Les espoirs déçus de la psychiatrie biologique

Salut,

J'avais commencé à rédiger un long message mais au final, sa forme très scolaire m'a retenu de le poster… Donc je vais au contraire faire vite.

Je souhaite en fait faire de la pub pour un article ne traitant ni du féminisme ni du sexisme, mais dont la lecture est très enrichissante et donne des outils pour lutter contre le neurosexisme. Il s'agit d'un article de François Gonon intitulé « La psychiatrie biologique : une bulle spéculative ? », publié dans le numéro de novembre 2011 de la revue Esprit.

L'article est en trois parties, et les trois s'avérent précieuse :

• dans la première, il montre que l'approche « tout génétique » n'a pas apporté grand chose dans la lutte des troubles psychiatriques. Il est nécessaire de réintroduire le facteur environnemental, notamment grâce à l'épigénétique, qui inverse, si j'ose dire, la chaîne des causalités : les comportements sont la cause de phénomènes génétiques héréditaires. De quoi allumer notre petite lumière rouge interne lorsqu'on tombe sur des papiers expliquant que tels comportements sont dus à tels facteurs génétiques… ;
  
• dans la seconde, où il s'interroge sur les causes et les effets sociaux de ce « tout génétique », il montre la responsabilité des scientifiques eux-mêmes et des médias dans la publication et la vulgarisation des données et résultats. Un point particulièrement intéressant qu'il souligne est le « biais de publication » : lorsqu'un chercheur croit trouver une corrélation plutôt inattendue entre deux choses, son papier va être publié dans des revues prestigieuses (les mêmes que vont lire les journalistes scientifiques) ; mais lorsque plusieurs études suivantes invalident le premier, celles-ci sont publiées dans des revues moins prestigieuses et ne sont pas relayées ;
  
• enfin la troisième partie portant sur la situation des troubles psychologiques aux USA s'avère également intéressante pour nous puisqu'il avance l'idée que la neurobiologie sert à justifier les inégalités sociales (« La psychiatrie biologique serait alors convoquée pour démontrer que l’échec social des individus résulte de leur handicap neurobiologique »). De quoi relativiser les critiques adressées aux chercheurs européens qui laisseraient une trop grand place au contexte social…
  

J'ai pris connaissance de cet article ce matin, dans une chronique de Caroline Eliacheff (ici). L'article se trouve très facilement en pdf Vous aurez donc compris que je vous en recommande trèèèès chaudement la lecture

Sur un sujet similaire, ceci..
http://guillaumeleroy.blogspot.fr/2013/06/enfants-abuses-traces-dans-ladn-et-le.html
Comme quoi, il est possible d'obtenir des résultats scientifiques utiles pour les féministes..

Merci beaucoup pour le partage (d'autant qu'on est là pile dans un sujet qui me passionne)