souffrance et féminisme
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- InvitéInvité
souffrance et féminisme
16.09.13 0:47
En lisant les forums, je suis frappé et touché parfois par la souffrance que je perçois ou ressens au détour des mots.
Est-ce que l'on arrive au féminisme par la souffrance?
Mon propos ici n'est pas de sous-entendre que les femmes seraient faibles. Ce n'est pas ma vision.
Est-ce que l'on arrive au féminisme par la souffrance?
Mon propos ici n'est pas de sous-entendre que les femmes seraient faibles. Ce n'est pas ma vision.
- InvitéInvité
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 1:35
Je ne sais pas. Toutes les femmes qui souffrent n'y parviennent pas (malheureusement m'est avis). Un désir de changement, une conscience politique, une prise de recul et l'établissement de certains liens aident déjà pas mal, je pense. Un désir de vivre nos vies en toute liberté aussi, et par conséquent de dénoncer les injustices qui nous empêchent de nous épanouir pleinement...
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 1:49
Tous les individus qui souffrent ne se révoltent pas, c'est vrai. D'un autre côté est-ce qu'on se révolterait si on ne souffrait pas? Si tout allait bien, égalité entre hommes et femmes sur tous les plans, plus de discriminations, d'oppressions, de violences, pourquoi serait-on féministes?
- InvitéInvité
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 2:00
Parce qu'on a envie d'une vie meilleure, pour nous et pour les autres...
Après je ne sais pas trop ce qu'on peut entendre par souffrance, j'y vois peut-être un sens un peu particulier. Pour moi c'est quand même plus positif, on a envie de changer les choses et on a la force d'y croire, quelque part...
Après je ne sais pas trop ce qu'on peut entendre par souffrance, j'y vois peut-être un sens un peu particulier. Pour moi c'est quand même plus positif, on a envie de changer les choses et on a la force d'y croire, quelque part...
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 9:57
Certaines femmes battues/violées/harcelées/agressées sexuellement s’informent (c’est facile avec le Net aujourd’hui), vont dans des assocs et forcément, croisent le chemin du féminisme à un moment ou un autre. Après, ça ne parle pas à toutes ces femmes mais il me semble que pour certaines que je connais, c’est l’événement traumatique (ou les événements) qui a/ont conduit à une prise de conscience féministe.
En même temps, je connais très peu de femmes qui peuvent prétendre ne jamais avoir été harcelées/agressées sexuellement, voir violées, donc ça concerne vraiment bcp de femmes. Toutes ne deviennent pas féministes pour autant.
En même temps, je connais très peu de femmes qui peuvent prétendre ne jamais avoir été harcelées/agressées sexuellement, voir violées, donc ça concerne vraiment bcp de femmes. Toutes ne deviennent pas féministes pour autant.
- Cyb—
- Messages : 416
Date d'inscription : 10/09/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 10:52
Pour le coup, je me pose plus comme Chaminou. Sans avoir souffert dans ma vie, j'en suis venue parce que j'en ai eu marre des clichés hommes/femmes. D'une part véhiculés par les films ou autres manga, mais aussi parce qu'une femme ne peut pas s'habiller comme elle veut, et que tout est mega-sexué aujourd'hui. J'ai plus ou moins pris conscience de tout ça en voyant les t-shirts: il n'y a plus de t-shirts non moulants, les petites filles portent des trucs tout près du corps qui souligne des "formes" futures par exemple.
Ce que je cherche dans l'égalité (je ne suis pas "politisée" ni militante pour autant), c'est vraiment une amélioration dans ma vie (et dans celles d'autres femmes du coup), et aussi un équilibre dans les relations amoureuses que je ne trouve pas très égalitaires (d'ailleurs, je trouve parfois difficile de concilier la vie amoureuse et mes idées d'égalité, rien que le "cliché" des filles qui finissent toujours par aller chez leur mec par exemple). Et puis, il y a l'injustice financière qui me frappe: les articles parlant d'une différence de salaire de 20% entre hommes et femmes pour un même poste et une même expérience me sont vraiment restée en travers la gorge. Alors que je n'avais même pas commencé à bosser (et aussi, je me suis sentie trahie...)
Ce que je cherche dans l'égalité (je ne suis pas "politisée" ni militante pour autant), c'est vraiment une amélioration dans ma vie (et dans celles d'autres femmes du coup), et aussi un équilibre dans les relations amoureuses que je ne trouve pas très égalitaires (d'ailleurs, je trouve parfois difficile de concilier la vie amoureuse et mes idées d'égalité, rien que le "cliché" des filles qui finissent toujours par aller chez leur mec par exemple). Et puis, il y a l'injustice financière qui me frappe: les articles parlant d'une différence de salaire de 20% entre hommes et femmes pour un même poste et une même expérience me sont vraiment restée en travers la gorge. Alors que je n'avais même pas commencé à bosser (et aussi, je me suis sentie trahie...)
- TalyBleu⋅e
- Messages : 12
Date d'inscription : 27/08/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 10:57
En effet, si toutes les femmes harcelées/violées/battues/humiliées/Discriminées avaient pour réaction de militer dans le féminisme, il ne resterait plus beaucoup de nanas pour dire "je ne suis pas féministe".
Je crois, comme Chaminou, qu'une conscience politique est nécessaire. Le fameux "c'est comme ça, on n'y peut rien" disparait bien vite lorsqu'on s'intéresse un chouilla à la politique. Et ça vaut pour n'importe quel sujet, n'importe quelle injustice que l'on souhaite combattre.
Pour ma part, j'étais féministe bien avant de me heurter personnellement au machisme. Mon éducation y est pour beaucoup. Pour tout même je pense.
Du coup, j'ai eu l'air fin lorsque, militante féministe, fouteuse de merde dans les discussions entre "copains" parce que reprenant systématiquement les propos sexistes/racistes/homophobes, j'ai du annoncer que j'avais subi une tentative de meurtre de la part de mon mari. Ben ouais, les convictions féministes ne protègent pas complètement. ^^
Curieusement (ou pas) c'est après cet épisode que j'ai eu besoin de prendre du recul dans le militantisme. Le temps de me reconstruire. Alors (personnellement, moi toute seule) la souffrance peut peut être également éloigner du combat. Non?
Je crois, comme Chaminou, qu'une conscience politique est nécessaire. Le fameux "c'est comme ça, on n'y peut rien" disparait bien vite lorsqu'on s'intéresse un chouilla à la politique. Et ça vaut pour n'importe quel sujet, n'importe quelle injustice que l'on souhaite combattre.
Pour ma part, j'étais féministe bien avant de me heurter personnellement au machisme. Mon éducation y est pour beaucoup. Pour tout même je pense.
Du coup, j'ai eu l'air fin lorsque, militante féministe, fouteuse de merde dans les discussions entre "copains" parce que reprenant systématiquement les propos sexistes/racistes/homophobes, j'ai du annoncer que j'avais subi une tentative de meurtre de la part de mon mari. Ben ouais, les convictions féministes ne protègent pas complètement. ^^
Curieusement (ou pas) c'est après cet épisode que j'ai eu besoin de prendre du recul dans le militantisme. Le temps de me reconstruire. Alors (personnellement, moi toute seule) la souffrance peut peut être également éloigner du combat. Non?
- Cyb—
- Messages : 416
Date d'inscription : 10/09/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 11:16
C'est drôle car je n'ai pas vraiment de "conscience politique". Mais depuis longtemps, je trouve des trucs injustes, qui semblent minimes mais injustes. Depuis l'enfance (le jour où j'ai été forcée de mettre une jupe a été, je crois, un choc pour moi). Puis tout cela s'intensifie en grandissant, et notamment cette histoire de salaire, ou le fait que de nombreux milieux où on gagne bien sa vie sont trustés par des hommes. Le "c'est comme ça on n'y peut rien", j'ai toujours été contre, et cela depuis le lycée.Je crois, comme Chaminou, qu'une conscience politique est nécessaire. Le fameux "c'est comme ça, on n'y peut rien" disparait bien vite lorsqu'on s'intéresse un chouilla à la politique.
- Cyb—
- Messages : 416
Date d'inscription : 10/09/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 11:54
Se positionner comme, avoir un avis féministe, ça ouvre vraiment les yeux sur notre monde. J'étais souvent indignée de mon côté, mais je n'en discutais jamais. Je faisais des réflexions, à droite, à gauche (après j'ai une certaine "paranoïa", donc je disais que tout était instrumentalisé ) mais quand on y réfléchit un peu plus en profondeur (je ne suis pas au même niveau que d'autres sur ce forum ), c'est sûr qu'on ne peut plus ne pas avoir de conscience politique après tout ça.
- CarolAncien⋅ne
- Messages : 684
Date d'inscription : 31/07/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 12:24
Heureuse que tu sois toujours là pour pouvoir nous en parlerTaly a écrit:
Du coup, j'ai eu l'air fin lorsque, militante féministe, fouteuse de merde dans les discussions entre "copains" parce que reprenant systématiquement les propos sexistes/racistes/homophobes, j'ai du annoncer que j'avais subi une tentative de meurtre de la part de mon mari. Ben ouais, les convictions féministes ne protègent pas complètement. ^^
Curieusement (ou pas) c'est après cet épisode que j'ai eu besoin de prendre du recul dans le militantisme. Le temps de me reconstruire. Alors (personnellement, moi toute seule) la souffrance peut peut être également éloigner du combat. Non?
Et non, le féminisme ne protège pas des agressions. J'ai découvert les mythes sur le viols il y 1 an 1/2, j'en ai longuement parlé avec mon compagnon de l’époque et ça ne l'a pas empêché de me violer il y a 2 mois, ça ne m'a pas non plus permis d’éviter ce viol
Je suis devenue féministe avant même de connaitre ce mot, en fait je crois que je l'ai toujours été. Je me posais plein de questions "pourquoi maman reste toujours à la maison pour s'occuper de nous alors que papa va à la pèche/au foot?", "pourquoi c'est toujours papa qui décide de ce que l'on achète sans que maman ai son mot à dire?" "pourquoi mon frère sort quand il veut alors que je dois rester à la maison à aider maman?" etc etc. C’était pas des souffrances mais l'injustice de ses situations me sautaient aux yeux.
- TalyBleu⋅e
- Messages : 12
Date d'inscription : 27/08/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 12:38
Mercimichonne a écrit:
Heureuse que tu sois toujours là pour pouvoir nous en parler
Tu dis qu'il n'y avait pas souffrance mais que tu voyais l'injustice. Je me trompe peut être mais lorsqu'on prend conscience d'une injustice, encore plus lorsqu'elle nous concerne, on en souffre (même si c'est légèrement), non?
- CarolAncien⋅ne
- Messages : 684
Date d'inscription : 31/07/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 12:54
J’étais enfant, je voyais que c’était pas logique mais je ne me souviens pas de souffrance. C'est venu plus tard, quand je me suis rendue compte que comme les seuls emplois dispo dans mon bled étaient réservés aux garçons (la présence de femmes dans la menuiserie locale allait troubler les employé mâles et donc les empêcher de bosser ) je ne pourrait pas me payer le permis aussi facilement que mon frère (y'en faut des babysittings pour réunir la somme nécessaire), quand j'ai voulu sortir ado et que mes parents m'en ont empêché parce que c’était dangereux pour une fille etc etc.Taly a écrit:Mercimichonne a écrit:
Heureuse que tu sois toujours là pour pouvoir nous en parler
Tu dis qu'il n'y avait pas souffrance mais que tu voyais l'injustice. Je me trompe peut être mais lorsqu'on prend conscience d'une injustice, encore plus lorsqu'elle nous concerne, on en souffre (même si c'est légèrement), non?
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de subir une souffrance pour lutter contre une oppression. Ma peau de porcelaine me protège du racisme pourtant je lutte contre, de même pour l'homophobie (je suis hétéro), la transphobie (je suis cis) ou le specisme.
Si il fallait subir l'oppression pour la combattre, il n'y aurait pas d'homme ici.
- InvitéInvité
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 13:04
Moi je pense que c'est plutôt le féminisme qui m'a ouvert les yeux sur la souffrance que je subissais. Alors, pourquoi je suis devenue féministe, je ne sais pas exactement quel a été le déclencheur. À un moment (un peu comme pour le végétarisme), je me suis dit "tiens, il y a des gens qui se revendiquent féministes et pour qui ça a l'air important. J'aimerais comprendre" et je suis allée faire des recherches, et j'ai été convaincue (ou persuadée, je ne sais jamais lequel veut dire quoi) par l'argumentation, touchée et choquée par les témoignages, et je suis devenue féministe.
- Cyb—
- Messages : 416
Date d'inscription : 10/09/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 13:27
C'est du vécu . Au début, ça allait. Puis au tout début de mon adolescence, vers 12-13 ans, alors que durant toute l'enfance j'avais les mêmes amis que mon petit frère, on m'a sorti que je devrais plutôt rester à la maison, à aider ma mère, qu'elle est fatiguée tout ça (ce qui est vrai vu le boulot difficile). Alors j'ai tout de suite demandé pourquoi on ne dit rien à mon frère. Hormis qu'il était plus jeune, m'a-t-on expliqué, je suis une fille. Bah à partir de là, je n'ai plus rien foutu. Je me sens encore un peu rabaissée lors des tâches ménagères, alors que c'est ridicule. C'est juste une forme de traumatisme. Aujourd'hui, je ne sais rien faire. Mais depuis des années, c'est mon frère qui repasse même mes vêtements et fait à manger quand il n'y a que nous deux sous le toit .michonne a écrit:"pourquoi c'est toujours papa qui décide de ce que l'on achète sans que maman ai son mot à dire?" "pourquoi mon frère sort quand il veut alors que je dois rester à la maison à aider maman?" etc etc. C’était pas des souffrances mais l'injustice de ses situations me sautaient aux yeux.
Quant à ton père qui décide quoi acheter, c'est sûrement une histoire d'autonomie financière. Pour le coup, c'est très space, mais ma mère n'a pas arrêté de me répéter qu'il faut être indépendante si je ne veux pas demander à mon mari, plus tard (ce à quoi je disais: "je n'aurai PAS de mari" ...), pour acheter quoique ce soit, il me faudrait un boulot où je gagne bien ma vie. Comme ça, pas de compte à rendre...
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 13:35
Avant d'être féministe je pensais que je souffrais d'aucune oppression sexiste.
Ca veut pas dire que j'en souffrais pas. Je pense que j'en souffrais bien davantage que maintenant puisque je ne pouvais pas mettre des mots dessus, et pire, tout ça me paraissait parfaitement "normal". Normal de se prendre une main au cul quand on a 12 ans par exemple (yavékapa s'habiller comme ça). Maintenant au moins je sais que c'est pas normal, que les choses devraient pas se passer ainsi. Maintenant j'ai conscience de souffrir, j'exprime beaucoup plus souvent des sentiments de colère ou de révolte, et donc je vais beaucoup mieux.
Le féminisme c'est quasiment une thérapie en fait. Et je pense aussi pour les hommes.
Ca veut pas dire que j'en souffrais pas. Je pense que j'en souffrais bien davantage que maintenant puisque je ne pouvais pas mettre des mots dessus, et pire, tout ça me paraissait parfaitement "normal". Normal de se prendre une main au cul quand on a 12 ans par exemple (yavékapa s'habiller comme ça). Maintenant au moins je sais que c'est pas normal, que les choses devraient pas se passer ainsi. Maintenant j'ai conscience de souffrir, j'exprime beaucoup plus souvent des sentiments de colère ou de révolte, et donc je vais beaucoup mieux.
Le féminisme c'est quasiment une thérapie en fait. Et je pense aussi pour les hommes.
- CarolAncien⋅ne
- Messages : 684
Date d'inscription : 31/07/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 13:45
C'est tout à fait ça. Ma mère ne pouvais pas avoir d'emplois salarié car elle passait beaucoup de temps à s'occuper de nous et de la maison. Si on rajoute à ça le fait qu'on vivait dans un petit bled (choisi pour facilité la vie de mon père sur son trajet travail/domicile) et qu'elle n'avait pas le permis, elle était vraiment bloquée. Du coup, tout l'argent qui rentrait à la maison provenait de mon père qui ne se gênait pas pour faire remarquer "qu'il se crevait au boulot pour nous entretenir"... Il ne lui ai manifestement jamais venu à l'idée qu'avec un bon moyen de contraception pour lui aussi il n'aurait pas eut 3 enfants à charge et que si il participait aux taches ménagères ma mère aurait eut le temps de mettre elle aussi du pain sur la table. On ne parlera même pas le fait que par son travail gratuit elle lui épargnait beaucoup de fraisCyb a écrit:Quant à ton père qui décide quoi acheter, c'est sûrement une histoire d'autonomie financière. Pour le coup, c'est très space, mais ma mère n'a pas arrêté de me répéter qu'il faut être indépendante si je ne veux pas demander à mon mari, plus tard (ce à quoi je disais: "je n'aurai PAS de mari" ...), pour acheter quoique ce soit, il me faudrait un boulot où je gagne bien ma vie. Comme ça, pas de compte à rendre...michonne a écrit:"pourquoi c'est toujours papa qui décide de ce que l'on achète sans que maman ai son mot à dire?" "pourquoi mon frère sort quand il veut alors que je dois rester à la maison à aider maman?" etc etc. C’était pas des souffrances mais l'injustice de ses situations me sautaient aux yeux.
Je donne exactement le même conseil à ma fille, quoi qu'il arrive reste autonome financièrement et amicalement, quelles que soient les qualités de l'homme/la femme que tu aimeras ne te laisse pas enfermer.
Elle me répond la même chose que toi
- Cyb—
- Messages : 416
Date d'inscription : 10/09/2013
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 13:56
@michonne: Ma mère n'était pas femme au foyer, mais elle a dû suivre mon père aussi, qui était commerçant (disons qu'ils n'avaient pas un choix de métier aussi large étant immigrés). Avant ça, elle travaillait aussi, en ouvrière, car les ressources de mon père seul ne suffisaient pas. Quelque part, c'était un peu humiliant de "faire bosser sa femme" car ce n'était pas le cas d'autres personnes adultes venant du même pays: l'homme gagnait bien sa vie en tant que commerçant. Quand il est devenu commerçant, elle a dû le suivre (car embaucher quelqu'un c'est trop cher). Du coup, c'était dur: elle bossait beaucoup, et elle avait toujours les gamins, le ménage, etc... à la maison. Comme elle suivait mon père, elle n'était pas rémunérée, d'où ce traumatisme pour que j'aie de l'argent. Car pour un oui pour un non ça donnait "je vais acheter tel truc, pourrais-je avoir tant de francs?". De toute manière, avant qu'elle me le dise, j'étais traumatisée par tous les films et dessins animés que je regardais: la femme avait des rêves qu'elle a abandonnés, elle s'est mariée, "semblait" heureuse, mais... à part rester à attendre son mari, elle fait quoi du reste? J'avais intégré un mythe: un mari c'est un entrave à ma vie, et un autre mythe: si je veux échapper à ça, je bosse (et aussi, si je veux échapper au travail pénible que mes parents vivent ...).
Depuis plusieurs années, elle est de nouveau salarié. Elle est plus autonome financièrement (même si les relations au travail... enfin racisme tout ça) et pourtant mon père continue à plus ou moins avoir son avis sur ce qu'elle achète! Une fois, je lui payais un vélo au Décathlon, je demandais si elle ne voulait pas le modèle avec panier. Rien à faire, il insistait pour qu'elle prenne l'autre sans panier O_O ce à quoi j'ai dit "mais il est pour elle le vélo" mais elle a pris celui dont il parlait, pour qu'on ne s'engueule pas . Fin de l'histoire: elle s'est achetée de nouveau l'autre vélo, avec le panier, un an plus tard ...
Sinon petit aparté concernant ma mère: comme elle aidait mon père pendant toutes ces années, elle pourra toujours courir pour une bonne retraite. C'est souvent les femmes qui en pâtissent...
Quant à ta fille: le traumatisme du mariage est toujours ancré, même au 21ème siècle
Depuis plusieurs années, elle est de nouveau salarié. Elle est plus autonome financièrement (même si les relations au travail... enfin racisme tout ça) et pourtant mon père continue à plus ou moins avoir son avis sur ce qu'elle achète! Une fois, je lui payais un vélo au Décathlon, je demandais si elle ne voulait pas le modèle avec panier. Rien à faire, il insistait pour qu'elle prenne l'autre sans panier O_O ce à quoi j'ai dit "mais il est pour elle le vélo" mais elle a pris celui dont il parlait, pour qu'on ne s'engueule pas . Fin de l'histoire: elle s'est achetée de nouveau l'autre vélo, avec le panier, un an plus tard ...
Sinon petit aparté concernant ma mère: comme elle aidait mon père pendant toutes ces années, elle pourra toujours courir pour une bonne retraite. C'est souvent les femmes qui en pâtissent...
Quant à ta fille: le traumatisme du mariage est toujours ancré, même au 21ème siècle
- InvitéInvité
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 14:14
Une femme qui ne souffre pas, ça existe? Alors, c'est probablement qu'elle a peu conscience de la manière dont la société fonctionne.Chaminou a écrit:Toutes les femmes qui souffrent n'y parviennent pas (malheureusement m'est avis).
Je crois que le féminisme vient d'une prise de conscience (et non de la souffrance).
Cela dit, la souffrance peut entraîner une prise de conscience. Mais cela peut aussi être une lecture, une rencontre... qui entraîne cette prise de conscience.
taly, michonne
- OmniiaAncien⋅ne
- Messages : 2909
Date d'inscription : 20/10/2012
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 14:28
Exactement pareil pour moi. J'aurais pu écrire ce postl'elfe a écrit:Avant d'être féministe je pensais que je souffrais d'aucune oppression sexiste.
Ca veut pas dire que j'en souffrais pas. Je pense que j'en souffrais bien davantage que maintenant puisque je ne pouvais pas mettre des mots dessus, et pire, tout ça me paraissait parfaitement "normal". Normal de se prendre une main au cul quand on a 12 ans par exemple (yavékapa s'habiller comme ça). Maintenant au moins je sais que c'est pas normal, que les choses devraient pas se passer ainsi. Maintenant j'ai conscience de souffrir, j'exprime beaucoup plus souvent des sentiments de colère ou de révolte, et donc je vais beaucoup mieux.
Le féminisme c'est quasiment une thérapie en fait. Et je pense aussi pour les hommes.
- InvitéInvité
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 23:37
En quoi le féminisme peut-être thérapeutique pour les hommes?l'elfe a écrit:Avant d'être féministe je pensais que je souffrais d'aucune oppression sexiste.
Ca veut pas dire que j'en souffrais pas. Je pense que j'en souffrais bien davantage que maintenant puisque je ne pouvais pas mettre des mots dessus, et pire, tout ça me paraissait parfaitement "normal". Normal de se prendre une main au cul quand on a 12 ans par exemple (yavékapa s'habiller comme ça). Maintenant au moins je sais que c'est pas normal, que les choses devraient pas se passer ainsi. Maintenant j'ai conscience de souffrir, j'exprime beaucoup plus souvent des sentiments de colère ou de révolte, et donc je vais beaucoup mieux.
Le féminisme c'est quasiment une thérapie en fait. Et je pense aussi pour les hommes.
Re: souffrance et féminisme
16.09.13 23:46
Le patriarcat met les gens dans des cases. Celles pour les hommes sont plus confortables que celles pour les femmes mais il y a a assignation de rôles qui ne conviennent pas à tout le monde.
Moi par exemple, j'en ai rien à tref de ma "carrière professionnelle", de ma "réussite sociale", de toutes ces choses qu'on attend d'un homme de mon âge (50+)
Je n'en souffre pas vraiment mais j'étonne bcp de gens par le fait que les préoccupations de bcp d'hommes me sont totalement étrangères.
Le féminisme m'aide à me libérer de ces cases, de ces rôles genrés. Pour tout dire, j'ai aussi fait une psychothérapie mais même sans ça, le féminisme est une thérapie. Il n'y a pas meilleure déconstruction du patriarcat et comme il est infiltré partout, on s'en soigne via le féminisme.
Moi par exemple, j'en ai rien à tref de ma "carrière professionnelle", de ma "réussite sociale", de toutes ces choses qu'on attend d'un homme de mon âge (50+)
Je n'en souffre pas vraiment mais j'étonne bcp de gens par le fait que les préoccupations de bcp d'hommes me sont totalement étrangères.
Le féminisme m'aide à me libérer de ces cases, de ces rôles genrés. Pour tout dire, j'ai aussi fait une psychothérapie mais même sans ça, le féminisme est une thérapie. Il n'y a pas meilleure déconstruction du patriarcat et comme il est infiltré partout, on s'en soigne via le féminisme.
Re: souffrance et féminisme
17.09.13 13:46
Pour rejoindre Pierre, je pense qu'un homme dans un environnement féministe peut assumer plus facilement certains goûts/traits de personnalités face aux pressions de la société. Mon homme adore s'occuper de son fils, il le fait plusieurs jours par semaine, mais socialement c'est un peu particulier. D'un côté il est valorisé par d'autres mères admiratives, de l'autre, il a quand même eu droit à des réflexions carrément stupides, le fait que ce soit vu comme une évidence par moi ou sa famille proche aide, je pense, à ce que ce soit une évidence pour lui et à ce qu'il l'assume facilement (je ne sais pas si je suis très claire...).
Sinon, moi, j'avoue avoir un rapport au féminisme beaucoup plus "léger" que la plupart des personnes de ce forum. Mais j'ai conscience d'évoluer dans un milieu privilégié à ce sujet et d'avoir eu de la chance (je n'ai jamais été gravement agressée par exemple). Et aussi de m'intéresser surtout à des aspects "légers" (partage des tâche, éducation des enfants... ) plutôt qu'à des aspects plus difficiles (prostitutions, violences...). Du coup, même siparfois souvent je suis en colère, je n'ai pas vraiment de sentiment de souffrance. J'ai plutôt l'impression que le féminisme m'aide à m'améliorer (éliminer des stéréotypes que je reproduis inconsciemment) et d'aider à améliorer mon entourage (éducation de mon fils, participation à l'éducation d'autres enfants par le biais de mon boulot).
Sinon, moi, j'avoue avoir un rapport au féminisme beaucoup plus "léger" que la plupart des personnes de ce forum. Mais j'ai conscience d'évoluer dans un milieu privilégié à ce sujet et d'avoir eu de la chance (je n'ai jamais été gravement agressée par exemple). Et aussi de m'intéresser surtout à des aspects "légers" (partage des tâche, éducation des enfants... ) plutôt qu'à des aspects plus difficiles (prostitutions, violences...). Du coup, même si
- Cyb—
- Messages : 416
Date d'inscription : 10/09/2013
Re: souffrance et féminisme
17.09.13 14:10
@Lila78: Féminisme certes "léger", mais c'est quand même la base justement que le quotidien. Si des choses changent dans le quotidien dans l'égalité des rôles féminin-masculin, alors je pense que ça peut changer au niveau plus grave, comme les violences et la prostitution. Donc, ta contribution n'est pas si "légère" . Et l'éducation de ton fils, ou des autres enfants, rien que ça n'est pas à minimiser
Re: souffrance et féminisme
17.09.13 18:28
Oui, quand je disais "léger", c'était synonyme de "moins douloureux" pas de "moins important", mais je n'ai pas trouvé d'adjectif plus adapté...
- InvitéInvité
Re: souffrance et féminisme
17.09.13 20:52
Avant pour moi le féminisme c'était un truc de meufs radicales un peu inutile sauf pour certaines choses dont j'avais vaguement entendu parler style les inégalités salariales. ça m’intéressais pas trop.
Contrairement à la majeure partie des gens ici je n'ai jamais vraiment souffert du patriarcat. Un peu de harcèlement de rue comme tout le monde mais pas de manière ouf non plus. Pourtant j'ai tenu un blog BD ou je racontais des anecdotes de sexe assez olé olé pendant deux/trois ans entre mes 17 et mes 20 ans et personne m'a jamais fait chier pendant les IRL ni même en commentaires (et pourtant j'avais pas mal de vues). Faut croire que j'étais chanceuse.
Mais je trouve presque les choses plus tristes maintenant que je me rends compte de l'inégalité complétement folle de notre société et surtout de la réaction des gens. Quand je suis devenue féministe je me suis dit "ouaaah c'est fou il faut que tout le monde en prenne conscience " et en fait la majeure partie des gens sont dans le déni et me disent que c'est de l'exagération ou que ya pas de shémas mentaux et qu'on est pas conditionnés depuis l'enfance parceque la pub et les films on sait tous que c'est pas vrai, ect....
Du coup j'ai vraiment l'impression que le féminisme m'ajoute un poids en plus sur le coeur, une sorte de tristesse quasi constante, à chaque fois que j'entends une pique sexiste de la part d'un blogger/youtubeur que j'aprécie ou même d'une connaissance. Déja que je ne suis pas quelqu'un de très sociable en général, j'ai l'impression que ça dresse un mur entre moi et les autres...
Mais au moins ça me rends plus créative dans mes activités alors bon... c'est déja ça de gagné
Contrairement à la majeure partie des gens ici je n'ai jamais vraiment souffert du patriarcat. Un peu de harcèlement de rue comme tout le monde mais pas de manière ouf non plus. Pourtant j'ai tenu un blog BD ou je racontais des anecdotes de sexe assez olé olé pendant deux/trois ans entre mes 17 et mes 20 ans et personne m'a jamais fait chier pendant les IRL ni même en commentaires (et pourtant j'avais pas mal de vues). Faut croire que j'étais chanceuse.
Mais je trouve presque les choses plus tristes maintenant que je me rends compte de l'inégalité complétement folle de notre société et surtout de la réaction des gens. Quand je suis devenue féministe je me suis dit "ouaaah c'est fou il faut que tout le monde en prenne conscience " et en fait la majeure partie des gens sont dans le déni et me disent que c'est de l'exagération ou que ya pas de shémas mentaux et qu'on est pas conditionnés depuis l'enfance parceque la pub et les films on sait tous que c'est pas vrai, ect....
Du coup j'ai vraiment l'impression que le féminisme m'ajoute un poids en plus sur le coeur, une sorte de tristesse quasi constante, à chaque fois que j'entends une pique sexiste de la part d'un blogger/youtubeur que j'aprécie ou même d'une connaissance. Déja que je ne suis pas quelqu'un de très sociable en général, j'ai l'impression que ça dresse un mur entre moi et les autres...
Mais au moins ça me rends plus créative dans mes activités alors bon... c'est déja ça de gagné
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