L’homme est-il une femme comme les autres ?

Mais où est donc passée la sexualité masculine ? Naguère survalorisée, encensée, portée aux nues, elle semble peiner aujourd’hui à exister, sauf dans ses aspects les moins reluisants ou les plus triviaux. Libération de la femme oblige, la sexualité triomphante se conjugue désormais plutôt au féminin. Finis, du moins en partie, les siècles d’ostracisme misogyne, le dénigrement systématique de la sexualité féminine. Pour le meilleur et pour le pire, le corps et le sexe de la femme s’exposent à nouveau sans honte. Depuis les années 80, il semble même n’y en avoir que pour elle, ou presque. On s’extasie, à raison, sur ses capacités multiorgasmiques, on vante le miracle de son clitoris, seul organe du corps humain à n’être conçu que pour le plaisir, on lui découvre peut-être un point G, une faculté à éjaculer comme une fontaine, une autre à érotiser tout son corps, on lui fabrique des jouets sexuels à la chaîne, on se penche aussi sur ses orgasmes, tantôt clitoridien, tantôt vaginal, tantôt utérin ou sur leur absence. Un juste retour des choses sans doute. Mais où est le mâle humain dans tout ça ? Tout juste est-il aujourd’hui autorisé à bander en toutes circonstances, pilules bleues, jaunes ou orange à l’appui.

8<-

Certes, cette agréable habitude masculine n’est guère romantique ni participative, sauf qu’ils sont aussi nombreux à user de la masturbation en couple, comme jeu sexuel, ou à se tirlipoter pour ne pas jouir trop vite lorsqu’ils ont un rapport rapproché avec leur partenaire. Plus généralement, les hommes de cette enquête montrent une étonnante propension à songer au plaisir et au bien-être de leur partenaire, et aussi à faire mentir le mythe qui veut que l’homme au lit n’attendrait que du sexe, même s’ils ont encore du mal à cerner les attentes de l’autre en la matière. Non seulement sont-ils 92 % à se dire amoureux de leur conjoint, mais ils sont aussi une majorité à lier galipettes et sentiments ! Je veux du sexe et du sentiment, clament ainsi de nombreux hommes de l’enquête, quand ce n’est pas : Je veux que le sexe et les sentiments perdurent toute la vie. Autre détail stupéfiant, toujours par rapport aux stéréotypes en vigueur, l ’admiration quasi sans bornes qu’ils vouent au sexe de leur chère moitié, peut-être pas de façon tout à fait désintéressée néanmoins. Une nouvelle fois, notre surprise est totale, confesse Philippe Brenot. L’opinion de la très grande majorité des hommes sur le sexe de leur partenaire est superlative. Ils ne cessent d ’en faire des louanges, de l ’aimer, de le glorifier, de l ’aduler comme s’ il était le centre du monde ou plutôt parce que pour beaucoup d ’entre eux, il est le centre du monde. Et de fait, 88 % des hommes interrogés trouvent le sexe de leur compagne beau, commentaires laudatifs à l ’appui, et 87 % lui trouvent même bon goût. Alors qu’ils ne sont que 71 % à estimer avoir un pénis avenant. Cette admiration s’amplif ie même avec l ’âge. Chez les plus de 50 ans, ils sont 90 % à porter le sexe de leur partenaire aux nues. Le culte du grand dieu zob semble avoir définitivement vécu pour peu qu’il ait réellement existé dans l’esprit des hommes.

Hors-d’oeuvre au menu  

Mais nous ne sommes décidément pas au bout de nos surprises. Car, autre sujet d’étonnement, l ’enquête française fait désormais aussi mentir la réputation masculine de fornicateurs impatients d’en arriver au coït. Ainsi, ils ne sont plus qu’une minorité à ne pas savoir ce que le mot « préliminaires » veut dire. Sans doute des cas désespérés ! Mieux, la plupart des hommes ont désormais une idée très positive de ce genre de hors-d’oeuvre coquins, même s’ils ne les font pas encore durer aussi longtemps que nécessaire. Beaucoup en sont même venus à penser que les préliminaires font partie intégrante du plat principal. Seul bémol, tout de même, ils sont une majorité (56 %) à recourir aux prémices et à les faire durer dans le but principal de « préparer madame ». Mais il y a de l’espoir, car les jeunes générations d’hommes semblent désormais aussi envisager les préliminaires comme moment de plaisir partagé...