[TV] Emission sur l'abolition avec Patric Jean

Ca peut être issu d'une vraie expérience, le "seul" pb c'est que cette expérience n'est sans doute pas représentative de celle de la plupart des prostituées.

Je connais une copine qui se prostitue de temps en temps, mais ça n'a rien de comparable avec les situations dramatiques. Elle le fait genre une fois par mois, pour se payer des extras, et sélectionne ses clients. Visiblement mis à part le fait qu'ils paient et qu'elle ne leur dit pas "pas ce soir, j'ai la migraine", ils se conduisent comme un petit copain.... Donc ça arrive, c'est vrai. Mais ça reste marginal

Grunt a écrit:Je trouve ça franchement bizarre, cette idée selon laquelle un discours n'a pas la même valeur selon qui le dit.

Je voulais dire selon l'expérience de qui le dit. Ce qui me paraît pas bizarre, il me semble qu'on fait ça dans tous les domaines, accorder plus ou moins de poids au discours de telle ou telle personne en fonction du fait qu'elle parle par expérience ou pas.

Là où la frontière entre l'expérience et l'identité de la personne qui parle est mince, c'est que vu le sexisme ambiant, il me semble que les deux sont liées : quand on « est » (socialement) un homme ou une femme, on ne vit pas les même expériences sociales.

Ceci dit, je trouve la remarque d'Antisexisme (« parfois les hommes arrivent mieux à percevoir l'aspect machiste ou humiliant des choses ») assez juste, c'est vrai que j'y avais pas trop pensé avant mais ça me parle bien.

cleindo a écrit:Ca peut être issu d'une vraie expérience, le "seul" pb c'est que cette expérience n'est sans doute pas représentative de celle de la plupart des prostituées.

Je connais une copine qui se prostitue de temps en temps, mais ça n'a rien de comparable avec les situations dramatiques. Elle le fait genre une fois par mois, pour se payer des extras, et sélectionne ses clients. Visiblement mis à part le fait qu'ils paient et qu'elle ne leur dit pas "pas ce soir, j'ai la migraine", ils se conduisent comme un petit copain.... Donc ça arrive, c'est vrai. Mais ça reste marginal

A ce sujet, est-ce qu'elle s'autorise à (par exemple) les reprendre de volée vertement lorsqu'ils tiennent des propos choquants, à ne pas rire de leurs blagues foireuses, leur dire s'ils puent, s'ils ont des gestes détestables, etc ?

Oui oui, j'ai diné une fois avec elle et un de ses clients , elle me l'aurait pas dit je l'aurai pas su...

cleindo a écrit:Oui oui, j'ai diné une fois avec elle et un de ses clients , elle me l'aurait pas dit je l'aurai pas su...

C'est vraiment atypique. Non seulement son attitude mais aussi celle de son client.

Ben j'en connais quelques une comme ça. C'est payant, mais c'est en tous points comme une relation normale, un peu plus open niveau cul, mais parce que ça leur convient à ELLES. (et qu'ils ne se voient pas pour aller faire les courses à carrefour)

Bon je vais être honnête: ça m'est arrivé à moi aussi. Et les bonhommes, ils avaient intérêt à savoir EUX se vendre et me motiver. Mais je suis bien consciente que c'est très largement minoritaire, donc j'essaie même pas de me prétendre "expérimentée" sur la prostitution.

cleindo a écrit:Ben j'en connais quelques une comme ça. C'est payant, mais c'est en tous points comme une relation normale, un peu plus open niveau cul, mais parce que ça leur convient à ELLES. (et qu'ils ne se voient pas pour aller faire les courses à carrefour)

Bon je vais être honnête: ça m'est arrivé à moi aussi. Et les bonhommes, ils avaient intérêt à savoir EUX se vendre et me motiver. Mais je suis bien consciente que c'est très largement minoritaire, donc j'essaie même pas de me prétendre "expérimentée" sur la prostitution.

Ca ressemble plus à une relation de type classique avec une dimension vénale assumée qu'à une démarche de type "professionnalisation du rapport sans désir".

Pour mettre mon grain de sel, je trouve aussi qu'il faudrait tenir compte de l'expérience d'une personne quand elle parle d'une forme d'oppression qu'elle subit.
Cela dit, sans avoir l'expérience d'un-e prostitué-e, Van Poppel a été client, et je pense que ça lui donne une certaine légitimité sur le sujet. Je veux dire quand les défenseurs de la prostitution déclarent par exemple que les prostituées ont le droit de refuser ce qu'elles veulent ou que c'est un échange égalitaire (voire même dominée par la prostituée…) ou encore qu'il n'y a pas de volonté de domination ou d'humiliation de la part des clients prostituteurs (mais qu'ils sont juste en manque de sexe les pauvres), j'ai toujours été sceptique. Avoir été client c'est savoir ce qui se passe dans la tête d'un client, comment se passe l'échange etc. Donc même si son expérience ne "vaut" pas celle d'une prostituée elles sont à mon avis complémentaires pour mieux comprendre la prostitution.

Et d'ailleurs il ne faut pas oublier (et les abolitionnistes le savent bien) que la prostitution est un sujet particulier vis à vis de l'expérience parce qu'il y a de l'argent en jeu et qu'il existe donc un discours commercial (qui ne dit pas son nom) de la part des prostituées.

Van Poppel a écrit:Ca ressemble plus à une relation de type classique avec une dimension vénale assumée qu'à une démarche de type "professionnalisation du rapport sans désir".

ben stadire qu'à partir du moment où on considère que si c'est vécu dans des conditions "idéales" , c'est plus de la prostitution vraiment, alors oui, c'est sur que du coup avec ce genre de limite, on ne peut que dire que la prostitution est toujours mal vécue, c'est clair ^^

Pour moi bêtement, la base c'est: la prostitution est un rapport sexuel contre de l'argent. Eventuellement en rajoutant "rapport qu'on aurait pas eu sans l'échange d'argent".

Je continue à pas piger comment on peut avoir envie de faire l'amour avec quelqu'un qui n'en éprouve aucun désir? Rien que le doute à ce sujet me couperait toute envie!
... Sans parler du doute au sujet d'une possible menace de proxénète!

Aucune idée .. Je suppose que la plupart arrivent à se convaincre que la fille y prend plaisir. D'autres doivent mal le vivre après, et les autres doivent kiffer justement cette situation ...

sardine a écrit:Je continue à pas piger comment on peut avoir envie de faire l'amour avec quelqu'un qui n'en éprouve aucun désir? Rien que le doute à ce sujet me couperait toute envie!
... Sans parler du doute au sujet d'une possible menace de proxénète!

La plupart, cad ceux qui sollicitent des tapineuses de rue, sont des individus égocentriques avec un fond misogyne qui établissent clairement un rapport de domination dans ce cadre précis. C'est du viol tarifé, ni plus ni moins, et leur misogynie est parfois alimentée par des déconvenues passées, mais le plus souvent par un contexte socio-culturel sexiste et machiste. Avec l'absence totale d'empathie qui va avec.

Ceci dit, il y a pas mal de clients qui démarchent sur Internet des escorts de type GFE (girl-friend-experience), cad des actrices convaincantes qui laissent croire aux types qu'ils sont en présence d'une petite amie. Mais pas n'importe quel type de petite amie : toujours disponible, soumise, et SURTOUT jamais contrariante. Une poupée gonflable parlante, en somme, ce qui traduit bien chez ces bonshommes leur vision de la petite amie idéale. J'ai récemment rencontré un réalisateur qui projette un documentaire sur les clients, il en a interrogé une demie-douzaine, et parmi ces amateurs de GFE (souvent bien plus jeunes qu'eux) il y a un dénominateur commun : l'accès tardif à la sexualité après des échecs répétés à séduire. Comme si ces types voulaient, dans ce cadre précis, recréer le contexte passé pour cette fois-ci "triompher". Perso, j'y vois la fixation à un stade peu avancé du développement affectif, qui se serait figé à l'époque des déconvenues.

(A ce propos je t'invite à faire un tour dans ta messagerie...)

Au fait, je vous l'ai jamais dit, mais mon amoureux est un des signataires de ZéroMachos.

*fière et amoureuse