Quelques ressources pour le débat sur la prostitution
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Livre : Le viol-location, liberté sexuelle et prostitution
J'aime assez l’expression "viol-location", ça renvoie à la notion d'objet
La suite ici : http://www.prostitutionetsociete.fr/cultures/livres/le-viol-location-liberte-sexuelle?lang=frVoilà un livre qui tombe à point nommé. Passant au tamis tous les arguments qu’abolitionnistes et « pro-travail du sexe » se jettent à la figure, Joël Martine entreprend de les soumettre un à un à la critique en les délivrant de leur dimension passionnelle et de réfléchir concrètement à des pistes réalistes pour l’avenir.
Professeur de philosophie, militant féministe et altermondialiste, l’auteur voit le débat sur la prostitution comme porteur d’enjeux essentiels pour le féminisme. Toute la question est celle de la la place de la sexualité dans la définition des droits humains.
S’il ne se cache pas d’appartenir aux rangs des "néo-abolitionnistes" favorables à l’adoption d’une loi qui pénalise les "clients" sur le modèle suédois (dont il salue la portée féministe universelle), s’il voit l’abolition de la prostitution comme un chantier ouvert, une « utopie agissante », il est attaché à la liberté sexuelle et entend en la matière mesurer le rôle du Droit et de l’Etat.
J'aime assez l’expression "viol-location", ça renvoie à la notion d'objet
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Quelques citations abolitionnistes de Louise Michel :
La Commune de Paris et la prostitution
Les paragraphes suivants sont extraits de "La prostitution à Paris pendant la commune. La politique ambigüe du gouvernement révolutionnaire", par Claudine Legardinier, Prostitution et Société numéro 119, octobre - décembre 1997.
Le négoce des proxénètes et des "clients"«Est-ce qu’il n’y a pas des marchés où l’on vend, dans la rue, aux étalages des trottoirs, les belles filles du peuple, tandis que les filles des riches sont vendues pour leur dot ? L’une, la prend qui veut ; l’autre, on la donne à qui on veut. La prostitution est la même».
« La prostitution est la même, et chez nous largement est pratiquée la morale océanienne Hi chère ! pas lélé les tayos (les hommes) qui comptent les nemos (les femmes) pour quelque chose !. Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire. Et le salaire des femmes ? Parlons-en un peu ; c'est tout simplement un leurre, puisque, étant illusoire, il est pire que de ne pas exister. Pourquoi tant de femmes ne travaillent-elles pas ? Il y a deux raisons : les unes ne trouvent pas de travail ; les autres aiment mieux crever de faim, dans un trou ou où elles peuvent, au coin d'une borne ou d'une route si elles n'ont plus d'abri, que de faire un travail qui leur rapporte tout juste le fil qu'elles y mettent, mais reporte beaucoup à l'entrepreneur. Il y en a qui tiennent à la vie. Alors, poussées par la faim, le froid, la misère, attirées par les drôles ou drôlesses qui vivent de ça, — il y a des vers dans toutes les pourritures, — les malheureuses se laissent enrégimenter dans l'armée lugubre qui traîne de Saint-Lazare à la Morgue. Tenez, quand une misérable qui barbote dans la fange prend dans la poche d'un pante, comme elles disent, plus qu'il ne lui donne, tant mieux ! Pourquoi y allait-il ? S'il n'y avait pas tant d'acheteurs on ne trafiquerait pas sur cette marchandise. »
http://www.prostitutionetsociete.fr/cul ... e-de-paris
Louise Michel (29 mai 1830 – 10 janvier 1905)
Si les grands négociants des marchés de femmes qui parcourent l’Europe pour leur négoce, étaient chacun au bout d’une corde, ce n’est pas moi qui irais la couper.
Il y a entre les propriétaires des maisons de prostitution échange de femmes, comme il y a échange de chevaux ou de bœufs entre agriculteurs ; ce sont des troupeaux, le bétail humain est celui qui rapporte le plus.
Quand les michets [les « clients »] (...) trouvent une femelle trop surmenée ou qu’ils en sont las, le propriétaire s’arrange pour que la fille doive à la maison une somme dont elle ne pourra jamais s’acquitter ; cela la fait esclave, alors on la troque dans tous les maquignonnages possibles. Il faut que le bétail aille dans l’étable où il sera plus profitable aux traficants.
Les prisons, un lieu de recrutement pour les proxénètes
De vieilles misérables trouvent moyen de se faire emprisonner pendant quelques mois, et elles recrutent, elles racolent toutes les jolies filles qui y sont échouées : il n’y a plus besoin qu’elles craignent d’avoir faim en sortant elles feront la noce.
Oui, elles la feront, la noce, à en crever ! (…) C’est la noce, la noce des bourgeois en appétit.
La femme elle-même doit être l’artisan de son émancipation...
Et si, quand une pauvre fille (…) s’aperçoit où elle est, et se trouve dans l’impossibilité d’en sortir, elle étranglait de ses mains vengeresses un des misérables qui l’y retiennent ; si elle mettait le feu à ce lieu maudit, cela vaudrait mieux que d’attendre le résultat des plaidoiries à ce sujet...
La prostitution, une facette de l’appropriation du corps des femmes par les hommes
Est-ce qu’il n’y a pas des marchés où l’on vend, dans la rue, aux étalages des trottoirs, les belles filles du peuple, tandis que les filles des riches sont vendues pour leur dot ? L’une, la prend qui veut ; l’autre, on la donne à qui on veut. La prostitution est la même.
La Commune de Paris et la prostitution
Les paragraphes suivants sont extraits de "La prostitution à Paris pendant la commune. La politique ambigüe du gouvernement révolutionnaire", par Claudine Legardinier, Prostitution et Société numéro 119, octobre - décembre 1997.
Sensible au problème de la prostitution, le gouvernement révolutionnaire de la Commune de Paris, en 1871, a mené en la matière une politique contradictoire, partagée entre une vision nouvelle et audacieuse et le réflexe réactionnaire.
Ainsi, les maisons de tolérance sont fermées dans tout le XIème arrondissement dès mai 1871. Les motivations de l’arrêté promulgué à cet effet font valoir, en s’appuyant sur une comparaison avec la traite des Noirs, la nécessité d’aboutir à la suppression du trafic odieux des marchands d’hommes, et l’impossibilité d’admettre l’exploitation commerciale de créatures humaines par d’autres créatures humaines.
La délégation communale du XIème va plus loin en affirmant que la société est responsable et solidaire des désordres engendrés par la prostitution, que la cause générale du phénomène est à chercher dans le manque d’instruction et de travail et que le seul remède doit être l’organisation intelligente du travail des femmes.
On proclame également la suppression du Bureau des Mœurs au nom de la liberté de la femme. C’est la fin - hélas provisoire - des deux piliers de la politique réglementariste : l’inscription des femmes prostituées et l’obligation qui leur est faite de se soumettre à une surveillance médicale.
Mais cette démarche progressiste est gâtée par les réflexes du temps. Un arrêté interdit bientôt dans le XIème arrondissement la circulation sur la voie publique des femmes livrées à la prostitution, sous peine d’arrestation immédiate.
Ces éléments sont rapportés dans l’ouvrage La prostitution à Paris et à Londres, 1789-1871, seconde édition (1872), par Charles Jérôme Lecour, chef de la première division à la Préfecture de Police et versaillais réfugié auprès d’Adolphe Thiers pendant la Commune de Paris. Chantre enthousiaste du réglementarisme, Lecour voue bien entendu cette politique originale aux gémonies. Il ironise sur les décisions révolutionnaires, qu’il ramène à d’emphatiques déclarations. Selon Lecour, le nouveau pouvoir encourage plutôt l’anarchie ; à l’en croire, beaucoup de filles publiques ou insoumises auraient été relaxées de façon injustifiée, d’hôpitaux-prisons tels que Saint-Lazare.
Mais l’exaspération de l’homme de confiance de la Préfecture de Police est à son comble lorsqu’il constate que les révolutionnaires et les personnes prostituées font cause commune : On comptait des prostituées en armes dans les rangs des insurgés. Il y en eut qui prirent part aux barricades...
Nul ne sait ce qu’il serait advenu de la balbutiante politique menée par les Révolutionnaires. L’épisode, en effet, fut de très courte durée. Après l’écrasement sanglant de la Commune, le gouvernement de Thiers procède énergiquement dans la bataille contre la prostitution clandestine dont les scandales s’étalaient partout. Enfin rassuré, Lecour estime que la répression s’exerce alors d’une manière proportionnée à l’importance des désordres...
En huit mois (de juin 1871 à janvier 1872), la police procède ainsi à plus de six mille arrestations pour faits de prostitution ! La parenthèse communarde refermée, l’État revient avec soulagement à la case départ. Premier symbole, la réouverture des "maisons de tolérance" : si dix-neuf d’entre elles avaient été fermées sous le siège et la Commune, quinze sont bientôt rouvertes, ce qui porte leur nombre à cent quarante-deux en 1872. Cette timide tentative de la Commune n’aura plus de suite ample et officielle qu’en 1946 avec l’adoption de la loi Marthe Richard ...
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Parce que je trouve cet article tellement pertinent :
http://blogs.mediapart.fr/blog/joel-martine/261013/prostitution-le-consentement-dissymetrique
En particulier ce passage, qui me fait penser à ce que j'évoque souvent, les gens qui viennent me chercher quand je fais la manche :
http://blogs.mediapart.fr/blog/joel-martine/261013/prostitution-le-consentement-dissymetrique
En particulier ce passage, qui me fait penser à ce que j'évoque souvent, les gens qui viennent me chercher quand je fais la manche :
Toute femme, et tout.e ado, pour peu qu'elle ou il tombe dans une situation de précarité économique ou de vulnérabilité psychique, peut se voir proposer de l'argent en échange d'actes sexuels. La menace prostitutionnelle fait partie de la « normalité » de la condition des femmes, et des pauvres. C'est à cette banalité de l'achat de « services sexuels » qu'il faut mettre fin.
- Mélusine VerteluneBleu⋅e
- Messages : 19
Date d'inscription : 29/10/2013
Prostitution : liberté sexuelle ou liberté de consommer du sexe ?
Depuis des siècles, la prostitution est l’un des piliers fondamentaux de la domination masculine. A présent, même si les personnes prostituées ne sont pas toutes des femmes, elles s’identifient rarement comme appartenant à une catégorie identitaire de genre masculin. Ce qui n’est pas le cas de la clientèle. La prostitution alimente le mythe d’un « besoin sexuel » supérieur chez les hommes et celui d’une vénalité « naturelle » chez les femmes qui ne consentiraient que dans le cadre d’un échange pour obtenir autre chose qu’un rapport sexuel.
Selon les schémas du patriarcat, un homme se définit par lui-même, sa sexualité n’aura pas d’incidence majeure sur son identité, par contre une femme est définie par rapport aux hommes, et de sa sexualité découlera l’identité que la société lui attribuera. Cela se confirme, entre autre, par l’observation des habitudes langagières. Par exemple, l’usage quotidien et administratif imposant le qualificatif intrusif et infantilisant du terme « mademoiselle » aux femmes célibataires (ou supposées l’être) ainsi qu’aux petites filles induit l’idée selon laquelle l’intimité d’une humaine doit être étalée sur la place publique. De même, certaines administrations attribuent d’office à une femme mariée le nom de son époux même lorsqu’il apparaît clairement qu’elle ne l’a pas choisi, et feignent d’ignorer qu’un homme marié peut porter le nom de son épouse.
Sous l’Antiquité à Rome et en Grèce, la prostitution était encouragée pour préserver la famille patriarcale. Le système patriarcal construit, pour se pérenniser, des carcans identitaires auxquels les femmes doivent se conformer. Ils se divisent en deux grandes catégories : la femme « purifiée » qui appartient à un seul homme, est lavée de son « impureté originelle » en accédant au rôle sacralisé de « la mère qui enfante dans la douleur » (ex : la ménagère fidèle dont la sexualité est niée à l’image de la « vierge » marie), et celle qui est « impure », appartient à tous les hommes et sert de réceptacle aux « pulsions sexuelles » des dominants afin de préserver la « vertu » de l’autre femme (la prostituée qui n’existe qu’à travers une sexualité dont elle est dépossédée).
Objets sacralisé ou méprisé, on les oppose alors qu’elles sont les deux facettes de la même femme aliénable ou aliénée, jamais propriétaire d’elle même. Il existe de multiples formes de relations prostitutionnelles qui ne sont pas reconnues comme telles (ex : dépendance économique et "devoir conjugal" des "femmes au foyer"). La prostitution participe à leur maintien au travers des représentations qu’elle véhicule par sa simple existence. Elle encourage la volonté de toute puissance des individus qui préfèrent payer plutôt que prendre le risque de vivre des relations sexuelles égalitaires. « Mais ce qu’ils achètent, en un sens, c’est le pouvoir. Nous sommes censées nous conformer à leur bon plaisir. Ils nous dictent leur volonté et nous, nous devons leur plaire, obéir à leurs ordres. Même dans le cas des masochistes, qui aiment obéir, c’est encore sur leur ordre à eux que nous les commandons. La prostitution rabaisse non seulement les femmes, mais aussi le sexe... oui, elle rabaisse le sexe.[...] il y a dans la prostitution une indignité particulière, comme si le sexe était une chose sale et que les hommes ne pouvaient en jouir qu’avec quelqu’un de bas. Ça implique une espèce de mépris, de dédain, et une sorte de triomphe sur un autre être humain. » (1)
Dès le Moyen Âge, l’Église est favorable à la prostitution. « « Supprimez les prostituées, disait saint Augustin, vous troublerez la société par le libertinage. » Et plus tard saint Thomas [...] déclare : « Retranchez les femmes publiques du sein de la société, la débauche la troublera par des désordres de tous genre. Les prostituées sont dans une cité ce qu’est le cloaque dans un palais : supprimez le cloaque, le palais deviendra un lieu malpropre et infect. » » (2). « Et Mandeville dans un ouvrage qui fit du bruit : « Il est évident qu’il existe une nécessité de sacrifier une partie des femmes pour conserver l’autre et pour prévenir une saleté d’une nature plus repoussante. » » (3).
« A mon avis, la conviction que les femmes sont sales, que les organes génitaux sont sales, nous colle vraiment à la peau. Si je n’aime pas qu’un type me jouisse dessus, je croie que c’est pour ça. Parce que je me trouve sale. Je n’aime pas ça parce que j’ai l’impression que je suis sale... et qu’eux ne le sont pas. Peut-être qu’eux, ça les lave. Le fait qu’on se croie sale est très important. » (1). Il est donc clair qu’en réalité, l’idéologie puritaine rejette la liberté sexuelle et non la prostitution car cette dernière lui sert d’exutoire. Les puritain-e-s ont intérêt à entretenir la confusion entre les deux pour occulter l’existence potentielle ou vécue d’une jouissance inaliénable.
On peut constater que l’Église a réussi son entreprise de conditionnement mental durable et profond car la prostitution remplit toujours son rôle de force de répression contre la libération des personnes dominées en imposant l’image d’une vénalité « naturelle » et le sentiment de culpabilité dans leur sexualité. « L’une des pires choses, c’est de faire semblant. Il fallait mimer l’orgasme. Les hommes l’attendent parce que c’est la preuve de leur virilité.C’est une des pires choses. Ça, c’est vraiment se conduire en putain, cette malhonnêteté. » (1)
Au contraire, la véritable liberté sexuelle fait du désir et de la jouissance de chaque personne une fin en soi et exclut les « non-dits », la simulation ainsi que les rapports de domination. Les « travailleu-se-r-s du sexe » qui réclament la réglementation de la prostitution déclarent souvent ne pas vendre leur corps mais un « service sexuel ». Ce « service » se traduit quoi qu’il en soit par une mise à disposition du corps. Une sorte de location, comme si le corps d’une personne était un objet... un objet extérieur à elle-même. Et c’est à ce rapport de chosification et de division avec leur propre corps que les personnes prostituées sont contraintes de se soumettre pour satisfaire les exigences de leur clientèle. Cette vision réductrice du corps devenu objet est banalisée car profondément intégrée dans les mentalités. Ils influencent les prises de position des réglementaristes et des légitimistes qui accusent les abolitionnistes de puritanisme. Il est pourtant le fruit du conditionnement mental puritain qui consiste à vouloir séparer ce qui est supposé être « le corps » de ce qui est supposé être « l’esprit » en les plaçant dans un rapport hiérarchique. Puisque le corps est jugé « inférieur », il peut alors servir d’ustensile, d’outil de travail.
Cette division hiérarchique sert aussi de support à l’exploitation capitaliste en général, qu’elle se traduise par le salariat où par n’importe quel autre forme de rapport marchand. Cependant, dans la prostitution ce ne sont pas seulement certaines parties du corps qui sont utilisées, mais le corps tout entier selon les envies du client qui, comme dans tous commerce est « roi ». « Le pire, dans la prostitution, c’est qu’on est obligé de vendre, non seulement son sexe, mais aussi son humanité. C’est ça le pire : ce qu’on vend, c’est sa dignité humaine. » (1)
Le mot « travail » vient du latin « tripalium » qui désignait un instrument de torture. Et jusqu’à maintenant, il a gardé son sens premier : la souffrance, la pénibilité, le tourment. Il inclut un sens sacrificielle et appartient à la morale religieuse : « Tu travailleras désormais à la sueur de ton front [...] » (La Genèse). D’ailleurs, le « Qui ne travaille pas ne mange pas. » de St Paul fait écho à la morale capitaliste et à ses conséquences désastreuses. Pour vivre (ou survivre) il faudrait se soumettre à l’obligation de sacrifier son temps et son corps, gâcher une partie plus ou moins importante de sa vie et de sa santé dans la souffrance.
Avec le développement de la bourgeoisie, le sens de ce mot s’est élargi à celle d’activité marchande, l’inscrivant ainsi dans la dimension de l’échange qui induit la compétition entre les individus et leurs inégalités économiques et sociales. L’idéologie du travail s’impose et emprisonne les personnes dans cette obligation du « don – contre don » qui sert de justification « indiscutable » à la domination et à l’exploitation. Par conséquent, il n’est pas étonnant que le travail soit une valeur d’extrême droite. A l’entrée du camps de concentration d’Auschwitz il était écrit « Le travail rend libre » et la devise du Maréchal Pétain était « Travail, Famille, Patrie ».
Pour que le travail soit aboli, il faudrait que les activités utiles soient distribuées et exercées dans une dynamique de partage et de gratuité qui prenne en compte les besoins et les désirs de chaque personne, et non dans un maintien des rapports marchands qui, eux, sont basés sur une logique d’échange.
D’autre part, par le biais de la pornographie commerciale dite « professionnelle », de la publicité sexiste et des différentes formes de prostitutions, le capitalisme a intérêt à faire passer la consommation de sexe pour de la liberté sexuelle. Elene Vis, fondatrice de « l’école du sexe » au Pays-Bas déclare à ses élèves « Vous pouvez parler de techniques de vente. Vous devez vous vendre et peu importe qu’il s’agisse de votre propre corps ou d’aspirateurs. Le principe est le même ». Vouloir qu’un acte sexuel puisse être un « service » rendu dans le cadre d’un échange revient à vouloir défendre l’idée selon laquelle les personnes dominées doivent « naturellement » s’abstenir de rechercher le plaisir pour elles-mêmes. C’est vouloir que la sexualité soit un produit qui se vend plutôt qu’un plaisir qui se partage. La prostitution, c’est l’aliénation de la sexualité au capitalisme !
Vouloir la création d’un statut professionnel de "travailleu-se-r-s du sexe" c’est reconnaître une utilité sociale à la prostitution, c’est adhérer à la morale puritaine, à la marchandisation et au patriarcat. La prostitution ne représente aucun danger pour le système. Au contraire, elle est à son service et le sert avec une efficacité redoutable lorsqu’elle se revendique « librement choisie ».
La loi Sarkozy contre le « racolage passif » criminalise les personnes prostituées les plus vulnérables. L’écrasante majorité d’entre elles n’ont pas choisi de se prostituer parce qu’elles en éprouvaient le désir, mais pour survivre en espérant que cette situation sera temporaire. Pourtant ce n’est pas à elles que les médias capitalistes et machistes ont donné la parole au moment de la promulgation de cette loi, mais à des commerciales du sexe ultra minoritaires qui s’inscrivent dans une démarche réglementariste et/ou légitimiste et non pas révolutionnaire, revendiquant le titre de « travailleu-se-r-s du sexe ». Leur argument central est que la prostitution serait majoritairement un « choix professionnel », et que son existence serait une nécessité.
C’est ce que pensent également les anti-féministes (comme par exemple Eric Zémmour), dont celles et ceux qui, comme Elizabeth Badinter, affichent une étiquette de « féministe ». Le discours de Christine Boutin et Chantal Brunel (députée UMP de Seine-et-Marne) est plus hypocrite encore, car tout en admettant que la prostitution est une violence faite aux femmes, elles préconisent la réouverture des maisons closes.
On entend souvent « Si elles déclarent que c’est un choix, où est le problème ? ». D’une part elles sont ultra-minoritaires à déclarer que « c’est un choix » même si elles s’expriment au nom de toutes. D’autre part, qu’entendons-nous par « c’est un choix » ? Dans le cas d’un objet, « l’essence – c’est à dire l’ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir – précède l’existence » (J-P Sartre). Le concept « table » précède et conditionne la fabrication de tables. A l’inverse, pour les humain-e-s, l’existence précède l’essence car aucune divinité n’est à l’origine de notre « création ». « Il n’y a donc pas de nature humaine puisqu’il n’y a pas de dieu pour la concevoir » (J-P Sartre). Nous existons d’abord, nous nous définissons ensuite par l’ensemble de nos actes. Chaque personne est donc responsable de ce qu’elle est, car elle n’est pas l’oppression qu’elle subit ni l’un de ses actes isolé des autres. Elle est ce qu’elle choisi de faire et de dire dans les limites de la marge de manœuvre dont elle dispose qui dépend du contexte dans lequel elle se trouve. Elle est son propre projet, le fruit de ses choix, de ses choix uniquement, et l’injustice dont elle est la cible ne la définit absolument pas. Être conscient-e-s nous oblige en permanence à faire des choix car nous n’avons pas d’instinct pour nous dicter notre conduite.
La responsabilité que la condition humaine nous confère peut être angoissante, mais elle est aussi le signe de nos libertés potentielles. La plupart des choix sont des choix par dépit, des choix stratégiques de survie ou d’auto-destruction matérielle et/ou psychique, plus rarement, nous estimons avoir l’opportunité de choisir par désir. Tout acte humain est donc le résultat d’un choix, mais ce choix est la plupart du temps un consentement sans désir. Au sein des armées, il y a des individus qui y sont entrés volontairement, parce qu’ils adhèrent à l’idéologie militariste. Il y a aussi des personnes qui y sont entrées volontairement, mais sans désir ni conviction, parce qu’elles ne voyaient pas d’autre moyen pour survivre. Et il y en a aussi qui sont enrôlées de force, parmi elles certaines font le choix de tenter une évasion et d’autres se suicident.
On ne peut pas défendre la liberté sexuelle en se satisfaisant de la notion de consentement (qui d’ailleurs convient parfaitement à la justice étatique dans de nombreux cas de viols). Il est très fréquent qu’une personne consente à avoir une relation sexuelle, non pas parce qu’elle en éprouve le désir mais parce qu’elle pense qu’elle le doit, ou estime ne pas pouvoir s’y soustraire sans prendre de risques qu’elle ne pourrait supporter. Une passe, c’est un viol tarifé !
L’expression « liberté de choix » avancée dans les discours réglementaristes sonne creux... Au travers de son utilisation, il apparaît une confusion entre la définition de la liberté dans la doctrine libéraliste et la définition de la liberté d’un point de vue anarchiste. Pourtant, d’un côté on s’inscrit dans un système de compétitions et de performances qui répartie les possibilités d’exercer le libre arbitre de manière inégale. De l’autre côté on estime que la véritable liberté, celle pour laquelle on se bat, ne peut s’accomplir que dans l’égalité économique et sociale inconditionnelle. Il est évident que ces deux définitions s’opposent même si les « travailleu-se-r-s du sexe » déclarent choisir leur clientèle et prétendent aimer « le sexe ».
Mais il y a aussi des personnes prostituées qui choisissent de demander de l’aide aux services sociaux et aux associations abolitionnistes pour trouver la force et les moyens de quitter la prostitution. Je suppose qu’elles ont leurs raisons... leurs situations sont compliquées et elles sont très nombreuses aux regard des moyens dont disposent ces services sociaux et ces associations. En faisant l’apologie de la prostitution, les « travailleu-se-r-s de sexe » font un choix idéologique et politique ultra-libérale et non libertaire, de la propagande par l’acte contre la liberté sexuelle. « Une liberté qui ne s’emploie qu’à nier la liberté doit être niée », Simone de Beauvoir. Adhérer à leurs discours n’est pas compatible avec une quelconque solidarité a l’égard de l’écrasante majorité des personnes prostituées.
C’est facile de se proclamer « de gauche », voir « libertaire » comme le font certains individus favorables à la prostitution. Certains groupuscules et partis d’extrême droite se prétendent bien anti-racistes et/ou féministes, eux aussi... C’est un moyen très efficace pour brouiller les pistes que de se vautrer, avec une bonne rhétorique, dans la malhonnêteté intellectuelle avec ou sans paillettes. Pour l’auditoire, il peut apparaître plus confortable de se blottir dans le voile rassurant d’une négation bien ficelée. Il y a bon nombre de lâches et de crédules avides de clichés nourrissant leurs fantasmes de domination pour croire à des déclarations proférées par des personnes qui s’autoproclament représentatives parce qu’elles parlent beaucoup plus fort que les autres. Par contre c’est très compliqué, pour le plus grand nombre des personnes prostituées de faire entendre leur véritable point de vue. Non seulement parce que les médias ne leur donnent que très rarement la parole, mais aussi parce que dans la prostitution le mensonge et la simulation sont obligatoires, vis à vis de la clientèle avérées ou potentielles, des « collègues », et des proxénètes, c’est une question de survie.
Alors, entre l’écrasante majorité des personnes prostituées qui ne disposent pas de la marge de manœuvre nécessaire pour s’exprimer librement, et les « travailleu-se-r-s du sexe » qui utilisent les médias pour vanter les mérites de la servitude sexuelle volontaire, il y a effectivement une différence fondamentale.
Il est aberrant de croire que quiconque a la capacité de parler à la place, ou au nom de l’ensemble des personnes prostituées. Cela reviendrait à croire qu’elles ont toutes le même point de vue. C’est nier une grande part de ce qui fait leur condition humaine, à savoir leurs subjectivité. Parmi les personnes sans-papiers, il y en a qui se battent pour la régularisation de tout le monde et pour la liberté de circulation inconditionnelle. Il y a aussi des sans-papiers qui défendent la régularisation au cas par cas, et même des personnes régularisées qui exploitent des nouve-lles-aux sans-papiers. De nombreuses personnes sans-papiers sont isolées et épuisées par tout ce qu’elles supportent et estiment ne pas avoir la force de se battre dans une dimension collective. Il y a des femmes victimes de violences conjugales qui se révoltent, s’organisent et/ou vont chercher de l’aide pour échapper à leurs oppresseurs. D’autres croient avoir mérité les coups qu’elles ont reçu. Et certaines pensent que lorsque cela arrive à la voisine, cette dernière « l’a bien cherché ». Je pourrais multiplier les exemples d’exploitation, d’oppressions, d’aliénations et de stigmatisations, on retrouve partout la même diversité d’opinions.
Quand on a la chance de pouvoir s’exprimer librement, il est plus honnête d’admettre sa propre subjectivité et de l’assumer. Ma subjectivité, quant à elle est influencée par l’idéologie à laquelle j’adhère. Et elle me conduit à choisir mon « camp », du côté des personnes prostituées, et non de celui des « travailleu-se-r-s du sexe ».
L’État français se prétend abolitionniste alors que sa politique est un mélange de réglementation (prélèvement d’impôts sur les revenus des personnes prostituées, reconnues par le Trésor Public comme « Travailleurs indépendants », ce qui les condamne à une rentabilité accrue, participe à leurs fréquents endettements et fait de l’État le premier proxénète de France) et de prohibition (lois contre le « racolage passif »). La confusion entre abolitionnisme et prohibitionnisme est récurrente dans les discours des réglementaristes. Le prohibitionnisme, comme le réglementarisme découlent logiquement de tout système étatique et/ou capitaliste. Alors que l’abolitionnisme est la position la plus cohérente avec les valeurs fondamentale du communisme libertaire révolutionnaire.
Un des arguments du réglementarisme est basé sur la croyance en une amélioration de la situation sociale et sanitaire des personnes prostituées. En réalité, il leur impose un contrôle médical accompagné d’une inscription sur les registres policiers. Il fait le jeu des proxénètes qui bénéficient d’une forte complicité de la part de la police. Et les personnes prostituées préfèrent majoritairement la clandestinité à ce fichage qui scelle leur ancrage dans la prostitution.
Dans le cadre d’une réglementation complète de la prostitution, il serait logique que le Pôle Emploi tente d’imposer aux chomeu-se-r-s en fin de droit des postes de « travailleu-se-r-s du sexe » dans les maisons « ouvertes » de C. Brunel. Les politiques réglementaristes et prohibitionnistes sont présentées comme opposées, pourtant leurs effets se ressemblent... Une des revendications des associations de « travailleu-se-r-s du sexe » est la légitimation de la prostitution. L’association parisienne « LesPutes » par exemple, proposent la création d’écoles européennes qui formeraient des « expert-e-s », c’est-à-dire des personnes dont les compétences sexuelles seraient supérieures à celles des autres. Ceci ne pourrait que renforcer la présence, déjà envahissante, des notions de performance, de compétition et de concurrence dans la sexualité, ce qui correspond, là encore, à une conception de la liberté sexuelle ultra-libérale et non libertaire.
Quelques "travailleu-se-r-s du sexe" regroupé-e-s dans ces associations réglementaristes et légitimistes s’insurgent contre ce qu’elles nomment une « victimisation » de la part des abolitionnistes. Cependant, elles victimisent volontiers leur clientèle, notamment avec des slogans comme « Touche pas à mon client ». Le statut de victime n’est pas une identité dégradante mais le résultat d’une situation injuste, et sa prise de conscience est nécessaire à la révolte et au désir de libération. Se reconnaître et être reconnu-e comme victime est la première étape d’un processus qui va permettre à la personne de se reconstruire et de se libérer du sentiment de culpabilité induit par les humiliations. C’est aussi pour cela qu’il est important de s’opposer à la véritable victimisation, celle des coupables que sont les prostitueurs, clientèle et proxénètes en tête. Car en victimisant les coupables on culpabilise les victimes et on tombe dans une sorte de négationnisme. Très à la mode en ce moment, le rejet de la notion de victime résulte d’un narcissisme fondé sur l’admiration de l’image du dominant. Et de fait, ce rejet est totalement anti-subversif. En effet, s’il n’y a pas de victime, alors c’est qu’il n’y a pas d’injustice et aucune raison de combattre, ni même de critiquer ce « merveilleux » système. Les pro-prostitution, « travailleu-se-r-s du sexe » ou pas, nient la sordide réalité du vécu concret de l’écrasante majorité des personnes prostituées, de la traite de centaines de milliers d’ humain-e-s dont certain-e-s sont des enfants et des profits financiers qu’elle génère pour les proxénètes.
Lorsque le capitalisme, le puritanisme et le patriarcat auront été abolis, la prostitution sous toutes ses formes aura disparu !
Alors battons nous pour de meilleurs droits pour tou-te-s, des droits inconditionnels et non soumis au statut de « travailleu-se-r du sexe » (ni même de travailleuse-r de quelque domaine que ce soit). Pour l’égalité économique et sociale !
Pour la suppression des lois qui taxent, criminalisent et empêchent les personnes prostituées de s’échapper de la prostitution !
Pour l’annulation totale des dettes qu’elles ont contractées ! Pour une augmentation conséquente des montants de minimas sociaux, assortie de la suppression de l’obligation qui incombe aux bénéficiaires de « s’insérer professionnellement » !
Pour une augmentation conséquente des moyens attribués aux associations et services sociaux abolitionnistes afin de pouvoir proposer à toutes les personnes prostituées un accompagnement social et un accès à des soins adaptés.
Régularisation durable et sans condition de tou-te-s les sans-papier ! Pour une véritable liberté de circulation et d’installation et l’accès aux même droits pour tou-te-s !
Pour une éducation sexuelle fondée sur la valeur inaliénable de la sexualité de chaque personne !
Mélusine Vertelune
(1) Témoignage de J, ancienne prostituée, dans : La prostitution. Quatuor pour voix féminines de Kate Millett (Denoël Gonthier – collection femme)
(2) Simone de Beauvoir Le deuxième sexe Tome1
(3) Simone de Beauvoir Le deuxième sexe Tome2
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Pour approfondir la réflexion :
L'être et la marchandise de Kajsa Ekis Ekman (M Éditeur).
. L’excellent roman autobiographique de Jeanne Cordelier La Dérobade (Phébus), qui raconte les quatre années de sa vie durant lesquelles elle était prostituée.
. Anarchisme, féminisme, contre le système prostitutionnel Hélène Hernandez et Elisabeth Claude (Editions du Monde Libertaire).
. Femmes Libres de Mary Nash (La pensée sauvage) qui met en lumière l’organisation féministe et anarchiste espagnole « Mujeres Libres » de 1936 à 1939.
. Planète sexe de Franck Michel à propos du tourisme sexuel et de ses liens avec les autres formes de prostitution (Editions Homnisphères).
. L’article de Mona Chollet Prostitution : les pièges du pragmatisme, sur « périphérie.org » (malgré un désaccord concernant le rapport prostitutionnel dans le mariage à l’époque où Simone de Beauvoir a écrit Le Deuxième Sexe).
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Cet article peut être imprimé sous forme de brochure illustrée à partir du site du
Collectif Libertaire Anti-Sexiste :
http://coll.lib.antisexiste.free.fr/
Une précédente version, moins approfondie, de cet article a été publiée dans le Courant Alternatif d'avril 2008 (n°179) et est en ligne sur le site internet de l'Organisation Communiste Libertaire:
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article337
La toute première version de cet article a servi de base à la rédaction du chapitre sur la prostitution du manifeste du Collectif Libertaire Anti-Sexiste, traduit en anglais par Martin Dufresne.
https://www.facebook.com/notes/martin-dufresne/prostitution-manifesto-collectif-libertaire-antisexiste/10152756401140595
Depuis des siècles, la prostitution est l’un des piliers fondamentaux de la domination masculine. A présent, même si les personnes prostituées ne sont pas toutes des femmes, elles s’identifient rarement comme appartenant à une catégorie identitaire de genre masculin. Ce qui n’est pas le cas de la clientèle. La prostitution alimente le mythe d’un « besoin sexuel » supérieur chez les hommes et celui d’une vénalité « naturelle » chez les femmes qui ne consentiraient que dans le cadre d’un échange pour obtenir autre chose qu’un rapport sexuel.
Selon les schémas du patriarcat, un homme se définit par lui-même, sa sexualité n’aura pas d’incidence majeure sur son identité, par contre une femme est définie par rapport aux hommes, et de sa sexualité découlera l’identité que la société lui attribuera. Cela se confirme, entre autre, par l’observation des habitudes langagières. Par exemple, l’usage quotidien et administratif imposant le qualificatif intrusif et infantilisant du terme « mademoiselle » aux femmes célibataires (ou supposées l’être) ainsi qu’aux petites filles induit l’idée selon laquelle l’intimité d’une humaine doit être étalée sur la place publique. De même, certaines administrations attribuent d’office à une femme mariée le nom de son époux même lorsqu’il apparaît clairement qu’elle ne l’a pas choisi, et feignent d’ignorer qu’un homme marié peut porter le nom de son épouse.
Sous l’Antiquité à Rome et en Grèce, la prostitution était encouragée pour préserver la famille patriarcale. Le système patriarcal construit, pour se pérenniser, des carcans identitaires auxquels les femmes doivent se conformer. Ils se divisent en deux grandes catégories : la femme « purifiée » qui appartient à un seul homme, est lavée de son « impureté originelle » en accédant au rôle sacralisé de « la mère qui enfante dans la douleur » (ex : la ménagère fidèle dont la sexualité est niée à l’image de la « vierge » marie), et celle qui est « impure », appartient à tous les hommes et sert de réceptacle aux « pulsions sexuelles » des dominants afin de préserver la « vertu » de l’autre femme (la prostituée qui n’existe qu’à travers une sexualité dont elle est dépossédée).
Objets sacralisé ou méprisé, on les oppose alors qu’elles sont les deux facettes de la même femme aliénable ou aliénée, jamais propriétaire d’elle même. Il existe de multiples formes de relations prostitutionnelles qui ne sont pas reconnues comme telles (ex : dépendance économique et "devoir conjugal" des "femmes au foyer"). La prostitution participe à leur maintien au travers des représentations qu’elle véhicule par sa simple existence. Elle encourage la volonté de toute puissance des individus qui préfèrent payer plutôt que prendre le risque de vivre des relations sexuelles égalitaires. « Mais ce qu’ils achètent, en un sens, c’est le pouvoir. Nous sommes censées nous conformer à leur bon plaisir. Ils nous dictent leur volonté et nous, nous devons leur plaire, obéir à leurs ordres. Même dans le cas des masochistes, qui aiment obéir, c’est encore sur leur ordre à eux que nous les commandons. La prostitution rabaisse non seulement les femmes, mais aussi le sexe... oui, elle rabaisse le sexe.[...] il y a dans la prostitution une indignité particulière, comme si le sexe était une chose sale et que les hommes ne pouvaient en jouir qu’avec quelqu’un de bas. Ça implique une espèce de mépris, de dédain, et une sorte de triomphe sur un autre être humain. » (1)
Dès le Moyen Âge, l’Église est favorable à la prostitution. « « Supprimez les prostituées, disait saint Augustin, vous troublerez la société par le libertinage. » Et plus tard saint Thomas [...] déclare : « Retranchez les femmes publiques du sein de la société, la débauche la troublera par des désordres de tous genre. Les prostituées sont dans une cité ce qu’est le cloaque dans un palais : supprimez le cloaque, le palais deviendra un lieu malpropre et infect. » » (2). « Et Mandeville dans un ouvrage qui fit du bruit : « Il est évident qu’il existe une nécessité de sacrifier une partie des femmes pour conserver l’autre et pour prévenir une saleté d’une nature plus repoussante. » » (3).
« A mon avis, la conviction que les femmes sont sales, que les organes génitaux sont sales, nous colle vraiment à la peau. Si je n’aime pas qu’un type me jouisse dessus, je croie que c’est pour ça. Parce que je me trouve sale. Je n’aime pas ça parce que j’ai l’impression que je suis sale... et qu’eux ne le sont pas. Peut-être qu’eux, ça les lave. Le fait qu’on se croie sale est très important. » (1). Il est donc clair qu’en réalité, l’idéologie puritaine rejette la liberté sexuelle et non la prostitution car cette dernière lui sert d’exutoire. Les puritain-e-s ont intérêt à entretenir la confusion entre les deux pour occulter l’existence potentielle ou vécue d’une jouissance inaliénable.
On peut constater que l’Église a réussi son entreprise de conditionnement mental durable et profond car la prostitution remplit toujours son rôle de force de répression contre la libération des personnes dominées en imposant l’image d’une vénalité « naturelle » et le sentiment de culpabilité dans leur sexualité. « L’une des pires choses, c’est de faire semblant. Il fallait mimer l’orgasme. Les hommes l’attendent parce que c’est la preuve de leur virilité.C’est une des pires choses. Ça, c’est vraiment se conduire en putain, cette malhonnêteté. » (1)
Au contraire, la véritable liberté sexuelle fait du désir et de la jouissance de chaque personne une fin en soi et exclut les « non-dits », la simulation ainsi que les rapports de domination. Les « travailleu-se-r-s du sexe » qui réclament la réglementation de la prostitution déclarent souvent ne pas vendre leur corps mais un « service sexuel ». Ce « service » se traduit quoi qu’il en soit par une mise à disposition du corps. Une sorte de location, comme si le corps d’une personne était un objet... un objet extérieur à elle-même. Et c’est à ce rapport de chosification et de division avec leur propre corps que les personnes prostituées sont contraintes de se soumettre pour satisfaire les exigences de leur clientèle. Cette vision réductrice du corps devenu objet est banalisée car profondément intégrée dans les mentalités. Ils influencent les prises de position des réglementaristes et des légitimistes qui accusent les abolitionnistes de puritanisme. Il est pourtant le fruit du conditionnement mental puritain qui consiste à vouloir séparer ce qui est supposé être « le corps » de ce qui est supposé être « l’esprit » en les plaçant dans un rapport hiérarchique. Puisque le corps est jugé « inférieur », il peut alors servir d’ustensile, d’outil de travail.
Cette division hiérarchique sert aussi de support à l’exploitation capitaliste en général, qu’elle se traduise par le salariat où par n’importe quel autre forme de rapport marchand. Cependant, dans la prostitution ce ne sont pas seulement certaines parties du corps qui sont utilisées, mais le corps tout entier selon les envies du client qui, comme dans tous commerce est « roi ». « Le pire, dans la prostitution, c’est qu’on est obligé de vendre, non seulement son sexe, mais aussi son humanité. C’est ça le pire : ce qu’on vend, c’est sa dignité humaine. » (1)
Le mot « travail » vient du latin « tripalium » qui désignait un instrument de torture. Et jusqu’à maintenant, il a gardé son sens premier : la souffrance, la pénibilité, le tourment. Il inclut un sens sacrificielle et appartient à la morale religieuse : « Tu travailleras désormais à la sueur de ton front [...] » (La Genèse). D’ailleurs, le « Qui ne travaille pas ne mange pas. » de St Paul fait écho à la morale capitaliste et à ses conséquences désastreuses. Pour vivre (ou survivre) il faudrait se soumettre à l’obligation de sacrifier son temps et son corps, gâcher une partie plus ou moins importante de sa vie et de sa santé dans la souffrance.
Avec le développement de la bourgeoisie, le sens de ce mot s’est élargi à celle d’activité marchande, l’inscrivant ainsi dans la dimension de l’échange qui induit la compétition entre les individus et leurs inégalités économiques et sociales. L’idéologie du travail s’impose et emprisonne les personnes dans cette obligation du « don – contre don » qui sert de justification « indiscutable » à la domination et à l’exploitation. Par conséquent, il n’est pas étonnant que le travail soit une valeur d’extrême droite. A l’entrée du camps de concentration d’Auschwitz il était écrit « Le travail rend libre » et la devise du Maréchal Pétain était « Travail, Famille, Patrie ».
Pour que le travail soit aboli, il faudrait que les activités utiles soient distribuées et exercées dans une dynamique de partage et de gratuité qui prenne en compte les besoins et les désirs de chaque personne, et non dans un maintien des rapports marchands qui, eux, sont basés sur une logique d’échange.
D’autre part, par le biais de la pornographie commerciale dite « professionnelle », de la publicité sexiste et des différentes formes de prostitutions, le capitalisme a intérêt à faire passer la consommation de sexe pour de la liberté sexuelle. Elene Vis, fondatrice de « l’école du sexe » au Pays-Bas déclare à ses élèves « Vous pouvez parler de techniques de vente. Vous devez vous vendre et peu importe qu’il s’agisse de votre propre corps ou d’aspirateurs. Le principe est le même ». Vouloir qu’un acte sexuel puisse être un « service » rendu dans le cadre d’un échange revient à vouloir défendre l’idée selon laquelle les personnes dominées doivent « naturellement » s’abstenir de rechercher le plaisir pour elles-mêmes. C’est vouloir que la sexualité soit un produit qui se vend plutôt qu’un plaisir qui se partage. La prostitution, c’est l’aliénation de la sexualité au capitalisme !
Vouloir la création d’un statut professionnel de "travailleu-se-r-s du sexe" c’est reconnaître une utilité sociale à la prostitution, c’est adhérer à la morale puritaine, à la marchandisation et au patriarcat. La prostitution ne représente aucun danger pour le système. Au contraire, elle est à son service et le sert avec une efficacité redoutable lorsqu’elle se revendique « librement choisie ».
La loi Sarkozy contre le « racolage passif » criminalise les personnes prostituées les plus vulnérables. L’écrasante majorité d’entre elles n’ont pas choisi de se prostituer parce qu’elles en éprouvaient le désir, mais pour survivre en espérant que cette situation sera temporaire. Pourtant ce n’est pas à elles que les médias capitalistes et machistes ont donné la parole au moment de la promulgation de cette loi, mais à des commerciales du sexe ultra minoritaires qui s’inscrivent dans une démarche réglementariste et/ou légitimiste et non pas révolutionnaire, revendiquant le titre de « travailleu-se-r-s du sexe ». Leur argument central est que la prostitution serait majoritairement un « choix professionnel », et que son existence serait une nécessité.
C’est ce que pensent également les anti-féministes (comme par exemple Eric Zémmour), dont celles et ceux qui, comme Elizabeth Badinter, affichent une étiquette de « féministe ». Le discours de Christine Boutin et Chantal Brunel (députée UMP de Seine-et-Marne) est plus hypocrite encore, car tout en admettant que la prostitution est une violence faite aux femmes, elles préconisent la réouverture des maisons closes.
On entend souvent « Si elles déclarent que c’est un choix, où est le problème ? ». D’une part elles sont ultra-minoritaires à déclarer que « c’est un choix » même si elles s’expriment au nom de toutes. D’autre part, qu’entendons-nous par « c’est un choix » ? Dans le cas d’un objet, « l’essence – c’est à dire l’ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir – précède l’existence » (J-P Sartre). Le concept « table » précède et conditionne la fabrication de tables. A l’inverse, pour les humain-e-s, l’existence précède l’essence car aucune divinité n’est à l’origine de notre « création ». « Il n’y a donc pas de nature humaine puisqu’il n’y a pas de dieu pour la concevoir » (J-P Sartre). Nous existons d’abord, nous nous définissons ensuite par l’ensemble de nos actes. Chaque personne est donc responsable de ce qu’elle est, car elle n’est pas l’oppression qu’elle subit ni l’un de ses actes isolé des autres. Elle est ce qu’elle choisi de faire et de dire dans les limites de la marge de manœuvre dont elle dispose qui dépend du contexte dans lequel elle se trouve. Elle est son propre projet, le fruit de ses choix, de ses choix uniquement, et l’injustice dont elle est la cible ne la définit absolument pas. Être conscient-e-s nous oblige en permanence à faire des choix car nous n’avons pas d’instinct pour nous dicter notre conduite.
La responsabilité que la condition humaine nous confère peut être angoissante, mais elle est aussi le signe de nos libertés potentielles. La plupart des choix sont des choix par dépit, des choix stratégiques de survie ou d’auto-destruction matérielle et/ou psychique, plus rarement, nous estimons avoir l’opportunité de choisir par désir. Tout acte humain est donc le résultat d’un choix, mais ce choix est la plupart du temps un consentement sans désir. Au sein des armées, il y a des individus qui y sont entrés volontairement, parce qu’ils adhèrent à l’idéologie militariste. Il y a aussi des personnes qui y sont entrées volontairement, mais sans désir ni conviction, parce qu’elles ne voyaient pas d’autre moyen pour survivre. Et il y en a aussi qui sont enrôlées de force, parmi elles certaines font le choix de tenter une évasion et d’autres se suicident.
On ne peut pas défendre la liberté sexuelle en se satisfaisant de la notion de consentement (qui d’ailleurs convient parfaitement à la justice étatique dans de nombreux cas de viols). Il est très fréquent qu’une personne consente à avoir une relation sexuelle, non pas parce qu’elle en éprouve le désir mais parce qu’elle pense qu’elle le doit, ou estime ne pas pouvoir s’y soustraire sans prendre de risques qu’elle ne pourrait supporter. Une passe, c’est un viol tarifé !
L’expression « liberté de choix » avancée dans les discours réglementaristes sonne creux... Au travers de son utilisation, il apparaît une confusion entre la définition de la liberté dans la doctrine libéraliste et la définition de la liberté d’un point de vue anarchiste. Pourtant, d’un côté on s’inscrit dans un système de compétitions et de performances qui répartie les possibilités d’exercer le libre arbitre de manière inégale. De l’autre côté on estime que la véritable liberté, celle pour laquelle on se bat, ne peut s’accomplir que dans l’égalité économique et sociale inconditionnelle. Il est évident que ces deux définitions s’opposent même si les « travailleu-se-r-s du sexe » déclarent choisir leur clientèle et prétendent aimer « le sexe ».
Mais il y a aussi des personnes prostituées qui choisissent de demander de l’aide aux services sociaux et aux associations abolitionnistes pour trouver la force et les moyens de quitter la prostitution. Je suppose qu’elles ont leurs raisons... leurs situations sont compliquées et elles sont très nombreuses aux regard des moyens dont disposent ces services sociaux et ces associations. En faisant l’apologie de la prostitution, les « travailleu-se-r-s de sexe » font un choix idéologique et politique ultra-libérale et non libertaire, de la propagande par l’acte contre la liberté sexuelle. « Une liberté qui ne s’emploie qu’à nier la liberté doit être niée », Simone de Beauvoir. Adhérer à leurs discours n’est pas compatible avec une quelconque solidarité a l’égard de l’écrasante majorité des personnes prostituées.
C’est facile de se proclamer « de gauche », voir « libertaire » comme le font certains individus favorables à la prostitution. Certains groupuscules et partis d’extrême droite se prétendent bien anti-racistes et/ou féministes, eux aussi... C’est un moyen très efficace pour brouiller les pistes que de se vautrer, avec une bonne rhétorique, dans la malhonnêteté intellectuelle avec ou sans paillettes. Pour l’auditoire, il peut apparaître plus confortable de se blottir dans le voile rassurant d’une négation bien ficelée. Il y a bon nombre de lâches et de crédules avides de clichés nourrissant leurs fantasmes de domination pour croire à des déclarations proférées par des personnes qui s’autoproclament représentatives parce qu’elles parlent beaucoup plus fort que les autres. Par contre c’est très compliqué, pour le plus grand nombre des personnes prostituées de faire entendre leur véritable point de vue. Non seulement parce que les médias ne leur donnent que très rarement la parole, mais aussi parce que dans la prostitution le mensonge et la simulation sont obligatoires, vis à vis de la clientèle avérées ou potentielles, des « collègues », et des proxénètes, c’est une question de survie.
Alors, entre l’écrasante majorité des personnes prostituées qui ne disposent pas de la marge de manœuvre nécessaire pour s’exprimer librement, et les « travailleu-se-r-s du sexe » qui utilisent les médias pour vanter les mérites de la servitude sexuelle volontaire, il y a effectivement une différence fondamentale.
Il est aberrant de croire que quiconque a la capacité de parler à la place, ou au nom de l’ensemble des personnes prostituées. Cela reviendrait à croire qu’elles ont toutes le même point de vue. C’est nier une grande part de ce qui fait leur condition humaine, à savoir leurs subjectivité. Parmi les personnes sans-papiers, il y en a qui se battent pour la régularisation de tout le monde et pour la liberté de circulation inconditionnelle. Il y a aussi des sans-papiers qui défendent la régularisation au cas par cas, et même des personnes régularisées qui exploitent des nouve-lles-aux sans-papiers. De nombreuses personnes sans-papiers sont isolées et épuisées par tout ce qu’elles supportent et estiment ne pas avoir la force de se battre dans une dimension collective. Il y a des femmes victimes de violences conjugales qui se révoltent, s’organisent et/ou vont chercher de l’aide pour échapper à leurs oppresseurs. D’autres croient avoir mérité les coups qu’elles ont reçu. Et certaines pensent que lorsque cela arrive à la voisine, cette dernière « l’a bien cherché ». Je pourrais multiplier les exemples d’exploitation, d’oppressions, d’aliénations et de stigmatisations, on retrouve partout la même diversité d’opinions.
Quand on a la chance de pouvoir s’exprimer librement, il est plus honnête d’admettre sa propre subjectivité et de l’assumer. Ma subjectivité, quant à elle est influencée par l’idéologie à laquelle j’adhère. Et elle me conduit à choisir mon « camp », du côté des personnes prostituées, et non de celui des « travailleu-se-r-s du sexe ».
L’État français se prétend abolitionniste alors que sa politique est un mélange de réglementation (prélèvement d’impôts sur les revenus des personnes prostituées, reconnues par le Trésor Public comme « Travailleurs indépendants », ce qui les condamne à une rentabilité accrue, participe à leurs fréquents endettements et fait de l’État le premier proxénète de France) et de prohibition (lois contre le « racolage passif »). La confusion entre abolitionnisme et prohibitionnisme est récurrente dans les discours des réglementaristes. Le prohibitionnisme, comme le réglementarisme découlent logiquement de tout système étatique et/ou capitaliste. Alors que l’abolitionnisme est la position la plus cohérente avec les valeurs fondamentale du communisme libertaire révolutionnaire.
Un des arguments du réglementarisme est basé sur la croyance en une amélioration de la situation sociale et sanitaire des personnes prostituées. En réalité, il leur impose un contrôle médical accompagné d’une inscription sur les registres policiers. Il fait le jeu des proxénètes qui bénéficient d’une forte complicité de la part de la police. Et les personnes prostituées préfèrent majoritairement la clandestinité à ce fichage qui scelle leur ancrage dans la prostitution.
Dans le cadre d’une réglementation complète de la prostitution, il serait logique que le Pôle Emploi tente d’imposer aux chomeu-se-r-s en fin de droit des postes de « travailleu-se-r-s du sexe » dans les maisons « ouvertes » de C. Brunel. Les politiques réglementaristes et prohibitionnistes sont présentées comme opposées, pourtant leurs effets se ressemblent... Une des revendications des associations de « travailleu-se-r-s du sexe » est la légitimation de la prostitution. L’association parisienne « LesPutes » par exemple, proposent la création d’écoles européennes qui formeraient des « expert-e-s », c’est-à-dire des personnes dont les compétences sexuelles seraient supérieures à celles des autres. Ceci ne pourrait que renforcer la présence, déjà envahissante, des notions de performance, de compétition et de concurrence dans la sexualité, ce qui correspond, là encore, à une conception de la liberté sexuelle ultra-libérale et non libertaire.
Quelques "travailleu-se-r-s du sexe" regroupé-e-s dans ces associations réglementaristes et légitimistes s’insurgent contre ce qu’elles nomment une « victimisation » de la part des abolitionnistes. Cependant, elles victimisent volontiers leur clientèle, notamment avec des slogans comme « Touche pas à mon client ». Le statut de victime n’est pas une identité dégradante mais le résultat d’une situation injuste, et sa prise de conscience est nécessaire à la révolte et au désir de libération. Se reconnaître et être reconnu-e comme victime est la première étape d’un processus qui va permettre à la personne de se reconstruire et de se libérer du sentiment de culpabilité induit par les humiliations. C’est aussi pour cela qu’il est important de s’opposer à la véritable victimisation, celle des coupables que sont les prostitueurs, clientèle et proxénètes en tête. Car en victimisant les coupables on culpabilise les victimes et on tombe dans une sorte de négationnisme. Très à la mode en ce moment, le rejet de la notion de victime résulte d’un narcissisme fondé sur l’admiration de l’image du dominant. Et de fait, ce rejet est totalement anti-subversif. En effet, s’il n’y a pas de victime, alors c’est qu’il n’y a pas d’injustice et aucune raison de combattre, ni même de critiquer ce « merveilleux » système. Les pro-prostitution, « travailleu-se-r-s du sexe » ou pas, nient la sordide réalité du vécu concret de l’écrasante majorité des personnes prostituées, de la traite de centaines de milliers d’ humain-e-s dont certain-e-s sont des enfants et des profits financiers qu’elle génère pour les proxénètes.
Lorsque le capitalisme, le puritanisme et le patriarcat auront été abolis, la prostitution sous toutes ses formes aura disparu !
Alors battons nous pour de meilleurs droits pour tou-te-s, des droits inconditionnels et non soumis au statut de « travailleu-se-r du sexe » (ni même de travailleuse-r de quelque domaine que ce soit). Pour l’égalité économique et sociale !
Pour la suppression des lois qui taxent, criminalisent et empêchent les personnes prostituées de s’échapper de la prostitution !
Pour l’annulation totale des dettes qu’elles ont contractées ! Pour une augmentation conséquente des montants de minimas sociaux, assortie de la suppression de l’obligation qui incombe aux bénéficiaires de « s’insérer professionnellement » !
Pour une augmentation conséquente des moyens attribués aux associations et services sociaux abolitionnistes afin de pouvoir proposer à toutes les personnes prostituées un accompagnement social et un accès à des soins adaptés.
Régularisation durable et sans condition de tou-te-s les sans-papier ! Pour une véritable liberté de circulation et d’installation et l’accès aux même droits pour tou-te-s !
Pour une éducation sexuelle fondée sur la valeur inaliénable de la sexualité de chaque personne !
Mélusine Vertelune
(1) Témoignage de J, ancienne prostituée, dans : La prostitution. Quatuor pour voix féminines de Kate Millett (Denoël Gonthier – collection femme)
(2) Simone de Beauvoir Le deuxième sexe Tome1
(3) Simone de Beauvoir Le deuxième sexe Tome2
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Pour approfondir la réflexion :
L'être et la marchandise de Kajsa Ekis Ekman (M Éditeur).
. L’excellent roman autobiographique de Jeanne Cordelier La Dérobade (Phébus), qui raconte les quatre années de sa vie durant lesquelles elle était prostituée.
. Anarchisme, féminisme, contre le système prostitutionnel Hélène Hernandez et Elisabeth Claude (Editions du Monde Libertaire).
. Femmes Libres de Mary Nash (La pensée sauvage) qui met en lumière l’organisation féministe et anarchiste espagnole « Mujeres Libres » de 1936 à 1939.
. Planète sexe de Franck Michel à propos du tourisme sexuel et de ses liens avec les autres formes de prostitution (Editions Homnisphères).
. L’article de Mona Chollet Prostitution : les pièges du pragmatisme, sur « périphérie.org » (malgré un désaccord concernant le rapport prostitutionnel dans le mariage à l’époque où Simone de Beauvoir a écrit Le Deuxième Sexe).
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Cet article peut être imprimé sous forme de brochure illustrée à partir du site du
Collectif Libertaire Anti-Sexiste :
http://coll.lib.antisexiste.free.fr/
Une précédente version, moins approfondie, de cet article a été publiée dans le Courant Alternatif d'avril 2008 (n°179) et est en ligne sur le site internet de l'Organisation Communiste Libertaire:
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article337
La toute première version de cet article a servi de base à la rédaction du chapitre sur la prostitution du manifeste du Collectif Libertaire Anti-Sexiste, traduit en anglais par Martin Dufresne.
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- Claire G.Ancien⋅ne
- Messages : 1070
Date d'inscription : 20/10/2013
Cette phrase-là me dérange.. Les personnes prostituées ne sont pas opprimées par les personnes travailleuses du sexe, mais par les personnes proxénètes et les personnes clientes.Mélusine Vertelune a écrit:
Et elle me conduit à choisir mon « camp », du côté des personnes prostituées, et non de celui des « travailleu-se-r-s du sexe ».
Et à ce que je sache, les personnes travailleuses du sexe revendiquent des droits pour elles-mêmes sans nier cette réalité. Vouloir à tout prix qu'il n'y ai que deux camps, ça amène à dire des propos très blessants.
Ce raccourci ("si tu n'es pas avec nous tu es contre nous") n'est d'ailleurs pas l'exclusivité des abolitionnistes, les personnes travailleuses du sexe qui militent dans le STRASS le font également en assimilant abolitionnistes à haine anti-prostituées.
- Césarion—
- Messages : 461
Date d'inscription : 17/09/2013
Oui je pense qu'elle travaille pour Médecins du monde. Effectivement son raisonnement est pour le moins...étrange.
- Claire G.Ancien⋅ne
- Messages : 1070
Date d'inscription : 20/10/2013
paroles de la première femme trans maire, ancienne prostituée, sur le bilan de 10 ans de libéralisation de la prostitution en Nouvelle Zélande. Elle était pro libéralisation en 2003.
http://www.nzherald.co.nz/nz/news/article.cfm?c_id=1&objectid=10875922
http://www.nzherald.co.nz/nz/news/article.cfm?c_id=1&objectid=10875922
- Claire G.Ancien⋅ne
- Messages : 1070
Date d'inscription : 20/10/2013
pas envie de retwitter ça, mais ça fait partie du débat, et la personne qui est interviewée ne me semble pas dire pas que des conneries (en particulier sur les personnes âgées prostituées qui ne touchent même pas le minimum vieillesse)
http://www.huffingtonpost.fr/esther-benbassa/vu-du-senat-44-elles-veul_b_4210676.html
http://www.huffingtonpost.fr/esther-benbassa/vu-du-senat-44-elles-veul_b_4210676.html
- InvitéInvité
Certes, pas que des conneries mais
Bof bof quoi...
Heu... ça concorde pas vraiment avec ce que j'ai pu lire ailleurs, ou même sur ce forum de la part de celles qui ont déjà été prostituées. Je trouve qu'en plus ça déculpabilise les clients qui liraient ça, genre "c'est bon on est gentils en fait"Il n'y a pas plus respectueux qu'un client.
Bof bof quoi...
- Césarion—
- Messages : 461
Date d'inscription : 17/09/2013
"J'ai remarqué une chose (ça fait longtemps que je suis dans les circuits) : s'attaquer à la prostitution, c'est ce qu'il y a de plus facile. Quand on sait qu'il y a tant d'autres sujets de préoccupation, le chômage, la précarité... Il y a peut-être autre chose à faire dans notre pays que de s'occuper de la prostitution."
Les fameuses priorités... Par contre désolé je n'ai pas lu le reste :S Mais je te crois volontiers Claire sur les parties intéressantes (ce que tu cites me semble faire partie des problématiques essentielles)
Les fameuses priorités... Par contre désolé je n'ai pas lu le reste :S Mais je te crois volontiers Claire sur les parties intéressantes (ce que tu cites me semble faire partie des problématiques essentielles)
J'ai pas le temps de tout lire, mais:
Je suis pas spécialement pour l'existence d'un système pénal ou d'un gouvernement, mais je trouve ça hallucinant qu'une personne se réveille comme ça et se rende compte que holala! Nos ministres font des lois et C'EST PAS BIEN (alors qu'elle ne s'est jamais opposée à la pénalisation du vol ou d'autres délits ou crimes…).
Hé oui bienvenue sur terre, il existe un système pénal…
Ha oui en effet, pour qui se prennent les membres du gouvernement à voter des lois et à rédiger un système pénal?Ce qui m'a mise très en colère, c'est Madame Najat Vallaud-Belkacem, qui ne connaît rien à rien, qui ne sait pas de quoi elle parle, et qui se permet, je ne sais pas à quel titre, de parler de pénaliser les clients. Je ne pense pas qu'elle soit Dieu le père pour pénaliser, punir, interdire.
Je suis pas spécialement pour l'existence d'un système pénal ou d'un gouvernement, mais je trouve ça hallucinant qu'une personne se réveille comme ça et se rende compte que holala! Nos ministres font des lois et C'EST PAS BIEN (alors qu'elle ne s'est jamais opposée à la pénalisation du vol ou d'autres délits ou crimes…).
Hé oui bienvenue sur terre, il existe un système pénal…
- Claire G.Ancien⋅ne
- Messages : 1070
Date d'inscription : 20/10/2013
j'ai lu ça :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/11/05/le-recours-a-la-prostitution-pourrait-devenir-un-delit_3508595_3224.html
et j'ai tiqué sur un truc en bas de page
En matière d'accompagnement et d'aide aux prostituées souhaitant sortir de la prostitution, le HCEFH préconise d'exclure de "l'attribution de l'agrément permettant aux associations de prendre en charge des 'parcours de sortie de la prostitution'" les associations non abolitionnistes, c'est-à-dire celles qui agissent auprès des prostituées sans pour autant défendre l'abolition de la prostitution. Cela pourrait ainsi exclure Médecins du Monde, par exemple.
Ce qui me pose problème d'abord, c'est qui va déterminer si une association est abolitionniste ou pas ? - il y a un tas d'associations en France qui sur la prostitution n'ont pas d'avis du tout -. Le texte dit qu'être non abolitionniste ça veut dire ne pas défendre l'abolition de la prostitution. Donc les restaurants du coeur ou le secours populaire par exemple sont non abolitionnistes et ne pourront donc pas accompagner ni aider les prostituées souhaitant sortir de la prostitution ? pourquoi ?? C'est quoi cette connerie ??
Ou alors le but c'est d'exclure les associations règlementaristes ? pourquoi ?? parce qu'elles seraient noyautées par des réseaux de proxénètes ? si c'est le cas il faut une enquête, les poursuivre en justice et les dissoudre. Sinon, c'est juste une supposition, et il n'y a aucune raison de leur interdire d'aider qui que ce soit..
Ou alors c'est un retour déguisé du prohibitionnisme, qui lui ne marche pas et condamne les personnes prostituées à la misère et les laisse aux mains des réseaux de proxénètes.
Quand il s'agit de lutter contre une industrie qui financièrement serait la 2e industrie la plus puissante au monde, derrière le trafic d'armes, et devant le trafic de stupéfiants, il me semble complètement absurde de refuser l'aide de qui que ce soit sous prétexte que pas assez abolitionniste.
Le reste de l'article, oui, peut être mais l'argent qui va être dépensé à correctionnaliser les clients de la prostitution, il ne sera pas dépensé ailleurs. L'avantage des contraventions c'est qu'elles rapportent plus qu'elles ne coutent.
Et vu qu'en réalité on correctionnalise les viols parce que les juger en tant que crime ça coute trop cher au contribuable, je doute que qualifier de délit le fait d'etre un(e) prostitueur(se) tienne sur le long terme..
C'était juste un petit coup de gueule
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/11/05/le-recours-a-la-prostitution-pourrait-devenir-un-delit_3508595_3224.html
et j'ai tiqué sur un truc en bas de page
En matière d'accompagnement et d'aide aux prostituées souhaitant sortir de la prostitution, le HCEFH préconise d'exclure de "l'attribution de l'agrément permettant aux associations de prendre en charge des 'parcours de sortie de la prostitution'" les associations non abolitionnistes, c'est-à-dire celles qui agissent auprès des prostituées sans pour autant défendre l'abolition de la prostitution. Cela pourrait ainsi exclure Médecins du Monde, par exemple.
Ce qui me pose problème d'abord, c'est qui va déterminer si une association est abolitionniste ou pas ? - il y a un tas d'associations en France qui sur la prostitution n'ont pas d'avis du tout -. Le texte dit qu'être non abolitionniste ça veut dire ne pas défendre l'abolition de la prostitution. Donc les restaurants du coeur ou le secours populaire par exemple sont non abolitionnistes et ne pourront donc pas accompagner ni aider les prostituées souhaitant sortir de la prostitution ? pourquoi ?? C'est quoi cette connerie ??
Ou alors le but c'est d'exclure les associations règlementaristes ? pourquoi ?? parce qu'elles seraient noyautées par des réseaux de proxénètes ? si c'est le cas il faut une enquête, les poursuivre en justice et les dissoudre. Sinon, c'est juste une supposition, et il n'y a aucune raison de leur interdire d'aider qui que ce soit..
Ou alors c'est un retour déguisé du prohibitionnisme, qui lui ne marche pas et condamne les personnes prostituées à la misère et les laisse aux mains des réseaux de proxénètes.
Quand il s'agit de lutter contre une industrie qui financièrement serait la 2e industrie la plus puissante au monde, derrière le trafic d'armes, et devant le trafic de stupéfiants, il me semble complètement absurde de refuser l'aide de qui que ce soit sous prétexte que pas assez abolitionniste.
Le reste de l'article, oui, peut être mais l'argent qui va être dépensé à correctionnaliser les clients de la prostitution, il ne sera pas dépensé ailleurs. L'avantage des contraventions c'est qu'elles rapportent plus qu'elles ne coutent.
Et vu qu'en réalité on correctionnalise les viols parce que les juger en tant que crime ça coute trop cher au contribuable, je doute que qualifier de délit le fait d'etre un(e) prostitueur(se) tienne sur le long terme..
C'était juste un petit coup de gueule
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Je ne sais pas trop quoi en penser non plus...
D'une façon générale j'ai l'impression que sur le sujet on a souvent un peu le cul entre deux chaises. Venir en aide aux prostituées victimes d'un mac, tout le monde a l'air bien d'accord. Limiter les problèmes que rencontrent les prostituées indépendantes (dangers, pas de protection sociale, etc.) abolitionnistes et anti-abolitionnistes sont également bien d'accord, non?
Le problème à mon avis c'est comment demander la légalisation sans qu'il en découle une banalisation de la prostitution? En toute logique si c'est légal c'est que c'est un métier comme un autre, qu'on pourrait donc apprendre à la sortie du collège comme la menuiserie ou la carrosserie. Commerce comme un autre, pourquoi interdire d'en faire la publicité? Attribuer des subventions en tant qu'auto-entrepreneuses?
En résumé je pense que l'Etat surfe entre toutes ces contradictions, et que venir en aide "à condition que les prostituées cherchent à en sortir" est le seul moyen trouvé par les bureaucrates pour reconnaître que les prostituées en souffrance (et non "fières d'être putes") ont besoin d'aide sans pour autant faire passer le message que c'est "un métier comme un autre".
Quant à moi, mon intérêt va avant tout aux victimes de la prostitution, que ce soit pour raisons économiques ou en raison de menaces d'un mac. Il me semble donc logique qu'on différencie bien les deux cas de figure, "fières d'être putes" et "contraintes d'être putes". Donner indifféremment de l'aide aux unes et aux autres pourrait être ressenti comme donner indifféremment de l'aide financière et psychologique aux femmes victimes de viol et aux femmes qui "aiment bien être un peu bousculées".
D'une façon générale j'ai l'impression que sur le sujet on a souvent un peu le cul entre deux chaises. Venir en aide aux prostituées victimes d'un mac, tout le monde a l'air bien d'accord. Limiter les problèmes que rencontrent les prostituées indépendantes (dangers, pas de protection sociale, etc.) abolitionnistes et anti-abolitionnistes sont également bien d'accord, non?
Le problème à mon avis c'est comment demander la légalisation sans qu'il en découle une banalisation de la prostitution? En toute logique si c'est légal c'est que c'est un métier comme un autre, qu'on pourrait donc apprendre à la sortie du collège comme la menuiserie ou la carrosserie. Commerce comme un autre, pourquoi interdire d'en faire la publicité? Attribuer des subventions en tant qu'auto-entrepreneuses?
En résumé je pense que l'Etat surfe entre toutes ces contradictions, et que venir en aide "à condition que les prostituées cherchent à en sortir" est le seul moyen trouvé par les bureaucrates pour reconnaître que les prostituées en souffrance (et non "fières d'être putes") ont besoin d'aide sans pour autant faire passer le message que c'est "un métier comme un autre".
Quant à moi, mon intérêt va avant tout aux victimes de la prostitution, que ce soit pour raisons économiques ou en raison de menaces d'un mac. Il me semble donc logique qu'on différencie bien les deux cas de figure, "fières d'être putes" et "contraintes d'être putes". Donner indifféremment de l'aide aux unes et aux autres pourrait être ressenti comme donner indifféremment de l'aide financière et psychologique aux femmes victimes de viol et aux femmes qui "aiment bien être un peu bousculées".
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Sur ce point aussi je ne sais pas trop quoi penser... Les femmes qui se disent tristes et humiliées d'être contraintes pour diverses raisons à se prostituer, je n'ai aucune raison de ne pas les croire sur parole: mais pour celles qui se disent fières et voudraient seulement aménager ce métier "comme un autre"? Ce n'est pas parce que certaines se mentent à elles mêmes que je peux être aussi affirmative pour toutes...
Je sais d'autant moins quoi en penser que si ça ne tenait qu'à moi, on donnerait du fric à toutes les associations qui viennent en aide aux prostituées. Dans ce cas quitte à prendre un risque je préfèrerais qu'on prenne le risque de donner de l'aide à des auto-entrepreneuses qui n'en ont pas réellement besoin plutôt que courir le risque que des femmes qui en ont réellement besoin n'en bénéficient pas. Médecins du Monde par exemple fait du bon travail à mon avis et je pense qu'il n'y a aucune raison de ne pas les subventionner.
Je cherchais surtout à comprendre quelles pouvaient être les motivations des "autorités" pour faire cette distinction...
Je sais d'autant moins quoi en penser que si ça ne tenait qu'à moi, on donnerait du fric à toutes les associations qui viennent en aide aux prostituées. Dans ce cas quitte à prendre un risque je préfèrerais qu'on prenne le risque de donner de l'aide à des auto-entrepreneuses qui n'en ont pas réellement besoin plutôt que courir le risque que des femmes qui en ont réellement besoin n'en bénéficient pas. Médecins du Monde par exemple fait du bon travail à mon avis et je pense qu'il n'y a aucune raison de ne pas les subventionner.
Je cherchais surtout à comprendre quelles pouvaient être les motivations des "autorités" pour faire cette distinction...
- Claire G.Ancien⋅ne
- Messages : 1070
Date d'inscription : 20/10/2013
http://videos.assemblee-nationale.fr/video.4858.commission-speciale-prostitution--mme-najet-vallud-belkacem-ministre--table-ronde-avec-des-sociol-6-novembre-2013
C'est assez trash au niveau de ce qui se passe en catalogne française avec la proximité des bordels de la jonquera, en particulier au niveau de la transmission de la culture du viol chez les jeunes, jusqu'au collège.
C'est assez trash au niveau de ce qui se passe en catalogne française avec la proximité des bordels de la jonquera, en particulier au niveau de la transmission de la culture du viol chez les jeunes, jusqu'au collège.
- Césarion—
- Messages : 461
Date d'inscription : 17/09/2013
Je regarde (ou plutôt j'écoute haha). Merci !
La traduction d'un texte de Megan Murphy, il est question de Justin Bieber qu'on a vu sortir d'un bordel au Brésil.
Accessible sans compte FB
https://www.facebook.com/notes/martin-dufresne/si-la-prostitution-nest-pas-laffaire-dhommes-esseul%C3%A9s-carenc%C3%A9s-au-plan-sexuel-qu/10153505723065595
Texte original : http://feministcurrent.com/8190/if-prostitution-isnt-about-lonely-undersexed-men-what-is-it-about-or-justin-bieber-doesnt-need-to-pay-for-sex/
Si la prostitution n'est pas l’affaire d’hommes esseulés, carencés au plan sexuel, qu’est-ce donc?
8<
Le Bieb n'est pas esseulé, désespéré, handicapé ou socialement inepte. Alors, comment peut-on expliquer sa visite au bordel l'autre soir? Laissez-moi vous dire ce que j'ai appris au sujet des prostitueurs de la part de la survivante et auteure, Rachel Moran: Les hommes achètent du sexe parce qu'ils pensent pouvoir traiter les prostituées de façon différente qu'ils peuvent traiter leurs épouses, leurs amies et les femmes qu’ils fréquentent. Ils achètent du sexe afin de projeter sur un être humain ce que Moran appelle de « l'excitation perverse », sans culpabilité et sans conséquences. Ils achètent du sexe afin d'éprouver un sentiment de domination et de rendre le viol et la violence «consensuels» (puisque nous nous sommes convaincus que le paiement équivaut au consentement). Et en effet, la plupart des prostitueurs tirent un plaisir sadique de ce déséquilibre de pouvoir, explique Moran.
La prostitution n'est pas une affaire de sexualité. C'est une affaire de pouvoir masculin pur et simple. Et si vous êtes féministe, si vous avez des convictions humanitaires, ou si vous croyez, d’une façon ou d’une autre, à l’égalité et aux droits humains, il est temps d'arrêter de régurgiter ces alibis de l'industrie. Ils sont vieux, très vieux, mais ils demeurent incroyablement destructeurs, mortels même.
Accessible sans compte FB
https://www.facebook.com/notes/martin-dufresne/si-la-prostitution-nest-pas-laffaire-dhommes-esseul%C3%A9s-carenc%C3%A9s-au-plan-sexuel-qu/10153505723065595
Texte original : http://feministcurrent.com/8190/if-prostitution-isnt-about-lonely-undersexed-men-what-is-it-about-or-justin-bieber-doesnt-need-to-pay-for-sex/
- Césarion—
- Messages : 461
Date d'inscription : 17/09/2013
Je m'étais dit exactement la même chose en voyant cette news people...
- koAncien⋅ne
- Messages : 2496
Date d'inscription : 31/10/2011
Je viens de voir cette vidéo de conversation entre Kate Millett, Wittig, Delphy et des féministes françaises:
https://vimeo.com/45371850
Ça rejoint bcp de trucs actuels.
https://vimeo.com/45371850
Ça rejoint bcp de trucs actuels.
- Claire G.Ancien⋅ne
- Messages : 1070
Date d'inscription : 20/10/2013
http://videos.assemblee-nationale.fr/video.4885
Marisol Touraine et Christiane Taubira interrogées par la commission spéciale prostitution.
il y a eu des questions sur d'autres choses par ailleurs (relever le délai de prescription pour les agressions sexuelles notamment, qui n'a pas eu de réponse)
Marisol Touraine et Christiane Taubira interrogées par la commission spéciale prostitution.
il y a eu des questions sur d'autres choses par ailleurs (relever le délai de prescription pour les agressions sexuelles notamment, qui n'a pas eu de réponse)
- InvitéInvité
Gay et pour l’abolition du système prostitueur et la pénalisation des clients. Pourquoi ?
http://independentmetisse.wordpress.com/2013/10/25/gay-et-pour-labolition-du-systeme-prostitueur-et-la-penalisation-des-clients-pourquoi/
http://independentmetisse.wordpress.com/2013/10/25/gay-et-pour-labolition-du-systeme-prostitueur-et-la-penalisation-des-clients-pourquoi/
Je suis gay féministe et pour la pénalisation des clients de la prostitution. Pourquoi ?
Mon témoignage :
Marc, 26 ans, étudiant à Paris
Je m’appelle Marc, je suis étudiant et gay. Je suis d’origine asiatique donc issu de l’immigration comme on dit. Je me suis prostitué pendant une période. Pourquoi ? C’est compliqué…
La plupart des clients que j’ai fréquentés étaient des gens grossiers et vulgaires qui nous méprisaient. L’image du client sauveur véhiculé par les médias et le lobby pro-prostitution est une vaste escroquerie. Le pire moment est celui où ils sortent les billets. Je sais que je suis minoritaire dans le milieu associatif LGBT. Les boutiquiers du Marais sont plutôt favorables au statu quo. Le STRASS, Hervé Latapie, Aides, Act UP et toute les associations qui luttent contre le SIDA sont des complices du statu quo en ce qui concerne la situation des personnes prostituées. Je suis immigré, et je remarque que ce sont toujours des blancs friqués qui prennent la parole dans ces assos là. D’ailleurs le STRASS se fout pas mal de la situation des Nigérianes et des Chinoises de Belleville. J’ai entendu un de leur membre dire que la situation des filles dans les réseaux n’était pas leur problème. J’ose le mot, il y a un soupçon de racisme dans ces associations qui acceptent la traite des femmes étrangères comme un mal nécessaire. Quid des jeunes Roms qui se prostituent à Paris, garçons comme filles ? C’est ça qu’on veut pour eux, sachant que beaucoup sont mineurs. Le milieu LGBT me déçoit sur cette question mais après tout en tant qu’immigré je sais que les gays ne sont pas mieux que les autres. La première boite de nuit condamnée pour racisme était le Queen, haut lieu du milieu homo lors des années 90.
Un blanc qui exploite un noir, un vieux qui exploite un jeune, un homme qui exploite une femme, un hétéro qui exploite un Trans, un riche qui exploite un pauvre : c’est ça la prostitution, une relation de pouvoir sans égalité. Un gay blanc de 45 ans me faisait la confidence : « Quand je serai vieux, j’aimerais bien me payer un ptit jeune pour m’amuser ». Beaucoup de gays de cet âge là ou plus âgés sont contre l’abolition de la prostitution pour ces raisons là. Ils veulent profiter de leur retraite et c’est mieux si la marchandise est exotique : Beurs, Chinois, Asiatiques, Brésiliens et j’en passe. C’est le règne de la gérontocratie blanche homosexuelle. Moi qui rêvait d’une société métissée et ouverte sur le monde avec un monde post-colonial, je me retrouve avec une communauté gay décomplexée par rapport au Front national et qui plus est, favorable au maintien du système prostitueur. Les vieux exploitent les jeunes et les blancs exploitent les minorités ethniques qui sont les plus fragilisés par la crise et enfin les riches gays exploitent les gays prolétaires et autres LGBTi déclassés et vulnérables.
Je suis gay, immigré, féministe, et pour la pénalisation des clients de la prostitution et pour l’abolition du système prostitueur. J’ai été une victime de ce système. La communauté gay me dit que je suis une salope ou une trainée et que je dois continuer à faire cela. Moi je pense que j’ai droit à l’amour, au vrai et au respect de moi même.
- Claire G.Ancien⋅ne
- Messages : 1070
Date d'inscription : 20/10/2013
http://www.huffingtonpost.fr/francoise-gil/penalisation-client-prostitution_b_4323852.html?utm_hp_ref=tw
Je ne suis pas d'accord avec l'ensemble de ce qui est dit dans ce texte, mais la conclusion me semble refléter une réalité : le débat actuel sur la prostitution se résume à un duel entre réglementaristes et abolitionnistes.
Ce que ni les uns, ni les autres ne semble d'ailleurs contester, l'ensemble du débat se réduisant de fait à vouloir dénigrer la position de l'autre camp.
C'est à mon humble dangereux parce que c'est oublier qu'il existe une 3e posture idéologique (le prohibitionnisme) qui n'est absolument pas négligeable à l'échelle mondiale (les USA -sauf le Nevada- la Russie et la Chine sont prohibitionnistes), et d'autre part même parmi les réglementaristes et les abolitionnistes les positions sont variées : Ch. Boutin est règlementariste, puisqu'elle a proposé la réouverture des maisons closes.
Or, je doute que ce qu'on appelle le "lobby règlementariste" soit sur la même ligne que Madame Boutin. Et ce qui est vrai pour les règlementaristes l'est aussi pour les abolitionnistes : On peut être abolitionniste sans être persuadée que la pénalisation des clients est l'alpha et l'oméga de l'abolition de la prostitution : Une position politique qui à l'heure actuelle est totalement absente du débat.
Je ne suis pas d'accord avec l'ensemble de ce qui est dit dans ce texte, mais la conclusion me semble refléter une réalité : le débat actuel sur la prostitution se résume à un duel entre réglementaristes et abolitionnistes.
Ce que ni les uns, ni les autres ne semble d'ailleurs contester, l'ensemble du débat se réduisant de fait à vouloir dénigrer la position de l'autre camp.
C'est à mon humble dangereux parce que c'est oublier qu'il existe une 3e posture idéologique (le prohibitionnisme) qui n'est absolument pas négligeable à l'échelle mondiale (les USA -sauf le Nevada- la Russie et la Chine sont prohibitionnistes), et d'autre part même parmi les réglementaristes et les abolitionnistes les positions sont variées : Ch. Boutin est règlementariste, puisqu'elle a proposé la réouverture des maisons closes.
Or, je doute que ce qu'on appelle le "lobby règlementariste" soit sur la même ligne que Madame Boutin. Et ce qui est vrai pour les règlementaristes l'est aussi pour les abolitionnistes : On peut être abolitionniste sans être persuadée que la pénalisation des clients est l'alpha et l'oméga de l'abolition de la prostitution : Une position politique qui à l'heure actuelle est totalement absente du débat.
- Arrakis—
- Messages : 1803
Date d'inscription : 29/02/2012
Pour info : Mélange Instable vient de publier un long billet sur son cheminement, son expérience, son analyse...
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Je suis d'accord avec la totalité de ton message, Claire G. La quasi totalité des anarchistes que je connais ne sont pas sur des positions légalistes, ni dans un sens ni dans un autre: ni pour légaliser la prostitution, ni pour des sanctions des clients. C'est également mon cas. Pourtant, j'ai beau préciser ce point aux anti-abolitionnistes, je m'entends toujours répondre à propos des méfaits de la pénalisation des clients. Alors que j'ai toujours seulement prôné la propagande anti-prostitution et anti-clients.On peut être abolitionniste sans être persuadée que la pénalisation des clients est l'alpha et l'oméga de l'abolition de la prostitution : Une position politique qui à l'heure actuelle est totalement absente du débat.
J'ai souligné que les abolitionnistes du forum féministe et sympathisant(e)s du STRASS avaient au moins un point commun: la lutte contre les sanctions contre les prostituées, contre le mépris dont sont victimes les prostituées, et pour l'amélioration de leurs conditions de vie (y compris pour les "volontaires"). Ce n'est pas le cas de tou(te)s les abolitionnistes, loin de là!
Enfin, les abolitionnistes du forum féministes n'ont jamais prétendu vouloir "choisir à la place des prostituées volontaires". Je les ai toujours vu dire et répéter (moi comprise) que pour illes le problème c'était seulement les prostituées qui souffraient de leur situation, principalement les victimes de proxénètes. Or tant que la prostitution existera il y aura du proxénétisme. Les prostituées volontaires, qui disent même "jouir avec les clients", et gagnent 200 euros de l'heure (moins les frais de déplacement inutile), il est possible que certain(e)s abolitionnistes se soucient de leur sort et "veulent parler et choisir à leur place". D'autres (moi comprise) ne s'en occuperaient pas du tout si elles ne faisaient pas de propagande pour banaliser la prostitution. La disparition de cette "activité" destructrice pour tant de femmes est notre unique motivation: le chômage technique pour celles qui sont "fières" et "ne se sentent pas victimes", aussi regrettable soit-il, est un dommage collatéral: la priorité ce sont les femmes qui sont traumatisées et qui se sentent des victimes.
- LenaLouAncien⋅ne
- Messages : 1093
Date d'inscription : 19/11/2013
En tant qu'abolitionniste,je suis ANTI prohibition,c'est hypocrite,et criminel. J'en ai plus que marre que beaucoup dans "l'autre camp",le STRASS et leurs potes confondent abolitionnisme et prohibition... Et je pense que c'est même fait exprès pour décrédibiliser l'abolitionnisme...
Les abos sont contre les sanctions contre les prostituées.
Les abos sont contre les sanctions contre les prostituées.
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