- Black SwanAncien⋅ne
- Messages : 264
Date d'inscription : 28/05/2016
Comment réagiriez-vous?
17.07.16 19:19
Bonjour à toutes,
Comme bien des gens, j'ai passé une bonne partie de mon enfance et adolescence sans connaître de personnes trans excepté pour les cas que l'on voyait dans les médias. Je véhiculais sans m'en rendre compte des propos qui traduisaient une fermeture d'esprit et une très grande ignorance sur un sujet qui me dépassait. Je me croyais experte d'un sujet que je ne maitrisais pas du tout et que je ne pourrai jamais maitriser complètement car je suis cisgenre et hétérosexuelle. J'avais intériorisé l'hétéronormativité ambiante qui est présente dans notre société et ce, dès l'enfance.
Lorsque je suis arrivée à l'université pour la première fois, dans ma salle de classe, il y avait deux personnes trans dont une qui a particulièrement capté mon attention. C'est une femme trans dont le genre masculin lui avait été assigné à la naissance. Plus âgée que moi, je l'ai toujours trouvé intelligente, articulée, cultivée et avec un excellent sens de l'humour. C'est une leader dans sa communauté.
C'est aussi une fille qui a un passé extrêmement lourd. Il m'est souvent arrivé de pleurer en pensant à des choses qu'elle avait vécu. Je lui ai souvent dit que j'admirais sa résilience et sa capacité à se lever chaque matin pour aller à l'école malgré tout. Malgré les épreuves et malgré le fait qu'elle voit tout son entourage mourir les uns après les autres, elle est encore là et elle persévère. Elle obtient de meilleurs résultats scolaires que moi et j'ai beaucoup appris en la cotoyant.
Plusieurs personnes de ma cohorte la trouve flamboyante et sont dérangés par sa flamboyance. Pour ma part, j'ai l'impression que cette flamboyance est un mécanisme de défense dans un monde qui lui est hostile et qui a souvent été hostile aux gens qu'elle aime. Pour cette raison, j'accepte sa flamboyance car je crois qu'elle cache une grande vulnérabilité. Je me dis qu'à sa place, je serais sans doute pareil. Alors je la prends comme elle est car je crois que c'est de la "survie".
Voila maintenant 2 ans que l'on se connait et notre relation a beaucoup évolué vers un respect profond et mutuel. Ne vous méprenez pas, j'ai fait plusieurs erreurs de débutante auprès d'elle n'étant pas éduquée sur les enjeux trans. Mais j'ai fait mes devoirs et je continue de le faire et avec le temps, il y a un respect qui s'est installé entre nous deux.
J'ai surtout pris conscience du fait que même si je suis une femme racisée, je demeure privilégiée sur d'autres aspects. Il y a des choses, des services, des institutions et des ressources auxquelles j'ai accès et pour lesquelles elle n'aura jamais accès de son vivant sans doute. Des choses que je prenais pour acquis tandis que pour elle, ce sont des "détails" qui façonnnet son quotidien et son expérience sur notre planète. Je sais aussi que c'est une personne qui peine à joindre les deux bouts financièrement. Et qu'elle n'a personne sur qui compter pour joindre les deux bouts.
Cette année, j'ai remporté plusieurs bourses d'études pour mon engagement social et mes résultats académiques. Et sachant qu'elle a de la difficulté financièrement, cela fait plusieurs mois que je songe à partager l'une de mes bourses d'études avec elle. Pas par pitié. Mais parce que je trouve qu'elle a énormément de potentiel. Elle a abandonné l'école secondaire et est aujourd'hui a l'université et ça prend énormément de travail pour se rendre la ou elle est rendue. Il y a des jours ou elle parle d'abandonner, de laisser tomber, car elle est fatiguée. Mais je veux qu'elle réussise et obtienne son diplome parce que je la trouve plus talentueuse que moi à bien des égards. Je trouve qu'elle mérite ces bourses plus que moi.
J'hésite à partager une partie de mes bourses car je ne sais pas si j'ai le droit de faire cela. Et je ne veux pas qu'elle croit que je la prends en pitié. Je l'estime profondément et bien avant d'être une personne trans, elle est tout simplemnet mon amie et je veux qu'elle réussisse parce qu'elle est brillante.
Qu'en pensez-vous?
Comme bien des gens, j'ai passé une bonne partie de mon enfance et adolescence sans connaître de personnes trans excepté pour les cas que l'on voyait dans les médias. Je véhiculais sans m'en rendre compte des propos qui traduisaient une fermeture d'esprit et une très grande ignorance sur un sujet qui me dépassait. Je me croyais experte d'un sujet que je ne maitrisais pas du tout et que je ne pourrai jamais maitriser complètement car je suis cisgenre et hétérosexuelle. J'avais intériorisé l'hétéronormativité ambiante qui est présente dans notre société et ce, dès l'enfance.
Lorsque je suis arrivée à l'université pour la première fois, dans ma salle de classe, il y avait deux personnes trans dont une qui a particulièrement capté mon attention. C'est une femme trans dont le genre masculin lui avait été assigné à la naissance. Plus âgée que moi, je l'ai toujours trouvé intelligente, articulée, cultivée et avec un excellent sens de l'humour. C'est une leader dans sa communauté.
C'est aussi une fille qui a un passé extrêmement lourd. Il m'est souvent arrivé de pleurer en pensant à des choses qu'elle avait vécu. Je lui ai souvent dit que j'admirais sa résilience et sa capacité à se lever chaque matin pour aller à l'école malgré tout. Malgré les épreuves et malgré le fait qu'elle voit tout son entourage mourir les uns après les autres, elle est encore là et elle persévère. Elle obtient de meilleurs résultats scolaires que moi et j'ai beaucoup appris en la cotoyant.
Plusieurs personnes de ma cohorte la trouve flamboyante et sont dérangés par sa flamboyance. Pour ma part, j'ai l'impression que cette flamboyance est un mécanisme de défense dans un monde qui lui est hostile et qui a souvent été hostile aux gens qu'elle aime. Pour cette raison, j'accepte sa flamboyance car je crois qu'elle cache une grande vulnérabilité. Je me dis qu'à sa place, je serais sans doute pareil. Alors je la prends comme elle est car je crois que c'est de la "survie".
Voila maintenant 2 ans que l'on se connait et notre relation a beaucoup évolué vers un respect profond et mutuel. Ne vous méprenez pas, j'ai fait plusieurs erreurs de débutante auprès d'elle n'étant pas éduquée sur les enjeux trans. Mais j'ai fait mes devoirs et je continue de le faire et avec le temps, il y a un respect qui s'est installé entre nous deux.
J'ai surtout pris conscience du fait que même si je suis une femme racisée, je demeure privilégiée sur d'autres aspects. Il y a des choses, des services, des institutions et des ressources auxquelles j'ai accès et pour lesquelles elle n'aura jamais accès de son vivant sans doute. Des choses que je prenais pour acquis tandis que pour elle, ce sont des "détails" qui façonnnet son quotidien et son expérience sur notre planète. Je sais aussi que c'est une personne qui peine à joindre les deux bouts financièrement. Et qu'elle n'a personne sur qui compter pour joindre les deux bouts.
Cette année, j'ai remporté plusieurs bourses d'études pour mon engagement social et mes résultats académiques. Et sachant qu'elle a de la difficulté financièrement, cela fait plusieurs mois que je songe à partager l'une de mes bourses d'études avec elle. Pas par pitié. Mais parce que je trouve qu'elle a énormément de potentiel. Elle a abandonné l'école secondaire et est aujourd'hui a l'université et ça prend énormément de travail pour se rendre la ou elle est rendue. Il y a des jours ou elle parle d'abandonner, de laisser tomber, car elle est fatiguée. Mais je veux qu'elle réussise et obtienne son diplome parce que je la trouve plus talentueuse que moi à bien des égards. Je trouve qu'elle mérite ces bourses plus que moi.
J'hésite à partager une partie de mes bourses car je ne sais pas si j'ai le droit de faire cela. Et je ne veux pas qu'elle croit que je la prends en pitié. Je l'estime profondément et bien avant d'être une personne trans, elle est tout simplemnet mon amie et je veux qu'elle réussisse parce qu'elle est brillante.
Qu'en pensez-vous?
- shunAncien⋅ne
- Messages : 637
Date d'inscription : 10/04/2015
Re: Comment réagiriez-vous?
17.07.16 21:07
Je pense que la fin de ton post parle d'elle même : dit lui que tu es son amie et que tu souhaiterais te montrer solidaire pour les études, parce que tu sais que tu bénéficies de financements auxquels elle n'a pas accès.
Je crois qu'il n'y a rien d'autre à dire ^^.
Je crois qu'il n'y a rien d'autre à dire ^^.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Comment réagiriez-vous?
18.07.16 2:06
Personnellement, je n'ai jamais mal pris le fait qu'on me propose ou qu'on m'offre une aide financière. Ceci dit, il ne s'agit que de mon cas et autrui peut réagir autrement, mais je pense qu'on a trop tendance à considérer l'argent comme un tabou, alors que concrètement, quand on a du mal à joindre les deux bouts, un-e ami-e qui propose une aide financière, c'est plus du soulagement qu'autre chose.
Je crois que cette idée que l'argent doit se mériter et ne pas être offert ou partagé, nous vient en partie de la culture capitaliste. En partie aussi de la culture catholique de la charité, avec laquelle l'argent offert devient un moyen de rappeler qu'on a chacun-e une place bien définie : en haut celui ou celle qui donne, et dessous, celle ou celui qui reçoit. Pas d'égalité possible.
Par exemple, vers chez ma mère, au pied du Crêt de Chaussitre, il y a une statue de Saint Martin, qui est devenu saint parce qu'il a croisé un indigent et lui a offert la moitié de son manteau. La statue le représente sur son cheval, alors que l'indigent est assis par terre, et Martin tend son demi-manteau déchiré en deux là-bas en bas, dans une attitude qui sent quand même bien le dédain. Une sanctification à peu de frais, avec laquelle le principe d'égalité est piétiné et où la solidarité est remplacée par la charité. Charité bien ordonnée commence par une société dans laquelle il y a des riches et des pauvres, des dominant-e-s et des dominé-e-s.
Rien à voir avec le fait d'offrir une part de sa bourse à une amie pour que celle-ci ait la possibilité d'accéder avec plus d'égalité à l'accomplissement de ses études.
Je crois que cette idée que l'argent doit se mériter et ne pas être offert ou partagé, nous vient en partie de la culture capitaliste. En partie aussi de la culture catholique de la charité, avec laquelle l'argent offert devient un moyen de rappeler qu'on a chacun-e une place bien définie : en haut celui ou celle qui donne, et dessous, celle ou celui qui reçoit. Pas d'égalité possible.
Par exemple, vers chez ma mère, au pied du Crêt de Chaussitre, il y a une statue de Saint Martin, qui est devenu saint parce qu'il a croisé un indigent et lui a offert la moitié de son manteau. La statue le représente sur son cheval, alors que l'indigent est assis par terre, et Martin tend son demi-manteau déchiré en deux là-bas en bas, dans une attitude qui sent quand même bien le dédain. Une sanctification à peu de frais, avec laquelle le principe d'égalité est piétiné et où la solidarité est remplacée par la charité. Charité bien ordonnée commence par une société dans laquelle il y a des riches et des pauvres, des dominant-e-s et des dominé-e-s.
Rien à voir avec le fait d'offrir une part de sa bourse à une amie pour que celle-ci ait la possibilité d'accéder avec plus d'égalité à l'accomplissement de ses études.
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