- Black SwanAncien⋅ne
- Messages : 264
Date d'inscription : 28/05/2016
Bonjour à toutes!
J'ai une préoccupation à vous partager.
Je suis étudiante universitaire en travail social au Canada. Le semestre prochain, j'aurai à déposer ma demande d'admission pour les études de 2e cycle (maitrise, soit l'étape avant des études doctorales de 3e cycle).
J'ai réussi à établir des liens avec un(e) professeur(e) différent(e) dans quatre universités différentes que je considère, des enseignants qui se sont montrés ouverts à me superviser.
Mon sujet est clair et précis, j'aimerais étudier un thème en lien avec les femmes autochtones du Canada.
Ma préoccupation est que je ne suis pas autochtone, bien que je sois une jeune femme de couleur. J'ai donc peur de reproduire des dynamiques d'oppression et de domination en faisant de la recherche sur ces peuples plutôt qu'avec eux.
J'ai donc tenté de me faire superviser par un(e) enseignant(e) qui est autochtone et je n'en ai trouvé qu'une seule dans toute ma province dans mon département. Il y en a très peu pour des raisons très complexes et historiques. Cette prof a accepté de me superviser, mais elle est anglophone, et part en année sabbatique l'année ou j'entrerai à la maitrise donc je ne sais pas ce que ca va donner. Elle vient aussi d'une autre province ou les réalités des peuples sont différentes de celles de ma ville.
J'avais l'envie d'étudier dans une autre ville en français, car l'une des quatre université me payerait pour faire de la recherche et parce que je n'ai pas beaucoup voyagé dans ma vie étant issue d'un milieu modeste et j'avais envie d'avoir un autre type d'expérience que ma ville ou j'ai toujours vécu et étudié.
J'aimerais savoir : suis-je une oppresseure/colonisatrice si je fais de la recherche sur ce sujet qui me passionne depuis l'adolescence en l'absence d'un directeur de recherche de cette communauté?
PS : On m'a dit que dorénavant, toute recherche faite en lien avec les Autochtones au Canada sous soumises au comité éthique de l'Université mais également au comité éthique de la communauté autochtone. C'est donc un processus rigoureux. Mais je me sens coupable. Ma plus grande peur est de faire de la recherche qui ne me bénéficie qu'à moi mais qui n'apporte rien de plus à cette communauté qui a tant été étudiée par des "outsiders".
Merci de m'avoir lue.
J'ai une préoccupation à vous partager.
Je suis étudiante universitaire en travail social au Canada. Le semestre prochain, j'aurai à déposer ma demande d'admission pour les études de 2e cycle (maitrise, soit l'étape avant des études doctorales de 3e cycle).
J'ai réussi à établir des liens avec un(e) professeur(e) différent(e) dans quatre universités différentes que je considère, des enseignants qui se sont montrés ouverts à me superviser.
Mon sujet est clair et précis, j'aimerais étudier un thème en lien avec les femmes autochtones du Canada.
Ma préoccupation est que je ne suis pas autochtone, bien que je sois une jeune femme de couleur. J'ai donc peur de reproduire des dynamiques d'oppression et de domination en faisant de la recherche sur ces peuples plutôt qu'avec eux.
J'ai donc tenté de me faire superviser par un(e) enseignant(e) qui est autochtone et je n'en ai trouvé qu'une seule dans toute ma province dans mon département. Il y en a très peu pour des raisons très complexes et historiques. Cette prof a accepté de me superviser, mais elle est anglophone, et part en année sabbatique l'année ou j'entrerai à la maitrise donc je ne sais pas ce que ca va donner. Elle vient aussi d'une autre province ou les réalités des peuples sont différentes de celles de ma ville.
J'avais l'envie d'étudier dans une autre ville en français, car l'une des quatre université me payerait pour faire de la recherche et parce que je n'ai pas beaucoup voyagé dans ma vie étant issue d'un milieu modeste et j'avais envie d'avoir un autre type d'expérience que ma ville ou j'ai toujours vécu et étudié.
J'aimerais savoir : suis-je une oppresseure/colonisatrice si je fais de la recherche sur ce sujet qui me passionne depuis l'adolescence en l'absence d'un directeur de recherche de cette communauté?
PS : On m'a dit que dorénavant, toute recherche faite en lien avec les Autochtones au Canada sous soumises au comité éthique de l'Université mais également au comité éthique de la communauté autochtone. C'est donc un processus rigoureux. Mais je me sens coupable. Ma plus grande peur est de faire de la recherche qui ne me bénéficie qu'à moi mais qui n'apporte rien de plus à cette communauté qui a tant été étudiée par des "outsiders".
Merci de m'avoir lue.
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Tout dépend de comment tu vas mener ta recherche !Black Swan a écrit:J'aimerais savoir : suis-je une oppresseure/colonisatrice si je fais de la recherche sur ce sujet qui me passionne depuis l'adolescence en l'absence d'un directeur de recherche de cette communauté?
Je crois vraiment que c'est ce "comment" qui est important.
Si tu places les personnes concernées au centre, que tu es attentive à ne pas les déposséder de leur parole, déjà tu partiras dans la bonne direction.
Dire ce qu'elles disent, ne pas leur faire dire ce qu'elles ne disent pas, par exemple.
Je pense que le mieux est que tu leur demande directement leur avis sur ta façon de rendre compte des choses au fur et à mesure de ta recherche, et que tu sois au maximum à leur écoute, en étant attentive à ne pas projeter tes visions personnelles sur elles.
Peut-être peux-tu aussi contacter des personnes qui ont mené des recherches similaires, c'est-à-dire des personnes qui ont mené des recherches sur des communautés discriminées auxquelles elles n'appartenaient pas mais qui ont su être juste: peut-être auront elles de bons conseils ou de bonnes méthodes à te transmettre ?
- michekhenAncien⋅ne
- Messages : 735
Date d'inscription : 02/09/2013
très bonne question
je n'ai aucune réponse
je n'ai aucune réponse
- OmniiaAncien⋅ne
- Messages : 2909
Date d'inscription : 20/10/2012
Bonjour,
Je comprends tout à fait tes questionnements tout en trouvant ça assez triste que de la culpabilité puisse naître du simple fait d'être intéressée par tel ou tel objet d'étude.
Je crois que ce n'est ni le fait que tu aies une directrice de recherche appartenant à telle communauté ni le fait que toi même tu en fasses partie ou non qui fera de ton travail quelque chose de qualité.
Je pense que la question des biais potentiels est à se poser dans toute recherche. Je ne suis pas certaine que de ne pas faire partie de la population que tu veux étudier amène nécessairement en soi à plus de biais que d'en faire partie. Je crois que ça amène à des biais potentiels différents.
Je suis d'accord avec Aëlloon sur le fait que ce qui compte est la façon dont tu vas t'y prendre, la qualité du travail théorique tu feras, quelle méthode tu vas choisir (faire de l'observation en n'ayant aucune grille d'analyse ou hypothèse de départ ? Ou au contraire y aller avec des hypothèses de départ à valider ou infirmer ? Etc.).
Je pense que, si ce n'est pas déjà fait, lire des bouquins de méthodologie en sociologie peut vraiment t'aider pour tous tes questionnements.
Concernant le fait que tu t'inquiètes que ta recherche ne bénéficie qu'à toi et pas à la communauté, tout en comprenant parfaitement ça, je pense qu'il faut faire gaffe à ce que cette peur n'amène pas justement à ce que ton travail soit très biaisé par ça.
Je crois que pour un travail de recherche, il faut essayer au maximum de se départir des préjugés qui peuvent effectivement venir du fait qu'on n'est pas personnellement concernées, ou qu'on fait partie d'une classe privilégiée, etc. mais aussi de cette envie d'être utile / d'avoir une posture militante.
Quoiqu'il en soit, bonne continuation à toi
Je comprends tout à fait tes questionnements tout en trouvant ça assez triste que de la culpabilité puisse naître du simple fait d'être intéressée par tel ou tel objet d'étude.
Je crois que ce n'est ni le fait que tu aies une directrice de recherche appartenant à telle communauté ni le fait que toi même tu en fasses partie ou non qui fera de ton travail quelque chose de qualité.
Je pense que la question des biais potentiels est à se poser dans toute recherche. Je ne suis pas certaine que de ne pas faire partie de la population que tu veux étudier amène nécessairement en soi à plus de biais que d'en faire partie. Je crois que ça amène à des biais potentiels différents.
Je suis d'accord avec Aëlloon sur le fait que ce qui compte est la façon dont tu vas t'y prendre, la qualité du travail théorique tu feras, quelle méthode tu vas choisir (faire de l'observation en n'ayant aucune grille d'analyse ou hypothèse de départ ? Ou au contraire y aller avec des hypothèses de départ à valider ou infirmer ? Etc.).
Je pense que, si ce n'est pas déjà fait, lire des bouquins de méthodologie en sociologie peut vraiment t'aider pour tous tes questionnements.
Concernant le fait que tu t'inquiètes que ta recherche ne bénéficie qu'à toi et pas à la communauté, tout en comprenant parfaitement ça, je pense qu'il faut faire gaffe à ce que cette peur n'amène pas justement à ce que ton travail soit très biaisé par ça.
Je crois que pour un travail de recherche, il faut essayer au maximum de se départir des préjugés qui peuvent effectivement venir du fait qu'on n'est pas personnellement concernées, ou qu'on fait partie d'une classe privilégiée, etc. mais aussi de cette envie d'être utile / d'avoir une posture militante.
Quoiqu'il en soit, bonne continuation à toi
- Black SwanAncien⋅ne
- Messages : 264
Date d'inscription : 28/05/2016
Merci de vos réponses!
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