Comment ne pas être d'accord
2 participants
- Tilleul—
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Date d'inscription : 23/04/2014
Comment ne pas être d'accord
06.10.15 11:47
Cela fait un petit bout de temps que j'avais envie de poster ici la hiérarchie des désaccords de Paul Graham.
Pour les anglophones, voici le texte original:
http://www.paulgraham.com/disagree.html
L'idée est de permettre d’auto-évaluer à quel niveau se trouve notre réponse lorsqu'on est en désaccord et ce afin d'obtenir un débat contradictoire de qualité. Je l'utilise pour auto-évaluer mes posts mais j'ai encore beaucoup de travail.
Je suis pas super fort en anglais mais je vais tenter de traduire au mieux. N'hésitez pas à relever les erreurs que je corrige.
Pour les anglophones, voici le texte original:
http://www.paulgraham.com/disagree.html
L'idée est de permettre d’auto-évaluer à quel niveau se trouve notre réponse lorsqu'on est en désaccord et ce afin d'obtenir un débat contradictoire de qualité. Je l'utilise pour auto-évaluer mes posts mais j'ai encore beaucoup de travail.
Je suis pas super fort en anglais mais je vais tenter de traduire au mieux. N'hésitez pas à relever les erreurs que je corrige.
Voila, je trouve cette réflexion hyper constructive et un outil formidable vers une meilleure communication. Désolé pour les fautes ou erreurs de traduction
Comment ne pas être d'accord (Mars 2008)
Le web devient une conversation écrite. Il y a vingt ans, les écrivain·e·s écrivaient et les lecteurs et lectrices lisaient. Le web permet à ces dernier·e·s de répondre, et elles et ils le font de façon croissante– dans des sections de commentaires, sur des forums, et sur leurs propres articles de blogs.
Des nombreuses personnes répondant à quelque chose ne sont pas d'accord avec. C'est prévisible. Être d'accord a tendance à moins motiver les gens que ne pas être d'accord. Et lorsque vous êtes d'accord, il y a moins à dire. Vous pouvez développer un élément du sujet de l'auteur·e, mais elle ou il aura probablement exploré les implications les plus intéressantes. Lorsque vous n'êtes pas d'accord, vous entrez dans un territoire qu'il ou elle n'a sans doute pas exploré.
Il en résulte bien plus de désaccords, particulièrement à l'écrit. Cela ne veut pas dire que les gens deviennent plus en colère. Le changement structurel dans notre façon de communiquer est suffisant pour en tenir compte. Mais bien que cela ne soit pas la colère qui conduise à l'augmentation des désaccords, il y a un danger que cette augmentation des désaccords rende les gens plus en colère. Particulièrement en ligne, où il est facile de dire des choses que vous ne diriez jamais en face de quelqu'un.
Si nous allons tous et toutes être plus souvent en désaccord, nous devrions prendre soin de bien le faire. Qu'est-ce à dire ? La plupart des lecteurs et lectrices peuvent faire la différence entre des insultes et une réfutation soigneusement raisonnée, mais je pense que mettre des noms sur les niveaux intermédiaires entre ces deux stades peut aider. Voici donc un essai de hiérarchie des désaccords :
Niveau 0 : Insultes, nom d'oiseaux
C''est la forme de désaccord la plus faible et probablement aussi la plus courante, nous avons tous vu des commentaires comme :
Mais il est important de réaliser qu'il existe des insultes plus articulées qui n'apportent pas plus.t1 un PD !!!!
Un commentaire comme
n'est rien de plus qu'une version prétentieuse de « t1 un PD !!!! ».L'auteur est un amateur se prenant au sérieux.
Niveau 1 : Ad hominem
Une attaque ad hominem n'est pas aussi faible que l'insulte. Elle peut avoir véritablement un certain poids.
Par exemple, si un sénateur écrit un article disant que le salaire des sénateurs devrait être augmenté, on pourrait répondre:
Ça ne réfute pas l'argument de l'auteur mais cela peut au moins être pertinent par rapport à l'affaire. Cela reste cependant une forme faible de désaccord.Bien sûr qu'il allait dire cela. C'est un sénateur.
S'il y a une chose d'erroné dans l'argument du sénateur, vous devriez dire laquelle ; s'il n'y en a pas, qu'est-ce que change le fait qu'il soit sénateur ?
Dire que l'auteur n'a pas l'autorité suffisante pour écrire à propos d'un sujet est une variante de l'attaque ad hominem– et une particulièrement inutile, car de bonnes idées peuvent souvent venir de personnes « en dehors ». La question est de savoir si ce que l'auteur dit est juste ou pas. Si son manque d'autorité lui a fait faire des erreurs, signalez les. Et si ce n'est pas le cas, ce n'est pas un problème
Niveau 2 : Répondre au ton
Au niveau immédiatement supérieur, nous commençons à voir des réponses sur l'écrit plutôt que sur l'auteur.
La forme la plus faible de ce niveau est de ne pas être en accord avec le ton de l'auteur.
Bien que cela soit mieux que d'attaquer l'auteur, cela reste une forme faible de désaccord. Il importe beaucoup plus de savoir si l'auteur a tort ou a raison que de savoir quel est son ton ; surtout que le ton est bien difficile à juger. Quelqu'un ayant un esprit querelleur sur certains sujets pourrait être offensé par un ton qui semblerait neutre à d'autres lecteurs.Je n'arrive pas à croire que l'auteur réfute la théorie de l'intelligent design avec autant d'arrogance.
Si la chose la plus grave que vous pouvez dire à propos de quelque chose est de critiquer le ton utilisé, vous ne dites pas grand-chose. L'auteur est désinvolte, mais dans le vrai ? C'est mieux que d'être sérieux mais dire des faussetés. Et si l'auteur est erroné quelque part, dites où.
Niveau 3 : Contradiction
A ce niveau, nous recevons enfin des réponses à ce qui a été dit plutôt que comment ou par qui. La forme la plus faible de réponse à un argument est simplement de faire état du cas opposé, avec peu ou pas de preuves le soutenant. C'est souvent combiné avec une déclaration de niveau 2 comme dans :
Les contradictions peuvent avoir un certain poids. Parfois, voir simplement le cas opposé posé de manière explicite est suffisant pour voir qu'il est juste. Mais généralement, les preuves vont aider.Je ne peux pas croire que l'auteur réfute l'intelligent design avec autant d'arrogance. L'intelligent design est une théorie scientifique légitime.
Niveau 4 : Contre-argument
Au niveau 4, nous atteignons la première forme de désaccord convaincant : le contre-argument.
Les formes précédemment mentionnées peuvent généralement être ignorées, ne prouvant rien. Le contre-argument peut prouver quelque chose. Le problème, c'est qu'il est difficile de dire exactement quoi.
Le contre-argument est une contradiction à laquelle s'ajoute un raisonnement ou une preuve. Quand il répond de façon symétrique à l'argument originel, cela peut être convaincant. Malheureusement, il est courant que les contre-arguments soient construits de façon à répondre à quelque chose de légèrement différent. Le plus souvent, deux personnes argumentant de façon passionnée sur un sujet sont en fait en train d'argumenter à propos de deux choses différentes. Parfois elles sont même d'accord entre elles, mais prises dans leur chamaillerie, elles ne le réalisent pas.
Il peut y avoir une raison légitime pour argumenter sur quelque chose de légèrement différent de ce que l'auteur originel dit : lorsqu'on sent que le cœur de ce qui importe a été perdu. Mais lorsque vous faites cela, vous devriez dire explicitement ce que vous être en train de le faire.
Niveau 5 : Réfutation
La forme la plus convaincante de désaccord est la réfutation. C'est aussi la plus rare car c'est celle qui demande le plus de travail. En effet, la hiérarchie de désaccord forme une sorte de pyramide , dans le sens où plus le niveau de l'expression du désaccord est élevée, plus difficiles à trouver seront les occurrences de ce niveau.
Pour réfuter l'argument de quelqu'un, vous aurez probablement à le citer. Vous avez à trouver une preuve tangible, un passage avec lequel vous êtes en désaccord, avec ce que vous pensez être une erreur et expliquer pourquoi c'en est une. Si vous ne pouvez pas trouver un passage concret avec lequel marquer votre désaccord, vous pourriez argumenter avec la technique de l'homme de paille.
Alors que la réfutation généralement comprend des citations, une citation n'implique pas nécessairement une réfutation. Certains auteurs citent les parties avec lesquelles ils ne sont pas d'accord pour donner l'apparence d'une réfutation légitime mais poursuivent ensuite par une réponse aussi faible que le niveau 3 ou même 0.
Niveau 6 : Réfuter l'argument principal
La force d'une réfutation dépend sur ce que vous réfutez. La forme la plus puissante de désaccord est de réfuter l'argument principal de quelqu'un.
Même à un niveau aussi élevé que le niveau 5, nous voyons encore parfois quelqu'un débattre de façon malhonnête, comme lorsque quelqu'un choisit des éléments mineurs de l'argumentation et réfute ces derniers. Parfois, l'état d'esprit dans lequel c'est fait en fait une forme sophistiquée d'ad hominem plutôt qu'une réelle réfutation.
Par exemple, corriger la grammaire de quelqu'un ou parler tout le temps d'erreurs mineures dans les noms ou nombres. À moins que l'argument opposé ne dépende réellement de ces choses, le seul but de la correction de ceux-ci est de discréditer l'opposant.
Réfuter véritablement quelque chose nécessite de réfuter l'argument principal, ou au moins l'un d'entre eux. Et cela signifie que l'on doit s'engager à expliciter ce qu'est l'argument principal. Une réfutation réelle ressemblerait donc à :
La citation que vous avez pointée comme erronée n'a pas besoin d'être la véritable expression du point de vue principal de l'auteur. C'est suffisant pour réfuter quelque chose qui en dépend.L'argument principal de l'auteur semble être x. Comme il dit:
Mais c'est faux pour les raisons suivantes...citation
Ce que cela veut dire
À présent, nous avons une façon de classer les formes de désaccords. Pourquoi est-ce bien ? Une des choses que ne nous permet pas cette hiérarchie est de choisir un vainqueur. Les niveaux évoqués se contentent de décrire la forme d'une affirmation, pas sa justesse. Une réponse de niveau 6 pourrait malgré tout être complètement erronée.
Mais bien que les niveaux de désaccords ne fixent pas une limite inférieure de capacité à convaincre d'une réponse, ils fixent en revanche une limite supérieure. Une réponse de niveau 6 peut être peu convaincante, mais une réponse de niveau 2 ou moins ne le sera jamais.
L'avantage le plus évident de cette classification des formes de désaccord est qu'elle aidera les gens à évaluer ce qu'ils et elles lisent. En particulier, cela les aidera à voir au travers d'arguments malhonnêtes. Un orateur ou une écrivaine éloquentes peuvent donner l'impression de vaincre un opposant simplement par la force des mots. En fait, ceci est probablement la qualité qui définit un ou une démagogue. En nommant les différentes formes de désaccord, nous donnons aux lecteurs et lectrices critiques une épingle pour faire éclater ce type de baudruche.
De tels labels peuvent aider également les écrivains et écrivaines. La plupart des malhonnêtetés intellectuelles sont non intentionnelles. Une personne critiquant le ton d'un texte croit peut-être dire quelque chose d'important. Prendre du recul pour voir sa propre position dans la hiérarchie du désaccord peut lui permettre d'essayer de répondre avec un contre-argument ou une réfutation.
Mais le plus grand bénéfice d'un meilleur désaccord n'est pas simplement que cela améliorera les conversations, mais cela rendra aussi les personnes qui les ont plus heureuses. Si vous étudiez des conversations, vous verrez plus de mesquineries en niveau 1 qu'en niveau 6. Vous n'avez pas besoin d'être mesquin·e lorsque vous avez un vrai argument. En fait, ce n'est pas ce que vous voulez.
Si vous avez réellement quelque chose à dire, faire preuve de mesquinerie gêne plus qu'autre chose.
Si le fait de se déplacer vers le haut de la hiérarchie des désaccord rend les gens moins mesquins, cela rendra la plupart d'entre elles et eux plus heureux. La plupart des gens n'aiment pas être désagréables ; elles et ils le sont parce qu'ils ne sont pas capables de faire autrement.
- conclusion traduction d'origine:
Commentaire (Traduction plus libre)
Cette hiérarchie permet plusieurs choses :
Elle ne nous donne pas un moyen de choisir un « gagnant », une réponse plus élevée dans la hiérarchie peut tout aussi bien être erronée. Mais une réponse de niveau 2 sera toujours peu convaincante.
Cette hiérarchisation permet une forme d'évaluation de lecture et de voir à travers certains arguments intellectuellement malhonnêtes. Un orateur ou écrivain éloquent peut donner l'impression de vaincre un opposant par les mots. C'est un fait une qualité définissant un démagogue.
En donnant des noms aux différentes forme de désaccord, nous donnons au lecteur une épingle pour faire éclater ce type de « bulle ».
Cette labellisation aide aussi les auteurs. La plupart des malhonnêtetés intellectuelles sont non intentionnelles. La hiérarchie permet de prendre du recul et identifier sa position peut pousser à bouger vers un contre-argument ou une réfutation.
Mais le plus grand bénéfice d'un meilleur désaccord n'est pas simplement que cela améliorera les conversations mais cela rendra aussi les personnes qui les ont plus heureuses.
Si vous étudiez des conversations, vous verrez plus de mesquineries en niveau 1 qu'en niveau 6. Si vous avez réellement quelque chose à dire, faire preuve de mesquinerie bloque juste le chemin.
- Claire G.Ancien⋅ne
- Messages : 1070
Date d'inscription : 20/10/2013
Re: Comment ne pas être d'accord
06.10.15 15:20
- H.S (traduction):
- Fag = tapette, pédale, c'est de ce niveau là. (et Faggot = tantouze, tarlouze).
Par ailleurs dans le texte original, l'exemple était "U r a fag !!!!!!" le style sms et la tripotée de points d'exclamations renforcent bien évidemment l'attaque, et donc il me semble qu'une traduction correcte serait "t1 un PD !!!!"
"Intelligent design" est traduit en Français par "Dessein Intelligent" (c'est une théorie qui suppose que l'univers est ce qu'il est suite à la volonté d'une intelligence supérieure, théorie en fait assez proche du créationisme)
Tu devrais passer ta traduction par un correcteur d'orthographe, il y a un paquet de coquilles.
Contre argument c'est du frenglish. En français, je pense que l'on parle de contre-argumentation.
Pareil Réfuter l'argumentation, pas réfuter l'argument (ou réfutation tout court)
Le point central là c'est encore du frenglish. Il s'agit de rhétorique, pas de mathématique, donc principal et pas central, et je pense que point est à éviter (là justement je pense qu'en français parler d'argument principal serait correct mais si et seulement si tu n'utilises pas argument pour argumentation dans tout le reste de la traduction).
- Tilleul—
- Messages : 669
Date d'inscription : 23/04/2014
Re: Comment ne pas être d'accord
06.10.15 16:29
- Hs correction:
- Merci pour ces retours,c'est super, je corrige de suite.
Je ne connaissai pas le terme pour intelligent design en français, maintenant si ^^ (Je suis flemmard, j'aurai du le chercher sur le net)
J'ai un bon correcteur orthographique mais chez moi, je le passe ce soir au crible. (J'ai honte des nombreuses fautes, faut que je règle cela fissa)
- InvitéInvité
Re: Comment ne pas être d'accord
06.10.15 17:05
- HS correction:
- Je me suis permis d'utiliser mon correcteur orthographique. Il est possible que j'ai laissé passer quelques coquilles.
- Tilleul—
- Messages : 669
Date d'inscription : 23/04/2014
Re: Comment ne pas être d'accord
06.10.15 19:51
- Correction:
- Merci beaucoup, je recheckerai cela plus tard
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