Comment les violences sexistes sont traitées dans les médias

Moi c'est surtout "qu’elle a satisfait" qui me gêne (enfin tout me gène en fait)
Comment c'est dit, ça fait genre elle était consentante. Faut savoir, elle est victime ou elle satisfait? -_-

L'article est à gerber, le vocabulaire utilisé, quoi, je suis en train d'halluciner.

Une jeune fille, tout juste majeure, s’est jointe à eux. Attardée mentale, elle est placée sous curatelle renforcée.

Non mais... Pu***

ouais pourquoi pas dire déglinguée du cerveau?? il est clair que celui (j'en tomberais de haut si c'était une femme, sauf si c'est camille paglia) qui a écrit ça a en plus salement validiste, ce qui lui fait penser qu'une personne handicapée on peut bien lui faire ce qu'on veut toute façon elle est complètement conne...

C'est comme la fois où un juge avait parlé d'une agression sexuelle qui avait, je cite, "mal tournée".  
Je n'ai malheureusement vu personne parmi les journalistes pour lui demandé ce qu'il convenait d'appeler une agression sexuelle qui aurait bien tournée...
Quant à la complaisance des médias vis à vis des agresseurs sexuels ou encore des pères infanticides (généralement violents au préalable) qui sont forcément suicidaires ou dépressifs (les malheureux) Guillaume Leroy en parle effectivement très bien.
Ces derniers temps j'ai remarqué que le canard local par chez moi (Ouest France pour ne pas le citer) parlait au moins chaque jour d'un femme tuée ou agressée par son conjoint. Ça beau être un journal plutôt de bonne qualité, ça ne fait jamais la une sauf si les enfants entrent dans l'équation meutrière.
Pas question de hiérarchiser les souffrances, mais j'ai quand même remarqué que l'affaire Meric avait occupé la une un bon moment. Même s'il y a une portée symbolique forte dans l'assassinat d'un militant anti-fachiste, ça m'a laissé perplexe.
Et je me suis dit que ces crimes contre les femmes étaient décidément considérés comme de banals fait-divers relégués après les pages 3 et 4.

C'est tout simplement la logique médiatique... J'ai été longtemps pigiste d'affaires criminelles, et oui, c'est vrai, les meurtres de femmes par leur conjoint sont si banals que ça n'intéresse pas les lecteurs-lectrices, sauf si la femme est célèbre (comme dans l'affaire Bertrand Cantat-Marie Trintignant).
Dans la même logique chaque enfant mort de faim ou sous des bombes ne va pas faire la Une des journaux, chaque victime de tueur pédophile non plus, etc.
La mort de Clément Méric a surtout été l'occasion d'attirer l'attention sur un phénomène de société qu'on ignore d'habitude, les mouvements d'extrême droite, homophobes, fascistes et racistes. 
https://feminisme.1fr1.net/t1515p105-lyon-rassemblement-en-hommage-a-un-militant-assassine-par-les-fascistes#42865
Le neuvième collectif de sans papiers a aussi déploré qu'on parle plus de Clément Méric que des Noirs et Arabes victimes de bavures policières: mais loin de déplorer qu'on parle "trop" de Clément Méric (et beaucoup pour salir sa mémoire, hélas...) ils auraient juste voulu qu'on parle autant de la manifestation de la veille (cent cinquante personnes);

https://feminisme.1fr1.net/t732p30-les-violences-policieres-sur-les-personnes-racise-es#42334

C'est sûr, on est vraiment dans une logique médiatique qui se contente de hiérarchiser les infos en fonction du potentiel côté vendeur de l'info mis en avant.
C'est surement beaucoup demandé que les médias se montrent plus objectifs et surtout critiques.
C'est peut-être un peu hors-sujet, mais j'avoue que pour l'affaire Cantat-Trintignant, j'avais réagis différemment de ce que je le ferais aujourd'hui. Ce que je veux dire c'est que j'ai moi aussi trouvé, à l'époque, des circonstances atténuantes à ce type et j'en suis pas fière je dois dire
J'imagine que la célébrité et l'espèce d'aura dont ce type bénéficiait dans ma culture perso y étaient pour beaucoup.
Heureusement j'ai changé de façon de voir et ça m'a servi, en quelque sorte, de "leçon" et ça m'a poussé à plus de réflexion sur ce sujet.

Ça beau être un journal plutôt de bonne qualité

Ah bon tu trouves toi??? Moi pas  

celinou35 a écrit:ils sont assez neutres politiquement

Un media qui fait croire qu'il est neutre politiquement est plus dangereux qu'un journal qui dit ce qu'il défend ouvertement, à mon avis…
mais c'est HS et peut-être que je vais déplacer les messages…si on commence à s'embourber là-dedans

+1, on peut facilement discréditer des paroles en faisant remarquer que la source est ordinairement mauvaise (ce n'est pas tout-à-fait un bon argument rationnel mais il est couramment utilisé par tout un chacun parce que bien souvent le conteneur est à l'image du contenu...)

supprimé

Je suis d'accord pour critiquer le sexisme des médias, mais il ne faudrait pas non plus surestimer leur importance, ni surtout attendre d'eux qu'ils soient autre chose que le reflet du systéme (capitaliste et patriarcal).
Quant à en être la cause... j'ai bien peur que le sexisme et le patriarcat existaient bien avant l'invention de l'imprimerie.

Supprimé

Je pense que les medias ont une grande importance évidemment, mais qu'elle est très exagérée en particulier par les journalistes eux mêmes (c'est une façon de majorer leur propre importance...).

Beaucoup de clichés sexistes sont véhiculés par d'autres moyens: l'école, la transmission familiale... et aujourd'hui, Internet a largement autant d'importance que la télévision, surtout auprès des plus jeunes.

Bref je le répète: je ne dis pas que les médias n'ont aucune importance ni qu'il ne faut pas dénoncer leurs méfaits, mais qu'ils ne sont pas les seuls vecteurs du sexisme, loin de là.

Philibert a écrit:
Internet diffusent quoi comme information ?

c'est pas les news le principal vecteur du sexisme : c'est la culture.
et internet, entre les blogs, les forums, les twitts, facebook, question culture, ils sont au top. et bien sûr le plus souvent la culture répandue c'est la culture dominante sexiste et patriarcale.

Je n'aime pas non plus du tout cette phrase. Elle indique en effet que les violences contre les femmes / filles sont considérées comme finalement "pas trop graves".
En fait, on a l'impression que les violences futures, c'est ça le vrai problème, alors que celles déjà effectuées ne sont pas si importantes, du moment que ça en reste là : ce n'est qu'un signe du pire qui est à venir, qu'un facteur de risque pour ce qui peut arriver de réellement horrible. Et le fait que statistiquement ça n'en reste pas là c'est juste ça qui les préoccupe vraiment au final. C'est vraiment dégoûtant.