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La prostitution n'est pas un métier

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07.09.12 17:45
Lady Pora a écrit:Merci les féministes institutionnelles !

Ca serait bien de ne pas mettre tous le monde dans le même sac.
Il semblerait que dans les faits on ne puisse compter sur personne. L'opinion publique pense que la prostitution n'est pas un problème puisque c'est un "choix" et que yaka s'en prendre aux réseaux (on a vu comme ça marchait). Les institutions n'en ont effectivement rien à foutre et n'accorderons pas suffisemment de moyens, je pense qu'on est tous et toutes d'accord la dessus et je pense que pas mal des abo sont réalistes sur le sujet.
Accuser les féministes abolitionnistes d'empirer les conditions des prostituées, là, je ne suis plus, par contre, alors que ce sont ces même associations abolitionnistes qui se bougent depuis des années pour les aider. Faudrait voir à pas exagérer, non plus.
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07.09.12 19:20
Autrement dit, les militants ne sont pas responsables de l'état pitoyable de la politique française.

S'il y a quelqu'un à tanner sur certains aspects de la prostitution (militaires, prostitution de luxe pour les footballeurs et les politiques..), ce sont les politiques. Mme Belkacem par exemple Razz
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07.09.12 19:32
Tiens, au sujet des militaires français qui ont recours à la prostitution à l'étranger, est-ce que cet article s'applique ?

C'est la loi sur le "tourisme sexuel". Elle est liée à celle-ci, qui interdit d'avoir recours à la prostitution de mineurs. Surtout s'ils ont moins de quinze ans.

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Judy Squires

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07.09.12 20:50
Grunt a écrit:Autrement dit, les militants ne sont pas responsables de l'état pitoyable de la politique française.

C'est un peu facile quand un certain nombre de militantEs des mouvements féministes et/ou LGBT institutionnels se sont mis à migrer avec décision vers les cabinets ministériels socialistes depuis quelques mois : OLF et l'Inter-LGBT tirent quand même bien leur épingle du jeu non ?
Juste comme ça, le principal promoteur du projet de loi de pénalisation des clients au PS, c'est OLF.
Plus largement, une idée qui devrait faire son chemin dans les mouvements abos pour protéger les travailleuSEs du sexe, ce serait par exemple de s'indigner un minimum du fait que le gouvernement n'envisage absolument pas d'abroger le délit de racolage passif avant de mettre en place la pénalisation ; le projet actuel, c'est de garder l'un ET d'instituer l'autre.

Plus largement pour moi, féminisme institutionnel = participation aux institutions (nette pour certaines orga et/ou mouvements) ou a minima confiance dans les institutions (pour moi soutenir la pénalisation du client, c'est un peu imaginer que la police n'est pas un instrument de domination de classe, qu'on peut travailler avec et ça LOL (LOL un peu déprimé surtout))
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08.09.12 4:48
Lady Pora a écrit:
Plus largement, une idée qui devrait faire son chemin dans les mouvements abos pour protéger les travailleuSEs du sexe, ce serait par exemple de s'indigner un minimum du fait que le gouvernement n'envisage absolument pas d'abroger le délit de racolage passif avant de mettre en place la pénalisation ; le projet actuel, c'est de garder l'un ET d'instituer l'autre.

Ben c'est le cas, les abo réclament l'abrogation de cette loi depuis sa création.
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08.09.12 9:42
la ministre a confirmé qu'elle allait le supprimer, même si on peut quand même se poser la question si elle va effectivement le faire et quand Neutral
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08.09.12 11:32
D'après le STRASS, la ministre ne veut supprimer le délit de racolage passif que si une autre loi (abolitionniste probablement) le remplace :
http://site.strass-syndicat.org/2012/07/le-strass-a-rencontre-mme-vallaud-belkacem-le-strass-demande-toujours-sa-demission/ a écrit:En réponse à notre question « à quand l’abrogation du délit de racolage, que votre parti nous promet depuis des mois, mais qui continue de légitimer tous les jours une répression qui ne semble que s’accroître ? », il nous fut confirmé que ce n’était plus vraiment à l’ordre du jour, ou en tout cas pas avant qu’une nouvelle loi soit votée (« pour supprimer une loi, il faut d’abord en faire une autre »), notamment celle déposée par l’ex-députée Danièle Bousquet, proposant de pénaliser nos clientEs

Il n'y a rien qui impose ce remplacement d'une loi par une autre, dans nos institutions. Le délit de racolage passif pourrait être dégagé dès maintenant par la majorité PS, sans attendre l'élaboration d'une autre loi.

Le délit de racolage passif fait l'unanimité contre lui, pourquoi le maintenir ? Neutral
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08.09.12 20:49
Lady Pora a écrit:Plus largement, une idée qui devrait faire son chemin dans les mouvements abos pour protéger les travailleuSEs du sexe, ce serait par exemple de s'indigner un minimum du fait que le gouvernement n'envisage absolument pas d'abroger le délit de racolage passif avant de mettre en place la pénalisation ; le projet actuel, c'est de garder l'un ET d'instituer l'autre.

A mon sens, c'est un gros noeud du problème. On prétend vouloir un système à la suédoise, sauf qu'en Suède, les prostituées sont reconnues comme des victimes. En gardant la loi sur le racolage, on les désigne comme des délinquantes... avec tout ce que ça implique dans l'inconscient collectif (y compris celui des flics), car les lois agissent sur la façon de penser, et donc d'agir, des gens (il n'y a qu'à voir à quel point l'alcool est accepté et banalisé alors que les usagers de drogues illégales sont montrés du doigts et leurs droits souvent bafoués). En fait, on se rapproche plutôt du système des USA : clientélisme et prostitution interdits (et la situation des prostituées aux USA est catastrophique). Je suis plutôt favorable à la pénalisation des clients, mais dans un contexte où les prostituées disposent d'un statut de personnes vulnérables à protéger, et non entaché par une accusation de trouble à l'ordre public et à la sécurité ; sinon effectivement les prophéties du STRASS sur l’aggravation des risques pour les prostituées ont de fortes chances de se réaliser.
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12.09.12 8:14
Très intéressant, ce schéma sur l’espace personnel et les constatations de son envahissement.
Concernant le fait que le personnel médical fait des « intrusions », je comprends que ça puisse être mal vécu mais la comparaison avec la prostitution n’a pas de sens : le pénétrant se fait payer et la personne pénétrée paie pour un service. Tout le contraire de la prostitution, en somme.
Et on va rarement chez le dentiste pour le plaisir de se faire chipoter la bouche, c'est très mal vécu par une majorité de gens.
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12.09.12 9:47
pierregr a écrit:Très intéressant, ce schéma sur l’espace personnel et les constatations de son envahissement.
Concernant le fait que le personnel médical fait des « intrusions », je comprends que ça puisse être mal vécu mais la comparaison avec la prostitution n’a pas de sens : le pénétrant se fait payer et la personne pénétrée paie pour un service. Tout le contraire de la prostitution, en somme.
Dans le cas de la prostitution, justement, le corps médical peut malgré tout être ressenti comme intrusif, cf http://ecvf.online.fr/IMG/pdf/Trinquart.pdf.pdf (page 103).
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13.09.12 13:20
J'espère que ça a pas été déjà posté ici, mais je suis tombé sur une critique de l'idée d'acceptation de la prostitution comme plus vieux métier du monde..

Source : http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article199



La prostitution n'est pas un métier - Page 4 Prostitution

Lucy, une prostituée ?

janvier 2003

La prostitution est-elle une activité générique d'homo sapiens ? Dans les sociétés où la prostitution a existé, les prostituées ont-elles pratiqué une activité universelle, libre et consciente qui réalisait un accomplissement “authentique” (sic) de leur individualité et de la vie en commun ? La promotion de la prostitution “libre” et la “libération” généralisée de la pornographie esthétisée, n'exprime-t-elle pas, comme quelques autres “avancées” biotechnologiques et biocybernétiques, la profondeur de la perte de toutes certitudes sur ce que peut être aujourd'hui une activité humaine réalisée à titre humain ?

Ce sont pourtant ces quelques questions qui sont présupposées dans l'appel à la liberté de se prostituer1 et que ses signataires, au mieux ignorent ou plus vraisemblablement mystifient.
La profession de foi sexo-émancipatrice de ces féministes modernistes repose sur une double affirmation qui donne le change à la double négation du titre : oui, il existe une “prostitution forcée qui s'exerce dans la contrainte” et “il faut la combattre” car elle est dominée par le “phénomène maffieux” ; oui, la prostitution est “une activité humaine” ordinaire qu'on doit libérer de ses anciens asservissements sacrés, culpabilisateurs et répressifs. Une fois ces libérations obtenues, il faut “instituer un espace de prostitution libre [qui] permettrait de mieux combattre les véritables réseaux d'esclavages sexuels, sans précariser ceux et celles qui n'ont rien à voir avec cette activité criminelle”. Car la sexualité entre adulte est “à considérer comme un commerce”, dont le libre exercice, “sans désir ni amour,” doit être garantit par “une certaine idée de la démocratie en matière de mœurs”2. Cette annonce publicitaire est accompagnée d'un couplet contre les lois récentes sur la sécurité qui ne proposent “aucun espace alternatif” où les prostituées seraient “au moins tolérées” et ou “les clients ne seraient pas pénalisés”.

Et le tour est joué, et le coup est tiré ! Sous l'esclavage sexuel… la plage du contrat entre gens “de métier”, un pacs à chaque passe en quelque sorte ! Du déjà trop libertarien mot d'ordre situationniste, en mai 68 : “Vivre sans temps mort et jouir sans entrave”, on aboutit donc à celui très managerial d'aujourd'hui : “Capitaliser sans remords et jouir sans déprave” ! Voyons ce qu'implique cet affichage politique et disons nos raisons pour le combattre.

La prostitution n'est pas “le plus vieux métier du monde”. Elle n'a pas été présente, tant s'en faut, dans toutes les sociétés humaines. Dans les sociétés protohistoriques comme dans les sociétés primitives et les sociétés traditionnelles, la prostitution n'existait pas. Se détachant peu à peu de sa fonction religieuse (la “prostituée sacrée” comme vestale et comme exorciste de la menace que les femmes faisaient peser sur la communauté abstraite de la religion), elle apparaît comme “marché” dans les sociétés où l'État, aux mains d'une classe sociale dominante (une aristocratie, une oligarchie, une théocratie), exerce sa puissance et sa tutelle sur le reste de la société. Il faut que le rapport marchand urbain se soit autonomisé comme espace d'échange de valeur pour que “le commerce” sexuel s'y rattache. Les empires-États mésopotamiens, les dynasties pharaoniques égyptiennes, les cités-États de l'Asie mineure (800 av. J. -C.) et bien sur les Cités-États grecques et l'Empire romain, non seulement permirent, mais établirent la prostitution comme catalyseur d'urbanisation et opérateur de la circulation de la valeur.

Par contre elle a disparu, ne l'oublions pas, lors de moments historiques révolutionnaires ou dans certains modes de vie communautaires qui ne réprimaient pas la sexualité.

Si les signataires se réfèrent à cet “authentique métier” de la prostitution et non au “travail du sexe” comme le revendiquent de nombreux courants syndicalistes ou associatifs, c'est qu'elles se situent implicitement, comme “prostituées libres”, dans la sphère aujourd'hui la plus capitalisante des activités humaines, celle de l'individualité humaine. Sans doute aussi imaginent-elle se démarquer des représentations négatives liées à l'ancienne classe du travail. Tout se passe comme si, elles avaient, pris acte du fait, qu'aujourd'hui, pour le capital, “créer de la valeur” nécessite de moins en moins de travail humain productif3. Car c'est bien l'ensemble des activités humaines (et notamment celles qui étaient considérées, dans la période du capitalisme industriel, comme “improductives”) qui passent désormais dans la broyeuse de la valorisation. Non seulement travail et non travail, produits et œuvres4, ne se distinguent plus, mais c'est directement la vie toute entière qui est capitalisée. L'ancien statut du travail et son droit se résorbent dans la contractualisation de tous les rapports sociaux. Se référer à ce statut pour faire reconnaître des droits et des garanties aux “travailleuses du sexe5” apparaît donc comme un stade dépassé aux “artistes du sexe” que se veulent ces féministes modernistes. Elles se posent donc comme professionnelles des métiers des arts et du spectacle, réalisant une œuvre avec chaque client. “Fais de ton sexe une œuvre”, tel est le singulier avatar sous lequel se donne, chez elles, l'ancien mot d'ordre des surréalistes “fais de ta vie une œuvre”, proclamé lorsque la réalisation de l'art dans la vie quotidienne était encore à l'ordre du jour de la révolution.

Il est une autre implication de ce prospectus qui mérite d'être explicitée car elle exprime l'utopie que le capital cherche furieusement à réaliser (sans y parvenir !) en éliminant chez les êtres humains quasiment toutes les dimensions de leurs déterminations naturelles : la finitude humaine, le besoin et le désir humains, l'individualité humaine, la communauté humaine, la connaissance humaine, les rapports à la biosphère que les hommes partagent avec les autres vivants, etc. Désigner comme une liberté à conquérir le fait qu'une femme puisse, enfin, “consentir librement à un rapport sexuel sans désir ni amour” relève de cette dynamique de dissociation en vue de composer un individu-particule aux fonctions autonomisées qui “gère” l'une ou l'autre d'entre elles selon les nécessités immédiates de son activité “librement” capitalisée. Car cette “certaine idée de la démocratie en matière de mœurs” que ces sex-militantes appellent de leurs vœux, doit réaliser chez chaque individu, une extériorisation “du sexe”, enfin purgé des scories traditionnelles et “sacrées” de l'ancienne sexualité humaine, de manière à ce que “le sexe” puisse être valorisé dans toutes les combinatoires possibles et imaginables. Quant à l'amour, il est bien trop chargé de temporalité humaine, de dimensions cosmiques et d'union potentielle avec l'ensemble de la communauté humaine pour en tolérer le moindre de ses élans dans le programme réificateur de cette démo-sexocratie.

Jacques Guigou
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12.11.12 16:02
Article intéressant qui prend le problème à l'envers
Voici le début

Qui recourt à la prostitution ? Les victimes ou les agresseurs ?

La version officielle est la version de l’agresseur : elle retourne la vérité.

J’entends de plus en plus répéter : « Temps de crise, précarité des femmes … elles vont recourir encore plus à la prostitution » … Les uns se frottent les mains, les autres s’alarment. Mais tous expliquent l’explosion de l’industrie du viol par l’agence des femmes, l’agence d’un sujet rationnel économique. On fait ainsi un lien entre hold up capitaliste et explosion de l’industrie du viol, sans même se demander si les hold-up ne marcheraient pas ensemble plutôt que de penser que les plus faibles se débrouillent …. On attribue aux femmes la capacité d’entraîner l’expansion du secteur, et on arrive à nous faire croire que dans une situation de crise, les femmes, elles, se débrouillent. En effet, ça tombe bien, les emplois semblent réservés car l’écrasante majorité des « travailleuses » sont … des femmes !Il existerait un secteur, visiblement économique, qui leur permettrait de survivre en temps de crise.

Dire »Les femmes se prostituent « pour l’argent » » semble être un truisme. Il est évident pour tous d’expliquer la prostitution du côté des femmes par le calcul économique. Il suffit d’ajouter la motivation du proxénète (elle aussi économique bien-sûr) et du bien-nommé « client » (elle aussi pragmatique = 0 tracas, 0 blabla, assurance sexe), et voici un système qui rassemble les intérêts de tout le monde. A croire qu’il n’y a aucune arnaque.

Comment prétendre nous faire croire que les hommes choisissent d’être proxénète plutôt qu’agent immobilier, par simple appât du gain ? Quel prix à leur fortune ? La terreur ou la haine dans chaque geste, chaque regard de toute femme qu’ils approchent, les coups et le viol pour méthode de gestion, le crime et la violation de tout ce qui fait l’humain pour compétence. Comment ne pas y voir la vraie motivation : le sadisme, le sadisme élevé à son plus haut degré car alimenté par la haine des femmes.

Comment oser nous faire croire que les hommes choisissent de recourir à la prostitution par pur calcul pragmatique ? Quel coût humain a leur sexe facile et leur tranquilité ? Ignorer ou scruter les signes de peur d’une femme seule dans la rue, la nuit, à la merci de n’importe quel agresseur. L’approcher comme tel, et voir l’effort de contrôle qu’elle consent pour venir chercher ce qui la fera vivre. Approcher cette femme qui les hait, les méprise … surmonter le dégoût qu’elle a de lui, le maquiller en désir ostentatoire, surmonter la vision d’abjection qu’il lui inspire en désirant la maltraiter par et pour plaisir. Etouffer le moindre de ses réflexes (rejet, larmes ou cris de douleurs, silence, retrait en soi, suicide psychique), le fouiller pour obtenir encore un cri, celui de son triomphe, car il l’aura prémédité. Comment ne pas y voir la mise en scène perverse de celui qui veut sidérer et surmonter cette sidération pour obtenir cette consécration de la toute-puissance virile qu’il nomme « abandon » d’une femme ? Comment ne pas y voir le sadisme ? Comment ne pas y voir, plus globalement, un dominant qui ne vient là que pour réaffirmer la supériorité de sa caste en démontrant ostentatoirement que LUI est d’une caste qu’aucun billet ne couche à terre … que ceux de sa caste, EUX, ont ce corps sacré qui sème la violation et le ravage mais en est épargné. Il recourt à la prostitution pour réaffirmer les deux miracles qu’organise sa caste : la servilité sans limite des femmes comme caste subalterne et la colonisation physique d’une femme prise pour modèle du corps subalterne, ce corps lardé de trous fait pour les pénétrations ravageantes.

Comment laisser penser que la prostitution est une solution économique pour les femmes ? Qui à part les proxénètes et les quelques vitrines lobbyistes alibis sont capables de croire que les femmes vivent de cet argent qui circule en masse dans ce système ?

La précarité économique n’explique pas le « recours » à la prostitution, car sinon les hommes seraient beaucoup plus nombreux dans les personnes victimes. Comment nous faire croire que les hommes passeraient à côté d’un plan « débrouille », surtout quand l’argent est dit « facile » ? Or quand les hommes sont pauvres, presque toujours, ils ne « se » prostituent pas.

Cette vision en fait est issue du point de vue de l’agresseur. 1) il voit la prostitution comme un business, car il ne voit que ce qui lui coûte à lui (coût d’« achat » ou coût de « production » pour les proxénètes) 2) il la voit comme une bonne affaire, car il y voit l’échange d’un rapport sexuel (de son point de vue, il s’agit de sexualité, au pire décevante, au mieux réjouissante) contre de l’argent. D’où le cynisme et le pragmatisme décomplexés de ce raisonnement qui consiste à penser que les femmes pourraient faire spontanément le « choix » d’affronter la pire menace de leur vie (menace de viol) pour vivre, voire vivre bien.

Or la prostitution est

un système de violences dites « sexuelles » (en fait sexistes)

qui dégage des bénéfices matériels pour tous les hommes (attaque les droits fondamentaux des femmes en suspendant le droit commun concernant une forme de viol, ce qui modifie les pratiques judiciaires et policières et détruit l’accès des femmes au droit de ne pas être violées) ;

et des bénéfices économiques considérables pour toute la clique virile (proxénètes individuels ou en réseaux et états).

Ce n’est pas la précarité des femmes qui pousse à la prostitution, ce qui explique la prostitution est la violence sexuelle masculine, et sa capacité structurelle à devenir une source de richesse pour les hommes.

http://www.feministes-radicales.org/2012/10/20/qui-recourt-a-la-prostitution/
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Parleur* a écrit:Tiens, justement, quelques heures apres mon message, elle ecrit ceci sur un autre forum :

C'est vrai qu'en temps d'antenne, on entend plus les abolitionnistes, mais cela souligne aussi à quel point leurs arguments sont laborieux à développer, tandis que ceux des légalistes sont nettement plus incisif.. et donc plus courts. Du coup, on obtient me semble-t-il l'effet inverse de la première apparence. Les arguments abolitionnistes finissent par ressembler à de l'enfumage Smile

N’importe nawak. Partout dans les médias, on entend des hommes faire l’apologie de la prostitution : rien que ces dernières semaines, on a eu Antoine qui venait faire la promo de son dernier bouquin sur TOUTES les radios, qu’elles soient publiques ou privées afin de bien expliquer en quoi c’est super cool, la prostitution, qu’en Allemagne, c’est génial (les bordels, toussa) et que les abos sont des michant-e-s coincé-e-s du cul. Bruel s’y met aussi ces derniers temps, selon lui, « la prostitution est obligatoire » !
Et je ne parle même pas des forums/blogs où une majorité de gens (des hommes bien souvent) expliquent en long et en large la même chose que les deux clowns ci-dessus.
Faut qu’elle arrête de dire qu’on entend que les abos. Il y a enfin un discours abo public, ce qui n’existait pas jusqu’à récemment, tellement le sujet était tabou. Alors évidemment, comme c’est nouveau, on a l’impression de n’entendre que ça, c’est vraiment pas une analyse fouillée.

L’argument « incisif » est d’un ridicule. Rolling Eyes Dire « chacun-e est libre de disposer de son corps, vous êtes des moralistes », ce n’est pas être incisif, c’est être cynique, égoïste et surtout, néolibéral. Il y a qqch de profondément politique dans l’abolitionnisme puisqu’on s’attaque à un système prostitutionnel, vieil avatar patriarcal. Alors évidemment, à l’heure de twitter où il faut tout dire en 140 caractères, développer ses idées prend plus de temps, de place.
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02.12.12 9:50
D'un autre coté, avoir un personne réglementariste qui s'efforce de ne pas caricaturer les arguments abolitionnistes est suffisamment rare pour valoir le coup d'oeil (à confirmer après visionnage, si les positions ne sont pas caricaturées).
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02.12.12 14:14
@parleur, elle n'est pas la seule à dire "on n'entend que les abos, gnagnagna", ce n'est pas seulement à elle que je m'en prends mais à tous ces gens qui ne supportent pas de revoir une pratique millénaire sexiste et du coup, ont l'impression qu'on n'entend plus que ça. C'est de la mauvaise foi caractérisée et je n'attaquais pas directement cette personne mais celleux qui font semblant d'être envahi-e-s par l'abolitionnisme.
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02.12.12 19:39
Je crois qu'avant d'avoir réfléchi à la question, j'avais plutôt une sensibilité abolitionniste. Quand j'ai eu accès à d'autres arguments à la fois sexe-positive et anti-capitalistes, ils m'ont semblé révolutionner un préjugé que j'avais au préalable. Je pense ne pas être la seule à voir les choses ainsi donc on peut se questionner sur d'où vient cette sensibilité abolitionniste au premier abord. (Je ne dis pas que ma réflexion sur la prostitution est aboutie, loin de là.)
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02.12.12 19:57
donc on peut se questionner sur d'où vient cette sensibilité abolitionniste au premier abord
Tu parles pour toi, moi c'est le contraire! Smile
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02.12.12 22:25
M_hystérie, j'avoue que je suis pas sûr de voir à quels arguments anti-capitalistes tu fais allusion. (C'est pas une façon de parler pour dire que c'est pas des arguments valables ou autre, ma phrase veut juste dire ce qu'elle dit : je vois pas.)

À part ça, j'ai un parcours semblable : sensibilité abo à la base, remise en question par la suite à la lecture de certains arguments.
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02.12.12 22:41
Je fais allusion au fait que le travail, dans cette société, est cause d'accidents (du travail), de maladies (en tout genre, induisant souvent la prise de psychotropes afin d'être adapté au rythme qu'il nous impose) et de stress variés et tout ça sur la durée. Ce sont des faits qui sont généralement minimisés. Du coup, pourquoi alors réfléchir sur la question de la prostitution quand on devrait plutôt réfléchir à la place du travail en général dans cette société.
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03.12.12 1:39
Numa a écrit:sensibilité abo à la base, remise en question par la suite à la lecture de certains arguments.

Lesquels, par exemple?
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03.12.12 12:43
résumer la tendance non abo par "je fais ce que je veux de mon corps", ça aussi c'est un peu simpliste non?
cleindo
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03.12.12 14:18
je plussoie ...
(je soulignais paske je suis non abo et c'est vraiment un argument tout naze cette soit disant liberté, en effet)
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babeil
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04.12.12 20:02
Les choses sont assez simples. La question est de savoir qui domine qui dans la prostitution. Y a-t-il égalité? La réponse est évidente : la prostitution est un système de domination raciale, sexuelle, économique, des blancs sur les noirs, des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres.
Je ne comprends pas comment ça peut même ne serait ce qu'effleurer l'esprit d'une féministe de défendre la prostitution. Il y a une telle dissymétrie, de telles inégalités entre les races, sexes etc....Personnellement, je n'ai pas réfléchi longtemps avant de prendre position sur la prostitution : contre, radicalement contre et toujours contre.

Antisexisme a écrit:Sinon, je suis comme ko. J'ai grandi dans la pensée ultra-libérale de l'époque : la liberté individuelle avant tout autre considération.

Mais moi aussi je suis pour les libertés individuelles. Sauf que la prostitution n'en est pas une. Par définition, la prostitution est un commerce (rémunération) et non une liberté individuelle dans le sens légal du terme, et comme tout commerce, l'état a le droit de contrôler, d'imposer des conditions, de limiter, d'interdire. Ca n'est en rien comparable à la liberté de disposer de son corps, liberté sexuelle, d'expression, de penser, de circulation....Ces libertés n'ont pas à être entravées tant qu'elles ne nuisent pas à autrui. Un commerce peut l'être pour n'importe quel motif, parce que ça ne plait pas, parce que les gens n'ont pas envie de voir, pour des raisons morales voire moralisatrices.
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