Dilemme moral
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- TarakaBleu⋅e
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Date d'inscription : 23/05/2015
Dilemme moral
24.05.15 15:48
Bonjour, j'aimerais vous raconter une situation vécue au travail et qui m'interpelle fortement.
Je suis infirmière dans un service de gériatrie. Nous avons accueillis il y a quelques semaines une femme pour "hébergement temporaire": femme battue depuis 30 ans par son mari, celle-ci c'est retrouvée chez nous après une fracture pour sa rééducation. Le médecin et tout le service connaît la situation sociale de cette patiente, de nombreux entretiens ont été réalisés auprès d'elle, le mari a également été convoqué, ainsi que le fils. Tout cela dans le but de ne pas renvoyer cette femme chez son époux à la sortie d'hospitalisation.
Je suis partie en vacances 2 semaines et quand je suis revenue, j'ai appris qu'elle était retournée chez elle. Son mari serait venu dans le service s'excuser et elle aurait verbalisé son souhait de le retrouver. Elle est donc rentrée avec lui, sans suivis de notre service. Juste une rendez-vous dans 2 mois pour écho...
Alors voilà mon questionnement, n'avions-nous pas en tant que soignant une responsabilité envers cette femme? On parle d'une femme de 70 ans qui est battue depuis 30 ans et qui n'as jamais osé partir. N'y avait-il pas une occasion lors de cette hospitalisation de sortir cette femme de cette routine dévastatrice pour elle?
Lorsque j'en discute avec mes collègues, on me répond: "elle est majeur, elle a choisit en toute connaissance". Mais avons-nous réellement la capacité de choisir quand la peur est en nous?
Cette situation me révolte au plus au point et les réactions de mon équipe encore plus. Suis-je réellement dingue de penser que nous avons eu tort de la laisser rentré? J'ai l'intention d'aller lui parler le jour de son écho, quel numéro ou contact pourrais-je lui donner pour qu'elle est une alternative à un son logement et ainsi la possibilité de fuir son mari?
J'ai grande hâte de lire vos réponses.
Je suis infirmière dans un service de gériatrie. Nous avons accueillis il y a quelques semaines une femme pour "hébergement temporaire": femme battue depuis 30 ans par son mari, celle-ci c'est retrouvée chez nous après une fracture pour sa rééducation. Le médecin et tout le service connaît la situation sociale de cette patiente, de nombreux entretiens ont été réalisés auprès d'elle, le mari a également été convoqué, ainsi que le fils. Tout cela dans le but de ne pas renvoyer cette femme chez son époux à la sortie d'hospitalisation.
Je suis partie en vacances 2 semaines et quand je suis revenue, j'ai appris qu'elle était retournée chez elle. Son mari serait venu dans le service s'excuser et elle aurait verbalisé son souhait de le retrouver. Elle est donc rentrée avec lui, sans suivis de notre service. Juste une rendez-vous dans 2 mois pour écho...
Alors voilà mon questionnement, n'avions-nous pas en tant que soignant une responsabilité envers cette femme? On parle d'une femme de 70 ans qui est battue depuis 30 ans et qui n'as jamais osé partir. N'y avait-il pas une occasion lors de cette hospitalisation de sortir cette femme de cette routine dévastatrice pour elle?
Lorsque j'en discute avec mes collègues, on me répond: "elle est majeur, elle a choisit en toute connaissance". Mais avons-nous réellement la capacité de choisir quand la peur est en nous?
Cette situation me révolte au plus au point et les réactions de mon équipe encore plus. Suis-je réellement dingue de penser que nous avons eu tort de la laisser rentré? J'ai l'intention d'aller lui parler le jour de son écho, quel numéro ou contact pourrais-je lui donner pour qu'elle est une alternative à un son logement et ainsi la possibilité de fuir son mari?
J'ai grande hâte de lire vos réponses.
- mhysterieAncien⋅ne
- Messages : 1560
Date d'inscription : 08/08/2011
Re: Dilemme moral
24.05.15 16:38
Peut-être qu'effectivement là, ce n'est plus du ressort de l'hôpital et des soignants. Les soignants ne sont-ils pas capables d'orienter la patiente vers des professionnels adaptés (encore faut-il que la patiente soit d'accord pour faire les démarches) : services sociaux, justice…
- IridaceaAncien⋅ne
- Messages : 2950
Date d'inscription : 12/05/2015
Re: Dilemme moral
24.05.15 20:26
Déjà, bravo pour ta volonté d'aider cette femme, même si je compatis parce que c'est dur d'aider une victime.
Où vis-tu/où vis la victime? En France, j'ai trouvé ce numéro. Tu peux peut-être contacter une asso près de chez toi pour demander conseil.
Je ne suis pas experte, mais il me semble que les victimes de violences conjugales partent et reviennent plusieurs fois avec leur agresseur, ça fait partie du cycle de la violence. J'ai ce lien qui explique comment aider une victime qu'on connait.
Bon courage, j'espère que mes liens auront été utiles.
Où vis-tu/où vis la victime? En France, j'ai trouvé ce numéro. Tu peux peut-être contacter une asso près de chez toi pour demander conseil.
Je ne suis pas experte, mais il me semble que les victimes de violences conjugales partent et reviennent plusieurs fois avec leur agresseur, ça fait partie du cycle de la violence. J'ai ce lien qui explique comment aider une victime qu'on connait.
Bon courage, j'espère que mes liens auront été utiles.
- TarakaBleu⋅e
- Messages : 71
Date d'inscription : 23/05/2015
Re: Dilemme moral
25.05.15 5:43
Merci beaucoup pour tes liens, ils sont d'une grande aide! La patiente vit en Alsace, je lui donnerais les numéros.
En ce qui concerne le cycle de la violence, je connaissais vaguement ce phénomène. Je trouve ça juste idiot! Avoir commencé avec elle tout un processus de prise de conscience pour qu'elle quitte son mari, pour ensuite accepter qu'elle retourne avec lui sous prétexte qu'il s'est excusé!!!! Le tout chez une femme de 70ans, qui commence à avoir es troubles cognitifs à force d'avoir été trop cogné à la tête. Enfin bref, je ne vais pas de nouveau m'énerver. Les choses sont faites, il faut maintenant faire avec.
J'irais lui parler quand elle viendra pour son écho, c'est malheureusement tout ce que je peux faire. Merci encore pour tes liens.
Pour mhysterie: il me semblait que nous avions un rôle d'aide à toutes les personnes, quelque soit notre service, mais j'avoue que là, rien n'a été fait. Et le médecin ne l'a pas orienté vers des professionnels adaptés.
En ce qui concerne le cycle de la violence, je connaissais vaguement ce phénomène. Je trouve ça juste idiot! Avoir commencé avec elle tout un processus de prise de conscience pour qu'elle quitte son mari, pour ensuite accepter qu'elle retourne avec lui sous prétexte qu'il s'est excusé!!!! Le tout chez une femme de 70ans, qui commence à avoir es troubles cognitifs à force d'avoir été trop cogné à la tête. Enfin bref, je ne vais pas de nouveau m'énerver. Les choses sont faites, il faut maintenant faire avec.
J'irais lui parler quand elle viendra pour son écho, c'est malheureusement tout ce que je peux faire. Merci encore pour tes liens.
Pour mhysterie: il me semblait que nous avions un rôle d'aide à toutes les personnes, quelque soit notre service, mais j'avoue que là, rien n'a été fait. Et le médecin ne l'a pas orienté vers des professionnels adaptés.
- IridaceaAncien⋅ne
- Messages : 2950
Date d'inscription : 12/05/2015
Re: Dilemme moral
25.05.15 11:15
Attention à ne pas culpabiliser la victime. Ce n'est pas parce que ce cycle de la violence semble incompréhensible qu'il n'est pas réel pour la victime. Voici un lien qui décrypte bien de l'intérieur le phénomène.
Dans le cas qui t'intéresse, on est quand même face à une personne âgée qui a vécu 40% de sa vie dans un climat de violence. Pour la victime, c'est devenu la normalité. De plus, de ce que je comprends elle n'a pas choisi de partir au départ, on l'a envoyé dans ton service à cause de son état. En parlant avec vous, elle a peut-être envisagé pour la première fois de partir. Surtout si elle a eu une éducation à la "lafâme doit tout supporter de son mari/le lien conjugal est sacré". Notons qu'une victime rompt et revient avec son agresseur une dizaine de fois en moyenne!
Ajoutons que ta patiente est âgée, a-t-elle une retraite suffisante pour vivre seule? Les retraites féminines sont souvent très faibles (arrêt du boulot pour les enfants, chômage, temps partiel). A-t-elle des ami-e-s chez qui aller? Les agresseurs isolent souvent les victimes de leur entourage. Tu dis aussi qu'elle a des problèmes cognitifs, ça ne doit pas l'aider à envisager de partir vers l'inconnu.
Je te recommande vraiment d'appeler toi-même une asso de victimes pour demander conseil pour son accompagnement. Lui donner un numéro de téléphone risque d'être assez inefficace (il est plus que probable qu'elle n'appelle pas et que tu la revois dans X mois pour une nouvelle fracture). Peut-être que les services sociaux peuvent intervenir (ta patiente est doublement fragile, à cause de son âge).
Dans le cas qui t'intéresse, on est quand même face à une personne âgée qui a vécu 40% de sa vie dans un climat de violence. Pour la victime, c'est devenu la normalité. De plus, de ce que je comprends elle n'a pas choisi de partir au départ, on l'a envoyé dans ton service à cause de son état. En parlant avec vous, elle a peut-être envisagé pour la première fois de partir. Surtout si elle a eu une éducation à la "lafâme doit tout supporter de son mari/le lien conjugal est sacré". Notons qu'une victime rompt et revient avec son agresseur une dizaine de fois en moyenne!
Ajoutons que ta patiente est âgée, a-t-elle une retraite suffisante pour vivre seule? Les retraites féminines sont souvent très faibles (arrêt du boulot pour les enfants, chômage, temps partiel). A-t-elle des ami-e-s chez qui aller? Les agresseurs isolent souvent les victimes de leur entourage. Tu dis aussi qu'elle a des problèmes cognitifs, ça ne doit pas l'aider à envisager de partir vers l'inconnu.
Je te recommande vraiment d'appeler toi-même une asso de victimes pour demander conseil pour son accompagnement. Lui donner un numéro de téléphone risque d'être assez inefficace (il est plus que probable qu'elle n'appelle pas et que tu la revois dans X mois pour une nouvelle fracture). Peut-être que les services sociaux peuvent intervenir (ta patiente est doublement fragile, à cause de son âge).
- kwetBleu⋅e
- Messages : 16
Date d'inscription : 02/06/2012
Re: Dilemme moral
25.05.15 15:07
Bonjour,
Si vous êtes en France, une asso à laquelle on ne pense pas toujours c'est le CNIDFF (Centre National d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles). Il y en a un peu partout.
http://www.infofemmes.com/v2/accueil.html
Quand j'ai été témoin de violences conjugales et que je ne savais pas trop quoi faire ni comment réagir, ils m'ont bien aidé.
Ils ont aussi des juristes, assistantes sociales etc... tout ça gratuit pour aider les femmes à partir.
Si vous êtes en France, une asso à laquelle on ne pense pas toujours c'est le CNIDFF (Centre National d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles). Il y en a un peu partout.
http://www.infofemmes.com/v2/accueil.html
Quand j'ai été témoin de violences conjugales et que je ne savais pas trop quoi faire ni comment réagir, ils m'ont bien aidé.
Ils ont aussi des juristes, assistantes sociales etc... tout ça gratuit pour aider les femmes à partir.
- TarakaBleu⋅e
- Messages : 71
Date d'inscription : 23/05/2015
Re: Dilemme moral
25.05.15 18:19
Je pense réussir à ne pas avoir de discours culpabilisant avec elle (lorsque je porte ma blouse d'infirmière, j'arrive bien souvent à être neutre et sans jugement). En plus j'ai beaucoup d'empathie pour cette femme. Ma colère est dirigé contre le médecin de service.
On avait envisagé l'aspect technico-pratique de son éventuel non retour auprès de son mari. Elle a un fils, qui a subi ces violences quand il était petit. et qui compte tenu de l'âge de sa mère accepte volontiers qu'elle vienne vivre chez lui. Concernant sa retraite, n'ayant jamais travaillé, elle bénéficie du minimum retraite. Mais n'a t-elle pas le droit à une pension de compensation de la part de son mari, vu le contexte? (c'est un ancien avocat). De plus, notre assistante sociale s'était penchée sur le cas afin de lui ouvrir un dossier APA pour qu'elle puisse bénéficier d'aide financée par le Conseil Régionale. L'aspect technico-pratique était en cours de résolution.
Je pense qu'elle n'avait jamais envisagé de partir avant qu'on lui en parle. Elle avait l'air tellement confiante à l'idée de quitter son bourreau. Il a fallu qu'il vienne une après-midi pour que tout le travail fait s'écroule.
Je n'avais pas envisagé d'appeler moi-même le CNIDFF. Je suis dans une ambivalence: la femme que je suis est choquée et ne veux pas laissé passé ce cas et l'infirmière a quelques retenus car à chaque fois que j'en parle avec mes collègues je me heurte à des "nous sommes soignants, nous n'avons pas à juger". Je n'ai pas l'impression d'avoir à dissocier ces deux part de ma personne dans ce cas.
On avait envisagé l'aspect technico-pratique de son éventuel non retour auprès de son mari. Elle a un fils, qui a subi ces violences quand il était petit. et qui compte tenu de l'âge de sa mère accepte volontiers qu'elle vienne vivre chez lui. Concernant sa retraite, n'ayant jamais travaillé, elle bénéficie du minimum retraite. Mais n'a t-elle pas le droit à une pension de compensation de la part de son mari, vu le contexte? (c'est un ancien avocat). De plus, notre assistante sociale s'était penchée sur le cas afin de lui ouvrir un dossier APA pour qu'elle puisse bénéficier d'aide financée par le Conseil Régionale. L'aspect technico-pratique était en cours de résolution.
Je pense qu'elle n'avait jamais envisagé de partir avant qu'on lui en parle. Elle avait l'air tellement confiante à l'idée de quitter son bourreau. Il a fallu qu'il vienne une après-midi pour que tout le travail fait s'écroule.
Je n'avais pas envisagé d'appeler moi-même le CNIDFF. Je suis dans une ambivalence: la femme que je suis est choquée et ne veux pas laissé passé ce cas et l'infirmière a quelques retenus car à chaque fois que j'en parle avec mes collègues je me heurte à des "nous sommes soignants, nous n'avons pas à juger". Je n'ai pas l'impression d'avoir à dissocier ces deux part de ma personne dans ce cas.
- shunAncien⋅ne
- Messages : 637
Date d'inscription : 10/04/2015
Re: Dilemme moral
25.05.15 18:25
Ce n'est pas juger que d'essayer de protéger une personne en situation de détresse contre des coups de son conjoint, qui même en dehors de l'impact psy peuvent la ramener à l'hosto. Le but d'un soignant c'est quand même dans la mesure du possible de ramener le patient à une vie sans " maladie ".
- TarakaBleu⋅e
- Messages : 71
Date d'inscription : 23/05/2015
Re: Dilemme moral
25.05.15 18:39
On est bien d'accord. J'aimerais vraiment comprendre pourquoi je suis la seule de l'équipe à le voir comme ça
- IridaceaAncien⋅ne
- Messages : 2950
Date d'inscription : 12/05/2015
Re: Dilemme moral
25.05.15 18:41
Je crois en effet que j'avais mal compris ton message, désolée.
Je suis choquée par l'attitude de tes collègues: vous n'êtes évidemment pas les services sociaux, mais en tant que soignant-e-s vous êtes des témoins privilégié-e-s des situations de violence. J'ignore si vous avez une obligation légale de signalement, mais vous êtes quand même face à une personne fragile dans une situation de violences. Ce n'est pas la juger que de dire qu'elle devrait partir et chercher à l'aider. (Edit: @shun l'a très bien résumé.) Je déplore en tout cas le manque de formation aux violences conjugales. Edit2: d'ailleurs, je me demande si ce n'est pas la raison de cette attitude passive, la mauvaise compréhension du cycle de la violence conjugale?
C'est super si cette dame a une situation de repli, ça facilite beaucoup les choses. Bravo d'avoir cherché avec elle des solutions! Sur la compensation, je ne suis pas du tout sûre qu'elle ait droit à quoi que ce soit (pas de pension alimentaire en cas de divorce car plus d'enfant à charge), sauf procès. :S
Malheureusement, si c'était la première fois qu'elle envisageait de partir, son attitude postérieure n'est pas surprenante... Est-ce que l'assistante sociale peut la recontacter pour suivre le dossier? Je ne sais pas si tu peux contacter son fils pour qu'il parle avec elle, la convaincre de passer quelques jours chez lui. Le CNIDFF peut probablement suggérer d'autres solutions.
En tous cas je pense que tu as raison de chercher à aider cette dame. J'espère que tes démarches aboutiront. Bon courage!
Je suis choquée par l'attitude de tes collègues: vous n'êtes évidemment pas les services sociaux, mais en tant que soignant-e-s vous êtes des témoins privilégié-e-s des situations de violence. J'ignore si vous avez une obligation légale de signalement, mais vous êtes quand même face à une personne fragile dans une situation de violences. Ce n'est pas la juger que de dire qu'elle devrait partir et chercher à l'aider. (Edit: @shun l'a très bien résumé.) Je déplore en tout cas le manque de formation aux violences conjugales. Edit2: d'ailleurs, je me demande si ce n'est pas la raison de cette attitude passive, la mauvaise compréhension du cycle de la violence conjugale?
C'est super si cette dame a une situation de repli, ça facilite beaucoup les choses. Bravo d'avoir cherché avec elle des solutions! Sur la compensation, je ne suis pas du tout sûre qu'elle ait droit à quoi que ce soit (pas de pension alimentaire en cas de divorce car plus d'enfant à charge), sauf procès. :S
Malheureusement, si c'était la première fois qu'elle envisageait de partir, son attitude postérieure n'est pas surprenante... Est-ce que l'assistante sociale peut la recontacter pour suivre le dossier? Je ne sais pas si tu peux contacter son fils pour qu'il parle avec elle, la convaincre de passer quelques jours chez lui. Le CNIDFF peut probablement suggérer d'autres solutions.
En tous cas je pense que tu as raison de chercher à aider cette dame. J'espère que tes démarches aboutiront. Bon courage!
- TarakaBleu⋅e
- Messages : 71
Date d'inscription : 23/05/2015
Re: Dilemme moral
25.05.15 19:04
Je vais suivre tes conseils qui ont été vraiment précieux et réconfortants. Et je ferais tout ce qui est en mon possible pour qu'elle quitte ce bourreau.
En ce qui concerne mes collègues, on dirait qu'elles mènent une politique de l'autruche: on ne voit plus la patiente, donc ce n'est plus notre problème. Bref, quand on sait que seule le médecin est un homme et que les 23 autres personnes sont des femmes, j'ai envie de hurler!!!
Je vous tiendrait informé de la situation de cette femme. Et je vous remercie beaucoup pour vos messages.
En ce qui concerne mes collègues, on dirait qu'elles mènent une politique de l'autruche: on ne voit plus la patiente, donc ce n'est plus notre problème. Bref, quand on sait que seule le médecin est un homme et que les 23 autres personnes sont des femmes, j'ai envie de hurler!!!
Je vous tiendrait informé de la situation de cette femme. Et je vous remercie beaucoup pour vos messages.
- shunAncien⋅ne
- Messages : 637
Date d'inscription : 10/04/2015
Re: Dilemme moral
25.05.15 20:55
Ce genre d'attitude est très courant dans le milieu du care. Quand j'ai été hospitalisée pour violences conjugales, c'était marqué exactement ça sur ma fiche au dessus de mon lit " violence conjugales, stress post traumatique ", personne ne m'a posé aucune question sur la fameuse vie conjugale, ni si j'avais des enfants (ce qui était le cas, un bébé), ni comment j'allais faire quand j'allais sortir ...
Ils ont soigné les bleus, les bosses, l'entorse, et puis zou dehors. Je ne parlais toujours pas quand je suis sortie, j'étais toujours en aphasie post traumatique, mais bon comme tout allait bien " biologiquement ", c'est que tout est ok.
Alors que si ils avaient pris du temps, ils auraient su que 1/ j'avais reçu des menaces de mort, 2/ que mon ex conjoint (celui même qui m'avait envoyé à l'hosto) avait un casier pour violences, 3/ qu'il consommait de l'alcool et des drogues dures ce qui me plaçait encore plus en situation de danger (il me tapait plus après avoir consommé), 4/ que j'avais un bébé de 10 mois, 5/ que j'étais au RSA, 5/ que j'avais des solutions de replis qui étaient envisageables et qu'il fallait les activer au plus vite, et 6/ que cet ex conjoint était aussi INFIRMIER EN CHU et qu'à ce titre il est d'autant plus dangereux.
Mais non ... personne n'a rien dit, et je suis repartie comme j'étais venue, muette.
Donc oui, réagir en milieu de soin, c'est primordial. Et ne pas le faire c'est de la non assistance à personne en danger. Si un jour son mari la tue ? Ils diront quoi les collègues ? Que ça les regardait pas ? Qu'ils ont fait ce qu'ils avaient à faire ? A quoi ça sert de remettre qq1 sur pied si c'est pour que cette personne ne fasse tuer, ou matraquer en rentrant chez elle ? Ils vont la réparer combien de fois avant de se dire que ptètre il faudrait arrêter de la démonter à chaque fois ?
Nan mais à un moment c'est même plus une question d'empathie, c'est une question de logique. Quand on soigne les gens c'est pour qu'ils aillent mieux, pas pour qu'ils aillent encore plus mal.
Si j'étais, je sais pas moi charpentière, et que toutes mes poutres elles revenaient brisées, je me demanderais pas juste comment les réparer, je me demanderais pourquoi elles reviennent brisées, et ou il est le binz ... Ben là c'est pareil, sauf que c'est une humaine quoi ...
Ils ont soigné les bleus, les bosses, l'entorse, et puis zou dehors. Je ne parlais toujours pas quand je suis sortie, j'étais toujours en aphasie post traumatique, mais bon comme tout allait bien " biologiquement ", c'est que tout est ok.
Alors que si ils avaient pris du temps, ils auraient su que 1/ j'avais reçu des menaces de mort, 2/ que mon ex conjoint (celui même qui m'avait envoyé à l'hosto) avait un casier pour violences, 3/ qu'il consommait de l'alcool et des drogues dures ce qui me plaçait encore plus en situation de danger (il me tapait plus après avoir consommé), 4/ que j'avais un bébé de 10 mois, 5/ que j'étais au RSA, 5/ que j'avais des solutions de replis qui étaient envisageables et qu'il fallait les activer au plus vite, et 6/ que cet ex conjoint était aussi INFIRMIER EN CHU et qu'à ce titre il est d'autant plus dangereux.
Mais non ... personne n'a rien dit, et je suis repartie comme j'étais venue, muette.
Donc oui, réagir en milieu de soin, c'est primordial. Et ne pas le faire c'est de la non assistance à personne en danger. Si un jour son mari la tue ? Ils diront quoi les collègues ? Que ça les regardait pas ? Qu'ils ont fait ce qu'ils avaient à faire ? A quoi ça sert de remettre qq1 sur pied si c'est pour que cette personne ne fasse tuer, ou matraquer en rentrant chez elle ? Ils vont la réparer combien de fois avant de se dire que ptètre il faudrait arrêter de la démonter à chaque fois ?
Nan mais à un moment c'est même plus une question d'empathie, c'est une question de logique. Quand on soigne les gens c'est pour qu'ils aillent mieux, pas pour qu'ils aillent encore plus mal.
Si j'étais, je sais pas moi charpentière, et que toutes mes poutres elles revenaient brisées, je me demanderais pas juste comment les réparer, je me demanderais pourquoi elles reviennent brisées, et ou il est le binz ... Ben là c'est pareil, sauf que c'est une humaine quoi ...
- TarakaBleu⋅e
- Messages : 71
Date d'inscription : 23/05/2015
Re: Dilemme moral
25.05.15 21:36
Je ne mettais jamais rendue compte à quel point les soignants traitent les patients en fonction du service où ils sont: vous êtes en pneumo, on soigne vos poumons mais pas le reste, vous êtes en gériatrie, on soigne votre démence mais pas le reste.
Ton témoignage me touche et me confirme qu'il ya un problème de prise en charge des violence conjugales en milieu hospitalié.
Je tâcherais de ne pas être une de ces femmes/soignante qui ne font pas correctement leur travail.
Ton témoignage me touche et me confirme qu'il ya un problème de prise en charge des violence conjugales en milieu hospitalié.
Je tâcherais de ne pas être une de ces femmes/soignante qui ne font pas correctement leur travail.
- NyrhiaBleu⋅e
- Messages : 24
Date d'inscription : 24/05/2015
Re: Dilemme moral
30.05.15 12:45
@Taraka, je souhaite juste vous dire que je vous respecte pour votre prise de conscience et votre prise de position, bien difficile avec un tel entourage professionnel. Heureusement qu'il a des femmes comme vous, où la flamme de l'indignation n'est pas éteinte par cette société volontairement aveugle. Vous avez tout mon soutien moral, c'est peu mais j'espère que cela compte un peu.
Sororité. N
Sororité. N
- TarakaBleu⋅e
- Messages : 71
Date d'inscription : 23/05/2015
Re: Dilemme moral
31.05.15 9:05
Ce n'est pas peu, c'est beaucoup. vous n'imaginez pas à quel point c'est rassurant de savoir que ce qui me choque en choque d'autre. Je me sens vraiment seule parfois, et tellement en colère contre les personnes qui acceptent tout. Je n'exige pas de mes collègues qu'elles soient toutes le poing en l'air et dans la même envie de changer les choses que moi. Mais j'aimerais que ce genre de situation les interpelle, les questionne...
- TarakaBleu⋅e
- Messages : 71
Date d'inscription : 23/05/2015
Re: Dilemme moral
17.07.15 8:58
Comme promis je vous donne des nouvelles. Qui ne sont pas bonnes.... La patiente est décédé des suites d'un trauma crânien. C'est tout ce que je sais. Est-elle tombé? A t-elle encore subit les colères de son mari? Je n'en sais rien.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Dilemme moral
17.07.15 13:27
Quelle horreur.
Je suis désolée...
Au moins, toi, tu as essayé de faire quelque chose pour elle, au lieu de t'en laver les mains (ce qui de la part de tes collègues était plus ou moins de la non assistance à personne en danger)...
Je suis désolée...
Au moins, toi, tu as essayé de faire quelque chose pour elle, au lieu de t'en laver les mains (ce qui de la part de tes collègues était plus ou moins de la non assistance à personne en danger)...
- TarakaBleu⋅e
- Messages : 71
Date d'inscription : 23/05/2015
Re: Dilemme moral
18.07.15 5:43
Le médecin de service est en vacances. Mais j'ai l'intention d'en discuter avec lui afin que cela ne se reproduise plus. Et s'il n'est toujours pas sensible à cette cause, je n'hésiterais pas à passer au dessus de lui (hierarchie, association, média...).
Mes collègues ont été choquées, elles culpabilisent beaucoup. J'espère qu'à l'avenir on sera plus solidaire entre nous pour défendre des femmes comme cette patiente.
Je suis juste très attristée qu'il est fallut le décès de cette femme pour que mes collègues comprenne.....
Mes collègues ont été choquées, elles culpabilisent beaucoup. J'espère qu'à l'avenir on sera plus solidaire entre nous pour défendre des femmes comme cette patiente.
Je suis juste très attristée qu'il est fallut le décès de cette femme pour que mes collègues comprenne.....
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