Langue: normes et variations
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21 participants
- InvitéInvité
Langue: normes et variations
10.01.13 20:48
Je cherche des exemple concrets de discriminations classistes.
Par exemple, la page comique suivante discrimine ceux qui parlent en argot de banlieue :
http://www.echolalie.org/wiki/index.php?ListePourParlerJeune
Or, ceux qui parlent ainsi sont plus présents dans les basses classes sociales.
Avez-vous d'autres exemples concrets ?
J'aimerais surtout des exemples de discriminations classistes parmi de ce que des gens pourraient écrire plus tard sur ce forum.
Par exemple, la page comique suivante discrimine ceux qui parlent en argot de banlieue :
http://www.echolalie.org/wiki/index.php?ListePourParlerJeune
Or, ceux qui parlent ainsi sont plus présents dans les basses classes sociales.
Avez-vous d'autres exemples concrets ?
J'aimerais surtout des exemples de discriminations classistes parmi de ce que des gens pourraient écrire plus tard sur ce forum.
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 21:23
Exemple de discrimination classiste qui a fait date: Gilbert Bécaud qui s'écrie très spontanément, lors d'une élection présidentielle où on a interrompu sa chanson pour donner le résultat: "On ne me traite pas comme ça, je ne suis pas un balayeur". (protestations publiques des balayeurs du plateau TV suivies d'excuses du chanteur).
J'avais aussi lu cette phrase dans un magazine féminin: "pourquoi quand je mets la robe de la page 8 au lieu de ressembler au mannequin j'ai l'ai d'une femme de ménage en colère de chez ACCOR?" http://www.autrefutur.net/24eme-jour-de-greve-aux-hotels
Je pense aussi que le fait de dire que les pauvres sont responsables de leur situation, vu que certain(e)s arrivent à s'en sortir, est comparable aux affirmations similaires concernant les femmes.
J'avais aussi lu cette phrase dans un magazine féminin: "pourquoi quand je mets la robe de la page 8 au lieu de ressembler au mannequin j'ai l'ai d'une femme de ménage en colère de chez ACCOR?" http://www.autrefutur.net/24eme-jour-de-greve-aux-hotels
Je pense aussi que le fait de dire que les pauvres sont responsables de leur situation, vu que certain(e)s arrivent à s'en sortir, est comparable aux affirmations similaires concernant les femmes.
- GruntBanni·e
- Messages : 2074
Date d'inscription : 27/09/2011
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 21:46
Heu, en quoi elle discrimine ? C'est un lexique, point barrePolyvalentour a écrit:Je cherche des exemple concrets de discriminations classistes.
Par exemple, la page comique suivante discrimine ceux qui parlent en argot de banlieue :
http://www.echolalie.org/wiki/index.php?ListePourParlerJeune
Oui, mais ils font le choix de parler ainsi. Et, pour le coup, c'est bien un choix et pas une hérédité qui leur tombe sur la gueule. Les gens qui parlent comme ça sont tout à fait capables, par ailleurs, d'utiliser le français courant (ne serait-ce que dans un contexte scolaire).
Or, ceux qui parlent ainsi sont plus présents dans les basses classes sociales.
Du coup, parler de discrimination parce qu'on se moquerait d'un choix qui est majoritairement fait par des gens qui, par ailleurs, se retrouvent dans les classes populaires, ça me semble aller vachement loin. Pourquoi on s'interdirait de dire qu'on n'aime pas ce langage, et qu'on n'aime pas que des gens l'utilisent, bon sang ?
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 21:58
en effet l'argot est une langue, même si ceux et celles qui l'utilisent sont bilingues. c'est la langue de mes parents, de mes grands parents, de mes ancêtres.
je ne comprends pas pourquoi "on" n'aime pas l'argot? pourquoi on n'aime pas un langage? au nom de quoi on décrète qu'il n'est "pas joli"? "vulgaire"? en fait je crois qu' "on" est formaté(e)s depuis l'enfance, conditionné(e)s à mépriser ce langage, comme par le passé on a humilié et dévalorisé les breton(ne)s qui parlaient breton (vous connaissez sûrement la méthode du "sabot" à l'école?)
Si "on" disait la même chose de n'importe quelle autre langue (l'Arabe, le bambara, le romani...), "je n'aime pas cette langue et je n'aime pas que les gens l'utilisent", tu ne trouverais pas cela discriminant?
je ne comprends pas pourquoi "on" n'aime pas l'argot? pourquoi on n'aime pas un langage? au nom de quoi on décrète qu'il n'est "pas joli"? "vulgaire"? en fait je crois qu' "on" est formaté(e)s depuis l'enfance, conditionné(e)s à mépriser ce langage, comme par le passé on a humilié et dévalorisé les breton(ne)s qui parlaient breton (vous connaissez sûrement la méthode du "sabot" à l'école?)
Si "on" disait la même chose de n'importe quelle autre langue (l'Arabe, le bambara, le romani...), "je n'aime pas cette langue et je n'aime pas que les gens l'utilisent", tu ne trouverais pas cela discriminant?
- GruntBanni·e
- Messages : 2074
Date d'inscription : 27/09/2011
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 22:18
Moi non plus, mais ce n'est pas pour autant que je soutiens le fait de dire "On n'a pas le droit de critiquer un langage".sardine a écrit:
je ne comprends pas pourquoi "on" n'aime pas l'argot? pourquoi on n'aime pas un langage? au nom de quoi on décrète qu'il n'est "pas joli"? "vulgaire"?
Tu parles là de la guerre déclarée, au nom de l'hégémonie républicaine, à toutes les langues régionales ?
en fait je crois qu' "on" est formaté(e)s depuis l'enfance, conditionné(e)s à mépriser ce langage, comme par le passé on a humilié et dévalorisé les breton(ne)s qui parlaient breton (vous connaissez sûrement la méthode du "sabot" à l'école?)
Ça a été une oppression terrible sur le plan humain.
D'un autre côté, cet objectif politique est ce qui fait qu'en France, aujourd'hui, tout le pays parle une seule langue (ce n'est pas le cas en Belgique par exemple).
Ça me paraît être une bonne chose de viser à construire un socle commun pour permettre la communication dans un pays, même si je ne suis évidemment pas d'accord avec des méthodes dont le but premier semble être de faire souffrir les gosses.
Ben, je ne suis pas d'accord, ce n'est pas pour autant que je trouve ça discriminant.
Si "on" disait la même chose de n'importe quelle autre langue (l'Arabe, le bambara, le romani...), "je n'aime pas cette langue et je n'aime pas que les gens l'utilisent", tu ne trouverais pas cela discriminant?
Ceci dit, je note que tu cites des langages qui se rapportent à des pays ou à des peuples, pas des argots. L'argot dont il est ici question n'est pas une langue en soi, il dépend du français (au moins pour sa grammaire et ses mots de liaison), sa critique ne cible pas un peuple.
Ceci dit, oui, j'ai déjà entendu des critiques visant par exemple l'allemand.. personnellement, c'est une langue que je trouve belle et musicale (j'aime beaucoup la musique avec des chants en allemand). Plus belle que l'italien par exemple. Est-ce discriminant de dire ça ?
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 22:50
le problème avec l'argot c'est que ça renvoie à une discrimination sociale plus globale: on dira facilement par exemple que les prolos ont "mauvais goût". cela dit je n'interdis rien du tout, au contraire, je m'autocensure (puisque "naturellement" j'aurais tendance à parler argot et que sur le forum, instinctivement, je parle la langue en vigueur. Je regrette que ma langue naturelle offusque les personnes qui n'ont pas la même origine sociale, je préfèrerais être acceptée comme je suis, mais tant pis, je ne veux pas non plus risquer de choquer alors je m'autocensure.
Pour moi l'argot c'est du français, car je n'ai jamais reconnu l'autorité des élites qui ont décrété ce qui est du "bon" français (celui utilisé par leur propre classe dominante, donc en position d'établir dictionnaires et programmes scolaires) et du "mauvais" français (à corriger, donc). contrairement aux patois, l'argot est globalement le même pour tout le territoire français. cela dit je ne vois pas pourquoi on a cherché à empêcher des gens de parler le langage de leur pays: il aurait été plus rationnel qu'ils apprennent le français en plus de leur langue d'origine. Je frémis à l'idée qu'un jour une chose pareille puisse arriver, imaginez: des occupants parlant une autre langue prennent le pouvoir et nous empêchent de continuer à parler français...
heureusement l'argot est toujours bien vivant, même si les gens qui le pratiquent sont souvent obligés de se cacher (alors que je n'ai jamais entendu parler d'enfants se faisant eng. euh disputer par leurs parents prolos parce qu'ils disaient "lit" et non "plumard", par exemple (désolée d'avoir dit un mot d'argot mais c'était indispensable pour la démonstration)...
Pour moi l'argot c'est du français, car je n'ai jamais reconnu l'autorité des élites qui ont décrété ce qui est du "bon" français (celui utilisé par leur propre classe dominante, donc en position d'établir dictionnaires et programmes scolaires) et du "mauvais" français (à corriger, donc). contrairement aux patois, l'argot est globalement le même pour tout le territoire français. cela dit je ne vois pas pourquoi on a cherché à empêcher des gens de parler le langage de leur pays: il aurait été plus rationnel qu'ils apprennent le français en plus de leur langue d'origine. Je frémis à l'idée qu'un jour une chose pareille puisse arriver, imaginez: des occupants parlant une autre langue prennent le pouvoir et nous empêchent de continuer à parler français...
heureusement l'argot est toujours bien vivant, même si les gens qui le pratiquent sont souvent obligés de se cacher (alors que je n'ai jamais entendu parler d'enfants se faisant eng. euh disputer par leurs parents prolos parce qu'ils disaient "lit" et non "plumard", par exemple (désolée d'avoir dit un mot d'argot mais c'était indispensable pour la démonstration)...
- InvitéInvité
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 22:56
sardine a écrit:en effet l'argot est une langue, même si ceux et celles qui l'utilisent sont bilingues. c'est la langue de mes parents, de mes grands parents, de mes ancêtres.
je ne comprends pas pourquoi "on" n'aime pas l'argot? pourquoi on n'aime pas un langage? au nom de quoi on décrète qu'il n'est "pas joli"? "vulgaire"? en fait je crois qu' "on" est formaté(e)s depuis l'enfance, conditionné(e)s à mépriser ce langage, comme par le passé on a humilié et dévalorisé les breton(ne)s qui parlaient breton (vous connaissez sûrement la méthode du "sabot" à l'école?)
Si "on" disait la même chose de n'importe quelle autre langue (l'Arabe, le bambara, le romani...), "je n'aime pas cette langue et je n'aime pas que les gens l'utilisent", tu ne trouverais pas cela discriminant?
Ben en vertu de nos propres repères. Un monde où l'on ne pourrait pas hiérarchiser subjectivement les objets qu'on perçoit, sous peine d'être un sale individu pratiquant la stigmatisation, serait un monde atroce où personne n'oserait formuler d'avis sur quoi que ce soit. Détester quelque chose ne signifie pas nécessairement être un agent complotant pour sa disparition, ou bien que l'on voue du mépris aux gens qui l'utilisent.
- InvitéInvité
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 23:15
Les exemples de cette page sous-entendent que ceux qui parlent en argot de banlieue possèdent tous les défauts de la Terre :Grunt a écrit:Heu, en quoi elle discrimine ? C'est un lexique, point barrePolyvalentour a écrit:Je cherche des exemple concrets de discriminations classistes.
Par exemple, la page comique suivante discrimine ceux qui parlent en argot de banlieue :
http://www.echolalie.org/wiki/index.php?ListePourParlerJeune
→ Ils se droguent."Je suis foncedé". (Mon regard est vitreux, je perds mes mots, un mince filet de bave s'écoule sur mon menton et je rigole comme un décérébré, sans aucune raison. J'ai payé assez cher pour me mettre dans cet état. Bref: je viens de consommer du cannabis.)
→ Ils sont impulsifs, dangereux et violents."Ziva prête moi ton gun, l'aut'batârd il m'a parlé mal". (Pourrais-tu s'il te plaît me prêter ton arme à feu, afin que je règle son compte à l'importun qui n'a été qu'à moitié urbain à mon égard.)
→ Ce sont des voleurs."Elles sont trop mortel tes Nike". (Vos chausses s'entendraient fort bien avec mes pieds, aussi vous demanderais-je de m'en faire l'offrande sans opposer de résistance.)
→ Ils sont vulgaires."Sérieux, j'kiffe trop son cul à votre fille". (Monsieur, j'ai l'honneur de vous demander la main de votre fille.)
Sinon, personnellement, pour l'instant, je vois plutôt l'argot comme une surcharge inutile de vocabulaire. A quoi sert le mot "plumard" alors que le mot "lit" s'écrit plus vite, se prononce plus vite et est plus répandu ?
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: Langue: normes et variations
10.01.13 23:20
Moi j'aime bien l'idée d'aller s'enfoncer dans un tas de plumes (un plumard quoi) quand le sommeil commence à peser.
C'est plus doux et confortable qu'un lit, un plumard.
Et sinon, je ne crois pas qu'une surcharge de vocabulaire soit quelque chose d'inutile, mais ça doit être mon identité de poète qui s'exprime là.
C'est plus doux et confortable qu'un lit, un plumard.
Et sinon, je ne crois pas qu'une surcharge de vocabulaire soit quelque chose d'inutile, mais ça doit être mon identité de poète qui s'exprime là.
- InvitéInvité
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 23:25
Est-ce que je suis le seul à appeler les pompelards quand il y a le feu ?
- sandrineAncien⋅ne
- Messages : 3591
Date d'inscription : 15/09/2012
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 23:26
Le langage n'a pas qu'une fonction purement pratique. Il existe toutes sortes de mots pour désigner la même chose, je vois ça plutôt comme une richesse et non une surcharge inutile. Quelquefois je vais dire "plumard", ou "pieu" ou "pucier", d'autres fois, "lit".
Mais s'il y a des gens qui préfèrent aller au plus court plutôt que de diversifier leur langage quant à moi je n'y vois aucun inconvénient.
Je dois ajouter que c'est la première fois (sur ce forum) que je lis le mot "classisme", j'ai toujours entendu parler de "mépris de classe". Je pense que désormais j'utiliserai l'un ou l'autre...
Mais s'il y a des gens qui préfèrent aller au plus court plutôt que de diversifier leur langage quant à moi je n'y vois aucun inconvénient.
Je dois ajouter que c'est la première fois (sur ce forum) que je lis le mot "classisme", j'ai toujours entendu parler de "mépris de classe". Je pense que désormais j'utiliserai l'un ou l'autre...
- cleindoAncien⋅ne
- Messages : 2926
Date d'inscription : 20/01/2012
Re: Langue: normes et variations
10.01.13 23:49
je ressens (c'est subjectif donc) une ponte de mauvaise foi de ci de là. Le problème n'est pas je crois l'argot ou pas. Je crois qu'on est tous et toutes ici conscients que l'argot peut être très chouette, mais on sait aussi q'il y a argot et argot.
Dire plumard , jacter, engueuler ou bien plus joli (j'ai été marqué par l'expression "avoir les archers sur la soie" dans mon jeune temps par exemple) et "zyva fais pas ta pute sale batard" ou "nique ta race" (dsl je parle pas bien cet argot là), ça n'a rien à voir. L'argot d'Audiard n'est pas l'argot de Booba, faut être un peu honnête.
Certes, ce n'est pas un choix très vaste, c'est pas évident etc etc, ok. Mais y a aussi une sorte de "revendication" sur en mode agressif par exemple. Même si je peux comprendre les mécanismes qui la font exister, je ne me sens aucunement coupable de la trouver très dommage. Etre confiné dans le vocabulaire à 1000 lots, c'est triste, se rouler dedans ou être fier d'une inculture, c'est juste navrant.
(et oui, j'hésiterai pas à dire "c'est pour rire" sur cet article, parce que bon merdalor à la fin, être politiquement correct (et moralement surtout) c'est pas non plus synonyme d'avoir un balai dans le cul ! )
(c'était la minute petite bourge/sale pute de cleindo ...)
Dire plumard , jacter, engueuler ou bien plus joli (j'ai été marqué par l'expression "avoir les archers sur la soie" dans mon jeune temps par exemple) et "zyva fais pas ta pute sale batard" ou "nique ta race" (dsl je parle pas bien cet argot là), ça n'a rien à voir. L'argot d'Audiard n'est pas l'argot de Booba, faut être un peu honnête.
Certes, ce n'est pas un choix très vaste, c'est pas évident etc etc, ok. Mais y a aussi une sorte de "revendication" sur en mode agressif par exemple. Même si je peux comprendre les mécanismes qui la font exister, je ne me sens aucunement coupable de la trouver très dommage. Etre confiné dans le vocabulaire à 1000 lots, c'est triste, se rouler dedans ou être fier d'une inculture, c'est juste navrant.
c'est rigolo parce que je trouve la "traduction" plutôt ridicule, et c'est ainsi fait à dessein je crois.Polyvalentour a écrit:Les exemples de cette page sous-entendent que ceux qui parlent en argot de banlieue possèdent tous les défauts de la Terre :
(et oui, j'hésiterai pas à dire "c'est pour rire" sur cet article, parce que bon merdalor à la fin, être politiquement correct (et moralement surtout) c'est pas non plus synonyme d'avoir un balai dans le cul ! )
(c'était la minute petite bourge/sale pute de cleindo ...)
- GruntBanni·e
- Messages : 2074
Date d'inscription : 27/09/2011
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 0:06
C'est ce que les non-prolos disent, et c'est partagé : chaque classe sociale n'aime pas la culture des autres.sardine a écrit:le problème avec l'argot c'est que ça renvoie à une discrimination sociale plus globale: on dira facilement par exemple que les prolos ont "mauvais goût".
Le "bon" français a ceci de très avantageux qu'il est définit académiquement, avec un sens précis et le même pour tous.
cela dit je n'interdis rien du tout, au contraire, je m'autocensure (puisque "naturellement" j'aurais tendance à parler argot et que sur le forum, instinctivement, je parle la langue en vigueur. Je regrette que ma langue naturelle offusque les personnes qui n'ont pas la même origine sociale, je préfèrerais être acceptée comme je suis, mais tant pis, je ne veux pas non plus risquer de choquer alors je m'autocensure.
Pour moi l'argot c'est du français, car je n'ai jamais reconnu l'autorité des élites qui ont décrété ce qui est du "bon" français (celui utilisé par leur propre classe dominante, donc en position d'établir dictionnaires et programmes scolaires) et du "mauvais" français (à corriger, donc).
Il permet d'écrire des textes de loi ou des contrats. Il a un vocabulaire plus riche, donc permet plus de nuances.
A contrario, l'argot possède de nombreux mots polysémiques, inutilisables pour un texte de loi ou même une argumentation. Regarde le verbe "niquer", par exemple : il signifie à la fois "être actif dans une relation sexuelle", "détruire", "agresser".. Je me vois mal l'utiliser dans une discussion sérieuse, à part comme exemple de culture patriarcale.
C'est aussi ce que je croyais, jusqu'à parler argot avec des gens d'autres régions françaises.
contrairement aux patois, l'argot est globalement le même pour tout le territoire français.
Non, il n'y a pas qu'un seul argot, loin de là.. chaque quartier, chaque village a ses petites variantes.. à certains endroits on dit "un clope", à d'autres on dit "une clope", par exemple.
Bref, l'argot est riche, intéressant, parfois agréable à utiliser, mais il ne vaut pas grand chose comme "langue française commune", par rapport au français académique. Par défaut, pour m'adresser à quelqu'un dans la rue, j'emploie le parler commun, pas l'argot. Quitte à changer si la personne me répond en argot.
Comme tu écris ça j'ai l'impression que tu parles d'immigration.. de mémoire, on a empêché les enfants de parler leur patois, dans des régions déjà françaises, non ?
cela dit je ne vois pas pourquoi on a cherché à empêcher des gens de parler le langage de leur pays: il aurait été plus rationnel qu'ils apprennent le français en plus de leur langue d'origine.
Je frémis à l'idée qu'un jour une chose pareille puisse arriver, imaginez: des occupants parlant une autre langue prennent le pouvoir et nous empêchent de continuer à parler français...
Je ne peux m'empêcher de m'interroger : si on ne l'avait pas fait, est-ce qu'on ne se retrouverait pas aujourd'hui avec des régions françaises entières où il ne serait pas possible de communiquer si on ne parle que français ?
Je n'ai rien contre les langues régionales, je trouve même dommage qu'elles disparaissent, mais ça me semble être une bonne chose qu'il existe sur le territoire français une langue académique, enseignée à l'école, que tout le monde est censé parler et comprendre.
Non, mais j'ai souvenir, en arrivant au lycée, de m'être fait reprocher de parler "comme un livre", et d'avoir été moqué parce que je ne parlais pas l'argot (ou plus exactement, je parlais l'argot de ma campagne, très différent de celui de la ville, même s'il y avait une dizaine de km de distance). Bon, j'ai vite appris, ceci dit.
heureusement l'argot est toujours bien vivant, même si les gens qui le pratiquent sont souvent obligés de se cacher (alors que je n'ai jamais entendu parler d'enfants se faisant eng. euh disputer par leurs parents prolos parce qu'ils disaient "lit" et non "plumard", par exemple (désolée d'avoir dit un mot d'argot mais c'était indispensable pour la démonstration)...
En quoi c'est un défaut ?Polyvalentour a écrit:
Les exemples de cette page sous-entendent que ceux qui parlent en argot de banlieue possèdent tous les défauts de la Terre :
→ Ils se droguent."Je suis foncedé". (Mon regard est vitreux, je perds mes mots, un mince filet de bave s'écoule sur mon menton et je rigole comme un décérébré, sans aucune raison. J'ai payé assez cher pour me mettre dans cet état. Bref: je viens de consommer du cannabis.)
Blague à part : dans ce texte, l'argot des banlieues est expliqué via des contextes dans lesquels il est utilisé. Toutes ces phrases et leur traductions me paraissent bien plus réalistes que si le contexte ne se prêtait pas à l'usage de cet argot. Les auteurs de ce lexique n'y sont pour rien si, dans la vraie vie, l'argot de banlieue est riches de mots évoquant la violence, la drogue, la sexualité, l'apparence, la réputation, et ne possède peu ou pas de mots faisant référence à des contextes plus gratifiants.
Ah, malheureux, tu n'aimes pas la poésie, ça se voit.
Sinon, personnellement, pour l'instant, je vois plutôt l'argot comme une surcharge inutile de vocabulaire. A quoi sert le mot "plumard" alors que le mot "lit" s'écrit plus vite, se prononce plus vite et est plus répandu ?
- AraignéeAncien⋅ne
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Re: Langue: normes et variations
11.01.13 0:20
- Arrakis—
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Re: Langue: normes et variations
11.01.13 1:46
En même temps, si quelqu'un affirme que le mot le mot "chaussure" est une surcharge inutile, puisque les mots "grole" et "pompe" s'écrivent et se prononcent plus vite", le monde hurlera au troll et n'aura pas tort...Sinon, personnellement, pour l'instant, je vois plutôt l'argot comme une surcharge inutile de vocabulaire. A quoi sert le mot "plumard" alors que le mot "lit" s'écrit plus vite, se prononce plus vite et est plus répandu ?
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 7:48
Polyvalentour a écrit:
Sérieux, j'kiffe trop son cul à votre fille".
Moi j'aurais écrit "j'kiffe son boule", tant qu'à faire.
L'argot n'est pas trop utilisé en Belgique, du moins pas comme en France. Mais moi, j'ai été un amateur assidu des Guignols sur Canal pendant des années et il y avait des djeunz parmi les marionnettes qui parlaient en argot des banlieues, du coup, j'ai appris tout ce vocabulaire qui me fait bien rire. Difficile par contre de l'utiliser dans ma vie de tous les jours. Pas trop d'avis sur le fait de lire ces mots sur le forum, ça ne me dérange pas. Mais il faut rester compréhensible pour tout le monde, il me semble.
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 8:34
Je ne suis pas d'accord du tout. Ce n'est pas le cas des jeunes de banlieue que je côtoie. Ils ne parlent que ce langage, n'ont rien entendu d'autre, et ne comprennent pas ce qu'on leur dit quand on emploie un langage châtié ou un argot des années 70-80. Ils ont vaguement conscience qu'un autre langage existe, mais n'ont même pas l'idée d'aller à sa rencontre. C'est la langue des autres, ceux qui ont des thunes et lisent des livres. La culture non populaire, les films sans explosion, la littérature sans images, c'est un autre monde.Grunt a écrit:
Oui, mais ils font le choix de parler ainsi. Et, pour le coup, c'est bien un choix et pas une hérédité qui leur tombe sur la gueule. Les gens qui parlent comme ça sont tout à fait capables, par ailleurs, d'utiliser le français courant (ne serait-ce que dans un contexte scolaire).
Évidemment, il suffirait qu'ils s'y mettent. Mais ils ne le font pas. Prendre le RER pour aller au musée ? Aller à la bibliothèque du quartier ? Non, ça ne leur vient pas à l'idée. Faut le voir pour le croire. Mais ça se comprend. Le milieu est comme ça.
- GruntBanni·e
- Messages : 2074
Date d'inscription : 27/09/2011
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 10:59
C'est embêtant, je suis vraiment partagé à vous lire.
- cleindoAncien⋅ne
- Messages : 2926
Date d'inscription : 20/01/2012
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 11:00
Leurs instit, leurs profs , la boulangère, la factrice parlent comme ça???? Dans les films, les séries?
Sérieusement ?
C'est agaçant j'ai plein de trucs a dire mais pas le temps :-(
Sérieusement ?
C'est agaçant j'ai plein de trucs a dire mais pas le temps :-(
- InvitéInvité
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 12:18
Ça m'inspire plein de choses, cette discussion sur les argots, mais comme j'ai pas trop le temps/courage de formuler ça clairement, je vais me contenter de plussoyer fortement là-dessus:
(Ce qui va un peu dans les deux sans d'ailleurs : un argot des banlieues peut servir à exclure ceux qui ne le parlent pas et donc à renforcer le sentiment d'appartenance au groupe de ceux qui le parlent. Mais je pense qu'à l'échelle de la société française dans son ensemble, c'est surtout dans l'autre sens que ça va. J'ajouterai que c'est aussi pour ça que je suis anti-grammar-nazi.)
(PS : je trouve ça bizarre, j'ai l'impression que les gens, même favorables aux changements sociaux de façon générale, sont souvent beaucoup plus conservateurs dès qu'il s'agit de la langue, je sais pas trop pourquoi.)
Et d'ajouter qu'il me semble bien connu que le langage a toujours été un outil de choix pour distinguer des groupes sociaux entre eux.Antisexisme a écrit:En fait je pense que le problème n'est pas d'aimer ou de ne pas aimer l'argot, mais d'avoir conscience que si l'argot est considéré comme "vulgaire", ben c'est parce que c'est une conséquence d'un mécanisme d'oppression : la distinction.
Tout ce que les classes supérieures font et disent est considéré comme élégant, raffiné, etc : leur façon de parler, leurs goûts, etc.
A l'inverse le comportement et les goûts des classes populaires sont déconsidéré.
(Ce qui va un peu dans les deux sans d'ailleurs : un argot des banlieues peut servir à exclure ceux qui ne le parlent pas et donc à renforcer le sentiment d'appartenance au groupe de ceux qui le parlent. Mais je pense qu'à l'échelle de la société française dans son ensemble, c'est surtout dans l'autre sens que ça va. J'ajouterai que c'est aussi pour ça que je suis anti-grammar-nazi.)
(PS : je trouve ça bizarre, j'ai l'impression que les gens, même favorables aux changements sociaux de façon générale, sont souvent beaucoup plus conservateurs dès qu'il s'agit de la langue, je sais pas trop pourquoi.)
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 13:53
En tant que grammar-nazi, je tiens à défendre mon point de vue. Nous, humains, pensons presque exclusivement à travers le langage. La langue étant le support principal de la pensée, si on appauvrit le langage, on appauvrit la pensée (et si c'est pour ça que je tiens à l'Accadémie, c'est aussi pour ça que je tiens à l'argot, et au droit de tous à parler leur langue, qu'elle soit argotique, régionale, d'un pays, etc).
D'ailleurs ce n'est pas pour rien que pour détruire une culture, on commence souvent par interdire aux gens de parler leur langue (mon arrière grand-père n'avait pas le droit de parler polonais à l'école, par exemple). Et ce n'est pas pour rien non plus qu'en ethnopsychiatrie, le patient parle dans sa langue maternelle, même s'il connaît le français.
D'ailleurs ce n'est pas pour rien que pour détruire une culture, on commence souvent par interdire aux gens de parler leur langue (mon arrière grand-père n'avait pas le droit de parler polonais à l'école, par exemple). Et ce n'est pas pour rien non plus qu'en ethnopsychiatrie, le patient parle dans sa langue maternelle, même s'il connaît le français.
- cleindoAncien⋅ne
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Date d'inscription : 20/01/2012
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 13:55
Bien qu'on s'éloigne un peu du sujet d'origine, j'avais envie de dire que l'argot puisqu'on parle du langage (mais c'est loin d'être le seul point ceci dit), comme tous les langages "alternatifs" sont des pseudo langues excluantes ET unificatrices. Au tout départ, l'argot par exemple est un langage (bien que ça n'en soit pas un vraiment mais bon, ne pinaillons pas) spécifique aux "voyous" à la base 'jargon des voleurs en gros), idem pour le verlan, le javanais etc, et même le langage enfantin ou par exemple gémellaire, c'est la même chose. C'est un langage-signe de ralliement, un particularité qui fait se reconnaitre, mais aussi quand il n'est pas conjoint au langage national (pour faire gros) il est fatalement excluant, pour les mêmes raisons qu'il réunit.
Partant de là, on ne peut pas avoir le beurre l'argent du beurre et le sourire de la crémière. Revendiquer, même involontairement ou inconsciemment une appartenance à un groupe, excluant d'autres groupes, ça interdit plus ou moins de revendiquer le reste.
Le langage caricatural (caricaturé?) des djeunz crée une barrière, dans un sens comme dans l'autre. Je me suis déja fait répondre un "quoi? kesse tu baves?" alors que je parlais "normalement" (et pas comme à un bal chez l'ambassadeur, juste normalement avec des vraies mots et des vraies phrases. (et même pas en banlieue en plus ...
Bref, là comme ailleurs, le problème est d'avoir le choix dans sa manière de parler. En temps qu'orthophoniste, je ne prône pas un langage châtié en toutes circonstances, ni aucun gros mot etc, j'essaie de faire en sorte que s'ils ont envie de dire merde, ils puissent le dire . Mais dans l'autre sens aussi.... Je ne suis pas grammar nazie, mais le français est une langue riche, et je suis pas du tout pour le nivellement par le bas . Par "par le bas", j'entends stock lexical pauvre etc . Qu'il soit argotique ou non, osef.
Bon j'ai encore à dire mais faut que je bosse un peu, pffff
Partant de là, on ne peut pas avoir le beurre l'argent du beurre et le sourire de la crémière. Revendiquer, même involontairement ou inconsciemment une appartenance à un groupe, excluant d'autres groupes, ça interdit plus ou moins de revendiquer le reste.
Le langage caricatural (caricaturé?) des djeunz crée une barrière, dans un sens comme dans l'autre. Je me suis déja fait répondre un "quoi? kesse tu baves?" alors que je parlais "normalement" (et pas comme à un bal chez l'ambassadeur, juste normalement avec des vraies mots et des vraies phrases. (et même pas en banlieue en plus ...
Bref, là comme ailleurs, le problème est d'avoir le choix dans sa manière de parler. En temps qu'orthophoniste, je ne prône pas un langage châtié en toutes circonstances, ni aucun gros mot etc, j'essaie de faire en sorte que s'ils ont envie de dire merde, ils puissent le dire . Mais dans l'autre sens aussi.... Je ne suis pas grammar nazie, mais le français est une langue riche, et je suis pas du tout pour le nivellement par le bas . Par "par le bas", j'entends stock lexical pauvre etc . Qu'il soit argotique ou non, osef.
Bon j'ai encore à dire mais faut que je bosse un peu, pffff
- sandrineAncien⋅ne
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Date d'inscription : 15/09/2012
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 13:56
je trouve l'argumentation intéressante et j'en débattrais volontiers sur un fil spécialement dédié... mais concernant l'ajout dans la charte, je reste perplexe... même s'il a pu ou pourra m'arriver de réagir en cas de mépris de classe flagrant (plutôt que le mépris de l'argot j'ai plutôt cité le mépris de certains métiers, genre "faut pas me traiter comme un balayeur" ou "quelle horreur je ressemble à une femme de ménage"...).
Je ne sais pas trop comment dire, mais je trouve normal de m'adapter au langage en vigueur (le "bon" français), et de mon côté je ne chercherai pas à censurer quelqu'un qui méprise les classes populaires, je ne suis pas venue sur un "forum féministe" pour jouer les ''missionnaires de la lutte des classe"...
quand même une remarque personnelle: maintenant que vous savez que l'argot est "ma langue maternelle" (et que j'y suis attachée comme d'autres à la "vraie bonne" langue française), si vous me dites que vous la méprisez, soyez au moins conscient(e)s que ça ne peut pas me faire plaisir: si une Allemande (puisqu'on a évoqué cette comparaison avec l'allemand, langue "pas jolie") se présente sur le forum, si quelqu'un lui dit qu'il méprise sa langue et ceux et celles qui l'utilisent, aurez-vous ou non l'impression d'être un peu blessant(e)s?
edit: merci pour cette allusion à l'ethnopsychiatrie, je n'osais pas en parler... j'y pensais en faisant allusion à la méthode du sabot pour les bretons.
Lacan aussi a dit que "l'inconscient était structuré comme un langage" (c'est pourquoi le langage a une telle importance), oui je parle aussi (un peu) le lacanien (une autre langue étrangère!)
Je ne sais pas trop comment dire, mais je trouve normal de m'adapter au langage en vigueur (le "bon" français), et de mon côté je ne chercherai pas à censurer quelqu'un qui méprise les classes populaires, je ne suis pas venue sur un "forum féministe" pour jouer les ''missionnaires de la lutte des classe"...
quand même une remarque personnelle: maintenant que vous savez que l'argot est "ma langue maternelle" (et que j'y suis attachée comme d'autres à la "vraie bonne" langue française), si vous me dites que vous la méprisez, soyez au moins conscient(e)s que ça ne peut pas me faire plaisir: si une Allemande (puisqu'on a évoqué cette comparaison avec l'allemand, langue "pas jolie") se présente sur le forum, si quelqu'un lui dit qu'il méprise sa langue et ceux et celles qui l'utilisent, aurez-vous ou non l'impression d'être un peu blessant(e)s?
edit: merci pour cette allusion à l'ethnopsychiatrie, je n'osais pas en parler... j'y pensais en faisant allusion à la méthode du sabot pour les bretons.
Lacan aussi a dit que "l'inconscient était structuré comme un langage" (c'est pourquoi le langage a une telle importance), oui je parle aussi (un peu) le lacanien (une autre langue étrangère!)
- sandrineAncien⋅ne
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Date d'inscription : 15/09/2012
Re: Langue: normes et variations
11.01.13 14:25
ah OK, dans ce cas je ne suis plus perplexe, mais en complet accord avec cette façon de voir et faire sur le forum!
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