Mohammed Merah et la virilité : la tragédie au prisme du genre
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Lucha
pierregr
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http://blogs.mediapart.fr/blog/legaytapant/030412/mohammed-merah-et-la-virilite-la-tragedie-au-prisme-du-genre
C'est moi qui souligne
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C'est moi qui souligne
Et si la question du genre, via l’obsession maladive d’un certain islam (et d’une certaine culture « caille-ra ») pour la virilité, nous éclairait sur un tel déchaînement de violence ? Non qu’elle en serait la cause première (si tant est qu’il y en ait une), mais comme le substrat sur lequel se développe la personnalité monstrueuse de Mohammed, l’une des voix tapies dans l’ombre qui lui souffle à l’oreille que ces hommes n’en sont pas, que ces enfants ne sont pas humains, que tous et toutes doivent se soumettre et s’agenouiller devant le triomphe de l’homme fidèle et fou de dieu.
« J’ai mis la France à la genou », aurait-il déclaré. « Niquer la France », « la France est une salope », la métaphore est filée d’un texte de rap « hardcore » à l’autre. S’affirmer absolument comme un mâle dominant, insoumis à ce peuple efféminé. Ne surtout pas trahir la cause. Le traître est un enculé, un pédé. Une obsession somme toute assez banale à l’âge des poussées d’hormones, mais qui prend ici, dans le cas de « la racaille », des proportions incroyables. Obsession incroyable dans sa permanence – écoutez les, dans la rue, sur les blogs, dans le RER, incanter l’insulte, la répéter à chaque phrase. Obsession incroyable aussi dans la violence du rejet qu’elle opère. Voyez les déchaînements terrifiants des nombreuses agressions homophobes de ces derniers mois. Entendez-les vous déclarer qu’ils ne veulent même pas s’approcher d’un pédé, surtout ne pas être touché. Fréquence incroyable des affaires de couples, homos et lesbiens, chassés de leur quartier, obligés de déménager parce que « y a pas de ça chez nous » (ces mots choquants qu’avaient employés les « caille-ra » du 19e pour justifier l’agression des deux acteurs trans du film portugais « mourir comme un homme ») Interdit de résidence. Interdit de vie. Interdit d’humanité.
Psychologie de comptoir, mais n’empeche : faut il rappeler que la plupart de ces gamins grandissent avec des pères « castrés » par le processus migratoire, la non-maîtrise de la langue, la condamnation à des sous-emplois (quand il y en a un), l’assistanat, l’insulte quotidienne subie de la part des institutions républicaines (l’école, la police, les services publics) qui vous rappellent tous les jours que vous ne valez rien, en tout cas pas grand chose. Des pères incapables, inadaptés, impuissants. Des fils coqs, vengeurs. La France est une pute, une salope, qui a trahi, pompé ses colonies, et qui continue l’humiliation éhontée de ses populations immigrées, vendue qui plus est au grand satan du capitalisme et du sionisme. Voilà ce qui trotte dans la tête du caille-ra de base.
« Y a pas de ça chez nous ». C’est précisément ce que répète à tout va Ahmanedinejad en Iran. Suivi par la grande majorité des pays musulmans. Les 56 pays que regroupe l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à l’ONU ont violemment chahuté le 7 mars 2012 (à nouveau, dans des proportions rarement atteintes lors de ces débats) la discussion qu’avait voulue Ban Ki Moon, première historique, sur les discriminations à l’encontre des LGBT dans le monde (alors qu’aujourd’hui 76 pays ont des législations discriminatoires ou résolument homophobes, un euphémisme pour décrire des situations qui vont de la peine de mort à l’emprisonnement en passant par les appels à la dénonciation ou au lynchage). Certes l’OCI était en cela rejoint par de nombreux pays africains non musulmans, mais c’est elle qui s’est faite la plus virulente. « Y a pas de ça chez nous ». Laissez nous casser du pédé en paix, était, en substance, leur revendication.
C’est que l’islam radical apparaît de plus en plus, ou cherche en tout cas à se présenter, comme le dernier bastion de la masculinité triomphante, insoumise aux folies des femmes et des folles. Les autres cultures, Russie et Chine mise a part, ont baissé leur pantalon. Les hommes s’y font humilié, mené à la baguette par leurs femmes « libérées » et des armées de dangereux pédés (dangereux parce que propagandistes, le vieux débat de la visibilité perçue comme acte de recrutement et perversion ayant retrouvé une nouvelle jeunesse). « Blanc » n’est plus une couleur de peau, mais la couleur sensible et fragile d’une culture affétée, efféminée, une culture de la soumission. Au capital, aux Etats-Unis, aux sionistes, aux femmes, aux pédés. Tous dans le même panier. Une culture où il fait bon lire. Mais lire, pour le caille-ra, est un truc de pédé.
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Etes-vous d'accord avec le dernier § ?
- LuchaAncien⋅ne
- Messages : 809
Date d'inscription : 18/12/2011
Je ne suis pas d'accord, je suis entièrement d'accord. Je n'aurais pas mieux formuler et résumer une situation que je connais hélas trop bien..
Oui et non.pierregr a écrit:Etes-vous d'accord avec le dernier § ?
Il y a surtout des personnes qui se prétendent détenteurs de repères qui cherchent à pêcher des jeunes en manquant et recherchant, n'arrivant pas à les trouver dans la société civile.
Les valoriser ensuite comme "mâles intègres" fait partie de ce travail de pêche.
On retrouve des comportements similaires chez les deux groupes. Pour l'immense majorité (voire la quasi-totalité), ils sont forts en bandes, inconsistants seuls. Ca s'explique aisément par le fait qu'il y a surtout des frustrations et complexes chez les jeunes séduits par ces thèses.
- LuchaAncien⋅ne
- Messages : 809
Date d'inscription : 18/12/2011
Roxappho a écrit:On retrouve des comportements similaires chez les deux groupes. Pour l'immense majorité (voire la quasi-totalité), ils sont forts en bandes, inconsistants seuls. Ca s'explique aisément par le fait qu'il y a surtout des frustrations et complexes chez les jeunes séduits par ces thèses.
Je suis d'accord avec cette analyse. Bien résumée d'ailleurs.
- Insulaire—
- Messages : 166
Date d'inscription : 17/02/2012
je trouve cette analyse tirée par les cheveux et complètement a coté de la plaque
On ne sait pas qui est cet individu atypique et on pourra conjecturer mille suppositions que ça resterait toujours tres incertain
On ne sait pas qui est cet individu atypique et on pourra conjecturer mille suppositions que ça resterait toujours tres incertain
Insulaire a écrit:je trouve cette analyse tirée par les cheveux et complètement a coté de la plaque
On ne sait pas qui est cet individu atypique et on pourra conjecturer mille suppositions que ça resterait toujours tres incertain
Qui ça ? Merah ?
De toute façon, on ne parle pas que de Merah (si c'est à lui que tu penses), on évoque un "virilisme" exacerbé qui conduite à toutes sortes d'aberrations et de discriminations.
- EncreBleu⋅e
- Messages : 17
Date d'inscription : 26/01/2012
http://lmsi.net/Tueries-de-masse-au-masculin-etTueries de masse au masculin et victimes au féminin
par Yanick Dulong et Richard Poulin, Avril 2009
Depuis le début de l’année, les tueries sanglantes se succèdent à un rythme croissant dans le monde. On tente d’expliquer ces terribles drames par les échecs professionnels ou sentimentaux de même que par la folie présumée de leurs auteurs. On envisage également un lien entre ces tueries et la disponibilité des armes à feu, des films et des jeux vidéo violents. Cependant, on ne pose que rarement le regard sur les victimes, comme si les cibles des tueurs n’expliquaient guère leurs motivations. En outre, on ignore généralement que la majorité des victimes de ces tueries sont des femmes et des filles, tandis que les tueurs sont des hommes. (...)
(...) Aux États-Unis, ce sont surtout les hommes d’origine caucasienne qui provoquent des massacres, peu des hommes des minorités ethniques et nationales et encore moins des femmes. Ces deux derniers groupes sont plutôt des victimes de tueries.(...)
(Richard Poulain est un sociologue qui travaille principalement sur (contre) la pornographie, la prostitution et l'hypersexualisation)
Le cas de Merah est particulier en tant que tueur de masse parce qu'issu d'une minorité nationale, mais, comme d'autres tueurs d'extrême-droite par exemple, une communauté idéologique réactionnaire le "nourrit" et lui donne le sentiment de la justesse irréprochable de ses actes.
Ce qui est intéressant c'est que la presse fait immédiatement le rapprochement avec le contexte politique (on ne va pas rater une telle occasion de faire des rapprochements racistes, n'est-ce pas), alors que les nombreux tueurs de masse issu de la culture dominante qui tuent des femmes ou des minoritaires sont effectivement quasiment absous par des explications individualistes (son épouse allait le quitter, les femmes l'évitaient, il était au chômage...).
- LuchaAncien⋅ne
- Messages : 809
Date d'inscription : 18/12/2011
Effectivement, tu fais bien de le souligner, trop souvent les auteurs de tueries sont des hommes. D'ailleurs, juste pour voir, quelqu'un-e connaît-il une femme qui a perpétré ce genre de massacres? Moi je ne peux donner que le nom de Aileen Wuornos (qui tuait ses clients suite à son viol et son quasi-assassinat par un de ceux-ci). Et encore, c'était des actes de tuerie individuels, pas des tueries de masses comme Merah, l'autre Norvégien ou le tueur de Polytechnique en 1989.
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