s'arrête le pouvoir de la science. La science ne doit pas dire ce qui est sain/bon (au sens moral), et ce qui ne l'est pas, c'est une question éthique et pas scientifique.
En fait on est d'accord et on se comprend ^^.
En fait on est d'accord et on se comprend ^^.
- AraignéeAncien⋅ne
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Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
27.02.14 17:33
Sinon, pour répondre à la question "faut-il protéger les gens vis à vis d'eux-mêmes ?", pour moi la réponse est oui, absolument. Le tout est de savoir le faire avec humilité, réflexion, et pas en se posant en père je-sais-tout. Sur-doser les gens de médocs, utiliser la contention non-humaine à gogo, ce n'est pas les aider lorsqu'ils sont dangereux pour eux-mêmes, y a d'autres façons de faire (et même face à un délirant qui croit aller parfaitement bien, il est possible de discuter de sa médication, des effets secondaires, du dosage, etc).
- Antithesis—
- Messages : 281
Date d'inscription : 29/11/2013
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
27.02.14 17:33
shun a écrit:Je suis globalement d'accord avec le dernier post d'Antithésis. La question est " peut-on, et doit-on protéger les gens d'eux-même ? ".
Doit-on protéger les gens d'un individu dangereux pour autrui : pour moi oui. C'est le principe d'une société, de se mettre à plusieurs pour favoriser l'émergence/la survie, du plus grand nombre.
Non ?
hum, je vais éviter les mauvaises blagues sur la surpopulation....
@jonas
Ok, je comprends mieux ton chemin, et ca se respecte,tu peux pas m' en vouloir de pas savoir que de vraies personnes dans ce cas existaient, comme je l' ai dit, je suis un grand sceptique....
juste, ca me semble quand même un parcours personnel, dans lequel, tu as a un moment, pris en main ton destin, et choisit toi-même la façon dont tu allais vivre.Ce qui me semble la meilleure façon de faire. Je dis en aucun cas, que la science est une réponse a toutes les questions, et la médecine un remède a tous les maux, je dis qu'on doit trouver la manière la plus rationnelle, et la plus simple de faire les choses, la manière qui fonctionne pour s'éviter a soi et aux autres de la souffrance.Dans ce processus, je me méfie, des superstitions, qui ont a mon humble avis, tendance à perturber.
La science va souvent dans ce sens, mais pas forcément, spécialement quand y 'a pas de vraie réponse scientifique concrète, alors là, tout est permis, j' ai envie de dire....
Ca n' empêche, que si demain, t'as, euh.....Un rhume...et bah, ton nez va couler, tu peux, régler ça de plein de façons, mais dans cet exemple là, je pense que la médecine peut marcher....
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
27.02.14 17:39
Oui, mille fois oui !Shun a écrit:Et si le premier soin n'était pas scientifique (au sens études) mais simplement humain ? au sens respect de la volonté des patients et écoute empathique ?
@Jonas, ce que tu dis me fait penser que... à la réflexion, je crois que même si je savais d'où viennent mes hallucinations (qui sont sûrement d'origine neurologiques et non psychiques, d'après mon psy), je ne suis pas sûre du tout de vouloir faire en sorte de ne plus les avoir. OK, quand elles sont effrayantes, c'est dur à vivre, mais parfois, elles sont si belles... et puis, c'est aussi un peu mon monde à moi, grace auquel j'écris parfois mes plus beaux poèmes.
Les sept péchés du psychiatre
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
27.02.14 17:57
Y a pas de soucis Shun, je te rassure ^^
+1 complètement.
Enfin, on sait que les personnes SDF ont souvent des problèmes psychiatriques dus à leurs conditions de vie effroyables. Alors pourquoi quand ces personnes viennent chercher une aide psychologique dans les hôpitaux les remet-on systématiquement dehors en les accusant d'être malade ET à la recherche d'un lit/toit pour se réfugier ? Genre avoir un toit, à bouffer c'est pas nécessaire dans le processus de soin et de guérison ?
Et si le premier soin n'était pas scientifique (au sens études) mais simplement humain ? au sens respect de la volonté des patients et écoute empathique ?
+1
hum, je vais éviter les mauvaises blagues sur la surpopulation....
Pas de soucis. Perso, que ce soit dû aux professions de mes amies ou à leurs vies, j'ai toujours été au contact d'une portion de la population assez déchiquetée, mais je sais que ça n'est pas connu, donc non je ne t'en veux pas, très clairement. L'ignorance est considérée comme une insulte mais ça signifie simplement ne pas savoir, et ça n'a rien d'une faute.
Ok, je comprends mieux ton chemin, et ca se respecte,tu peux pas m' en vouloir de pas savoir que de vraies personnes dans ce cas existaient, comme je l' ai dit, je suis un grand sceptique....
Gaffe, c'est glissant aussi, parce que si j'ai un rhume, c'est 15jours avec les médocs et deux semaines sans comme disait mon père
Ca n' empêche, que si demain, t'as, euh.....Un rhume...et bah, ton nez va couler, tu peux, régler ça de plein de façons, mais dans cet exemple là, je pense que la médecine peut marcher....
C'est exactement ça. On a le droit de vouloir vivre avec des trucs "hors norme".
@Jonas, ce que tu dis me fait penser que... à la réflexion, je crois que même si je savais d'où viennent mes hallucinations (qui sont sûrement d'origine neurologiques et non psychiques, d'après mon psy), je ne suis pas sûre du tout de vouloir faire en sorte de ne plus les avoir. OK, quand elles sont effrayantes, c'est dur à vivre, mais parfois, elles sont si belles... et puis, c'est aussi un peu mon monde à moi, grace auquel j'écris parfois mes plus beaux poèmes.
- Antithesis—
- Messages : 281
Date d'inscription : 29/11/2013
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
27.02.14 18:10
Quand j 'y pense, je me suis jamais évanoui, j'ai jamais eu de nuit de cuite, sans me souvenir de ce que j 'avais fait le lendemain, j 'ai jamais eu de perte de conscience, en dehors du sommeil et j 'ai jamais halluciné....J'ai jamais rien vu de paranormal ou qui défie ma conception de la réalité.....peut être que c'est pour ça que j 'ai une sorte d'apréhension, de tout ce qui est "incontrôlé" qui sort de l' ordinaire....En effet, j'peux tout a fait imaginer qu'on fonctionne différemment, mais c'est très difficile pour moi, de me mettre a cette place.
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
27.02.14 18:20
Il est difficile de céder la main à l'incontrôlable. Avoir peur de dormir en public au cas où on ronflerait (ça m'est arrivé un jour où j'étais hyper malade, gorge enflée et nez bouché, cocktail fatal du ronflement d'éléphant ). Savoir se lâcher est complexe. En général, on a besoin de drogues pour y parvenir, ou atteindre des états seconds ou méditatifs. Certains y arrivent sans, et franchement je leur rire mon chapeau. On vit dans un monde où le contrôle est omniprésent. Beaucoup de conformisme et de mimétisme et dès qu'on s'écarte un peu du chemin on est catalogué comme fou, inapte, handicapé, dangereux. Parfois on est dangereux pour autrui et soi-même, mais en général on vise les mauvaises personnes et les dangereux sont dans la nature (combien de pervers, manipulateurs, violeurs, de personnes qui battent leur entourage,... et qui ne sont pas inquiétés car suffisamment habiles pour avoir l'air conforme ?).
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
27.02.14 18:27
J'avoue, mais on s'écarte un peu du sujet.
Encore que, en créant une norme psychique, la science donne la possibilité à ceux qui parviennent à s'y intégrer à être considérés comme "légitimes" alors qu'ils sont de fieffés salauds.
Mais pour revenir plus précisément au scientisme, ce qui me gêne c'est cette sensation que nous sommes sortis de l'obscurantisme religieux avec le risque de tomber dans l'obscurantisme scientifique. Y a qu'à voir, en effet, comme dit plus tôt, le fait que certains utilisent la science pour justifier les inégalités hommes-femmes.
Ce qui est parallèle au scientisme est également une notion que je voulais aborder à savoir: l'exigence d'être sain. Je parle par là des personnes qui veulent interdire l'alcool, la clope, les drogues, voire considèrent comme légitime d'enfermer quelqu'un jusqu'à la fin de ses jours si la personne est suicidaire.
ça rejoint la question posé plus tôt: est-ce qu'il faut protéger les gens les uns des autres ? Oui. Est-ce qu'il faut protéger quelqu'un de lui-même ? Je suis beaucoup plus dubitatif.
Encore que, en créant une norme psychique, la science donne la possibilité à ceux qui parviennent à s'y intégrer à être considérés comme "légitimes" alors qu'ils sont de fieffés salauds.
Mais pour revenir plus précisément au scientisme, ce qui me gêne c'est cette sensation que nous sommes sortis de l'obscurantisme religieux avec le risque de tomber dans l'obscurantisme scientifique. Y a qu'à voir, en effet, comme dit plus tôt, le fait que certains utilisent la science pour justifier les inégalités hommes-femmes.
Ce qui est parallèle au scientisme est également une notion que je voulais aborder à savoir: l'exigence d'être sain. Je parle par là des personnes qui veulent interdire l'alcool, la clope, les drogues, voire considèrent comme légitime d'enfermer quelqu'un jusqu'à la fin de ses jours si la personne est suicidaire.
ça rejoint la question posé plus tôt: est-ce qu'il faut protéger les gens les uns des autres ? Oui. Est-ce qu'il faut protéger quelqu'un de lui-même ? Je suis beaucoup plus dubitatif.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 7:12
C'est une question de mesure et de concertation. Protéger quelqu'un du suicide parce qu'il/elle est dans une phase de grande dépression, oui. L'enfermer à vie parce que cette personne est déterminée à choisir la mort, non.
Réduire les risques des consommations de drogues (via l'échange de seringues, l'éducation à l'injection propre, le test de la qualité des produits...), oui, mettre les drogués en prison ou les désintoxiquer de force, non.
Quand j'étais sur le trottoir, ce qui m'a le plus dégoûtée de l'humanité, c'est que pas un, pas un seul, ne s'est arrêté pour autre chose que me baiser... Personne ne m'a proposé une pause, une aide financière, une écoute...
Alors que même à l'époque, si la société avait considéré que je me mettais en danger et que, je sais pas, une équipe mobile de psychiatrie était venue me voir pour me proposer (proposer, pas imposer) des soins, ça aurait été un tel soulagement... je n'attendais que ça, une aide que je n'avais pas la force de demander (on a fini par me la proposer : mon ami barmaid, en me donnant une place comme serveuse, m'a aidée à retrouver un peu de dignité et de confiance en moi. Il n'a pas eu à me forcer pour ça).
Beaucoup de gens sont extrêmement soulagés quand ils sont pris en charge, même en hôpital psy. Parce qu'ils ne veulent pas mourir, juste que leur souffrance s'arrête, ou parce qu'il ont tellement peur de leur délire, de leur agitation, que d'être contenus, écoutés, pris en charge, et pouvoir lâcher du lest, ça les soulage.
Le problème est que là où il y a du pouvoir, même le pouvoir du soin, il y a de l'abus. Le problème est dans le manque de personnel psy, de lits, de places, de temps, de structures hors hôpitaux. Le problème est dans le manque d'humilité et de remise en question de certains soignants.
Mais on ne peut pas laisser quelqu'un en pleine BDA sans soin parce qu'il n'a pas demandé d'aide et n'est pas dangereux pour autrui, ce serait juste totalement... inhumain.
Réduire les risques des consommations de drogues (via l'échange de seringues, l'éducation à l'injection propre, le test de la qualité des produits...), oui, mettre les drogués en prison ou les désintoxiquer de force, non.
Quand j'étais sur le trottoir, ce qui m'a le plus dégoûtée de l'humanité, c'est que pas un, pas un seul, ne s'est arrêté pour autre chose que me baiser... Personne ne m'a proposé une pause, une aide financière, une écoute...
Alors que même à l'époque, si la société avait considéré que je me mettais en danger et que, je sais pas, une équipe mobile de psychiatrie était venue me voir pour me proposer (proposer, pas imposer) des soins, ça aurait été un tel soulagement... je n'attendais que ça, une aide que je n'avais pas la force de demander (on a fini par me la proposer : mon ami barmaid, en me donnant une place comme serveuse, m'a aidée à retrouver un peu de dignité et de confiance en moi. Il n'a pas eu à me forcer pour ça).
Beaucoup de gens sont extrêmement soulagés quand ils sont pris en charge, même en hôpital psy. Parce qu'ils ne veulent pas mourir, juste que leur souffrance s'arrête, ou parce qu'il ont tellement peur de leur délire, de leur agitation, que d'être contenus, écoutés, pris en charge, et pouvoir lâcher du lest, ça les soulage.
Le problème est que là où il y a du pouvoir, même le pouvoir du soin, il y a de l'abus. Le problème est dans le manque de personnel psy, de lits, de places, de temps, de structures hors hôpitaux. Le problème est dans le manque d'humilité et de remise en question de certains soignants.
Mais on ne peut pas laisser quelqu'un en pleine BDA sans soin parce qu'il n'a pas demandé d'aide et n'est pas dangereux pour autrui, ce serait juste totalement... inhumain.
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 8:53
On est entièrement d'accord et sur tous les points.
Après, c'est vrai que s'arrêter pour proposer quelque chose à quelqu'un dans la rue (écoute, aide financière etc.), c'est compliqué. Les seules fois où j'ai réussi à m'arrêter, c'était parce que j'avais un "prétexte" (type des chiots, ou la personne qui me demande une clope etc...), sinon j'oserai pas.
Après, c'est vrai que s'arrêter pour proposer quelque chose à quelqu'un dans la rue (écoute, aide financière etc.), c'est compliqué. Les seules fois où j'ai réussi à m'arrêter, c'était parce que j'avais un "prétexte" (type des chiots, ou la personne qui me demande une clope etc...), sinon j'oserai pas.
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 9:13
Pareil pour moi, il y a des tas de fois où je n'ose pas proposer mon aide, c'est très rare que j'y arrive. J'ai peur de faire peur déjà (quelqu'un qui vient vers moi pour me proposer son aide, j'me méfie par nature, donc j'me dis que pour autrui c'est potentiellement la même chose). La dernière fois, je suis revenue sur mes pas et j'ai réussi à proposer à une dame âgée (qui en aidait une autre à descendre des escaliers) de lui descendre sa valise et de m'assurer qu'elles s'en sortaient toutes les deux. C'est con, mais j'me suis sentie hyper bien d'avoir pu rendre service (et j'me fous complètement d'analyser la part d'altruisme et la part d'égo dans cette démarche).
Ensuite, les seules fois où je me suis dit que proposer une pause à une prostituée, histoire de papoter avec elle, boire un café, je sais pas moi, tout sauf la baiser effectivement, ben j'me suis sentie ultra conne t'as pas idée Araignée, parce que j'ai cru que ça se faisait pas (c'est fou comme c'est imprégné l'exclusion sociale des putes...). Puis j'ai assez peur du rejet, et j'suis assez timide aux premiers abords (j'ai l'air froide comme un iceberg il paraît ) alors j'ose pas.
Ensuite, les seules fois où je me suis dit que proposer une pause à une prostituée, histoire de papoter avec elle, boire un café, je sais pas moi, tout sauf la baiser effectivement, ben j'me suis sentie ultra conne t'as pas idée Araignée, parce que j'ai cru que ça se faisait pas (c'est fou comme c'est imprégné l'exclusion sociale des putes...). Puis j'ai assez peur du rejet, et j'suis assez timide aux premiers abords (j'ai l'air froide comme un iceberg il paraît ) alors j'ose pas.
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 11:13
Quand je vois quelqu'un qui va mal, et qui n'a pas l'air agressif, je m'arrête et je propose mon aide, tout simplement comme ça " vous avez pas l'air bien, vous avez besoin d'aide ? ".
Parfois je ne dis rien du tout, je tends juste la main pour prendre celle de l'autre.
Parfois y a rien à dire, juste un contact à établir. Avant quand je fumais, je tendais une cigarette sans rien dire.
Je n'ai jamais été rejetée.
J'ai toujours dit bonsoir aux putes qui travaillaient dans ma rue. A force de passer devant, et de les croiser à la poste, j'avais fini par les considérer un peu comme des voisines et par leur dire bonjour et échanger 3 mots.
Je fais pareil quand je vois un animal qui à l'air de pas aller bien, je le prends, et je l'emmène chez le véto. Bon ben là je propose d'accompagner chez un médecin, ou d'aider avec mes propres moyens sans jamais juger la cause du problème, même si c'est parce que la personne a trop bu, ou qu'elle est raide défoncée, l'alcoolisme et la toxicomanie sont des maladies comme les autres, et on a pas à juger les personnes qui en souffrent. On ne connait jamais le parcours des gens, et quand bien même, qui est-on pour juger ? Qu'est-ce qui nous dit qu'on aurait forcément fait mieux ? Rien, alors moi je respecte, et je ne juge pas.
Je souris aux gens dans la rue, sauf à ceux qui ont l'air agressifs, et je n'hésite pas à appeler le SAMU, les pompiers quand je croise un SDF mal en point. J'ai connu pas mal de personnes malades psychiatriques, et parfois des bien perchées, mais le contact peut globalement s'établir sans utiliser la force (à part dans les périodes de grosses crises violentes ou le malade est dangereux).
Il faut faire preuve d'ouverture, accepter cette différence et laisser l'autre exprimer ce qu'il est. Plus on va vouloir " normaliser " le patient, et plus les crises vont être nombreuses et fortes, ce qui entraine une très grande souffrance psychologique. Les médicaments sont une impasse dans ce cas précis, et c'est la parole, la bienveillance, le sentiment de sécurité qui permettent de calmer la douleur, et de revenir à la " normale ".
Mais je pense que quand un malade qui est en état de manifester sa volonté (qui a donc conscience de ce qui se passe) ne souhaite pas de soin, on ne doit pas l'obliger à les recevoir, c'est le meilleur moyen de le braquer et que les soins ne marchent pas.
Soigner de force (j'enlève les cas où la conscience est altérée), n'est pas soigner pour moi. Soigner en jugeant le malade, comme c'est si souvent le cas en psychiatrie, en alcoologie, en toxicologie, ben c'est pas soigner non plus.
On dit que les gens qui sont bien entourés affectivement guérissent plus vite, qu'ils se remettent mieux de maladies lourdes comme le cancer. Je pense que l'estime et l'amour des autres joue un rôle dans cet guérison.
Mais évidemment, l'estime de soi-même et l'amour propre joue aussi un rôle déterminant. Quand les soignants jugent des personnes qui sont souvent rongées par la honte, la culpabilité etc ... Ils ne les soignent pas, ils les détruisent encore plus.
Mais je sais pas si je suis claire.
Pour moi, le fait d'avoir des connaissances scientifiques est un atout indéniable, mais cela ne doit pas faire oublier ce qu'on est : des humains, avec des émotions, des sentiments, qui interagissent entre eux.
Le gros défaut de la science médicale, est d'avoir tendance à considérer le patient comme une somme de symptômes à résoudre, et pas comme un être humain qui souffre, qui a peur, qui angoisse. Si on résout la peur et l'angoisse on va déjà diminuer les douleurs chroniques et pas mal d'autres symptômes.
La prise en charge doit être scientifique ET humaine. L'erreur est de vouloir substituer la science à l'humain, parce qu’on considère la science comme exacte et l'humain comme vecteur d'erreur. Mais on ne pourra jamais remplacer l'humain.
Parfois je ne dis rien du tout, je tends juste la main pour prendre celle de l'autre.
Parfois y a rien à dire, juste un contact à établir. Avant quand je fumais, je tendais une cigarette sans rien dire.
Je n'ai jamais été rejetée.
J'ai toujours dit bonsoir aux putes qui travaillaient dans ma rue. A force de passer devant, et de les croiser à la poste, j'avais fini par les considérer un peu comme des voisines et par leur dire bonjour et échanger 3 mots.
Je fais pareil quand je vois un animal qui à l'air de pas aller bien, je le prends, et je l'emmène chez le véto. Bon ben là je propose d'accompagner chez un médecin, ou d'aider avec mes propres moyens sans jamais juger la cause du problème, même si c'est parce que la personne a trop bu, ou qu'elle est raide défoncée, l'alcoolisme et la toxicomanie sont des maladies comme les autres, et on a pas à juger les personnes qui en souffrent. On ne connait jamais le parcours des gens, et quand bien même, qui est-on pour juger ? Qu'est-ce qui nous dit qu'on aurait forcément fait mieux ? Rien, alors moi je respecte, et je ne juge pas.
Je souris aux gens dans la rue, sauf à ceux qui ont l'air agressifs, et je n'hésite pas à appeler le SAMU, les pompiers quand je croise un SDF mal en point. J'ai connu pas mal de personnes malades psychiatriques, et parfois des bien perchées, mais le contact peut globalement s'établir sans utiliser la force (à part dans les périodes de grosses crises violentes ou le malade est dangereux).
Il faut faire preuve d'ouverture, accepter cette différence et laisser l'autre exprimer ce qu'il est. Plus on va vouloir " normaliser " le patient, et plus les crises vont être nombreuses et fortes, ce qui entraine une très grande souffrance psychologique. Les médicaments sont une impasse dans ce cas précis, et c'est la parole, la bienveillance, le sentiment de sécurité qui permettent de calmer la douleur, et de revenir à la " normale ".
Mais je pense que quand un malade qui est en état de manifester sa volonté (qui a donc conscience de ce qui se passe) ne souhaite pas de soin, on ne doit pas l'obliger à les recevoir, c'est le meilleur moyen de le braquer et que les soins ne marchent pas.
Soigner de force (j'enlève les cas où la conscience est altérée), n'est pas soigner pour moi. Soigner en jugeant le malade, comme c'est si souvent le cas en psychiatrie, en alcoologie, en toxicologie, ben c'est pas soigner non plus.
On dit que les gens qui sont bien entourés affectivement guérissent plus vite, qu'ils se remettent mieux de maladies lourdes comme le cancer. Je pense que l'estime et l'amour des autres joue un rôle dans cet guérison.
Mais évidemment, l'estime de soi-même et l'amour propre joue aussi un rôle déterminant. Quand les soignants jugent des personnes qui sont souvent rongées par la honte, la culpabilité etc ... Ils ne les soignent pas, ils les détruisent encore plus.
Mais je sais pas si je suis claire.
Pour moi, le fait d'avoir des connaissances scientifiques est un atout indéniable, mais cela ne doit pas faire oublier ce qu'on est : des humains, avec des émotions, des sentiments, qui interagissent entre eux.
Le gros défaut de la science médicale, est d'avoir tendance à considérer le patient comme une somme de symptômes à résoudre, et pas comme un être humain qui souffre, qui a peur, qui angoisse. Si on résout la peur et l'angoisse on va déjà diminuer les douleurs chroniques et pas mal d'autres symptômes.
La prise en charge doit être scientifique ET humaine. L'erreur est de vouloir substituer la science à l'humain, parce qu’on considère la science comme exacte et l'humain comme vecteur d'erreur. Mais on ne pourra jamais remplacer l'humain.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 13:48
Hier, je marchais dans la rue et il y avait un vieux monsieur, assis, qui tendait la main vers les gens et les appelait. On ne comprenait pas ce qu'il disait, parce qu'il ne parlait pas français et était pas mal déboussolé.
Ben du coup, les gens l'ignoraient, faisaient mine de pas le voir, de pas l'entendre. J'ignore depuis combien de temps il était là... mais il était évident qu'il allait très mal, au moins psychiquement. Il tendait un tout petit bout de papier froissé sur lequel il était juste écrit SPLENDID (j'ai compris qu'il logeait à l'hôtel Splendid, mais je ne savais pas où c'était...).
Bref, contrairement à tous ces gens-qui-ont-peur et gens-qui-veulent-pas-perdre-leur-temps, je me suis arrêtée, au moins pour savoir si ça allait. J'ai bien fait... Parce qu'il ne tenait pas debout sur ses jambes (il essayait, en se tenant à moi, mais tremblait énormément). Il parlait italien, langue que je ne comprends pas. J'ai appelé les pompiers, lui ai expliqué qu'ils allaient arriver (heureusement qu'on parlait, au moins, tous deux une langue latine...), et du coup, il a pu s'assoir et se calmer un peu. Et il m'a raconté (toujours en italien, et onomatopées), qu'il venait du Kossovo, avait fui une guerre qui avait tué ses proches... J'ai pensé à la vie de ce vieil homme, à l'indifférence des gens qui l'avaient laissé là, assis et désespéré au milieu de la rue.
Et puis les pompiers sont arrivés. J'ai appris que le monsieur avait Parkinson (grace à une notice de médicaments qu'il avait sur lui et a montré aux pompiers). Et ils l'ont amené à l'hôpital.
Je ne sais pas si c'est la peur, l'indifférence, le mépris, ou autre chose, qui pousse les gens à ne pas aider, mais je trouve que c'est grave. Je me souviens du jour où je vomissais du sang sous une forte fièvre, et où personne ne m'a aidée (alors que j'ai demandé cette aide, j'ai demandé qu'on appelle un docteur) parce que je n'étais qu'une junkie et une "clocharde".
Et en racontant ça à mon copain, il m'a dit qu'en fait, même les gens qui ont l'air "respectables", même ceux qui sont et parlent français, sont confrontés à ça. Une amie de sa mère (la cinquantaine) s'était retrouvée nue et en pleurs dans la rue suite à un viol... et personne ne prêtait attention à elle !!
Ben du coup, les gens l'ignoraient, faisaient mine de pas le voir, de pas l'entendre. J'ignore depuis combien de temps il était là... mais il était évident qu'il allait très mal, au moins psychiquement. Il tendait un tout petit bout de papier froissé sur lequel il était juste écrit SPLENDID (j'ai compris qu'il logeait à l'hôtel Splendid, mais je ne savais pas où c'était...).
Bref, contrairement à tous ces gens-qui-ont-peur et gens-qui-veulent-pas-perdre-leur-temps, je me suis arrêtée, au moins pour savoir si ça allait. J'ai bien fait... Parce qu'il ne tenait pas debout sur ses jambes (il essayait, en se tenant à moi, mais tremblait énormément). Il parlait italien, langue que je ne comprends pas. J'ai appelé les pompiers, lui ai expliqué qu'ils allaient arriver (heureusement qu'on parlait, au moins, tous deux une langue latine...), et du coup, il a pu s'assoir et se calmer un peu. Et il m'a raconté (toujours en italien, et onomatopées), qu'il venait du Kossovo, avait fui une guerre qui avait tué ses proches... J'ai pensé à la vie de ce vieil homme, à l'indifférence des gens qui l'avaient laissé là, assis et désespéré au milieu de la rue.
Et puis les pompiers sont arrivés. J'ai appris que le monsieur avait Parkinson (grace à une notice de médicaments qu'il avait sur lui et a montré aux pompiers). Et ils l'ont amené à l'hôpital.
Je ne sais pas si c'est la peur, l'indifférence, le mépris, ou autre chose, qui pousse les gens à ne pas aider, mais je trouve que c'est grave. Je me souviens du jour où je vomissais du sang sous une forte fièvre, et où personne ne m'a aidée (alors que j'ai demandé cette aide, j'ai demandé qu'on appelle un docteur) parce que je n'étais qu'une junkie et une "clocharde".
Et en racontant ça à mon copain, il m'a dit qu'en fait, même les gens qui ont l'air "respectables", même ceux qui sont et parlent français, sont confrontés à ça. Une amie de sa mère (la cinquantaine) s'était retrouvée nue et en pleurs dans la rue suite à un viol... et personne ne prêtait attention à elle !!
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 14:01
Punaise, c'est limite trop dur pour moi ce que tu dis, je sais pas si c'est compréhensible, mais si j'arrête quelques minutes de bloquer mon empathie, si je m'arrête dans la rue et que je regarde autour de moi, je sais que j'ai plus qu'à m'effondrer de désespoir, littéralement, je pourrais pas rester debout devant la misère. C'est pour ça que je ne peux pas m'arrêter en tant normal. En revanche, je pourrais pas passer mon chemin pour quelqu'un en pleurs, ou un animal blessé, mais je sais que je prendrais cher après coup, en rentrant chez moi et que ça risque de m'empêcher de sortir pendant pas mal de temps.
C'est sans doute dégueulasse mais c'est mon seul instinct de survie. Je sais que c'est grave, mais j'ai encore du mal à surmonter ça.
C'est sans doute dégueulasse mais c'est mon seul instinct de survie. Je sais que c'est grave, mais j'ai encore du mal à surmonter ça.
- LenaLouAncien⋅ne
- Messages : 1093
Date d'inscription : 19/11/2013
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 14:19
Bah des fois,oui,aussi horrible que cela puisse être,tu fais pas attention a toute la misère que tu croise par instinct de survie. J'étais enceinte de 5 mois et demi quand j'ai vu ce SDF avec un pied abimé ( blessure récente,rien de très grave non plus,pas d'écoulement de sang mais pas de pansement ),endormi,visiblement alcoolisé,qui en plus sentait très très fort,grand,costaud... Oui,j'ai eu peur pour moi et mon bébé,et s'il était violent? Je voulais pas prendre de risques,je suis rentrée chez moi. Il était dans le métro,sur un banc.
C'était égoïste peut être mais je me suis barrée.
J'ai toujours donné des sous,a manger même ( je suis déjà descendue de chez moi avec un sandwich fait maison,un café,et ma mère a même prêté sa douche et sa machine a laver ),je parle sans problème,je souris,je suis polie,bref,je reste humaine. Mais il m'est arrivé de ne pas faire gaffe,volontairement ou pas,parce que j'avais aussi mes problèmes,parce qu'a ces moments là,je voulais pas affronter ça,je ne m'en sentais pas le courage.
Comme Drärk,en fait,si je ne me bloque pas mon empathie de temps a autre,j'ai plus qu'a me pendre et a arrêter toute sortie . Je suis hypersensible,du genre a chialer devant le JT,ou devant de simple cris,alors en "vrai",je peux perdre pied complètement,paniquer,j'ai pas les épaules.
Après je laisserais pas non plus un être gravement blessé sans prévenir les secours..
C'était égoïste peut être mais je me suis barrée.
J'ai toujours donné des sous,a manger même ( je suis déjà descendue de chez moi avec un sandwich fait maison,un café,et ma mère a même prêté sa douche et sa machine a laver ),je parle sans problème,je souris,je suis polie,bref,je reste humaine. Mais il m'est arrivé de ne pas faire gaffe,volontairement ou pas,parce que j'avais aussi mes problèmes,parce qu'a ces moments là,je voulais pas affronter ça,je ne m'en sentais pas le courage.
Comme Drärk,en fait,si je ne me bloque pas mon empathie de temps a autre,j'ai plus qu'a me pendre et a arrêter toute sortie . Je suis hypersensible,du genre a chialer devant le JT,ou devant de simple cris,alors en "vrai",je peux perdre pied complètement,paniquer,j'ai pas les épaules.
Après je laisserais pas non plus un être gravement blessé sans prévenir les secours..
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 14:57
Oui voilà, je parle de quand on voit une personne qui manifestement va pas bien, et qui a besoin d'une aide immédiate, genre les pompiers, les urgences, ou qui se fait agresser.
On ne peut pas forcément intervenir directement façon WonderWoman (faudrait un smiley WW), mais on peut appeler, soutenir, écouter, bref faire quelque chose.
Après on ne peut pas résoudre la misère chronique, si je puis dire. Et moi même j'ai été la première aux urgences à avoir peur de certains patients fortement alcoolisés et dont le comportement m'effrayait.
Par contre quand ce sont des gens innofensifs, et qui demandent de l'aide (genre " j'ai mal ", blessé, malades, ou en train de faire un malaise, une OD, ou un délirium, ou encore une crise " gérable ") et ben je m'arrête et j'essaye d'apporter mon aide, même si ça consiste juste à appeler le 15, le 18 ou le 17.
Et je pense que personne ici n'aurait laissé les personnes dont parle Araignée sans rien faire.
Franchement, si un clochard vous demande d'appeler un toubib, et que vous voyez qu'il vomit du sang, vous allez pas continuer votre chemin en l'ignorant ...
On ne peut pas forcément intervenir directement façon WonderWoman (faudrait un smiley WW), mais on peut appeler, soutenir, écouter, bref faire quelque chose.
Après on ne peut pas résoudre la misère chronique, si je puis dire. Et moi même j'ai été la première aux urgences à avoir peur de certains patients fortement alcoolisés et dont le comportement m'effrayait.
Par contre quand ce sont des gens innofensifs, et qui demandent de l'aide (genre " j'ai mal ", blessé, malades, ou en train de faire un malaise, une OD, ou un délirium, ou encore une crise " gérable ") et ben je m'arrête et j'essaye d'apporter mon aide, même si ça consiste juste à appeler le 15, le 18 ou le 17.
Et je pense que personne ici n'aurait laissé les personnes dont parle Araignée sans rien faire.
Franchement, si un clochard vous demande d'appeler un toubib, et que vous voyez qu'il vomit du sang, vous allez pas continuer votre chemin en l'ignorant ...
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 15:05
Qu'est-ce que c'est, une OD ?
- OmniiaAncien⋅ne
- Messages : 2909
Date d'inscription : 20/10/2012
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 15:13
C'est chouette ce que tu as fait Araignée.
Me concernant quand je ne fais rien c'est souvent par peur (mais si quelqu'un appelle à l'aide ou a l'air d'aller très mal, je m'arrête sans hésiter et j'appelle des services susceptibles d'aider).Araignée a écrit:Je ne sais pas si c'est la peur, l'indifférence, le mépris, ou autre chose, qui pousse les gens à ne pas aider, mais je trouve que c'est grave.
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 15:53
Quand on voit quelqu'un qui va mal, c'est faisable. J'ai vu un type chialer près d'une bagnole un jour, je suis allé le voir. Mais il y a un prétexte. Il y a "visibilité" du mal-être. Une personne qui pleure dans la rue, c'est une ouverture. Mais voir que quelqu'un va mal en dehors de ces "trucs", c'est difficile. Quand on est désespéré, on peut avoir fini de pleurer, avoir fini de parler, et être juste déchiqueté à attendre. Et là, pour le repérer...Quand je vois quelqu'un qui va mal, et qui n'a pas l'air agressif, je m'arrête et je propose mon aide, tout simplement comme ça " vous avez pas l'air bien, vous avez besoin d'aide ? ".
C'est marrant, sur mon chemin pour aller au taff, je dis toujours bonjour aux 3-4 putes qui se trouvent près de la gare. On échange un sourire, et je poursuis ma route à roller.
J'ai toujours dit bonsoir aux putes qui travaillaient dans ma rue. A force de passer devant, et de les croiser à la poste, j'avais fini par les considérer un peu comme des voisines et par leur dire bonjour et échanger 3 mots.
ça, c'est certain.
On dit que les gens qui sont bien entourés affectivement guérissent plus vite, qu'ils se remettent mieux de maladies lourdes comme le cancer. Je pense que l'estime et l'amour des autres joue un rôle dans cet guérison.
Concernant ceux qui ne font rien, c'est pour de nombreuses raisons, je pense. Il y a la peur, celle-là est "courante", il y a le mépris (ils ne veulent même pas considérer les SDF comme existant), il y a, surtout, l'égocentrisme.
Une petite chanson qui fait mal, mais que j'écoutais à l'instant, et qui colle tellement à ce dont on parle:
https://www.youtube.com/watch?v=eWY7FnZgQTI
- LenaLouAncien⋅ne
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Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 17:56
shun a écrit:
Et je pense que personne ici n'aurait laissé les personnes dont parle Araignée sans rien faire.
Franchement, si un clochard vous demande d'appeler un toubib, et que vous voyez qu'il vomit du sang, vous allez pas continuer votre chemin en l'ignorant ...
Evidemment!
Un cas réellement grave,une urgence vitale,là,oui,je ferais quelque chose,je pourrais jamais vivre avec une mort sur la conscience...
heureusement j'ai encore jamais vu ça.
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 19:12
Je ne crois pas qu'avec mon mètre soixante et mes cinquante kilos, c'est par peur que les gens ne m'ont pas aidée ce jour-là... D'ailleurs, je me souviens clairement du jeune qui rentrait sans doute de sa soirée étudiante et m'a dit, mot pour mot "reste dans ta merde, sale junkie". C'est vrai, je vomissais du sang suite à l'injection d'une coke coupée à je ne sais quelle merde, mais d'une, ils pouvaient pas le deviner, et de deux... est-ce bien une raison ?
Enfin, c'est pas tout à fait vrai, quelqu'un a bien fini par m'aider... Titi, un clochard qui vivait et dormait pas loin de là. Quand, épuisée et la fièvre commençant à baisser, le soleil s'est levé, je me suis endormie en plein milieu. Et à midi, Titi m'a réveillée doucement, inquiet ("reste pas en plein milieu, tu vas te faire voler tes affaires !"). Il m'a fait un lit tout neuf avec des couvertures propres du 115, m'a roulé un joint (je fumais encore à l'époque), est allé me chercher un café à la fac, m'a demandé si je voulais qu'il appelle un médecin (mais ça allait beaucoup mieux, donc j'ai décliné), et toute l'après-midi, il est resté assis là, en silence, à côté de moi, juste pour surveiller mon sac à dos et ma petite rate pendant que je dormais et récupérais...
Ce n'est sûrement pas la peur non plus qui a empêché les gens d'aider un vieil homme atteint de parkinson et ne tenant pas debout, si ? (dans son cas, je me demande quel pourcentage de xénophobie a joué dans cette indifférence...)
Enfin, c'est pas tout à fait vrai, quelqu'un a bien fini par m'aider... Titi, un clochard qui vivait et dormait pas loin de là. Quand, épuisée et la fièvre commençant à baisser, le soleil s'est levé, je me suis endormie en plein milieu. Et à midi, Titi m'a réveillée doucement, inquiet ("reste pas en plein milieu, tu vas te faire voler tes affaires !"). Il m'a fait un lit tout neuf avec des couvertures propres du 115, m'a roulé un joint (je fumais encore à l'époque), est allé me chercher un café à la fac, m'a demandé si je voulais qu'il appelle un médecin (mais ça allait beaucoup mieux, donc j'ai décliné), et toute l'après-midi, il est resté assis là, en silence, à côté de moi, juste pour surveiller mon sac à dos et ma petite rate pendant que je dormais et récupérais...
Ce n'est sûrement pas la peur non plus qui a empêché les gens d'aider un vieil homme atteint de parkinson et ne tenant pas debout, si ? (dans son cas, je me demande quel pourcentage de xénophobie a joué dans cette indifférence...)
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 19:16
Bah, par peur, j'entendais aussi le côté "j'ose pas parce que je suis bloqué à l'idée d'aller voir un inconnu".
'fin perso, dans la rue, parler à quelqu'un que je ne connais pas, c'est... ouais, me faut un prétexte. Si je vois la personne cracher du sang, ouais, clairement. Mais si j'ai pas de truc qui me permette de faire...
Après, oui, y a aussi le mépris, la xénophobie et tout ça, mais je veux dire... les gens n'osent pas bouger, et ce de manière général. Y a une sorte d'apathie institutionnalisé. On grandit dans l'idée de ne pas intervenir dans la vie des autres. J'ai vu un pote se faire tabasser devant moi, et malgré une dizaine d'années d'art martiaux, j'ai mis 5-10sec avant d'intervenir. Juste parce que "blocage" pur. Il y a une portion, je n'ai aucune idée de sa taille en revanche, qui n'ose pas par blocage conventionnel, par non habitude, par la peur de l'inconnu, ou même d'essayer quelque chose.
'fin perso, dans la rue, parler à quelqu'un que je ne connais pas, c'est... ouais, me faut un prétexte. Si je vois la personne cracher du sang, ouais, clairement. Mais si j'ai pas de truc qui me permette de faire...
Après, oui, y a aussi le mépris, la xénophobie et tout ça, mais je veux dire... les gens n'osent pas bouger, et ce de manière général. Y a une sorte d'apathie institutionnalisé. On grandit dans l'idée de ne pas intervenir dans la vie des autres. J'ai vu un pote se faire tabasser devant moi, et malgré une dizaine d'années d'art martiaux, j'ai mis 5-10sec avant d'intervenir. Juste parce que "blocage" pur. Il y a une portion, je n'ai aucune idée de sa taille en revanche, qui n'ose pas par blocage conventionnel, par non habitude, par la peur de l'inconnu, ou même d'essayer quelque chose.
- InvitéInvité
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
28.02.14 20:12
Les gens se permettent de juger du mode de vie des autres, mais en revanche dès qu'ils n'ont rien à gagner ou quelque chose à perdre, y a plus personne.
Un jour, on m'a texto "C'est ta mère quand même" parce qu'elle avait appelé le médecin pour se dénoncer après m'avoir menacée/frappée et que j'étais carrément en état de choc. Mais non, on ne dénonce pas ses parents non, ça se fait pas. Pour le mec dans la rue c'est pareil. Et j'avoue que jamais su comment faire pour proposer une clope ou d'aller acheter une bière et me poser un peu pour papoter ou pour rien dire. Je sais pas comment on fait car on m'a appris à me taire, ne rien voir et garder pour moi ce que je vivais.
Un jour, on m'a texto "C'est ta mère quand même" parce qu'elle avait appelé le médecin pour se dénoncer après m'avoir menacée/frappée et que j'étais carrément en état de choc. Mais non, on ne dénonce pas ses parents non, ça se fait pas. Pour le mec dans la rue c'est pareil. Et j'avoue que jamais su comment faire pour proposer une clope ou d'aller acheter une bière et me poser un peu pour papoter ou pour rien dire. Je sais pas comment on fait car on m'a appris à me taire, ne rien voir et garder pour moi ce que je vivais.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Le scientisme, ou la propagande des chiffres
03.03.14 2:32
Au sujet du scientisme dans le traitement des maladies mentales/psychiques en général, et du DSM en particulier :
[url=Au sujet du scientisme dans le traitement des maladies mentales/psychiques en général, et du DSM en particulier : http://olivierdouville.blogspot.fr/2013/01/pourquoi-le-dsm-iv-bientot-v-tropille.html]Pourquoi le DSM torpille le soin ?[/url]
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