Pilosité et influence sociétale

Voici une photo de Charlotte Free, prise par Terry Richardson où elle brise un tabou : la pilosité des aisselles sur une mannequin ! En plus, elle y met sa longue langue. De quoi choquer les pilophobes et le milieu de la mode pour qui le glabre est la norme.



D'autres photos de ses aisselles et ses motivations en anglais ici : http://beautyandthebeat.me/tag/charlotte-free/

Les réactions face à mes poils (3 semaines de non épilation) :

aisselles :
- mon copain n'apprécie pas plus que ça, mais bon, il tolère vu que je fais ce que je veux
- mes copines de sport (je fais du roller derby) "waaa montre voir tes aisselles !" "waaa c'est cool !" "beeeurk", bref, ça oscille entre fascination et dégoût, et mon coach n'a fait qu'hocher de la tête de consternation

poils du ventre en dessous du nombril :
- copain : n'aime pas trop non plus
- filles du roller derby : "AH parce que t'as des poils là aussi ? !" ou "Ah ouais quand même"
une fille m'a demandé "et tu laisses pousser TOUS les poils ?" genre un peu dégoûté, alors que c'est elle qui dit que j'ai les aisselles soyeuses

maillot :
mon copain "Wa, mais t'as des poils même là ?!" > hé oui, les hommes ne savent pas que les femmes ont des poils qui poussent, longs et noirs, sur les cuisses

jambes :
mon copain trouve que j'en ai pas tant que ça, et que c'est assez doux (normal, ils font plus de 5 mm !) mais que j'en ai quand même beaucoup sur les cuisses (arrière)

Bref, réactions normales !

(sinon mes recherches n'avancent pas plus que ça..)

Merci pour le feedback. On pourrait écrire un bouquin rien qu’en analysant les réactions. Ce qui ne devrait amener aucun commentaire de personne sur ce que tu fais de ton corps provoque comme chaque fois des réactions dans tous les sens.
Je note que ton copain est plutôt réfractaire. Pour l’aspect douceur, c’est un argument qui me plaît bien. Quand tous tes poils auront atteint leur longueur maximale, ils seront normalement super doux, bien plus qu’une peau rasée qui est douce qq heures seulement.
Les poils sous le nombril, ça s’appelle « treasure trail » (piste au trésor). Des tas de femmes en ont, il n’y a rien d’étonnant à ça.
Sinon pour les copines du sport, tu vas peut-être en motiver l’une ou l’autre à tenter l’expérience aussi ?
Le coach, c’est un homme ou une femme ?
En tout cas, je te soutiens virtuellement et tiens-nous au courant d’ici qq semaines, quand ils seront vraiment longs. On verra si les gens les verront encore ou s’illes seront habitué-e-s.

pierregr a écrit:
Les poils sous le nombril, ça s’appelle « treasure trail » (piste au trésor).

J'adore ce nom !

Et oui Sarahliza tiens nous au courant et tiens bon pour tes recherches, c'est normal d'avoir des périodes où on a l'impression de pas avancer

A propos de Treasure Trail, voici une photo d'Alexia, une brune qui garde toute sa pilosité et qui a une ligne très marquée qui descend du nombril. J'ai tronqué la photo pour qu'elle soit pas trop NSFW

http://pgriffet.voila.net/im01/alexia.jpg

Bon ben la photo d'Alexia n'est plus là !

Je pense que ce qui choque sur ma piste au trésor c'est que les poils sont vraiment noirs et épais. Ma mère a des poils là aussi mais ils sont nettement plus fins et clairs (elle ne se les ai jamais ou peu épilé).

Et je pense que si mon copain est réfractaire ce n'est que parce que son goût a été façonné par d'une part la société et d'autre part sa famille (sa soeur s'est fait de l'épilation laser) mais il ne voit pas d'inconvénient à ce que j'aie des poils (et ne m'a pas sorti l'argument du poil dans la bouche )

Je me disais ce matin que (peut-être) avant (mais avant quoi, je ne sais pas) il y avait peut être moins de poils sur le corps des filles, car je me souviens que ces poils de trésor ont poussé quand j'ai pris la pilule (arrêtée maintenant mais ça a du me détraquer) comme ces plastiques qui rendent les filles pubères plus tôt. Enfin, je n'y connais rien mais j'y pense..

Aussi là je suis en train de parcourir un livre : Anthropologie, mythologies et histoire de la chevelure et de la pilosité, édition L'Harmattan. Je suis à la page 117 sur 348 et je n'ai toujours pas lu quelque chose à propos de poils féminins... ils ne parlent pour l'instant que des barbes et des cheveux des hommes, philosophes ou empereurs, mais c'est tout. Enfin non, il y avait un chapitre sur la chevelure en Chine mais c'est pas ma zone de prédilection, et puis c'était que les cheveux..

Les femmes apparaissent dans la troisième partie "L'ablation : du sacrifice à la punition" YOUPI

C'est révélateur, il n'est pas question des femmes dans un rpopos qui reste général, elles n'apparaissent que dans une section spécifique, à part... L' "universel", le "neutre" est l'exclusion la plus efficace....

J'ai hébergé la photo d'Alexia ailleurs : http://pgriffet.voila.net/im01/alexia.jpg

Ce que tu dis est intéressant sur "avant". Je serais tenté de dire que ce n'est pas vrai, que ça dépend de la génétique mais il est clair que les hormones ont une influence sur la pilosité. Faut voir aussi depuis quel âge tu prenais la pilule, c'est peut-être un hasard si ces poils sont apparus. A priori, si on supprime les hormones, les effets disparaissent aussi mais bon, je ne suis pas endocrinologue.
Il y a aussi les poils sur les seins (le tabou dans le tabou) : certaines femmes en ont, d'autres pas.
A propos du bouquin, ça confirme ce que je pense depuis longtemps : la pilosité féminine n'est quasiment jamais traitée et quand elle l'est, ce n'est pas sous l'angle de de l'injonction et en plus, c'est dans un chapitre à part. Vous avez dit tabou ?

Wawou ! je suis ridicule moi avec mes trois poils qui se battent sur mon ventre !
Sinon j'ai pris la pilule à 17 ans, je ne sais pas si mes poils seraient venus avant.

Elle en a aussi sur les jambes et le pubis. Par contre, aucun sur les seins. Comme quoi, ça dépend vraiment d'une personne à l'autre.
Cela fait combien de temps que tu as arrêté la pilule ? Si ça fait qq années, les effets devraient s'estomper, je pense.

ça fait bien longtemps, 5, 6, 7 ans, je ne sais pas trop.

Je t'ai envoyé un MP.

AHAHAH !

Le poil vaincra ! : hier je montrais mes aisselles à mon copain, encore, et là il a dit "j'avoue que ça a un petit côté sexy.."

Bcp d'hommes n'ont jamais vu de femmes avec des poils aux aisselles. La première réaction quand ils en voient, c'est le rejet. Et ensuite, ils s'habituent. Et certains ne peuvent plus s'en passer. C'est une zone érogène, en plus, qui ne demande qu'à être sollicitée.

Allez donc faire un tour sur le site gay Têtu, juste pour voir la pub qui y est affichée!

excellente la pub sur le site têtu ! ^^
mais bon ça reste un site destiné aux gays, pas aux hétéros, donc à une tranche bien précise (et stigmatisée) de la population masculine.

Lucha a écrit:Allez donc faire un tour sur le site gay Têtu, juste pour voir la pub qui y est affichée!

Elle est moins hardcore que les vieilles pubs pour des produits dépilatoires destinés aux femmes



Double standard : on culpabilise celles qui gardent leurs poils, on valorise les hommes qui enlèvent leurs poils mais on n'attaque pas pour ça ceux qui les gardent.

Les prostituées espagnoles aux XVIe et XVIIe siècles se rasaient le pubis pour différentes raisons :
- par souci d'hygiène : "offre au client innocent une image plus saine et semblait lui signifier qu'il ne risquait pas de trouver des morpions
- parce que cela correspondait au goût de certains hommes (désir de jeunes filles impubères, pédophilie, souvenir des femmes musulmanes, choc "traumatisant" provoqué par la découverte d'un sexe brun ou gris accompagnant une chevelure rousse ou blonde)
- mais surtout pour masquer l'alopécie provoquée par la syphilis

Sinon dans ce livre (dont j'ai parlé plus haut) les auteurs disent que dans l'empire romain il était d'usage de se raser aux thermes, hommes et femmes, mais que pour les femmes il n'y avait que peu de textes qui en parlaient, alors ils se contentent ensuite de parler des hommes. On ne peut pas blâmer les auteurs du manque de sources..

Merci pour le feedback. J'ai effectivement lu que certaines prostituées se rasaient le pubis afin de prouver qu'elles n'avaient pas la syphilis ou des morpions. Mais d'autres maladies ont des effets moins spectaculaires et je ne parle même pas du SIDA qui n'existait pas à l'époque.

Sinon pour la Rome Antique, je ne suis pas sûr que ça concernait tout le monde, je pense que c'était plutôt l'élite qui s'enlevait les poils pour se démarquer de la plèbe.

youhou ! http://www.toile-gothique.com/topic4532-hans-baldung-grien.html
au XVIe siècle on peignait des poils pubiens, et même des poils d'aisselles !

Merci pour l'info.
Sur la page wiki consacrée au peintre, je trouve ce lien-ci qui montre encore un autre tableau où l'on distingue un peu de poils pubiens.

http://als.wikipedia.org/wiki/Hans_Baldung

Sinon, un tableau connu de tous, « La liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix, montre une femme avec des poils aux aisselles. Et ce tableau était sur les billets de 100 Francs.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Eug%C3%A8ne_Delacroix_-_La_libert%C3%A9_guidant_le_peuple.jpg

Sur un blog, j'ai trouvé un lien qui pourrait t'intéresser mais qui montre bien qu'il faut se méfier des historiens.

Le blog qui parle de "la mort du poil" : http://lesquestionscomposent.fr/mort-au-poil/ où j'ai posté des comms.

Et voici le lien en question : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_2000_num_78_1_4431

Il s'agit de scans d'un livre de Gerrit Cootjans qui écrit ceci

A l’opposé des hommes, bcp de femmes grecques préféraient le pubis glabre. En témoignent les statues de l’Antiquité dont le sexe de l’homme adulte est souvent couvert de sa toison naturelle, tandis que celui de la femme est toujours lisse et poli.

De la part d’historien-nes, je trouve cette interprétation totalement erronée. Gerrit Cootjans constate une différence (il oublie au passage de noter que la fente vulvaire est aussi absente, comme une excision symbolique) mais semble oublier la misogynie de la plupart des anciens Grecs. La préoccupation principale des hommes était de se différencier des femmes, celles-ci étant des monstres (GC en parle par ailleurs).

C'est sûr qu'il faut s'en méfier..
Dans mon livre ils parlent bien d'interdit de représenter les poils et le sexe féminin. D'ailleurs est évoqué la Diane de Houdon, qui était réalisée à la base avec une fente vulvaire qui a due ensuite être bouchée, pour ne pas choquer...
évoquée dans ce blog : http://www.paperblog.fr/686199/eros-au-louvre-et-a-orsay/ (qui parle d'un livre qui a l'air intéressant d'ailleurs !)

Je cite le passage intéressant, du blog que tu mentionnes

la fente vulvaire respecte le plâtre d’origine et l’intention du sculpteur. En revanche, le bronze du Louvre (Richelieu, salle 29) entré en 1829 dans les collections publiques fut immédiatement « rebouché ». La statue demeure dans cet état de mutilation aujourd’hui. Courbet, dans L’Origine du monde, se chargea de venger toutes ces représentations féminines asexuées par convention au nom de la « bienséance ». Une bienséance qui, soit dit en passant, ne s’appliquait pas aux nus masculins…

On est donc bien face à double standard pour la représentation du sexe féminin.

Dans mon livre ils parlent bien d'interdit de représenter les poils et le sexe féminin

Qui interdisait ? L'Eglise ? Est-il fait état d'une interdiction dans les écoles d'Art ?
Si le passage n'est pas trop long, pourrais-tu le retranscrire ici ? Merci d'avance.

Il est question d'interdit de l'Eglise notamment : pour le polyptique de l'Agneau Pascal de Van Eyck, au 19e siècle la nudité d'Eve et Adam est interdite par l'Eglise, pour ce qui est des tableaux DANS les églises, et donc il va y avoir une version habillée de ce tableau.
Sinon il ne parlent pas spécialement des écoles et académies, je pense que les peintres évitaient le sujet des poils pour ne pas être interdits, pour être exposés, pour la bienséance.

Comme artiste du poil, j'ai découvert Félicien Rops aujourd'hui : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4f/Félicien_Rops_001.jpg
Ce dessin a suscité un scandale, quelques années après le scandale produit par la publication posthume des poésies érotiques de Théophile Gautier (où il mentionne les poils, les loue même) ami de Félicien.

En tant que Belge, je connais bien Rops. Voici d’ailleurs qq autres noms de peintres qui ont montré des femmes avec leur pilosité au pubis et aux aisselles.

Gustav Klimt
Amedeo Modigliani
Gustave Caillebotte
Egon Schiele
Christian Schad
Camille Clovis Trouille
Félicien Rops
Paul Delvaux
Henri Matisse