- Joe EstesBleu⋅e
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Date d'inscription : 01/02/2018
Situations de consentement ambigu
07.02.18 18:43
J'espère ne choquer personne avec les questions que je voudrais poser, si c'est le cas, merci de me le signaler et de m'expliquer pourquoi.
Précision potentiellement importante pour la suite : je suis un homme.
Situation : je m'apprête à avoir des relations sexuelles avec une femme. Cela me semble l'enthousiasmer aussi : elle verbalise son envie sans ambiguïté, et m'entraîne par sa gestuelle. Mais alors que les choses commencent à être bien avancées (nudité, caresses, ...), son corps manifeste un stress important (tension évidente, hésitations, ...), je dirais même de l'embarras (précision potentiellement utile : elle a déjà eu des relations sexuelles, mais de qualité inconnue). Arrêtant momentanément l'activité, je lui demande si tout va bien, en précisant que ça me va tout à fait aussi si on fait "un câlin" (c'est un peu naïf ce terme, mais bon...). Elle m'assure verbalement qu'elle a envie que l'on continue, m'entraîne vers elle, mais je ne sais pas, même en poursuivant avec douceur (jusqu'ici, il n'y a eu que des préliminaires, et aucun attouchement direct), corporellement la tension est vraiment palpable. Je ne me sens pas à l'aise, je préfère arrêter en lui disant que je ne me sens pas prêt, et que finalement, je préfère un câlin.
J'aurais besoin d'un avis extérieur sur toute cette histoire. Car mon malaise vient de l'opposition entre deux représentations :
1) Elle sait ce qu'elle veut, je n'ai pas à croire que je sais mieux qu'elle, et donc ce qu'elle me dit est plus important que ma conviction personnelle peut-être totalement erronée qu'elle est en train de se forcer.
2) Dans la culture patriarcale, la norme est qu'une femme fasse plaisir à un homme. Elle agit peut-être conformément à ce schéma, et cela me renvoie l'image que cette situation est plus ou moins une violence envers son intégrité. Même si j'ai "juste" un doute, ce doute est suffisant pour justifier l'arrêt de la situation.
Honnêtement, je suis un peu perdu. La réaction finale était-elle judicieuse, ou au contraire preuve d'une supériorité masculine ancrée culturellement ? Doit-on considérer que dans la situation décrite, il y avait consentement ? Avez-vous déjà vous-même vécu un ressenti ou une situation de "consentement ambigu" ? Si oui, comment aviez-vous souhaité que l'autre réagisse ?
Merci de m'éclairer si vous le pouvez, et à nouveau, désolé si tout ceci est maladroit. Ca reflète juste le flou dans ma tête.
Précision potentiellement importante pour la suite : je suis un homme.
Situation : je m'apprête à avoir des relations sexuelles avec une femme. Cela me semble l'enthousiasmer aussi : elle verbalise son envie sans ambiguïté, et m'entraîne par sa gestuelle. Mais alors que les choses commencent à être bien avancées (nudité, caresses, ...), son corps manifeste un stress important (tension évidente, hésitations, ...), je dirais même de l'embarras (précision potentiellement utile : elle a déjà eu des relations sexuelles, mais de qualité inconnue). Arrêtant momentanément l'activité, je lui demande si tout va bien, en précisant que ça me va tout à fait aussi si on fait "un câlin" (c'est un peu naïf ce terme, mais bon...). Elle m'assure verbalement qu'elle a envie que l'on continue, m'entraîne vers elle, mais je ne sais pas, même en poursuivant avec douceur (jusqu'ici, il n'y a eu que des préliminaires, et aucun attouchement direct), corporellement la tension est vraiment palpable. Je ne me sens pas à l'aise, je préfère arrêter en lui disant que je ne me sens pas prêt, et que finalement, je préfère un câlin.
J'aurais besoin d'un avis extérieur sur toute cette histoire. Car mon malaise vient de l'opposition entre deux représentations :
1) Elle sait ce qu'elle veut, je n'ai pas à croire que je sais mieux qu'elle, et donc ce qu'elle me dit est plus important que ma conviction personnelle peut-être totalement erronée qu'elle est en train de se forcer.
2) Dans la culture patriarcale, la norme est qu'une femme fasse plaisir à un homme. Elle agit peut-être conformément à ce schéma, et cela me renvoie l'image que cette situation est plus ou moins une violence envers son intégrité. Même si j'ai "juste" un doute, ce doute est suffisant pour justifier l'arrêt de la situation.
Honnêtement, je suis un peu perdu. La réaction finale était-elle judicieuse, ou au contraire preuve d'une supériorité masculine ancrée culturellement ? Doit-on considérer que dans la situation décrite, il y avait consentement ? Avez-vous déjà vous-même vécu un ressenti ou une situation de "consentement ambigu" ? Si oui, comment aviez-vous souhaité que l'autre réagisse ?
Merci de m'éclairer si vous le pouvez, et à nouveau, désolé si tout ceci est maladroit. Ca reflète juste le flou dans ma tête.
- Joe EstesBleu⋅e
- Messages : 4
Date d'inscription : 01/02/2018
Re: Situations de consentement ambigu
14.02.18 16:32
Merci Erulelya pour ta réponse, d'autant plus claire que c'est un témoignage.
Ca me rassure d'avoir probablement choisi la bonne option. Et je note bien ton avant-dernière phrase, que je n'oublierai pas si la situation venait à se reproduire (l'histoire que je décris est relativement ancienne, mais même avec le recul, j'avais besoin d'un avis extérieur ; encore merci en ce sens, et pour le complément de réflexion).
J'ai continué à creuser un peu la question, en lisant ce qui se dit sur des sites auto-catalogués comme typiquement masculins (sites de drague que je ne citerai pas) et des sites auto-catalogués comme typiquement féminins (ex : Crepegeorgette ou Madmoizelle ; je ne sais pas si ce sont de bons sites, mais ils sont assez connus).
Il est intéressant de constater que sur les premiers sites, on puisse lire quelque chose comme :
"La technique imparable, qui vous permet d’être un gentleman au lieu d’un gros con : demandez-lui pour vérifier.
Un simple « T’en as envie ? »
ou « Je sens qu’on est sur le point de faire des trucs sales, t’en as envie toi aussi ? »
ou encore « T’es sure ? »
ou encore « Hmmm j’ai trop envie de toi là, ça te dit ? »
… ou n’importe quelle variation de ce style : IMPARABLE"
Et sur les seconds quelque chose comme :
"Pour soi-même et pour l’avenir : être à l’écoute de ses partenaires." (en contexte : dans un sens plus général que simplement verbalement)
"Tout son être fait « oui »! Si son système fait « oui », c’est qu’elle est en mesure de s’écouter entièrement."
"Si vous vous êtes senti assez proche d'elle pour avoir des relations sexuelles alors vous pouvez vous sentir assez proche d'elle pour faire attention aux non-dits éventuels."
J'ai eu envie de mettre les citations ci-dessus pour souligner le décalage flagrant entre des recettes relationnelles d'une simplicité aberrante (première citation), et une capacité idéalisée à "sentir" la totalité psychique d'un autre être que soi-même (citations suivantes), décalage qui continue à me perturber.
Donc j'ai une question supplémentaire : y a-t-il des lectures qui traitent de ce décalage en lui-même ? Dans ce que j'ai trouvé à ce jour, il s'agit davantage de prise de position (voire d'injonctions) dans un sens ou dans l'autre, que de réflexions sur un "pont" qui pourrait être jeté entre ces deux rives.
Ca me rassure d'avoir probablement choisi la bonne option. Et je note bien ton avant-dernière phrase, que je n'oublierai pas si la situation venait à se reproduire (l'histoire que je décris est relativement ancienne, mais même avec le recul, j'avais besoin d'un avis extérieur ; encore merci en ce sens, et pour le complément de réflexion).
J'ai continué à creuser un peu la question, en lisant ce qui se dit sur des sites auto-catalogués comme typiquement masculins (sites de drague que je ne citerai pas) et des sites auto-catalogués comme typiquement féminins (ex : Crepegeorgette ou Madmoizelle ; je ne sais pas si ce sont de bons sites, mais ils sont assez connus).
Il est intéressant de constater que sur les premiers sites, on puisse lire quelque chose comme :
"La technique imparable, qui vous permet d’être un gentleman au lieu d’un gros con : demandez-lui pour vérifier.
Un simple « T’en as envie ? »
ou « Je sens qu’on est sur le point de faire des trucs sales, t’en as envie toi aussi ? »
ou encore « T’es sure ? »
ou encore « Hmmm j’ai trop envie de toi là, ça te dit ? »
… ou n’importe quelle variation de ce style : IMPARABLE"
Et sur les seconds quelque chose comme :
"Pour soi-même et pour l’avenir : être à l’écoute de ses partenaires." (en contexte : dans un sens plus général que simplement verbalement)
"Tout son être fait « oui »! Si son système fait « oui », c’est qu’elle est en mesure de s’écouter entièrement."
"Si vous vous êtes senti assez proche d'elle pour avoir des relations sexuelles alors vous pouvez vous sentir assez proche d'elle pour faire attention aux non-dits éventuels."
J'ai eu envie de mettre les citations ci-dessus pour souligner le décalage flagrant entre des recettes relationnelles d'une simplicité aberrante (première citation), et une capacité idéalisée à "sentir" la totalité psychique d'un autre être que soi-même (citations suivantes), décalage qui continue à me perturber.
Donc j'ai une question supplémentaire : y a-t-il des lectures qui traitent de ce décalage en lui-même ? Dans ce que j'ai trouvé à ce jour, il s'agit davantage de prise de position (voire d'injonctions) dans un sens ou dans l'autre, que de réflexions sur un "pont" qui pourrait être jeté entre ces deux rives.
- FemkeBleu⋅e
- Messages : 4
Date d'inscription : 29/01/2018
Re: Situations de consentement ambigu
15.02.18 3:28
Je pense que tu as bien fais de t'abstenir. On fait toujours mieux de s'abstenir au moindre mal à l'aise, doute, inconfort etc. Tu n'es pas responsable de la manière dont les autres communiquent, mais tu te dois d'être attentif et de réagir correctement. Comme nous toustes . Tu as eu l'occasion de discuter de ça avec ta partenaire à la suite de ces évènements ?
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Situations de consentement ambigu
23.03.18 18:20
Oui, moi aussi je pense que tu as bien fait de t"arrêter. Dans une société où on incite les femmes à taire leurs véritables désirs, où on les éduque à se forcer pour satisfaire les hommes, et où ce sont majoritairement les femmes qui héritent de la violence et des traumatismes potentiels du sexe sans consentement, mieux vaut largement une relation sexuelle qui ne se fait pas même si les deux en avaient finalement envie, qu'une relation sexuelle qui se fait alors que la partenaire ne la voulait pas.
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