Les petites phrases sexistes cultes (suite)

"Fâme : préposée aux corvée ménagères", et c'est toi qui exagère. Mébiensûr...

L'autre jour je discutais avec un inconnu dans un parc, je lui dis que je viens d'arriver dans le coin et je lui demande qu'elles sont les sorties sympa, les lieux de rencontres etc. Il me répond qu'il y a plein de bars animés pour passer de bonnes soirées. Je lui réponds que je me vois mal y aller seule (rapport à ma question d'origine: comment rencontrer du monde vu que je connais personne donc...seule). Avant j'y allais franco, courageusement au dessus des préjugés, "je fais ce que je veux, je vais dans un bar trouver des gens avec qui parler et passer une bonne soirée" et BAM! je me faisais traiter de pute, et les mecs me prenaient vraiment pour une chaudasse en manque qu'ils méprisaient et insultaient pour rire.
Et là le gars me répond: "ouais c'est vrai, une fille toute seule dans un bar c'est forcement une pute! ahahaha", regard complice à son pote.
WTF? merci du conseil: aller dans bar (super, j'y avais pas pensé...en fait si) et
merci de bien me remettre à ma place: la fille de mauvaise vie dans les saloons!
Arggh quel con!

@Nyrhia: Je compatis . C'est dur d'habiter un endroit où on ne connaît personne. ça m'est arrivé et le bar ne m'a pas aidé: je n'ai pas été harcelée (c'était en Allemagne), mais les gens viennent souvent en groupe d'amis donc j'ai trouvé que ce n'était pas un super moyen.

@La Chatte: Oui, on m'a vraiment dit que ce n'était sûrement pas du sexisme. Je ne vois pas ce que ça aurait pu être d'autre. Je suis sûre que si c'était un des collègues de mon bureau, la réaction n'aurait pas été la même du tout . Après, Christine Delphy a déjà dit qu'une féministe qui exagère, c'est qu'elle a sûrement raison .

@Nurja : Bel exemple de mansplaining bien teinté de paternalisme condescendant : va travailler sur ce sujet, fâme, moâ je sais la vérité des choses !

@Nyrhia : Le seul bar où je vais, j'y vais quasi toujours seule... Et petit à petit, j'y ai lié des amitiés, mais ce fut long (en fait, je suis d'abord devenue amie avec le patron, puis il m'a engagée comme serveuse pour me sortir du trottoir et c'est là que j'ai vraiment commencé à connaître - forcément - tout le monde).
J'avais pas conscience que des gens pouvaient me voir comme une pute parce que j'entrais seule dans un bar (c'est quoi cette idée pourrie ?). Par contre, une fois, un type s'est mis à me draguer lourdement, je lui ai dit que j'aimais pas ça du tout, et, très méprisant, il m'a répliqué "qu'est-ce que tu fous dans un bar comme celui-là si c'est pas pour rencontrer des hommes ?" Heu... Je viens pour assister aux concerts, boire un jus de fruit ou un café, et surtout voir des ami-e-s, en particulier le patron, pas pour me faire emm... par des bitards.

@Antisexisme : Je suis... sans voix. OO

Araignée a écrit:@Nurja : Bel exemple de mansplaining bien teinté de paternalisme condescendant : va travailler sur ce sujet, fâme, moâ je sais la vérité des choses !

Merci Araignée, ça me rassure, je n'étais pas dans une phase "je vois le mal où il n'y en a pas".

Antisexisme, tu as déniché une horreur.

Nyrhia a écrit:..." la fille de mauvaise vie dans les saloons!

et combien de garçons chaudas, de mauvaise vie dans les saloons, qu'on pouvait/peut traiter de gros putains ?
Ce genre de "compliments" leur revient "de droit"...

Ca m'embête qu'on utilise "putain" comme une insulte.

Nurja a écrit:Ca m'embête qu'on utilise "putain" comme une insulte.

Pourquoi, putain n'est pas une insulte ?

Pour moi, non. Ou alors pute et prostituée le sont aussi.

Nurja a écrit:Pour moi, non. Ou alors pute et prostituée le sont aussi.

Il me semble évident que "pute" est une insulte et les mots "pute" et "putain" sont utilisés dans le but de nuire, de rabaisser, d'insulter (uniquement les femmes au départ puisque les gens, les hommes et le dictionnaire se gardent bien de les mettre au masculin, ce qui me semble un non-sens bien sûr)

Dico : mot trivial "Femme débauchée, sans moralité (terme d'injure) etc

En revanche, le terme de "prostitué" n'est pas une insulte...selon le dico : "personne gagnant sa vie..."

Prostitué(e) n'est pas une insulte.
Pute et putain sont des insultes.

Argument étymologique :

Dico de l'Académie française, 9e édition, a écrit:PUTE, n. f.
XIIe siècle. Forme féminine substantivée de l'ancien français put, « puant », puis « méchant, mauvais », issu du latin putidus, « pourri, gâté ; puant », lui-même dérivé de putere, « être pourri, corrompu ; puer ».

Dico de l'Académie française, 9e édition, a écrit:PUTAIN, n. f. et interj.
XIIe siècle. Cas régime, en ancien français, de pute.

En pratique, les connotations dépendent du milieu. Par exemple, j'avais entendu dans une vidéo un témoignage d'une actrice porno qui disait que, pour elle, pute n'était pas une insulte.
Je ne serais pas étonné que, dans d'autres milieux, même prostitué(e) serait une insulte.
Mais, étymologiquement, prostitué(e) n'est pas équivalent à pute et putain.

Ucralo a écrit:Prostitué(e) n'est pas une insulte.Pute et putain sont des insultes...En pratique, les connotations dépendent du milieu...une actrice porno qui disait que, pour elle, pute n'était pas une insulte. Je ne serais pas étonné que, dans d'autres milieux, même prostitué(e) serait une insulte...

C'est vrai qu'au delà des définitions académiques, les mots ont le sens et le poids que l'on veut bien leur prêter à un instant T : quelqu'une-un qui veut faire passer sa propre opinion, se justifier, minimiser ou exagérer, banaliser voire occulter la portée de certains actes va détourner ou nier le sens et la portée des mots :

on a eu l'exemple du "masculiniste modéré " qui était pour l'égalité femme-homme mais précisait sans honte être masculiniste/essentialiste !!! (il s'insultait lui-même pour le coup )  

Bientôt  on pourrait même nous faire croire que "pute" est un compliment ? Mais dans la bouche de qui et pour faire passer quelle idéologie ?

Dommage que seuls les termes péjoratifs concernant les femmes aient été retenus au fil des siècles : exemple, pour rester dans le même champ lexical, le terme "putassier" encore utilisé au moins fin XIXe siècle pour désigner les hommes marqués du terme euphémistique de "client" aujourd'hui (mais je ne sais pas depuis quand) semble oublié de toutes-tous...Bizarre  

Agatha Christa a écrit:

Nurja a écrit:Ca m'embête qu'on utilise "putain" comme une insulte.

Pourquoi, putain n'est pas une insulte ?

Si, mais ça ne devrait pas. C'est une insulte parce qu'en pratique c'est utilisé comme une insulte et que ça renvoie au stigmate qui pèse sur les prostituées ; ça ne devrait pas, parce qu'en continuant à l'utiliser comme une insulte on entretien ce stigmate.

C'est une insulte putophobe de la même façon que « pédé » est une insulte homophobe, ou que dire à un mec « tu joues comme une gonzesse » c'est l'insulter de façon misogyne.

L'usage est ce qu'il est, mais on peut remarquer qu'il est problématique (comme le disait Nurja) et décider de le changer.

Mince, j'ai écrit une bêtise sur le témoignage.

Ucralo a écrit:Par exemple, j'avais entendu dans une vidéo un témoignage d'une actrice porno qui disait que, pour elle, pute n'était pas une insulte.

En fait, dans le témoignage auquel je pensais, ce n'était pas pute mais salope qu'elle considérait comme n'étant pas une insulte.
Dans sa jeunesse, elle se faisait traiter de salope parce qu'elle était une "fille facile". Or, comme elle jugeait que être une fille facile ne posait aucun problème, elle a considéré que salope n'était pas une insulte pour elle.

Nurja a écrit "Ca m'embête qu'on utilise "putain" comme une insulte"...Agatha Christa a écrit "Pourquoi, putain n'est pas une insulte ?" Numa" a écrit :"Si, mais ça ne devrait pas."
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Je suis d'accord avec toi, Numa, "putain" ne devrait pas être une insulte mais c'est une insulte (les insultes ne devraient même pas exister) ; de plus, cette insulte ne devrait pas être un mot masculin (cas régime abusif) utilisé uniquement au féminin pour ne stigmatiser que les femmes de ce que les hommes les obligent à faire d'une manière ou d'une autre et dont ils sont les premiers bénéficiaires !

Numa a écrit:C'est une insulte parce qu'en pratique c'est utilisé comme une insulte et que ça renvoie au stigmate qui pèse sur les prostituées...

C'est une insulte dirigée uniquement au féminin contre les femmes (pas forcément prostituées dans la réalité) car établie par les clercs qui détestaient les femmes au moyen âge. Or, les femmes n'étaient pas plus pécheresses que les hommes qui se sont toujours prostitués paraît-il dans le monde entier et depuis au moins l'antiquité. Je la vois comme une insulte purement misogyne sous un prétexte fallacieux de stigmatisation d'un pseudo manque de "vertu imposée par les hommes", par le biais de la religion, vertu que les hommes eux-mêmes bafouaient à volonté et empêchaient les femmes de suivre.

Numa a écrit:C'est une insulte putophobe de la même façon que «pédé» est une insulte homophobe...

Je dois dire que j'ai beaucoup de mal avec l' appellation "putophobe" qui est construite à partir d'une insulte justement et non pas d'un terme comment dire, plus officiel-générique-non-connoté-insulte-sexiste comme "prostitué"; on ne parle pas de "pédéphobe" ou de "pédéphobie" !

Je me demande qui a lancé cette terminologie reprise à tout va qui semble plus destinée à couper cours aux débats anti-marchandisation du corps féminin qu'à avancer un argumentaire valable.("je fais ce que je veux de mon corps", non convainquant, irréaliste dans la grande majorité des cas).

Après, je conçois que "prostituophobe" c'est moins pratique que "putophobe"...mais ça ne veut pas dire la même chose à la base : putophobe=qui refuse l'insulte pute ? Vraiment, on pourrait trouver mieux ; et puis les termes en phobe pour tout et rien, ça fait "invention à la chaîne".

"pute" s'emploie au féminin certes mais peut qualifier aussi des mecs : et on peut traduire alors ça par "sans vergogne" et/ou "traitre" (peut-être par rapport aux valeurs de vertu justement : traitre aux valeurs morales ?), accompagné de la notion d'hypocrisie.
Lancée à une fille, c'est toujours le sens "salope" :/
Donc c'est bien une insulte.

Je ne doute pas que ce soit une insulte.
Ce que je remettais en question, c'était le fait s'il était judicieux ou pas d'utiliser cette insulte.

Agatha Christa a écrit:Je suis d'accord avec toi, Numa, "putain" ne devrait pas être une insulte [...]

Si on est d'accord là-dessus, j'ai du mal à comprendre pourquoi autant de débats suite à la remarque initiale de Nurja. Si on pense que ça ne devrait par être une insulte, alors c'est gênant de continuer à l'utiliser comme une insulte, et c'est exactement ce que disait Nurja.

Agatha Christa a écrit:et puis les termes en phobe pour tout et rien, ça fait "invention à la chaîne".

Perso, ce qui me dérange, c'est pas l'existence des termes en -phobe, mais des trucs qu'ils désignent. Par ailleurs, je trouve ton « tout et rien » un peu méprisant.

Numa a écrit:

Agatha Christa a écrit:Je suis d'accord avec toi, Numa, "putain" ne devrait pas être une insulte [...]

Si on est d'accord là-dessus, j'ai du mal à comprendre pourquoi autant de débats suite à la remarque initiale de Nurja. Si on pense que ça ne devrait par être une insulte, alors c'est gênant de continuer à l'utiliser comme une insulte, et c'est exactement ce que disait Nurja.

Entièrement d'accord.

J'ajouterais qu'il y a, sur ce forum, des personnes qui sont/ ont été prostituées et que j'aimerai que ce lieu soit aussi safe pour elles que pour moi.

Numa a écrit:

Agatha Christa a écrit:et puis les termes en phobe pour tout et rien, ça fait "invention à la chaîne".

Perso, ce qui me dérange, c'est pas l'existence des termes en -phobe, mais des trucs qu'ils désignent. Par ailleurs, je trouve ton « tout et rien » un peu méprisant.

Encore d'accord.

Pour pouvoir lutter contre une discrimination, il faut d'abord nommer cette discrimination. Supprimer les mots en "phobe" qui te gène tant revient à nier les discrimination qu'ils recouvrent, à empêcher les personnes discriminées à penser leur lutte.

Le mauvais terme en -phobe, il devine une oppression, il apparaît.
Le bon terme en -phobe, il devine une oppression, il apparaît. Mais c'est un bon terme en -phobe.

PS: Pardon, c'est ce que ça m'a évoqué.
Edit: +1 pour @Michonne et @Numa .

Le bon terme en -phobe, c'est celui qui désigne des oppressions qui me concernent ou à minima qui me dérangent.

Le mauvais terme en -phobe, c'est celui qui désigne des oppressions qui ne me concernent pas, dont je me contrefiche, voire auxquelles je participe.

Araignée, je pense que c'est tellement ça.

@Araignée: je suis bien d'accord! Mais ça ne fait plus référence aux Inconnus du coup...

Viedemerde a écrit:Aujourd'hui, mon petit frère de 16 ans invite sa copine à dormir, alors que moi à 18 n'ai même pas le droit d'aller chez mon copain. Je l'ai protesté à mes parents qui m'ont répondu : "C'est pas pareil, lui on le pousse à devenir un homme. Toi on te préserve pour pas que tu deviennes une salope." VDM

(Original ici.)

Tiens, les commentaires sous la VDM ne sont pas trop stupides-réacs pour une fois (je dis ça, ça doit faire des années que je n'avais pas ouvert VDM).

Ça me rappelle ma mère. Vers mes 13 ans, et alors que je ne sortais pas du tout le soir, elle m'avait sorti de façon complètement inopinée que je ne pourrai sortir en boîte de nuit que lorsque mon frère aurait été majeur pour m'accompagner... soit à mes 22 ans. Je ne sais toujours pas ce qui lui est passé par la tête, surtout que ça n'est jamais revenu sur le tapis.