"Assignation sociale des enfants"
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- Arrakis—
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"Assignation sociale des enfants"
21.01.13 17:11
Je crois que ce point là mériterait l'ouverture d'un sujet sur "l'assignation exclusive" des enfants à leurs parents dans notre société et son impact sur l'état de ceux-ci, les relations parents/enfants, l'éducation... Je ne sais pas si ma formule est claire, donc en gros : il est considéré comme "naturel" que les enfants soient élevés quasi exclusivement par leurs parents, avec toute la pression et le pouvoir que ça implique.Je te parle de l'exercice de la parentalité : s'occuper d'un enfant, voire plusieurs, 24h/24, pendant plusieurs années (c'est important, l'effet dans la durée).
Pour ma part, je n'ai pas trop de temps et d'énergie pour les longues participations, mais je me demande ce qu'en pensent les gens d'ici, parents ou pas... Du coup je me contente de lancer l'idée en l'air ^^
Re: "Assignation sociale des enfants"
21.01.13 18:39
Personnellement, j'aime l'idée qu'on grandit en puisant des ressources dans des domaines et auprès de personnes très différentes. J'ai le sentiment d'avoir été marquée par mes parents bien sur, mais aussi par ma famille élargie, par des amis qui m'ont fait grandir, par des profs qui m'ont marqué, par des bouquins...
Et c'est quelque chose que je souhaite pour mon fils. J'essaye de l'entourer d'un maximum de gens (famille élargie, amis, parrain/marraine...). Et c'est, je pense, la principale richesse de l'école de permettre à l'enfant de rencontrer des gens différents, qui n'ont pas les mêmes principes ni la même manière de fonctionner, et qui ne sont pas choisis par les parents (et en dehors de la surveillance des parents).
Mais pourtant, j'estime que les bases de l'éducation de notre fils sont bien de notre responsabilité, à son père et moi. Et je n'accepterais pas que d'autres personnes interviennent dans les décisions importantes le concernant, sauf si je les sollicite.
Parce que c'est bien nous deux qui avons fait le choix d'accueillir cet enfant dans nos vie, et que c'est à nous d'assumer les conséquences, bonnes ou mauvaises. J'aurais l'impression de fuir mes responsabilités en les confiant à d'autres.
Parce que j'en suis incapable, je l'ai bien vu en étant tout simplement incapable de le confier à un(e) assistant(e) maternel(le). Une sorte d'attachement viscéral. Je ne parlerai pas d'instinct maternel car je n'y crois pas, mais en prenant la décision de l'élever, ça a créé un lien très fort avec moi et avec son père, lien qui se renforce au quotidien par un amour d'une force particulière. J'ai du mal à considérer que quelqu'un qui n'a pas ce lien particulier avec lui peut prendre une décision importante le concernant.
Et pour rattacher ce sujet au féminisme, je dirais que bien souvent cette assignation va à la mère, et qu'il y a un gros travail à faire à ce niveau là, pour qu'au moins les responsabilités soient vraiment partagées par les deux parents.
Et c'est quelque chose que je souhaite pour mon fils. J'essaye de l'entourer d'un maximum de gens (famille élargie, amis, parrain/marraine...). Et c'est, je pense, la principale richesse de l'école de permettre à l'enfant de rencontrer des gens différents, qui n'ont pas les mêmes principes ni la même manière de fonctionner, et qui ne sont pas choisis par les parents (et en dehors de la surveillance des parents).
Mais pourtant, j'estime que les bases de l'éducation de notre fils sont bien de notre responsabilité, à son père et moi. Et je n'accepterais pas que d'autres personnes interviennent dans les décisions importantes le concernant, sauf si je les sollicite.
Parce que c'est bien nous deux qui avons fait le choix d'accueillir cet enfant dans nos vie, et que c'est à nous d'assumer les conséquences, bonnes ou mauvaises. J'aurais l'impression de fuir mes responsabilités en les confiant à d'autres.
Parce que j'en suis incapable, je l'ai bien vu en étant tout simplement incapable de le confier à un(e) assistant(e) maternel(le). Une sorte d'attachement viscéral. Je ne parlerai pas d'instinct maternel car je n'y crois pas, mais en prenant la décision de l'élever, ça a créé un lien très fort avec moi et avec son père, lien qui se renforce au quotidien par un amour d'une force particulière. J'ai du mal à considérer que quelqu'un qui n'a pas ce lien particulier avec lui peut prendre une décision importante le concernant.
Et pour rattacher ce sujet au féminisme, je dirais que bien souvent cette assignation va à la mère, et qu'il y a un gros travail à faire à ce niveau là, pour qu'au moins les responsabilités soient vraiment partagées par les deux parents.
- UsagiAncien⋅ne
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Re: "Assignation sociale des enfants"
21.01.13 20:09
Lila78 a écrit:Et c'est, je pense, la principale richesse de l'école de permettre à l'enfant de rencontrer des gens différents, qui n'ont pas les mêmes principes ni la même manière de fonctionner, et qui ne sont pas choisis par les parents (et en dehors de la surveillance des parents).
Ça, faut le dire vite hein. Personnellement j'ai commencé à rencontrer des gens différents en arrivant à la fac car j'ai fait collège, lycée et prépa dans l'enseignement privé catholique. (Pas du tout par choix mais je ne m'en plaignais pas à l'époque, n'ayant rien connu d'autre.)
Re: "Assignation sociale des enfants"
21.01.13 20:20
Je pense que les gens rencontrent plus de gens différents quand ils ne vont pas à l'école (à moins de les cloîtrer).
Bon évidemment il vaut mieux qu'un enfant fréquente l'école plutôt qu'il ne connaisse exclusivement ses parents…
Mais fréquenter la vie, le monde, les voisins, les amis, les gens dans les parcs, dans la rue, dans les épiceries, les cafés… c'est quand même plus divers et enrichissant que l'école, ou il y a de suite un rapport institutionnalisé et très hiérarchisé entre l'instit (le "maître" ou la "maîtresse") et l'enfant, et où ses interactions avec les autres enfants sont limitées par la discipline scolaire et par le fait qu'ils aient tous le même âge et soient tous enfermés ensemble sans avoir vraiment le choix de se fréquenter ou de s'éloigner.
De plus être socialisé à un groupe plus ou moins homogène qu'est la classe, ce n'est pas la même chose qu'être socialisé tout court. C'est une forme de socialisation bien particulière et je pense que les enfants scolarisés devraient, en dehors de l'école, être scolarisés comme les autres, c'est-à dire apprendre à interagir et à se comporter en société et pas uniquement dans le cadre scolaire.
Je viens justement de lire cet article qui aborde les problèmes de la socialisation à l'école: l'école cage à lapins
je le trouve très intéressant.
Pour revenir à l'assignation aux parents je pense qu'il peut être bien de pouvoir se reposer sur d'autres adultes de confiance…
Bon évidemment il vaut mieux qu'un enfant fréquente l'école plutôt qu'il ne connaisse exclusivement ses parents…
Mais fréquenter la vie, le monde, les voisins, les amis, les gens dans les parcs, dans la rue, dans les épiceries, les cafés… c'est quand même plus divers et enrichissant que l'école, ou il y a de suite un rapport institutionnalisé et très hiérarchisé entre l'instit (le "maître" ou la "maîtresse") et l'enfant, et où ses interactions avec les autres enfants sont limitées par la discipline scolaire et par le fait qu'ils aient tous le même âge et soient tous enfermés ensemble sans avoir vraiment le choix de se fréquenter ou de s'éloigner.
De plus être socialisé à un groupe plus ou moins homogène qu'est la classe, ce n'est pas la même chose qu'être socialisé tout court. C'est une forme de socialisation bien particulière et je pense que les enfants scolarisés devraient, en dehors de l'école, être scolarisés comme les autres, c'est-à dire apprendre à interagir et à se comporter en société et pas uniquement dans le cadre scolaire.
Je viens justement de lire cet article qui aborde les problèmes de la socialisation à l'école: l'école cage à lapins
je le trouve très intéressant.
Pour revenir à l'assignation aux parents je pense qu'il peut être bien de pouvoir se reposer sur d'autres adultes de confiance…
Re: "Assignation sociale des enfants"
22.01.13 10:00
Usagi a écrit:Lila78 a écrit:Et c'est, je pense, la principale richesse de l'école de permettre à l'enfant de rencontrer des gens différents, qui n'ont pas les mêmes principes ni la même manière de fonctionner, et qui ne sont pas choisis par les parents (et en dehors de la surveillance des parents).
Ça, faut le dire vite hein. Personnellement j'ai commencé à rencontrer des gens différents en arrivant à la fac car j'ai fait collège, lycée et prépa dans l'enseignement privé catholique. (Pas du tout par choix mais je ne m'en plaignais pas à l'époque, n'ayant rien connu d'autre.)
J'ai eu la chance d'être scolarisée dans des milieux très différents, de l'école de ZEP en primaire au "lycée parisien prestigieux" en prépa. Mais quelque soit l'établissement, j'y ai toujours rencontré des gens différents de moi et différents les uns des autres.
Je suis persuadée de l'intérêt et de l'importance pour les enfants de fréquenter des enfants de leur âge ou presque. Je l constate d'ailleurs avec mon fils qui n'a pourtant que 5 mois face à d'autres enfants. C'est une des raisons qui me poussent à le laisser un peu en halte garderie dès que ça sera possible. Et je reste persuadée que pour des enfants un peu plus grand, c'est important de pouvoir le faire en dehors du regard des parents.l'elfe a écrit:Je pense que les gens rencontrent plus de gens différents quand ils ne vont pas à l'école (à moins de les cloîtrer).
Bon évidemment il vaut mieux qu'un enfant fréquente l'école plutôt qu'il ne connaisse exclusivement ses parents…
Mais fréquenter la vie, le monde, les voisins, les amis, les gens dans les parcs, dans la rue, dans les épiceries, les cafés… c'est quand même plus divers et enrichissant que l'école, ou il y a de suite un rapport institutionnalisé et très hiérarchisé entre l'instit (le "maître" ou la "maîtresse") et l'enfant, et où ses interactions avec les autres enfants sont limitées par la discipline scolaire et par le fait qu'ils aient tous le même âge et soient tous enfermés ensemble sans avoir vraiment le choix de se fréquenter ou de s'éloigner.
De plus être socialisé à un groupe plus ou moins homogène qu'est la classe, ce n'est pas la même chose qu'être socialisé tout court. C'est une forme de socialisation bien particulière et je pense que les enfants scolarisés devraient, en dehors de l'école, être scolarisés comme les autres, c'est-à dire apprendre à interagir et à se comporter en société et pas uniquement dans le cadre scolaire.
Je suis d'accord avec la fin du passage.
Moi je le trouve triste, et caricatural. Ce qui à mes yeux décrédibilise les éléments de fonds intéressants, qui se retrouvent noyés dans la caricature.l'elfe a écrit:Je viens justement de lire cet article qui aborde les problèmes de la socialisation à l'école: l'école cage à lapins
je le trouve très intéressant.
Tout comme je trouve triste et caricatural, dans ton message précédent, d'opposer "la vie" et "l'école".
(J'aurais bien développé plus, mais j'ai un bébé qui gigote sur mes genoux)
- cleindoAncien⋅ne
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Re: "Assignation sociale des enfants"
22.01.13 10:29
Je pense que l'ouverture des parents se transmet aussi pas mal aux enfants. Si soi même on n'échange qu'avec des gens qui nous ressemble (âge milieu gouts etc), dans des endroits qui ne varient que très peu, ça n'ouvre pas à la différence. Pour ce qui est de laisser intervenir des tiers dans l'éducation, il y a parfois les grands parents (mais qui sont finalement rarement très différents surtout quand ils sont proches ).
En Afrique, c'est assez différent et (je parle au passé, ça a pu changer mais je pense qu'il en reste quelque chose) la notion de famille est bien différente. (je me rappelle du "même père même mère même village" pour définir que c'était un frère ou une soeur la plus "complète" possible. Les oncles tantes voisin-es seconde femme etc, tout ça faisait un joyeux mélange éducatif. Ce qu'avec le recul je trouve vachement bien, on n'a pas forcément l'énergie le temps la patience de jouer à croque carotte tous les soirs, plus on augmente les intervenants, plus on augmente la disponibilité globale (je hais cordialement croque carotte pour info ^^ ). Mais ceci est peu transposable en raison de la variété éducative justement, qui, si elle est intéressante en temps que "découverte" sera super perturbante si elle est super fréquente (avec untel il se passe ci, avec tel autre complètement autre chose etc). Je vois déja rien qu'à inviter des copains copines de mes enfants comme on n'a pas les mêmes "usages" (de manger, de coucher, de politesse, etc etc)
En Afrique, c'est assez différent et (je parle au passé, ça a pu changer mais je pense qu'il en reste quelque chose) la notion de famille est bien différente. (je me rappelle du "même père même mère même village" pour définir que c'était un frère ou une soeur la plus "complète" possible. Les oncles tantes voisin-es seconde femme etc, tout ça faisait un joyeux mélange éducatif. Ce qu'avec le recul je trouve vachement bien, on n'a pas forcément l'énergie le temps la patience de jouer à croque carotte tous les soirs, plus on augmente les intervenants, plus on augmente la disponibilité globale (je hais cordialement croque carotte pour info ^^ ). Mais ceci est peu transposable en raison de la variété éducative justement, qui, si elle est intéressante en temps que "découverte" sera super perturbante si elle est super fréquente (avec untel il se passe ci, avec tel autre complètement autre chose etc). Je vois déja rien qu'à inviter des copains copines de mes enfants comme on n'a pas les mêmes "usages" (de manger, de coucher, de politesse, etc etc)
Re: "Assignation sociale des enfants"
22.01.13 11:49
Que les enfants doivent fréquenter des enfants d'à peu près leur âge, j'en suis convaincue.
Les enfermer à longueur de journée avec des enfants d'exactement leur âge et aucun autre (avec 2 fois 15 mn de récré où ils ne se mélangent que rarement aux plus grands et aux plus petits)… Ce n'est pas ma définition de la sociabilisation.
Les enfermer à longueur de journée avec des enfants d'exactement leur âge et aucun autre (avec 2 fois 15 mn de récré où ils ne se mélangent que rarement aux plus grands et aux plus petits)… Ce n'est pas ma définition de la sociabilisation.
- colcatAncien⋅ne
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Re: "Assignation sociale des enfants"
27.01.13 9:13
Sur le principe c'est bien beau la non sco! Je suis convaincue que c'est une belle expérience. Mais concrètement, humpf... J'ai pas mal de connaissances qui pratiquent, donc dans le concret je connais ; et d'ailleurs notre grand n'a été scolarisé qu'à presque 5 ans parce qu'on envisageait l'IEF (instruction en famille). Mais voilà, il y a les beaux articles des blogs, et il y a la vraie vie Au final nos enfants vont à l'école du village et ça se passe super bien. Et il y a plus que 2 fois 15 minutes de récré Le "pire"de ce que j'ai vu pour la mixité sociale ce sont les écoles dites alternatives, ou en gros je n'ai vu que de parfaits petits clones. Dans le genre reproduction sociale j'ai jamais vu mieux, même dans le privé (en Bretagne la moitié des écoles sont privées; je crois savoir que le privé ce n'est pas forcément pareil ailleurs)
- GruntBanni·e
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Re: "Assignation sociale des enfants"
28.01.13 14:07
Et heu, c'est quoi le problème ?colcat a écrit:Sur le principe c'est bien beau la non sco! Je suis convaincue que c'est une belle expérience. Mais concrètement, humpf... J'ai pas mal de connaissances qui pratiquent, donc dans le concret je connais ; et d'ailleurs notre grand n'a été scolarisé qu'à presque 5 ans parce qu'on envisageait l'IEF (instruction en famille). Mais voilà, il y a les beaux articles des blogs, et il y a la vraie vie
- cleindoAncien⋅ne
- Messages : 2926
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Re: "Assignation sociale des enfants"
28.01.13 14:22
L'envie d'étrangler tes gamins quand tu les as 24/24?
Oups je sors ^^
Oups je sors ^^
- koAncien⋅ne
- Messages : 2496
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Re: "Assignation sociale des enfants"
28.01.13 14:27
Sans compter qu'il faut soi même avoir le temps de le faire, que c'est souvent la mêmE qui s'y colle je suppose(puisque c'est le cas pour les devoirs, je vois pas pourquoi ce serait différent pour la non-sco), et que ça place dans une dépendance importante, pour lea parent-e qui se consacre à la non-scolarisation des gamins...
- colcatAncien⋅ne
- Messages : 892
Date d'inscription : 05/06/2012
Re: "Assignation sociale des enfants"
28.01.13 19:14
Humainement c'est très dur d'être 24/24 avec ses enfants, ça demande des ressources folles! que je n'ai pas.
Je vois dans les familles que je connais qui pratiquent l'IEF que ça peut être source de grande joie comme de grands problèmes. Et forcément ça implique dans 95% des cas un parents en foyer, en général la mère. Je connais une seule famille où les parents travaillent chacun à mi temps pour prendre en charge à parité l'instruction des parents (et encore ce n'est qu'une connaissance ultra lointaine et je ne suis pas sûre que cette situation soit toujours d'actualité)
Je vois dans les familles que je connais qui pratiquent l'IEF que ça peut être source de grande joie comme de grands problèmes. Et forcément ça implique dans 95% des cas un parents en foyer, en général la mère. Je connais une seule famille où les parents travaillent chacun à mi temps pour prendre en charge à parité l'instruction des parents (et encore ce n'est qu'une connaissance ultra lointaine et je ne suis pas sûre que cette situation soit toujours d'actualité)
Re: "Assignation sociale des enfants"
28.01.13 23:02
Mouais. Je suis pas convaincue. L'école règle le problème de séparer l'enfant de sa famille d'une façon assez rigide et extrême. Il y a bien d'autres façons de le faire. Forcément quand on adopte d'autres solutions, on fait face à des problèmes différents (ou on fait face différemment aux mêmes problèmes). Quand j'écoute la plupart des gens (et ça se confirme un peu dans le fil) j'ai l'impression que l'école est LA solution pour sociabiliser les gosses (alors que c'en est une, que je trouve loin d'être parfaite, et j'irai même jusqu'à dire - mais c'est plus subjectif - que c'est une sociabilité assez pourrie à base d'obéir, de la fermer face aux plus forts et d'humilier plus faible que soi dès qu'on en a l'occasion en sachant que ça risque d'être notre tour bientôt).
L'école serait aussi LA solution pour que les parents ne se coltinent pas les enfants en permanence. Personnellement, même si j'imagine que s'occuper d'un enfant 24/24 7/7 est usant, je ne le confierais pas à n'importe qui. Or, l'école, c'est plus ou moins "n'importe qui" en fait: les instits et autres encadrants peuvent être des gens formidables ou de sacrés imbéciles, et dans tous les cas les enfants sont obligés de se taper leur compagnie toute la journée sans avoir leur mot à dire. Je n'exclus pas de changer d'avis dans l'avenir mais je me vois mal carrer d'office mes enfants à l'école (sauf s'ils le demandent, ou si je ne trouve pas d'autres solutions). En plus c'est une solution quand même hyper rigide, pas très adaptable: parfois les parents et/ou les enfants ont besoin de s'éloigner, parfois ils ont besoin de rester ensemble un peu plus, mais on demande pas trop l'avis de qui que ce soit (encore moins celui des enfants en général). C'est à l'école de telle heure à telle heure, point. De même les enfants peuvent exprimer un besoin de voir d'autres enfants de leur âge (ou d'autres âges), ou bien, par période, de ne voir personne. L'école leur impose la compagnie d'autres enfants (toujours les mêmes en plus), indépendamment de leur besoin.
De plus, le fait de devoir travailler et donc se séparer des enfants la journée peut aussi bien être une chance (si on a un travail intéressant et stimulant) qu'un problème en soi (boulot de merde, exploitation obligatoire, bref esclavage). Bien sur c'est dommage que ce soient presque toujours les mères qui restent à la maison.
L'école serait aussi LA solution pour que les parents ne se coltinent pas les enfants en permanence. Personnellement, même si j'imagine que s'occuper d'un enfant 24/24 7/7 est usant, je ne le confierais pas à n'importe qui. Or, l'école, c'est plus ou moins "n'importe qui" en fait: les instits et autres encadrants peuvent être des gens formidables ou de sacrés imbéciles, et dans tous les cas les enfants sont obligés de se taper leur compagnie toute la journée sans avoir leur mot à dire. Je n'exclus pas de changer d'avis dans l'avenir mais je me vois mal carrer d'office mes enfants à l'école (sauf s'ils le demandent, ou si je ne trouve pas d'autres solutions). En plus c'est une solution quand même hyper rigide, pas très adaptable: parfois les parents et/ou les enfants ont besoin de s'éloigner, parfois ils ont besoin de rester ensemble un peu plus, mais on demande pas trop l'avis de qui que ce soit (encore moins celui des enfants en général). C'est à l'école de telle heure à telle heure, point. De même les enfants peuvent exprimer un besoin de voir d'autres enfants de leur âge (ou d'autres âges), ou bien, par période, de ne voir personne. L'école leur impose la compagnie d'autres enfants (toujours les mêmes en plus), indépendamment de leur besoin.
De plus, le fait de devoir travailler et donc se séparer des enfants la journée peut aussi bien être une chance (si on a un travail intéressant et stimulant) qu'un problème en soi (boulot de merde, exploitation obligatoire, bref esclavage). Bien sur c'est dommage que ce soient presque toujours les mères qui restent à la maison.
- InvitéInvité
Re: "Assignation sociale des enfants"
30.01.13 13:30
Il y a, heureusement, des écoles qui acceptent des aménagements. De type: Nous avons l'occasion d'aller 3 semaines à tel endroit, hors des congés scolaires car c'est pour des raisons de boulot/formation d'un des parents. Est-ce OK que notr enfant manque l'école pendant ce temps? Pouvons-nous avoir la matière qui sera vue pendant ce temps pour pouvoir faire en sorte qu'aucun retard ne soit pris"?
Ca n'a pas été simple pour ce couple d'amis et leur fille en 1ère primaire, mais la réponse a été oui.
Ca n'a pas été simple pour ce couple d'amis et leur fille en 1ère primaire, mais la réponse a été oui.
- colcatAncien⋅ne
- Messages : 892
Date d'inscription : 05/06/2012
Re: "Assignation sociale des enfants"
30.01.13 14:49
Je suis assez d'accord avec toi l'elfe, je ne dis pas que l'école c'est la panacée. Mais au final ce n'est pas non plus si mal que ça. Quand tu es un parent un peu vigilant, à l'écoute de ton enfant, et dans le dialogue avec l'équipe pédagogique, il n'y a pas de raison que ça ne se passe pas bien. Mon fils n'était absolument pas prêt à aller à l'école avant ses quasi 5 ans, en revanche ensuite quand il a commencé (les matinées en MS en mai et juin) ça lui a fait beaucoup de bien, et il est super content de l'école maintenant (pourtant le CP c'est pas une année forcément rigolote! même si il est quand même super content et fier de savoir lire maintenant). Il y fait toute sorte "d'expériences" sans nous et c'est chouette. Parfois c'est dur aussi, hein, c'est la vie c'est jamais tout blanc ou tout noir. Par ex cette année je suis moins dispo, ils vont plus à la garderie, cantine tous les midis, centre de loisirs le mercredi, je sens qu'ils sont plus fatigués, parfois ils râlent qu'ils ne me voient pas assez... Mais on est quand même pas mal là pour eux, on passe du bon temps à jouer à Uno le dimanche par ex! On est à leur écoute, pour dénouer les tracas du quotidien, pour aller voir les instits, etc.
Cela dit c'est clair que pour beaucoup l'école "cécomsakonfé-épicétou" ; beaucoup de parents ne regardent pas plus loin que ça. Et il y a encore pas mal de parents pour qui maîtresse c'est quasiment dieu (ou à l'inverse des parents qui contestent tout tout le temps...)
Il y a aussi autant de contextes différents que d'écoles. C'est vrai que des fois si le maître / la maîtresse est buté(e) ça peut être une vraie difficulté, surtout si il/elle est du genre complètement fermé(e) au dialogue.
D'un autre côté on peut aussi toujours inscrire son enfant ailleurs... ou déscolariser quelque temps si on pense que c'est le mieux (et si on peut!)
Bref à mon avis rien n'est figé, et il y a tout un panel de possibilités entre la non sco et subir l'école. En tout cas c'est comme ça que je vois les choses. Et je ne me pose pas en "consommatrice" d'école, je m'y investis via les assos de parents d'élève. Je trouve ça important.
(pour s'absenter plus de 15j pour des congés sur temps scolaire normalement il faut une autorisation de l'inspecteur, ça n'est pas une décision du directeur)
Cela dit c'est clair que pour beaucoup l'école "cécomsakonfé-épicétou" ; beaucoup de parents ne regardent pas plus loin que ça. Et il y a encore pas mal de parents pour qui maîtresse c'est quasiment dieu (ou à l'inverse des parents qui contestent tout tout le temps...)
Il y a aussi autant de contextes différents que d'écoles. C'est vrai que des fois si le maître / la maîtresse est buté(e) ça peut être une vraie difficulté, surtout si il/elle est du genre complètement fermé(e) au dialogue.
D'un autre côté on peut aussi toujours inscrire son enfant ailleurs... ou déscolariser quelque temps si on pense que c'est le mieux (et si on peut!)
Bref à mon avis rien n'est figé, et il y a tout un panel de possibilités entre la non sco et subir l'école. En tout cas c'est comme ça que je vois les choses. Et je ne me pose pas en "consommatrice" d'école, je m'y investis via les assos de parents d'élève. Je trouve ça important.
(pour s'absenter plus de 15j pour des congés sur temps scolaire normalement il faut une autorisation de l'inspecteur, ça n'est pas une décision du directeur)
- cleindoAncien⋅ne
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Date d'inscription : 20/01/2012
Re: "Assignation sociale des enfants"
30.01.13 15:10
Oui enfin la non scolarisation, c'est sans doute bien quand tout s'y prête. Genre deux parents. Un seul parent, ben faut un peu qu'il bosse, y a pas vraiment le choix.
Quant à pouvoir choisir des écoles alternatives, faut avoir le choix dans un rayon de moins de 50 kms.
Comme ça m'agace un peu, je vais être un peu de mauvaise foi et dire que c'est bien un truc de bobo...
Quant à pouvoir choisir des écoles alternatives, faut avoir le choix dans un rayon de moins de 50 kms.
Comme ça m'agace un peu, je vais être un peu de mauvaise foi et dire que c'est bien un truc de bobo...
- colcatAncien⋅ne
- Messages : 892
Date d'inscription : 05/06/2012
Re: "Assignation sociale des enfants"
30.01.13 16:52
c'est pas faux
les écoles alternatives aussi d'ailleurs... quand je vois le public qui fréquente l'école Steiner du coin (enfin à 40 bornes quand même)
les écoles alternatives aussi d'ailleurs... quand je vois le public qui fréquente l'école Steiner du coin (enfin à 40 bornes quand même)
- InvitéInvité
Re: "Assignation sociale des enfants"
30.01.13 19:12
C'est cher aussi, les écoles alternatives. Comme j'aimerais beaucoup faire de l'enseignement (je ne sais pas encore à quel niveau exactement), mais que je pense que le système de l'éducation nationale est complètement pourri, j'avais un peu regardé, mais ça coûte des milliers d'euros par an d'inscrire son gosse dans une école alternative (c'est normal, je ne dis pas que c'est de l'arnaque, il faut bien payer les locaux, les salaires des profs, les sorties et tout, sans la subvention de l'Etat, mais au final le résultat est encore de la discrimination par le salaire des parents...). Je crois que je préfère encore l'éducation nationale, pour le principe de l'école publique.
Re: "Assignation sociale des enfants"
30.01.13 22:13
c'est pas faux (même si je redoute un peu l'école quand même, mais je n'écarte pas non plus toute idée scolaire…)colcat a écrit:
Bref à mon avis rien n'est figé, et il y a tout un panel de possibilités entre la non sco et subir l'école. En tout cas c'est comme ça que je vois les choses.
cleindo a écrit:Oui enfin la non scolarisation, c'est sans doute bien quand tout s'y prête. Genre deux parents. Un seul parent, ben faut un peu qu'il bosse, y a pas vraiment le choix.
Quant à pouvoir choisir des écoles alternatives, faut avoir le choix dans un rayon de moins de 50 kms.
Comme ça m'agace un peu, je vais être un peu de mauvaise foi et dire que c'est bien un truc de bobo...
c'est un bon gros préjugé, quand même. Je l'ai déjà dit je sais plus ou mais je connais plusieurs exemples de personnes qui sont en dessous du seuil de pauvreté et qui ne scolarisent pas leurs enfants. Et leurs enfants apprennent plein de choses. (d'ailleurs je ne comprend pas tellement le stigmate de bobo).
Je suis pas tellement d'accord pour dire que "c'est bien quand tout s'y prête". On pourrait, en fait, dire la même chose de l'école (c'est bien quand les instits sont des gens bien et pas des connards, quand l'enfant s'entend bien avec ses camarades et n'est pas la tête de turc, quand il n'exprime pas un désir de passer bcp plus de temps avec ses parents…) etc etc. Bref quelle que soit la solution qu'on choisisse, école ou pas école, en fonction de nos possibilités mais aussi de nos convictions, des problèmes se poseront et il faudra les régler.
Tu veux dire par rapport aux valeurs d'égalité?Grussie a écrit:Je crois que je préfère encore l'éducation nationale, pour le principe de l'école publique.
D'un côté je suis d'accord mais… C'est discutable quand même (voir le chapitre "contre la très manifeste injustice de l'école" dans "insoumission à l'école obligatoire")
- InvitéInvité
Re: "Assignation sociale des enfants"
30.01.13 22:55
Oui bien sûr, je ne conteste pas que le système éducatif perpétue les inégalités et injustices; je dis juste qu'en tant que peut-être-future-enseignante, je pense pouvoir changer plus de trucs dans une école publique malgré le cadre qui est bien loin de mes idéaux, que dans une école alternative où les enfants sont déjà très favorisés. Cela dit, c'est une pensée timide, je suis loin d'être sûre de moi sur ce qui est le plus efficace pour changer la société : rester dedans et proposer des évolutions, ou s'en isoler un peu, ce qui serait plus agréable pour moi, et avoir de l'impact en montrant qu'il est possible d'avoir un autre mode de vie, ou encore s'en isoler beaucoup plus...honnêtement, je n'ai aucune idée de ce qui est le plus efficace pour faire bouger les mentalités, c'est juste une impression.
- cleindoAncien⋅ne
- Messages : 2926
Date d'inscription : 20/01/2012
Re: "Assignation sociale des enfants"
30.01.13 23:18
et bien je suppose qu'on peut vivre ainsi quand on est dans une démarche globale, pê tes connaissances étaient en dessous du seuil de pauvreté paskils travaillaient pas? Moi je travaille, j'ai déja du mal à regarder leurs devoirs tous les jours, faudrait que je m'arrête de bosser pour faire autrement.l'elfe a écrit:c'est un bon gros préjugé, quand même. Je l'ai déjà dit je sais plus ou mais je connais plusieurs exemples de personnes qui sont en dessous du seuil de pauvreté et qui ne scolarisent pas leurs enfants. Et leurs enfants apprennent plein de choses. (d'ailleurs je ne comprend pas tellement le stigmate de bobo).
Je n'ai pas dit que c'était une question d'argent note bien, mais de capacité par rapport au travail, spa pareil. Ca n'a donc rien d'un bon gros préjugé.
Soit tu es dans une décroissance importante (et adieu certains projets scolaires -fac écoles etc), ou bien tu as les moyens financiers de ne pas bosser etc.
Tu connais des familles monoparentales qui font ça? (au dela des petites classes je veux dire)
Re: "Assignation sociale des enfants"
30.01.13 23:56
Employer le terme de "bobo", c'est un préjugé, quand même, et il me semble que ça a surtout rapport à l'argent.
Baker était mère célibataire par exemple. Je connais un autre cas de parent célibataire et pauvre qui ne met pas son enfant à l'école.
De toutes façons ce n'est pas UN choix c'est un ensemble de choix: façon dont on veut élever son/ses enfants, combien on peut en avoir, travailler ou non, etc. (parce que c'est aussi un choix dans une certaine mesure). Donc en effet c'est une démarche globale. Mais la plupart des choix de vie importants se font dans une démarche globale, je pense.
Dire qu'il faut être un privilégié pour ne pas mettre son gosse à l'école est simplement faux. Ce n'est pas parce que les gens sont riches ou parce qu'ils ont du temps libre qu'ils décident d'instruire eux-même leurs enfants mais en fonction de convictions, notamment politiques, ou autres. ce que je veux dire c'est que, ok, certains ne trouvent pas de solution satisfaisante pour, donc ne "peuvent" pas. Mais ça n'empêche que les non-sco ce sont avant tout ceux qui CHERCHENT des solutions pour le faire, pas des gens qui par les hasards de la vie auraient déjà toutes les solutions en main.
Baker était mère célibataire par exemple. Je connais un autre cas de parent célibataire et pauvre qui ne met pas son enfant à l'école.
De toutes façons ce n'est pas UN choix c'est un ensemble de choix: façon dont on veut élever son/ses enfants, combien on peut en avoir, travailler ou non, etc. (parce que c'est aussi un choix dans une certaine mesure). Donc en effet c'est une démarche globale. Mais la plupart des choix de vie importants se font dans une démarche globale, je pense.
Dire qu'il faut être un privilégié pour ne pas mettre son gosse à l'école est simplement faux. Ce n'est pas parce que les gens sont riches ou parce qu'ils ont du temps libre qu'ils décident d'instruire eux-même leurs enfants mais en fonction de convictions, notamment politiques, ou autres. ce que je veux dire c'est que, ok, certains ne trouvent pas de solution satisfaisante pour, donc ne "peuvent" pas. Mais ça n'empêche que les non-sco ce sont avant tout ceux qui CHERCHENT des solutions pour le faire, pas des gens qui par les hasards de la vie auraient déjà toutes les solutions en main.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: "Assignation sociale des enfants"
31.01.13 23:49
Je vais faire un 3615 MaVie parce que le sujet s'y prête vraiment beaucoup.
Mon père était (et est toujours) bûcheron, un boulot qui lui plaisait et qu'il avait choisi. Ma mère, elle, était instit', un boulot qu'elle n'avait pas choisi (sa mère lui avait imposé), et faire un travail qui lui avait été imposé était très dur pour elle (ça la rendait malade même pour tout dire). En prime, elle tenait assez à l'idée d'avoir du temps pour élever ses enfants. Du coup, même si mon père gagnait très peu (on était indéniablement sous le seuil de pauvreté), avant la naissance de mon frère, elle a arrêté de travailler (elle n'a pas démissionné parce qu'on ne démissionne pas de la fonction publique, elle s'est arrangée pour faire annuler son diplôme).
Pratiquement toute mon enfance, j'ai été déscolarisée, et mon frère aussi. On a fait quelques "tests" école, à notre demande (surtout mon frère en fait, il était l'aîné, je le laissais tester pour moi Perso je ne suis allée qu'en grande section et au lycée). En fait on n'était pas tout à fait déscolarisés, mais inscrits au CNED (cours par correspondance), parce que c'était plus simple pour ma mère d'avoir une base pour travailler qui correspondait exactement au programme officiel (d'ailleurs dans bien des écoles, le programme officiel n'est pas entièrement suivi, parce que parfois, certains élèves ayant des difficultés ou certains profs étant absents, ils n'ont pas le temps de finir ce programme dans l'année).
C'était ma mère qui suivait notre travail, parce que c'était elle qui ne travaillait pas, et aussi parce qu'elle avait plus de savoirs scolaires que mon père.
Il y avait bien sûr des raisons philosophiques et pédagogiques derrière cette décision. Un certains refus de la normalisation par l'école, un désaccord avec le nombre d'heures qu'un enfant passe assis dans une salle de classe (beaucoup d'enfants ont un fort besoin de bouger, courir, et aussi d'avoir du temps pour jouer, imaginer, découvrir des choses par eux-mêmes. Pour mes parents, ça, c'était aussi important que l'acquisition des savoirs scolaires, et le temps imparti à ces choses-là, à leurs yeux, ne devait pas être réservé aux demi-heures de récré et aux week-ends).
Parce que même si on suivait le programme à la lettre, on y passait énormément moins de temps que les enfants qui vont à l'école (le rythme d'une classe étant ralenti par le nombre d'enfants). En primaire, on ne travaillait que le matin, et au collège, le matin et un peu en fin d'après-midi. Ce qui nous laissait tout le loisir d'apprendre aussi d'autres choses (jardiner, reconnaître les plantes médicinales, faire de la poterie, apprendre à coudre et à tricoter - autant moi que mon frère, etc).
Il y avait aussi une raison pratique : le directeur de l'école du village, qui était aussi l'instit' des classes de CM1 et CM2, était un taré pervers qui frappait certains enfants, en humiliait d'autres (et il choisissait ses têtes : les enfants dont il savait que les parents, soit n'osaient pas protester, soit trouvaient cette "pédagogie" très bien). Hors de question pour mes parents qu'on se retrouve un jour dans sa classe. Et aller à une autre école en ville aurait nécessité des dépenses, ne serait-ce qu'en essence, qui n'étaient pas compatibles avec leurs finances. Ou alors il aurait fallu se lever très tôt pour prendre un car, et les heures de sommeil, c'était aussi un truc important à leurs yeux. Me souviens aussi qu'on avait visité une école Steiner (ou Montessori, tiens, je sais plus), mais là aussi, c'était financièrement impossible, en plus super loin de chez nous (donc il aurait fallu être internes). Bref, le CNED, c'était l'option géographique, philosophique, éthique, pratique et financière qui nous correspondait le mieux.
J'en garde un très bon souvenir (toutes ces après-midi libres...) J'en ai gardé aussi un amour de l'apprentissage. Beaucoup d'enfants n'aiment pas l'école ou en sont dégoûtés. Nous, en primaire surtout, quand on avait fini le cours de math ou de français de la journée, on s'exclamait "c'est déjà fini !? On peut prendre de l'avance et faire celui de demain ?" Si bien qu'on se retrouvait parfois en grandes vacances au mois de mai... Ma mère par contre ne nous laissait pas prendre plus d'un cours d'avance ("faut assimiler ce que vous venez d'apprendre, et puis faut que vous alliez vous aérer la tête aussi"), comme elle devait intervenir aussi pour qu'on arrête de lire le soir quand il se faisait tard parce qu'on avait besoin de dormir. J'avais du mal à comprendre comment les gamins que je côtoyais pouvaient bien faire pour ne pas aimer lire ou ne pas aimer apprendre (et je rejoins A.S. Neil sur le fait que les enfants ont naturellement l'envie et l'amour de l'apprentissage, tant qu'on ne les en dégoûte pas).
Ça nous a permis aussi de partir en vacances à la Réunion, ce qui aurait été financièrement impossible en temps de vacances scolaires (les billets d'avion étant bien moins chers en période scolaire).
A part ça, on avait des amis de notre âge (des voisins) qu'on voyait le soir quand ils rentraient de l'école, ou les mercredis et week-ends. Quand les autres étaient à l'école, on était deux pour jouer ensemble. On voyait aussi d'autres enfants dans nos activités "extra-scolaires" (je faisais de l'équitation, ce qui est aussi censé être un "truc de riches"), et les enfants de nos amis.
Alors bien sûr, peut-être que de ne pas être confrontée très tôt à l'école et ses exigences de socialisation et de discipline a contribué en partie à mes phobies sociales et mon inadaptation au monde du travail (quoique mon frère s'en sort très bien de ces deux côtés-là, mais on n'a pas le même vécu par rapport à d'autres choses n'ayant rien à voir avec la désco... il n'a jamais eu affaire à un pédophile, du moins à ma connaissance...) Mais ça a aussi fait de moi quelqu'un ayant constamment soif d'apprendre (me semble avoir déjà dit d'ailleurs que ça m'énervait à la fac, les gens qui demandaient sans cesse si j'étais là pour devenir prof, alors que moi, j'étais là pour apprendre des choses dans des domaines qui m'intéressaient), et aussi quelqu'un d’anticonformiste, ayant appris à penser par soi-même au lieu de gober ce que les discours ambiants tentent d'imposer, et aussi quelqu'un sachant quand même s'adapter à des choses complètement nouvelles assez facilement (quand j'allais entrer au lycée, ma voisine - qui était un peu une langue de vipère, que les vipères me pardonnent l'expression - ne cessait de répéter à qui voulait l'entendre que j'allais être totalement paumée et faire n'importe quoi parce que je ne connaissais pas l'école. En fait, je m'y suis adaptée comme si j'y avais toujours été. La seule "difficulté" dont je me souvienne, c'est d'avoir du demander ce qu'étaient un DS et un DM.)
Mon père était (et est toujours) bûcheron, un boulot qui lui plaisait et qu'il avait choisi. Ma mère, elle, était instit', un boulot qu'elle n'avait pas choisi (sa mère lui avait imposé), et faire un travail qui lui avait été imposé était très dur pour elle (ça la rendait malade même pour tout dire). En prime, elle tenait assez à l'idée d'avoir du temps pour élever ses enfants. Du coup, même si mon père gagnait très peu (on était indéniablement sous le seuil de pauvreté), avant la naissance de mon frère, elle a arrêté de travailler (elle n'a pas démissionné parce qu'on ne démissionne pas de la fonction publique, elle s'est arrangée pour faire annuler son diplôme).
Pratiquement toute mon enfance, j'ai été déscolarisée, et mon frère aussi. On a fait quelques "tests" école, à notre demande (surtout mon frère en fait, il était l'aîné, je le laissais tester pour moi Perso je ne suis allée qu'en grande section et au lycée). En fait on n'était pas tout à fait déscolarisés, mais inscrits au CNED (cours par correspondance), parce que c'était plus simple pour ma mère d'avoir une base pour travailler qui correspondait exactement au programme officiel (d'ailleurs dans bien des écoles, le programme officiel n'est pas entièrement suivi, parce que parfois, certains élèves ayant des difficultés ou certains profs étant absents, ils n'ont pas le temps de finir ce programme dans l'année).
C'était ma mère qui suivait notre travail, parce que c'était elle qui ne travaillait pas, et aussi parce qu'elle avait plus de savoirs scolaires que mon père.
Il y avait bien sûr des raisons philosophiques et pédagogiques derrière cette décision. Un certains refus de la normalisation par l'école, un désaccord avec le nombre d'heures qu'un enfant passe assis dans une salle de classe (beaucoup d'enfants ont un fort besoin de bouger, courir, et aussi d'avoir du temps pour jouer, imaginer, découvrir des choses par eux-mêmes. Pour mes parents, ça, c'était aussi important que l'acquisition des savoirs scolaires, et le temps imparti à ces choses-là, à leurs yeux, ne devait pas être réservé aux demi-heures de récré et aux week-ends).
Parce que même si on suivait le programme à la lettre, on y passait énormément moins de temps que les enfants qui vont à l'école (le rythme d'une classe étant ralenti par le nombre d'enfants). En primaire, on ne travaillait que le matin, et au collège, le matin et un peu en fin d'après-midi. Ce qui nous laissait tout le loisir d'apprendre aussi d'autres choses (jardiner, reconnaître les plantes médicinales, faire de la poterie, apprendre à coudre et à tricoter - autant moi que mon frère, etc).
Il y avait aussi une raison pratique : le directeur de l'école du village, qui était aussi l'instit' des classes de CM1 et CM2, était un taré pervers qui frappait certains enfants, en humiliait d'autres (et il choisissait ses têtes : les enfants dont il savait que les parents, soit n'osaient pas protester, soit trouvaient cette "pédagogie" très bien). Hors de question pour mes parents qu'on se retrouve un jour dans sa classe. Et aller à une autre école en ville aurait nécessité des dépenses, ne serait-ce qu'en essence, qui n'étaient pas compatibles avec leurs finances. Ou alors il aurait fallu se lever très tôt pour prendre un car, et les heures de sommeil, c'était aussi un truc important à leurs yeux. Me souviens aussi qu'on avait visité une école Steiner (ou Montessori, tiens, je sais plus), mais là aussi, c'était financièrement impossible, en plus super loin de chez nous (donc il aurait fallu être internes). Bref, le CNED, c'était l'option géographique, philosophique, éthique, pratique et financière qui nous correspondait le mieux.
J'en garde un très bon souvenir (toutes ces après-midi libres...) J'en ai gardé aussi un amour de l'apprentissage. Beaucoup d'enfants n'aiment pas l'école ou en sont dégoûtés. Nous, en primaire surtout, quand on avait fini le cours de math ou de français de la journée, on s'exclamait "c'est déjà fini !? On peut prendre de l'avance et faire celui de demain ?" Si bien qu'on se retrouvait parfois en grandes vacances au mois de mai... Ma mère par contre ne nous laissait pas prendre plus d'un cours d'avance ("faut assimiler ce que vous venez d'apprendre, et puis faut que vous alliez vous aérer la tête aussi"), comme elle devait intervenir aussi pour qu'on arrête de lire le soir quand il se faisait tard parce qu'on avait besoin de dormir. J'avais du mal à comprendre comment les gamins que je côtoyais pouvaient bien faire pour ne pas aimer lire ou ne pas aimer apprendre (et je rejoins A.S. Neil sur le fait que les enfants ont naturellement l'envie et l'amour de l'apprentissage, tant qu'on ne les en dégoûte pas).
Ça nous a permis aussi de partir en vacances à la Réunion, ce qui aurait été financièrement impossible en temps de vacances scolaires (les billets d'avion étant bien moins chers en période scolaire).
A part ça, on avait des amis de notre âge (des voisins) qu'on voyait le soir quand ils rentraient de l'école, ou les mercredis et week-ends. Quand les autres étaient à l'école, on était deux pour jouer ensemble. On voyait aussi d'autres enfants dans nos activités "extra-scolaires" (je faisais de l'équitation, ce qui est aussi censé être un "truc de riches"), et les enfants de nos amis.
Alors bien sûr, peut-être que de ne pas être confrontée très tôt à l'école et ses exigences de socialisation et de discipline a contribué en partie à mes phobies sociales et mon inadaptation au monde du travail (quoique mon frère s'en sort très bien de ces deux côtés-là, mais on n'a pas le même vécu par rapport à d'autres choses n'ayant rien à voir avec la désco... il n'a jamais eu affaire à un pédophile, du moins à ma connaissance...) Mais ça a aussi fait de moi quelqu'un ayant constamment soif d'apprendre (me semble avoir déjà dit d'ailleurs que ça m'énervait à la fac, les gens qui demandaient sans cesse si j'étais là pour devenir prof, alors que moi, j'étais là pour apprendre des choses dans des domaines qui m'intéressaient), et aussi quelqu'un d’anticonformiste, ayant appris à penser par soi-même au lieu de gober ce que les discours ambiants tentent d'imposer, et aussi quelqu'un sachant quand même s'adapter à des choses complètement nouvelles assez facilement (quand j'allais entrer au lycée, ma voisine - qui était un peu une langue de vipère, que les vipères me pardonnent l'expression - ne cessait de répéter à qui voulait l'entendre que j'allais être totalement paumée et faire n'importe quoi parce que je ne connaissais pas l'école. En fait, je m'y suis adaptée comme si j'y avais toujours été. La seule "difficulté" dont je me souvienne, c'est d'avoir du demander ce qu'étaient un DS et un DM.)
- InvitéInvité
Re: "Assignation sociale des enfants"
01.02.13 15:12
C'est super intéressant Araignée, et répond à plein de questions que je me posais ! Merci !
- cleindoAncien⋅ne
- Messages : 2926
Date d'inscription : 20/01/2012
Re: "Assignation sociale des enfants"
01.02.13 15:47
Oui, c'est exact. Disons que par rapport à d'autres choix de vie, il est bcp plus ... comment dire.... vaste (?). Par exemple tu peux devenir végé sans trop rien changer à ta vie, ou du moins sans changer plein de choses pas anecdotiques, être en couple ou vivre seule, travailler ou non. C'est un choix radical, qui entraine bcp de choses, et c'est un peu "tout ou rien".l'elfe a écrit:Employer le terme de "bobo", c'est un préjugé, quand même, et il me semble que ça a surtout rapport à l'argent.
Baker était mère célibataire par exemple. Je connais un autre cas de parent célibataire et pauvre qui ne met pas son enfant à l'école.
De toutes façons ce n'est pas UN choix c'est un ensemble de choix:
On peut, oui, j'imagine, vivre seule sans avoir de thunes et desco son enfant. A plusieurs enfants avec pas mal d'écart déja c'est bcp plus chaud j'imagine.
Par contre à partir du moment où on a déja un taf, des charges etc, ben c'est très lourd comme changement. Et si on veut pas tout changer, ben ça devient un truc de bobo, je persiste et j'assume.
Je prends mon exemple tout con: si j'avais choisi de déscolariser mes enfants, j'aurai du arrêter de bosser. J'aurai donc pas pu garder ma maison (crédit) paske je vis seule. Ma grande pourrait pas faire les études qu'elle veut (loin et en internat ne serait ce que pour le lycée) paske j'aurai pas les thunes pour ça.
Bref, pour pas tout chambouler, il aurait fallu ... des sous , tout simplement. Bon coup de bol, ils sont dans une petite école de village avec des instit très chouettes qui font plein de trucs.
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