Avant d'être féministe ?
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Aëlloon
Gambara
(K)eur
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- (K)eur—
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Avant d'être féministe ?
01.05.16 22:51
Bonsoir !
J'ai une question à vous poser qui concerne votre "déclic" vers la question du féminisme.
Je vais expliciter ma demande en vous faisant part de mon expérience personnelle.
En effet, j'ai admis avoir toujours été féministe dans ma présentation sur ce forum. Mais je me rappelle très bien, lorsque j'étais encore collégienne mépriser le féminisme et cracher littéralement sur la "Journée de la femme" et tout ce que cela implique. Mon raisonnement était le suivant : je me sens absolument apte à faire tout ce que fait un homme, donc je ne vois pas l'intérêt de me battre pour ça ou de convaincre qui que ce soit.
Evidemment et heureusement, en prenant de l'âge en faisant des rencontres, en gagnant de l'expérience avec les autres, avec moi-même, j'ai réalisé que nier l'existence d'un combat envers le féminisme, c'était fermer les yeux sur une réalité de mon quotidien.
Sans parler de déclic, ça a été une longue prise de conscience et assez douloureuse. Je me suis dit "Mais merde, tu as fermé ta gueule pendant tout ce temps ?".
Il m'arrive d'avoir honte encore aujourd'hui, en repensant à certaines situations (de harcèlement notamment), où j'ai été passive alors que j'aurai pu réagir en faisant valoir mes droits.
(ça c'est Freud, il vient détendre l'atmosphère)
Je reformule donc ma question : Quel type de déclic vers le féminisme avez-vous vécu ?
Est-ce que c'est une rencontre/un livre/un film/une expérience ou vous vous êtes toujours senti.e.s féministe ?
Je vous laisse me répondre à votre guise et j'ai hâte de vous lire.
Bonne soirée,
(K)
J'ai une question à vous poser qui concerne votre "déclic" vers la question du féminisme.
Je vais expliciter ma demande en vous faisant part de mon expérience personnelle.
En effet, j'ai admis avoir toujours été féministe dans ma présentation sur ce forum. Mais je me rappelle très bien, lorsque j'étais encore collégienne mépriser le féminisme et cracher littéralement sur la "Journée de la femme" et tout ce que cela implique. Mon raisonnement était le suivant : je me sens absolument apte à faire tout ce que fait un homme, donc je ne vois pas l'intérêt de me battre pour ça ou de convaincre qui que ce soit.
Evidemment et heureusement, en prenant de l'âge en faisant des rencontres, en gagnant de l'expérience avec les autres, avec moi-même, j'ai réalisé que nier l'existence d'un combat envers le féminisme, c'était fermer les yeux sur une réalité de mon quotidien.
Sans parler de déclic, ça a été une longue prise de conscience et assez douloureuse. Je me suis dit "Mais merde, tu as fermé ta gueule pendant tout ce temps ?".
Il m'arrive d'avoir honte encore aujourd'hui, en repensant à certaines situations (de harcèlement notamment), où j'ai été passive alors que j'aurai pu réagir en faisant valoir mes droits.
(ça c'est Freud, il vient détendre l'atmosphère)
Je reformule donc ma question : Quel type de déclic vers le féminisme avez-vous vécu ?
Est-ce que c'est une rencontre/un livre/un film/une expérience ou vous vous êtes toujours senti.e.s féministe ?
Je vous laisse me répondre à votre guise et j'ai hâte de vous lire.
Bonne soirée,
(K)
- GambaraBanni·e
- Messages : 170
Date d'inscription : 24/07/2015
Re: Avant d'être féministe ?
01.05.16 23:47
Me concernant, il n'y a jamais vraiment eu de "déclic", car j'ai toujours éprouvé en tant qu'individue un sentiment d'injustice diffus par rapport à comment la "société" me traitait. Et je me rappelle très nettement de la première fois où j'ai compris que j'avais une identité spécifique aux yeux de la société, la première fois où j'ai fait l'expérience de la discrimination en fait (enfin mon premier souvenir de ça car ce n'était évidemment pas la première discrimination dont j'étais l'objet), c'était vers mez 4-5ans, lorsque mon père m'a dit "c'est vraiment pas bien (beau ?) de dire des gros mots comme ça, surtout dans la bouche d'une fille". Là, j'ai compris que j'appartenais à un régime spécial, distinct (distinct de quoi ? Je ne le savais pas encore et qu'il s'agissait d'un régime de seconde zone, je ne l'avais pas encore bien cerné non plus). Ensuite, ma compréhension de ce "régime" s'est affiné au fil de mes expériences et j'ai très vite éprouvé beaucoup de colère, de rage et un grand sentiment de révolte.
En réalité, la "rencontre" avec le féminisme, pour reprendre tes termes, cela a été entre ce que j'ai toujours pensé/senti et des théories, entre mon expérience et des idées formulées. Quand j'ai lu Beauvoir, Lafon, Dworkin, je me suis dit "Mais oui, c'est ça ! C'est exactement ça !". Enfin, je lisais des analyses qui recoupaient mon expérience. Et ça m'a beaucoup changé de ce que je pouvais lire à l'école !
Après j'ai souhaité dépasser cette rencontre intellectuelle et passer au concret (de la théorie à la pratique) et je dois avouer qu'en me frottant à la" scène " feministe actuelle, j'ai pas mal déchanté. J'ai été déçue de la teneur des débats dans les divers groupes que j'ai tenté d'approcher, j'ai trouvé difficile d'y co-produire de la pensée critique aboutissant à des propositions alternatives positives. Après peut-être n'étais je pas prête à l'époque, peut être que ce n'était pas le bon moment. Je ne sais pas... Toujours est il que je me suis surtout aperçue des limites de cette pensée et de ce mouvement qui me semble pour ainsi dire actuellement plus ou moins au point mort. Ou en tout cas soumis à des contradictions internes si fortes que rien ne peut éclore de cohérent et impactant.
Voilà pour ma contribution. Par contre j'aimerais que tu n'exploites pas texto mon témoignage pour ton art.
En réalité, la "rencontre" avec le féminisme, pour reprendre tes termes, cela a été entre ce que j'ai toujours pensé/senti et des théories, entre mon expérience et des idées formulées. Quand j'ai lu Beauvoir, Lafon, Dworkin, je me suis dit "Mais oui, c'est ça ! C'est exactement ça !". Enfin, je lisais des analyses qui recoupaient mon expérience. Et ça m'a beaucoup changé de ce que je pouvais lire à l'école !
Après j'ai souhaité dépasser cette rencontre intellectuelle et passer au concret (de la théorie à la pratique) et je dois avouer qu'en me frottant à la" scène " feministe actuelle, j'ai pas mal déchanté. J'ai été déçue de la teneur des débats dans les divers groupes que j'ai tenté d'approcher, j'ai trouvé difficile d'y co-produire de la pensée critique aboutissant à des propositions alternatives positives. Après peut-être n'étais je pas prête à l'époque, peut être que ce n'était pas le bon moment. Je ne sais pas... Toujours est il que je me suis surtout aperçue des limites de cette pensée et de ce mouvement qui me semble pour ainsi dire actuellement plus ou moins au point mort. Ou en tout cas soumis à des contradictions internes si fortes que rien ne peut éclore de cohérent et impactant.
Voilà pour ma contribution. Par contre j'aimerais que tu n'exploites pas texto mon témoignage pour ton art.
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Re: Avant d'être féministe ?
02.05.16 19:17
Pareil, pas de déclic clair et précis, par contre c'est à l'école que j'ai subi mes premières agressions et remarques sexistes: le fameux "pour une fille", j'en ai mangé des tonnes: je n'écrivais pas assez bien, ne présentais pas mes cahiers de façon suffisamment agréable "pour une fille", et puis il y a aussi tous ces mecs qui soulevaient les jupes des filles.Fove a écrit:Me concernant, il n'y a jamais vraiment eu de "déclic", car j'ai toujours éprouvé en tant qu'individue un sentiment d'injustice diffus par rapport à comment la "société" me traitait.
D'ailleurs, quand j'en ai parlé à ma mère, qui a pris rendez-vous avec le directeur, ça s'est retourné contre moi: quand la maîtresse en a parlé à la classe, toute la classe s'est liguée contre moi, et les filles en particulier: j'avais brisé l'omerta et je devais payer.
Briser le silence était pour elles manifestement plus grave que de subir des agressions sexistes au quotidien.
Donc là, le déclic il s'est plutôt fait sur l'idée que parmi les filles, beaucoup étaient du côté de l'ennemi et nous trahissaient toutes en me trahissant.
J'avais sept ans.
Ensuite c'est au collège (privé et catho) que j'ai subi mes premiers attouchements, vers
J'étais très seule, et des groupes de mecs plus âgés me touchaient la chatte dans la file d'attente de la cantine (on était 5000 élèves).
Personne n'a jamais bougé pour me défendre, là encore.
Pareil: lorsque j'ai été à seize ans dans mes premières réunions féministes, on m'a reproché d'avoir un corps "trop normé" (alors que je me sentais moche et anormale au possible, donc paies ta double peine), et puis j'étais taggueuse, j'écoutais du hip hop, ce qui était extrêmement mal vu.Fove a écrit: je dois avouer qu'en me frottant à la" scène " féministe actuelle, j'ai pas mal déchanté.
Encore une fois, j'étais bannie, pestiférée, et ça où que j'aille.
Ça a été horrible pour moi de constater qu'au final j'étais mieux acceptée par les mecs avec lesquels je taggais qu'au sein des groupes féministes, même par les plus sexistes d'entre eux.
Tu peux utiliser mon témoignage sans souci !
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Avant d'être féministe ?
02.05.16 20:24
Alors ça, c'est vraiment pas cool... Faire des critiques sur le corps d'une femme, que ce soit pour lui dire qu'elle n'est pas assez normée ou pour lui dire qu'elle l'est trop, c'est franchement pas féministe. J'imagine la déception. Tu crois arriver dans un milieu safe, et pim, t'en prend encore plus sur la gueule que dans les milieux pas safeAëlloon a écrit:Pareil: lorsque j'ai été à seize ans dans mes premières réunions féministes, ont m'a reproché d'avoir un corps "trop normé" (alors que je me sentais moche et anormale au possible, donc paies ta double peine), et puis j'étais taggueuse, j'écoutais du hip hop, ce qui était extrêmement mal vu.
Encore une fois, j'étais bannie, pestiférée, et ça où que j'aille.
Ça a été horrible pour moi de constater qu'au final j'étais mieux acceptée par les mecs avec lesquels je tagguais qu'au sein des groupes féministes, même par les plus sexistes d'entre eux.
Quant à moi, même si j'ai reçu des morceaux d'éducation féministe dans mon enfance, je suis devenue féministe en découvrant ce forum, en fait. Et j'ai découvert ce forum, parce que mon frère y était inscrit. Un jour où on était tous les deux chez ma mère, je l'ai vu aller dessus, ça a piqué ma curiosité, et je suis venue voir.
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Avant d'être féministe ?
02.05.16 22:33
Merci pour vos réponses.
Je tiens tout d'abord à préciser qu'en aucun cas je n'utiliserai des témoignages contre votre gré, dans votre dos pour alimenter mon travail (CF mon dernier message dans mon post de présentation). Je suis là pour échanger avec vous. C'est déjà carrément magique de pouvoir converser sur des intérêts que nous avons en commun alors qu'on ne se connait pas, je suis au anges et je ne veux pas gâcher ça.
Revenons au sujet du post.
Il y a un élément qui m'a beaucoup frappée dans vos témoignages respectifs. C'est la déception qui a découlé de la rencontre entre votre propre vision du féminisme et celui des autres. Je n'ai pas (encore?) vécu cette déception si on peut l'appeler ainsi. Ca m'effraye un peu, au moment où je commence à me trouver un objectif de vie (j'exagère à peine)... J'ai eu une éducation à des années lumières du féminisme et cette prise de conscience a contribué aussi à découvrir qui j'étais vraiment ( ).
Fove :
Je propose une explication : le sujet est tellement complexe et propre à chaque culture que son impact est moindre. Aussi, même s'ils sont gangrénés par des contradictions (et par des crétin.e.s), l'hétérogénéité et la multiplication des mouvements féministes ne sont-ils pas bon signe quant à son déploiement ? Quelles sont tes attentes envers les mouvements féministes ? Quels sont les "contradictions internes" que tu pointes du doigt et qui mettent le mouvement au point mort à ton sens ? Où en es-tu de tes lectures et de ta réconciliation (si elle existe!) avec le féminisme ?
Aëlloon : Entre attouchements et rejet de la part de groupes féministes, ton témoignage me laisse sur le cul. C'est terrible cette confrontation aussi violente et aussi prématurée avec le sexisme... Et c'est terrible de se sentir rejetée de ta propre "communauté". J'imagine que tu as dû te réconcilier avec le féminisme depuis...mais de quelle manière ?
Araignée (J'ai très peur des araignées mais je suppose que tu es une araignée sympa) Qu'appelles-tu
Je ne suis pas journaliste d'investigation, je vous rassure, je pose beaucoup de questions IRL aussi
(K)
Je tiens tout d'abord à préciser qu'en aucun cas je n'utiliserai des témoignages contre votre gré, dans votre dos pour alimenter mon travail (CF mon dernier message dans mon post de présentation). Je suis là pour échanger avec vous. C'est déjà carrément magique de pouvoir converser sur des intérêts que nous avons en commun alors qu'on ne se connait pas, je suis au anges et je ne veux pas gâcher ça.
Revenons au sujet du post.
Il y a un élément qui m'a beaucoup frappée dans vos témoignages respectifs. C'est la déception qui a découlé de la rencontre entre votre propre vision du féminisme et celui des autres. Je n'ai pas (encore?) vécu cette déception si on peut l'appeler ainsi. Ca m'effraye un peu, au moment où je commence à me trouver un objectif de vie (j'exagère à peine)... J'ai eu une éducation à des années lumières du féminisme et cette prise de conscience a contribué aussi à découvrir qui j'étais vraiment ( ).
Fove :
Cela me semble très dur comme constat.Ce mouvement (...) soumis à des contradictions internes si fortes que rien ne peut éclore de cohérent et impactant
Je propose une explication : le sujet est tellement complexe et propre à chaque culture que son impact est moindre. Aussi, même s'ils sont gangrénés par des contradictions (et par des crétin.e.s), l'hétérogénéité et la multiplication des mouvements féministes ne sont-ils pas bon signe quant à son déploiement ? Quelles sont tes attentes envers les mouvements féministes ? Quels sont les "contradictions internes" que tu pointes du doigt et qui mettent le mouvement au point mort à ton sens ? Où en es-tu de tes lectures et de ta réconciliation (si elle existe!) avec le féminisme ?
Aëlloon : Entre attouchements et rejet de la part de groupes féministes, ton témoignage me laisse sur le cul. C'est terrible cette confrontation aussi violente et aussi prématurée avec le sexisme... Et c'est terrible de se sentir rejetée de ta propre "communauté". J'imagine que tu as dû te réconcilier avec le féminisme depuis...mais de quelle manière ?
Araignée (J'ai très peur des araignées mais je suppose que tu es une araignée sympa) Qu'appelles-tu
?morceaux d'éducation féministe
Je ne suis pas journaliste d'investigation, je vous rassure, je pose beaucoup de questions IRL aussi
(K)
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Re: Avant d'être féministe ?
03.05.16 0:08
Pour le coup, je ne me suis pas sentie brouillée avec le féminisme mais avec certaines féministes: à l'époque, comme mon rapport avec ces féministes-là ne me convenait pas, je l'ai laissé en mode veille, tout en allant voir ailleurs s'y j'y étais... et j'y étais mieux !
J'ai du garder un espoir inconscient de rencontrer des féministes pas "fachos" ou disons la conscience que d'autres féministes plus humaines (et plus accueillantes ^^) devaient bien exister quelque part, et je dois dire que ce forum a été une très belle surprise, car même si nous y avons régulièrement d'âpres débats qui tournent parfois limite prise de becs, je m'y sens plus comprise que je ne l'ai jamais été dans aucun autre milieu/structure féministe ( longue vie au forum !!!).
Il faut aussi voir que dans ma ville de province de taille moyenne, dans les années 90, seules les radfem (lesbiennes de préférence, car je suis bie et ça aussi c'était mal vu: bouh la vilaine qui couche avec l'ennemi !) avaient pignon sur rue, et beaucoup d'entre elles ont évolué (j'en ai recroisé pas mal par la suite à diverses occasions): à l'époque, leur féminisme était non seulement très radical mais surtout très théorique, et je trouvais qu'elles se voilaient la face sur tout un tas d'aspects concrets de la réalité: trop facile.
Alors que ce qui m'intéresse, c'est justement comment on fait, en tant que femme, quand on est confrontée à des questions difficiles de la vie quotidienne et notamment comment concilier des choses qui a priori sont inconciliables (comme le hip hop et le féminisme, par exemple) ou encore comment vivre/exercer certaines passions ou professions en féministe quand ces milieux semblent hostiles (genre le bâtiment ou la sécurité entre autres ^^)...
Ou encore: pourquoi être bie ferait de moi une féministe de seconde zone par rapport aux lesbiennes, pourquoi s'habiller sexy serait nécessairement une trahison du féminisme...
Ce sont toutes ces questions délicates, tordues, toutes ces apparentes contradictions qui n'en sont pas toujours que je trouve passionnantes.
Ça n'a vraiment pas été facile pour moi, je ne te le cache pas, surtout qu'à l'époque sur la question je n'avais que très peu de modèles voir pas du tout sur le fait d'être une féministe non radfem mais intellectuellement honnête:
les années 90 c'était top pour la musique, mais pour les femmes ni bimbos ultra normées ni gentiment effacées ni radfem, c'était pas la fête... Et j'avais pas de grand frère ni de potes pour me protéger, donc c'était sans filet !!!
Surtout qu'étant très curieuse moi aussi, je voulais tout tester de ce qui existait IRL: hip hop, ragga, punk, free parties, sexualité, drogues, squatts autogérés, manifs, fêtes, danse, musique, jonglage... et encore je t'épargne la suite de la liste !
Mais pour revenir à ta question, je n'ai (malheureusement ou pas) jamais eu l'impression d'appartenir à une communauté (sauf les Bretons, parce que ça c'est de famille !) et j'ai traversé la vie un peu comme un désert, en étant très seule, donc j'ai affiné ma vision du féminisme dans mon coin, ce qui m'a appris que chaque féministe développe un féminisme différent, qu'il est quasi impossible de trouver des vérités universelles qui s'appliquent à toutes et à tout tant le nombre de situations et leur diversité est vaste !
C'est à la fois tout l'intérêt de l'échange et toute la difficulté de ne pas se décourager: il faut avoir beaucoup de patience et de détermination sur ce chemin.
Et ça n'est jamais fini !
(je ne suis pas sûre d'avoir répondu à ta question, donc n'hésites pas à m'en reposer d'autres, et ce même si j'ai bien répondu, les questions sont bienvenues !)
J'ai du garder un espoir inconscient de rencontrer des féministes pas "fachos" ou disons la conscience que d'autres féministes plus humaines (et plus accueillantes ^^) devaient bien exister quelque part, et je dois dire que ce forum a été une très belle surprise, car même si nous y avons régulièrement d'âpres débats qui tournent parfois limite prise de becs, je m'y sens plus comprise que je ne l'ai jamais été dans aucun autre milieu/structure féministe ( longue vie au forum !!!).
Il faut aussi voir que dans ma ville de province de taille moyenne, dans les années 90, seules les radfem (lesbiennes de préférence, car je suis bie et ça aussi c'était mal vu: bouh la vilaine qui couche avec l'ennemi !) avaient pignon sur rue, et beaucoup d'entre elles ont évolué (j'en ai recroisé pas mal par la suite à diverses occasions): à l'époque, leur féminisme était non seulement très radical mais surtout très théorique, et je trouvais qu'elles se voilaient la face sur tout un tas d'aspects concrets de la réalité: trop facile.
Alors que ce qui m'intéresse, c'est justement comment on fait, en tant que femme, quand on est confrontée à des questions difficiles de la vie quotidienne et notamment comment concilier des choses qui a priori sont inconciliables (comme le hip hop et le féminisme, par exemple) ou encore comment vivre/exercer certaines passions ou professions en féministe quand ces milieux semblent hostiles (genre le bâtiment ou la sécurité entre autres ^^)...
Ou encore: pourquoi être bie ferait de moi une féministe de seconde zone par rapport aux lesbiennes, pourquoi s'habiller sexy serait nécessairement une trahison du féminisme...
Ce sont toutes ces questions délicates, tordues, toutes ces apparentes contradictions qui n'en sont pas toujours que je trouve passionnantes.
Ça n'a vraiment pas été facile pour moi, je ne te le cache pas, surtout qu'à l'époque sur la question je n'avais que très peu de modèles voir pas du tout sur le fait d'être une féministe non radfem mais intellectuellement honnête:
les années 90 c'était top pour la musique, mais pour les femmes ni bimbos ultra normées ni gentiment effacées ni radfem, c'était pas la fête... Et j'avais pas de grand frère ni de potes pour me protéger, donc c'était sans filet !!!
Surtout qu'étant très curieuse moi aussi, je voulais tout tester de ce qui existait IRL: hip hop, ragga, punk, free parties, sexualité, drogues, squatts autogérés, manifs, fêtes, danse, musique, jonglage... et encore je t'épargne la suite de la liste !
Mais pour revenir à ta question, je n'ai (malheureusement ou pas) jamais eu l'impression d'appartenir à une communauté (sauf les Bretons, parce que ça c'est de famille !) et j'ai traversé la vie un peu comme un désert, en étant très seule, donc j'ai affiné ma vision du féminisme dans mon coin, ce qui m'a appris que chaque féministe développe un féminisme différent, qu'il est quasi impossible de trouver des vérités universelles qui s'appliquent à toutes et à tout tant le nombre de situations et leur diversité est vaste !
C'est à la fois tout l'intérêt de l'échange et toute la difficulté de ne pas se décourager: il faut avoir beaucoup de patience et de détermination sur ce chemin.
Et ça n'est jamais fini !
(je ne suis pas sûre d'avoir répondu à ta question, donc n'hésites pas à m'en reposer d'autres, et ce même si j'ai bien répondu, les questions sont bienvenues !)
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Avant d'être féministe ?
03.05.16 22:04
Merci de ta réponse @Aëlloon, ton parcours est vraiment intéressant et c'est avec plaisir que je te lis.
Je suis assez surprise de l'assimilation entre féminisme et sexisme qui peut être faite, j'ai du mal à saisir comment on peut pousser un combat (qui est noble à la base) à l'extrémisme (Mais c'est aussi un peu la faute à mon côté bisounours qui pense que c'est l'amour qui sauvera tout). J'ai du mal à imaginer comment on peut éradiquer un mal en le pratiquant.
Aussi, je me trompe peut être mais ça me parait réducteur de considérer que le "genre ennemi" est à l'origine des discriminations. J'ai connu des femmes encore plus misogynes que ne pourraient l'être 200 machos réunis... Et pour prendre mon cas personnel, ce ces femmes misogynes qui me font le plus souffrir à l'heure actuelle.
Cela explique certainement que disait @Fove hier, lorsqu'elle parlait de contradictions. C'est difficile en règle générale de confronter différents points de vue tant ils dépendent de notre expérience et de nos croyances. En pensant qu'en tant que féministes, nous avons en commun d'être des femmes (ayant donc vécu les mêmes discriminations) et en déduire que va forcément en découler quelque chose de constructif me semble être une erreur (Mon Dieu que cette phrase est longue).
Quand tu expliques que tu t'es faite rejeter par certains groupes à cause de ton physique ou de ta sexualité, les bras m'en tombent.
Je reste avec les questions suivantes : Comment est-il possible de lutter contre une discrimination tout en discriminant ? Comment peut-on affirmer qu'on possède une vérité universelle tout en empêchant la possibilité pour les autres de s'exprimer ? L'ennemi du féminisme est-il vraiment le féminisme lui même ?
Je suis assez surprise de l'assimilation entre féminisme et sexisme qui peut être faite, j'ai du mal à saisir comment on peut pousser un combat (qui est noble à la base) à l'extrémisme (Mais c'est aussi un peu la faute à mon côté bisounours qui pense que c'est l'amour qui sauvera tout). J'ai du mal à imaginer comment on peut éradiquer un mal en le pratiquant.
Aussi, je me trompe peut être mais ça me parait réducteur de considérer que le "genre ennemi" est à l'origine des discriminations. J'ai connu des femmes encore plus misogynes que ne pourraient l'être 200 machos réunis... Et pour prendre mon cas personnel, ce ces femmes misogynes qui me font le plus souffrir à l'heure actuelle.
(...) j'ai affiné ma vision du féminisme dans mon coin, ce qui m'a appris que chaque féministe développe un féminisme différent, qu'il est quasi impossible de trouver des vérités universelles qui s'appliquent à toutes et à tout tant le nombre de situations et leur diversité est vaste !
Cela explique certainement que disait @Fove hier, lorsqu'elle parlait de contradictions. C'est difficile en règle générale de confronter différents points de vue tant ils dépendent de notre expérience et de nos croyances. En pensant qu'en tant que féministes, nous avons en commun d'être des femmes (ayant donc vécu les mêmes discriminations) et en déduire que va forcément en découler quelque chose de constructif me semble être une erreur (Mon Dieu que cette phrase est longue).
Quand tu expliques que tu t'es faite rejeter par certains groupes à cause de ton physique ou de ta sexualité, les bras m'en tombent.
Je reste avec les questions suivantes : Comment est-il possible de lutter contre une discrimination tout en discriminant ? Comment peut-on affirmer qu'on possède une vérité universelle tout en empêchant la possibilité pour les autres de s'exprimer ? L'ennemi du féminisme est-il vraiment le féminisme lui même ?
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Re: Avant d'être féministe ?
03.05.16 22:34
Tout à fait, c'est ce qui fait toute la complexité des débats féministes (ou sur d'autres dicriminations/luttes).(K)eur a écrit:Cela explique certainement que disait @Fove hier, lorsqu'elle parlait de contradictions. C'est difficile en règle générale de confronter différents points de vue tant ils dépendent de notre expérience et de nos croyances.
Nous subissons le même type de discriminations, mais comme nous sommes des individues différentes, l'écho est différent en chacune de nous.
Ce que j'observe, dans de nombreux milieux militants, c'est la production de normes inverses à celles du courant dominant oppressant, mais qui du coup enferment ces milieux et les individues qui les composent dans un conformisme basé sur des normes inverses.
Et du coup, fatalement, on continue à reproduire des discriminations, mais à l'inverse du courant dominant.
C'est pourquoi je pense que faire l'inverse de ce que par exemple le patriarcat attend de nous, c'est encore en être victimes: ça donne par exemple des réunions non-mixtes où tu seras moins bien vue si tu as les cheveux longs (c'est cliché mais ça existe), si tu es hétéro, si tu t'habilles sexy... et la liste est longue !
C'est un phénomène de protectionnisme en réaction aux discriminations subies, mais comme dit si bien Audre Lord: "On ne détruit pas la maison du maître avec les outils du maître.".
Effectivement, nous sommes toujours nos pires ennemies, que ce soit à un niveau individuel ou collectif.
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Avant d'être féministe ?
03.05.16 23:16
Ce que j'observe, dans de nombreux milieux militants, c'est la production de normes inverses à celles du courant dominant oppressant, mais qui du coup enferment ces milieux et les individues qui les composent dans un conformisme basé sur des normes inverses.
Je comprends mieux ce que tu veux dire. Ca me parait assez caricatural comme démarche... Surtout lorsque ces normes deviennent "superficielles" : on porte un jugement de valeur sur l'aspect physique d'une personne.
Tout ceci me pousse à me remettre en question. Je mentirai si j'affirmai que j'accepterai volontiers de parler féminisme avec une strip-teaseuse avec des faux nichons (Je caricature volontairement pour remettre les choses à mon niveau).
Eh merde, je crois que je suis un être humain normal...
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Re: Avant d'être féministe ?
03.05.16 23:49
Eh oui !(K)eur a écrit:Tout ceci me pousse à me remettre en question. Je mentirai si j'affirmai que j'accepterai volontiers de parler féminisme avec une strip-teaseuse avec des faux nichons (Je caricature volontairement pour remettre les choses à mon niveau).
Eh merde, je crois que je suis un être humain normal...
C'est pour ça que ce travail me semble infini... autant que passionnant.
Je pense que le féminisme mais aussi les autres luttes ont beaucoup à gagner dans les travaux intersectionnels: ils nous permettent de repérer beaucoup plus facilement nos limites, nos conformismes, et les schémas discriminants/normatifs que nous reproduisons inconsciemment en croisant nos expériences.
Les réflexions théoriques sont importantes aussi, mais je crois vraiment que partir du vécu des personnes les premières concernées reste un moyen très efficace de ne pas se planter.
Tu connais le théâtre forum ?
J'ai testé avec d'autres femmes sur le thème des femmes dans les métiers du bâtiment, et ça a été une excellente expérience !
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Avant d'être féministe ?
04.05.16 11:28
Non je ne connaissais pas du tout ! Merci pour le lien et pour ta réponse.
Oui le sujet et complexe autant que passionnant et il me semble que je peux difficilement me contenter de mon expérience personnelle pour affirmer mon point de vue. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai intégré le forum.
Dis, tu veux être ma marraine ?
Oui le sujet et complexe autant que passionnant et il me semble que je peux difficilement me contenter de mon expérience personnelle pour affirmer mon point de vue. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai intégré le forum.
Dis, tu veux être ma marraine ?
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Re: Avant d'être féministe ?
04.05.16 16:46
Avec plaisir !(K)eur a écrit:Dis, tu veux être ma marraine ?
Sinon, je pense que tu as tout à fait le droit de partir de ton vécu pour affirmer ton point de vue, ça me parait légitime du moment que tu reconnais ce droit aux autres: du moment que tu respectes leur point de vue et le lien qu'il peut avoir avec leur vécu, je n'y vois aucun problème !
(Edit: après on a aussi tout à fait le droit de développer des points de vue sans connexion particulière avec un vécu, hein !)
D'autres membres auront peut-être un point de vue différent: ça peut être une question très intéressante à poser.
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Avant d'être féministe ?
04.05.16 22:48
Aëlloon a écrit:
Avec plaisir !
Sinon, je pense que tu as tout à fait le droit de partir de ton vécu pour affirmer ton point de vue, ça me parait légitime du moment que tu reconnais ce droit aux autres: du moment que tu respectes leur point de vue et le lien qu'il peut avoir avec leur vécu, je n'y vois aucun problème !
Merci
Effectivement, je peux me contenter de mon vécu mais j'ai besoin de le confronter à d'autres.
Par ailleurs, lorsque je parle d'affirmer mon point de vue, (les occasions se sont présentées à moi à plusieurs reprises en intégrant des milieux professionnels mixtes) c'est aussi un besoin de le légitimer que je recherche (et pas uniquement sur des lectures). En effet, je réalise en découvrant vos expériences que vous avez fait l'effort d'intégrer des groupes de paroles féministes, si on peut les appeler ainsi. Remettre en question ses points de vues, faire partager ses expériences c'est aussi une manière d'avancer et je ressens ce besoin plus que jamais.
Merci encore @Aëlloon de tes réponses
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Re: Avant d'être féministe ?
04.05.16 23:39
Pas de souci, c'est avec plaisir ça aussi !
Effectivement c'est très enrichissant et instructif d'échanger en croisant points de vue et expériences, le forum est un super outil pour ça.
N'hésites pas à intervenir sur ce qui t'en donne l'envie !
Et n'hésites pas non plus à lancer des sujets, que ce soit un thème, une question, un fait d'actualité (ou passé) qui te donne envie de t'exprimer...
c'est libre !
Effectivement c'est très enrichissant et instructif d'échanger en croisant points de vue et expériences, le forum est un super outil pour ça.
N'hésites pas à intervenir sur ce qui t'en donne l'envie !
Et n'hésites pas non plus à lancer des sujets, que ce soit un thème, une question, un fait d'actualité (ou passé) qui te donne envie de t'exprimer...
c'est libre !
- (K)eur—
- Messages : 134
Date d'inscription : 30/04/2016
Re: Avant d'être féministe ?
05.05.16 0:03
Oh oui j'ai pleeeeeeein de questions !!
- IF-revelistaBleu⋅e
- Messages : 22
Date d'inscription : 10/05/2016
Re: Avant d'être féministe ?
16.05.16 0:39
Très bon sujet de discussion je trouve.
Pour te répondre par rapport à ma propre expérience, j'ai toujours vécu une sorte d'ambivalence dans ma personne tout en grandissant. Je n'ai pas spécialement grandis dans la violence mais j'ai été constamment confrontée au masochisme prépondérant et à la pression psychologique qui s'en duplique, un peu comme toutes les femmes.
Adolescente, je ne m’intéressais pas particulièrement au féminisme. J'ai toujours été rebelle dans un cadre intime, étant artiste dans l'âme, mais j'avoue avoir succombé aux pressions de la société pendant les premières années de ma jeunesse. J'ai essayé à un moment donné de me plier en quatre pour répondre au modèle parfait préétabli par le système patriarcal, choisissant des partenaires machos, optant pour le silence et oppressant ma rébellion. J'oubliais délibérément par conséquent mes véritables envies et je m'oubliais dans ma torture sans m'en rendre compte.
Petit à petit, j'ai commencé à forger ma personnalité et à me définir. Mon "déclic", je l'ai vécu il y a quatre ans (j'ai vingt trois ans aujourd'hui, oui c'est récent). Comme je l'ai indiqué plus haut, j'ai vécu maintes pressions qui ont fait que je tombe dans une sérieuse dépression chronique qui m'embrouillait la vue. C'est arrivé du jour au lendemain, sans événement ou élément déclencheur particulier, seulement la mise en liberté naturelle de mon refus du patriarcat qui somnolait dans un recoin profond de moi-même.
J'ai pu regarder en face les chaînes que je m'étais infligée en me réduisant aux attentes de la société et je les ai rompues, me battant contre moi-même dans un combat intime inconscient. Ce sont les inégalités sociales et l'amertume de la réalité de notre monde qui ont fait que je métamorphose, ou plutôt que je me libère et que je libère la fragilité qui m'empêchait d'avancer et de m'émanciper.
Je vis dans un pays musulman où la femme est encore vouée à la soumission patriarcale bien qu'elle se soit émancipée sur d'autres plans, et où la religion est toujours l'unique 'opium spirituelle du peuple'. J'ai du mal à m'affirmer en tant que féministe, mais je continue à prôner mes idées et à lutter contre l'obscurantisme bien que cela soit difficile.
Je me suis libérée en devenant ce que je suis aujourd'hui. Je ne me sens plus faible, fragile, "petite" ou moindre que l'homme. Le féminisme a véridiquement éclairé ma vie. J'ai su trouver ma voie. Je m'y intéresse de plus en plus, et je souhaite même préparer un diplôme en études féministes et en philosophie féministe dans un temps proche afin d'approfondir mes connaissances et pouvoir mieux y percer.
En fait, le féminisme est devenu bien plus qu'une simple identité sociale pour moi. C'est devenu ma "religion".
Pour te répondre par rapport à ma propre expérience, j'ai toujours vécu une sorte d'ambivalence dans ma personne tout en grandissant. Je n'ai pas spécialement grandis dans la violence mais j'ai été constamment confrontée au masochisme prépondérant et à la pression psychologique qui s'en duplique, un peu comme toutes les femmes.
Adolescente, je ne m’intéressais pas particulièrement au féminisme. J'ai toujours été rebelle dans un cadre intime, étant artiste dans l'âme, mais j'avoue avoir succombé aux pressions de la société pendant les premières années de ma jeunesse. J'ai essayé à un moment donné de me plier en quatre pour répondre au modèle parfait préétabli par le système patriarcal, choisissant des partenaires machos, optant pour le silence et oppressant ma rébellion. J'oubliais délibérément par conséquent mes véritables envies et je m'oubliais dans ma torture sans m'en rendre compte.
Petit à petit, j'ai commencé à forger ma personnalité et à me définir. Mon "déclic", je l'ai vécu il y a quatre ans (j'ai vingt trois ans aujourd'hui, oui c'est récent). Comme je l'ai indiqué plus haut, j'ai vécu maintes pressions qui ont fait que je tombe dans une sérieuse dépression chronique qui m'embrouillait la vue. C'est arrivé du jour au lendemain, sans événement ou élément déclencheur particulier, seulement la mise en liberté naturelle de mon refus du patriarcat qui somnolait dans un recoin profond de moi-même.
J'ai pu regarder en face les chaînes que je m'étais infligée en me réduisant aux attentes de la société et je les ai rompues, me battant contre moi-même dans un combat intime inconscient. Ce sont les inégalités sociales et l'amertume de la réalité de notre monde qui ont fait que je métamorphose, ou plutôt que je me libère et que je libère la fragilité qui m'empêchait d'avancer et de m'émanciper.
Je vis dans un pays musulman où la femme est encore vouée à la soumission patriarcale bien qu'elle se soit émancipée sur d'autres plans, et où la religion est toujours l'unique 'opium spirituelle du peuple'. J'ai du mal à m'affirmer en tant que féministe, mais je continue à prôner mes idées et à lutter contre l'obscurantisme bien que cela soit difficile.
Je me suis libérée en devenant ce que je suis aujourd'hui. Je ne me sens plus faible, fragile, "petite" ou moindre que l'homme. Le féminisme a véridiquement éclairé ma vie. J'ai su trouver ma voie. Je m'y intéresse de plus en plus, et je souhaite même préparer un diplôme en études féministes et en philosophie féministe dans un temps proche afin d'approfondir mes connaissances et pouvoir mieux y percer.
En fait, le féminisme est devenu bien plus qu'une simple identité sociale pour moi. C'est devenu ma "religion".
- michekhenAncien⋅ne
- Messages : 735
Date d'inscription : 02/09/2013
Re: Avant d'être féministe ?
25.05.16 2:42
euh, je voulais d'abord dire que voir Freud fait tout le contraire de me détendre il me donne plus envie d 'hurler qu'autre chose.
Quand j'étais jeune, je croyais que les femmes m'emmerdaient, je croyais que je m'entendais mieux avec les hommes.
Au fond quelque part je méprisais les femmes. J'avais en apparence pas trop été victime de sexisme. J'avais jamais eu de partenaires macho non plus.jusqu'au jour où j'ai rencontré ce qu'à présent je sais être un masculiniste (en tout cas abreuvé d'histoires de masculinistes).
Je réalisais pas mais quand il m'a dit refuser de me laisser faire un avortement au cas ou je tomberai enceinte, j'ai commencé à lire, entre autre ce forum, puis j'ai lu Le Deuxième sexe et là c'était un coup de marteau.
J'avais passé les quarante ans et je me demande comment j'ai pu être aveugle à ce point.Maintenant, je vois le sexisme partout et je le digère pas.
En vrai, ça me rend malade. Ce forum me fait un bien immense même si je ne connais personne irl et que je ne participe pas beaucoup.
Vous lire me détend (plus que Freud, lol) je me sens chez moi ici. Bizarre
En fait ce qui m' achève c'est le sexisme dans le milieu des militants animalistes, surtout quand il est nié par femmes.. Je me suis disputé avec plein de personnes depuis, enfin surtout des hommes. Je voudrais à présent plus faire des actions aux intersections des dominations, mais avec qui?
Quand j'étais jeune, je croyais que les femmes m'emmerdaient, je croyais que je m'entendais mieux avec les hommes.
Au fond quelque part je méprisais les femmes. J'avais en apparence pas trop été victime de sexisme. J'avais jamais eu de partenaires macho non plus.jusqu'au jour où j'ai rencontré ce qu'à présent je sais être un masculiniste (en tout cas abreuvé d'histoires de masculinistes).
Je réalisais pas mais quand il m'a dit refuser de me laisser faire un avortement au cas ou je tomberai enceinte, j'ai commencé à lire, entre autre ce forum, puis j'ai lu Le Deuxième sexe et là c'était un coup de marteau.
J'avais passé les quarante ans et je me demande comment j'ai pu être aveugle à ce point.Maintenant, je vois le sexisme partout et je le digère pas.
En vrai, ça me rend malade. Ce forum me fait un bien immense même si je ne connais personne irl et que je ne participe pas beaucoup.
Vous lire me détend (plus que Freud, lol) je me sens chez moi ici. Bizarre
En fait ce qui m' achève c'est le sexisme dans le milieu des militants animalistes, surtout quand il est nié par femmes.. Je me suis disputé avec plein de personnes depuis, enfin surtout des hommes. Je voudrais à présent plus faire des actions aux intersections des dominations, mais avec qui?
- InvitéInvité
Re: Avant d'être féministe ?
25.05.16 7:02
Avec moi ? Bon, je serai plus disponible à partir de juillet.michekhen a écrit:Je voudrais à présent plus faire des actions aux intersections des dominations, mais avec qui?
- michekhenAncien⋅ne
- Messages : 735
Date d'inscription : 02/09/2013
Re: Avant d'être féministe ?
25.05.16 11:25
à deux?
- GambaraBanni·e
- Messages : 170
Date d'inscription : 24/07/2015
Re: Avant d'être féministe ?
25.05.16 15:45
Il n'ya pas d'asso type "Osez Le Féminisme" en Belgique ? (je pose la question car je ne suis pas Belge)
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Re: Avant d'être féministe ?
25.05.16 15:58
Même constat et je l'étends à absolument tous les domaines militants, et même au-delà: l'espace de la parole est plus investi par les hommes, on y est plus vite remise en question dans sa volonté de s'affirmer et d'exprimer son opinion en tant que femmes, et quasi partout on retrouve ces femmes qui, pour se sauver la mise en quelque sorte, vont se voiler la face en te disant que non elles ne voient pas où il y aurait un problème...Michekhen a écrit:En fait ce qui m' achève c'est le sexisme dans le milieu des militants animalistes, surtout quand il est nié par femmes.. Je me suis disputé avec plein de personnes depuis, enfin surtout des hommes.
Eh bien @(K)eur il me semble que l'intersectionnalité des luttes est un sujet qui te parle aussi je crois ?Michekhen a écrit:Je voudrais à présent plus faire des actions aux intersections des dominations, mais avec qui?
C'est aussi un sujet qui m'intéresse, on pourrait peut-être ouvrir un fil de discussion dédié ?
Echanger sur nos constats, ce qui marche, ce qui ne marche pas, ce qu'on souhaiterait faire/essayer...
@Fove: no idea...
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Re: Avant d'être féministe ?
25.05.16 17:00
Mais avec quel homme ne parle-t-on pas "trop" féminisme et "trop souvent" ? Ou trop fort ? Ou sur un ton trop accusateur ?
Il y a encore malheureusement trop d'hommes à qui parler de féminisme c'est toujours de trop (enfin selon eux, hein).
Phénomène de déni caractéristique (et planqué sous une lutte végan c'est plus sexy).
Dangereux car donne envie de reproduire à l'inverse l'essentialisme dont nous sommes victimes.
Il y a encore malheureusement trop d'hommes à qui parler de féminisme c'est toujours de trop (enfin selon eux, hein).
Phénomène de déni caractéristique (et planqué sous une lutte végan c'est plus sexy).
Dangereux car donne envie de reproduire à l'inverse l'essentialisme dont nous sommes victimes.
- AëlloonAncien⋅ne
- Messages : 1814
Date d'inscription : 01/04/2014
Re: Avant d'être féministe ?
25.05.16 21:03
... Eeeh ben nan.Erulelya a écrit:On pourrait s'attendre à être écoutées, comprises, trouver en eux des alliés beaucoup plus facilement qu'ailleurs
On pourrait aussi attendre des mecs antiracistes qu'ils soient plus déconstruits que la moyenne question sexisme, mais non aussi.
Et on peut faire une longue liste comme ça je crois...
Edit: Bon le top étant quand des mecs dits antisexistes fuient tous au moment d'aller faire la vaisselle et que c'est encore sempiternellement les filles qui s'en occupent (un groupe de 10 personnes environ dont 2 femmes quand même ).
- michekhenAncien⋅ne
- Messages : 735
Date d'inscription : 02/09/2013
Re: Avant d'être féministe ?
26.05.16 2:12
je pense en fait que je peux parler d'un déclic le jour où j'ai assisté à une réunion non-mixte. Je n'avais jamais eu ce sentiment, c'était presque une sensation. Bon, après ça a pas duré mais quand même , j'ai senti quel potentiel il y avait, c'était chouette
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