Exposé sur la pornographie et la prostitution
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satsobek
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Exposé sur la pornographie et la prostitution
27.02.17 21:00
On devait faire un exposé en SES, j'ai donc choisi ce thème (la prof est d'accord)
Tout d'abord j'aimerais demander, quels liens me conseillez vous de consulter en priorité pour aborder le sujet ?
Je suis en train d'aborder le thème des représentations des rapports homme-femme, donc si quelqu'un a des idées, je suis preneuse.
Pour l'instant, j'ai commencé par ceci (TW évocation de violences sexuelles) :
Ensuite, j'aimerais savoir si quelqu'un connaît le lien donné dans cet article, qui dit que 88% des scénarios de porn représentent des agressions et que 77% d'entre elles sont perpétrées par des hommes.
Le lien était celui-ci : http://stoppornculture.org/about/about-the-issue/facts-and-figures-2/ mais il est mort, rip
j'ai trouvé ceci : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20980228 mais c'est incomplet, ou alors je n'ai pas réussi à cliquer au bon endroit.
Des conseils ou des critiques ?
Tout d'abord j'aimerais demander, quels liens me conseillez vous de consulter en priorité pour aborder le sujet ?
Je suis en train d'aborder le thème des représentations des rapports homme-femme, donc si quelqu'un a des idées, je suis preneuse.
Pour l'instant, j'ai commencé par ceci (TW évocation de violences sexuelles) :
La pornographie et la prostitution, deux milieux liés
1)La pornographieLa pornographie est un médium et un milieu à la fois méprisé et glorifié.Le dégoût, l'aura de sale qui entoure le domaine pouse à le considérer comme quelque chose de bas, de "non-noble", mais le désir sexuel présent dans l'immense majorité des êtres humains, la capacité de rire de la sexualité et les services proposés par le porno qui vont dans ce sens en font aussi un objet de sympathie, voire même d'affection.L'industrie de porno fait tout pour entretenir cette image amicale du porno, en faisant un milieu cool, drôle et branché, avec des acteurs et actrices complices et pleins d'humour.Elle fait également en sorte que l'on considère le porno comme un besoin vital, au même titre que boire et manger : la masturbation est nécessaire, le porno nécessaire à la masturbation. Le porno est également vu comme un passage obligé de l'adolescence, donc un moyen d'accéder à l'âge adulte.La réprésentation problématique des rapports homme-femme, et surtout les coulisses de l'industrie pornographique sont des sujets soigneusement esquivés, ou alors survolés avec légèreté, le temps de rassurer le consommateur que non, la maison ne maltraite pas les actrices, elle le dirait sinon.La bienveillance envers cette industrie est encore renforcée par le fait que toute critique de la pornographie est systématiquement catégorisée comme relevant de la bigoterie et du conservatisme religieux. Donc toujours tournée en dérision.En réalité la pornographie est un médium extrêmement malsain, et ses répercussions sur la société ont été exclusivement négatives (sauf si on considère que regarder une femme intégralement épilée se prendre un pénis disproportionné dans la trachée après s'être fait traiter de salope est un bon moyen pour les adolescents de découvrir la sexualité).Le premier problème que l'on peut voir dans la pornographie, sans même connaître les dessous de la production, est la réprésentation de rapports hommes-femmes. La pornographie contribue à péréniser le fantasme de la femme-objet, de la sous-humaine créée pour satisfaire les besoins des hommes.
Ensuite, j'aimerais savoir si quelqu'un connaît le lien donné dans cet article, qui dit que 88% des scénarios de porn représentent des agressions et que 77% d'entre elles sont perpétrées par des hommes.
Le lien était celui-ci : http://stoppornculture.org/about/about-the-issue/facts-and-figures-2/ mais il est mort, rip
j'ai trouvé ceci : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20980228 mais c'est incomplet, ou alors je n'ai pas réussi à cliquer au bon endroit.
Des conseils ou des critiques ?
- IridaceaAncien⋅ne
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Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
27.02.17 21:07
Une réponse en coup de vent :
Pour le reste, il y a pas mal de ressources sur le forum. Tape « porn* » dans le moteur de recherche du forum.
Tu peux consulter le lien ici.SuperBulle a écrit:Le lien était celui-ci : http://stoppornculture.org/about/about-the-issue/facts-and-figures-2/ mais il est mort, rip
Pour le reste, il y a pas mal de ressources sur le forum. Tape « porn* » dans le moteur de recherche du forum.
- SuperBulleBleu⋅e
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Date d'inscription : 10/05/2016
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
27.02.17 21:10
Merci
- michekhenAncien⋅ne
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Date d'inscription : 02/09/2013
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
27.02.17 23:46
c'est quoi SES?
Là ,j'ai un article en anglais qui dit aussi que en moyenne 88% du porno montre des images de violence à l'encontre des femmes.
https://reneejg.net/2016/06/12/why-i-wear-a-whistle/.
Sinon, ici mais c'est aussi en anglais, je trouve ses conclusions très intéressantes. C'est une femme, une sociologue qui vient d'écrire un bouquin sur la pornographie et son impact de plus en plus nocif sur des personnes de plus en plus jeunes.
Là ,j'ai un article en anglais qui dit aussi que en moyenne 88% du porno montre des images de violence à l'encontre des femmes.
https://reneejg.net/2016/06/12/why-i-wear-a-whistle/.
Sinon, ici mais c'est aussi en anglais, je trouve ses conclusions très intéressantes. C'est une femme, une sociologue qui vient d'écrire un bouquin sur la pornographie et son impact de plus en plus nocif sur des personnes de plus en plus jeunes.
- IridaceaAncien⋅ne
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Date d'inscription : 12/05/2015
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
28.02.17 10:14
Sciences Économiques et Sociales. Dans le système français, c'est un enseignement optionnel en Seconde (antépénultième année de scolarité secondaire) qui a pour but de proposer aux élèves les bases de l'économie et des sciences sociales.michekhen a écrit:c'est quoi SES?
- SuperBulleBleu⋅e
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Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
12.03.17 9:52
Re !
Alors je suis désolée, j'ai laissé tomber le côté pornographie... c'est un sujet beaucoup trop compliqué, je ne sais même pas me positionner dessus (faut-il l'interdire ou non par exemple), avec trop de facettes à traiter, et on est quatre sur cet exposé...
Mais vos liens sont hyper intéressants, surtout celui sur Gail Dines qui m'intéresse beaucoup, je pense lire son livre
Donc voilà ce que j'ai fait pour l'instant (pas que moi hein, c'est ce qu'on a fait ensemble avec une amie) :
Alors je suis désolée, j'ai laissé tomber le côté pornographie... c'est un sujet beaucoup trop compliqué, je ne sais même pas me positionner dessus (faut-il l'interdire ou non par exemple), avec trop de facettes à traiter, et on est quatre sur cet exposé...
Mais vos liens sont hyper intéressants, surtout celui sur Gail Dines qui m'intéresse beaucoup, je pense lire son livre
Donc voilà ce que j'ai fait pour l'instant (pas que moi hein, c'est ce qu'on a fait ensemble avec une amie) :
Est-ce qu'il y a des choses fausses ?Intro
La prostitution est l’acte par lequel une personne consent habituellement à pratiquer des rapports avec d’autres personnes moyennant rémunération. Bien que cette activité soit pratiquée par les membres des deux sexes, elle est le plus souvent le fait des femmes, mais cela concerne aussi les hommes dans le cadre de prostitution homosexuelle (et, très rarement, hétérosexuelle). Les personnes trans sont aussi beaucoup touchées par la prostitution.
Quand parle-t-on de prostitution
On parle de prostitution quand une personne a des relations sexuelles avec un ou plusieurs individus en échange d’argent.
La prostitution existe dans de nombreux pays ; cette tolérance peut aller jusqu’à l’interdiction supposée, les références associées à chaque pays pointent soit sur un article précisant l’existence de la prostitution dans le pays, soit sur des références légales.
Pays où la prostitution est autorisée ou légiférée :
-En Afrique : Burkina Faso, Egypte (interdite mais pratiquée), Sénégal, Tanzanie
-En Amérique : Argentine, Brésil, Cuba , Canada, USA, Mexique
-En Asie : Inde, Dubaï, Japon, Mongolie, Chine, Taiwan
-En Europe : Allemagne, Autriche, quasiment tous les pays de l’Europe. En Finlande, la prostitution existe, mais un changement de politique semble s’amorcer pour la combattre.
Il existe trois prises positions concernant la prostitution :
-Le légalisme, position pro-légalisation de la prostitution
-Le réglementarisme, point de vue qui prône le fait d’encadrer la prostitution, se rapproche du légalisme
-l’abolitionnisme, position pro-interdiction de la prostitution
Dans le milieu féministe, une sorte de « guerre » idéologique prend place entre les pro-légalisation et les abolitionniste. Aucun sondage n’a été effectué, mais la plupart des féministes adoptent un point de vue légalitioniste, notamment sur twitter, et les abolitionnistes sont assez mal vues. Cependant elles sont majoritaires sur les forums dédiés au féminisme.
Dans cet exposé nous verrons pourquoi l’abolitionnisme est la meilleure solution concernant la prostitution.
Les causes de la prostitution
De nos jours, bien souvent, les personnes rentrent dans le milieu de la prostitution afin de survivre et non par projet de vie. La prostitution peut être occasionnelle comme, par exemple, pour de l’argent.
Le facteur économique est le plus fréquent (la pauvreté poussant à la prostitution).
Certaines personnes toxicomanes sont plus susceptibles de se prostituer, la consommation de drogue implique une dépense d’argent parfois très conséquente. Parfois c’est pour supporter les conditions de travail que les personnes prennent de la drogue.
Dans beaucoup de cas une personne se prostitue à cause d’abus sexuels (les viols et incestes donnant naissance à une dévalorisation de soi), de facteurs sociaux ou psychologiques : violence familiale, sentiments de regret, d’abandon, d’injustice vécus dans l’enfance.
Cette affirmation peut ressembler à une manipulation idéologique des violences sexuelles infantiles (parfois utilisées pour discréditer l’homosexualité), mais en réalité de nombreuses études prouvent cette corrélation entre abus dans l’enfance (ou non)
-Dans l’étude « Prostitution, Violence and Post-traumatic stress disorder » de 1998, de Melissa Pharley (PhD), et Houcard Barlan (Dr.PH), les chercheurs ont interviewé 130 prostitués de San Francisco, 57% ont déclaré avoir été abusés sexuellement dans l’enfance, et 49% ont rapporté avoir été physiquement agressés dans l’enfance.
-L’étude de Melissa Farley de 2003, une mise à jour de l’étude précédente, démontre que 55 à 90% des femmes prostituées ont été victimes d’agressions sexuelles pendant leur enfance, et 59% de maltraitance (Farley, « Prostitution and Trafficking in Nine Countries : An Update on Violence and Post-Traumatic Stress Disorder », 2003)
-Une étude de Sibylle Zumbeck menée en Allemagne en 2001 a établi que 65% d’entre elles avaient été maltraitées physiquement et 50% victimes de violences sexuelles (Zumbeck, Sibylle : Die Prävalenz traumatischer Erfahrungen, Posttraumatich Belastungsstörungen und Dissoziation bei Prostituierten » , Hambourg, 2001)
-Une étude menée en 2004 par le ministère allemand de la Famille, des Aînés, des Femmes et de la Jeunesse a conclu que 87% de ces femmes avaient subi des violences physiques avant l’âge de 16 ans. (Bundesministerium für Familie, Senioren, Frauen und Jugend : Gender Datenreport, 2004)
On peut donc dire qu’il existe plusieurs facteurs qui expliquent pourquoi une personne se prostitue.
Conséquences
Le milieu prostitutionnel est un milieu extrêmement violent et destructeur pour les femmes.
Toujours d’après l’étude « Prostitution and Trafficking in Nine Countries : An Update on Violence and Post-Traumatic Stress Disorder », qui a été revue par d’autres chercheurs, l’écrasante majorité des prostituées ont déjà subi des violences extrêmes. Les chercheuses ont interviewé 854 personnes prostituées. L’étude a révélé
- SuperBulleBleu⋅e
- Messages : 96
Date d'inscription : 10/05/2016
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
12.03.17 9:54
Et sinon aussi, j'ai lu que la prostitution n'existait pas dans les sociétés matrilinéaires, quelqu'un a un lien ? ça va être un point important de l'exposé, mais je trouve rien (je tape "société matrilinéaires prostitution", je trouve rien, pareil avec "matriarcales")
- InvitéInvité
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
12.03.17 10:47
Pour moi, ce point est à clarifier : l'abolitionnisme, c'est interdire l'achat d'actes de prostitution, ce n'est pas interdire le fait de se prostituer.-l’abolitionnisme, position pro-interdiction de la prostitution
A clarifier (ajouter?) aussi : le fait que dans les pays où la légalisation existe (Allemagne, Pays-Bas), les conditions de vie des prostituées se sont dégradées. Et que si on évalue à 400.000 leur nombre en Allemagne, seules 40 se sont inscrites comme telles. Et que les réseaux ont augmenté leur présence.
Ajouter aussi qu'en Suède (pays abolitionniste), les réseaux ont diminué.
- SuperBulleBleu⋅e
- Messages : 96
Date d'inscription : 10/05/2016
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
12.03.17 10:50
@Nurja, oui, en ce qui concerne ces pays on verra ça dans la suite de l'exposé
et oui tu as raison, j'aurais dû être plus précise concernant l'abolition.
et oui tu as raison, j'aurais dû être plus précise concernant l'abolition.
- satsobekBleu⋅e
- Messages : 78
Date d'inscription : 08/06/2016
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
12.03.17 14:31
SuperBulle a écrit:Et sinon aussi, j'ai lu que la prostitution n'existait pas dans les sociétés matrilinéaires, quelqu'un a un lien ? ça va être un point important de l'exposé, mais je trouve rien (je tape "société matrilinéaires prostitution", je trouve rien, pareil avec "matriarcales")
Assez peu sourcé , il faudrait retrouver la conférence, et c'est ancien : http://www.sos-sexisme.org/infos/origine.htm
Et aprés il y a des exemples comme : http://mediaafrik.com/matriarcat-egyptien-us-et-coutumes-occultes-par-larcheologie-officielle/
"L’Égypte présente la particularité de n’avoir jamais complètement remplacé la famille gentilice par la famille conjugale. On peut supposer que l’Égypte antique avait conservé quelques usages du matriarcat, du moins à une certaine époque, avant l’apparition de la circoncision et de l’excision (700 av-JC), probablement imposée par les différentes invasions (Hyksôs, Perses…) : statut élevé de la femme, liberté sexuelle, iconographie valorisante des femmes, dénudées et libres de séduire, absence de prostitution et d’esclavage, filiation maternelle de l’héritage, importance de l’oncle maternel, les hommes “épousaient” leur sœur… Les femmes dans l’Egypte ancienne semblent avoir joui des mêmes droits juridiques et économiques que les hommes."
- IridaceaAncien⋅ne
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Date d'inscription : 12/05/2015
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
12.03.17 17:05
Est-ce qu'un article dénonçant « l'archéologie officielle » et ayant pour seule source le site matricien, fondé par un soralien pas piqué des hannetons (voir ici et là) constitue une référence fiable ?satsobek a écrit:Et aprés il y a des exemples comme : http://mediaafrik.com/matriarcat-egyptien-us-et-coutumes-occultes-par-larcheologie-officielle/
- satsobekBleu⋅e
- Messages : 78
Date d'inscription : 08/06/2016
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
12.03.17 19:09
Ah je connaissais pas du tout ces liens !
Les matriciens ont l'air de reprendre pas mal d'hypothèses connues et de les accomoder à leur sauce
Les matriciens ont l'air de reprendre pas mal d'hypothèses connues et de les accomoder à leur sauce
- michekhenAncien⋅ne
- Messages : 735
Date d'inscription : 02/09/2013
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
13.03.17 12:19
Je tiquais aussi un peu sur le mot consentir, et je pense important de préciser que la grande majorité des acheteurs sont des hommes.
Une idée que je trouvais intéressante aussi c'est que là où la prostitution est considérée comme un problème social inévitable on cherche à réglementariser et là où on considère que la prostitution est un problème de violence entre hommes et femmes on cherche à abolir.
Une idée que je trouvais intéressante aussi c'est que là où la prostitution est considérée comme un problème social inévitable on cherche à réglementariser et là où on considère que la prostitution est un problème de violence entre hommes et femmes on cherche à abolir.
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
13.03.17 22:16
Un peu HS, quoique
Encore un peu de pub pour la prostitution, dans "sept à huit" sur TF1, pas un mot sur le fait que la France est abolitionniste, on parle seulement de femmes ayant besoin d'argent rapidement pour rembourser des dettes ou payer des études.
La "patronne" d'une maison close ne se sent pas du tout proxénète, les prostitueurs n'ont pas du tout l'impression de profiter de la précarité de ces femmes. Bref, à gerber
Résumé ici
http://www.lci.fr/societe/maisons-closes-ces-francaises-qui-passent-la-frontiere-pour-se-prostituer-en-belgique-2028871.html
Le lien pour revoir
http://www.tf1.fr/tf1/sept-a-huit/videos/sept-a-huit-prostituees-francaises-belgique.html (25 mn, il faut une adresse IP française pour accéder à la vidéo)
Sinon, pour voir la vidéo si on n'a pas une IP française, on peut la télécharger via ce site gratuit : http://www.telechargerunevideo.com/fr/
Encore un peu de pub pour la prostitution, dans "sept à huit" sur TF1, pas un mot sur le fait que la France est abolitionniste, on parle seulement de femmes ayant besoin d'argent rapidement pour rembourser des dettes ou payer des études.
La "patronne" d'une maison close ne se sent pas du tout proxénète, les prostitueurs n'ont pas du tout l'impression de profiter de la précarité de ces femmes. Bref, à gerber
Résumé ici
SEPT A HUIT - Elles sont mères de famille, étudiantes, anciennes employées... Pour elles, la prostitution apparaît comme un moyen de s’extraire rapidement de la précarité. Voici le témoignage de Françaises qui expliquent pourquoi elles passent la frontière pour offrir leurs charmes en Belgique.
Rita n’aurait jamais pensé pousser un jour la porte d’une maison close. Il y a trois ans, cette Française de 42 ans a pourtant rejoint un bordel en Belgique. Un pas difficile à franchir, dicté selon cette mère de famille par l’impasse financière dans laquelle elle se trouvait. Dans sa vie "d’avant", elle et son mari tenaient un restaurant dans le sud de la France. La construction d’une rocade écarte la clientèle, le restaurant ferme. Une spirale infernale se met en marche. Chômage, endettement …
Rita voit la prostitution comme une solution, la seule qui lui permette de rembourser rapidement un emprunt de 40.000 euros "Au début, je pensais que je n’allais pas y arriver" confie-t-elle à l’équipe de SEPT A HUIT, mais reconnaît : "Quand on voit la première fois l’argent qu’on touche, en si peu de temps, on se dit 'bon allez , mets des œillères et avance".
Dans un bordel proche de la frontière, elle enchaîne désormais de longues journées : de 10 heures du à 1 heure du matin, les clients défilent. Rita se présente jusqu’à 30 fois par jour à des inconnus – des chefs d’entreprise, des VRP pour la plupart. Son revenu mensuel moyen avoisine les 5.000 euros.
Les Françaises représenteraient 60% des effectifs dans les bordels frontaliers
Comme elle, des centaines de Françaises se prostituent en Belgique où la prostitution dans des maisons closes y est légale. Elles représenteraient même 60% des effectifs dans les bordels de la zone frontalière. Une solution provisoire pour se relancer dans la vie.
Maya est un autre exemple de ce phénomène. Cette Marseillaise de 23 ans a débarqué "en urgence" dans un bar à champagne non loin de la frontière franco-belge. Son obsession : financer rapidement des études couteuses que ses parents ne peuvent assumer. "Quand on est étudiant difficile de bien gagner sa vie. Il faut toujours sacrifier quelque chose. Ça soulage vraiment quand vous n’avez plus la boule au ventre de savoir si vous allez pouvoir payer le loyer à la fin du mois. "
En un mois et demi, elle a fidélisé 4 clients qui reviennent régulièrement. "Je n’ai aucune raison d’être triste, j’aide des hommes" estime la jeune femme. Quant à de possibles séquelles psychologiques, Maya rétorque : "C’est un risque à prendre", ajoutant qu’elle espère arrêter la prostitution dans trois mois
Reprendre une vie normale... pour ne plus mentir à ses enfants
Rita, elle se montre beaucoup moins catégorique sur la légèreté des conséquences psychiques qu'entraîne la prostitution. Elle mesure la gêne, les non-dits, la honte qui se sont installés entre elle et son mari. Décrocher, retrouver une vie normale, c’est son rêve le plus cher. Ne serait-ce que pour ne plus mentir à ses enfants. Pour eux, elle est actuellement simple serveuse quelque part en Belgique...
http://www.lci.fr/societe/maisons-closes-ces-francaises-qui-passent-la-frontiere-pour-se-prostituer-en-belgique-2028871.html
Le lien pour revoir
http://www.tf1.fr/tf1/sept-a-huit/videos/sept-a-huit-prostituees-francaises-belgique.html (25 mn, il faut une adresse IP française pour accéder à la vidéo)
Sinon, pour voir la vidéo si on n'a pas une IP française, on peut la télécharger via ce site gratuit : http://www.telechargerunevideo.com/fr/
- michekhenAncien⋅ne
- Messages : 735
Date d'inscription : 02/09/2013
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
16.03.17 20:55
On peut voir dans pleins de médias différents ( du journal sérieux, de droite, de gauche, du centre, de partout) de la pub déguisé pour la prostitution, des textes expliquant qu'il faut légiférer même dans le quotidien de Gand le plus populaire (niveau pas intello du tout) on lit au sujet de la ruelle et de la galerie où sont situées les vitrines que louent les prostituées donc, un article dont le titre est " tout le monde doit pouvoir passer dans la galerie" sous-entendu, ça doit pouvoir se faire dans le normal, et on voit une foto d'une maman avec un bambin dans la galerie de verre, j'ai été tellement scandalisée à l'époque que j'avais gardé la coupure du journal, dans le vague but de rassembler ce genre d'articles-promo, qui vont bien servir les autorités du pays quand on parlera d'introduire l'argent du milieu de la prostitution dans le PIB de la Belgique.
Je vais essayer de poster le lien vers la photoici. Youpii je crois que ça fonctionne. En plus de cela dans les groupes féministes facebook que je fréquente, la plupart sont pros légalisation, c'est effarant, alors que beaucoup de ces femmes ne savent pas vraiment de quoi elles parlent, je crois qu'elles ne font que répéter ce qu'elles ont lu. Ce qui joue aussi chez certaines, c'est la peur de passer pour une coincée. En plus je ne sais pas où elles vont chercher leurs chiffres, mais elles soutiennent mordicus que la criminalité à augmenté dans les pays abolitionnistes, alors que le contraire est vrai. Enfin, en vrai pourquoi est-ce que je m'étonne encore, quand on voit Badinter mentir aussi ouvertement et sans gêne à la TV sur un sujet aussi grave, quand je vois de quoi sont capables les pro-légalisations je serais bête de croire à une information correcte et sérieuse. Je leur pose souvent la question de savoir si elles (les féministes facebook) pensent alors que les réseaux criminels vont se transformer en gentil patrons du fait de la légalisation en espérant provoquer un déclic.
ça me fait penser à la discussion que j'avais eu avec deux femmes payés par Amnesty International pour recruter des donateurs à Bruxelles et qui refusaient vraiment toute discussion, tout débat à ce sujet., c'était très frustrant. En fait ça me frustre encore plus quand c'est avec des femmes que je discute.
Je vais essayer de poster le lien vers la photoici. Youpii je crois que ça fonctionne. En plus de cela dans les groupes féministes facebook que je fréquente, la plupart sont pros légalisation, c'est effarant, alors que beaucoup de ces femmes ne savent pas vraiment de quoi elles parlent, je crois qu'elles ne font que répéter ce qu'elles ont lu. Ce qui joue aussi chez certaines, c'est la peur de passer pour une coincée. En plus je ne sais pas où elles vont chercher leurs chiffres, mais elles soutiennent mordicus que la criminalité à augmenté dans les pays abolitionnistes, alors que le contraire est vrai. Enfin, en vrai pourquoi est-ce que je m'étonne encore, quand on voit Badinter mentir aussi ouvertement et sans gêne à la TV sur un sujet aussi grave, quand je vois de quoi sont capables les pro-légalisations je serais bête de croire à une information correcte et sérieuse. Je leur pose souvent la question de savoir si elles (les féministes facebook) pensent alors que les réseaux criminels vont se transformer en gentil patrons du fait de la légalisation en espérant provoquer un déclic.
ça me fait penser à la discussion que j'avais eu avec deux femmes payés par Amnesty International pour recruter des donateurs à Bruxelles et qui refusaient vraiment toute discussion, tout débat à ce sujet., c'était très frustrant. En fait ça me frustre encore plus quand c'est avec des femmes que je discute.
- Alpheratz—
- Messages : 145
Date d'inscription : 28/06/2015
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
19.03.17 19:01
Salut Superbulle,
Merci de t'intéresser à la prostitution, l'un des problèmes de société majeurs, et un défi éthique pour l'humanité.
Si tu es en SES, je te recommande (si tu n'y as pas déjà pensé) d'aborder ce problème par l'angle économique et théorique de l'économie, notamment en exposant le point de vue abolitionniste de Marx. Voici un texte de la doctorante en philosophie Saliha Boussedra de l'université de Strasbourg qui expose les arguments du philosophe et théoricien de l'économie en faveur de l'abolition de la prostitution :
« Contrairement aux courants « réglementaristes » qui défendent la prostitution comme travail légal compatible avec la pensée de Marx, l'analyse de ses écrits montre que pour lui il n'y a pas d'émancipation dans l'activité prostitutionnelle.
Les « réglementaristes » estiment que l'activité exercée par la prostituée doit faire l'objet d'une reconnaissance officielle pour être intégrée dans le régime général des activités relevant du travail, que ce travail soit celui d'un salarié ou d'un indépendant. Une partie de ces courants reconnaît que la prostitution ne relève pas d'une activité épanouissante, tout en pensant qu'elle n'est pas pire que l'activité d'une ouvrière. Le raisonnement des réglementaristes conduit à dire que la seule différence qui persiste entre ces deux activités est que l'une est une activité légale quand l'autre ne l'est pas. Ils font également appel à l'analyse marxienne du travailleur salarié pour dire que la prostitution doit être légalement reconnue pour que les prostituées puissent améliorer les conditions d'exercice de leurs activités.
Travail concret, travail abstrait
Attribuer à Marx une position réglementariste repose, en réalité, sur un certain nombre de confusions concernant la conception marxienne du travail. Tout d'abord, les courants réglementaristes ratent non seulement la dimension historiquement déterminée du mode de production capitaliste, mais aussi le caractère double du travail qui s'y révèle. Lorsque Marx envisage le travail d'un point de vue anthropologique, cela implique qu'on ne puisse pas séparer l'activité productive humaine à la fois des individus qui l'accomplissent, des moyens de travail (outils de travail et matériaux) et des produits de cette activité. Cette dimension qui définit le « travail concret » est vraie pour toutes les sociétés et de tout temps. En revanche, Marx met en évidence une deuxième dimension qui est spécifique au mode de production capitaliste, le « travail abstrait ». Cette dimension réduit le travail à la seule production de valeur d'échange, indépendamment de l'activité, des moyens de production et des produits concrets. Comme le réglementarisme ne tient pas compte de ces distinctions, ce n'est qu'en reprenant à son compte la notion de « travail abstrait » qu'il peut considérer la prostitution comme un travail.
Imprégné d'un regard déterminé par notre mode de production, le réglementarisme projette sur un certain nombre de rapports sociaux et humains le point de vue du capital lui-même. Ainsi, le réglementarisme se trouve conduit, à travers le concept marxien de « travail abstrait » dont il fait usage sans le nommer, à faire la promotion de la marchandisation de vastes pans d'activités productives humaines non encore accaparées par le capital. En revendiquant une extension légale de la forme abstraite du travail pour inclure l'activité prostitutionnelle, le réglementarisme ne promeut ni plus ni moins qu'une prise en charge et une régulation de l'activité sexuelle par le marché. Dans cette bataille l'enjeu du droit et de la légalité constitue pour le capital une étape importante en vue de parvenir à une exploitation réussie.
Activité sexuelle vénale et travail abstrait
En définissant le travail abstrait, Marx écrit : « Si l'on fait abstraction du caractère déterminé de l'activité productive et donc du caractère utile du travail, il reste que celui-ci est une dépense de force de travail humaine. La confection et le tissage, bien qu'étant des activités productives qualitativement distinctes, sont l'une et l'autre une dépense productive de matière cérébrale, de muscle, de nerf, de main, etc., et sont donc, en ce sens, l'une et l'autre du travail humain » (Le Capital, livre I). C'est dans cet « etc. » que les réglementaristes pensent pouvoir inclure le sexe dans la conception marxienne du travail abstrait. Or cette inclusion est pour le moins cavalière. Si ce grand penseur du travail qu'est Marx avait dû intégrer l'usage marchand des parties intimes du corps, il ne l'aurait certainement pas laissé dans l'implicite d'un « etc. ».
Si nous abordons spécifiquement la question de la prostitution, nous constatons que l'activité prostitutionnelle – de tous les « travaux humains » dont parle Marx – est la seule et unique activité où ce qui est vendu est justement ce qui n'est vendu nulle part ailleurs, dans aucun autre travail. Si le travailleur « loue » bien « son corps » au capitaliste (avec ses muscles, ses nerfs, son cerveau, etc.), la prostituée, en revanche, est la seule qui autorise un accès à des parties du corps privées, jamais incluses dans la vente de la force de travail pour l'ensemble des travailleurs dont parle Marx. La prostitution est par conséquent l'unique activité où la location du corps de l'individu inclut une (ou des) partie(s) du corps dont l'accès reste partout ailleurs formellement interdit. Nous voyons ici comment la prostitution se détache radicalement et de façon tout à fait spécifique de l'ensemble des « travaux humains » dont parle Marx dans le livre I du Capital.
Prostitution et lumpenproletariat
De plus, les réglementaristes omettent de mentionner que Marx a explicitement parlé de la prostitution. Si, dans les Manuscrits économico-philosophiques de 1844, la position de Marx sur la question de la prostitution semble encore se chercher, par la suite et jusqu'au livre I du Capital au moins, nous pouvons dégager une position constante de Marx relativement à cette question. Que ce soit dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, dans Les Luttes de classes en France ou dans le livre I du Capital, on constate que la prostitution est systématiquement rangée du côté de ce que Marx appelle le lumpenproletariat.
Ce dernier, selon Marx, est constitué du prolétariat ruiné et des déclassés qui ont abandonné la lutte des classes et cessé de résister. D'après Marx, il s'est constitué historiquement comme l'ennemi du prolétariat, bien qu'il en émane en partie. Le lumpenproletariat est généralement composé d'« une masse nettement distincte du prolétariat industriel, pépinière de voleurs et de criminels de toute espèce, vivant des déchets de la société, individus sans métier avoué, rôdeurs, gens sans aveu et sans feu, différents selon le degré de culture de la nation à laquelle ils appartiennent, ne démentant jamais le caractère de lazzaroni » (Les Luttes de classe en France). Si les prostituées font partie de cette catégorie d'individus, ce que nous pouvons retenir ici est que, d'une part, la prostitution n'appartient pas au registre d'une définition « positive » du travail, c'est-à-dire qu'elle ne constitue pas un accomplissement pour les humains ; et que, d'autre part, elle apparaît comme « distincte » du prolétariat. Dans ces conditions, elle n'appartient même pas à la définition « négative » du travail tel qu'il existe sous l'égide du capital (autrement dit le travail payé par du capital). Cela veut dire que, même si Marx a connaissance de formes de prostitution rémunérées par du capital et relevant donc du « travail productif » – comme c'est le cas dans les « bordels » que Marx évoque à titre d'exemple dans les Théories sur la plus-value –, il ne l'intègre pas pour autant dans le domaine du travail.
En effet, même lorsque Marx décrit dans le livre I du Capital les franges de travailleurs et des travailleuses les plus dominées, il parle à cet égard du « précipité le plus bas », il n'y inclut pas la catégorie de « prostituée ». Sans doute ici est-il utile de lire attentivement cet extrait des Luttes de classes en France : « [D]epuis la cour jusqu'au café borgne se reproduisait la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s'enrichir, non point par la production, mais par l'escamotage de la richesse d'autrui déjà existante. » Marx invoque ici une soif de s'enrichir qui ne passe pas par la production mais par le vol, la tromperie, etc., et qui est propre à la haute bourgeoisie comme au lumpenproletariat. Pourtant, on ne peut pas dire que la prostituée « vole » le client, ni non plus que le client « vole » la prostituée. Dans ce cas qu'est-ce qui motive cette classification par Marx ?
Il y a plusieurs pistes possibles à ce sujet. Nous n'en proposerons qu'une ici : la prostitution est une question qui a occupé Marx tout au long de son œuvre, quoique de façon relativement marginale. Il est possible de considérer que la prostituée, tout comme le criminel, soit, pour Marx, le degré ultime auquel le capital réduit la vie humaine. Si la prostitution peut être envisagée d'un point de vue capitaliste tout comme l'activité du criminel (dont Marx – dans les Théories sur la plus-value – dit qu'il est un « producteur » au sens où il donne du travail au juge, au serrurier, au criminologue, aux scientifiques, etc.), ces activités sont des activités où l'individu a finalement accepté ce à quoi le capital veut le réduire en le dépossédant non pas seulement des conditions objectives permettant l'effectuation de son activité, comme c'est le cas pour le prolétaire, mais également de tous les éléments qui fondent, en quelque sorte, son « humanité ». L'individu du lumpenproletariat est en quelque sorte celui qui a « cédé » sur sa part d'humanité, celui qui a lâché la lutte et la résistance que constitue, pour Marx, l'activité productrice, « cette rude, mais fortifiante école du travail » (La Sainte Famille). Il est celui qui, prêt à vendre tout de lui-même, se trouve dans « la situation du seul prolétariat ruiné, le dernier degré où tombe le prolétaire qui a cessé de résister à la pression de la bourgeoisie » (L'Idéologie allemande). D'où nous pouvons comprendre qu'il n'y a pas, selon Marx, de perspective d'émancipation dans l'activité prostitutionnelle et qu'elle constitue davantage une sorte de perte radicale du lien qui rattache cet « organisme vivant » à sa part de résistance et d'« humanité ».
Marx a parfaitement connaissance de la violence des rapports de domination qui s'exerce sur les femmes prostituées. Il écrit : « La prostitution est un rapport dans lequel tombe non pas seulement la prostituée mais aussi le prostituant dont l'ignominie est encore plus grande » (Manuscrits économico-philosophiques de 1844). Si, pour Marx, l'activité prostitutionnelle relève du lumpenproletariat et non pas du prolétariat, il ne s'agit en aucun cas pour lui de condamner les prostituées mais au contraire de condamner les travaux nuisibles aux femmes et de les émanciper de la situation à laquelle elles sont réduites. Cette émancipation des femmes devra passer notamment par l'abolition mondiale de la prostitution, qui s'accompagne de mesures sociales, tout autant que par une pleine reconnaissance des femmes dans le monde social du travail.
Si les enfants faisaient bien partie de la catégorie du monde des travailleurs au XIXe siècle, certaines sociétés ont su faire le choix de ne pas attendre que ces derniers obtiennent plus de droits : elles ont choisi, au contraire, de retirer les enfants purement et simplement du marché du travail. Interdiction du travail des enfants et des « travaux nuisibles aux femmes », c'est bien ce que Marx a défendu dans le cadre d'une interview accordée au journal le Chicago Tribune de décembre 1878. Si nous sommes parvenus à abolir le travail des enfants sans passer par un développement du « droit syndical », il est temps plus que jamais que nos sociétés et nos luttes aboutissent aux mêmes résultats pour la prostitution. »
Merci de t'intéresser à la prostitution, l'un des problèmes de société majeurs, et un défi éthique pour l'humanité.
Si tu es en SES, je te recommande (si tu n'y as pas déjà pensé) d'aborder ce problème par l'angle économique et théorique de l'économie, notamment en exposant le point de vue abolitionniste de Marx. Voici un texte de la doctorante en philosophie Saliha Boussedra de l'université de Strasbourg qui expose les arguments du philosophe et théoricien de l'économie en faveur de l'abolition de la prostitution :
« Contrairement aux courants « réglementaristes » qui défendent la prostitution comme travail légal compatible avec la pensée de Marx, l'analyse de ses écrits montre que pour lui il n'y a pas d'émancipation dans l'activité prostitutionnelle.
Les « réglementaristes » estiment que l'activité exercée par la prostituée doit faire l'objet d'une reconnaissance officielle pour être intégrée dans le régime général des activités relevant du travail, que ce travail soit celui d'un salarié ou d'un indépendant. Une partie de ces courants reconnaît que la prostitution ne relève pas d'une activité épanouissante, tout en pensant qu'elle n'est pas pire que l'activité d'une ouvrière. Le raisonnement des réglementaristes conduit à dire que la seule différence qui persiste entre ces deux activités est que l'une est une activité légale quand l'autre ne l'est pas. Ils font également appel à l'analyse marxienne du travailleur salarié pour dire que la prostitution doit être légalement reconnue pour que les prostituées puissent améliorer les conditions d'exercice de leurs activités.
Travail concret, travail abstrait
Attribuer à Marx une position réglementariste repose, en réalité, sur un certain nombre de confusions concernant la conception marxienne du travail. Tout d'abord, les courants réglementaristes ratent non seulement la dimension historiquement déterminée du mode de production capitaliste, mais aussi le caractère double du travail qui s'y révèle. Lorsque Marx envisage le travail d'un point de vue anthropologique, cela implique qu'on ne puisse pas séparer l'activité productive humaine à la fois des individus qui l'accomplissent, des moyens de travail (outils de travail et matériaux) et des produits de cette activité. Cette dimension qui définit le « travail concret » est vraie pour toutes les sociétés et de tout temps. En revanche, Marx met en évidence une deuxième dimension qui est spécifique au mode de production capitaliste, le « travail abstrait ». Cette dimension réduit le travail à la seule production de valeur d'échange, indépendamment de l'activité, des moyens de production et des produits concrets. Comme le réglementarisme ne tient pas compte de ces distinctions, ce n'est qu'en reprenant à son compte la notion de « travail abstrait » qu'il peut considérer la prostitution comme un travail.
Imprégné d'un regard déterminé par notre mode de production, le réglementarisme projette sur un certain nombre de rapports sociaux et humains le point de vue du capital lui-même. Ainsi, le réglementarisme se trouve conduit, à travers le concept marxien de « travail abstrait » dont il fait usage sans le nommer, à faire la promotion de la marchandisation de vastes pans d'activités productives humaines non encore accaparées par le capital. En revendiquant une extension légale de la forme abstraite du travail pour inclure l'activité prostitutionnelle, le réglementarisme ne promeut ni plus ni moins qu'une prise en charge et une régulation de l'activité sexuelle par le marché. Dans cette bataille l'enjeu du droit et de la légalité constitue pour le capital une étape importante en vue de parvenir à une exploitation réussie.
Activité sexuelle vénale et travail abstrait
En définissant le travail abstrait, Marx écrit : « Si l'on fait abstraction du caractère déterminé de l'activité productive et donc du caractère utile du travail, il reste que celui-ci est une dépense de force de travail humaine. La confection et le tissage, bien qu'étant des activités productives qualitativement distinctes, sont l'une et l'autre une dépense productive de matière cérébrale, de muscle, de nerf, de main, etc., et sont donc, en ce sens, l'une et l'autre du travail humain » (Le Capital, livre I). C'est dans cet « etc. » que les réglementaristes pensent pouvoir inclure le sexe dans la conception marxienne du travail abstrait. Or cette inclusion est pour le moins cavalière. Si ce grand penseur du travail qu'est Marx avait dû intégrer l'usage marchand des parties intimes du corps, il ne l'aurait certainement pas laissé dans l'implicite d'un « etc. ».
Si nous abordons spécifiquement la question de la prostitution, nous constatons que l'activité prostitutionnelle – de tous les « travaux humains » dont parle Marx – est la seule et unique activité où ce qui est vendu est justement ce qui n'est vendu nulle part ailleurs, dans aucun autre travail. Si le travailleur « loue » bien « son corps » au capitaliste (avec ses muscles, ses nerfs, son cerveau, etc.), la prostituée, en revanche, est la seule qui autorise un accès à des parties du corps privées, jamais incluses dans la vente de la force de travail pour l'ensemble des travailleurs dont parle Marx. La prostitution est par conséquent l'unique activité où la location du corps de l'individu inclut une (ou des) partie(s) du corps dont l'accès reste partout ailleurs formellement interdit. Nous voyons ici comment la prostitution se détache radicalement et de façon tout à fait spécifique de l'ensemble des « travaux humains » dont parle Marx dans le livre I du Capital.
Prostitution et lumpenproletariat
De plus, les réglementaristes omettent de mentionner que Marx a explicitement parlé de la prostitution. Si, dans les Manuscrits économico-philosophiques de 1844, la position de Marx sur la question de la prostitution semble encore se chercher, par la suite et jusqu'au livre I du Capital au moins, nous pouvons dégager une position constante de Marx relativement à cette question. Que ce soit dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, dans Les Luttes de classes en France ou dans le livre I du Capital, on constate que la prostitution est systématiquement rangée du côté de ce que Marx appelle le lumpenproletariat.
Ce dernier, selon Marx, est constitué du prolétariat ruiné et des déclassés qui ont abandonné la lutte des classes et cessé de résister. D'après Marx, il s'est constitué historiquement comme l'ennemi du prolétariat, bien qu'il en émane en partie. Le lumpenproletariat est généralement composé d'« une masse nettement distincte du prolétariat industriel, pépinière de voleurs et de criminels de toute espèce, vivant des déchets de la société, individus sans métier avoué, rôdeurs, gens sans aveu et sans feu, différents selon le degré de culture de la nation à laquelle ils appartiennent, ne démentant jamais le caractère de lazzaroni » (Les Luttes de classe en France). Si les prostituées font partie de cette catégorie d'individus, ce que nous pouvons retenir ici est que, d'une part, la prostitution n'appartient pas au registre d'une définition « positive » du travail, c'est-à-dire qu'elle ne constitue pas un accomplissement pour les humains ; et que, d'autre part, elle apparaît comme « distincte » du prolétariat. Dans ces conditions, elle n'appartient même pas à la définition « négative » du travail tel qu'il existe sous l'égide du capital (autrement dit le travail payé par du capital). Cela veut dire que, même si Marx a connaissance de formes de prostitution rémunérées par du capital et relevant donc du « travail productif » – comme c'est le cas dans les « bordels » que Marx évoque à titre d'exemple dans les Théories sur la plus-value –, il ne l'intègre pas pour autant dans le domaine du travail.
En effet, même lorsque Marx décrit dans le livre I du Capital les franges de travailleurs et des travailleuses les plus dominées, il parle à cet égard du « précipité le plus bas », il n'y inclut pas la catégorie de « prostituée ». Sans doute ici est-il utile de lire attentivement cet extrait des Luttes de classes en France : « [D]epuis la cour jusqu'au café borgne se reproduisait la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s'enrichir, non point par la production, mais par l'escamotage de la richesse d'autrui déjà existante. » Marx invoque ici une soif de s'enrichir qui ne passe pas par la production mais par le vol, la tromperie, etc., et qui est propre à la haute bourgeoisie comme au lumpenproletariat. Pourtant, on ne peut pas dire que la prostituée « vole » le client, ni non plus que le client « vole » la prostituée. Dans ce cas qu'est-ce qui motive cette classification par Marx ?
Il y a plusieurs pistes possibles à ce sujet. Nous n'en proposerons qu'une ici : la prostitution est une question qui a occupé Marx tout au long de son œuvre, quoique de façon relativement marginale. Il est possible de considérer que la prostituée, tout comme le criminel, soit, pour Marx, le degré ultime auquel le capital réduit la vie humaine. Si la prostitution peut être envisagée d'un point de vue capitaliste tout comme l'activité du criminel (dont Marx – dans les Théories sur la plus-value – dit qu'il est un « producteur » au sens où il donne du travail au juge, au serrurier, au criminologue, aux scientifiques, etc.), ces activités sont des activités où l'individu a finalement accepté ce à quoi le capital veut le réduire en le dépossédant non pas seulement des conditions objectives permettant l'effectuation de son activité, comme c'est le cas pour le prolétaire, mais également de tous les éléments qui fondent, en quelque sorte, son « humanité ». L'individu du lumpenproletariat est en quelque sorte celui qui a « cédé » sur sa part d'humanité, celui qui a lâché la lutte et la résistance que constitue, pour Marx, l'activité productrice, « cette rude, mais fortifiante école du travail » (La Sainte Famille). Il est celui qui, prêt à vendre tout de lui-même, se trouve dans « la situation du seul prolétariat ruiné, le dernier degré où tombe le prolétaire qui a cessé de résister à la pression de la bourgeoisie » (L'Idéologie allemande). D'où nous pouvons comprendre qu'il n'y a pas, selon Marx, de perspective d'émancipation dans l'activité prostitutionnelle et qu'elle constitue davantage une sorte de perte radicale du lien qui rattache cet « organisme vivant » à sa part de résistance et d'« humanité ».
Marx a parfaitement connaissance de la violence des rapports de domination qui s'exerce sur les femmes prostituées. Il écrit : « La prostitution est un rapport dans lequel tombe non pas seulement la prostituée mais aussi le prostituant dont l'ignominie est encore plus grande » (Manuscrits économico-philosophiques de 1844). Si, pour Marx, l'activité prostitutionnelle relève du lumpenproletariat et non pas du prolétariat, il ne s'agit en aucun cas pour lui de condamner les prostituées mais au contraire de condamner les travaux nuisibles aux femmes et de les émanciper de la situation à laquelle elles sont réduites. Cette émancipation des femmes devra passer notamment par l'abolition mondiale de la prostitution, qui s'accompagne de mesures sociales, tout autant que par une pleine reconnaissance des femmes dans le monde social du travail.
Si les enfants faisaient bien partie de la catégorie du monde des travailleurs au XIXe siècle, certaines sociétés ont su faire le choix de ne pas attendre que ces derniers obtiennent plus de droits : elles ont choisi, au contraire, de retirer les enfants purement et simplement du marché du travail. Interdiction du travail des enfants et des « travaux nuisibles aux femmes », c'est bien ce que Marx a défendu dans le cadre d'une interview accordée au journal le Chicago Tribune de décembre 1878. Si nous sommes parvenus à abolir le travail des enfants sans passer par un développement du « droit syndical », il est temps plus que jamais que nos sociétés et nos luttes aboutissent aux mêmes résultats pour la prostitution. »
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
19.03.17 21:55
Il existe trois prises positions concernant la prostitution :
-Le légalisme, position pro-légalisation de la prostitution
-Le réglementarisme, point de vue qui prône le fait d’encadrer la prostitution, se rapproche du légalisme
-l’abolitionnisme, position pro-interdiction de la prostitution
Attention à ne pas confondre abolitionnisme (position visant à abolir la prostitution, en refusant de la réglementer, et en pénalisant le proxénétisme, et éventuellement les clients) et prohibitionnisme (position pro-interdiction totale, visant proxénètes, clients ET prostitué-e-s). Le prohibitionnisme est par exemple le schéma légal dans tous les USA, sauf l'État du Nevada.
En général, lorsqu'on parle des trois grandes positions, on parle plutôt du réglementarisme, de l'abolitionnisme et du prohibitionnisme.
- Alpheratz—
- Messages : 145
Date d'inscription : 28/06/2015
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
20.03.17 10:10
Très utile, Araignée, merci !
- TortueAncien⋅ne
- Messages : 461
Date d'inscription : 28/06/2015
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
21.03.17 19:00
En gros dans le truc de Marx, le corp du travailleur est un outil tandis que le corps de la prostituée est une marchandise ?
- michekhenAncien⋅ne
- Messages : 735
Date d'inscription : 02/09/2013
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
21.03.17 20:46
je ne sais pas très bien comment me positionner sur ce détail car on me rétorque souvent que le travailleur loue son bras (force de travail) et que la prostituée loue son corps, que c'est la même chose et que plein de gens préfèrent probablement louer son corps pour gagner plus (enfin, c'est ce qu'ils croient) que de louer leurs bras qui rapporte pas autant.
J'avais lu quelque part une bonne contre argumentation mais malheureusement je ne la retrouve plus
J'avais lu quelque part une bonne contre argumentation mais malheureusement je ne la retrouve plus
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
21.03.17 23:41
michekhen a écrit:je ne sais pas très bien comment me positionner sur ce détail car on me rétorque souvent que le travailleur loue son bras (force de travail) et que la prostituée loue son corps, que c'est la même chose et que plein de gens préfèrent probablement louer son corps pour gagner plus (enfin, c'est ce qu'ils croient) que de louer leurs bras qui rapporte pas autant.
J'avais lu quelque part une bonne contre argumentation mais malheureusement je ne la retrouve plus
sur le blog ressources prostitution, tu trouves tout ce que tu veux sur l'abolitionnisme
Activité sexuelle vénale et travail abstrait
En définissant le travail abstrait, Marx écrit : « Si l’on fait abstraction du caractère déterminé de l’activité productive et donc du caractère utile du travail, il reste que celui-ci est une dépense de force de travail humaine. La confection et le tissage, bien qu’étant des activités productives qualitativement distinctes, sont l’une et l’autre une dépense productive de matière cérébrale, de muscle, de nerf, de main, etc., et sont donc, en ce sens, l’une et l’autre du travail humain » (Le Capital, livre I). C’est dans cet « etc. » que les réglementaristes pensent pouvoir inclure le sexe dans la conception marxienne du travail abstrait. Or cette inclusion est pour le moins cavalière. Si ce grand penseur du travail qu’est Marx avait dû intégrer l’usage marchand des parties intimes du corps, il ne l’aurait certainement pas laissé dans l’implicite d’un « etc. ».
Si nous abordons spécifiquement la question de la prostitution, nous constatons que l’activité prostitutionnelle – de tous les « travaux humains » dont parle Marx – est la seule et unique activité où ce qui est vendu est justement ce qui n’est vendu nulle part ailleurs, dans aucun autre travail. Si le travailleur « loue » bien « son corps » au capitaliste (avec ses muscles, ses nerfs, son cerveau, etc.), la prostituée, en revanche, est la seule qui autorise un accès à des parties du corps privées, jamais incluses dans la vente de la force de travail pour l’ensemble des travailleurs dont parle Marx. La prostitution est par conséquent l’unique activité où la location du corps de l’individu inclut une (ou des) partie(s) du corps dont l’accès reste partout ailleurs formellement interdit. Nous voyons ici comment la prostitution se détache radicalement et de façon tout à fait spécifique de l’ensemble des « travaux humains » dont parle Marx dans le livre I du Capital.
https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2017/01/09/il-ny-a-pas-selon-marx-de-perspective-demancipation-dans-lactivite-prostitutionnelle/
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
24.03.17 8:50
Extrait d'un article datant de 2012 et dont un des arguments est frappé du bon sens
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/620783-abolir-la-prostitution-est-reactionnaire-reponse-aux-pro-prostitution.html
Non, les pro-prostitution ne sont pas pour la libération des femmes. Appeler libération une pratique fondamentalement aliénante relève de l'oxymore. Citez-nous un seul exemple d’une pratique ancestrale qui s’est révélée être comme par magie une activité émancipatrice pour les femmes ?! Croyez vous qu’elle aurait survécue aux millénaires du système patriarcal, si c’était vraiment une libération ?
Rappelons simplement à ce sujet qu’ajouter à l‘aliénation sexuelle, l’aliénation au travail n’est en rien une libération, c’est une double aliénation. Activités génératrices de revenus et sexualités doivent être séparées, c’est à cette seule condition que les femmes et les hommes pourront trouver liberté et égalité dans la sphère publique comme privée. Tel est le sens de la récente loi sur le harcèlement sexuel. Tant que les femmes seront ramenées à leur sexe pour gagner leur vie, elles seront rabaissées à un statut d’objet, qui n’a de raison d’exister que si elles sont désirables aux yeux des hommes. La preuve par ces mots terribles d’un client, qui m’ont été rapportés par une personne prostituée: "c’est toi qui devrais me payer tellement t’es moche"
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/620783-abolir-la-prostitution-est-reactionnaire-reponse-aux-pro-prostitution.html
- InvitéInvité
Re: Exposé sur la pornographie et la prostitution
24.03.17 23:08
Je n'ai fait que survoler, mais cela me semble intéressant : http://stopauxviolences.blogspot.be/2010/01/article-du-dr-judith-trinquart-non-la.html?m=1
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