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Ancien⋅ne
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pornography - Extrait (juridique) de Pornography de Dworkin (aide bienvenue!) Empty Extrait (juridique) de Pornography de Dworkin (aide bienvenue!)

07.02.13 19:16
Bon, j'essaie de traduire cet extrait, mais je n'y connais rien dans le système juridique américain. Au cas ou certain-e-s ici notent des occurences de vocabulaire abusives ou fausses, et ont envie de me les communiquer, je suis preneuse.
Sinon, c'est l'aventure racontée par Dworkin de la fameuse loi de pénalisation de la maltraitance par la pornographie qu'elle avait conçue avec Mac Kinnon, pour celleux que ça intéresse...
la couleur, c'est ce dont je suis pas sûre en traduction ou dans le choix des mots.
(pour les modérateurices, si c'est un pavé trop gros, merci de me le dire.)




The burden of proof will be on those of us who have been victimized. If I [any woman] am able to prove that the picture you are holding, the one where the knife is stuffed up my vagina, was taken when my pimp forced me at gunpoint and photographed it without my consent, if my existence is proved real, I am coming to take what is mine. If I can prove that the movie you are looking at called Black Bondage, the one where my black skin is synonymous with filth and my bondage and my slavery is encouraged, caused me harm and discrimination, if my existence is proved real, I am coming to take what is mine. Whether you like it or not, the time is coming when you will have to get your fantasy off my ass.
--Therese Stanton, "Fighting for Our Existence" in Changing Men #15, Fall 1985

La preuve sera à la charge de celles d'entre nous qui aurons été victimes. Si je [toute femme] suis capable de prouver que l'image que vous avez à la main, celle dans laquelle un couteau est enfoncé dans mon vagin, a été prise quand mon proxénète m'a forcée en me menaçant d'un pistolet et m'a photographié sans mon consentement, si mon existence est reconnue, je vais venir chercher ce qui m'appartient. Si je peux prouver que ce film appelé Black Bondage que vous êtes en train de regarder, celui ou ma peau noire est synonyme de crasse, et où ma servitude/mes liens ainsi que mon esclavage sont encouragés, que ce film m'a fait du tort et à été à l'origine de discrimination, si donc mon existence est reconnue (réelle), alors je vais venir chercher ce qui m'appartient. Que ça vous plaise ou non, le temps viendra ou vous allez devoir enlever/retirer vos fantasmes de mon cul.

--Therese Stanton, "Fighting for Our Existence" in Changing Men #15, Fall 1985



In the fall of 1983, something changed. The speech of women hurt by pornography became public and real. It, they, began to exist in the sphere of public reality. Constitutional lawyer Catharine A. MacKinnon and I were hired by the City of Minneapolis to draft an amendment to the city's civil rights law: an amendment that would recognize pornography as a violation of the civil rights of women, as a form of sex discrimination, an abuse of human rights. We were also asked to organize hearings that would provide a legislative record showing the need for such a law. Essentially, the legislators needed to know that these violations were systematic and pervasive in the population they represented, not rare, peculiar anomalies.

A l'automne 1983, quelque chose a changé. La parole des femmes blessées par la pornographie a été rendue publique et est devenue réelle. Cette parole et ces femmes ont commencé à exister dans la sphère du réel. La juriste en droit constitutionnel Catharine A. MacKinnon et moi-même avons été embauchées par la ville de Minneapolis pour rédiger un amendement pour la loi municipale des droits civiques: un amendement qui reconnaîtrait la pornographie comme violation des droits civiques des femmes, comme forme de discrimination sexuelle, comme violation des droits humains. On nous a aussi demandé d'organiser des auditions qui établiraient une mémoire législative faisant apparaître les besoins d'une telle loi. Essentiellement, le législateur avait besoin de savoir si ces violations étaient systémiques et répandues parmis la population qu'iels représentaient et non des anomalies rares et singulières.

The years of listening to the private stories had been years of despair for me. It was hopeless. I could not help. There was no help. I listened; I went on my way; nothing changed. Now, all the years of listening were knowledge, real knowledge that could be mined: a resource, not a burden and a curse. I knew how women were hurt by pornography. My knowledge was concrete, not abstract: I knew the ways it was used; I knew how it was made; I knew the scenes of exploitation and abuse in real life--the lives of prostitutes, daughters, girlfriends, wives; I knew the words the women said when they dared to whisper what had happened to them; I could hear their voices in my mind, in my heart. I didn't know that there were such women all around me, everywhere, in Minneapolis that fall. I was heartbroken as women I knew came forward to testify: though I listened with an outer detachment to the stores of rape, incest, prostitution, battery, and torture, each in the service of pornography, inside I wanted to die.

Ces années passées à écouter les histoires avaient été pour moi des années de tristesse. Il n'y avait pas d'espoir. Je ne pouvais pas aider. J'écoutais, je m'en allais, rien ne changeait. Dorénavant, toutes ces années d'écoutes devenaient du savoir, un réel savoir que je pouvais exploiter: une ressource, et non un fardeau ou une malédiction. Je savais comment la pornographie blessait les femmes. Mon savoir était concret, et non abstrait. Je savais comment on consommait la pornographie, comment on la fabriquait; je connaissais la réalité de ces scènes d'exploitation et d'abus, la réalité des vies des prostituées, filles, conjointes, épouses. Je connaissais les mots que les femmes utilisaient lorsqu'elles osaient chuchoter ce qui leur était arrivé. Je pouvais entendre leurs voix dans mon esprit et dans mon coeur. Je ne savais pas que de telles femmes existaient dans mon entourage, partout, cet automne à Minneapolis. J'ai eu le coeur brisé lorsque des femmes que je connaissaient ont commencé à témoigner: j'écoutais avec un détachement apparent les histoires de viol, d'inceste, de prostitution, de coups, de tortures, tout cela au service de la pornographie. Mais intérieurement, j'avais envie de mourir.

The women who came forward to testify at the hearings held by the Minneapolis City Council on December 12 and 13, 1983, gave their names and specified the area of the city in which they lived. They spoke on the record before a governmental body in the city where they lived; there they were, for family, neighbors, friends, employers, teachers, and strangers to see, to remember. They described in detail sexual abuse through pornography as it had happened to them. They were questioned on their testimony by Catharine MacKinnon and myself and also by members of the city council and sometimes the city attorney. There were photographers and television cameras. There were a couple of hundred people in the room.

Les femmes qui ont franchi le pas pour venir témoigner aux auditions des 12 et 13 décembre 1983 du conseil de la ville de Minneapolis, ont donné leur nom et indiqué les quartiers de la ville où elles vivaient. Elles on été enregistrées par une institution gouvernementale de la ville qu'elles habitaient. Elles étaient là, exposées aux regards de leur familles, voisins, ami-e-s, employeur-euse-s, enseignant-e-s, et inconnu-e-s et se rappelant à leurs souvenirs. Elles ont décrit en détail les abus subis par l'usage de pornographie sur elles. Catharine MacKinnon et moi-même, mais aussi des membres du conseil municipal et parfois le procureur de la ville leur avons posé des questions sur leur témoignage. Il y avait des photographes et des caméras de télévision. Il y avait plusieurs centaines de personnes dans la salle.

There was no safety, no privacy, no retreat, no protection; only a net of validation provided by the testimony of experts--clinical psychologists, prosecutors, experimental psychologists, social scientists, experts in sexual abuse from rape crisis centers and battered women' shelters, and those who worked with sex offenders. The testimony of these experts was not abstract or theoretical; it brought the lives of more women, more children, into the room: more rape, more violation through pornography. They too were talking about real people who had been hurt, sometimes killed; they had seen, known, treated, interviewed, numbers of them. A new social truth emerged, one that had been buried in fear, shame, and the silence of the socially powerless: no woman hurt by pornography was alone--she never had been; no woman hurt by pornography would ever be alone again because each was--truly--a "living remnant of the general struggle." What the survivors said was speech; the pornography had been, throughout their lives, a means of actively suppressing their speech.

Il n'y avait aucune équipe de sécurité, aucune intimité, aucun refuge, aucune protection; juste un filet de confirmation fourni par le témoignages d'expert-e-s: psychologues clinicien-ne-s, procureur-euse-s, chercheur-euse-s en psychologie expérimentale et en sciences sociales, intervenant-e-s spécialisé-e-s dans les abus sexuels venant de centres d'aide d'urgence et foyers pour femmes violées ou battues, et intervenant-e-s travaillant avec les agresseurs sexuels. Les témoignages de ces expert-e-s n'était pas abstraits ou théoriques; ils amenaient les témoignages de davantage de femmes et d'enfants dans la salle: davantage de viol, davantage de violations par la pornographie. Elleux aussi, parlaient de personnes réelles ayant été blessées, parfois tuées. Iels avaient vu, connu, traité, interrogé nombre d'entre elles. Un nouveau fait social émergeait; un fait social qui avait été enterré dans la peur, la honte, et le silence de celleux qui n'ont aucun pouvoir. Aucune femme blessée par la pornographie n'était seule - elle ne l'avait jamais été(?); et aucune femme blessée par la pornographie ne serait jamais seule parce que chacune d'entre elles était, réellement, "un rappel vivant de la lutte générale". Ce que les survivantes ont fait, était de prendre la parole; (alors que)la pornographie avait été, au cours de leur vies, un moyen actif de supprimer leur parole.

They had been turned into pornography in life and made mute; terrorized by it and made mute. Now, the mute spoke; the socially invisible were seen; the women were real; they mattered. This speech--their speech--was new in the world of public discourse, and it was made possible by the development of a law that some called censorship. The women came forward because they thought that the new civil rights law recognized what had happened to them, gave them recourse and redress, enhanced their civil dignity and human worth.

On les avait transformé en pornographie vivante et on les avait rendues silencieuses; terrorisées et silencieuses. Dorénavant, le silence parlait, on pouvait voir les invisibles, les femmes étaient réelles, elles comptaient (matter - étaient matérialisées, comme autre sens). Cette parole, leur parole, était nouvelle dans l'espace public, et a été rendue possible par le développement d'une loi que certains ont appelé censure. Les femmes ont franchi ce pas parce qu'elles pensaient que la nouvelle loi civique reconnaissait ce qui leur était arrivé, qu'elle leur octroyait des recours, des réparations, et plus de dignité (civile), de valeur humaine.

The law itself gave them existence: I am real; they believed me; I count; social policy at last will take my life into account, validate my worth--me, the woman who was forced to fuck a dog; me, the woman he urinated on; me, the woman he tied up for his friends to use; me, the woman he masturbated in; me, the woman he branded or maimed; me, the woman he prostituted; me, the woman they gang-raped.

La loi elle-même leur a donné une existence: je suis réelle; on m'a crue; je compte; les politiques sociales vont enfin prendre ma vie en compte, confirmer ma valeur à moi, la femme qui a été forcée de baiser un chien; moi, la femme sur laquelle il a uriné; moi, la femme qu'il a attachée pour être utilisée par ses amis; moi, la femme dans laquelle il s'est masturbé; moi, la femme qu'il a marquée au fer rouge et mutilée; moi, la femme qu'il a prostituée; moi, la femme qu'ils ont violée en réunion.

The law was passed twice in Minneapolis in 1983 and 1984 by two different city councils; it was vetoed each time by the same mayor, a man active in Amnesty International, opposing torture outside of Minneapolis. The law was passed in 1984 in Indianapolis with a redrafted definition that targeted violent pornography--the kind "everyone" opposes. The city was sued for passing it; the courts found it unconstitutional. The appeals judge said that pornography did all the harm we claimed--it promoted insult and injury, rape and assault, even caused women to have lower wages--and that these effects proved its power as speech; therefore, it had to be protected. In 1985, the law was put on the ballot by popular petition in Cambridge, Massachusetts.

La loi a été examinée à deux reprises à Minneapolis en 1983 et 1984 par deux conseils municipaux différents. Par deux fois, le même maire, un homme actif à Amnesty International, opposé à la torture en dehors de Minneapolis, a apposé son véto. La loi est passée en 1984 à Indianapolis avec une définition restreinte qui visait la pornographie violente - celle à laquelle "tout le monde" s'oppose. La ville a été poursuivie pour avoir l'adoptée; le tribunal jugeait la loi inconstitutionnelle. Le juge de la cour d'appel a dit que la pornographie était bien à l'origine des préjudices que nous dénoncions -- elle encourageait l'insulte et la violence, le viol et l'agression, de même qu'elle rendait les femmes moins exigeantes --, et ces effets prouvaient son pouvoir en tant que discours. Par conséquent, il fallait la protéger. In 1985, une pétition publique à Cambridge, au Massachussetts a demandé que la loi soit soumise au vote.

The city council refused to allow it on the ballot; we had to sue for ballot access; the civil liberties people opposed our having that access; we won the court case and the city was ordered to put the law on the ballot. We got 42 percent of the vote, a higher percentage than feminists got on the first women's suffrage referendum. In 1988, the law was on the ballot in Bellingham, Washington, in the presidential election; we got 62 percent of the vote. The city had tried to keep us off the ballot; again we had to get a court order to gain ballot access. The City of Bellingham was sued by the ACLU in federal court for having the law, however unwillingly; a federal district judge found the law unconstitutional, simply reiterating the previous appeals court decision in the Indianapolis case--indeed, there was a statement that the harms of pornography were recognized and not in dispute.

Le conseil municipal a refusé d'autoriser ce vote; nous avons dû intenter un procès pour obtenir un accès au scrutin; les partisans des libertés civiles s'opposaient à notre requête de scrutin; nous avons gagné le procès, et la ville a été obligée de faire voter la loi. Nous avons obtenu 42% des votes, un pourcentage plus élevé que lors du premier référendum des féministes pour le vote des femmes. En 1988, la loi a été votée à Bellingham, dans le Washington, lors de l'élection présidentielle; nous avons obtenu 62% des suffrages. La ville avait tenté de nous interdire le scrutin; encore une fois, nous avons dû obtenir une ordonnance du tribunal pour permettre le vote. La ville de Bellingham a été poursuivie par l'ACLU (Union américaine des libertés civiles) pour l'existence, pourtant non-souhaitée de cette loi. Un juge a déclaré la loi inconstitutionnelle, rien qu' en réitérant la décision de la précédente cour d'appel dans le procès à Indianapolis -- il y avait effectivement eu une reconnaissance des indiscutables préjudices de la pornographie.

We have not been able to get the courts to confront a real woman plaintiff suing a real pornographer for depriving her of real rights through sexual exploitation or sexual abuse. This is because the challenges to the civil rights law have been abstract arguments about speech, as if women's lives are abstract, as if the harms are abstract, conceded but not real. The women trapped in the pictures continue to be perceived as the free speech of the pimps who exploit them. No judge seems willing to look such a woman, three-dimensional and breathing, in the face and tell her that the pimp's use of her is his constitutionally protected right of speech; that he has a right to express himself by violating her.

Nous n'avons pas été en mesure de confronter les tribunaux à une femme réelle poursuivant un pornographe réel pour l'avoir dépossédée de ses droits effectifs par l'exploitation ou l'abus sexuels. Cela parce que les enjeux/débats autour de la loi des droits civils ont été des arguments abstraits à propos de discours, comme si les vies des femmes étaient abstraites, comme si les préjudices étaient abstraits: mais pas réels. Les femmes piégées dans les images continuent à être perçues comme la liberté d'expression des proxénètes qui les exploitent. Aucun juge ne semble avoir la volonté de regarder dans les yeux ces femmes qui existent en trois dimension, respirent, et de leur dire que l'utilisation qu'en ont fait les proxénètes est protégé constitutionnellement par la liberté d'expression. Qu'il a le droit de s'exprimer librement en abusant d'elle/lui portant atteinte.

The women on whom the pornography is used in assault remain invisible and speechless in these court cases. No judge has had to try to sleep at night having heard a real woman's voice describing what happened to her, the incest, the rape, the gang rape, the battery, the forced prostitution. Keeping these women silent in courts of law is the main strategy of the free speech lawyers who defend the pornography industry. Hey, they love literature; they deplore sexism. If some women get hurt, that's the price we pay for freedom. Who are the "we"? What is the "freedom"? These speech-loving lawyers keep the women from speaking in court so that no judge will actually be able to listen to them.

Les femmes sur qui la pornographie est utilisée de manière massive restent invisibles et sans voix lors de ces procès. Aucun juge n'a essayé de s'endormir après avoir écouté la voix d'une femme en chair et en os décrire ce qui lui était arrivé; l'inceste, le viol, le viol en réunion, les coups, la prostitution forcée. La principale stratégie des avocats de la liberté d'expression est de maintenir ces femmes silencieuses. Et puis, ils aiment la littérature, ils déplorent le sexisme. Si une femme est blessée, c'est notre prix à payer pour la liberté. Qui est ce "nous"? Quelle est cette "liberté"? Ces avocat amoureux de discours empêchent les femmes de parler aux procès pour qu'aucun juge ne puisse les écouter.

Women continue speaking out in public forums, even though we are formally and purposefully silenced in actual courts of law. Hearings were held by a subcommittee to the Senate Judiciary Committee on the effects of pornography on women and children; the Attorney General's Commission on Pornography listened to the testimony of women hurt by pornography; women are demanding to speak at conferences, debates, on television, radio. This civil rights law is taught in law schools all over the country; it is written about in law journals, often favorably; increasingly, it has academic support; and its passage has been cited as precedent in at least one judicial decision finding that pornography in the workplace can be legally recognized as sexual harassment. The time of silence--at least the time of absolute silence--is over. And the civil rights law developed in Minneapolis has had an impact around the world. It is on the agenda of legislators in England, Ireland, West Germany, New Zealand, Tasmania, and Canada; it is on the agenda of political activists all over the world.

Les femmes continuent de parler dans les débats publics, même si on choisit de nous empêcher formellement de prendre la parole dans les tribunaux. Un sous comité / groupe de travail a organisé des auditions au sein de la commission judiciaires du Sénat à propos des effets de la pornographie sur les femmes et enfants; la commission du procureur général sur la pornographie a écouté le témoignage de femmes blessées par la pornographie. Ces femmes veulent prendre la parole aux conférences, débats, à la télévision, à la radio. On enseigne le droit civil dans les facultés de droit de tout le pays; on écrit dessus, souvent favorablement, dans les journaux de droit. De plus en plus, le droit civil reçoit un soutien académique; et des passages de droit civil ont contribué à créer un précédent jurisprudenciel dans au moins une décision judiciaire établissant que la pornographie sur le lieu de travail pouvait être reconnue légalement comme du harcèlement sexuel. Le temps du silence -en tout cas du silence absolu- est terminé. Et la loi civile élaborée à Minneapolis a eu un impact mondial. Elle figure dans des programmes de réformes en Angleterre, Irlande, Allemagne de l'ouest, Nouvelle Zélande, Tasmanie, et au Canada; elle est à l'ordre du jour des militant-e-s politiques dans le monde entier.

The law itself is civil, not criminal. It allows people who have been hurt by pornography to sue for sex discrimination. Under this law, it is sex discrimination to coerce, intimidate, or fraudulently induce anyone into pornography; it is sex discrimination to force pornography on a person in any place of employment, education, home, or any public place; it is sex discrimination to assault, physically attack, or injure any person in a way that is directly caused by a specific piece of pornography--the pornographers share responsibility for the assault; in the Bellingham version, it is also sex discrimination to defame any person through the unauthorized use in pornography of their name, image, and/or recognizable personal likeness; and it is sex discrimination to produce, sell, exhibit, or distribute pornography--to traffic in the exploitation of women, to traffic in material that probably causes aggression against and lower civil status for women in society.

La loi en elle même est du ressort du droit civil, pas du droit pénal. Elle permet aux personnes qui ont été blessées par la pornographie d'engager des poursuites pour discrimination de sexe. Cette loi pose comme discrimination sexuelle le fait de faire usage de coercition, d'intimidation, ou de fraude pour entraîner quelqu'un dans la pornographie. Est discriminatoire le fait de forcer une personne à regarder de la pornographie dans tout lieu professionnel, éducatif, privé, ou public. Est discriminatoire le fait d'agresser, d'attaquer physiquement, ou blesser toute personne de manière qui soit directement induite par une image pornographique; les pornographes partageant la responsabilité de l'agression. Dans la version de la loi à Bellingham, est également discriminatoire la diffamation de toute personne par l'usage illégal et à caractère pornographique de son nom, son image, et/ou ressemblance personnelle reconnaissable/de tout trait permettant de l'identifier. Est discriminatoire le fait de produire, vendre, exposer, ou distribuer de la pornographie: de participer à la traite et à l'exploitation des femmes, de participer/se livrer au au trafic de matériel qui agresse les femmes et minore leur statut dans la société.

The law's definition of pornography is concrete, not abstract. Pornography is defined as the graphic, sexually explicit subordination of women in pictures and/or words that also includes women presented dehumanized as sexual objects who enjoy pain or humiliation; or women presented as sexual objects who experience sexual pleasure in being raped; or women presented as sexual objects tied up or cut up or mutilated or bruised or physically hurt; or women presented as whores by nature; or women presented being penetrated by objects or animals; or women presented in scenarios of degradation, injury, torture, shown as filthy or inferior, bleeding, bruised, or hurt in a context that makes these conditions sexual. If men, children, or transsexuals are used in any of the same ways, the material also meets the definition of pornography.

La définition légale de la pornographie est concrète, pas abstraite. La pornographie est définie comme la subordination sexuelle explicite des femmes dans les images et/ou les mots. Cela inclue également les femmes montrées de manière déshumanisante ou comme objets sexuels éprouvant du plaisir à être violées. Ou encore les femmes montrées en objets sexuels ligotées, lacérées, mutilées, meurtries, ou blessées physiquement. Ou les femmes montrées en train d'être pénétrées par des objets ou des animaux; Ou les femmes montrées dans des scénarios de destruction/déchéance, de blessures corporelles, de torture; des femmes montrées comme sales ou inférieures, en sang, amochées, ou blessées dans un contexte qui rende ces conditions sexuelles. L'utilisation identique d'hommes, d'enfants, ou de transexuel-le-s est également qualifiée de pornographie.

For women hurt by pornography, this law simply describes reality; it is a map of a real world. Because the law allows them to sue those who have imposed this reality on them--especially the makers, sellers, exhibitors, and distributors of pornography--they have a way of redrawing the map. The courts now protect the pornography; they recognize the harm to women in judicial decisions--or they use words that say they recognize the harm--and then tell women that the Constitution protects the harm; profit is real to them and they make sure the pimps stay rich, even as women and their children are this country's poor. The civil rights law is designed to confront both the courts and the pornographers with a demand for substantive, not theoretical, equality. This law says: we have the right to stop them from doing this to us because we are human beings. "If my existence is proved real, I am coming to take what is mine," Therese Stanton wrote for every woman who wants to use this law. How terrifying that thought must be to those who have been using women with impunity.

Pour les femmes blessées par la pornographie, cette loi ne fait que décrire la réalité; c'est la carte d'un monde qui existe réellement. Puisque la loi leur permet de poursuivre ceux qui leur ont imposé cette réalité - en particulier les fabricants, vendeurs, promoteurs, et distributeurs de pornographie - , elles ont un moyen/l'opportunité de redessiner cette carte. Les tribunaux protègent actuellement les pornographes. Ils reconnaissent/admettent dans des décisions judiciaires les préjudices faits aux femmes. Ou bien ils utilisent des mots pour exprimer qu'ils les reconnaissent, puis ils disent à ces femmes que la constitution protège ces préjudices. Ils voient que les profits sont réels, et ils font en sorte que les proxénètes restent riches, alors que les femmes et les enfants sont les pauvres de ce pays. La loi de droit civil est faite pour aller devant les tribunaux et les pornographes et leur demander une égalité réelle, et non théorique. Cette loi dit que nous avons le droit de les empêcher de faire ce qu'ils nous font parce que nous sommes des êtres humains. "Si mon existence est reconnue (réelle), je vais venir prendre ce qui m'appartient" . Therese Stanton a écrit cela pour toute femme qui voudrait utiliser cette loi. Comme cette pensée doit être effrayante pour ceux qui ont utilisé les femmes avec impunité.

Initially an amendment to a city ordinance, this law has had a global impact because: (1) it tells the truth about what pornography is and does; (2) it tells the truth about how women are exploited and hurt by the use of pornography; (3) it seeks to expand the speech of women by taking the pornographers' gags out of our mouths; (4) it seeks to expand the speech and enhance the civil status of women by giving us the courts as a forum in which we will have standing and authority; (5) it is a mechanism for redistributing power, taking it from pimps, giving it to those they have been exploiting for profit, injuring for pleasure; (6) it says that women matter, including the women in the pornography. This law and the political vision and experience that inform it are not going to go away. We are going to stop the pornographers. We are going to claim our human dignity under law. One ex-prostitute, who is an organizer for the passage of this civil rights law, wrote: "Confronting how I've been hurt is the hardest thing that I've ever had to do in my life. A hard life, if I may say so." 14 She is right. Confronting the pornographers is easier--their threats, their violence, their power. Confronting the courts is easier--their indifference, their contempt for women, their plain stupidity. Confronting the status quo is easier. Patience is easier and so is every form of political activism, however dangerous. Beaver is real, all right. A serious woman--formidable even--she is coming to take what is hers.

Initialement conçue comme amendement pour un arrêté municipal, cette loi a eu un impact global parce que:

(1) elle dit la vérité de ce qu'est et ce que fait la pornographie;

(2) elle dit la vérité sur l'exploitation et les blessures que la pornographie inflige aux femmes;

(3) elle cherche à libérer la parole des femmes en enlevant le bâillon que les pornographes ont mis sur notre bouche

(4) elle cherche à libérer la parole et à améliorer le statut civil des femmes en nous donnant les tribunaux comme lieux/tribune dans lesquels nous aurons droit à de la dignité et à de l'autorité/respect

(5) elle est un mécanisme de redistribution du pouvoir: elle le prend aux proxénètes, et le rend/donne à celleux que l'on a exploité pour le profit, et fait souffrir par plaisir;

(6) elle dit que les femmes comptent/existent, même celle qui sont dans la pornographie.

Cette loi, la vision politique et l'expérience qui l'informent, ne vont pas disparaître. Nous allons stopper les pornographes. Nous allons réclamer notre dignité d'être humains par la loi. Une ancienne prostituée, ayant permis le passage de cette loi, écrivait: " Me confronter à ma propre souffrance est la chose la plus difficile que j'ai fait au cours de ma vie. Et je dois dire que c'était une vie difficile." 14. Elle a raison. Se confronter aux pornographes, à leur menaces, leur violence, leur pouvoir, est plus facile. Se confronter aux tribunaux, à leur indifférence, leur mépris des femmes, leur stupidité crasse/profonde est plus facile. Se confronter au status quo est plus facile. La patience est plus facile, de même que l'est toute forme de militantisme politique, aussi dangereux qu'il soit. (Ok,?)Beaver ( "castor", ou désigne le sexe féminin de manière vulgaire ) est réelle. Elle est une femme sérieuse, et même formidable, et elle va venir chercher ce qui lui appartient.



14. Toby Summer, pseudonym, "Women, Lesbians and Prostitution: A Working-class Dyke Speaks Out Against Buying Women for Sex," Lesbian Ethics, vol. 2, no. 3, Summer 1987, p. 37.

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