Les filles hypocrites?

Bonjour tout le monde

A force d'entendre ce lieu commun de la part de femme en plus " les filles sont hypocrites entres elles" ( sous entendu plus que les hommes)
Je me pose la question d'ou peut venir ce lieu commun,
J'ai l'impression que ce genre de cliché relève beaucoup de choses sur la manière dont les femmes se perçoivent
Du coup, je me demandais si l'un-e d'entre vous avait déjà réfléchi sur cette question, et ce qu'il/elle en pense

Crêpe Georgette y avait consacré un bref article, suivi d'une discussion, et, joie, je viens de le re-dénicher : http://www.crepegeorgette.com/2009/05/11/le-masochisme-feminin/
J'ai lu pas mal d'autres choses là dessus, mais là je ne sais plus trop où...

C'est vrai, je me souviens avoir entendu ce genre de choses depuis le primaire : les garçons quand ils ont un problème, ils se foutent sur la gueulent un bon coup et c'est réglé, les filles elles vont être hypocrites, sournoises etc...
Bon, je pense qu'il y a toujours une histoire d'éducation genrée, où à force d'apprendre aux petites filles à être douces, à ne pas se battre, pas être agressives etc., elles gardent en elles leurs rancunes. Après c'est aussi un bon moyen d'opposer les femmes entre elles, d'empêcher des solidarités comme au travail, en maintenant ce genre d'idée. Et puis comme toujours, c'est le propre des discours dominants de s'imposer à ceux/celles mêmes qui en sont les cibles, en sorte que eux/elles-mêmes les reproduisent.

Ca fait partie du package féminin.
Il faut plaire aux hommes, d'une manière ou d'autre autre : être la plus belle, la plus charmante, la plus gentille. Notre valeur est proportionnelle à l'attention que nous attirons. Dans ce contexte, nous sommes toutes rivales. Donc il faut se battre.
Mais il faut être gentille, douce, aimante, donc pas question de gueuler ou d'être ouvertement méchante avec une meuf qui semble le mériter ou qui nous vole une part de soleil.

Bof...
Les hommes sont aussi hypocrites que nous, mais dans leur hypocrisie, ils ne le reconnaissent pas...

Oulà, sur mon lieu de travail les plus grands hypocrites sont les collègues hommes! En fait, c'est comme pour le bavardage: les femmes sont soi-disant plus bavardes que les hommes, en fait les études ont prouvé que c'est l'exact contraire. Pourquoi cette perception erronée? Pour une raison simple: une femme est censée se taire, si elle parle, elle est bavarde. Un homme peut parler autant qu'il veut, c'est normal, c'est un homme. Je pense que pour l'hypocrisie c'est pareil: les hommes sont tout aussi hypocrites que les femmes, seulement chez eux ce n'est pas vu comme tel, mais comme de la ruse, de la stratégie, etc.

Pour le bavardage, voir: Etude

Je suis assez d'accord avec l'analyse de Lucha, il me semble qu'un même comportement hypocrite aura tendance à être interprété et justifié de façon différente selon le genre de la personne.

D'accord avec Lucha et Numa sur les "perceptions différencielles".
Pour en revenir aux "deux mecs se battront un bon coup", ça révèle aussi non seulement la survalorisation arbitraire des réactions pensées comme masculines d'une part, mais également la naturalisation de la violence physique dans les rapports masculins (et son corrolaire, la conception des femmes comme exclues de toute confrontation physique, victimes parfois mais jamais adversaires).
S'y ajoute, là aussi, le hiatus perception sociale/pratiques réelles : j'avais lu des stats -déclaratives- concernant le recours à la violence physique comme mode de réglement d'un conflit, et les pourcentages H/F étaient proches. (je n'ai plus la source par contre, ça fait quelques années)

Arrakis a écrit:(et son corrolaire, la conception des femmes comme exclues de toute confrontation physique, victimes parfois mais jamais adversaires).

Tu veux dire très souvent victimes..

Il y a, je trouve, également un autre aspect.
On apprend tellement depuis l'enfance que les femmes sont mauvaises, que l'enfer sur terre vient de la "grande faute" de la femme, c'est une briseuse de ménage (d'ailleurs j'ai l'impression que bien souvent, dans un couple hétéro quand l'homme trompe la femme c'est beaucoup plus à cause de cette "méchante sal*pe" que du "pauvre monsieur qui s'est fait avoir, pris au piège par cette femme"). Résultat les femmes entre elles se voient comme des ennemies, alors à partir de là, comment sympathiser, ne pas médire sur le dos de la voisine, collègue ect...

Quand de tels préjugés sont ancrés en nous, il n'est pas toujours facile de se poser 5 minutes, réfléchir, et se rendre compte que cette collègue, voisine... ne nous a jamais rien fait et qu'il serait stupide de lui en vouloir pour...rien au final. Et pour ça il faut déjà en avoir conscience.

Il y a aussi, à mon avis, un soucis de confiance en soi. On ne peut pas dire que dans la société actuelle, avec ses représentations de la femme, il soit évident d'être sûre de soi quand on est une femme, et dans ce genre de cas c'est toujours plus facile/rassurant de se dire que l'autre est "pire" que "nous" ou de lui attribuer ce que l'on croit être nos propres failles, d'où de nouvelles médisances.

Je parlais de "la conception des femmes comme" parfois victimes, pas de la réalité des violences subies... Donc, "parfois" victimes parce que, dans les représentations sociales dominantes, les violences physiques envers les femmes sont individualisées et fortement minorées ("il y aura toujours quelques tarés", et autres interprétations "naturalisantes").
Désolée si ce ma formulation était ambiguë.

Arrakis a écrit:Je parlais de "la conception des femmes comme" parfois victimes, pas de la réalité des violences subies... Donc, "parfois" victimes parce que, dans les représentations sociales dominantes, les violences physiques envers les femmes sont individualisées et fortement minorées ("il y aura toujours quelques tarés", et autres interprétations "naturalisantes").
Désolée si ce ma formulation était ambiguë.

Ah, oui là ok je comprends mieux..