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- koAncien⋅ne
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les mouvements des entendeur-euse-s de voix
29.04.15 12:41
Sur le cinéma est politique, il y avait un lien vers cet article fort intéressant:
http://jefklak.org/?p=1754
http://jefklak.org/?p=1754
- Tilleul—
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
29.04.15 15:08
Je trouve l'article confus quant aux voix dont il parle. Cela peut regrouper pas mal de choses différentes.
Entre la musique entendue à la radio le matin qui reste en tête, des pensées compulsives, des flashs et réminiscences d'évenement traumatiques qui passent en boucle (la cause la plus fréquente apparemment) et un épisode délirant ou des voix parasitent et s'imposent de manière irrépressible à la personne, il y a, je trouve, un monde de différence... Bref, il pourrait y avoir des voix bénignes dans un contexte névrotique, mais on est dans un tout autre profil clinique que celui de la psychose.
D'ailleur, selon certains aspects, je suis alors comme la majeure partie des personnes un entendeur de voix. (Comme les paroles d'une ex juste après une rupture qui repassaient dans ma tête durant la journée)
Ce n'est pas le fait d'entendre des voix qui pose problème en soit dans la psychose, c'est le fait qu'elle envahissent et parasitent la pensée, la destructurant. (Et je ne vais quand même pas conseiller aux personne que je suis de les écouter quand elles disent de voler ou de faire du mal aux autres...)
Mais ces groupes en terme de soutien ont l'air très intéressants, c'est bien de tenter de se libérer de l'étiquette infamante du schizophrène qui ne se rétablis que par medoc (sourtout que les erreurs de diagnostic sont fréquentes) Faut juste reconnaitre que dans certains cas, c'est la médication qui permet d'entamer un travail.
Entre la musique entendue à la radio le matin qui reste en tête, des pensées compulsives, des flashs et réminiscences d'évenement traumatiques qui passent en boucle (la cause la plus fréquente apparemment) et un épisode délirant ou des voix parasitent et s'imposent de manière irrépressible à la personne, il y a, je trouve, un monde de différence... Bref, il pourrait y avoir des voix bénignes dans un contexte névrotique, mais on est dans un tout autre profil clinique que celui de la psychose.
D'ailleur, selon certains aspects, je suis alors comme la majeure partie des personnes un entendeur de voix. (Comme les paroles d'une ex juste après une rupture qui repassaient dans ma tête durant la journée)
Ce n'est pas le fait d'entendre des voix qui pose problème en soit dans la psychose, c'est le fait qu'elle envahissent et parasitent la pensée, la destructurant. (Et je ne vais quand même pas conseiller aux personne que je suis de les écouter quand elles disent de voler ou de faire du mal aux autres...)
Mais ces groupes en terme de soutien ont l'air très intéressants, c'est bien de tenter de se libérer de l'étiquette infamante du schizophrène qui ne se rétablis que par medoc (sourtout que les erreurs de diagnostic sont fréquentes) Faut juste reconnaitre que dans certains cas, c'est la médication qui permet d'entamer un travail.
- InvitéInvité
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
29.04.15 16:34
J'aime beaucoup ça aussi : http://www.ted.com/talks/eleanor_longden_the_voices_in_my_head?language=fr
- koAncien⋅ne
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
30.04.15 10:45
Merci pour le lien, grussie!
Sinon, tilleul, je suis un peu embêtée par ton message, car j'avoue que à te lire, j'ai pas l'impression qu'on ai perçu la même chose.
Pê qu'il existe des situations ou il n'est pas vital de différencier absolument la personne qui entend des voix de manière envahissante, et la personne qui n'a pas particulièrement de problèmes avec cela. C'est justement pour cela que l'article me semble intéressant (enfin j'espère que je me plante pas sur ce que j'ai compris de l'article).
D'autre part, je n'ai nullement l'impression dans l'article qu'il y ait de confusion entre le fait d'avoir des pensées compulsives, par exemple, et le fait d'entendre des voix.
Sinon, tilleul, je suis un peu embêtée par ton message, car j'avoue que à te lire, j'ai pas l'impression qu'on ai perçu la même chose.
Pê qu'il existe des situations ou il n'est pas vital de différencier absolument la personne qui entend des voix de manière envahissante, et la personne qui n'a pas particulièrement de problèmes avec cela. C'est justement pour cela que l'article me semble intéressant (enfin j'espère que je me plante pas sur ce que j'ai compris de l'article).
D'autre part, je n'ai nullement l'impression dans l'article qu'il y ait de confusion entre le fait d'avoir des pensées compulsives, par exemple, et le fait d'entendre des voix.
- Tilleul—
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Date d'inscription : 23/04/2014
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
30.04.15 14:31
@lollipop Corrige moi si je me trompe mais ca me semble bizarre de parler d'un "épisode" de schizophrénie si l'épisode dure moins de 6 mois. Ça ressemble plus à des bouffées délirantes, à un épisode psychotique. Mais malheureusement, beaucoup de psychiatre diagnostiquent ça n'importe comment et sans le recul nécessaire.
On n'est pas forcément dans la chronicité et l'anosognosie qui sont caractéristiques de la schizophrénie (n'avoir pas conscience de sa maladie)
Si la personne sans médicament remet en question ces voix et se rend compte qu'elle doit consulter pour cette raison, c'est déja qu'a un moment donné elle n'est plus en perte de contact avec la réalité.
Il peut y avoir pas mal de causes, comme par exemple des troubles organiques ou une maniaco dépression
@ko
Dans ces groupes, tout les profils se côtoient, dont certains qui peuvent garder leur rationalité tout en entendant ces voix. C'est important effectivement de ne pas vouloir psychiatriser un phénomène (entendre des voix bénignes sans conséquences)
quant il n'engendre pas de souffrance.
La ou j'ai plus peur, c'est que ces groupes vont forcément attirer des personnes devant réellement prendre des médicaments et leur discours est un peu de mettre tout le monde dans le même panier. (C'est une des difficultés de l'antipsychiatrie, j'ai déja vu des psychiatres (oui c'est paradoxal) qui laissaient leur patient vivent à fond la caisse dans leur délire (et c'est pas beau à voir) sans se rend compte de la souffrance engendrée pour l'individu et son entourage.
Je ne suis pas pro médicament antipsychotique, c'est juste que dans certains cas, c'est un mal nécessaire quand la personne perd son discernement.Médicament qui doivent être limités au stricte nécessaire avec de nombreuses tentative de diminution une fois la personne stabilisée.
On n'est pas forcément dans la chronicité et l'anosognosie qui sont caractéristiques de la schizophrénie (n'avoir pas conscience de sa maladie)
Si la personne sans médicament remet en question ces voix et se rend compte qu'elle doit consulter pour cette raison, c'est déja qu'a un moment donné elle n'est plus en perte de contact avec la réalité.
Il peut y avoir pas mal de causes, comme par exemple des troubles organiques ou une maniaco dépression
@ko
Dans ces groupes, tout les profils se côtoient, dont certains qui peuvent garder leur rationalité tout en entendant ces voix. C'est important effectivement de ne pas vouloir psychiatriser un phénomène (entendre des voix bénignes sans conséquences)
quant il n'engendre pas de souffrance.
La ou j'ai plus peur, c'est que ces groupes vont forcément attirer des personnes devant réellement prendre des médicaments et leur discours est un peu de mettre tout le monde dans le même panier. (C'est une des difficultés de l'antipsychiatrie, j'ai déja vu des psychiatres (oui c'est paradoxal) qui laissaient leur patient vivent à fond la caisse dans leur délire (et c'est pas beau à voir) sans se rend compte de la souffrance engendrée pour l'individu et son entourage.
Je ne suis pas pro médicament antipsychotique, c'est juste que dans certains cas, c'est un mal nécessaire quand la personne perd son discernement.Médicament qui doivent être limités au stricte nécessaire avec de nombreuses tentative de diminution une fois la personne stabilisée.
- koAncien⋅ne
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
30.04.15 14:41
tilleul a écrit:C'est une des difficultés de l'antipsychiatrie
Encore une fois, je ne lis pas la même chose que toi.article a écrit:Qu’y a-t-il de nouveau ici par rapport à l’antipsychiatrie des années 1960-70, et sa démarche anti-médicament, anti-asilaire et anti-autoritaire ?
C’est que la proposition d’émancipation émane des entendeurs de voix eux-mêmes. C’est un mouvement qui vise à s’organiser « par le bas ». Beaucoup de ses animateurs sont des femmes et des hommes qui ont eu des diagnostics de schizophrénie, un long parcours en psychiatrie avant de s’engager dans leur parcours de rétablissement. Ils sont aujourd’hui des formateurs en santé mentale reconnus, certains sont devenus psychologues et chercheurs. Eleanor Longden, Jacqui Dillon, Ron Coleman, Peter Bullimore, et tant d’autres encore. Autant d’entendeurs de voix assumés qui témoignent de leur expérience de la folie et du rétablissement, et militent pour que les entendeurs de voix se donnent les moyens de leur auto-organisation. Un de ces moyens, outre les conférences publiques, les formations, les rassemblements et les congrès, c’est la mise en place de groupes sur l’entente de voix.
Je lis qu'il s'agit souvent de personnes pour qui la psychiatrie n'a pas marché qui se sont dirigées vers ces techniques.
Penser tout de suite aux éventuels risques que ces groupes ne conviennent pas à des personnes ayant réellement besoin de médicaments, c'est à peu près la même chose que la psychiatrie/les médicaments qui peuvent ne pas convenir à un-e enteureur-euse de voix pour qui ça ne marche pas.
On se situe dans l'erreur de la réponse face à un phénomène.
Ça ne disqualifie pas la réponse en elle même, mais le contexte dans lequel elle est utilisée, il me semble.
- Tilleul—
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
30.04.15 14:58
La psychiatrie n'est pas un gros tout, entre une hospitalisation forcée et un suivi sans médication par un psychiatre (ou un psy), il y a tout une palette d'actions et de courants. Dire que la "psychiatrie" n'a pas marché n'a pas de sens, vu que ce n'est pas un tout.
(D'ailleurs, ce mouvement est un mouvement de la psychiatrie)
On retrouve ici un gros problème d'erreur de diagnostic chez les psychiatres, comme dans le cas d'Eleanor Longden. Donc, il y a différentes catégories d'entendeur de voix qui n'ont pas forcément la même expérience et la même pathologie.
Je me pose la question bien légitime de savoir comment ses groupes gèrent les personnes délirantes et en déni de soin et si il n'y a pas un risque de dérive. C'est la ou je veux en venir avec ma "confusion". Maintenant ils gèrent peut être cela très bien mais le souci, c'est que je ne trouve rien sur le net sur leur fonctionnement. Est ce un groupe de parole, de soutien, un groupe thérapeutique, quel est leur position par rapport aux traitements ? Tiennent t'ils compte de la spécificité des personnes ?
Travailler sur les voix est important oui, mais prenons garde à ne pas alimenter certains délires. (Le cas classique est celui du schizoprhène paranoiaque, alimentez son délire, vous verrez les étincelles que cela fera)
(D'ailleurs, ce mouvement est un mouvement de la psychiatrie)
On retrouve ici un gros problème d'erreur de diagnostic chez les psychiatres, comme dans le cas d'Eleanor Longden. Donc, il y a différentes catégories d'entendeur de voix qui n'ont pas forcément la même expérience et la même pathologie.
Je me pose la question bien légitime de savoir comment ses groupes gèrent les personnes délirantes et en déni de soin et si il n'y a pas un risque de dérive. C'est la ou je veux en venir avec ma "confusion". Maintenant ils gèrent peut être cela très bien mais le souci, c'est que je ne trouve rien sur le net sur leur fonctionnement. Est ce un groupe de parole, de soutien, un groupe thérapeutique, quel est leur position par rapport aux traitements ? Tiennent t'ils compte de la spécificité des personnes ?
Travailler sur les voix est important oui, mais prenons garde à ne pas alimenter certains délires. (Le cas classique est celui du schizoprhène paranoiaque, alimentez son délire, vous verrez les étincelles que cela fera)
- Tilleul—
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Date d'inscription : 23/04/2014
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
30.04.15 15:20
Je n'ai jamais dis cela. Il faut le prendre dans l'autre sens: si les personnes n'ont pas été diagnostiquées par un psy* , le diagnostic de schizophrénie pose question. A voir si les médecin généralistes québécois peuvent poser ce genre de diagnostic. (Si c'est le cas, ouille ouille ouille) Mais bon, n'ayant pas l’étude, difficile de creuser.
Tout les gens qui entendent des voix ne doivent pas être médicalisés, loin de moi cette idée.Ce n'est pas forcément une maladie mentale chronique. Tant mieux si ces groupes permettent de trouver de nouvelles pratiques et approche de ce phénomène. C'est très bien de ne pas pathologiser à tout va et de laisser les personnes actrices de leur vie. Mais...
Ma question était de savoir comment ce mouvement gérait les personnes ayant un délire continu, qui souffrent une maladie mentale lourde, une pathologie de type schizophrénique. Je peux me tromper mais j'ai l'impression que leurs propos sont ambigus à ce sujet.
Un exemple du site français de l'assoc :
"Dans ce livre, nous exposons les raisons pour lesquelles nous pensons qu’il n’est plus défendable de croire qu’entendre des voix fait partie d’une maladie telle que la schizophrénie. Au lieu de cela, entendre des voix devrait être appréhendé comme une expérience significative, réelle, bien que parfois douloureuse, effrayante et accablante, qui parle d’une manière métaphorique à la personne de sa vie, ses émotions et son environnement."
Vous ne trouvez pas que cela porte a confusion ?
Tout les gens qui entendent des voix ne doivent pas être médicalisés, loin de moi cette idée.Ce n'est pas forcément une maladie mentale chronique. Tant mieux si ces groupes permettent de trouver de nouvelles pratiques et approche de ce phénomène. C'est très bien de ne pas pathologiser à tout va et de laisser les personnes actrices de leur vie. Mais...
Ma question était de savoir comment ce mouvement gérait les personnes ayant un délire continu, qui souffrent une maladie mentale lourde, une pathologie de type schizophrénique. Je peux me tromper mais j'ai l'impression que leurs propos sont ambigus à ce sujet.
Un exemple du site français de l'assoc :
"Dans ce livre, nous exposons les raisons pour lesquelles nous pensons qu’il n’est plus défendable de croire qu’entendre des voix fait partie d’une maladie telle que la schizophrénie. Au lieu de cela, entendre des voix devrait être appréhendé comme une expérience significative, réelle, bien que parfois douloureuse, effrayante et accablante, qui parle d’une manière métaphorique à la personne de sa vie, ses émotions et son environnement."
Vous ne trouvez pas que cela porte a confusion ?
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
30.04.15 19:38
Merci pour le partage.
Quelques réflexions en vrac : déjà, un-e psy qui pose un diagnostic de schizophrénie sur la seule base des hallucinations auditives, faut qu'il/elle retourne à l'école. La schizophrénie, c'est tout un panel de symptômes, dont beaucoup ne s'expriment que chez certains sujets (les schizophrènes ayant des hallucinations sont loin d'être les plus nombreux/ses !).
Je crois qu'il ne faut pas confondre "penser à" et "entendre". Il y a une différence énorme entre penser à une phrase, une chanson, qui tourne un peu en boucle dans la tête, et entendre des voix. L'hallucination auditive, c'est un son réel perçu, pas une pensée.
Ensuite, l'article semble indiquer que les professionnel(le)s de la santé mentale ne considèrent que depuis peu (et sont rares à le penser) que les hallucinations ne sont pas forcément le signe d'une maladie mentale. Alors que bon, Winnicott, en 1971, écrivait (j'adore cette phrase, c'est une citation qui est accrochée au mur chez moi et que je lis régulièrement) :
D'ailleurs mon psy sait que j'ai des hallucinations (parfois auditives, la plupart du temps visuelles, rarement tactiles, et fréquemment olfactives), il m'a assuré que je ne suis pas psychotique, et ne semble pas très inquiet au sujet de ces hallus. Lorsque j'ai remis le sujet sur le tapis en expliquant que moi, ça m'inquiète un peu, il m'a conseillé de voir un-e neurologue pour vérifier que je ne souffre pas d'une forme d'épilepsie (y a des épileptiques dans ma famille proche).
Mais je ne l'ai pas vu-e, ce(tte) neurologue. Outre ma peur des médecins, j'ai aussi peur qu'on les supprime, mes hallucinations. Parce que si celles qui sont "cauchemars" me terrifient, celles qui sont "beaux rêves", je ne les supprimerais pour rien au monde...
Quelques réflexions en vrac : déjà, un-e psy qui pose un diagnostic de schizophrénie sur la seule base des hallucinations auditives, faut qu'il/elle retourne à l'école. La schizophrénie, c'est tout un panel de symptômes, dont beaucoup ne s'expriment que chez certains sujets (les schizophrènes ayant des hallucinations sont loin d'être les plus nombreux/ses !).
Je crois qu'il ne faut pas confondre "penser à" et "entendre". Il y a une différence énorme entre penser à une phrase, une chanson, qui tourne un peu en boucle dans la tête, et entendre des voix. L'hallucination auditive, c'est un son réel perçu, pas une pensée.
Ensuite, l'article semble indiquer que les professionnel(le)s de la santé mentale ne considèrent que depuis peu (et sont rares à le penser) que les hallucinations ne sont pas forcément le signe d'une maladie mentale. Alors que bon, Winnicott, en 1971, écrivait (j'adore cette phrase, c'est une citation qui est accrochée au mur chez moi et que je lis régulièrement) :
Et il parle là d'hallucinations psychotiques.Winnicott a écrit:Peut-être saisirons-nous mieux le problème si nous nous souvenons que les hallucinations sont des phénomènes oniriques ayant pénétré dans la vie éveillée et que le fait d'halluciner n'est pas plus une maladie en soi que ne l'est le fait correspondant, à savoir quand les données diurnes franchissent une barrière pour entrer dans le sommeil et participer à la formation des rêves.
D'ailleurs mon psy sait que j'ai des hallucinations (parfois auditives, la plupart du temps visuelles, rarement tactiles, et fréquemment olfactives), il m'a assuré que je ne suis pas psychotique, et ne semble pas très inquiet au sujet de ces hallus. Lorsque j'ai remis le sujet sur le tapis en expliquant que moi, ça m'inquiète un peu, il m'a conseillé de voir un-e neurologue pour vérifier que je ne souffre pas d'une forme d'épilepsie (y a des épileptiques dans ma famille proche).
Mais je ne l'ai pas vu-e, ce(tte) neurologue. Outre ma peur des médecins, j'ai aussi peur qu'on les supprime, mes hallucinations. Parce que si celles qui sont "cauchemars" me terrifient, celles qui sont "beaux rêves", je ne les supprimerais pour rien au monde...
- MaitreYodaBleu⋅e
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Date d'inscription : 15/02/2015
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 0:23
Je trouve dommage les réactions qui disent qu'il faut "séparer les vrais malades des autres" (en gros hein) vis à vis de ce mouvement.
Parmi les gens que ce mouvement a aidé et aide encore, que cet état d'esprit par rapport aux voix à aidé et aide encore, y a plein de gens qui sont diagnostiqués schizos, qui ont eu un parcours psychiatrique lourd, avant d'envoyer valser ce système qui ne leur convenait pas et de chercher d'autres solutions.
Peut-être bien qu'ils sont schizos. So what ?
Du moment que cette approche leur permet de vivre avec leurs hallus en arrivant à faire la part des choses, en y mettant du sens, en ne se laissant pas bouffer leur qualité de vie par ces hallus... Est-ce que c'est mal, qu'ils aient choisi de fonctionner autrement qu'en mode "psychiatrie, médics, hospitalisation" ?
Parmi les gens que ce mouvement a aidé et aide encore, que cet état d'esprit par rapport aux voix à aidé et aide encore, y a plein de gens qui sont diagnostiqués schizos, qui ont eu un parcours psychiatrique lourd, avant d'envoyer valser ce système qui ne leur convenait pas et de chercher d'autres solutions.
Peut-être bien qu'ils sont schizos. So what ?
Du moment que cette approche leur permet de vivre avec leurs hallus en arrivant à faire la part des choses, en y mettant du sens, en ne se laissant pas bouffer leur qualité de vie par ces hallus... Est-ce que c'est mal, qu'ils aient choisi de fonctionner autrement qu'en mode "psychiatrie, médics, hospitalisation" ?
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 5:29
C'est vrai ce que tu dis Maître Yoda. D'autant que les médocs ne fonctionnent pas avec tout le monde (il y a des schizophrénies réfractaires à tout traitement "normal" - j'en ai connu un, qui prenait de l'héroïne pour se soigner, pas que ça lui ôtait ses hallus, mais au moins il y prêtait moins d'attention et de peur...)
- Tilleul—
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Date d'inscription : 23/04/2014
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 11:16
Merci Araignée, tu a parfaitements exprimée ce que je voulais dire (avec la différence avec penser et entendre des voix) Et oui, les 'voix', n'est dans la schizophrénie qu'un des symptomes positifs possible et pas systématique.
Maitre Yoda, l'idée est moins de "séparer" les personnes (malade pas malade) que de protéger le reste du groupe de personnes au délire potentiellement problématique (Absence de discernement et impossibilité de travail dessus) et d'orienter correctement ces personnes.
Comme je ne trouve rien à ce sujet par rapport à ce mouvement alors que cela devrait être une préoccupation de base, cela m'inquiète (mais bon, je reconnais la déformation professionelle)
Maitre Yoda, l'idée est moins de "séparer" les personnes (malade pas malade) que de protéger le reste du groupe de personnes au délire potentiellement problématique (Absence de discernement et impossibilité de travail dessus) et d'orienter correctement ces personnes.
Comme je ne trouve rien à ce sujet par rapport à ce mouvement alors que cela devrait être une préoccupation de base, cela m'inquiète (mais bon, je reconnais la déformation professionelle)
- 1977Ancien⋅ne
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Date d'inscription : 03/11/2012
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 14:27
Il m'apparait très intéressant que la question des voix puisse être réfléchie en dehors des autorités traditionnelles médicales. On voit bien comment cette réflexion ouvre des perspectives qui interroge les normes (malades/non malades) et la question de la nature humaine. Tout ce qui contribue à l'accroissement de la tolérance, de l'inclusion et de la compassion est un gain pour les espèces vivantes. Tout ce qui alimente les cases, les cadres, les limites, les normes nous divise et nous handicape pour penser l'autre en tant que même et constitue un obstacle à son acceptation et à la reconnaissance de ses droits humains. Ce qui conduit, légitime et autorise les discriminations, les inégalités et la violence. C'est le potentiel créateur humain qui est à l'oeuvre dans ces réflexions sur les voix en dehors de tout cadre institutionnel, sans les contraintes et les enjeux de ces limitations rigides. De plus, cette démarche se place sous l'angle du potentiel, des compétences de celui qui entend des voix, et traite cette question de façon positive, contrairement à la médecine traditionnelle qui perçoit la situation en creux, en négatif, quelque chose que les personnes ont en moins, une invalidité et non une aptitude. C'est une posture très productive je trouve (dans le sens de créatrice) et humble car l'état actuel de nos connaissance du cerveau devrait plutôt ouvrir au questionnement que fermer dans des conceptions limitatives et stigmatisante qui desservent les personnes.
- Tilleul—
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Date d'inscription : 23/04/2014
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 14:43
C'est une vision je trouve un peu réductrice de la "médecine traditionelle", si la psychiatrie en général a toujours et encore d'énormes travers, il y a des psychiatre et des psychologues contemporains qui questionnent ces normes et qui sont réellement dans l'aide et la compassion. Et sur ce point la, je te rejoins tout à fait quant à sa nécessité absolue.
Certain "psy" aident d'ailleurs à la création de groupe de paroles dans une logique d'empowerement ou ont la double casquette "entendeur de voix" et chercheur.
Certain "psy" aident d'ailleurs à la création de groupe de paroles dans une logique d'empowerement ou ont la double casquette "entendeur de voix" et chercheur.
- 1977Ancien⋅ne
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Date d'inscription : 03/11/2012
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 15:10
Je parle d'un cadre général rigide, pas des cas particuliers qui forment l'exception, exception sur laquelle je ne suis quasiment pas tombée en 17 ans de fréquentation de psy, qui bien que compatissants pour certains, étaient entravés par les savoirs de leur profession dans la perception qu'ils avaient de mon parcours. Ils pensent en fonction de cadre préétablis et de traitements médicamenteux, ils sont les "biens portants"", nous sommes les "malades". D'autre part, ma réflexion se veut plutôt philosophique, je ne pensais pas "réduire" (vision assez réductrice) la réflexion menée sur ce fil avec mes propos. Tu ne peux pas évacuer la question du "pouvoir légitime" des institutions, des corporations et de leur domination, de la maltraitance institutionnelle, du contrôle des population et de ses effets "totalitaires" parce qu'il existe des exceptions.
- Tilleul—
- Messages : 669
Date d'inscription : 23/04/2014
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 15:28
C'est pas faux, d'un autre coté, rien ne dis que ce mouvement n'a pas déja été récupéré et institutionalisé par x ou y lobby ou groupes. Mais bon, les membres créent leur subculture, c'est déja pas mal, reste à savoir vers ou cela va amener... (Je suis un peu désabusé par rapport à l'histoire de l'antipsychiatrie par exemple, j'ai une méfiance par rapport aux nouveaux mouvements au manifeste pas super bien définis)
Il est vrai que le bilan de la psychiatrie et des psychologues n'est pas vraiment folichon, j'ai du moi même être très sélectif pour trouver un(e) psy non sexiste et non héterodoxée
Mais je reste convaincu que tout n'est pas à jeter dans le système et qu'il existe des initiatives heureuses. Je travaille avec certains psychiatres qui ont un réel souci de compréhension et de suivi et qui discutent avec leur patient de la pertinence ou non de prendre des médicaments pour traiter leur état.
Pour toi, quels sont les savoir de la psychiatrie qui entravent le plus la compréhension de la personne, le diagnostic via le dsm ?
Il est vrai que le bilan de la psychiatrie et des psychologues n'est pas vraiment folichon, j'ai du moi même être très sélectif pour trouver un(e) psy non sexiste et non héterodoxée
Mais je reste convaincu que tout n'est pas à jeter dans le système et qu'il existe des initiatives heureuses. Je travaille avec certains psychiatres qui ont un réel souci de compréhension et de suivi et qui discutent avec leur patient de la pertinence ou non de prendre des médicaments pour traiter leur état.
Pour toi, quels sont les savoir de la psychiatrie qui entravent le plus la compréhension de la personne, le diagnostic via le dsm ?
- 1977Ancien⋅ne
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Date d'inscription : 03/11/2012
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 16:46
Il me semble que le DSM produit des réponses standards et ne rend pas compte de l'aspect impermanent des réalités individuelles. De plus, il ne s'agit pas de proposition de réflexion pour les demandeurs de soin et les soignants dans un esprit de partage et de coopération, mais une référence d'autorité. Le recours au DSM dans la pratique ne me parait pas relever d'une inspiration ouverte à d'autres perspectives de compréhension de phénomènes mentaux et émotionnels, c'est l'institutionnalisation des interprétations limitatives de la psychée humaine. De plus, ces systèmes de pensée dominants n'appartiennent qu'aux dominants et ne sont pas partagés avec la population qui en est le sujet. C'est nié l'agentivité de l'individu et son potentiel a générer de l'information pertinente et créatrice à son endroit. En analyse systémique on dit que tout système à la faculté de produire lui même des réponses aux problèmes qui le concernent. Le problème général que me pose la médecine traditionnelle est qu'il ne s'agit pas d'un accroissement du pouvoir pour l'individu et de la reconnaissance de sa qualité d'expert de sa propre trajectoire. Elle part des failles qu'elle a défini de manière arbitraire au lieu de partir des compétences et des virtualités. Au vu des possibles du cerveau humain et de sa plasticité c'est très limitatif cette pensée occidentale.
- AraignéeAncien⋅ne
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Date d'inscription : 02/09/2012
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 18:36
1977 a écrit:contrairement à la médecine traditionnelle qui perçoit la situation en creux, en négatif, quelque chose que les personnes ont en moins, une invalidité et non une aptitude. C'est une posture très productive je trouve (dans le sens de créatrice) et humble car l'état actuel de nos connaissance du cerveau devrait plutôt ouvrir au questionnement que fermer dans des conceptions limitatives et stigmatisante qui desservent les personnes.
C'est en fait exactement la raison (enfin, une des raisons en fait) qui me fait préférer les approches psychanalytiques. Parce que c'est une approche qui se fait en dehors d'une idée de norme et donc de normalisation des individus.
Ca me fait penser à ce film génialissime de Mariana Ottero, A Ciel ouvert, documentaire sur les enfants soignés au Courtil (une institution basée sur la psychanalyse lacanienne qui aide des enfants, ado et jeunes adultes en souffrance, pour la plupart psychotiques. Mariana Ottero, au moment de faire son film, n'était pas au courant de la guéguerre entre TCC et psychanalyse. Elle voulait faire un film pour donner à comprendre la folie. Elle a visité plein d'institutions, mais toujours quelques chose la génait : elle avait l'impression que les soignant-e-s projetaient sur les soigné-e-s dxes choses leur appartenant à elles/eux (une idée de normalité, des désirs, des préjugés...). Et puis on lui a parlé du Courtil. Au début, elle se sentait pas de filmer des enfants, mais elle a été séduite par le fait que c'était à la campagne (plus "sympa" à filmer qu'un hôpital en pleine ville). Elle a donc participé à une réunion d'équipe du Courtil, pour voir. Et là... elle a été surprise. Elle a demandé : "Partout où je suis allée avant, les soignant-e-s parlaient de handicap. Pourquoi vous, vous n'utilisez jamais ce mot ?
- Parce que pour nous, aucun-e-s de ces enfants n'est handicapé-e. Il ne leur manque rien. Chacun-e est simplement une énigme (comme nous le sommes tou-te-s, à des degrés divers). Notre travail, c'est de résoudre au maximum cette énigme pour trouver avec chaque enfant, sa solution pour avancer et composer avec sa façon d'être au monde."
Le fait aussi que tout-e psychanalyste soit auparavant passé-e par l'analyse, je trouve ça super important (tout comme le fait que tout-e thérapeute pratiquant le packing ait du tester sur lui/elle-même avant). Entre autres, ça "coupe" cette limite dont tu parles : nous sommes les malades, elles/eux sont les bien-portants.
@Tilleul : Pourquoi tu as été déçu par l'antipsychiatrie ? Je pense que même si ce mouvement a commis des erreurs, c'était une remise en question nécessaire (et qui pour certaines choses n'est à mon sens pas allé assez loin...) et ça a apporté de chouettes choses (comme la psychothérapie institutionnelle, qui s'est développée en parallèle.
- 1977Ancien⋅ne
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
04.05.15 22:58
Je réalise à quel point ta phrase de signature Araignée trouve une place très pertinente sur ce fil
- Tilleul—
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
05.05.15 11:30
Concernant les courants antipsychiatriques, ils ont posés des questions tout à fait vitales et dénoncés de vive voir la violence institutionelle des asiles et des politiques aliénistes. C'est super intéressant à étudier et toujours d'actualité.
Mais pas mal de ces courants sont empreint d'un certain radicalisme et d'une vision libertarienne de la société. Pas mal d'entre eux pronaient une démécalisation systématique et inconditionelle, ce qui n'est pas pour moi un choix de société raisonnable.
Il y aurait aussi beaucoup à redire sur le refus d'envisager la pose de diagnostic, comme outil de compréhension du réel. Il faut trouver un juste milieu et ne pas tomber dans le déni.
Mais le pire, c'est la récupération de discours de courants de l'antipsychiatrie par un certain libéralisme pronant la gestion des risques, au détriment du soin des individus.
ps: Faudrait que je regarde le film "a ciel ouvert" et le reportage 'le mur" sur le courtil, cela a éveillé ma curiosité.
Mais pas mal de ces courants sont empreint d'un certain radicalisme et d'une vision libertarienne de la société. Pas mal d'entre eux pronaient une démécalisation systématique et inconditionelle, ce qui n'est pas pour moi un choix de société raisonnable.
Il y aurait aussi beaucoup à redire sur le refus d'envisager la pose de diagnostic, comme outil de compréhension du réel. Il faut trouver un juste milieu et ne pas tomber dans le déni.
Mais le pire, c'est la récupération de discours de courants de l'antipsychiatrie par un certain libéralisme pronant la gestion des risques, au détriment du soin des individus.
ps: Faudrait que je regarde le film "a ciel ouvert" et le reportage 'le mur" sur le courtil, cela a éveillé ma curiosité.
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
05.05.15 19:15
Il me semblait que l'antipsychiatrie était plus libertaire et/ou communiste que libertarienne, mais je dois avouer que je ne connais pas à fond ce mouvement (je me suis plus penchée sur la psychothérapie institutionnelle, qui pour le coup se réclame de Marx et de Freud).
Le refus de poser des diagnostics existe aussi en psychanalyse. Il y a là aussi, l'idée qu'un-e humain-e est trop complexe pour être réduit-e à un seul mot, fut-il diagnostic (je ne sais plus qui disait que de toute façon, plus on connaît un-e patient-e, plus poser un diagnostic précis et immuable est impossible).
Le refus de poser des diagnostics existe aussi en psychanalyse. Il y a là aussi, l'idée qu'un-e humain-e est trop complexe pour être réduit-e à un seul mot, fut-il diagnostic (je ne sais plus qui disait que de toute façon, plus on connaît un-e patient-e, plus poser un diagnostic précis et immuable est impossible).
- Tilleul—
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
06.05.15 10:01
Mais du coup, on se prive d'outils de compréhension du réel, aussi imparfaits qu'ils soient. La psychanalyse non proactive montre ses limites quand une écoute bienveillante n'est pas suffisante.
Et on nie le fait que de toute manière on "diagnostique" toujours une personne dans le sens ou l'être humain ne peut voir quelquechose sans lui donner sens et interprétation.
Devereux (qui est un des pères de l"ethnopsychiatrie) l'avait très bien remarqué et était assez critique par rapport aux psychanalystes se targuant d'être objectif et dans le non jugement, ils n'échappent pas à l'interprétation.
Il faut accepter sa part de subjectivité et d'interprétations. Mais alors, si on analyse, avec quels outils ? (D'ailleurs, la psychanalyse à les siens comme cette abomination qu'est le complexe d'oedipe, paradoxe, paradoxe)
La question est de savoir comment dépasser ces diagnostics, les aborder avec la personne, comment les remettre en question en permanence et comment faire pour ne pas enfermer la personne dedans, ce qui est contreproductif. Il est clair qu'il faut être prudent par rapport aux étiquettes, que des outils potentiels d'analyses ne deviennent pas des brandons à marquer chauffés à blanc.
Par exemple, Une personen diagnostiquée comme bipolaire en en souffrance pourra par exemple essayer des régulateurs de thymie pour tenter d'améliorer son état. Et cela passe par un diagnostic préalable de cet état.
Et on nie le fait que de toute manière on "diagnostique" toujours une personne dans le sens ou l'être humain ne peut voir quelquechose sans lui donner sens et interprétation.
Devereux (qui est un des pères de l"ethnopsychiatrie) l'avait très bien remarqué et était assez critique par rapport aux psychanalystes se targuant d'être objectif et dans le non jugement, ils n'échappent pas à l'interprétation.
Il faut accepter sa part de subjectivité et d'interprétations. Mais alors, si on analyse, avec quels outils ? (D'ailleurs, la psychanalyse à les siens comme cette abomination qu'est le complexe d'oedipe, paradoxe, paradoxe)
La question est de savoir comment dépasser ces diagnostics, les aborder avec la personne, comment les remettre en question en permanence et comment faire pour ne pas enfermer la personne dedans, ce qui est contreproductif. Il est clair qu'il faut être prudent par rapport aux étiquettes, que des outils potentiels d'analyses ne deviennent pas des brandons à marquer chauffés à blanc.
Par exemple, Une personen diagnostiquée comme bipolaire en en souffrance pourra par exemple essayer des régulateurs de thymie pour tenter d'améliorer son état. Et cela passe par un diagnostic préalable de cet état.
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
07.05.15 5:58
Oui, enfin, le refus de poser un diagnostic, ce n'est pas la même chose que de nier l'existence de "grandes lignes" diagnostics. Un-e psychanalyste ne dira pas à sa/son patient-e "vous êtes maniaco-dépressif/ve", ce qui ne signifie pas qu'elle/il ne va pas déceler cette tendance chez son/sa patient-e et lui prescrire des régulateurs de l'humeur.
Par exemple, mon psy ne m'a jamais posé de diagnostic, ça ne l'empêche pas de savoir que je souffre de stress post traumatique, que je suis souvent dissociée, que j'ai parfois de fortes angoisses et que j'ai tendance aux états-limites. Pas plus que ça ne l'empêche d'agir en conséquences (avoir opté pour le face à face parce que le divan peut aggraver les dissociations, avoir plusieurs fois évoqué l'idée d'une médication anxiolytique, par exemple).
Son refus de me donner un diagnostic correspond au refus de m'enfermer dans une case, une étiquette, ainsi que de rester dans l'éthique psychanalytique qui exige de ne pas porter de jugement. Lorsque je lui ai demandé ce qu'il pensait de moi, il m'a répondu que son rôle était de m'écouter, pas de donner son avis. Qu'il s'agisse d'un avis diagnostic, moral, émotionnel... Ce qui évidemment ne signifie pas qu'il n'a pas d'avis (on a toujours un avis sur les gens qu'on connaît, les analystes n'échappent pas à cette règle). Ca laisse aussi plus de place au transfert et à son analyse (parfois, j'imagine qu'il doit me mépriser, en avoir marre de moi, de mon mutisme, d'autres fois, je repère ou crois repérer des indices de l'estime qu'il me porte, j'imagine que lui aussi, s'il n'avait pas été mon psy, aurait aimé être ami avec moi... tout ça, s'analyse et est porteur de sens).
Il ne s'agit pas de se priver des diagnostics (Racamier a bien écrit un livre dont le titre est Les Schizophrènes, par exemple), mais justement de ne pas oublier qu'un seul mot ne pourra jamais définir l'immensité d'une personne, et qu'un tel mot, dans la bouche du psy - donc de la personne dont la parole compte, parfois la plus au monde - sera forcément figeant, étiquetant, enfermant.
Bien sûr que le/la psy a un avis sur son/sa patient-e, elle/il le garde simplement pour lui (même si une part de ce qu'il ou elle pense ressort forcément dans le contre-transfert. En toute objectivité, si rien ne me dit que mon psy aurait aimé être mon ami, je sais qu'il a de l'estime pour moi, apprécie ma poésie, est touché par ce qui peut m'arriver, et je sais même qu'il aimerait rester en contact après la fin de ma thérapie ; ses mots, ses gestes, ses soupirs, ses actes manqués, ses lapsus, ses sourires, ses larmes même une fois, trahissent sa pensée.
Je connais un peu Devereux, un sacré personnage (qui ne s'appelait pas du tout Devereux, en vrai : Devereux, ça vient de "evreux", qui en roumain signifie "juif" ; une façon d'affirmer l'air de rien ce qu'il s'efforçait de cacher) ! Lui-même avait une formation psychanalytique, d'ailleurs.
Je ne connaissais pas l'existence de l'ethnopsychiatrie/ethnopsychanalyse (c'est la même chose, sauf que l'une désigne la théorie, l'autre la pratique), avant de taper dans Google... le nom de mon psy, justement. C'est là que j'ai vu qu'il était membre de l'AIEP (Association Internationale d'EthnoPsychanalyse), que j'ai cherché ce que pouvait bien être l'ethnopsychanalyse, et que j'ai découvert un domaine magique dont j'avais ignoré jusqu'alors l'existence. Si j'avais connu ce truc quinze ans plus tôt, j'aurais peut-être voulu devenir ethnopsy moi aussi (et j'aurais même pu avoir mon psy comme prof, il donne des cours d'ethnopsychiatrie à la fac, c'est lui qui me l'a dit...).
(Rhââ, il me manque, encore huit jours à attendre avant son retour de vacances )
Sinon, personnellement, je ne considère absolument pas le complexe d'Œdipe comme étant une "abomination", mais bon, il me semble que ce sujet a été abordé et discuté déjà au moins une, deux ou trois fois sur ce forum, on n'est pas obligé-e-s de remettre ça.
Par exemple, mon psy ne m'a jamais posé de diagnostic, ça ne l'empêche pas de savoir que je souffre de stress post traumatique, que je suis souvent dissociée, que j'ai parfois de fortes angoisses et que j'ai tendance aux états-limites. Pas plus que ça ne l'empêche d'agir en conséquences (avoir opté pour le face à face parce que le divan peut aggraver les dissociations, avoir plusieurs fois évoqué l'idée d'une médication anxiolytique, par exemple).
Son refus de me donner un diagnostic correspond au refus de m'enfermer dans une case, une étiquette, ainsi que de rester dans l'éthique psychanalytique qui exige de ne pas porter de jugement. Lorsque je lui ai demandé ce qu'il pensait de moi, il m'a répondu que son rôle était de m'écouter, pas de donner son avis. Qu'il s'agisse d'un avis diagnostic, moral, émotionnel... Ce qui évidemment ne signifie pas qu'il n'a pas d'avis (on a toujours un avis sur les gens qu'on connaît, les analystes n'échappent pas à cette règle). Ca laisse aussi plus de place au transfert et à son analyse (parfois, j'imagine qu'il doit me mépriser, en avoir marre de moi, de mon mutisme, d'autres fois, je repère ou crois repérer des indices de l'estime qu'il me porte, j'imagine que lui aussi, s'il n'avait pas été mon psy, aurait aimé être ami avec moi... tout ça, s'analyse et est porteur de sens).
Il ne s'agit pas de se priver des diagnostics (Racamier a bien écrit un livre dont le titre est Les Schizophrènes, par exemple), mais justement de ne pas oublier qu'un seul mot ne pourra jamais définir l'immensité d'une personne, et qu'un tel mot, dans la bouche du psy - donc de la personne dont la parole compte, parfois la plus au monde - sera forcément figeant, étiquetant, enfermant.
Bien sûr que le/la psy a un avis sur son/sa patient-e, elle/il le garde simplement pour lui (même si une part de ce qu'il ou elle pense ressort forcément dans le contre-transfert. En toute objectivité, si rien ne me dit que mon psy aurait aimé être mon ami, je sais qu'il a de l'estime pour moi, apprécie ma poésie, est touché par ce qui peut m'arriver, et je sais même qu'il aimerait rester en contact après la fin de ma thérapie ; ses mots, ses gestes, ses soupirs, ses actes manqués, ses lapsus, ses sourires, ses larmes même une fois, trahissent sa pensée.
Je connais un peu Devereux, un sacré personnage (qui ne s'appelait pas du tout Devereux, en vrai : Devereux, ça vient de "evreux", qui en roumain signifie "juif" ; une façon d'affirmer l'air de rien ce qu'il s'efforçait de cacher) ! Lui-même avait une formation psychanalytique, d'ailleurs.
Je ne connaissais pas l'existence de l'ethnopsychiatrie/ethnopsychanalyse (c'est la même chose, sauf que l'une désigne la théorie, l'autre la pratique), avant de taper dans Google... le nom de mon psy, justement. C'est là que j'ai vu qu'il était membre de l'AIEP (Association Internationale d'EthnoPsychanalyse), que j'ai cherché ce que pouvait bien être l'ethnopsychanalyse, et que j'ai découvert un domaine magique dont j'avais ignoré jusqu'alors l'existence. Si j'avais connu ce truc quinze ans plus tôt, j'aurais peut-être voulu devenir ethnopsy moi aussi (et j'aurais même pu avoir mon psy comme prof, il donne des cours d'ethnopsychiatrie à la fac, c'est lui qui me l'a dit...).
(Rhââ, il me manque, encore huit jours à attendre avant son retour de vacances )
Sinon, personnellement, je ne considère absolument pas le complexe d'Œdipe comme étant une "abomination", mais bon, il me semble que ce sujet a été abordé et discuté déjà au moins une, deux ou trois fois sur ce forum, on n'est pas obligé-e-s de remettre ça.
- MaitreYodaBleu⋅e
- Messages : 59
Date d'inscription : 15/02/2015
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
26.05.15 17:37
Pour ce qui est de ne pas laisser les "délires" envahir de manière nocive ces groupes de parole et d'échange entre entendeurs de voix, ce qui semble ressortir de mes lectures sur le sujet, c'est que le fait de "dédiaboliser" ces voix, de leur redonner du sens au lieu de chercher à les combattre à tout prix permet une meilleure maitrise sur ces voix, et sur les délires / comportements irrationnels qu'elles peuvent induire.
Dans un reportage que j'ai vu, une femme expliquait justement comment ça lui a permis de ne plus "prendre au pied de la lettre" ses voix, de leur donner un sens métaphorique qui faisait sens pour elle dans son parcours de vie, et qui donc ne l'amenait plus à "prendre au mot" ces voix (qui, avant ça, lui avaient notamment ordonné de faire des trucs assez aberrants qu'elle avait fait, n'ayant pas pu avoir cette prise de distance sur le "message" de ses voix... s'attirant tout plein d'emmerdements au passage, of course).
Elle expliquait par exemple que maintenant, quand ses voix lui ordonnent de s'en prendre à quelqu'un, elle a appris à décoder le message comme étant un signal d'alerte, une mise en garde pour lui dire qu'elle ne se sent pas en sécurité face à cette personne, souvent à raison, et donc une opportunité d'ajuster sa relation avec cette personne pour se remettre dans une relation plus sécurisante pour elle.
Dans un reportage que j'ai vu, une femme expliquait justement comment ça lui a permis de ne plus "prendre au pied de la lettre" ses voix, de leur donner un sens métaphorique qui faisait sens pour elle dans son parcours de vie, et qui donc ne l'amenait plus à "prendre au mot" ces voix (qui, avant ça, lui avaient notamment ordonné de faire des trucs assez aberrants qu'elle avait fait, n'ayant pas pu avoir cette prise de distance sur le "message" de ses voix... s'attirant tout plein d'emmerdements au passage, of course).
Elle expliquait par exemple que maintenant, quand ses voix lui ordonnent de s'en prendre à quelqu'un, elle a appris à décoder le message comme étant un signal d'alerte, une mise en garde pour lui dire qu'elle ne se sent pas en sécurité face à cette personne, souvent à raison, et donc une opportunité d'ajuster sa relation avec cette personne pour se remettre dans une relation plus sécurisante pour elle.
- MaitreYodaBleu⋅e
- Messages : 59
Date d'inscription : 15/02/2015
Re: les mouvements des entendeur-euse-s de voix
26.05.15 17:42
Justement, je ne sais plus ^^ J'en ai vu plusieurs sur le sujet, faut que je cherche. Dès que je retombe dessus je vous mets le lien.
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