La prostitution n'est pas un métier
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55 participants
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
18.10.13 16:08
Je n'ai pas dit que ce n'était que de la détente d'élever des enfants j'ai dit qu'au moment où les parents prenaient du plaisir c'était plus de la détente.
- Morgane MerteuilBleu⋅e
- Messages : 98
Date d'inscription : 15/10/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
18.10.13 16:11
mais ce n'est pas parce que c'est de la détente que ce n'est pas productif ! c'est ce que j'essaie d'expliquer depuis tout à l'heure ... le faut de prendre ou pas du plaisir, ou de désirer ou pas une activité, n'a rien avec le fait qu'elle soit productive ou non ...
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
18.10.13 16:40
je n'ai jamais dit le contraire. Dés le début, j'ai juste évoqué le plan psychique à dessein.
C'est important ce que les gens vivent au fond d'eux.
C'est important ce que les gens vivent au fond d'eux.
- Césarion—
- Messages : 461
Date d'inscription : 17/09/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
18.10.13 20:07
Mais du coup les hommes aussi devraient être payés pour baiser ? Nan ?Morgane Merteuil a écrit:les 2 ne s'excluent pas.
Si l'on reprend la comparaison avec le travail domestique, et notamment l'élevage des enfants, j'imagine (j'espère) que les femmes désirent aussi et prennent du plaisir à passer du temps avec leurs enfants pour les élever. Ce n'est pas pour autant que cette activité n'est pas productive.
Re: La prostitution n'est pas un métier
18.10.13 23:04
Personnellement je ne considère pas le sexe comme du travail.
élever mon enfant oui c'est un travail (que je partage à environ 50% avec son père), et même si j'y prend beaucoup de plaisir je considère ça comme un travail. C'est quelque chose qui de toutes façons DOIT être fait.
Le sexe non ce n'est pas du travail. Je ne dis pas ça pour parler de mon ressenti, je pense simplement que le sexe ne DEVRAIT Pas être considéré comme un travail que les femmes font pour les hommes. Et je sais qu'il l'est beaucoup plus souvent qu'on ne le pense. Mais c'est quelque chose qui devrait être beaucoup plus dénoncé et combattu à mon avis. C'est un problème. Le sexe ne devrait pas être un travail déjà parce que c'est quelque chose que des personnes font ensemble et pas que l'une cède ou fait à l'autre. Et aussi parce que contrairement à faire le ménage ou à élever un enfant (une fois que l'enfant est là j'entends) ça ne devrait pas être quelque chose d'obligatoire. Alors oui je le concède, il l'est souvent et donc c'est souvent un travail que les femmes font pour les hommes et gratuitement en plus. Mais au final je sais pas comment on s'en sort, en tant que femme, avec cette vision du sexe. Je sais pas à quel point c'est destructeur et je sais pas s'il y a des personnes pour qui ça ne l'est pas (surement en fait, y a de tout). Je sais pas à quel point notre sexualité nous est aliénée, qu'on soit ou non prostituée d'ailleurs. Et ça je pense que c'est quelque chose justement qui concerne toutes les femmes et pas seulement les prostituées. Les questions restent en suspens.
De plus, je ne pense pas que la prostitution des enfants relève d'une dynamique totalement différente que la prostitution des femmes. D'autant plus que les femmes sont souvent infantilisées, rendues dépendantes, rendues vulnérables, etc. Et je ne pense pas que l'acte prostitutionnel concerne plus que ça la sexualité de la personne prostituée, je pense que ça concerne celle du client et c'est tout, pour l'autre c'est du travail. Je ne crois pas que magiquement quand on atteint l'âge de 18 ans (ou 16 ou 21 selon les pays) ça n'a plus d'incidence sur le développement de sa propre sexualité d'utiliser son corps comme outil pour la sexualité des autres (moi à 18 ans comme à 20 ou 24 ma sexualité était encore en construction). Et certes, on n'a pas à dire aux personnes prostituées comment elles doivent vivre cet acte, et il est probable que chacune le vive différemment. Mais c'est justement ce qui me parait dangereux dans le fait de banaliser cet acte et de dire aux hommes "ok allez-y vous avez le droit de payer une personne pour du sexe" et même de les y encourager parce que cela assure un revenu à ces personnes. Alors oui la question des revenus, c'est une question centrale, qui n'est probablement pas prise au sérieux par le projet de loi (et j'ai pas lu le projet de loi mais je dis ça parce que vu ce que je pense des législateurs ça m'étonnerait qu'ils débloquent des fonds suffisants pour aider des prostituées migrantes à avoir une vie décente). Mais je pense pas qu'on puisse effacer tous ces problèmes compliqués en les balayant d'un simple "oui mais ça assure des revenus". Peut-être que c'est une réponse suffisante pour certaines personnes prostituées, et d'ailleurs c'est bien une réponse que se fait chaque personne qui décide d'aller vendre un service sexuel au moment de le faire sans y être forcée par des menaces physiques (quelles que soient ses raisons: besoin de bouffer, toxicomanie ou autre). Mais d'un point de vue global, je pense pas que ce soit une réponse satisfaisante. D'un point de vue politique, je veux dire. A ce compte là on pourrait aussi bien dire que se prostituer c'est la meilleure solution quand on est forcée par un mac parce que sinon on se fait casser la gueule, et se contenter de ce constat. Et la prostitution continuerait d'être une solution au lieu d'être un problème. Moi ça ne me convient pas.
La politique ne consiste pas à approuver ou désapprouver le choix de chaque personne confrontée à une situation de merde (qui est de toutes façons le meilleur choix possible puisqu'on n'a pas à juger). La politique c'est le cadre de la société, c'est ce qui définit ce qui devrait être, la civilisation. La société à mon avis elle devrait avoir d'autres réponses que "elles sont obligées de se prostituer sinon elles crèvent alors du coup consommer du sexe c'est cool, rien à dire" (raisonnement qu'on peut très bien appliquer à la prostitution des enfants qui souvent nourrissent leur famille). Après je dis pas que je suis forcément pour CE projet de loi ou même pour la pénalisation des clients (la pénalisation c'est pas mon truc). Je dis pas qu'il faut pas donner de droits aux personnes qui se prostituent sous prétexte qu'on est abolitionniste. Mais je pense qu'il faut voir plus loin que le besoin immédiat d'argent qui ferait disparaitre comme par magie les problèmes énormes que la prostitution engendre. Ok ce besoin il existe (et on doit le prendre en compte) mais ces problèmes ça ne les fait pas disparaitre, au contraire c'est un tout.
élever mon enfant oui c'est un travail (que je partage à environ 50% avec son père), et même si j'y prend beaucoup de plaisir je considère ça comme un travail. C'est quelque chose qui de toutes façons DOIT être fait.
Le sexe non ce n'est pas du travail. Je ne dis pas ça pour parler de mon ressenti, je pense simplement que le sexe ne DEVRAIT Pas être considéré comme un travail que les femmes font pour les hommes. Et je sais qu'il l'est beaucoup plus souvent qu'on ne le pense. Mais c'est quelque chose qui devrait être beaucoup plus dénoncé et combattu à mon avis. C'est un problème. Le sexe ne devrait pas être un travail déjà parce que c'est quelque chose que des personnes font ensemble et pas que l'une cède ou fait à l'autre. Et aussi parce que contrairement à faire le ménage ou à élever un enfant (une fois que l'enfant est là j'entends) ça ne devrait pas être quelque chose d'obligatoire. Alors oui je le concède, il l'est souvent et donc c'est souvent un travail que les femmes font pour les hommes et gratuitement en plus. Mais au final je sais pas comment on s'en sort, en tant que femme, avec cette vision du sexe. Je sais pas à quel point c'est destructeur et je sais pas s'il y a des personnes pour qui ça ne l'est pas (surement en fait, y a de tout). Je sais pas à quel point notre sexualité nous est aliénée, qu'on soit ou non prostituée d'ailleurs. Et ça je pense que c'est quelque chose justement qui concerne toutes les femmes et pas seulement les prostituées. Les questions restent en suspens.
De plus, je ne pense pas que la prostitution des enfants relève d'une dynamique totalement différente que la prostitution des femmes. D'autant plus que les femmes sont souvent infantilisées, rendues dépendantes, rendues vulnérables, etc. Et je ne pense pas que l'acte prostitutionnel concerne plus que ça la sexualité de la personne prostituée, je pense que ça concerne celle du client et c'est tout, pour l'autre c'est du travail. Je ne crois pas que magiquement quand on atteint l'âge de 18 ans (ou 16 ou 21 selon les pays) ça n'a plus d'incidence sur le développement de sa propre sexualité d'utiliser son corps comme outil pour la sexualité des autres (moi à 18 ans comme à 20 ou 24 ma sexualité était encore en construction). Et certes, on n'a pas à dire aux personnes prostituées comment elles doivent vivre cet acte, et il est probable que chacune le vive différemment. Mais c'est justement ce qui me parait dangereux dans le fait de banaliser cet acte et de dire aux hommes "ok allez-y vous avez le droit de payer une personne pour du sexe" et même de les y encourager parce que cela assure un revenu à ces personnes. Alors oui la question des revenus, c'est une question centrale, qui n'est probablement pas prise au sérieux par le projet de loi (et j'ai pas lu le projet de loi mais je dis ça parce que vu ce que je pense des législateurs ça m'étonnerait qu'ils débloquent des fonds suffisants pour aider des prostituées migrantes à avoir une vie décente). Mais je pense pas qu'on puisse effacer tous ces problèmes compliqués en les balayant d'un simple "oui mais ça assure des revenus". Peut-être que c'est une réponse suffisante pour certaines personnes prostituées, et d'ailleurs c'est bien une réponse que se fait chaque personne qui décide d'aller vendre un service sexuel au moment de le faire sans y être forcée par des menaces physiques (quelles que soient ses raisons: besoin de bouffer, toxicomanie ou autre). Mais d'un point de vue global, je pense pas que ce soit une réponse satisfaisante. D'un point de vue politique, je veux dire. A ce compte là on pourrait aussi bien dire que se prostituer c'est la meilleure solution quand on est forcée par un mac parce que sinon on se fait casser la gueule, et se contenter de ce constat. Et la prostitution continuerait d'être une solution au lieu d'être un problème. Moi ça ne me convient pas.
La politique ne consiste pas à approuver ou désapprouver le choix de chaque personne confrontée à une situation de merde (qui est de toutes façons le meilleur choix possible puisqu'on n'a pas à juger). La politique c'est le cadre de la société, c'est ce qui définit ce qui devrait être, la civilisation. La société à mon avis elle devrait avoir d'autres réponses que "elles sont obligées de se prostituer sinon elles crèvent alors du coup consommer du sexe c'est cool, rien à dire" (raisonnement qu'on peut très bien appliquer à la prostitution des enfants qui souvent nourrissent leur famille). Après je dis pas que je suis forcément pour CE projet de loi ou même pour la pénalisation des clients (la pénalisation c'est pas mon truc). Je dis pas qu'il faut pas donner de droits aux personnes qui se prostituent sous prétexte qu'on est abolitionniste. Mais je pense qu'il faut voir plus loin que le besoin immédiat d'argent qui ferait disparaitre comme par magie les problèmes énormes que la prostitution engendre. Ok ce besoin il existe (et on doit le prendre en compte) mais ces problèmes ça ne les fait pas disparaitre, au contraire c'est un tout.
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
19.10.13 11:56
Tout pareil que l'Elfe, je pense aussi que c'est un problème de société, et qui implique un changement et un remodelage complet des rapports sociaux.
Et c'est bien pour ça que c'est si compliqué, il faudrait une réforme d'envergure, et pas juste une loi ...
Et c'est bien pour ça que c'est si compliqué, il faudrait une réforme d'envergure, et pas juste une loi ...
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
25.10.13 5:06
Pourquoi je suis pour la pénalisation des clients ?
(Même si j'entends bien l'argument de l'augmentation des risques pour les prostituées et n'y suis pas insensible, et même si je trouve qu'une amende et du sursit pour une violence sexuelle qui dans la majorité des cas se rapproche du viol - voire est du viol, dans le cas des esclaves sexuelles, c'est paradoxal et peut-être même dangereux pour la représentation qu'on continuerait à se faire du clientélisme : un truc pas si grave. Qu'on les condamne à quatre ou cinq ans de prison, et qu'ils nous foutent la paix !)
Ce soir, je me suis battue. Je ne m'étais jamais battue depuis mon enfance où je me battais avec mon frère. Mais en ce moment, je suis dans une période difficile, que ce soit financièrement ou psychiquement, et je me bats, en fait, continuellement : contre moi-même, et ces idées noires qui reviennent sans cesse : "retourne au tapin, c'est pas si dur et tu auras du fric pour te payer ta came et nourrir tes animaux, retourne au tapin, la manche ça marche pas bien, retourne au tapin, de toute façon t'es faite pour ça..."
J'avais pas de tabac, je suis donc sortie dans la rue pour taxer une clope ou deux. J'ai pas pensé à amener mes chiens, ni un seul des deux. Y avait plein de jeunes dans la rue, malgré l'heure tardive (une heure du matin), du coup j'ai vite eu quelques clopes et je me suis posée rue des Martyrs pour faire un brin de manche.
Un gars, un grand gringalet plus jeune que moi, passe, et comme à tout le monde, je lui demande s'il a un peu de monnaie. L'air con, sourire béat et son verre de pastis à la main, il me répond "un zizi". Et moi : "quoi ?! - Un zizi, je te donne une pièce et un zizi..." Je lui ai répondu de retourner chez sa mère se branler devant Walt Disney (amis de la poésie, bonjour !)
Dix minutes environ plus tard, il repasse. Evidemment, je ne lui adresse pas la parole. Il me ressert quand même le couplet du "un zizi". Et puis il s'approche de moi, et sans son sourire à la con, d'un coup très sérieux, il me dit "Non, sérieusement, je te donne vingt euros, on va dans l'allée et je te tire un coup". Bataille terrible à l'intérieur de moi, je me redresse d'un bond, lui fais face et déjà très en colère, lui réplique fermement "dégage", il insiste, je répète "dégage", il me fait remarquer que si je continue à lui parler sur ce ton, il va m'en coller une, je ne lâche pas l'affaire, "dégage !"
Il s'est retourné et il est parti, sauf qu'il a du dire un truc, je ne sais plus quoi, mais la rage m'est montée au nez. Je suis presque sûre d'avoir porté le premier coup, un coup de pied au cul. Il s'est retourné et m'a mis une baffe. Au début, il se battait avec l'idée que je n'étais qu'une fille de 50 kilos, bref qu'il n'avait qu'à me flanquer une correction. Sauf que même avec trois têtes de moins que lui, je suis au moins aussi forte (m'étonnerait avec les bras qu'il a qu'il fasse des pompes régulièrement, moi, si), et j'avais les nerfs de mon côté. Comme il avait toujours son verre de pastis à la main (faut être con pour se battre un verre à la main), et que j'avais en tête la furieuse envie de le tuer, rien de moins, j'ai pensé lui écraser son verre sur la figure. Heureusement pour lui, il a retenu mon geste, il a pris le pastis dans les yeux mais le verre est tombé au sol. Et là, il a commencé à porter de vrais coups. Et puis comme je tapais aussi très fort, il s'est mis à me tenir les bras et me frapper avec les pieds, et comme il avait des jambes bien plus longues que les miennes, il pouvait taper et moi pas... du coup j'ai visé sa main, j'y ai planté mes dents et j'ai serré aussi fort que je pouvais. Là, il a hurlé, m'a mis un vrai gros coup sur le crâne, et puis des gens sont arrivés pour nous séparer (je voulais pas, moi, je voulais le tuer...)
Les gens qui nous ont séparés y sont allés du couplet sexiste "on frappe pas une femme !" Vrai, nous les femmes, on est en porcelaine, un coup de poing nous tue, par contre on peut nous violer, du moment que c'est pas à dix dans une ruelle sombre avec un couteau sous la gorge, la loi dit non mais les flics s'en foutent, les procureurs s'en foutent, les juges s'en foutent. Je me souviendrai toute ma vie que ce flic qui pourtant n'était pas con, me parlait avec respect et compréhension, m'a demandé si je connaissais l'adresse de mon violeur. Et quand j'ai dit non, il a eu une moue dubitative et m'a fait remarquer que dans ce cas, y avait peu de chances pour qu'ils enquêtent. On parle d'un crime, quand même... imaginez si on traitait les cas de meurtres de la même façon : "alors cadavre, as-tu l'adresse du type qui t'as tué ? Non ?! Ah, dans ce cas, il y a peu de chances pour qu'on enquête..." Et le fait est : mon violeur n'a jamais fait de garde à vue, ni même été interrogé pour son crime.
Ils y sont allés d'un petit couplet raciste aussi, un truc du genre "ils font chier ces bicots", je leur ai rétorqué de ne pas rajouter du racisme à toute cette merde.
Et puis j'ai entendu l'autre con (celui avec qui je m'étais battue), au bout de la rue, dire que de toute façon j'étais moche comme un cul. Et comme je voulais que tout le monde sache pourquoi j'avais voulu le tuer, j'ai crié "je suis tellement moche que tu étais prêt à mettre vingt euros pour me baiser, connard !"
Après, en me calmant, j'ai senti le goût très fort du sang dans ma bouche, j'ai passé mes doigts sur mes lèvres et il y avait du sang. J'avais un peu mal aux dents aussi. J'ai pensé "merde, il m'a cognée dans les dents", et puis j'ai réalisé qu'en fait non, c'était son sang à lui et la douleur n'était due qu'à la force que j'ai mise pour le mordre. Tu m'étonnes qu'il ait hurlé...
Avant de le frapper, l'idée d'appeler les flics m'a effleurée l'esprit. Sauf que je sais très bien que si j'appelle les flics et leur dis "je faisais la manche et un mec m'a proposé de me baiser pour vingt euros", ils me riraient au nez, me diraient que je n'ai qu'à dire non, qu'il ne m'a pas agressée. Aucune loi ne me protège contre ça. Et si vous voulez mon avis, la pénalisation des clients, ils en parlent, ils en parlent, mais ils ne le feront jamais, parce que l'immense majorité des Français sont contre. Ils défendent bec et ongles le droit sacré pour un homme de se vider les couilles dans un sextoy vivant. Les putes, ils n'en ont rien à foutre, ils se fichent bien qu'on crève à même pas 40 ans, du Sida ou sous les coups d'un client, de toute façon on est interchangeables, il y aura toujours assez d'incestes et de pédophilie pour fournir des putes par wagons entiers (et curieusement, ce sont les mêmes qui hurlent au rétablissement de la peine de mort sans procès pour les violeurs d'enfants... hypocrisie : on fustige les causes en oubliant au passage de penser et on se vide les burnes dans les conséquences). Ils se fichent bien des cauchemars que je fais encore des années après, ce n'est pas eux qui dorment à mes côtés et m'entendent hurler dans mon sommeil. Ils se foutent bien de notre douleur, passée ou présente. Notre dignité n'existe pas, ni notre droit à la vie. Rien ne vaut le droit sacré des hommes à baiser des choses qui ressemblent à s'y méprendre à des femmes.
On essaye de nous faire croire que la réouverture des maisons closes nous protégerait. Mais ce sont les clients qu'on cherche à protéger. Dans tous les pays où les bordels sont légaux, on impose aux femmes des tests VIH et hépatites. Dans le même temps, tous ces bordels sans exception proposent sur leur carte la fellation non protégée. Les femmes sont poussée à prendre les risques, et les clients sont protégés par les test sanguins. Ce ne sont pas les putes qu'on protège, une prise de sang n'a encore jamais guéri du Sida. Quand elles sont séropositives, on les vire, tout simplement (interchangeables : quand le sextoy est cassé, pas grave, y en a des tout frais tout neufs qui arrivent pour remplacer).
Rien ni personne, pas même la loi (ou peut-être que si, mais comme pour le viol, la loi dit non, mais le monde s'en fout), ne me protège de cette violence. Ce qu'ils me font quand ils viennent me chercher comme ça, c'est comme de poser sur la table, devant un grand suicidaire, un revolver chargé.
(Même si j'entends bien l'argument de l'augmentation des risques pour les prostituées et n'y suis pas insensible, et même si je trouve qu'une amende et du sursit pour une violence sexuelle qui dans la majorité des cas se rapproche du viol - voire est du viol, dans le cas des esclaves sexuelles, c'est paradoxal et peut-être même dangereux pour la représentation qu'on continuerait à se faire du clientélisme : un truc pas si grave. Qu'on les condamne à quatre ou cinq ans de prison, et qu'ils nous foutent la paix !)
Ce soir, je me suis battue. Je ne m'étais jamais battue depuis mon enfance où je me battais avec mon frère. Mais en ce moment, je suis dans une période difficile, que ce soit financièrement ou psychiquement, et je me bats, en fait, continuellement : contre moi-même, et ces idées noires qui reviennent sans cesse : "retourne au tapin, c'est pas si dur et tu auras du fric pour te payer ta came et nourrir tes animaux, retourne au tapin, la manche ça marche pas bien, retourne au tapin, de toute façon t'es faite pour ça..."
J'avais pas de tabac, je suis donc sortie dans la rue pour taxer une clope ou deux. J'ai pas pensé à amener mes chiens, ni un seul des deux. Y avait plein de jeunes dans la rue, malgré l'heure tardive (une heure du matin), du coup j'ai vite eu quelques clopes et je me suis posée rue des Martyrs pour faire un brin de manche.
Un gars, un grand gringalet plus jeune que moi, passe, et comme à tout le monde, je lui demande s'il a un peu de monnaie. L'air con, sourire béat et son verre de pastis à la main, il me répond "un zizi". Et moi : "quoi ?! - Un zizi, je te donne une pièce et un zizi..." Je lui ai répondu de retourner chez sa mère se branler devant Walt Disney (amis de la poésie, bonjour !)
Dix minutes environ plus tard, il repasse. Evidemment, je ne lui adresse pas la parole. Il me ressert quand même le couplet du "un zizi". Et puis il s'approche de moi, et sans son sourire à la con, d'un coup très sérieux, il me dit "Non, sérieusement, je te donne vingt euros, on va dans l'allée et je te tire un coup". Bataille terrible à l'intérieur de moi, je me redresse d'un bond, lui fais face et déjà très en colère, lui réplique fermement "dégage", il insiste, je répète "dégage", il me fait remarquer que si je continue à lui parler sur ce ton, il va m'en coller une, je ne lâche pas l'affaire, "dégage !"
Il s'est retourné et il est parti, sauf qu'il a du dire un truc, je ne sais plus quoi, mais la rage m'est montée au nez. Je suis presque sûre d'avoir porté le premier coup, un coup de pied au cul. Il s'est retourné et m'a mis une baffe. Au début, il se battait avec l'idée que je n'étais qu'une fille de 50 kilos, bref qu'il n'avait qu'à me flanquer une correction. Sauf que même avec trois têtes de moins que lui, je suis au moins aussi forte (m'étonnerait avec les bras qu'il a qu'il fasse des pompes régulièrement, moi, si), et j'avais les nerfs de mon côté. Comme il avait toujours son verre de pastis à la main (faut être con pour se battre un verre à la main), et que j'avais en tête la furieuse envie de le tuer, rien de moins, j'ai pensé lui écraser son verre sur la figure. Heureusement pour lui, il a retenu mon geste, il a pris le pastis dans les yeux mais le verre est tombé au sol. Et là, il a commencé à porter de vrais coups. Et puis comme je tapais aussi très fort, il s'est mis à me tenir les bras et me frapper avec les pieds, et comme il avait des jambes bien plus longues que les miennes, il pouvait taper et moi pas... du coup j'ai visé sa main, j'y ai planté mes dents et j'ai serré aussi fort que je pouvais. Là, il a hurlé, m'a mis un vrai gros coup sur le crâne, et puis des gens sont arrivés pour nous séparer (je voulais pas, moi, je voulais le tuer...)
Les gens qui nous ont séparés y sont allés du couplet sexiste "on frappe pas une femme !" Vrai, nous les femmes, on est en porcelaine, un coup de poing nous tue, par contre on peut nous violer, du moment que c'est pas à dix dans une ruelle sombre avec un couteau sous la gorge, la loi dit non mais les flics s'en foutent, les procureurs s'en foutent, les juges s'en foutent. Je me souviendrai toute ma vie que ce flic qui pourtant n'était pas con, me parlait avec respect et compréhension, m'a demandé si je connaissais l'adresse de mon violeur. Et quand j'ai dit non, il a eu une moue dubitative et m'a fait remarquer que dans ce cas, y avait peu de chances pour qu'ils enquêtent. On parle d'un crime, quand même... imaginez si on traitait les cas de meurtres de la même façon : "alors cadavre, as-tu l'adresse du type qui t'as tué ? Non ?! Ah, dans ce cas, il y a peu de chances pour qu'on enquête..." Et le fait est : mon violeur n'a jamais fait de garde à vue, ni même été interrogé pour son crime.
Ils y sont allés d'un petit couplet raciste aussi, un truc du genre "ils font chier ces bicots", je leur ai rétorqué de ne pas rajouter du racisme à toute cette merde.
Et puis j'ai entendu l'autre con (celui avec qui je m'étais battue), au bout de la rue, dire que de toute façon j'étais moche comme un cul. Et comme je voulais que tout le monde sache pourquoi j'avais voulu le tuer, j'ai crié "je suis tellement moche que tu étais prêt à mettre vingt euros pour me baiser, connard !"
Après, en me calmant, j'ai senti le goût très fort du sang dans ma bouche, j'ai passé mes doigts sur mes lèvres et il y avait du sang. J'avais un peu mal aux dents aussi. J'ai pensé "merde, il m'a cognée dans les dents", et puis j'ai réalisé qu'en fait non, c'était son sang à lui et la douleur n'était due qu'à la force que j'ai mise pour le mordre. Tu m'étonnes qu'il ait hurlé...
Avant de le frapper, l'idée d'appeler les flics m'a effleurée l'esprit. Sauf que je sais très bien que si j'appelle les flics et leur dis "je faisais la manche et un mec m'a proposé de me baiser pour vingt euros", ils me riraient au nez, me diraient que je n'ai qu'à dire non, qu'il ne m'a pas agressée. Aucune loi ne me protège contre ça. Et si vous voulez mon avis, la pénalisation des clients, ils en parlent, ils en parlent, mais ils ne le feront jamais, parce que l'immense majorité des Français sont contre. Ils défendent bec et ongles le droit sacré pour un homme de se vider les couilles dans un sextoy vivant. Les putes, ils n'en ont rien à foutre, ils se fichent bien qu'on crève à même pas 40 ans, du Sida ou sous les coups d'un client, de toute façon on est interchangeables, il y aura toujours assez d'incestes et de pédophilie pour fournir des putes par wagons entiers (et curieusement, ce sont les mêmes qui hurlent au rétablissement de la peine de mort sans procès pour les violeurs d'enfants... hypocrisie : on fustige les causes en oubliant au passage de penser et on se vide les burnes dans les conséquences). Ils se fichent bien des cauchemars que je fais encore des années après, ce n'est pas eux qui dorment à mes côtés et m'entendent hurler dans mon sommeil. Ils se foutent bien de notre douleur, passée ou présente. Notre dignité n'existe pas, ni notre droit à la vie. Rien ne vaut le droit sacré des hommes à baiser des choses qui ressemblent à s'y méprendre à des femmes.
On essaye de nous faire croire que la réouverture des maisons closes nous protégerait. Mais ce sont les clients qu'on cherche à protéger. Dans tous les pays où les bordels sont légaux, on impose aux femmes des tests VIH et hépatites. Dans le même temps, tous ces bordels sans exception proposent sur leur carte la fellation non protégée. Les femmes sont poussée à prendre les risques, et les clients sont protégés par les test sanguins. Ce ne sont pas les putes qu'on protège, une prise de sang n'a encore jamais guéri du Sida. Quand elles sont séropositives, on les vire, tout simplement (interchangeables : quand le sextoy est cassé, pas grave, y en a des tout frais tout neufs qui arrivent pour remplacer).
Rien ni personne, pas même la loi (ou peut-être que si, mais comme pour le viol, la loi dit non, mais le monde s'en fout), ne me protège de cette violence. Ce qu'ils me font quand ils viennent me chercher comme ça, c'est comme de poser sur la table, devant un grand suicidaire, un revolver chargé.
- Césarion—
- Messages : 461
Date d'inscription : 17/09/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
25.10.13 11:21
Je suis très nul pour m'exprimer dans ces situations...je me contenterai d'un smiley :
- ErnestineBleu⋅e
- Messages : 96
Date d'inscription : 22/07/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
25.10.13 14:33
Araignée, j'hésitais, et tu m'as convaincue.
Bon courage, je sais que les violences que l'on a vécu ne partent pas comme ça. C'est pour ça qu'on doit se battre pour celles qui sont en plein dedans.
Bon courage, je sais que les violences que l'on a vécu ne partent pas comme ça. C'est pour ça qu'on doit se battre pour celles qui sont en plein dedans.
- Tiffanny—
- Messages : 297
Date d'inscription : 14/08/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
25.10.13 15:11
Araignée ton récit me rappelle tant de mauvais souvenirs... J'ai la chance d'en être sortie. De la drogue aussi. Autour de moi personne ne savait ce que je faisais, personne ne sentait ma détresse. Étrangement j'étais restée bonne élève!
Pas un de ces clients ne m'a jamais demandé pourquoi je me prostituais, si jeune. Surtout que je faisais plus jeune que mon âge! Aucun client, pas un seul. S'ils m'avaient posé la question pourquoi tu fais ça je n'aurais pas dit la vérité bien entendu, j'aurais dit que ça me plaisait ou quelque chose du style. Ce qu'ils avaient envie d'entendre quoi. Mais ils ne me demandaient rien.
Je le reconnais j'ai des envies de vengeance. Pénaliser les clients c'est dire à ces pourris qui ne pensent qu'à leur plaisir à eux que ce qu'ils font c'est MAL. Un peu comme les filles violées sont soulagées quand un tribunal leur reconnaît le statut de victime et au violeur celui de coupable.
C'est ça, je voudrais attirer l'attention sur le fait que les prostituées contentes de leur sort sont une minorité, que la plupart sont des victimes.
Pas un de ces clients ne m'a jamais demandé pourquoi je me prostituais, si jeune. Surtout que je faisais plus jeune que mon âge! Aucun client, pas un seul. S'ils m'avaient posé la question pourquoi tu fais ça je n'aurais pas dit la vérité bien entendu, j'aurais dit que ça me plaisait ou quelque chose du style. Ce qu'ils avaient envie d'entendre quoi. Mais ils ne me demandaient rien.
Je le reconnais j'ai des envies de vengeance. Pénaliser les clients c'est dire à ces pourris qui ne pensent qu'à leur plaisir à eux que ce qu'ils font c'est MAL. Un peu comme les filles violées sont soulagées quand un tribunal leur reconnaît le statut de victime et au violeur celui de coupable.
C'est ça, je voudrais attirer l'attention sur le fait que les prostituées contentes de leur sort sont une minorité, que la plupart sont des victimes.
- JezebelAncien⋅ne
- Messages : 2182
Date d'inscription : 18/07/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
25.10.13 16:20
Tiffany et Araignée, comme d'habitude, je suis toujours très touchée à vous lire et je suis vraiment contente que ce forum puisse vous offrir un espace de parole suffisemment sûr.
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
25.10.13 17:14
Pareil.Césarion a écrit:Je suis très nul pour m'exprimer dans ces situations...je me contenterai d'un smiley :
- OmniiaAncien⋅ne
- Messages : 2909
Date d'inscription : 20/10/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
25.10.13 17:40
Plein plein de courage, de soutien, de câlins.
- Ju-juAncien⋅ne
- Messages : 238
Date d'inscription : 03/09/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
25.10.13 18:45
Mon dieu Araignée....tes témoignages sont toujours touchants, ils tranchent dans le vif du sujet.
- SaloméeBleu⋅e
- Messages : 13
Date d'inscription : 07/01/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 1:20
Araignée, je voudrais juste te demander : Pourquoi parler de pénalisation des clients alors que là, il est question de harcèlement sexuel?
Pourquoi vouloir créditer une loi qui sera véritablement dangereuse (surtout qu'elle sera couplée au délit de racolage public qui ne sera certainement pas abrogé. Le passif oui, le public non) en particulier pour les prostituées étrangères/sans papiers, qui en plus n'aura que très peu l'effet escompté (en Suède on a bien vu le très faible voir inexistant nombre d'amendes), qui au final, n'inverse absolument pas la faute, surtout si le délit de racolage persiste (et en plus maintenant on va reprocher aux putes d'avoir peut être provoqué l'achat...) etc?
On vit dans une société classiste, raciste et sexiste, cette loi dans une société classiste, raciste et sexiste jouera toujours en défaveur des mêmes. D'ailleurs de nombreux biais de pénalisation des clients existent déjà, tu dois le savoir, tels que l'exhib, la présence hors des sentiers battus etc. Est ce que pou autant la demande se tarit?
Créditer cette loi, c'est créditer qu'on mette des moyens dans les condés plutôt que dans le soutien économique des prostituées, or et ton récit le soutien, c'est le nerf de la guerre. C'est pas avec les trois amendes qu'on va coller à des clients que ce sera possible.
En revanche, une véritable loi contre le harcèlement sexuel//de rue, dans ton cas, ça aurait pu être bénéfique. M'enfin de toute façon, ça ou la pénal clients, dans tous les cas, il aurait fallu que tu tombes sur des flics non sexistes qui ne t'aurait pas demandé si t'avais pas provoqué, et ça et ben... c'était pas gagné...
Pourquoi vouloir créditer une loi qui sera véritablement dangereuse (surtout qu'elle sera couplée au délit de racolage public qui ne sera certainement pas abrogé. Le passif oui, le public non) en particulier pour les prostituées étrangères/sans papiers, qui en plus n'aura que très peu l'effet escompté (en Suède on a bien vu le très faible voir inexistant nombre d'amendes), qui au final, n'inverse absolument pas la faute, surtout si le délit de racolage persiste (et en plus maintenant on va reprocher aux putes d'avoir peut être provoqué l'achat...) etc?
On vit dans une société classiste, raciste et sexiste, cette loi dans une société classiste, raciste et sexiste jouera toujours en défaveur des mêmes. D'ailleurs de nombreux biais de pénalisation des clients existent déjà, tu dois le savoir, tels que l'exhib, la présence hors des sentiers battus etc. Est ce que pou autant la demande se tarit?
Créditer cette loi, c'est créditer qu'on mette des moyens dans les condés plutôt que dans le soutien économique des prostituées, or et ton récit le soutien, c'est le nerf de la guerre. C'est pas avec les trois amendes qu'on va coller à des clients que ce sera possible.
En revanche, une véritable loi contre le harcèlement sexuel//de rue, dans ton cas, ça aurait pu être bénéfique. M'enfin de toute façon, ça ou la pénal clients, dans tous les cas, il aurait fallu que tu tombes sur des flics non sexistes qui ne t'aurait pas demandé si t'avais pas provoqué, et ça et ben... c'était pas gagné...
- Tiffanny—
- Messages : 297
Date d'inscription : 14/08/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 2:41
Merci en tous les cas pour votre soutien ça me fait tellement chaud au .
Finalement je suis soulagée d'avoir fait mon coming out. De toutes manières c'est anonyme... et je me suis dit pourquoi je devrais avoir honte?
Les avis divergent au sujet du modèle suédois. NulLE ne peut affirmer que la prostitution s'est aggravée ou raréfiée. Bien entendu les abolitionnistes diront que c'est mieux depuis et les anti que c'est pire.
La loi contre les clients est peu appliquée? Alors il faut lutter pour qu'elle soit appliquée.
Pour le viol aussi les sanctions c'est à double tranchant. Par peur de la prison des violeurs se sont mis à tuer leurs victimes. Mais combien d'autres ça a découragé? Le viol est réellement puni, pourtant il y a toujours des viols. Faut-il se résigner et abandonner la lutte contre les violeurs?
On dit qu'en Suède suite à la pénalisation des clients il y a plus de prostitution sur Internet: mais c'est la même chose partout. Bah oui moi aussi j'en ai fait de la prostitution sur Internet, parce que c'est plus simple, plus sûr et plus pratique.
La pénalisation des clients seule ça ne suffit pas je pense. Il faudrait aussi faire une campagne de sensibilisation sur le thème des clients. Parler dans les médias des souffrances des prostituées, culpabiliser les hommes qui achètent des femmes, répéter qu'une femme contrainte par un proxénète ne le dira jamais aux clients et que non ça ne se voit pas quand elle est sous contrainte d'un proxénète et qu'en prenant son plaisir égoïste avec elle il prend le risque de la traumatiser à vie.
Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi les anti-abolitionnistes refusent de dire publiquement du mal des clients. Pas une critique sur ces salauds. Pourtant surtout si c'est anonyme quel est le risque à dire que ce sont des salauds?
Je vois au moins un avantage à la pénalisation des clients, ce serait pour les prostituées contraintes une reconnaissance officielle de leur statut de victimes. Et un message fort en direction des clients: acheter du sexe avec une femme qui n'en a pas envie c'est pas un acte banal, ça peut détruire une personne et vous ne devez pas prendre ce risque.
Finalement je suis soulagée d'avoir fait mon coming out. De toutes manières c'est anonyme... et je me suis dit pourquoi je devrais avoir honte?
Les avis divergent au sujet du modèle suédois. NulLE ne peut affirmer que la prostitution s'est aggravée ou raréfiée. Bien entendu les abolitionnistes diront que c'est mieux depuis et les anti que c'est pire.
La loi contre les clients est peu appliquée? Alors il faut lutter pour qu'elle soit appliquée.
Pour le viol aussi les sanctions c'est à double tranchant. Par peur de la prison des violeurs se sont mis à tuer leurs victimes. Mais combien d'autres ça a découragé? Le viol est réellement puni, pourtant il y a toujours des viols. Faut-il se résigner et abandonner la lutte contre les violeurs?
On dit qu'en Suède suite à la pénalisation des clients il y a plus de prostitution sur Internet: mais c'est la même chose partout. Bah oui moi aussi j'en ai fait de la prostitution sur Internet, parce que c'est plus simple, plus sûr et plus pratique.
La pénalisation des clients seule ça ne suffit pas je pense. Il faudrait aussi faire une campagne de sensibilisation sur le thème des clients. Parler dans les médias des souffrances des prostituées, culpabiliser les hommes qui achètent des femmes, répéter qu'une femme contrainte par un proxénète ne le dira jamais aux clients et que non ça ne se voit pas quand elle est sous contrainte d'un proxénète et qu'en prenant son plaisir égoïste avec elle il prend le risque de la traumatiser à vie.
Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi les anti-abolitionnistes refusent de dire publiquement du mal des clients. Pas une critique sur ces salauds. Pourtant surtout si c'est anonyme quel est le risque à dire que ce sont des salauds?
Je vois au moins un avantage à la pénalisation des clients, ce serait pour les prostituées contraintes une reconnaissance officielle de leur statut de victimes. Et un message fort en direction des clients: acheter du sexe avec une femme qui n'en a pas envie c'est pas un acte banal, ça peut détruire une personne et vous ne devez pas prendre ce risque.
- SaloméeBleu⋅e
- Messages : 13
Date d'inscription : 07/01/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 2:58
Mais combien d'autres ça a découragé? Le viol est réellement puni, pourtant il y a toujours des viols. Faut-il se résigner et abandonner la lutte contre les violeurs?
La différence ici, c'est que la loi qui criminalise le viol ne nuit pas aux concernées... Il ne faut pas se résigner et abandonner la lutte contre LES CAUSES de la prostitution, mais cela doit se faire par un autre biais que celui de taper sur la gueule des putes, qui ne font que s'adapter à l'oppression...
Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi les anti-abolitionnistes refusent de dire publiquement du mal des clients.
Ce que je ne comprends, c'est que tu puisses dire ça... Sur quelles bases, quelles sources? Je n'ai jamais entendu les non abos dire que les clients étaient des anges ou n'en dire aucun mal.
La différence c'est que des non abos expriment que aussi, parfois, il y a des clients différents du modèle de clients mysogines (parce que les clients salauds dont on parle sont avant tout et surtout des HOMMES mysogines, ce sont des cons avec les putes, et toujours aussi cons avec les autres femmes...) que servent les abos.
Parce que voila, c'est aussi une réalité, et que ça n'a pas d'intérêt de la cacher.
ça ne veut pas dire qu'on glorifie leurs actes pour autant.
"La loi contre les clients n'est pas appliquée? Alors il faut lutter pour qu'elle le soit"
ça veut dire encore et toujours des moyens sur les causes et non sur les effets. Tu ne penserais pas qu'il serait préférable de donner un soutien financier aux putes plutôt que d'en monopoliser pour pénaliser les clients?
La différence ici, c'est que la loi qui criminalise le viol ne nuit pas aux concernées... Il ne faut pas se résigner et abandonner la lutte contre LES CAUSES de la prostitution, mais cela doit se faire par un autre biais que celui de taper sur la gueule des putes, qui ne font que s'adapter à l'oppression...
Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi les anti-abolitionnistes refusent de dire publiquement du mal des clients.
Ce que je ne comprends, c'est que tu puisses dire ça... Sur quelles bases, quelles sources? Je n'ai jamais entendu les non abos dire que les clients étaient des anges ou n'en dire aucun mal.
La différence c'est que des non abos expriment que aussi, parfois, il y a des clients différents du modèle de clients mysogines (parce que les clients salauds dont on parle sont avant tout et surtout des HOMMES mysogines, ce sont des cons avec les putes, et toujours aussi cons avec les autres femmes...) que servent les abos.
Parce que voila, c'est aussi une réalité, et que ça n'a pas d'intérêt de la cacher.
ça ne veut pas dire qu'on glorifie leurs actes pour autant.
"La loi contre les clients n'est pas appliquée? Alors il faut lutter pour qu'elle le soit"
ça veut dire encore et toujours des moyens sur les causes et non sur les effets. Tu ne penserais pas qu'il serait préférable de donner un soutien financier aux putes plutôt que d'en monopoliser pour pénaliser les clients?
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 11:10
je suis soulagée d'apprendre que les anti-abolitionnistes disent publiquement du mal des clients! Malheureusement je n'ai rien lu de tel sur le forum féministe de leur part, ni sur le dossier de presse fourni par le STRASS au moment de la manifestation contre les violences, ni sur aucun des articles que j'ai lu sur le site du STRASS.
Serait-il possible d'avoir quelques citations plus précises, de critiques des clients?
La citation complète de Tiffanny c'est ça:
On constate ce même processus dans beaucoup de domaines: légaliser l'héroïne permettrait de limiter les OD, le frelatage, etc. Mais la mettre en vente libre un peu partout et donner la parole à des "drogué(e)s fières et heureuses de l'être" aurait des effets bien plus nocifs à mon avis. Le fait est qu'il y a nettement plus d'alcooliques et fumeurs que de drogué(e)s.
Les abolitionnistes veulent se battre POUR les prostituées (le NID le fait au quotidien) et CONTRE les clients. Les amendes (réellement) infligées aux clients pourraient d'ailleurs servir à indemniser les prostituées. De plus la répression ne coûte pas d'argent, le temps que les flics passeraient à traquer les clients ils ne le passeraient pas à traquer des sans papiers ou... des prostituées.
(Je précise qu'à titre personnel je ne suis pas pour une loi répressive. Cela dit je ne me battrai pas non plus contre la pénalisation des clients, pas plus que contre la pénalisation des violeurs! Mais s'il faut critiquer la position légaliste au moins que ce soit sur des bases sérieuses.)
Sur le blog de Femmessolidaires:
http://femmesolidairesomme.over-blog.com/article-en-allemagne-la-legalisation-de-la-prostitution-est-un-echec-118391531.html
Serait-il possible d'avoir quelques citations plus précises, de critiques des clients?
La citation complète de Tiffanny c'est ça:
Les lois répressives contre les violeurs nuisent bien aux femmes violées, puisque je confirme qu'une partie des violeurs se sont mis à tuer leurs victimes quand la répression du viol est devenue effective. Dans le même temps beaucoup de violeurs potentiels se sont abstenus de violer par crainte de la répression et le viol s'est "débanalisé": sans doute pas, en tout cas pas seulement, en raison de cette crainte, mais aussi grâce à un changement de cap dans les médias au sujet du viol.Pour le viol aussi les sanctions c'est à double tranchant. Par peur de la prison des violeurs se sont mis à tuer leurs victimes. Mais combien d'autres ça a découragé? Le viol est réellement puni, pourtant il y a toujours des viols. Faut-il se résigner et abandonner la lutte contre les violeurs?
On constate ce même processus dans beaucoup de domaines: légaliser l'héroïne permettrait de limiter les OD, le frelatage, etc. Mais la mettre en vente libre un peu partout et donner la parole à des "drogué(e)s fières et heureuses de l'être" aurait des effets bien plus nocifs à mon avis. Le fait est qu'il y a nettement plus d'alcooliques et fumeurs que de drogué(e)s.
Les abolitionnistes veulent se battre POUR les prostituées (le NID le fait au quotidien) et CONTRE les clients. Les amendes (réellement) infligées aux clients pourraient d'ailleurs servir à indemniser les prostituées. De plus la répression ne coûte pas d'argent, le temps que les flics passeraient à traquer les clients ils ne le passeraient pas à traquer des sans papiers ou... des prostituées.
(Je précise qu'à titre personnel je ne suis pas pour une loi répressive. Cela dit je ne me battrai pas non plus contre la pénalisation des clients, pas plus que contre la pénalisation des violeurs! Mais s'il faut critiquer la position légaliste au moins que ce soit sur des bases sérieuses.)
Sur le blog de Femmessolidaires:
10 juin 2013
"En Allemagne, la légalisation de la prostitution est un échec"
rue89.com/rue69/2013/06/03/
"En Allemagne, la légalisation de la prostitution est un échec :
La légalisation de la prostitution est un échec. C’est la conclusion que tire Der Spiegel dans son dernier numéro qui fait le bilan du changement de la législation, en 2001, quand la prostitution a été considérée « comme un travail comme les autres ».
Selon un rapport du ministère de la famille allemand, la loi n’a donné lieu à aucune amélioration notable de la protection sociale des prostitué(e)s. Et ni les conditions de travail ni les possibilités de quitter le métier ne se sont améliorées. La législation n’a pas réduit la criminalité et seulement 1 % des femmes interrogées ont signé un contrat de travail de prostituées.
Le magazine constate :
« Aujourd’hui, beaucoup de policiers, d’associations de femmes et de politiciens qui connaissent le milieu de la prostitution sont convaincus que la loi bienveillante n’est guère qu’un programme de subvention aux proxénètes et qu’elle rend le marché plus attractif pour la traite. »
Der Spiegel rapporte que l’introduction des prix forfaitaires dans les maisons closes est un coup marketing qui a empiré les conditions de travail des prostituées en Allemagne. (Par exemple : « Du sexe avec toutes les femmes pendant autant de temps que vous voulez, autant de fois que vous voulez, de la manière que vous le voulez. Sexe. Sexe anal. Sexe oral sans préservatif. Triolisme. Partouze. Gang bangs. Le tout pour 70 euros la journée. »)
En outre, depuis que la Roumanie et la Bulgarie ont rejoint l’Union Européenne, l’afflux de femmes provenant de ces pays a cru de façon dramatique et « les prix ont chuté ». Le chef de la police de Munich note pour sa part « une augmentation explosive de la traite ».
La rédaction de Der Spiegel se demande pourquoi les nombreux cas sordides de jeunes femmes victimes de traite ne font pas réagir les autorités et avance la thèse suivante :
« Dans le débat autour de la prostitution une position politiquement correcte pèse plus lourd que les réalités déplorables. "
http://femmesolidairesomme.over-blog.com/article-en-allemagne-la-legalisation-de-la-prostitution-est-un-echec-118391531.html
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 11:35
Je suis étonnée Salomée que tu nous sortes le truc du "client pas misogyne qui lui est gentil contrairement aux autres" (celui que tous les clients disent être)… Je comprend pas très bien ce que tu veux dire par là… Ça fait un peu le truc que les clients veulent entendre en fait… Oui y en a surtout de moins pires que d'autres mais bon je vais pas répéter tout ce qui a été dit sur le fait d'acheter un service sexuel en tout aveuglement de ce que l'on achète…
Sinon oui je suis d'accord à 1000% il faudrait se pencher sur la précarité des femmes et en particulier des putes et en particulier des sans-papier… C'est ce qui me pose problème avec ce projet de loi (mais pas avec l'idée de la pénalisation des clients en elle-même, bien que je sois pas forcément à 200% pour non plus étant donné que ça fait partie d'un projet de société qui passerait par le système pénal, ce qui est très limité et pose d'autres problèmes, mais c'est une autre histoire…)…
Sinon oui je suis d'accord à 1000% il faudrait se pencher sur la précarité des femmes et en particulier des putes et en particulier des sans-papier… C'est ce qui me pose problème avec ce projet de loi (mais pas avec l'idée de la pénalisation des clients en elle-même, bien que je sois pas forcément à 200% pour non plus étant donné que ça fait partie d'un projet de société qui passerait par le système pénal, ce qui est très limité et pose d'autres problèmes, mais c'est une autre histoire…)…
- Césarion—
- Messages : 461
Date d'inscription : 17/09/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 12:15
En fait, si on part de ce principe, on ne pourra jamais rien faire. Mais genre rien.Salomée a écrit:On vit dans une société classiste, raciste et sexiste, cette loi dans une société classiste, raciste et sexiste jouera toujours en défaveur des mêmes.
En fait, à une époque, le STRASS avait des témoignages de clients sur leur site. Mais j'imagine que pour la caution féministe, ils ont retiré ça (oui j'ai remarqué un étrange revirement stratégique à ce propos, ain't that funny?). Sinon j'ai appris aujourd'hui que les femmes qui couchent avec des mecs "gratuitement" se font avoir, en gros se faire payer pour du sexe c'est mieux parce que le sexe et l'amour c'est nul (et des pro-sexe relaient ce genre de textes...sweet irony...)sandrine a écrit:je suis soulagée d'apprendre que les anti-abolitionnistes disent publiquement du mal des clients! Malheureusement je n'ai rien lu de tel sur le forum féministe de leur part, ni sur le dossier de presse fourni par le STRASS au moment de la manifestation contre les violences, ni sur aucun des articles que j'ai lu sur le site du STRASS.
- DurgaBleu⋅e
- Messages : 60
Date d'inscription : 04/08/2011
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 16:14
Ca, par exemple : http://languesdeputes.wordpress.com/2013/08/24/reflexions-dune-pute-anti-clients-heterophobe-et-misandre/sandrine a écrit:je suis soulagée d'apprendre que les anti-abolitionnistes disent publiquement du mal des clients! Malheureusement je n'ai rien lu de tel sur le forum féministe de leur part, ni sur le dossier de presse fourni par le STRASS au moment de la manifestation contre les violences, ni sur aucun des articles que j'ai lu sur le site du STRASS.
Serait-il possible d'avoir quelques citations plus précises, de critiques des clients?
(par contre, il faut arrêter avec les termes "anti-abolitionnistes" et "pro-prostitution", il n'a jamais été question de pendre les abos haut et court, ni de dire que la prostitution c'est forcément génial/youpi )
(tu vas finir par croire que je t'en veux personnellement, Sandrine, mais même pas)
Ou alors ils ont évolués, car ils sont capables de remise en question, et qu'ils ont décidé d'avoir une ligne de + en + féministe, au risque de faire des mécontents (comme il y en a toujours).Césarion a écrit:En fait, à une époque, le STRASS avait des témoignages de clients sur leur site. Mais j'imagine que pour la caution féministe, ils ont retiré ça (oui j'ai remarqué un étrange revirement stratégique à ce propos, ain't that funny?).
- onceAncien⋅ne
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Date d'inscription : 11/07/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 16:21
Dans cette phrase 'ils' = 'les clients' ?Ou alors ils ont évolués, car ils sont capables de remise en question, et qu'ils ont décidé d'avoir une ligne de + en + féministe, au risque de faire des mécontents (comme il y en a toujours).
- DurgaBleu⋅e
- Messages : 60
Date d'inscription : 04/08/2011
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 16:24
Euh, non, les gens du STRASS (j'aurais peut-ètre dû dire ils/elles, ou iels, mais je n'avais pas pensé qu'on interpréterait ça comme ça)
- JezebelAncien⋅ne
- Messages : 2182
Date d'inscription : 18/07/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 16:25
Non, le Strass, je pense (ça n'aurait pas trop de sens que ça soit les clients).
- onceAncien⋅ne
- Messages : 1036
Date d'inscription : 11/07/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
27.10.13 16:39
Ah, d'accord, désolé, j'ai compris de travers. C'est surtout à cause du masculin, depuis que je m'intéresse au féminisme, je suis plus trop habitué au masculin neutre -- dès que je lis un livre ça me saute aux yeux, c'est très irritant cette langue sexiste.
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