La prostitution n'est pas un métier
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- LuxLisbon—
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Date d'inscription : 19/05/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 1:02
Je reviendrai en parler après avoir lu les 29 pages mais... j'ai un gros problème avec le fait de dire aux femmes ce qu'elles doivent faire, ou pas. Même si on estime que c'est pour le bien de tous et toutes. Une femme doit pouvoir disposer librement de son corps, qu'il s'agisse de le vendre, le voiler, le dévoiler... et si on commence à lui refuser ce droit, alors où s'arrête-t-on ? Quelles obligations, quels interdits fait-on porter sur elle ?
Je rappelle à toutes fins utiles que la question de la dignité ne tient pas, puisque la dignité humaine est celle reconnue par la personne concernée : en gros, une femme qui se prostitue et estime que sa dignité n'est pas atteinte ne peut pas être dans une position indigne...
J'ai lu la première page et j'avoue que j'ai été surprise de voir un lien entre la sexualité et la violence dans la mentalité de certains hommes. Déjà, je ne trouve pas ça tout à fait juste ; et ensuite, encore une fois, le problème de violence n'en est plus un si la violence est désirée par les deux parties... Cela peut sembler étrange mais voilà, c'est la réalité : certaines femmes aiment être violentées. Doit-on entrer dans leur intimité et leur refuser leur droit à une sexualité épanouie, même si elle passe par des moyens qui semblent indignes ?
Je rappelle à toutes fins utiles que la question de la dignité ne tient pas, puisque la dignité humaine est celle reconnue par la personne concernée : en gros, une femme qui se prostitue et estime que sa dignité n'est pas atteinte ne peut pas être dans une position indigne...
J'ai lu la première page et j'avoue que j'ai été surprise de voir un lien entre la sexualité et la violence dans la mentalité de certains hommes. Déjà, je ne trouve pas ça tout à fait juste ; et ensuite, encore une fois, le problème de violence n'en est plus un si la violence est désirée par les deux parties... Cela peut sembler étrange mais voilà, c'est la réalité : certaines femmes aiment être violentées. Doit-on entrer dans leur intimité et leur refuser leur droit à une sexualité épanouie, même si elle passe par des moyens qui semblent indignes ?
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 1:12
Joli pipotron de type STRASSien, vraiment. Une caricature de discours "sex-positive" qui déculpabilise les clients et les baiseurs rugueux d'une manière générale. TOUS les lieux communs sont alignés (jusqu'à l'allusion au voile). C'est beau. C'est pas pour rien que les Masculinistes les citent à longueur de journée.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 2:48
La compassion, au sens propre, signifie "souffrir avec".cleindo a écrit:la compassion? au sens propre...
(Patapé, je te charrie, même si étymologiquement c'est bien ce que ça signifie).
Primo, la majorité des prostituées ne disposent librement de rien du tout : ce sont des esclaves. Et pire : des esclaves sexuelles, c'est à dire que leur "activité" consiste à être forcées de coucher avec des hommes, c'est à dire à être violées (un rapport sexuel forcé, c'est un viol). Dans les pays réglementaristes (ceux qui autorisent et organisent la prostitution, avec système de maisons closes, quelque soit le nom qu'on leur donne), le nombre de prostituées est plus élevé que dans les pays abolitionnistes (ceux qui n'interdisent pas la prostitution, mais visent à la réduire au maximum, en interdisant toute forme de proxénétisme, voire en punissant le fait d'être client), et le nombre d'esclaves sexuelles est lui aussi, plus élevé. Réglementer la prostitution, c'est permettre aux proxénètes d'avoir un chouette pays où vendre leurs esclaves plus facilement. Parce que bon, le trafic d'esclaves sexuel(le)s, c'est pas demain que ça va disparaître par pur soucis éthique des trafiquants, c'est une des trois choses qui brasse le plus de fric sur terre, juste après les armes et juste avant les drogues (sauf que là, on ne parle pas d'objets ou de substances, mais d'êtres humains...).LuxLisbon a écrit:Une femme doit pouvoir disposer librement de son corps, qu'il s'agisse de le vendre, le voiler, le dévoiler... et si on commence à lui refuser ce droit, alors où s'arrête-t-on ? Quelles obligations, quels interdits fait-on porter sur elle ?
Je rappelle à toutes fins utiles que la question de la dignité ne tient pas, puisque la dignité humaine est celle reconnue par la personne concernée : en gros, une femme qui se prostitue et estime que sa dignité n'est pas atteinte ne peut pas être dans une position indigne...
Secondo, parmi les prostituées qui ne sont pas des esclaves, près de 90% ont été victimes d'abus sexuels étant mineures (majoritairement inceste, mais aussi pédophilie et viols). Ces femmes (et hommes, d'ailleurs) dont j'ai fait partie, ne se prostituent pas parce que c'est un chouette métier qui gagne bien, mais parce que quand on a subi des abus sexuels, on perd en estime de soi, en considération pour son propre corps, et on gagne en capacité à vivre quelque chose de foncièrement violent. Alors oui, il y a quelques prostituées qui ne sont pas des esclaves et qui ne reproduisent pas non plus des abus sexuels, qui le vivent bien, l'assument et disposent librement de leur corps. Peut-on, au nom de ces exceptions, favoriser un système où les plus vulnérables seront vues non comme des victimes, qu'elles sont (victimes de la traite, de violences sexuelles, de la misère économique) mais comme des travailleuses comme les autres ? moi, je vois ça comme un abandon (et quand j'y repense, j'aurais tellement aimé que notre société reconnaisse vraiment la prostitution comme une violence, que les flics, ou les passants, ou n'importe qui, en me voyant sur le trottoir, aient eu la même réaction que si j'avais été agressée, et me seraient venus en aide, comme ils me seraient venus en aide si au lieu de tapiner, j'avais été en train de tenter de me suicider. Et pour toutes ces femmes - et ces hommes - qui y sont encore, oui, c'est de cette société-là dont je rêve...)
Tertio, je suis aussi totalement contre le fait d'interdire aux femmes de se prostituer, raison pour laquelle je suis abolitionniste, et non prohibitionniste (le prohibitionnisme, en vigueur dans tous les USA, sauf État du Nevada, interdit le proxénétisme, le fait d'être client, et le fait de se prostituer). Par contre je suis totalement pour la pénalisation des clients, d'abord parce que le client, il n'a aucun moyen de savoir si la femme qu'il paye, elle fait partie du mini pourcentage qui l'a choisi vraiment librement, ou si elle fait partie de l'immense masse des esclaves et des personnes psychiquement vulnérables qui trouvent dans le tapin une façon de se détruire en gagnant un peu d'argent (et en fait, la plupart s'en foutent). Ensuite parce que payer quelqu'un qui ne coucherait pas si elle/il n'était pas payé(e), c'est acheter son consentement, et que non, je ne veux pas d'une société ou le consentement sexuel serait une marchandise.
Bref, faut peut-être regarder un peu plus loin que "le droit de disposer librement de son corps" (ou alors, on estime que tout le monde est à égalité, qu'il n'existe personne de vulnérable, on balaye l'esclavage de la main, et tant qu'à faire, quand quelqu'un tente de se suicider, on estime qu'il/elle dispose juste "librement de son corps" et on ne cherche pas à l'aider).
"La valeur éthique d'une société se mesure à la façon dont elle traite ses membres les plus vulnérables." (Roland Gori)
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 3:00
Une loi abolo ne consiste pas à contrôler la chatte des femmes, mais plutôt la bite des hommes.
- AraignéeAncien⋅ne
- Messages : 4550
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 3:18
Van Poppel, ou comment résumer en une ligne ce que je me suis tuée à expliquer en 4 pavés...
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 3:21
Pas exactement, j'ai oublié de dire que la plupart des prostituées "par choix" étaient des poly-traumatisées non résilientes.
- GruntBanni·e
- Messages : 2074
Date d'inscription : 27/09/2011
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 3:36
Van Poppel, tu pourrais faire preuve d'un peu de tempérance dans tes propos - et, je suis plutôt d'accord avec toi.
Que ton vécu t'ait sensibilisé à la violence que représente la prostitution ne devrait pas t'empêcher de prendre en compte le fait que c'est une question qui divise les féministes - y compris les femmes féministes.
Que ton vécu t'ait sensibilisé à la violence que représente la prostitution ne devrait pas t'empêcher de prendre en compte le fait que c'est une question qui divise les féministes - y compris les femmes féministes.
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 3:45
Ecoute, les enquêtes épidémiologiques (et en France celles de Trinquart et Salmona par exemple) sont parlantes. Qu'il y ait des féministes avec des matières fécales dans les yeux n'est pas mon problème ; plutôt le leur, avec toutes ces conneries et autres tergiversations (à la manière d'une Iacub elles servent de caution aux réaco-macho-masculinistes pro-tapin) non seulement on risque de ne PAS avoir de loi abolo, mais plutôt un option "pragmatique" à la Néerlandaise. Avec toutes les conséquences mentionnées par Araignée ci-dessus. De manière non-tempérante, je n'hésite pas à affirmer qu'il existe des Féministes sottes.
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 9:10
Artémise a écrit:cleindo a écrit:au départ j'ai rebondi sur la phrase de l'elfe.... "personne ne baise par charité"...
Mais qu'est ce qui peut amener quelqu'un à baiser par charité, à s'affranchir de l'impératif du désir ?
Une forme de narcissisme spécialement encouragée chez les femmes.
- cleindoAncien⋅ne
- Messages : 2926
Date d'inscription : 20/01/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 9:21
Bon je ne continue pas sur la question puisque c'est hors sujet, mais y a à dire .
Juste en passant, l'elfe, décortique bien ce que tu écris, et en particulier le fait que tu sais mieux que moi ce qui sous tend ce que je fais avec mon cul. En gros tu m'agaces puisque tu me réponds "non, tu as 'impression d'avoir pensé X;, mais moi je t'affirme que ça n'est que du déni et qu'en vrai tu penses Y".
Pour ce qui est de luxlisbon, beaucoup pensent comme ça quand on commence tout juste à se poser des questions, c'est juste dommage en effet qu'elle ai répondu en n'ayant lu que la première page, mais je subodore qu'on a été un paquet à ne pas avoir les idées parfaitement en place en un clignement d'oeil.
Juste en passant, l'elfe, décortique bien ce que tu écris, et en particulier le fait que tu sais mieux que moi ce qui sous tend ce que je fais avec mon cul. En gros tu m'agaces puisque tu me réponds "non, tu as 'impression d'avoir pensé X;, mais moi je t'affirme que ça n'est que du déni et qu'en vrai tu penses Y".
Pour ce qui est de luxlisbon, beaucoup pensent comme ça quand on commence tout juste à se poser des questions, c'est juste dommage en effet qu'elle ai répondu en n'ayant lu que la première page, mais je subodore qu'on a été un paquet à ne pas avoir les idées parfaitement en place en un clignement d'oeil.
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 9:32
Disons que j'ai du mal à écarter l'hypothèse.
Cette même "compassion" qui motive certaines prostituées dans le mythe de la "pute au grand cœur" (tant mieux quelque part ça les aide à se sentir valorisées alors qu'elles sont extrêmement stigmatisées). Celle qui accepte de s'occuper des délaissés qui n'inspireront jamais le moindre désir à personne… Je trouve que ça fait un peu "bonne sœur de la fesse"… Certes il peut y avoir plein de raisons de coucher avec quelqu'un (par curiosité par exemple…), et certes entre l'enthousiasme et le dégoût, y a des nuances, mais j'ai du mal à penser qu'on puisse institutionnaliser ce genre de rapports sans justement officialiser la misère sexuelle.
Parce que si on couche avec une personne sans le moindre désir, il faudrait au moins avoir, au minimum, de la sympathie pour elle. Ou juste de la pitié, mais là excusez-moi je trouve ça un peu glauque. Mais bon. La sympathie et la pitié ne sont pas du désir, mais coucher par sympathie ou pitié, c'est différent de coucher par devoir. Et coucher par devoir c'est justement une chose qu'on reproche à la prostitution. Et c'est justement ce qui rend le rapport prostitutionnel totalement glauque.
D'autant plus que je trouve ça hyper condescendant de considérer que quelqu'un est totalement incapable d'inspirer du désir et de donner du plaisir, et je me demande dans quelle mesure le conforter dans cette croyance est bénéfique. Déjà qu'on apprend dans une certaine mesure aux hommes qu'ils sont non-désirables et qu'ils ne peuvent pas donner de plaisir à leur partenaire (à moins d'être batis comme hulk et d'avoir une queue comme la tour eiffel, et encore), je pense qu'en les confortant dans leurs privilèges de "baiseurs" (qui prennent du plaisir sans en donner), on les enfonce en même temps dans leur détresse de losers puisqu'on estime qu'il est inutile d'attendre d'eux qu'ils donnent envie de coucher avec quelqu'un.
Quand aux femmes, on nous a suffisamment appris à nous valoriser à travers la satisfaction des désirs d'autrui sans tenir compte des notres… Je suis pas sure qu'encourager ce comportement soit bénéfique. Ca veut pas dire qu'on a pas le droit de se sentir valorisées ou excitées de donner du plaisir. Je pense juste que baser la sexualité là-dessus c'est pas sain.
C'est justement ce qui sonne creux dans les opinions de iacub: elle ne tient aucun compte des particularités culturelles, des cultures de genre, je crois même pas qu'elle sache ce que le mot "patriarcat" veut dire…?
Cette même "compassion" qui motive certaines prostituées dans le mythe de la "pute au grand cœur" (tant mieux quelque part ça les aide à se sentir valorisées alors qu'elles sont extrêmement stigmatisées). Celle qui accepte de s'occuper des délaissés qui n'inspireront jamais le moindre désir à personne… Je trouve que ça fait un peu "bonne sœur de la fesse"… Certes il peut y avoir plein de raisons de coucher avec quelqu'un (par curiosité par exemple…), et certes entre l'enthousiasme et le dégoût, y a des nuances, mais j'ai du mal à penser qu'on puisse institutionnaliser ce genre de rapports sans justement officialiser la misère sexuelle.
Parce que si on couche avec une personne sans le moindre désir, il faudrait au moins avoir, au minimum, de la sympathie pour elle. Ou juste de la pitié, mais là excusez-moi je trouve ça un peu glauque. Mais bon. La sympathie et la pitié ne sont pas du désir, mais coucher par sympathie ou pitié, c'est différent de coucher par devoir. Et coucher par devoir c'est justement une chose qu'on reproche à la prostitution. Et c'est justement ce qui rend le rapport prostitutionnel totalement glauque.
D'autant plus que je trouve ça hyper condescendant de considérer que quelqu'un est totalement incapable d'inspirer du désir et de donner du plaisir, et je me demande dans quelle mesure le conforter dans cette croyance est bénéfique. Déjà qu'on apprend dans une certaine mesure aux hommes qu'ils sont non-désirables et qu'ils ne peuvent pas donner de plaisir à leur partenaire (à moins d'être batis comme hulk et d'avoir une queue comme la tour eiffel, et encore), je pense qu'en les confortant dans leurs privilèges de "baiseurs" (qui prennent du plaisir sans en donner), on les enfonce en même temps dans leur détresse de losers puisqu'on estime qu'il est inutile d'attendre d'eux qu'ils donnent envie de coucher avec quelqu'un.
Quand aux femmes, on nous a suffisamment appris à nous valoriser à travers la satisfaction des désirs d'autrui sans tenir compte des notres… Je suis pas sure qu'encourager ce comportement soit bénéfique. Ca veut pas dire qu'on a pas le droit de se sentir valorisées ou excitées de donner du plaisir. Je pense juste que baser la sexualité là-dessus c'est pas sain.
C'est justement ce qui sonne creux dans les opinions de iacub: elle ne tient aucun compte des particularités culturelles, des cultures de genre, je crois même pas qu'elle sache ce que le mot "patriarcat" veut dire…?
- cleindoAncien⋅ne
- Messages : 2926
Date d'inscription : 20/01/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 10:05
Je continuerai sur un autre il si je trouve la motivation. Ca n'enlève rien à ma remarque sur ta façon de t'exprimer alors que moi j'ai parlé d'expérience perso.
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 11:17
Pour cette histoire de service, je me demande 2 choses:
- si tant de femmes iraient bénévolement dans une telle structure (puisque ça n'apporterait rien à celles qui sont dans la misère économique et qui se prostituent pour cette raison-là principalement), et donc ce "service" serait voué à l'échec (à moins qu'Ozon dise vrai).
- dans l'hypothèse où c'est le bénévole qui choisit, si ce ne seraient pas des hommes qui se porteraient volontaires pour "baiser avec n'importe qui", comme la société le leur apprend.
J'ai du mal à imaginer un tel service sans qu'il n'y ait aucun rapport de force (puisqu'il ne s'agirait pas de rencontres, mais bien d'une mise en adéquation entre offre et demande, même sans argent)
- si tant de femmes iraient bénévolement dans une telle structure (puisque ça n'apporterait rien à celles qui sont dans la misère économique et qui se prostituent pour cette raison-là principalement), et donc ce "service" serait voué à l'échec (à moins qu'Ozon dise vrai).
- dans l'hypothèse où c'est le bénévole qui choisit, si ce ne seraient pas des hommes qui se porteraient volontaires pour "baiser avec n'importe qui", comme la société le leur apprend.
J'ai du mal à imaginer un tel service sans qu'il n'y ait aucun rapport de force (puisqu'il ne s'agirait pas de rencontres, mais bien d'une mise en adéquation entre offre et demande, même sans argent)
- LuxLisbon—
- Messages : 304
Date d'inscription : 19/05/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 12:07
Van Poppel a écrit:Joli pipotron de type STRASSien, vraiment. Une caricature de discours "sex-positive" qui déculpabilise les clients et les baiseurs rugueux d'une manière générale. TOUS les lieux communs sont alignés (jusqu'à l'allusion au voile). C'est beau. C'est pas pour rien que les Masculinistes les citent à longueur de journée.
Suis-je venue te dire que tu étais sot/sotte ?Van Poppel a écrit:Ecoute, les enquêtes épidémiologiques (et en France celles de Trinquart et Salmona par exemple) sont parlantes. Qu'il y ait des féministes avec des matières fécales dans les yeux n'est pas mon problème ; plutôt le leur, avec toutes ces conneries et autres tergiversations (à la manière d'une Iacub elles servent de caution aux réaco-macho-masculinistes pro-tapin) non seulement on risque de ne PAS avoir de loi abolo, mais plutôt un option "pragmatique" à la Néerlandaise. Avec toutes les conséquences mentionnées par Araignée ci-dessus. De manière non-tempérante, je n'hésite pas à affirmer qu'il existe des Féministes sottes.
J'ose tout de même espérer qu'on peut avoir un discours différent du discours habituel et dominant, sans se faire automatiquement taxer de bêtise.
Oui, je soutiens le STRASS. Oui, j'ai des ami/es qui militent au STRASS. Ça fait de moi quelqu'un d'infréquentable ? Eh bien, les plus gênés s'en vont : je ne compte pas quitter un espace d'expression qui se nomme "féministe" tout cela parce que certains estiment que je ne rentre pas dans les petites cases habituelles du féminisme.
Mon féminisme consiste à défendre toutes les femmes, même celles qui choisissent de se prostituer, et je ne ferais pas l'erreur des misogynes en tous genres qui considèrent qu'on doit expliquer aux femmes ce qu'elles doivent faire ou ne pas faire.
Je ne suis évidemment pas pour l'esclavage sexuel, mais j'aimerais savoir en quoi une politique abolitionniste change fondamentalement la donne : l'exemple de la Suède est un échec, puisque les prostituées se sont retrouvées dans des situations de plus grande clandestinité (réfléchissez : pénaliser le client, c'est agir aussi sur la prostituée qui va aller chercher le client là où il est, donc caché, s'il est hors-la-loi).Araignée a écrit:Primo, la majorité des prostituées ne disposent librement de rien du tout : ce sont des esclaves. Et pire : des esclaves sexuelles, c'est à dire que leur "activité" consiste à être forcées de coucher avec des hommes, c'est à dire à être violées (un rapport sexuel forcé, c'est un viol). Dans les pays réglementaristes (ceux qui autorisent et organisent la prostitution, avec système de maisons closes, quelque soit le nom qu'on leur donne), le nombre de prostituées est plus élevé que dans les pays abolitionnistes (ceux qui n'interdisent pas la prostitution, mais visent à la réduire au maximum, en interdisant toute forme de proxénétisme, voire en punissant le fait d'être client), et le nombre d'esclaves sexuelles est lui aussi, plus élevé. Réglementer la prostitution, c'est permettre aux proxénètes d'avoir un chouette pays où vendre leurs esclaves plus facilement. Parce que bon, le trafic d'esclaves sexuel(le)s, c'est pas demain que ça va disparaître par pur soucis éthique des trafiquants, c'est une des trois choses qui brasse le plus de fric sur terre, juste après les armes et juste avant les drogues (sauf que là, on ne parle pas d'objets ou de substances, mais d'êtres humains...).
Je suis évidemment tout à fait d'accord avec l'idée que le trafic d'êtres humains ne cessera pas demain, même si on décide de pénaliser les clients ou d'abolir la prostitution. Il est donc ridicule de mettre ces personnes-là dans des situations encore plus dangereuses.
La question des abus sexuels me laisse toujours circonspecte. Interdit-on à une femme d'aller chercher l'image de son père lorsqu'elle se marie, car elle a eu une enfance particulière ? Interdit-on à un homme de préférer la compagnie d'autres hommes car il a eu une mère trop fusionnelle ?Araignée a écrit:Secondo, parmi les prostituées qui ne sont pas des esclaves, près de 90% ont été victimes d'abus sexuels étant mineures (majoritairement inceste, mais aussi pédophilie et viols). Ces femmes (et hommes, d'ailleurs) dont j'ai fait partie, ne se prostituent pas parce que c'est un chouette métier qui gagne bien, mais parce que quand on a subi des abus sexuels, on perd en estime de soi, en considération pour son propre corps, et on gagne en capacité à vivre quelque chose de foncièrement violent. Alors oui, il y a quelques prostituées qui ne sont pas des esclaves et qui ne reproduisent pas non plus des abus sexuels, qui le vivent bien, l'assument et disposent librement de leur corps. Peut-on, au nom de ces exceptions, favoriser un système où les plus vulnérables seront vues non comme des victimes, qu'elles sont (victimes de la traite, de violences sexuelles, de la misère économique) mais comme des travailleuses comme les autres ? moi, je vois ça comme un abandon (et quand j'y repense, j'aurais tellement aimé que notre société reconnaisse vraiment la prostitution comme une violence, que les flics, ou les passants, ou n'importe qui, en me voyant sur le trottoir, aient eu la même réaction que si j'avais été agressée, et me seraient venus en aide, comme ils me seraient venus en aide si au lieu de tapiner, j'avais été en train de tenter de me suicider. Et pour toutes ces femmes - et ces hommes - qui y sont encore, oui, c'est de cette société-là dont je rêve...)
Bien sûr que ce qu'on a vécu nous façonne. Bien sûr que cela fait ce que l'on est, et la manière dont on aborde notre sexualité. Mais ce n'est pas en éliminant la conséquence (prostitution, ou pornographie, puisque le même discours est tenu quant aux deux industries) qu'on éliminera la cause. Militons pour que les victimes d'abus sexuels soient réellement prises en charge, de manière intelligente, suivie ; que ces personnes ne se retrouvent jamais dans de nouvelles situations d'abus ou d'auto-mutilation. Mais tenter d'abolir la prostitution ne changera rien au problème : de toute manière, j'ose croire qu'aucune raison de se prostituer ne trouvera grâce à vos yeux (si c'est pour l'argent, alors ça veut dire qu'on y est forcé, et c'est mal ; si c'est par plaisir, c'est parce qu'on a une drôle de vision de la sexualité, et c'est mal ; si c'est parce qu'on a vécu des traumatismes pendant son enfance, et qu'on essaie de gérer sa sexualité comme on peut, c'est mal...).
Cela me rappelle le film A Dangerous Method, de Cronenberg, où la maîtresse de Jung aime se faire fesser, parce qu'elle a été victime d'abus dans son enfance. La sexualité est une nébuleuse difficilement compréhensible et rarement raisonnable : doit-on l'empêcher de se faire fesser, alors qu'elle y prend du plaisir ?
Je ne me fais pas d'illusions, je sais que ma sexualité est façonnée par ce que j'ai vécu étant enfant, adolescente. Je sais que je ne suis pas un pur esprit ou un corps pur qui a décidé, du jour au lendemain, d'aimer telle ou telle chose. La prostitution est un de ces dérivés et, encore un fois, je m'interroge quant au curseur posé par ce genre de réactions : si on interdit aux femmes de se prostituer parce qu'elles ont été abusées étant enfant, doit-on leur interdire d'avoir des relations sexuelles BDSM, par exemple ? Quelle est la différence, fondamentalement ? Le consentement est également biaisé, selon votre point de vue, puisqu'il y a un traumatisme passé qui provoque ces désirs...
Quant à ta propre histoire, je ne me permettrais pas de la juger, et je comprends tout à fait que tu puisses ressentir cela.
On en revient à ce que je disais plus haut : pénaliser les clients, c'est pénaliser les prostituées. Il s'agira d'aller dans des coins plus reculés, aux frontières notamment (c'est ce qui se passe en Suède où la prostitution frontalière a explosé), et où les prostituées seront davantage la proie de certains prédateurs. Il n'y aura personne pour les protéger si cela se passe mal. Ce n'est pas ce que je souhaite : la pénalisation des clients n'éradiquera pas la prostitution, donc laissons au moins les prostituées faire leur métier dans des endroits où elles ne seront pas aussi fragilisées.Araignée a écrit:Tertio, je suis aussi totalement contre le fait d'interdire aux femmes de se prostituer, raison pour laquelle je suis abolitionniste, et non prohibitionniste (le prohibitionnisme, en vigueur dans tous les USA, sauf État du Nevada, interdit le proxénétisme, le fait d'être client, et le fait de se prostituer). Par contre je suis totalement pour la pénalisation des clients, d'abord parce que le client, il n'a aucun moyen de savoir si la femme qu'il paye, elle fait partie du mini pourcentage qui l'a choisi vraiment librement, ou si elle fait partie de l'immense masse des esclaves et des personnes psychiquement vulnérables qui trouvent dans le tapin une façon de se détruire en gagnant un peu d'argent (et en fait, la plupart s'en foutent). Ensuite parce que payer quelqu'un qui ne coucherait pas si elle/il n'était pas payé(e), c'est acheter son consentement, et que non, je ne veux pas d'une société ou le consentement sexuel serait une marchandise.
Je ne suis pas d'accord non plus en ce qui concerne ta vision du consentement sexuel : le consentement sexuel est quelque chose qui ne regarde que les personnes intéressées. Il ne s'agit pas de l'acheter, il s'agit d'un échange entre deux personnes qui ont, chacune, quelque chose que l'autre recherche. La prostituée veut de l'argent, le client veut un acte sexuel. C'est quand même bien à la prostituée de décider si elle consent, ou non, et pas à toi, ou à moi, de décider pour elle.
Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ne pas être abolitionniste ne signifie pas qu'on estime que toutes les prostituées doivent rester dans la situation dans laquelle elles sont si elles n'en sont pas heureuses.Araignée a écrit:Bref, faut peut-être regarder un peu plus loin que "le droit de disposer librement de son corps" (ou alors, on estime que tout le monde est à égalité, qu'il n'existe personne de vulnérable, on balaye l'esclavage de la main, et tant qu'à faire, quand quelqu'un tente de se suicider, on estime qu'il/elle dispose juste "librement de son corps" et on ne cherche pas à l'aider).
J'estime qu'au lieu de vouloir pénaliser les clients, interdire le racolage, et autres mesures qui ne pénalisent au fond que les travailleurs et travailleuses du sexe, on ferait mieux de s'intéresser aux réseaux qui amènent des filles étrangères dans nos pays occidentaux et qui, effectivement, en font des esclaves. Qu'on ferait mieux de développer des aides pour les femmes (et surtout les mères) isolées, qui se retrouvent obligées de se prostituer quand ce métier leur fait horreur (d'ailleurs, toutes les personnes prostituées que je connais l'admettent sans aucune peine : la prostitution est une grande violence si on se l'inflige alors qu'on n'aime pas ça). Qu'on ferait mieux de créer davantage de passerelles pour ces personnes qui se retrouvent avec des années de trou sur leur CV, afin de leur permettre de rebondir et de retrouver rapidement un emploi.
Oui, je sais que beaucoup de prostituées sont vulnérables, et qu'elles font ça sans l'avoir choisi. Ceci étant dit, je sais aussi qu'il y en a beaucoup qui font ça par choix, et qu'on ne réglera aucun problème en pénalisant les clients sans mettre de vrais moyens pour la lutte contre les réseaux et pour la réinsertion de femmes isolées.
C'est trop aimable de considérer que je réfléchis peu, ou pas assez, mais la question de la prostitution m'intéresse depuis très longtemps, et mes convictions sur le sujet sont tout à fait réfléchies.cleindo a écrit:Pour ce qui est de luxlisbon, beaucoup pensent comme ça quand on commence tout juste à se poser des questions, c'est juste dommage en effet qu'elle ai répondu en n'ayant lu que la première page, mais je subodore qu'on a été un paquet à ne pas avoir les idées parfaitement en place en un clignement d'oeil.
- cleindoAncien⋅ne
- Messages : 2926
Date d'inscription : 20/01/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 13:15
ba c'est pas la peine de me sauter à la gorge... J'ai juste dit (vu que tu soulignais n'avoir lu que la première page) que c'était pas utile de porter un jugement de "renégate" sur 5 lignes.
Bon et puis ne pas connaitre une situation ce n'est pas être débile non plus (ou alors j'ai un QI négatif à ce compte là)
Sérieux ce forum me fatigue de plus en plus... doit y avoir trop d'ego au mètre carré.
Bon et puis ne pas connaitre une situation ce n'est pas être débile non plus (ou alors j'ai un QI négatif à ce compte là)
Sérieux ce forum me fatigue de plus en plus... doit y avoir trop d'ego au mètre carré.
- Lubna—
- Messages : 359
Date d'inscription : 04/01/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 13:49
Différent de quoi?LuxLisbon a écrit:
J'ose tout de même espérer qu'on peut avoir un discours différent du discours habituel et dominant, sans se faire automatiquement taxer de bêtise.
.
Le discours dominant c est toi qui le véhicule.
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 14:02
Van Poppel, merci de modérer tes propos.
Je rejoins Lux sur le fait que chaque femme doit pouvoir être libre de disposer de son corps. Si demain j'ai envie de me prostituer, ça ne regarde que moi.
Le problème (enfin tel que je vois ça en tout cas) est la façon dont est vue la prostitution, que ce soit par les clients/sympathisants et les abolitionnistes. Ce qui me dérange le plus est "ça permet qu'il y ait moins de viols" ou les trucs de ce genre. Sérieux ? C'était sûrement vrai à une époque où baiser une meuf venant des bas-fonds de la rue et lui donner quelques pièces en échange, tout le monde s'en foutait, et personne ne risquait grand chose, a contrario si c'était une femme de noblesse là c'était mal.
Mais la prostitution ce n'est plus ça, et maintenant, malheureusement, les "assouvissements de pulsions", c'est avec n'importe qui que certains le font, consentement ou non.
Ce qui me gène dans la prostitution, ce sont ces arguments bidons, alors que le fait de pouvoir disposer sont corps est plus juste à mon sens. Ce qui me gène aussi, ce sont les proxénètes derrière, ou le besoin d'argent "facile". Après, pourquoi une femme/un hommes ne pourrait pas être prostitué.e si cette personne aime avoir des relations sexuelles avec des inconnu.e.s et donc tant qu'à y être gagner des sous en faisant ce qui lui plaît ?
Après, même si la prostitution était cool et glamour, je ne pense pas que ce serait possible de l'exercer bien longtemps, tout au plus une petite dizaine d'années.
Enfin bon, pour résumer, je ne suis ni pour, ni contre.
Je rejoins Lux sur le fait que chaque femme doit pouvoir être libre de disposer de son corps. Si demain j'ai envie de me prostituer, ça ne regarde que moi.
Le problème (enfin tel que je vois ça en tout cas) est la façon dont est vue la prostitution, que ce soit par les clients/sympathisants et les abolitionnistes. Ce qui me dérange le plus est "ça permet qu'il y ait moins de viols" ou les trucs de ce genre. Sérieux ? C'était sûrement vrai à une époque où baiser une meuf venant des bas-fonds de la rue et lui donner quelques pièces en échange, tout le monde s'en foutait, et personne ne risquait grand chose, a contrario si c'était une femme de noblesse là c'était mal.
Mais la prostitution ce n'est plus ça, et maintenant, malheureusement, les "assouvissements de pulsions", c'est avec n'importe qui que certains le font, consentement ou non.
Ce qui me gène dans la prostitution, ce sont ces arguments bidons, alors que le fait de pouvoir disposer sont corps est plus juste à mon sens. Ce qui me gène aussi, ce sont les proxénètes derrière, ou le besoin d'argent "facile". Après, pourquoi une femme/un hommes ne pourrait pas être prostitué.e si cette personne aime avoir des relations sexuelles avec des inconnu.e.s et donc tant qu'à y être gagner des sous en faisant ce qui lui plaît ?
Après, même si la prostitution était cool et glamour, je ne pense pas que ce serait possible de l'exercer bien longtemps, tout au plus une petite dizaine d'années.
Enfin bon, pour résumer, je ne suis ni pour, ni contre.
- ArtémiseBleu⋅e
- Messages : 35
Date d'inscription : 20/05/2013
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 14:13
Le proxénétisme peut assez pertinemment être comparé à l'Hydre de Lerne. La demande et les enjeux financiers sont tels que dès qu'on démantèle un réseau il y en a "deux autres" qui arrivent instantanément pour le remplacer. Donc, et histoire de rester dans les comparaisons mythologiques, chercher à lutter contre la traite (et le proxénétisme artisanal aussi d'ailleurs) en se contentant de traquer les proxos revient juste à essayer de remplir le tonneau des Danaïdes. Et refuser d'agir sur la demande, qui elle se fout bien de ce qu'elle achète, sonne à mes oreilles comme une condamnation et un abandon totale des victimes. Une dernière comparaison : si l'on se contentait d'interdire le braconnage et le trafic sans légiférer sur l'achat des "produits" en question, quel serait le résultat ? Déjà que la situation de ces pauvres bêtes est terrible, même avec (un peu, pas assez et loin de là) de protection judiciaire, alors sans ça ce serait juste l'hécatombe et les espèces concernées ne feraient pas long feu...
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 14:22
Je suis d'accord, la prostitution telle qu'elle est nuisible (quel bel euphémisme).
Par contre, je rejoins Araignée avec son commentaire dans le topic sur le film "Jeune et Jolie" de Ozon :
Par contre, je rejoins Araignée avec son commentaire dans le topic sur le film "Jeune et Jolie" de Ozon :
Voilà, ça peut exister, mais c'est souvent l'aiguille dans la botte de foin (je ne parle pas d'avoir 17 ans et de se prostituer, mais de prendre du plaisir à le faire).Araignée a écrit:C'est pas l'idée que ça puisse exister (après tout, des exceptions confirmant les règles, y en a toujours eues) qui me choque, c'est de présenter ça comme ça, et de passer à la trappe la violence des clients, les abus sexuels avant de devenir prostituée, les conséquences psy, toute cette merde qui, quand j'en parle, étonne toujours la plupart des gens (quand ils ne refusent pas tout bonnement d'y croire...). A part ceux qui se sont intéressés à la question et certains psys sans doute plus rares qu'on pourrait le croire, personne ne sait ça.l'histoire d'une adolescente de 17 ans qui se prostitue pour le plaisir
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 14:30
Euh oui, m'enfin en même temps ça n'exonère pas d'une réflexion sur ce qui se cache derrière le "plaisir". J'ai connu (pas comme client) une prostituée qui aimait se faire brûler par des mégots de clopes et uriner dans le vagin (CAD recueillir les déchets des hommes dans son intimité). Le combo rhétorique "plaisir + entre adultes consentants" semble constituer un bouclier à toute réflexion sur le sujet, et ça m'agace. Précisément parce que c'est l'un des arguments les plus utilisés par les prostitueurs. Les gens ont tendance à penser que tout ce qui procure du plaisir est forcément positif. Que des masos prennent plaisir à leur humiliation/destruction, soit, il ne s'agit pas de les en empêcher. En revanche, qu'elles ne viennent pas quémander une légitimation sociale de ce qui faut bien appeler leur pathologie mentale, et l'instauration d'un cadre réglementaire qui va nuire aux autres femmes dans leur ensemble. A commencer par celles amenées sur les trottoirs ou dans les bordels de pays à l'approche "pragmatique", comme les Pays-Bas, l'Allemagne ou l'Espagne. Sans parler de l'impact sur la culture du viol, comment pourra-t-on éduquer les jeunes mâles à associer désir et consentement, à ne pas être des baiseurs-profiteurs de détresse si on rouvre des bordels un peu partout ?
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 14:36
Mais est-ce qu'en avoir une analyse politique légitime le fait de refuser les choix et les goûts individuels ?
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 14:37
Et parce que tu juges que les prostitueurs ont leur mot à dire ? Moi, non.Van Poppel a écrit:Précisément parce que c'est l'un des arguments les plus utilisés par les prostitueurs.
Aussi là je vois un parallèle sm/prostitution, pathologies mentales, etc. Et franchement, ça n'a strictement rien à voir.
+1 Lila
- InvitéInvité
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 14:39
Tu es atrocement péremptoire. Et, oui, que tu le veuilles ou non, dans un cadre non-abolo, CAD où l'on ne juge pas la prostitution comme étant intrinsèquement un problème, les prostitueurs ont leur mot à dire. Ils en font un enjeu de liberté individuelle, et non un problème spécifique à la condition féminine. Raison pour laquelle les macho-masculinistes n'hésitent jamais à récupérer les discours du STRASS.
- JezebelAncien⋅ne
- Messages : 2182
Date d'inscription : 18/07/2012
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 14:42
Je réagis rapidement aux propos du type "ça ne regarde que moi".
Je suis sans doute une control-freak de la condition féminine (on m'a accusée d'être une dictatrice sur un autre forum) mais dans la situation présente (et passée, et, hélas, sans doute future), non, ce que fait chaque femme ne regarde pas qu'elle mais l'ensemble de la classe femme ('cest d'ailleurs ce qu'exprime ma signature)
On a beau baigner dedans depuis un bail (toute notre vie pour certains/certaines) à un moment il faut savoir prendre du recul par rapport à l'individualisme forcené proné par l"idéologie néo-libérale ambiante.
J'ai du mal à voir une once de cohésion dans un mouvement de libération si chacun y est pour sa pomme et pense que chacune devrait y être de la même manière. Et je pense encore moins que la libération des femmes passe par la revendication de phénomènes oppressifs au nom de la liberté. Genre c'est mon choix d'avoir une conduite qui est oppressive.
Je suis sans doute une control-freak de la condition féminine (on m'a accusée d'être une dictatrice sur un autre forum) mais dans la situation présente (et passée, et, hélas, sans doute future), non, ce que fait chaque femme ne regarde pas qu'elle mais l'ensemble de la classe femme ('cest d'ailleurs ce qu'exprime ma signature)
On a beau baigner dedans depuis un bail (toute notre vie pour certains/certaines) à un moment il faut savoir prendre du recul par rapport à l'individualisme forcené proné par l"idéologie néo-libérale ambiante.
J'ai du mal à voir une once de cohésion dans un mouvement de libération si chacun y est pour sa pomme et pense que chacune devrait y être de la même manière. Et je pense encore moins que la libération des femmes passe par la revendication de phénomènes oppressifs au nom de la liberté. Genre c'est mon choix d'avoir une conduite qui est oppressive.
Re: La prostitution n'est pas un métier
22.05.13 14:48
Je tiens à préciser que ma question était une vraie question et pas une question rhétorique.
@ Jezebel. Si on suit ton raisonnement jusqu'au bout, qu'est-ce que tu suggères ? Que chaque femme, individuellement, renonce à ses choix propres pour des raisons politiques ? Ou d'interdire certaines pratiques car allant contre l'ensemble de la classe femme ?
@ Jezebel. Si on suit ton raisonnement jusqu'au bout, qu'est-ce que tu suggères ? Que chaque femme, individuellement, renonce à ses choix propres pour des raisons politiques ? Ou d'interdire certaines pratiques car allant contre l'ensemble de la classe femme ?
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