BD autobiographique gerbante: 23 prostituées

Tiens, l'elfe évoque aussi cette BD et les sales louanges qu'elle reçoit en deuxième partie de cet article

C'est bizarre qu'il se rende pas compte du décalage entre ce qu'il montre, et son discours.

Bah c'est un client, faut pas compter sur ses trois neurones (ouais je les méprise).

Je crois que c'est une erreur de les prendre pour des demeurés. Je m'explique: c'est pour moi un peu comme de ne voir les violeurs que comme des psychopathes marginaux.
Le fait est qu'il y en a dans toutes les catégories "intellectuelles", et qu'il s'agit plus d'un manque d'humanité et de compassion que d'un manque d'intelligence (le travers de ce mépris bien compréhensible en soi est qu'on finit par penser que les gens intelligents ne trempent pas la dedans, à tort)

Non mais, je sais... Mais je préfère le mépris à la haine, donc je les méprise. Quand je pense que certains ont plus de trois neurones et sont capables de réfléchir, je frise la haine et j'aime pas ça.

Ceci dit, même intelligents et cultivés, face à ce qu'ils ne veulent surtout pas voir, ils sont capables de la plus haute stupidité (suffit de faire un tour sur le forum prostitution de doctitruc pour s'en apercevoir).

Enfin, t'as quand même raison de préciser.

Je ne pense pas que ce soit une question d'être plus ou moins intelligent parce que je pense qu'ils n'y réfléchissent même pas du tout.
C'est comme quand tu travailles et que quelqu'un parle fort à côté et que tu lui fais remarquer, il/elle va dire "hingnagna pas ma faute", mais en fait ça arrive à des gens intelligents, ça leur était juste sincèrement pas passé par la tête qu'ils étaient chiants pour les autres.
Bon, c'était pour faire comprendre comment je voyais les choses, après c'est clair qu'être client de prostituées, c'est quelque chose qui se fait sur beaucoup plus longtemps et de ne même pas envisager qu'il puisse y avoir de quoi se poser des questions, ça veut sans doute dire qu'ils ne sont vraiment pas habitués à réfléchir sur comment améliorer un peu la société, mais ça n'est pas tout à fait de la stupidité.

Qu'ils n'y réfléchissent pas, c'est une chose. Qu'ils refusent de voir alors qu'on leur met les choses sous le nez, c'est une autre...

Ici, la réponse d'une encenseuse de la BD critiquée par l'elfe (avec en bonus à la fin de son com un peu de chantage comme quoi si on la critique, eh bien elle arrêtera d'être féministe, na!).

Hello, je me permets de réagir puisque je suis citée, et puisque maintenant je me fais insulter sur mon blog : 1) Les extraits publiés ici sont choquants parce qu’hors contexte. Je trouve ça dommage de vouloir réfléchir sur cette BD en la découpant avec autant de partialité (et je trouve très bien de réfléchir sur cette BD tout court). 2) Le héros n’a pas à être un modèle. Je ne lis pas de BD pour voir des modèles. J’aime les polars où on tue des gens : ça m’enlève mon humanité ? 3) Donc quand Despentes demande dans King Kong Théorie qu’on entende enfin la voix des violeurs, histoire de voir qui ils sont, c’est bien. Quand Chester Brown arrive et pose son expérience de client, on râle. Bah bon courage pour faire avancer le débat.
Que vous le vouliez ou non, il reste des féministes qui n’ont pas fait leur choix entre abolition et tolérance, et j’en fais partie. Cette BD m’a fait sourire et réfléchir, elle m’a donné accès à une expérience humaine pas dénuée d’autocritique, et mon enthousiasme de lectrice ne veut pas dire que je soutiens le point de vue politique de l’auteur. Merci de ne pas me jeter direct avec l’eau du bain. A vouloir des féministes rigides comme des bambous, un jour, il n’y en aura plus.

Pour moi, la phrase ou elle se trompe, c'est celle-là:

Quand Chester Brown arrive et pose son expérience de client, on râle.

On ne râle pas parce que Chester Brown arrive avec son expérience de client, et la raconte, mais parce que apparemment, il dépense une énergie incroyable à se dédouaner de ses responsabilités en tant que client.

De plus, cette BD n"est pas équivalente à un polar ou l'on tue des gens, parce que dans les polars ou l'on tue les gens, on a pas un postface entier ou l'on explique que une fois morts, de toute façon, les gens ils s'en foutent, et que donc, c'est pas gênant de tuer des gens.

On ne râle pas parce que Chester Brown arrive avec son expérience de client, et la raconte, mais parce que apparemment, il dépense une énergie incroyable à se dédouaner de ses responsabilités en tant que client.

Ceci dit, je pense que de son point de vue, il assume ses responsabilités.

Qu'il est convaincu que demander "Es-tu mineure ?" suffit, et que c'est pas son problème si la prostituée "décide" de mentir, alors que bon prince il "offre" une porte de sortie.

En plus, étant donné la violence de ce qu'il présente comme expérience, c'est peut-être le signe qu'il ne raconte pas n'importe quoi. Ce qui est finalement une bonne chose.

Il ne faut peut-être pas espérer que quelqu'un arrive et dise "Voilà, j'ai fait ça, ça et ça avec des prostituées. C'est dégueulasse d'avoir fait ça, et j'ai été un être immonde. Je m'en rends compte maintenant."

Personne ou presque n'est capable d'agir ainsi..

Il ne faut peut-être pas espérer que quelqu'un arrive et dise "Voilà, j'ai fait ça, ça et ça avec des prostituées. C'est dégueulasse d'avoir fait ça, et j'ai été un être immonde. Je m'en rends compte maintenant."

Personne ou presque n'est capable d'agir ainsi..

Je suis peut-être effectivement un peu trop optimiste/exigeante en ce qui concerne les dominant-e-s (mais lorsque l'on est pas optimiste, l'on est accusé-e de mettre tous les hommes dans le même panier; faudrait savoir! (je dis pas cela pour toi, hein)).
Ceci dit, ce n'est pas une question d'être capable; on l'est tout à fait, mais d'en avoir la volonté (et, je pense l'honnêteté, mais c'est déjà plus discutable), tout comme Chester Brown a mis un sacré paquet de volonté dans ce qu'il a fait, d'ailleurs.
Et oui, il existe des dominant-e-s qui le font. Et il ne s'agit pas tout à fait de dire que l'on a été un être immonde, comme tu le sais ( je ne vais même pas me fatiguer à argumenter là dessus ).
Ça peut s'appeler des hommes féministes, ou des blanc-he-s antiracistes par exemple.
Mais je comprends bien ce que tu dis.

Et oui, il existe des dominant-e-s qui le font.

Oui, mais avec un passif pareil c'est plus rare.

Grunt a écrit:
Il ne faut peut-être pas espérer que quelqu'un arrive et dise "Voilà, j'ai fait ça, ça et ça avec des prostituées. C'est dégueulasse d'avoir fait ça, et j'ai été un être immonde. Je m'en rends compte maintenant."

Pourtant j'en connais un (enfin, je le connais via un forum*), un ancien punter qui a fini par se rendre compte, d'abord de l'absurdité de payer pour coucher avec quelqu'un qui n'en a pas envie, en ensuite de ce que ça implique niveau éthique.

* Forum où il est très mal vu d'ailleurs, étant donné que le discours principal sur ce forum est "nous sommes putes et on adore ce qu'on fait, on n'a aucun problème même quand on en a, et nous sommes clients mais attention on est des gens bien et respectueux".

Je me demande si je le connais pas non plus (ou alors c'est une majorité silencieuse , quelle mauvaise langue tu es, grunt! ), mais sur un forum abolitionniste...

Grunt a écrit:Il ne faut peut-être pas espérer que quelqu'un arrive et dise "Voilà, j'ai fait ça, ça et ça avec des prostituées. C'est dégueulasse d'avoir fait ça, et j'ai été un être immonde. Je m'en rends compte maintenant."

Personne ou presque n'est capable d'agir ainsi..

http://spermufle.wordpress.com/
http://www.rue89.com/rue69/2012/11/09/ex-client-de-prostituees-je-suis-pour-la-penalisation-des-clients-236823

Ben ouais, c'est lui.

Mh, c'est intéressant de comparer les deux témoignages.

Grunt a écrit:Mh, c'est intéressant de comparer les deux témoignages.

C'est le même gars !

Nan nan, je parlais de la BD

Ouh, là, je découvre seulement la chose grâce à vous (honte sur moi, j'arrive pas du tout à suivre l'actu BD) !
Je suis tout à fait d'accord avec ce qui a été dit plus haut. C'est franchement odieux comme démarche.

Vu du haut de ma petite expérience de la bande dessinée, j'ai quand même deux-trois trucs à ajouter.
Bon, d'abord que, bien sûr, le milieu BD en général est franchement très masculin. Pas forcément très macho, mais bon, dans un univers d'hommes, les références sont forcément masculines - le point de vue des nanas leur est souvent complètement incongru.

Ensuite, j'ai pas lu le bouquin (et je n'ai pas l'intention de l'acheter), mais il me paraît entrer dans un champ de BD typiquement "américaine underground". Style Crumb ou Julie Doucet : un style autobiographique où on trouve des descriptions très crues de la sexualité, des fantasmes, etc.
Dieu sait que Crumb est un génie sur le plan graphique, mais il n'hésite pas à se mettre en scène dans des fantasmes pas très "féministes". Cependant, étant donné qu'il se représente lui aussi dans une posture pas forcément reluisante, ça ne me dérange pas du tout. Et puis, il ne donne de leçons à personne, et ne se pose absolument pas en analyste de la société, machin.

Ce qui me gêne surtout chez Brown, c'est qu'apparemment, au-delà du témoignage ou de l'exercice de sincérité auto-bio, il y a cette postface de légitimation du truc...

Bref, pour le dire vite : je n'aurais franchement rien contre le bouquin, aussi odieux soit-il (après tout, l'art peut être là aussi pour rappeler les bas-fonds de la société), si il n'était pas assorti de ces justifications foireuses.

Allez, un peu de Julie Doucet pour se laver les yeux

Concernant Robert Crumb (béni soit-il par ailleurs), je crois que c'est fondamentalement un cinglé profond, qui serait aujourd'hui en HP s'il n'était pas devenu dessinateur.
Je ne suis pas sûre que "misogynie" soit vraiment le terme qui convienne. Ou alors ce n'est qu'un aspect de ses innombrables pathologies
Mais peut-être suis-je aveuglée par le fait que, quand même, c'est un des plus grands

Il a fait des trucs avec sa femme, aussi, Aline Kominsky, auteure et féministe (il le faut, avec un zigomar pareil à la maison !) :



Bref, je pense que le cas de Crumb est bien différent de celui de ce triste Chester.

Ah, on ne perd pas grand'chose, sans télé. Connaissais pas, lui.
Bon, bah, oui, c'est souvent la réaction - un peu infantilisante quand même. "Oh mais, c'est une oeuvre d'art, ma petite"...
Reste à espérer qu'il n'aura pas le prix.

ps : sur Crumb, même si ça commence à être HS, faut pas non plus confondre l'oeuvre et le bonhomme. Comme je disais, je pense que ses productions sont très très fantasmées.

C'est très étrange cette réserve de mauvais foi des mecs (enfin de trapenard par ex) qui pourtant n'ont pas l'air complètement demeurés....

Sur le sujet, c'est assez gênant, parce qu'on a sans doute affaire de temps en temps à des clients ou clients potentiels (qui se réservent cette possibilité) de prostituées.
Sans soupçonner tout le monde, je crois qu'y en a pas mal qui se sentent mal à l'aise - après tout, même s'ils ne vont jamais aux putes de leur vie, ils ne ressentent pas non plus la possibilité d'eux-même être prostitués.
Je ne sais pas vous, mais quand je vois une nana en vitrine, je ne peux pas m'empêcher de me mettre à sa place et c'est insupportable. Un mec n'aura pas forcément le même regard...

Oui, je ressens aussi les choses comme ça.
Je pense que c'est une règle quasi générale: par exemple quand dans une fiction on voit un homme se faire frapper dans les couilles les hommes ressentent forcément plus d'empathie même si c'est pas à eux que ça arrive...