La virginité des femmes

J'ouvre ce post sur le thème très délicat de la virginité des femmes, qui peut être constatée physiquement. Pour commencer, cet article:

L'hyménoplastie, une seconde virginité

Il traite donc de cette opération qui consiste à modeler un hymen à la place de celui (s'il y en avait un) qui a cédé. Personnellement, je trouve que cette réalité est un excellent révélateur de la pression que subissent les femmes jusque dans leur chair.

Comment concevez-vous la virginité? Est-elle importante selon vous? Comment faire en sorte qu'elle ne soit plus un moyen de contrôle et d'oppression des femmes?

Répnse rapide avant de partir :

Cas-libres a fait une émission thématique sur les "premières fois intimes".

Je trouve idiot de définir le début de la sexualité à l'"étape" de la pénétration vaginale. C'est vraiment réduire la sexualité à la reproduction. C'est pourtant ce que recouvre le sens de "virginité" actuellement, de façon commune.

Oui, la virginité est aussi un concept hétérocentré. Elle est définie avant tout par rapport au coït.

Ah oui ! ça me fait penser qu'une copine était allée voir une gynéco et elle lui a dit qu'elle était lesbienne. La gynéco a marqué sur le dossier de la copine qu'elle était "vierge".

Eh bah... Aucune connaissance de la sexualité lesbienne! D'ailleurs, une femme hétéro peut tout aussi bien être vierge, mais là c'est carrément présomption de virginité en raison de l'orientation sexuelle.

Le delire de la virginité est vraiment un truc bizarre!
La virginité est souvent lié a la pureté (dans la plupart des religions ainsi que dans les croyances generales) ce qui mene a pas mal de derive, comme par exemple la pratique de la sodomie pour préserver sa virginité!
C'est super tordu! une jeune femme qui aura acquis une connaissance sur la sexualité hyper développé restera "pure" car "vierge"

Donc en fait la virginité n'est pas tant lié que ca a la penetration!

En fait le truc de la virginité c'est une sorte de croyance en la foufoune magique sacré

Interview de "l'historienne et féministe Yvonne Knibiehler" (ne connais pas, donc je sais pas dans quelle mesure est-elle féministe):

"La symbolique de la virginité reste très forte"

J'ai l'impression - peut-être que je me trompe ou comprends mal - qu'au lieu de déconstruire ce mythe de la virginité, elle essaye de chercher des compromis pour les femmes dans le cadre patriarcal, sans vraiment le remettre en question. Parce que faire passer l’Église pour un sauveur des femmes, là je trouve que c'est audacieux...

Cette folie de la virginité, j'y vois plutôt un délire issu du rapport dominant-dominé.

Si la pénétration est un acte de domination, voire même une prise de possession de la personne, le virginité prend un caractère spécifique.

Il n'y a qu'une "première fois", dans l'esprit de nos délirants, c'est-à dire qu'une n'y a qu'une "première visite d'un kiki dans la foufoune" (il n'y a ça qui compte, pour eux). Le premier restera toujours le premier, et c'est définitif. Le premier reste le découvreur d'une terre vierge, voire le premier qui la domestique. La meuf peut coucher avec des dizaines de gars derrière, ça n'effacera pas le fait que le premier qui l'a "eue", c'est un gars en particulier et pas un autre.

Lucha a écrit:Interview de "l'historienne et féministe Yvonne Knibiehler" (ne connais pas, donc je sais pas dans quelle mesure est-elle féministe):

"La symbolique de la virginité reste très forte"

J'ai l'impression - peut-être que je me trompe ou comprends mal - qu'au lieu de déconstruire ce mythe de la virginité, elle essaye de chercher des compromis pour les femmes dans le cadre patriarcal, sans vraiment le remettre en question. Parce que faire passer l’Église pour un sauveur des femmes, là je trouve que c'est audacieux...

Pour ce qui est de l'Eglise, le cadre historique est important. Sans dire que c'est "un sauveur des femmes", clairement le choix de rentrer dans les ordres POUVAIT être un moyen d'accéder à plus d'autonomie (instruction, moyen d'éviter un mariage forcé, possibilité de diriger des communautés, parfois même des communautés où il y avait des hommes, etc), mais ça n'a plus grand chose à voir aujourd'hui.




SInon, pour ce qui est du vécu personnel, je n'ai jamais attaché d'importance à la virginité si c'est l'hymen qui sert de référence. Mais c'est vrai que j'attachais de l'importance à la première relation sexuelle : je voulais être amoureuse, et être complètement en confiance. J'avais un peu peur d'avoir mal aussi.

@ Kalista,

Oui, et c'est pour ça que beaucoup d'hommes tiennent tant à ce fameux saignement, à être le premier, celui qui plantera le drapeau, qui marquera au fer rouge.

Mais pour le coup, si la vierge est "pure", donc la femme qui n'est plus vierge est "impure"... Du coup quelle est la différence entre la "maman" et la "putain"? Je veux dire, même physiquement il n'y a aucune différence entre les deux. Si on est rigoureux et qu'on se place sous l'angle de la virginité, la dichotomie et opposition entre la "mère" et la "putain" ne tient plus...

@ Lila78,

Oui, je comprends ce que tu expliques, seulement je ne pense pas que ce fut là l'intention de l’Église; cette possibilité a été exploitée par des femmes, sans que ça fasse partie d'un quelconque projet émancipateur des femmes.

On remarque quand même que tout ce délire revient en force. C'est dingue... A quand les tests de virginité généralisés?

Je viens de lire le lien.
Bon, pour elle, il faut être mère pour être femme. Ahem. Certaines ici apprécieront certainement.
L'idée des femmes sauvées par le christianisme surprend. Faut voir si elle n'affabule pas.
Mais je relève un truc que j'aime bien, à la fin :

Celui qui épouse ou déflore une vierge a un sentiment de domination très fort. Dans beaucoup de religions, c'est l'homme qui fait la femme. Aux yeux des hommes, c'est un pouvoir dont ils sont très fiers et dont ils ne veulent pas être dépouillés.

Pour elle, la défloration a une symbolique de rite de passage : l'homme déflorant la fille la rend femme.

Je suis toutafé d'accord avec l'analogie du planté de drapeau, Lucha !

Je pense que la vierge est "pure" parce qu'innocente, mais ça ne rend pas pour autant la non-vierge "impure". L'"impure", je pense, est celle qui baise hors du mariage.

Je ne suis pas certaine que ce soit une attitude commune uniquement envers les femmes.
Le coté "oué j'suis le premier!" on le retrouve tout autant dans le planter de drapeau sur la lune et le coté "découvreur" en quelque sorte.
En plus du fait qu'avant/ailleurs, le premier était aussi bien souvent le dernier (et donc ça prenait un autre sens...), y a peut être (en étant très positive) le sens de la responsabilité. On peut penser (à tort en partie à mon avis) que selon si on fait découvrir un truc très chouette ou un truc franchement pas terrible, ça changera la donne pour la suite.

Bon c'est bien évidemment hyperpatriarcal, y a qu'à voir comment "vierge" c'est bien, et "puceau" c'est devenu quasi une insulte. Une fille tardivement vierge, c'est une fille raisonnable qui se garde pour le bon, un type tardivement vierge c'est un puceau trop naze pour avoir réussi à tirer un coup.

Bon bien sur, perso la virginité je m'en cogne complètement.

cleindo a écrit:Je ne suis pas certaine que ce soit une attitude commune uniquement envers les femmes.
Le coté "oué j'suis le premier!" on le retrouve tout autant dans le planter de drapeau sur la lune et le coté "découvreur" en quelque sorte.

Oui, c'est aussi ce que je voulais souligner, le vocabulaire n'est pas propre à la sexualité, mais a été transposé dans le domaine de la découverte géographique. Avec ce point commun de prise de possession d'un objet (d'ailleurs, la femme n'est-elle pas comparée à la terre...?)

Lucha a écrit:@ Kalista,

Oui, et c'est pour ça que beaucoup d'hommes tiennent tant à ce fameux saignement, à être le premier, celui qui plantera le drapeau, qui marquera au fer rouge.

Mais pour le coup, si la vierge est "pure", donc la femme qui n'est plus vierge est "impure"... Du coup quelle est la différence entre la "maman" et la "putain"? Je veux dire, même physiquement il n'y a aucune différence entre les deux. Si on est rigoureux et qu'on se place sous l'angle de la virginité, la dichotomie et opposition entre la "mère" et la "putain" ne tient plus...

La "maman" perd sa virginité au moment du mariage et le don de la virginité = don de sa personne au "propriétaire" qui l'a dépucelé.
La "putain", elle, offre sa virginité à n'importe qui sans prendre conscience de l'importance que ça a.

Lucha a écrit:@ Lila78,

Oui, je comprends ce que tu expliques, seulement je ne pense pas que ce fut là l'intention de l’Église; cette possibilité a été exploitée par des femmes, sans que ça fasse partie d'un quelconque projet émancipateur des femmes.

On remarque quand même que tout ce délire revient en force. C'est dingue... A quand les tests de virginité généralisés?

Ca n'était pas l'intention de l'Eglise, ça on est bien d'accord. A noter une différenciation entre la religion catholique "primitive" qui était à l'origine émancipatrice pour les femmes par rapport aux sociétés antiques (d'où l'importance des femmes dans les premières communautés) et l'Eglise qui, en s'institutionnalisant (dès Saint Paul) a mis fin à cette émancipation sauf comme tu le dit, une "possibilité exploitée par des femmes", mais qui n'était pas souhaitée.

Au contraire, dans la logique patriarcale, on ne tient pas compte de cette réalité biologique (d'ailleurs, l'idéologie patriarcale ne retient de la nature que ce qui l'arrange). Les saignements sont un moyen très efficace pour contrôler le comportement sexuel des femmes: celle qui ne saigne pas, c'est celle qui a enfreint les règles. D'où la terreur de certaines femmes lors de leur "nuit de noce". Et elles peuvent le payer très cher.

Dans le contexte patriarcal, l'hymen est une véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes. Il est utilisé pour nous contrôler et nous classer en deux catégories: les pures et les putes.

Je me souviens de ma première fois. Pas de sang. Réaction "ben, t'étais pas vierge alors?"
Ben si. Et je vois pas ce que cela change. Y a encore du boulot.

Un amant m'a raconté avoir eu des relations sexuelles très épanouissantes, mais sans pénétration, avec une Musulmane qui devait se garder pour le mariage...

J’ai connu une femme grecque mariée à un Grec, ils vivaient en Belgique mais le lendemain du mariage, elle n’a pas pendu dans le jardin les draps tachés de sang comme le voulait la tradition (dans les années 70), ça a duré 3 jours ! Ainsi, on montrait en qq sorte la fin de la virginité à tout le voisinage. C’est vraiment terrible, je trouve, quelle humiliation.

Oui, c'est humiliant de "montrer les draps"! Une femme ne vaut décidément pas grand chose; elle sert uniquement de faire-valoir pour les hommes (regardez le drap taché, c'est moi le premier, mon honneur est sauf).

Je sais que dans certaines traditions, il y a un couple de colombes dans la chambre des jeunes mariés. L'idée est que soit ils les relâchent, soit ils les tuent pour tâcher le drap...

Un journal belge en parle justement

Des femmes en détresse, le plus souvent. Issues de milieux plutôt défavorisés où le poids de la tradition (musulmane, en particulier) est écrasant. « Elles ont été piégées par un garçon, leurs mères sont hantées par l’idée qu’elles ne pourront plus les marier. Elles se sentent peu respectées et respectables, comme souillées par la vie occidentale. Elles sont remplies de peur, de culpabilité, parfois de honte », constate Nuran Ciceckciler, psychologue au planning familial Josaphat (Schaerbeek).

Bcp de commentaires islamophobes, surtout parce que l'opération est remboursée par la sécu

http://www.lesoir.be/lifestyle/air_du_temps/2012-07-07/hymenoplastie-la-seconde-virginite-a-toujours-la-cote-925654.php

J'avoue avoir un peu de mal à comprendre la logique de la sécu. Je n'ai pas vraiment de souci que cette opération là soit remboursée (quoi que je ne pense pas qu'il soit question de santé, donc...) Par contre, pourquoi une opération telle que la ligature des trompes, c'est tellement plus compliqué (voire impossible) à faire accepter?

Je remonte le sujet...

Dans "Pierre de patience" l'héroïne raconte à son mari (inconscient) qu'elle était réglée le jour de leur nuit de noces...

Nurja a écrit:Je remonte le sujet...

Dans "Pierre de patience" l'héroïne raconte à son mari (inconscient) qu'elle était réglée le jour de leur nuit de noces...

j'ai pas compris

Ben que ce qu'il a pris pour le sang de la rupture d'hymen était le sang de ses règles et qu'en fait elle n'était peut être pas vierge mais lui il a vu du sang et ça a suffit?
(je sais pas, j'ai pas vu le film ni lu le livre)

ahhhh oki ...