Radfem2012 transphobe ??
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arashi
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- arashi—
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Re: Radfem2012 transphobe ??
26.05.12 13:57
Sans avoir lu le lien, qu'on ne peut pas dire à la fois «le sexe biologique ne fait pas le genre/le comportement/qui on est» (ce qui me semble être le credo des féministes) et discriminer sur la base du sexe.
Et ce sont des féministes radicales, cf wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9minisme_radical une description est
Et ce sont des féministes radicales, cf wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9minisme_radical une description est
or le patriarcat/machisme lutte aussi bien contre les femmes biologiques que les transgenres et transsexuel(e)s il me semble, donc elles devraient amha être conviées aussi.e féminisme radical est un courant du féminisme qui apparaît à la fin des années 1960 et qui voit en l'oppression des femmes au bénéfice des hommes (ou patriarcat) le fondement du système de pouvoir sur lequel les relations humaines dans la société sont organisées.
Re: Radfem2012 transphobe ??
26.05.12 15:07
En fait elles disent que quoi qu'en disent les MtF, iels ont été élevés en tant qu'hommes (donc oppressifs), et que si iels veulent devenir femme c'est pour coller à une idée qu'iels se font de la femme (donc supposée fausse), mais que ça n'a rien à voir avec le fait d'être née femme et de l'avoir réellement vécu. Que c'est donc quelque chose de sexiste et antiféministe. Je les ai souvent lues évoquer des exemples où des MtF entraient dans leurs associations féministes non mixtes puis imposaient leurs avis et faisaient en sorte de bouleverser toutes les règles qui avaient été établies malgré un précédent consensus, etc. Bref agissaient comme des hommes. Je ne sais pas dans quelle mesure ces histoires sont réelles. J'avoue que je ne sais pas trop quoi penser de tout ça.
Re: Radfem2012 transphobe ??
26.05.12 15:19
C'est une question assez épineuse de savoir qui est concerné par la non-mixité comme outil militant. Je sais que beaucoup de féministes radicales ne sont pas d'accord pour dire que le combat des trans (M to F en l’occurrence) et des femmes "biologiques" est le même, et qu'elles/ils ne sont pas forcément alliés, puisque l'oppression des femmes est produite par les hommes en tant que classe dont les trans font socialement partie. En tant qu'hommes "biologiquement" ils ont un certain nombre de privilèges.
je ne suis pas d'accord avec cette analyse puisque les trans sont largement oppressés par l'hétéropatriarcat qui les empêche d'être ce qu'ils/elles veulent, de vivre selon l'identité qui leur correspond.
Par contre je pense qu'il y a des vécus spécifiques, des expériences propres qui ne rendent pas toujours évident la compréhension entre femme "biologiques" et trans, des deux côtés. Du coup je pense qu'il ne doit pas y avoir une seule forme de non mixité, mais des non-mixités, en fonction de ce que revendiquent les personnes concernées. Par rapport à ce genre de conférence, il pourrait y avoir une séance plénière avec toutes les personnes qui s'identifient femmes, et des ateliers spécifiques. Personnellement, je n'ai aucune idée de ce que vit un-e trans, et je ne peux pas dire à leur place ce qu'il faut revendiquer, comment il faut lutter.
Mais je trouve que refuser les trans parce qu'ils auraient des privilèges propres aux hommes "biologiques" (dans la logique des ces militants, je ne pense pas que les trans F to M soient interdit du coup..) c'est aberrant. D'autant que ces féministes ne s'interrogent apparemment pas sur le fait que les femmes blanches ont aussi des privilèges du fait de leur "blancheur" vis à vis des femmes "racisées" (lesquelles ils me semblent peuvent aussi revendiquer des formes de non mixité..).
Bref, je pense que la non-mixité peut être un moyen de lutte pertinent, mais que les catégories concernées ne doivent pas être fixées une fois pour toutes, elles doivent dépendre de ce que revendiquent les personnes concernées et eprmettre une articulation de différents niveaux de non-mixité.
je ne suis pas d'accord avec cette analyse puisque les trans sont largement oppressés par l'hétéropatriarcat qui les empêche d'être ce qu'ils/elles veulent, de vivre selon l'identité qui leur correspond.
Par contre je pense qu'il y a des vécus spécifiques, des expériences propres qui ne rendent pas toujours évident la compréhension entre femme "biologiques" et trans, des deux côtés. Du coup je pense qu'il ne doit pas y avoir une seule forme de non mixité, mais des non-mixités, en fonction de ce que revendiquent les personnes concernées. Par rapport à ce genre de conférence, il pourrait y avoir une séance plénière avec toutes les personnes qui s'identifient femmes, et des ateliers spécifiques. Personnellement, je n'ai aucune idée de ce que vit un-e trans, et je ne peux pas dire à leur place ce qu'il faut revendiquer, comment il faut lutter.
Mais je trouve que refuser les trans parce qu'ils auraient des privilèges propres aux hommes "biologiques" (dans la logique des ces militants, je ne pense pas que les trans F to M soient interdit du coup..) c'est aberrant. D'autant que ces féministes ne s'interrogent apparemment pas sur le fait que les femmes blanches ont aussi des privilèges du fait de leur "blancheur" vis à vis des femmes "racisées" (lesquelles ils me semblent peuvent aussi revendiquer des formes de non mixité..).
Bref, je pense que la non-mixité peut être un moyen de lutte pertinent, mais que les catégories concernées ne doivent pas être fixées une fois pour toutes, elles doivent dépendre de ce que revendiquent les personnes concernées et eprmettre une articulation de différents niveaux de non-mixité.
- LuchaAncien⋅ne
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Re: Radfem2012 transphobe ??
26.05.12 18:46
Personnellement, ce qui me gêne très fortement chez les MtF, c'est effectivement l'idée qu'ils se font de la "féminité" et des femmes: en plein dans les stéréotypes et les clichés. Déjà, j'ai remarqué qu'ils s'habillent pas mal en robe/jupe, avec moult bijoux et froufrou. Bah si c'est ça être une femme, bof... Sans parler des manières "efféminées" à outrance, là encore toutes les femmes ne sont pas ainsi (j'en ai même rarement vu des très maniérées). Donc, ce avec quoi j'ai du mal par rapport aux trans, c'est pas leur volonté de changer de sexe ou de travailler leur corps, mais c'est tout le reste: les manières, les goûts, les choix vestimentaires. Bizarrement, ça colle parfaitement avec les stéréotypes de genre imposés par le patriarcat.
Re: Radfem2012 transphobe ??
26.05.12 21:06
L'un des gros problème, c'est que pour passer le psy avec succès (façon de parler), bah c'est à ces stéréotypes qu'il faut correspondre...Lucha a écrit:Personnellement, ce qui me gêne très fortement chez les MtF, c'est effectivement l'idée qu'ils se font de la "féminité" et des femmes: en plein dans les stéréotypes et les clichés. Déjà, j'ai remarqué qu'ils s'habillent pas mal en robe/jupe, avec moult bijoux et froufrou. Bah si c'est ça être une femme, bof... Sans parler des manières "efféminées" à outrance, là encore toutes les femmes ne sont pas ainsi (j'en ai même rarement vu des très maniérées).
- LuchaAncien⋅ne
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Re: Radfem2012 transphobe ??
27.05.12 9:44
Il y a une procédure spécifique?
Re: Radfem2012 transphobe ??
27.05.12 21:57
Ca dépend si on parle des transgenres qui ont recours ou non à des opérations médicales. Il y a un ensemble de "degrés", et pour ceux/celles qui performent un genre autre que celui qui leur a été assigné sans passer par cela, il n'y a pas de procédure.
Moi ça ne me gène pas que des trans puissent paraître utiliser de tels clichés. Effectivement c'est une certaine vision de la féminité propre au patriarcat, mais on ne peut pas faire complètement faire abstraction du fait que dans le cadre de ce patriarcat, il n'est pas si évident de réinventer complètement tous les modèles identitaires, et en attendant chacun-e fait avec ce qu'il/elle peut.
Ca me fait penser au même débat qu'ill y a eu dans les années 70. Au sein du FHAR (Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire), il y avait un groupe, les Gazolines, qui étaient de mecs homos qui arboraient des talons hauts, du maquillage etc. Bref, tout ce contre quoi les militantes du MLF au même moment s’insurgeaient. Mais je pense que ça n'a pas du tout le même sens pour une femme de se vêtir d'une certaine manière pour correspondre à ce qu'on attend d'elle en termes de féminité, et pour des trans. dans le second cas il s'agit de se conformer à un ordre imposé, dans le second de le subvertir. Finalement, si des hommes peuvent mettre des talons hauts, des femmes peuvent tout autant ne pas se maquiller.
Moi ça ne me gène pas que des trans puissent paraître utiliser de tels clichés. Effectivement c'est une certaine vision de la féminité propre au patriarcat, mais on ne peut pas faire complètement faire abstraction du fait que dans le cadre de ce patriarcat, il n'est pas si évident de réinventer complètement tous les modèles identitaires, et en attendant chacun-e fait avec ce qu'il/elle peut.
Ca me fait penser au même débat qu'ill y a eu dans les années 70. Au sein du FHAR (Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire), il y avait un groupe, les Gazolines, qui étaient de mecs homos qui arboraient des talons hauts, du maquillage etc. Bref, tout ce contre quoi les militantes du MLF au même moment s’insurgeaient. Mais je pense que ça n'a pas du tout le même sens pour une femme de se vêtir d'une certaine manière pour correspondre à ce qu'on attend d'elle en termes de féminité, et pour des trans. dans le second cas il s'agit de se conformer à un ordre imposé, dans le second de le subvertir. Finalement, si des hommes peuvent mettre des talons hauts, des femmes peuvent tout autant ne pas se maquiller.
Re: Radfem2012 transphobe ??
28.05.12 19:28
http://jeputrefielepatriarcat.blogspot.fr/2012/05/soutenons-sheila-jeffreys-et-radfem.html
Un article de soutiens à Radfem. Je suis quand même choquée de lire "lobbys trans", parce que c'est ce que des hétéros homophobes disent aussi ("mais en disant "lobbys gay" du coup), comme on a pu le constater avec Brillac (à moins que ce n'était Rav ?) ...
Un article de soutiens à Radfem. Je suis quand même choquée de lire "lobbys trans", parce que c'est ce que des hétéros homophobes disent aussi ("mais en disant "lobbys gay" du coup), comme on a pu le constater avec Brillac (à moins que ce n'était Rav ?) ...
- LuchaAncien⋅ne
- Messages : 809
Date d'inscription : 18/12/2011
Re: Radfem2012 transphobe ??
28.05.12 19:32
J'ai lu son billet, et comme d'habitude c'est virulent. Même si, dans le fond, je suis d'accord avec elle.
Re: Radfem2012 transphobe ??
28.05.12 19:47
Dans le fond ouais, je suis d'accord pour qu'il y ait des lieux/actions/évènements non-mixtes femmes (voire non-mixtes femmes cisgenres si c'est justifié), mais franchement, je me demande à quoi ça sert d'être si virulente et parler de lobbys... Parce que des personnes traînent Sheila Jeffreys dans la boue, ok, ça je peux parfaitement le comprendre. Mais sur ce point ça tient pour moi de l'absurdité.
Re: Radfem2012 transphobe ??
28.05.12 20:48
L'amalgame entre "activistes transgenres" et "masculiniste" me choque vraiment. J'ai beaucoup de mal aussi avec l'appellation "collectifs faux-féministes". Etant donné la diversité et les débats internes au féminisme, il y a pas mal de groupes avec lesquels je suis en désaccord, et pourtant je ne me permet pas de les qualifier ainsi.
- LuchaAncien⋅ne
- Messages : 809
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Re: Radfem2012 transphobe ??
28.05.12 20:56
En lisant son billet, j'ai pas l'impression qu'elle fait cet amalgame. Elle énumère juste les ennemis de la conférence, à savoir des activistes transgenres et des masculinistes. Après, si elle pouvait citer expressément de qui il s'agit concernant les "collectifs faux-féministes", ça serait plus clair je pense.
- Judy Squires—
- Messages : 289
Date d'inscription : 21/05/2012
Re: Radfem2012 transphobe ??
29.05.12 14:35
Lucha a écrit:Personnellement, ce qui me gêne très fortement chez les MtF, c'est effectivement l'idée qu'ils se font de la "féminité" et des femmes: en plein dans les stéréotypes et les clichés. Déjà, j'ai remarqué qu'ils s'habillent pas mal en robe/jupe, avec moult bijoux et froufrou. Bah si c'est ça être une femme, bof... Sans parler des manières "efféminées" à outrance, là encore toutes les femmes ne sont pas ainsi (j'en ai même rarement vu des très maniérées). Donc, ce avec quoi j'ai du mal par rapport aux trans, c'est pas leur volonté de changer de sexe ou de travailler leur corps, mais c'est tout le reste: les manières, les goûts, les choix vestimentaires. Bizarrement, ça colle parfaitement avec les stéréotypes de genre imposés par le patriarcat.
C'est juste extrêmement faux et transphobe ce que tu écris là en fait. *
Déjà, parler au masculin des femmes trans c'est nul (et il n'y a même pas vraiment de discussion là-dessus).
Si je dois me situer une fois de plus, je suis une folle radicale (donc j'ai été assignée M à la naissance), mais je ne suis pas un homme (mais je ne me définis pas comme trans non plus). En revanche, je milite avec des femmes trans aussi. Or il se trouve que supposer a priori que les f-trans sont des caricatures de féminité, c'est un peu bête dans la mesure où bah juste je ne vois pas vraiment en quoi une gouine trans butch est une caricature de féminité. Et je ne donne pas vraiment là un exemple théorique, genre c'est très empirique comme remarque.
Tout ça me fait un peu penser à Raymond et à sa phrase "Imaginez un monde uniquement peuplé de transsexuels, ce monde ressemblerait à Grease". Bah désolée, mais pour tourner Grease personne n'a eu besoin de faire appel à des trans. Et si le problème c'était vraiment l'adhésion à des normes de féminité, alors la conférence serait en non-mixité "femmes qui ne portent pas de jupe, pas de talon et pas de maquillage"...
J'ajouterais qu'en plus, c'est pas a priori les femmes trans les plus "en accord avec des normes de féminité patriarcales" qui cherchent à venir à une conf radfem, mais c'est peut être la méchanceté qui me fait parler.
En fait elles disent que quoi qu'en disent les MtF, iels ont été élevés en tant qu'hommes (donc oppressifs), et que si iels veulent devenir femme c'est pour coller à une idée qu'iels se font de la femme (donc supposée fausse), mais que ça n'a rien à voir avec le fait d'être née femme et de l'avoir réellement vécu. Que c'est donc quelque chose de sexiste et antiféministe. Je les ai souvent lues évoquer des exemples où des MtF entraient dans leurs associations féministes non mixtes puis imposaient leurs avis et faisaient en sorte de bouleverser toutes les règles qui avaient été établies malgré un précédent consensus, etc. Bref agissaient comme des hommes. Je ne sais pas dans quelle mesure ces histoires sont réelles. J'avoue que je ne sais pas trop quoi penser de tout ça.
C'est vraiment une argumentation qui me semble déplorable. Déjà, si on se définit comme radfem, on est supposé au moins admettre que toute idée de la-femme autre que comme catégorie de lutte politique est misogyne, qu'elle viennent de quelqu'unE qui porte un pénis ou un vagin, ou de quoi que ce soit entre les deux. Du coup je ne vois pas vraiment pourquoi l'idée qu'une femme trans se fait de la-femme serait plus fausse que celle d'une femme cis, a fortiori si la femme trans est investie dans des combats féministes pour lutter contre une oppression qu'elle subit (parce que c'est quand même surtout pour ça qu'une femme trans peut avoir envie d'aller à une conf radfem non ?)
Et pour le coup, décider qu'il y a une bonne enfance pour être une femme et une mauvaise, c'est peut être aussi un peu masquer le fait que l'enfance d'une femme cis blanche bourgeoise n'est pas forcément la même que celle d'une femme cis noire et pauvre (c'est une critique qui a été plusieurs fois été faites aux US par exemple). On peut même ajouter que les femmes trans ne subissent pas moins l'oppression de la classe des femmes que les femmes cis, que ce soit en termes de viol, d'agressions physiques, de discrimination au salaire, de difficulté d'accéder à la parole. Le patriarcat n'est pas avare en cours de rattrapage.
Enfin, sur les histoires de femmes trans qui prendraient toute la place etc... L'autre côté est rarement plus ragoûtant, avec des campagnes d'outing, d'appel à boycott d'assos où il y a des femmes trans, d'exclusion des femmes trans parce qu'elles sont trans etc.
- Judy Squires—
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Date d'inscription : 21/05/2012
Re: Radfem2012 transphobe ??
29.05.12 18:07
Une vidéo sur le long débat entre trans et radfem transphobes : c'est ici
- DurgaBleu⋅e
- Messages : 60
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Re: Radfem2012 transphobe ??
29.05.12 21:55
Lady Pora a écrit:En revanche, je milite avec des femmes trans aussi. Or il se trouve que supposer a priori que les f-trans sont des caricatures de féminité, c'est un peu bête dans la mesure où bah juste je ne vois pas vraiment en quoi une gouine trans butch est une caricature de féminité. Et je ne donne pas vraiment là un exemple théorique, genre c'est très empirique comme remarque.
Je rebondis sur la remarque de Lady Pora pour souligner que la blogueuse de "Rangers et bas résilles" (enfin, "Vernis et sécateur" maintenant) est une trans MtF butch (d'ailleurs, elle se prend des réflexions genre "ça sert à quoi de changer de sexe si c'est pour avoir au final une apparence masculine", comme quoi...).
J'ajouterais que je trouve de manière générale dommage de rejeter les trans, qu'ils-elles soient MtF ou FtM, car j'ai toujours trouvé leur double expérience (d'avoir été des deux sexes) très intéressante. Lorsqu'ils et elles ont une conscience féministe, ça leur donne beaucoup de recul sur certains points.
Mais ce que je me demande, c'est si certaines féministes ne se sentiraient pas bloquées devant une trans MtF, n'arrivant pas à faire abstraction de son passé masculin, exactement comme elles se sentiraient bloquées devant un homme cis, et ne pourraient pas du coup parler de leurs expériences personnelles. Car c'est un des arguments principaux pour la non-mixité, le fait de pouvoir parler librement, sans réticences.
- arashi—
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Re: Radfem2012 transphobe ??
29.05.12 21:58
Faire une réunion pour les M2F, une pour les F2M, et une pour les femmes biologiques ? Ce serait dommage je trouve.Durga a écrit:Mais ce que je me demande, c'est si certaines féministes ne se sentiraient pas bloquées devant une trans MtF, n'arrivant pas à faire abstraction de son passé masculin, exactement comme elles se sentiraient bloquées devant un homme cis, et ne pourraient pas du coup parler de leurs expériences personnelles. Car c'est un des arguments principaux pour la non-mixité, le fait de pouvoir parler librement, sans réticences.
- DurgaBleu⋅e
- Messages : 60
Date d'inscription : 04/08/2011
Re: Radfem2012 transphobe ??
29.05.12 22:09
J'ai pas dit que j'étais d'accord, hein . Et moi aussi, je trouve ça dommage.
J'essaie juste de comprendre (et d'apporter une réflexion constructive).
J'essaie juste de comprendre (et d'apporter une réflexion constructive).
- Judy Squires—
- Messages : 289
Date d'inscription : 21/05/2012
Re: Radfem2012 transphobe ??
30.05.12 8:35
Durga a écrit:
Mais ce que je me demande, c'est si certaines féministes ne se sentiraient pas bloquées devant une trans MtF, n'arrivant pas à faire abstraction de son passé masculin, exactement comme elles se sentiraient bloquées devant un homme cis, et ne pourraient pas du coup parler de leurs expériences personnelles. Car c'est un des arguments principaux pour la non-mixité, le fait de pouvoir parler librement, sans réticences.
Je suis un peu gênée par cet argument, parce que quand il y a une non-mixité lesbienne par exemple, par celles qui deviennent lesbiennes à 45 ans en ayant eu une vie hétéra avant ne sont pas exclues me semble-t-il... Après oui il y a probablement des trucs qui peuvent être intéressants à faire en non-mixité femmes cis, mais peut-être déjà en appelant la non-mixixte "femmes cis" et pas non-mixité "femmes" et en le justifiant de façon violemment transphobe.
Re: Radfem2012 transphobe ??
30.05.12 9:20
Cette dernière idée me semble assez juste. Encore une fois je pense que la non-mixité doit être un instrument souple ; elle doit permettre une libération de la parole et à tous les opprimé-e-s de construire leur lutte. Du coup les catégories de non-mixité doivent correspondre à des besoins exprimées selon les personnes concernées et pas être définies de manière définitive. Après il faut réussir à articuler différents niveaux de non-mixité. Je pense que ce qui pose problème dans le cas des trans MtF, ce n'est pas leur légitimité en tant que femmes, mais le risque qu'ayant été d'abord élevées dans une société genrée où les hommes ont incités à occuper plus de place dans l'espace de la parole, leur parole soit prédominante dans un contexte de non-mixité. Mais en retour il y a aussi le problème que les femmes cis aient du mal à comprendre l'expérience des femmes trans. C'est pour ça qu'il me semblerait nécessaire dans un cadre de non-mixité femme, de mettre aussi en place (à des moments précis) des non-mixité cis et des non-mixité trans, pour réussir à la fois à militer ensemble et à penser les difficultés qui peuvent exister sans qu'elles deviennent des obstacles.
Re: Radfem2012 transphobe ??
30.05.12 13:39
Rappelons qu'en même que si une femme trans a été élevée comme un homme, ça ne veut absolument pas dire qu'elle s'est sentie à sa place, loin de là en général !
C'est vrai que l'expérience doit être différente, mais au contraire, je ne pense pas qu'il y ait grande différence dans le sens où on nous force à entrer dans un certain moule tout de même, et ce des "deux côtés".
C'est vrai que l'expérience doit être différente, mais au contraire, je ne pense pas qu'il y ait grande différence dans le sens où on nous force à entrer dans un certain moule tout de même, et ce des "deux côtés".
- Judy Squires—
- Messages : 289
Date d'inscription : 21/05/2012
Re: Radfem2012 transphobe ??
31.05.12 9:55
l’assignation de genre à la naissance est tellement forte, que si cette transformation transgenre n’est pas accompagnée d’une prise de position politique forte de déconstruction du patriarcat, un trans “M to F” n’appartient pas pour autant à la classe des femmes.
Je trouve ça vraiment super merdique comme justification. Les femmes trans comme les autres subissent les viols / menaces de viols, agressions physiques, confiscations de la parole, refus de légitimité associés au fait d'être une femme, dévalorisation du féminin... C'est pas ça la définition de la classe des femmes ? Ou alors il faut forcément avoir eu la conscience éveillée par l'avant-garde des meilleures d'entre nous qui nous mènera demain vers la révolution (pour le coup on ne peut pas dire que ce n'est ps une position très typée léniniste au fond) ?
A fortiori, s'il faut une prise de position politique forte de déconstruction du patriarcat, bah désolée je connais très peu de femmes qui appartiennent à la classe des femmes en dehors de cercles très précis.
Or, l’histoire récente montre que la plupart des militants transgenres (je ne parle pas de toutes les personnes transgenres, qui prennent donc une position politique, ne remettent pas en cause les privilèges de l’appartenance à la classe des hommes. Non pas individuellement, mais dans leur combat politique, qui s’accompagne souvent d’une défense de certaines pratiques les plus violentes du patriarcat : pornographie extrême, sado-masochisme, prostitution…et campagnes de haine et de dénigrement contre les féministes radicales.
C'est une position qui me semble aberrante. Si je poussais le raisonnement plus loin, la plupart des femmes cis ne se définissent pas du tout comme féministes et donc défendent de fait le patriarcat, il faut par conséquent refuser l'entrée aux femmes cis.
Au fond, j'ai un peu l'impression qu'au fond ce qui est reproché au femmes trans, c'est l'image des femmes trans que donnent les pornos hétéros, le fait qu'on associe énormément femmes trans et prostitution, sans trop se demander si ça n'a pas un peu un lien justement avec le fait d'appartenir à la classe des femmes. Et les affrontements des années 70-80 aux US... Toujours chouette de voir des trucs qui avancent.
- Arrakis—
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Re: Radfem2012 transphobe ??
31.05.12 10:50
Je suis d'accord avec Lady Pora, je trouve ça assez absurde comme justification. Il s'agit d'une réunion féministe radicale, qui concerne donc a priori des femmes qui luttent pour détruire le patriarcat, pas des non féministes ni même des féministes molles modérées. Les trans' non féministes ne vont pas se pointer juste parce qu'elles n'avaient rien à faire de leur vendredi...
Concernant les arguments concernant les attitudes "virilistes" et aux mécanismes de domination par la parole, il faut y prêter une grande attention, que l'intervention soit le fait de trans' ou de cis'... Ca ne justifie pas d'exclusion a priori là encore.
Quelqu'un sait quelles limites s'appliquant à "vivant comme des femmes" concernant des FtoM ? Je pense à ceux qui vivent partiellement en femmes et partiellement en mec (femme dans le cadre professionnel, par exemple, parce qu'ils ne peuvent pas changer d'état civil et n'ont pas de caractères masculins "exclusifs" générés par les homornes).
Concernant les arguments concernant les attitudes "virilistes" et aux mécanismes de domination par la parole, il faut y prêter une grande attention, que l'intervention soit le fait de trans' ou de cis'... Ca ne justifie pas d'exclusion a priori là encore.
Il y a vraiment une différence à tes yeux ? Je comprendrais une séparation cis'/trans' dans le cadre de réunions à thème concernant l'enfance, l'éducation, etc -des "moments de séparation" comme dit Trompes de Fallope ou le suggère Lady Pora. Mais ça n'a rien à voir avec l'exclusion des trans' pratiquée à RadFem, du coup...Elles ne l’ont pas vraiment interdite aux trans “M to F” (homme vers femme), mais l’ont plutôt découragée, en annonçant la conférence comme “restreinte aux femmes nées femmes et vivant comme des femmes”.
Quelqu'un sait quelles limites s'appliquant à "vivant comme des femmes" concernant des FtoM ? Je pense à ceux qui vivent partiellement en femmes et partiellement en mec (femme dans le cadre professionnel, par exemple, parce qu'ils ne peuvent pas changer d'état civil et n'ont pas de caractères masculins "exclusifs" générés par les homornes).
- ScarletswalksBleu⋅e
- Messages : 30
Date d'inscription : 15/05/2012
Re: Radfem2012 transphobe ??
31.05.12 12:30
La conférence n'est pas transophobe. La postition de Radfem2012 que je soutien , est liée à la conception que nous avons du genre, un système d'oppression. Les trans* ont "choisi" de se conformer aux normes patriarcales , tandis que les femmes survivent comme elles peuvent dans un système phallocrate.De plus , le transgenrisme renforce le gender binary : il faut enduré des opérations douloureuses pour correspondre aux dogmes patriarcaux. En gros c'est cela. Rien n'empêchent les trans*women d'organiser leur propre conférence.
- ScarletswalksBleu⋅e
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Date d'inscription : 15/05/2012
Re: Radfem2012 transphobe ??
31.05.12 20:54
http://davinasquirrel.wordpress.com/2012/05/31/radfem2012-and-the-problematics-of-pretend-radfems/ C'est un bon article. Je vous conseille de le lire si vous voulez comprendre des trucs... Ex : "‘Transphobia’ is a relatively new term, the ‘phobia’ means ‘fear of’. Radical feminists do not literally ‘fear’ trans persons – nor is it a counterpart to homophobia, because with homophobia, the targeted person is often bashed by a straight male. Radical feminists pose no physical threat to trans persons, all we have are words, we disagree with the concept of ‘transgender’. " Je vous encourage à lire l'article en entier. Allez un autre passage , pque c trop bien : Le dame de la vidéo dit :
"So feminism in its basic form is about equality between men and women",
réponse de la blogueuse :
"Liberal feminism is about that, radical feminism is women’s liberation from a male dominated system, the old term which we still use “women’s liberation”." Pour bien comprendre d'où on part et ce qui est propre au féminisme radical.
Puis voici le témoignage d'une trans woman http://www.annelawrence.com/buildingbridges.html : " As M-to-F transsexuals, we can never be real women. However distasteful we may find it, and however hard some transsexuals may argue against it, the inescapable fact is that we've grown up with gender privilege. We've been taught to compete, take power and demand what should be ours. And we've done it for so long that we don't even notice it happening. What's more, it's likely that the women we've known so far have been too sympathetic and made far too many allowances. No one has told us the way it is - not the doctors, not the psychiatrists, not the surgeons. "You want to be a woman? Fine! Take the tablets, wear a dress, and learn to use make-up". Nobody, but nobody, mentions women's politics, women's culture or letting go of male power. (How would they? With few exceptions the gender practitioners are almost exclusively male) So nobody prepares us."
ou
"transwomen should be scrupulously honest about their past. We should be sensitive to the fears and perceptions of others, respectful of women's space and the vulnerability that is sometimes found within it. We should accept that there are groups where our presence is not appropriate and groups where it is. And we should stop acting like we still have the privileges that we grew up with. That means making an effort to understand just what it may feel like to grow up as a woman rather than as a man. It means reading about and digesting as much of women's history as we can; understanding what the struggle for equality was - and is - about."
Même s'il n'est pas question de peur , mais bon , c'est déjà ça.
@ + !
"So feminism in its basic form is about equality between men and women",
réponse de la blogueuse :
"Liberal feminism is about that, radical feminism is women’s liberation from a male dominated system, the old term which we still use “women’s liberation”." Pour bien comprendre d'où on part et ce qui est propre au féminisme radical.
Puis voici le témoignage d'une trans woman http://www.annelawrence.com/buildingbridges.html : " As M-to-F transsexuals, we can never be real women. However distasteful we may find it, and however hard some transsexuals may argue against it, the inescapable fact is that we've grown up with gender privilege. We've been taught to compete, take power and demand what should be ours. And we've done it for so long that we don't even notice it happening. What's more, it's likely that the women we've known so far have been too sympathetic and made far too many allowances. No one has told us the way it is - not the doctors, not the psychiatrists, not the surgeons. "You want to be a woman? Fine! Take the tablets, wear a dress, and learn to use make-up". Nobody, but nobody, mentions women's politics, women's culture or letting go of male power. (How would they? With few exceptions the gender practitioners are almost exclusively male) So nobody prepares us."
ou
"transwomen should be scrupulously honest about their past. We should be sensitive to the fears and perceptions of others, respectful of women's space and the vulnerability that is sometimes found within it. We should accept that there are groups where our presence is not appropriate and groups where it is. And we should stop acting like we still have the privileges that we grew up with. That means making an effort to understand just what it may feel like to grow up as a woman rather than as a man. It means reading about and digesting as much of women's history as we can; understanding what the struggle for equality was - and is - about."
Même s'il n'est pas question de peur , mais bon , c'est déjà ça.
@ + !
- EncreBleu⋅e
- Messages : 17
Date d'inscription : 26/01/2012
Re: Radfem2012 transphobe ??
01.06.12 23:45
Personnellement je soutiens également la politique de la Radfem2012.
Les tensions entre radfems et politiques Queers/ trans' ne sont pas nouvelles chez les anglophones (polémiques du Michfest entre autres), pas étonnant que l'abcès finisse par crever. C'est un peu plus chiant que cela se passe de façon aussi médiatisée, mais ça devait arriver, ce n'est que la dernière d'une looooongue série qui dure depuis au moins trente ans.
(C'est normal, ce sont des politiques antagonistes qui partagent juste le vocable "féministe").
Par ailleurs, je recommande la lecture de Sheila Jeffreys à chacune, elle est tout à fait passionnante, parfois dérangeante, et n'hésite pas à aller jusqu'au bout de sa pensée qu'elle rend très accessible aux non-universitaires (Beauty and Misogyny, Anticlimax, Unpacking Queer Theory...).
C'est une radicale, et elle ne s'est pas soudainement arrêté de réfléchir quand elle a abordé les politiques Queers, c'est grave docteure? Sur ces sujet je ne la suis pas tout à fait, mais je suis certaine par contre qu'on a besoin de critiquer (critiquer, analyser...je n'ai pas dit "attaquer") les politiques, discours et pratiques transgenres et transexuelles qui ne sortent pas davantage de nulle part que noues féministes radicales.
Tout en reconnaissant pas ailleurs que ce sont des groupes globalement opprimés en tant que trans, ou femme trans, en revanche je pense que les "privilèges cisexuels" (et je déteste ce terme pour des raisons politiques) n'existent pas en tant que tels, ou alors s'appliquent uniquement aux hommes (et encore peut-être uniquement hétéros). Ou alors c'est un privilège statistique de "femme cissexuelle" d'apprendre le contraire de la dignité dès l'enfance, d'apprendre à haïr son corps à se mépriser soi-même et à minimiser ses capacités, ou d'être violée par un père/oncle/frère/mari/compagnons...(des privilèges pareils, ça fait rêver).
En tant que féministe radicale, pour moi, être une femme, c'est faire partie d'une classe sociale opprimée, exploitée. Ce n'est pas une identité et tout ce qui constitue "la féminité" rassemble les stigmates de cette classe sociale. Par conséquent, j'ai autant de mal avec une personne qui me dit qu'elle "s'est toujours sentie femme" qu'avec ces braves gens qui me disent qu'iels "jouent avec le genre" en mettant une jupe et une fausse moustache (avec l'individualisme caractéristique du mouvement, le fait de vouloir jouer avec les oppressions au lieu de les combattre, pour moi c'est ce qui différencie fondamentalement le Queer du féminisme. C'est la différence entre la "subversion" et la lutte contre un système exploitant et génocidaire identifié comme tel).
Enfin au delà de l'essentialisme transexuel, et du flou volontaire des politiques transgenres au sens large, ce qui me gonfle c'est la non reconnaissance du fait qu'on vive dans un monde où on enseigne aux femmes à détester leurs corps, et à se mépriser elles-même. Par exemple, une des raisons (pas forcément consciente, ou pas forcément non plus la raison principale) pour laquelle des meufs-à-la-base transitionnent vers "homme", c'est par conscience et souffrance du fait qu'être une femme, c'est être une sous-être humaine, une sous-citoyenne, le fond du fond du panier dans nos société. Dans ces conditions, oui le transgenderisme est effectivement un produit du patriarcat (le genre et le patriarcat sont la même chose) ou plutôt une façon individuelle (parmi des milliers d'autres que beaucoup d'entre noues pratiquons sans y penser) d'y améliorer sa place. Ca ne fait pas des personnes trans nos ennemies, et ça ne signifie pas que trans' et féminisme sont incompatibles, mais noues avons tendance à estimer que nos politiques elles (radicales et trans/queer), le sont.
Noues voulons changer le monde, et noues estimons que les corps ne sont jamais le problème (mais bien que le patriarcat nous incite à voir nos corps comme un problème, et à tenter de les changer plutôt que d'identifier le système patriarcal=le genre=l'oppression des femmes par les hommes comme le problème de fond).
Après, nous savons que tout n'est pas qu'une question de politique, et que nous sommes face à des personnes concrètes (et je déteste autant les photosmontages insultants de la part de certaines radfems vis-à-vis des trans que les insultes de certain-es activistes trans vis-à-vis des radfems. Quand on se promène sur le toile dans les deux camps on se croirait parfois dans le village d'Astérix, en moins sympa), mais le but du rassemblement n'était pas de heurter les trans (même si de manière assez évidente nos façons d'envisager le transgenderisme et le transexualisme n'ont rien de flatteuses, mais on ne va pas se retenir de réfléchir à partir de nos bases politiques uniquement parce que ça fait de la peine à tel ou tel groupe...après tout on critique aussi l'usage de la chirurgie esthétique, ça ne veut pas dire qu'on méprise les femmes qui y ont recours, et noues sommes heureusement capables d'auto-critique également), et tenter d'interdire cette non-mixité, c'est poser les radfems, les femmes et les lesbiennes non-trans' comme les oppresseuses "naturelles" des trans' (mtf et ftm) dans une curieuse hiérarchie des oppressions (d'autant plus curieuse que des trans FtM qui "passent" profitent en général de beaucoup de privilèges masculins, par exemple, et que effectivement le conditionnement des ex-hommes vis-à-vis du pouvoir est souvent bien réel, ou encore que noues sommes parfois offensées par la sur-féminité cultivée par certaines femmes trans, présentée parfois comme une preuve d'appartenance à la classe des femmes...y'a beaucoup à dire).
Pour finir, c'est le droit le plus stricte d'une femme trans d'être en total désaccord avec la politique de la radfem2012, d'en être offensée et de la contester (ce que je comprendrais de son point de vue)...et c'est notre droit également de ne pas forcément accepter l'auto-définition d'autrui également. C'est n'est pas parce que je me considère comme une féministe que vous être forcées de me considérer comme telle, non?
J'arrête là pour cette fois, ce sont des sujets délicats, pour noues c'est une question politique, mais pour beaucoup d'autres, c'est une attaque personnelle sur leur identité ou leur vie, difficile de régler quoi que ce soit dans ces conditions. :/
Les tensions entre radfems et politiques Queers/ trans' ne sont pas nouvelles chez les anglophones (polémiques du Michfest entre autres), pas étonnant que l'abcès finisse par crever. C'est un peu plus chiant que cela se passe de façon aussi médiatisée, mais ça devait arriver, ce n'est que la dernière d'une looooongue série qui dure depuis au moins trente ans.
(C'est normal, ce sont des politiques antagonistes qui partagent juste le vocable "féministe").
Par ailleurs, je recommande la lecture de Sheila Jeffreys à chacune, elle est tout à fait passionnante, parfois dérangeante, et n'hésite pas à aller jusqu'au bout de sa pensée qu'elle rend très accessible aux non-universitaires (Beauty and Misogyny, Anticlimax, Unpacking Queer Theory...).
C'est une radicale, et elle ne s'est pas soudainement arrêté de réfléchir quand elle a abordé les politiques Queers, c'est grave docteure? Sur ces sujet je ne la suis pas tout à fait, mais je suis certaine par contre qu'on a besoin de critiquer (critiquer, analyser...je n'ai pas dit "attaquer") les politiques, discours et pratiques transgenres et transexuelles qui ne sortent pas davantage de nulle part que noues féministes radicales.
Tout en reconnaissant pas ailleurs que ce sont des groupes globalement opprimés en tant que trans, ou femme trans, en revanche je pense que les "privilèges cisexuels" (et je déteste ce terme pour des raisons politiques) n'existent pas en tant que tels, ou alors s'appliquent uniquement aux hommes (et encore peut-être uniquement hétéros). Ou alors c'est un privilège statistique de "femme cissexuelle" d'apprendre le contraire de la dignité dès l'enfance, d'apprendre à haïr son corps à se mépriser soi-même et à minimiser ses capacités, ou d'être violée par un père/oncle/frère/mari/compagnons...(des privilèges pareils, ça fait rêver).
En tant que féministe radicale, pour moi, être une femme, c'est faire partie d'une classe sociale opprimée, exploitée. Ce n'est pas une identité et tout ce qui constitue "la féminité" rassemble les stigmates de cette classe sociale. Par conséquent, j'ai autant de mal avec une personne qui me dit qu'elle "s'est toujours sentie femme" qu'avec ces braves gens qui me disent qu'iels "jouent avec le genre" en mettant une jupe et une fausse moustache (avec l'individualisme caractéristique du mouvement, le fait de vouloir jouer avec les oppressions au lieu de les combattre, pour moi c'est ce qui différencie fondamentalement le Queer du féminisme. C'est la différence entre la "subversion" et la lutte contre un système exploitant et génocidaire identifié comme tel).
Enfin au delà de l'essentialisme transexuel, et du flou volontaire des politiques transgenres au sens large, ce qui me gonfle c'est la non reconnaissance du fait qu'on vive dans un monde où on enseigne aux femmes à détester leurs corps, et à se mépriser elles-même. Par exemple, une des raisons (pas forcément consciente, ou pas forcément non plus la raison principale) pour laquelle des meufs-à-la-base transitionnent vers "homme", c'est par conscience et souffrance du fait qu'être une femme, c'est être une sous-être humaine, une sous-citoyenne, le fond du fond du panier dans nos société. Dans ces conditions, oui le transgenderisme est effectivement un produit du patriarcat (le genre et le patriarcat sont la même chose) ou plutôt une façon individuelle (parmi des milliers d'autres que beaucoup d'entre noues pratiquons sans y penser) d'y améliorer sa place. Ca ne fait pas des personnes trans nos ennemies, et ça ne signifie pas que trans' et féminisme sont incompatibles, mais noues avons tendance à estimer que nos politiques elles (radicales et trans/queer), le sont.
Noues voulons changer le monde, et noues estimons que les corps ne sont jamais le problème (mais bien que le patriarcat nous incite à voir nos corps comme un problème, et à tenter de les changer plutôt que d'identifier le système patriarcal=le genre=l'oppression des femmes par les hommes comme le problème de fond).
Après, nous savons que tout n'est pas qu'une question de politique, et que nous sommes face à des personnes concrètes (et je déteste autant les photosmontages insultants de la part de certaines radfems vis-à-vis des trans que les insultes de certain-es activistes trans vis-à-vis des radfems. Quand on se promène sur le toile dans les deux camps on se croirait parfois dans le village d'Astérix, en moins sympa), mais le but du rassemblement n'était pas de heurter les trans (même si de manière assez évidente nos façons d'envisager le transgenderisme et le transexualisme n'ont rien de flatteuses, mais on ne va pas se retenir de réfléchir à partir de nos bases politiques uniquement parce que ça fait de la peine à tel ou tel groupe...après tout on critique aussi l'usage de la chirurgie esthétique, ça ne veut pas dire qu'on méprise les femmes qui y ont recours, et noues sommes heureusement capables d'auto-critique également), et tenter d'interdire cette non-mixité, c'est poser les radfems, les femmes et les lesbiennes non-trans' comme les oppresseuses "naturelles" des trans' (mtf et ftm) dans une curieuse hiérarchie des oppressions (d'autant plus curieuse que des trans FtM qui "passent" profitent en général de beaucoup de privilèges masculins, par exemple, et que effectivement le conditionnement des ex-hommes vis-à-vis du pouvoir est souvent bien réel, ou encore que noues sommes parfois offensées par la sur-féminité cultivée par certaines femmes trans, présentée parfois comme une preuve d'appartenance à la classe des femmes...y'a beaucoup à dire).
Pour finir, c'est le droit le plus stricte d'une femme trans d'être en total désaccord avec la politique de la radfem2012, d'en être offensée et de la contester (ce que je comprendrais de son point de vue)...et c'est notre droit également de ne pas forcément accepter l'auto-définition d'autrui également. C'est n'est pas parce que je me considère comme une féministe que vous être forcées de me considérer comme telle, non?
J'arrête là pour cette fois, ce sont des sujets délicats, pour noues c'est une question politique, mais pour beaucoup d'autres, c'est une attaque personnelle sur leur identité ou leur vie, difficile de régler quoi que ce soit dans ces conditions. :/
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