polémique féministe
07.05.12 12:31
Dans la droite ligne des débats houleux qui traversent le mouvement féministe, une nouvelle polémique se développe. Elsa Dorlin et Eleni Varikas qui sont deux universitaires, spécialistes du genre et militantes féministe ont publié un texte de pétition "nous, féministes".
http://www.contretemps.eu/fr/interventions/nous-f%C3%A9ministes-1
D'autres féministes (qui se disent féministes radicales) en désaccord avec ce texte ont répondu
http://www.feministes-radicales.org/2012/05/06/vous-feministes-reponse-au-manifeste-sex-positiv-d-elsa-dorlin-et-eleni-varikas/
Le premier texte appelait à voter Hollande au second tour, mais ce n'est pas ce qui fait débat entre les deux textes. Le premier se situe dans un questionnement intersectionnel, il essaye de saisir l'articulation des différents rapports sociaux et des différents rapports d'oppression de classe, de genre et de "race", notamment dans le refus de l'instrumentalisation du féminisme à des fins racistes. Le second affirme l'irréductibilité du patriarcat et le danger de dissoudre le féminisme dans d'autres luttes.
Personnellement je me sens plus proche du premier texte, mais je vais lire attentivement le second pour bien comprendre les critiques qu'il lui adresse.
http://www.contretemps.eu/fr/interventions/nous-f%C3%A9ministes-1
D'autres féministes (qui se disent féministes radicales) en désaccord avec ce texte ont répondu
http://www.feministes-radicales.org/2012/05/06/vous-feministes-reponse-au-manifeste-sex-positiv-d-elsa-dorlin-et-eleni-varikas/
Le premier texte appelait à voter Hollande au second tour, mais ce n'est pas ce qui fait débat entre les deux textes. Le premier se situe dans un questionnement intersectionnel, il essaye de saisir l'articulation des différents rapports sociaux et des différents rapports d'oppression de classe, de genre et de "race", notamment dans le refus de l'instrumentalisation du féminisme à des fins racistes. Le second affirme l'irréductibilité du patriarcat et le danger de dissoudre le féminisme dans d'autres luttes.
Personnellement je me sens plus proche du premier texte, mais je vais lire attentivement le second pour bien comprendre les critiques qu'il lui adresse.
- LuchaAncien⋅ne
- Messages : 809
Date d'inscription : 18/12/2011
Re: polémique féministe
08.05.12 18:44
J'ai parcouru les deux textes, et je me sens très proche du second. Sans compter que je suis entièrement d'accord avec cette phrase:
Certes, il ne faut pas instrumentaliser le féminisme à des fins racistes, mais il ne faut pas non plus avoir peur de critiquer le patriarcat des "autres" par crainte de l'accusation de racisme.
Trompes De Fallope a écrit:Le second affirme l'irréductibilité du patriarcat et le danger de dissoudre le féminisme dans d'autres luttes.
Certes, il ne faut pas instrumentaliser le féminisme à des fins racistes, mais il ne faut pas non plus avoir peur de critiquer le patriarcat des "autres" par crainte de l'accusation de racisme.
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Re: polémique féministe
17.05.12 22:55
Pour ma part, je trouve le second diffamatoire quand il parle de "chantage au racisme" et d'"insultes sexistes" au sein du premier texte. J'ai souvent l'impression qu'il ne fait pas référence à "Nous, féministes", mais à des propos supposés (cf toute la fin concernant "la demi mondaine, pute", la citation de Freud et Lacan à laquelle il est fait allusion comme si "Nous, féministes" se l'appropriait, l'imputation d'insultes sexistes que je ne retrouve pas...
Concernant le "chantage au racisme", il ne me semble pas sous entendu, encore moins exprimé, dans "Nous, féministes", que le féminisme devrait se soumettre à quoi que ce soit. Que les auteures de Vous, "féministes" trouvent condamnable d'être contre les lois anti-voile et de ne pas être abolitionniste, passe. Mais c'est autre chose d'accuser les auteures de Nous, féministes, qui plus est en termes aussi violents, de vouloir subordonner le féminisme à je ne sais quoi, ramper aux pieds du patriarcat, écraser les femmes, être pro-voile, pro-prostitution et autres joyeusetés.
Comme si dénoncer les lois anti-voile, notamment le fait qu'elles aient été votées par des gens n'en ayant rien à carrer des droits des femmes, les utilisant par pur intérêt politique, ou défendre des droits pour les prostituées, équivalait à glorifier la prostitution et le voile en eux mêmes.
Comme si dénoncer, y compris en tant que féministes, des politiques racistes (par exemple) équivalait à "avoir peur de critiquer le partiarcat des "autres"" ou, plus largement, à refuser d'attaquer les personnes racisées.
De même pour l'accusation de ne pas parler des violences au sein du patriarcat :
Les problèmes sus cités dabs Vous, "féministes" sont d'autant plus regrettables qu'il serait intéressant de débattre de l'usage (ou non usage) de "patriarcat", des dangers de "dissolution" du féminisme et des difficultés à condamner les instrumentalisations racistes -ou autres- du féminisme en condamnant tout aussi clairement le "sexisme des dominés", et surtout en gardant un discours lisible (sans parler des autres problématiques qui s'entrelacent à celles-ci).
Et bien sûr en condamnant l'instrumentalisation de l'anti racisme à des fins sexistes, mais ça me semble plutôt acquis en milieu féministe (je dis bien en milieu féministe, les justifications pseudo antiracistes -je dirais plutôt "relativistes culturelles" en général- étant malheureusement plus ou moins courantes ailleurs... Pour l'anecdote, les TumulTueuses et l'élu Vert intervenu pour exiger la démission de l'adjoint au maire du XIXe, condamné pour violences conjugales, ont été accusés par R. Madec, le maire du XIXe d'être l'équivalent de Claude Guéant et de prôner la double peine du fait que Y. Chaout, l'adjoint en question, soit un élu "issu de la diversité"... On en pouffe encore, mais c'est grave d'entendre ça, et malheureusement courant, j'ai l'impression. Il est également regrettable d'entendre l'expression "issu de la diversité" plébiscitée par un prétendu parti de gauche, mais c'est une autre histoire. Fin du 3614 "la vie de mon assoc")
PS : le lien vers Vous, "féministes" sur féministes radicales donne sur une image qui fait mal aux yeux, donc voir plutôt ici
Concernant le "chantage au racisme", il ne me semble pas sous entendu, encore moins exprimé, dans "Nous, féministes", que le féminisme devrait se soumettre à quoi que ce soit. Que les auteures de Vous, "féministes" trouvent condamnable d'être contre les lois anti-voile et de ne pas être abolitionniste, passe. Mais c'est autre chose d'accuser les auteures de Nous, féministes, qui plus est en termes aussi violents, de vouloir subordonner le féminisme à je ne sais quoi, ramper aux pieds du patriarcat, écraser les femmes, être pro-voile, pro-prostitution et autres joyeusetés.
Comme si dénoncer les lois anti-voile, notamment le fait qu'elles aient été votées par des gens n'en ayant rien à carrer des droits des femmes, les utilisant par pur intérêt politique, ou défendre des droits pour les prostituées, équivalait à glorifier la prostitution et le voile en eux mêmes.
Comme si dénoncer, y compris en tant que féministes, des politiques racistes (par exemple) équivalait à "avoir peur de critiquer le partiarcat des "autres"" ou, plus largement, à refuser d'attaquer les personnes racisées.
De même pour l'accusation de ne pas parler des violences au sein du patriarcat :
Effectivement, c'est bref, mais il s'agit d'un texte de circonstance s'opposant à la RECUPERATION du féminisme, l'instrumentalisation des droits des femmes à des fins racistes, capitalistes etc, ce qui le rend nécessairement centré plutôt sur cette instrumentalisation que sur le féminisme même.Quelle place occupe la lutte contre l’hétérosexisme dans notre société : une société qui maintient les discriminations salariales comme la permissivité des insultes ou l’impunité des violences ?
Les problèmes sus cités dabs Vous, "féministes" sont d'autant plus regrettables qu'il serait intéressant de débattre de l'usage (ou non usage) de "patriarcat", des dangers de "dissolution" du féminisme et des difficultés à condamner les instrumentalisations racistes -ou autres- du féminisme en condamnant tout aussi clairement le "sexisme des dominés", et surtout en gardant un discours lisible (sans parler des autres problématiques qui s'entrelacent à celles-ci).
Et bien sûr en condamnant l'instrumentalisation de l'anti racisme à des fins sexistes, mais ça me semble plutôt acquis en milieu féministe (je dis bien en milieu féministe, les justifications pseudo antiracistes -je dirais plutôt "relativistes culturelles" en général- étant malheureusement plus ou moins courantes ailleurs... Pour l'anecdote, les TumulTueuses et l'élu Vert intervenu pour exiger la démission de l'adjoint au maire du XIXe, condamné pour violences conjugales, ont été accusés par R. Madec, le maire du XIXe d'être l'équivalent de Claude Guéant et de prôner la double peine du fait que Y. Chaout, l'adjoint en question, soit un élu "issu de la diversité"... On en pouffe encore, mais c'est grave d'entendre ça, et malheureusement courant, j'ai l'impression. Il est également regrettable d'entendre l'expression "issu de la diversité" plébiscitée par un prétendu parti de gauche, mais c'est une autre histoire. Fin du 3614 "la vie de mon assoc")
PS : le lien vers Vous, "féministes" sur féministes radicales donne sur une image qui fait mal aux yeux, donc voir plutôt ici
Quelle place occupe la lutte contre l’hétérosexisme dans notre société : une société qui maintient les discriminations salariales comme la permissivité des insultes ou l’impunité des violences ?
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