L'injonction sociale d'être cultivé
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21 participants
- Philibert—
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
02.07.13 21:55
Moi depuis la soutenance de ma thèse en 2005, je n'ai pas réussi à lire une seule référence féministe, enfin à peu de choses près. Du coup j'ai lu d'autres trucs.
Mais j'ai noté plein de références exposées ici... quand j'aurai le courage. Mais la culture ce n'est pas que la lecture...
Mais j'ai noté plein de références exposées ici... quand j'aurai le courage. Mais la culture ce n'est pas que la lecture...
- CyliaAncien⋅ne
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
02.07.13 21:56
Mais voilà, ici, on échange, on apprend des choses : la culture, ce n'est pas que les livres, c'est aussi discuter avec des gens et s'échanger des savoirs mutuellement.
- Philibert—
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
02.07.13 21:59
Et des savoirs pas courants, qui permettent de briller en société !
- CyliaAncien⋅ne
- Messages : 1044
Date d'inscription : 06/04/2013
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
02.07.13 22:06
Bof, moi je m'en fous de briller en société
- Philibert—
- Messages : 559
Date d'inscription : 01/01/2013
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
02.07.13 22:21
Moi aussi, mais j'aime bien me faire remarquer entre deux bouchées de Haribo
- InvitéInvité
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 3:45
Quelqu'un qui avant ne lisait tout qu'une fois, et qui après se met à lire tout ce qui l'a intéressé plusieurs fois aura le temps de lire moins de choses qu'avant, mais retiendra plus de choses.timer a écrit:donc déjà faut s'intéresser à tout sinon on est inculte, mais en plus faut relire tout deux fois? ben mon coco, être cultivéE c'est un boulot à plein temps on dirait... faut surtout pas avoir à faire ses 35 heures par semaine...
Ça, c'est un principe que le système éducatif français fait semblant de ne pas comprendre. Par exemple, au collège, en histoire-géo, on n'apprend tout par cœur pour le jour du contrôle. Et après le contrôle, il n'y a aucune pression pour réapprendre les précédents cours et il faut se précipiter à apprendre le volumineux cours suivant. Au final, on a appris une montagne de choses mais on a presque tout oublié.
- colcatAncien⋅ne
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 8:40
Bah non ça dépend moi l'histoire géo c'était mon kiff on avait pas assez d'heures de cours je trouvais ; j'en ai même fait 4 ans à la fac. Mais j'ai jamais été foutue d'apprendre une seule date
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 10:04
Feu mon père disait toujours "l'instruction ne rend pas automatiquement intelligent". Il avait arrêté l'école à 16 ans comme bon nb d'hommes de son époque (il était né début des années 20) et s'était "cultivé" par la suite.
Cette phrase est restée gravée dans mon esprit et moi qui n'ai pas fait d'études supérieures, je me suis aussi cultivé de différentes façons. C'est surtout par Internet que je le fais, je lis très peu de livres. L'avantage du Net, c'est les hyperliens qui donnent accès directement à ce qu'on cherche, si on veut un éclaircissement.
Sinon, pour illustrer l'aspect "cultivé/instruit", voici une anecdote récente. Je suis ami FB avec Morgause (membresse du forum mais qui ne poste plus). Elle poste un message sur son mur, rapport au patriarcat. Intervient alors un de ses "amis" (un gars dans la vingtaine), diplômé en histoire. Moi je poste aussi en disant que dans la Grèce Antique, les femmes étaient réduites à l'état de personnes infantilisées, reléguées au gynécée. En gros, j'explique que les Anciens Grecs étaient de gros misogynes mais que c'était dû à des méconnaissances médicales (voir par exemple la croyance de l'utérus se baladant dans le corps chez les nullipares, provoquant ainsi l'hystérie).
Quel crime de lèse-majesté avais-je commis là ! Moi l'inculte sans diplôme qui explique à un masterisé en histoire la réalité de la Grèce Antique ! Il m'a pris de haut, m'a snobé et pourtant, c'est lui qui a de la merde dans les yeux. Il n'y est sans doute par pour grand-chose, c'est l'enseignement de l'histoire qui est à revoir dans les facs. Mais cette altercation m'a démontré une fois de plus que cette personne qui passera pour cultivée auprès de la majorité des gens n'est qu'un petit clone patriarcal qui débite ce que des suppôts patriarcaux lui ont appris. Et c'est lui qui aura du crédit, pas moi parce que je ne peux présenter de diplôme. Et ça m'attriste profondément.
De plus, lui pourra nous sortir des tas de dates et de noms de rois/princes, ce qui pour moi n'a aucun intérêt vu que tout est dispo en ligne.
Bref, être cultivé/diplômé, voire les deux, ne signifie pas automatiquement qu'on est intelligent.
Cette phrase est restée gravée dans mon esprit et moi qui n'ai pas fait d'études supérieures, je me suis aussi cultivé de différentes façons. C'est surtout par Internet que je le fais, je lis très peu de livres. L'avantage du Net, c'est les hyperliens qui donnent accès directement à ce qu'on cherche, si on veut un éclaircissement.
Sinon, pour illustrer l'aspect "cultivé/instruit", voici une anecdote récente. Je suis ami FB avec Morgause (membresse du forum mais qui ne poste plus). Elle poste un message sur son mur, rapport au patriarcat. Intervient alors un de ses "amis" (un gars dans la vingtaine), diplômé en histoire. Moi je poste aussi en disant que dans la Grèce Antique, les femmes étaient réduites à l'état de personnes infantilisées, reléguées au gynécée. En gros, j'explique que les Anciens Grecs étaient de gros misogynes mais que c'était dû à des méconnaissances médicales (voir par exemple la croyance de l'utérus se baladant dans le corps chez les nullipares, provoquant ainsi l'hystérie).
Quel crime de lèse-majesté avais-je commis là ! Moi l'inculte sans diplôme qui explique à un masterisé en histoire la réalité de la Grèce Antique ! Il m'a pris de haut, m'a snobé et pourtant, c'est lui qui a de la merde dans les yeux. Il n'y est sans doute par pour grand-chose, c'est l'enseignement de l'histoire qui est à revoir dans les facs. Mais cette altercation m'a démontré une fois de plus que cette personne qui passera pour cultivée auprès de la majorité des gens n'est qu'un petit clone patriarcal qui débite ce que des suppôts patriarcaux lui ont appris. Et c'est lui qui aura du crédit, pas moi parce que je ne peux présenter de diplôme. Et ça m'attriste profondément.
De plus, lui pourra nous sortir des tas de dates et de noms de rois/princes, ce qui pour moi n'a aucun intérêt vu que tout est dispo en ligne.
Bref, être cultivé/diplômé, voire les deux, ne signifie pas automatiquement qu'on est intelligent.
- Lubna—
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Date d'inscription : 04/01/2013
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 10:16
Polyvalentour a écrit:Je crée ce fil pour éviter d'alimenter le HS de l'autre fil.
Quelle pression vous met votre entourage pour que vous soyez cultivés ? Quelles connaissances attendent-ils de votre part ? Que se passe-il lorsque ces connaissances vous font défaut ? Comment le ressentez-vous ?
Je viens d un milieux socio-culturel très modeste.
Pendant longtemps ma mère a rêvé que je "rattrape le niveau",que je fasse de longues études,que j ai un super job. Je l ai déçue sur toute la ligne. Aujourd hui elle me répète "tu t es complètement gâchée!"
J aurais bien aimé être capable de lui faire plaisir mais ,pour être sincère, je crois que ce sont des objectifs auxquels je n ai jamais profondément aspiré. La position hiérarchique et le salaire comme curseurs de la valeur d une personne ça me fait sincèrement horreur.
En ce qui concerne la culture,je me trimbale depuis toujours un véritable complexe d infériorité ( par ex,j’hésite toujours à poster sur ce forum,je trouve toujours mes interventions très en dessous de la moyenne aussi bien dans la forme que dans le fond).
On se construit une culture mais on hérite aussi d un bagage culturel,bagage que je n ai pas et que mes petites études supérieures n ont pas comblé.C est moins mon entourage que moi-même qui ai fixé des exigences et des jugements à mon égard dans ce domaine en fait.
- CyliaAncien⋅ne
- Messages : 1044
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 10:30
Ah, mon père disait toujours ça, l'intelligence et l’instruction ne vont pas forcément ensemble.pierregr a écrit:
Bref, être cultivé/diplômé, voire les deux, ne signifie pas automatiquement qu'on est intelligent.
Lubna : je ne comprendrais jamais qu'on dise qu'on s'est gâché parce qu'on a pas fait tel ou tel truc. Ca fait mal, et on aspire pas forcément aux choses dont les autres aspirent pour nous.
Parleur et Pierregr, ce que vous dites du parcours de vos père me fait penser à celui du mien, et là je me dis peut-être m'aurait-il soutenue dans mes "ambitions" s'il était encore là.
- koAncien⋅ne
- Messages : 2496
Date d'inscription : 31/10/2011
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 11:46
Comme Parleur, j'aurais envie d'insister sur la pratique plus que la culture au sens classique.
Pendant longtemps (toute mon adolescence et un peu après), j'ai pensé que j'étais stupide. Je me suis obligée à me cultiver énormément pour compenser (même si j'étais et reste un peu incapable de lire des romans à part quelques exceptions, faute de mémoire dès qu'il y a plus de 2 personnages), mais ça ne me faisait pas en profiter vraiment.
Et puis en fait, c'est le fait de pratiquer (d'avoir une pratique artistique) qui m'a fait vraiment aimer ce qu'on appelle la culture. Quand j'y pige que dalle, ben j'ai plus peur de dire que j'y pige que dalle. Et j'ai une vraie envie de voir tel ou telle artiste. Des vraies joies de découvrir des nouvelles oeuvres, et des vrais énervements à voir des trucs prétentieux ou des trucs ou ça se voit que la personne a plein de fric, mais n'en fait pas une bonne utilisation, ou qu'elle dépense de l'argent pour rien.
Et aussi, je suis très admirative des personnes qui n'ont pas besoin de livres pour dire des choses intelligentes, lucides, clairvoyantes (parce que j'ai pas l'impression de fonctionner comme cela; les livres m'apportent certes du plaisir, mais sont aussi pour moi une béquille dans ma réflexion, un truc sans lequel j'ai du mal à formuler mes sentiments et à les ordonner (comme ici, ou c'est un peu le fouilli ^^); en tout cas, c'est l'impression que j'en ai). Après, je suis consciente aussi que socialement, il y a des choses plus valorisées que d'autres (lectures en bouquin versus lecture internet etc...), et que du coup, il y a des perdants et des gagnants en ce qui concerne l'image que l'on renvoie (cultivé-e / pas cultivé-e), et que je pense être du coté avec des privilèges de cette image.
En tout cas, je plussoie fortement cette phrase, comme quoi l'intelligence et la culture ne vont pas forcément ensemble.
En ce moment, je m'intéresse pour raisons pro au travail de jardiniers. Je suis totalement inculte dans ce domaine, mais j'adore en entendre parler certains des trucs, des techniques, des différentes plantes, de toutes ces choses qui sont en fait de la culture aussi, mais moins bien reconnue.
L'année dernière, j'ai tenté d'apprendre la construction d'un mur à sec. Ben j'ai eu énormément de mal à me faire accepter (certainement par sexisme), donc, ça a été dur, mais j'ai découvert aussi que les murs sont pas construit partout pareil, et qu'il y a un lien avec de la culture aussi ici. Maintenant, je regarde partout comment les murs sont construits, avec quelles pierres, quel alignements on y a fait, qu'est ce qu'ils supportent. Bref, j'aime bcp l'idée que la pratique soit en lien avec la culture, le fait de savoir des choses en vue d'une pratique.
Pendant longtemps (toute mon adolescence et un peu après), j'ai pensé que j'étais stupide. Je me suis obligée à me cultiver énormément pour compenser (même si j'étais et reste un peu incapable de lire des romans à part quelques exceptions, faute de mémoire dès qu'il y a plus de 2 personnages), mais ça ne me faisait pas en profiter vraiment.
Et puis en fait, c'est le fait de pratiquer (d'avoir une pratique artistique) qui m'a fait vraiment aimer ce qu'on appelle la culture. Quand j'y pige que dalle, ben j'ai plus peur de dire que j'y pige que dalle. Et j'ai une vraie envie de voir tel ou telle artiste. Des vraies joies de découvrir des nouvelles oeuvres, et des vrais énervements à voir des trucs prétentieux ou des trucs ou ça se voit que la personne a plein de fric, mais n'en fait pas une bonne utilisation, ou qu'elle dépense de l'argent pour rien.
Et aussi, je suis très admirative des personnes qui n'ont pas besoin de livres pour dire des choses intelligentes, lucides, clairvoyantes (parce que j'ai pas l'impression de fonctionner comme cela; les livres m'apportent certes du plaisir, mais sont aussi pour moi une béquille dans ma réflexion, un truc sans lequel j'ai du mal à formuler mes sentiments et à les ordonner (comme ici, ou c'est un peu le fouilli ^^); en tout cas, c'est l'impression que j'en ai). Après, je suis consciente aussi que socialement, il y a des choses plus valorisées que d'autres (lectures en bouquin versus lecture internet etc...), et que du coup, il y a des perdants et des gagnants en ce qui concerne l'image que l'on renvoie (cultivé-e / pas cultivé-e), et que je pense être du coté avec des privilèges de cette image.
En tout cas, je plussoie fortement cette phrase, comme quoi l'intelligence et la culture ne vont pas forcément ensemble.
En ce moment, je m'intéresse pour raisons pro au travail de jardiniers. Je suis totalement inculte dans ce domaine, mais j'adore en entendre parler certains des trucs, des techniques, des différentes plantes, de toutes ces choses qui sont en fait de la culture aussi, mais moins bien reconnue.
L'année dernière, j'ai tenté d'apprendre la construction d'un mur à sec. Ben j'ai eu énormément de mal à me faire accepter (certainement par sexisme), donc, ça a été dur, mais j'ai découvert aussi que les murs sont pas construit partout pareil, et qu'il y a un lien avec de la culture aussi ici. Maintenant, je regarde partout comment les murs sont construits, avec quelles pierres, quel alignements on y a fait, qu'est ce qu'ils supportent. Bref, j'aime bcp l'idée que la pratique soit en lien avec la culture, le fait de savoir des choses en vue d'une pratique.
- GruntBanni·e
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 14:01
Un truc intéressant (je ne sais pas si ça n'a pas déjà été évoqué ) c'est que beaucoup de personnes considèrent qu'être "cultivé" c'est partager sa culture.
Si on a une autre culture, au lieu d'être considéré comme une possibilité d'échanges intéressants, c'est vu comme un manque de culture.. "Tu ferais mieux de t'intéresser à X comme moi plutôt que d'apprendre des trucs Y totalement inutiles."
Surtout chez les jeunes, très conformistes :
Qu'est-ce que j'ai pu passer pour un "inculte" dans les années lycée et collège, parce que je n'écoutais pas la même musique, ne regardait pas les mêmes films.. même si j'avais lu plus de livres que la plupart des gens n'en lisent dans une vie entière.
D'ailleurs cette notion de culture est utilisée de façon totalement artificielle pour exclure les femmes des milieux geeks : tout à coups les geeks masculins décrètent qu'il faut avoir "telle culture geek" (connaître tel langage, telle technologie, telle œuvre), sinon on n'est pas "un-e vrai geek."
Si on a une autre culture, au lieu d'être considéré comme une possibilité d'échanges intéressants, c'est vu comme un manque de culture.. "Tu ferais mieux de t'intéresser à X comme moi plutôt que d'apprendre des trucs Y totalement inutiles."
Surtout chez les jeunes, très conformistes :
Qu'est-ce que j'ai pu passer pour un "inculte" dans les années lycée et collège, parce que je n'écoutais pas la même musique, ne regardait pas les mêmes films.. même si j'avais lu plus de livres que la plupart des gens n'en lisent dans une vie entière.
D'ailleurs cette notion de culture est utilisée de façon totalement artificielle pour exclure les femmes des milieux geeks : tout à coups les geeks masculins décrètent qu'il faut avoir "telle culture geek" (connaître tel langage, telle technologie, telle œuvre), sinon on n'est pas "un-e vrai geek."
- CyliaAncien⋅ne
- Messages : 1044
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 22:34
Ca me parle vraiment quand vous parlez de savoirs pratiques. Je crois que je suis largement plus manuelle, plus "pratique", qu'intellectuelle (enfin si on peut dire, j'aime pas trop l'idée que les deux s'opposent) je ne sais pas, mais quand je ne pratique pas quelque chose, j'ai l'impression que je n'avance pas, faut que je mettes la main à la patte et que je bouge, surtout. Je crois que le bug se situe ici : j'ai tendance à oublier les choses si je ne les pratiques pas.
Je crois qu'on envie tous et toutes des choses aux autres, de toute façon.
J'aime bien ce sujet, ça me permet de repenser à vachement de trucs, essayer de mettre des mots dessus, et du coup je me remets pas mal en question. Ou je comprends d'avantages certaines choses qui sont parfois assez floues dans ma tête.
Je crois qu'on envie tous et toutes des choses aux autres, de toute façon.
Tiens, ça me fait penser, je n'ai jamais eu trop de mal à m'intégrer dans ces types de domaines (les trucs un peu "pour mecs") en revanche, c'est dans des domaines un peu plus "intellectuels" que j'ai beaucoup de mal à m'intégrer. Je ne sais pas si c'est forcément un secteur intellectuel, mais dans ce qui touchait au social que j'ai pu faire (animation), j'ai eu énormément, énormément de mal à me faire accepter (parce que je suppose, je débarquais avec une certaine forme de pratique, là où c'était bien plus axés sur de la théorie, je crois).Ko a écrit:L'année dernière, j'ai tenté d'apprendre la construction d'un mur à sec. Ben j'ai eu énormément de mal à me faire accepter (certainement par sexisme), donc, ça a été dur
J'aime bien ce sujet, ça me permet de repenser à vachement de trucs, essayer de mettre des mots dessus, et du coup je me remets pas mal en question. Ou je comprends d'avantages certaines choses qui sont parfois assez floues dans ma tête.
- koAncien⋅ne
- Messages : 2496
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 22:41
Et encore, j'avais eu une discussion avec une éducatrice, qui reprochait à d'autres éducateurs de ne pas avoir fait assez de théorie. Il me semblait qu'il y avait plus un truc de légitimité qu'on se donne grâce à la théorie qu'une question de secteur professionnel (bon, c'était des deux cotés pour le coup, parce que cette séparation éducateurs "théoriciens" et éducateurs "pratiques" recouvrait une séparation femmes hommes (en gros les femmes du secteur avaient fait plus d'études que les hommes pour arriver à ces postes, et vu que leurs avis étaient dénigrés par les hommes probablement pour des raisons sexistes, elles utilisaient leurs privilèges d'études pour "répliquer" (enfin c'est l'interpretation que j'en fais))).cylia a écrit:Je ne sais pas si c'est forcément un secteur intellectuel, mais dans ce qui touchait au social que j'ai pu faire (animation), j'ai eu énormément, énormément de mal à me faire accepter (parce que je suppose, je débarquais avec une certaine forme de pratique, là où c'était bien plus axés sur de la théorie, je crois)
- CyliaAncien⋅ne
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
03.07.13 23:38
Je ne sais pas... Enfin, il me semble que c'est quelque chose comme ça, mais j'avoue que j'ai du mal à me situer par rapport à ça. J'ai du mal avec cette idée de théorie vs pratique, parleur parlait d'un juste milieu, bien qu'il faille reconnaître que ce n'est pas évident, ce serait préférable d'essayer de tirer partie des deux, et surtout de ne pas tomber dans ce que j'appellerais (avec, toutefois, des pincettes) une guéguerre des ego, parce que pendant ce temps là, ce sont les personnes prisent en charge qui en "pâtissent".
Je pense que je vais me faire lapider pour avoir dit ceci, parce que les choses ne sont pas forcément aussi simple, mais c'est ce que je pense, ou une partie, à ce sujet.
Je pense que je vais me faire lapider pour avoir dit ceci, parce que les choses ne sont pas forcément aussi simple, mais c'est ce que je pense, ou une partie, à ce sujet.
- koAncien⋅ne
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Re: L'injonction sociale d'être cultivé
04.07.13 0:16
Ah non, mais on est d'accord^^! C'était plutôt pour donner un exemple comme quoi ça peut-être lié à autre chose qu'au métier lui même, en fait.cylia a écrit:J'ai du mal avec cette idée de théorie vs pratique, parleur parlait d'un juste milieu, bien qu'il faille reconnaître que ce n'est pas évident, ce serait préférable d'essayer de tirer partie des deux, et surtout de ne pas tomber dans ce que j'appellerais (avec, toutefois, des pincettes) une guéguerre des ego, parce que pendant ce temps là, ce sont les personnes prisent en charge qui en "pâtissent".
- CyliaAncien⋅ne
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Date d'inscription : 06/04/2013
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
04.07.13 13:12
Oui, j'avais compris, Parleur, c'est pour ça que j'ai "plus pratique" après "plus manuelle" ^^.
Ce que tu dis ensuite, je trouve que ça rejoint aussi le savoir pratique, quelque part.
Ko : oui exact, effectivement, je me suis un peu emporté et je n'ai pas forcément tilté où tu voulais en venir, désolée
Ce que tu dis ensuite, je trouve que ça rejoint aussi le savoir pratique, quelque part.
Ko : oui exact, effectivement, je me suis un peu emporté et je n'ai pas forcément tilté où tu voulais en venir, désolée
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
04.07.13 22:15
Désolé, j'ai lu vos interventions en diagonale, mais de ce que j'ai lu, je pense être assez proche d'Omniia : je me sens totalement inculte face aux personnes qui m'entourent habituellement. Je fais (ai fait parce que c'est fini^^) des études d'histoire et je suis une quiche monumentale en Histoire
Les sujets que j'ai pu approfondir sont assez rares, et faut-il encore que je m'en rappelle !
D'ailleurs, je me demande si je n'ai pas choisi ma spécialité parce que, justement, elle est assez spéciale (Proche-orient ancien) et que je suis difficilement confrontée à des gens qui s'y connaissent. Mais, les fois où ça m'est arrivé, j'étais toujours stressée de peur de pas comprendre ou qu'on me pose une question (ça m'est arrivé pas plus tard que cette semaine), ce qui fait que je loupe plein de conversations intéressantes aussi.
Le fait de ne pas me sentir à la hauteur intellectuellement parlant est très présent depuis plusieurs années, ce qui fait que je préviens les gens de mon "inculture".
Ce complexe est venu au lycée accueillant des élèves issus d'une catégorie sociale assez élevée, ou moyen plus. Parce que oui, comme disait quelqu'un, la culture ce n'est pas juste lire des bouquins ou autres, c'est assez lié à l'environnement, aux pratiques, aux partages : j'ai jamais été dans un musée étant enfant, ou bien avec l'école et encore; mes parents n'y connaissent rien à la géo-politique ou politique (je savais même pas ce qu'était le droite et la gauche politique avant le lycée...), à l'art ou je ne sais quoi
(bien que ma mère ait des connaissances évènementielles en histoire)
Alors, à la fois je subis cette injonction sociale à la culture et à la fois, ma famille me prend pour quelqu'un de très cultivé.
________
dans un autre type de connaissances, je pense être assez débrouillarde (j'ai pas le bon mot mis à part définir ça comme la technique/logique). Et de ce côté-là, je ressens pas mal de sexisme parce que d'office on va croire que je ne sais pas manipuler un marteau, que je ne sais pas lire une carte (si si je vous jure), ou en gros, que je ne sais pas observer pour mieux comprendre (j'avoue que c'est un truc qui m'agace profondément et je crois que c'est vraiment lié à du sexisme)
Les sujets que j'ai pu approfondir sont assez rares, et faut-il encore que je m'en rappelle !
D'ailleurs, je me demande si je n'ai pas choisi ma spécialité parce que, justement, elle est assez spéciale (Proche-orient ancien) et que je suis difficilement confrontée à des gens qui s'y connaissent. Mais, les fois où ça m'est arrivé, j'étais toujours stressée de peur de pas comprendre ou qu'on me pose une question (ça m'est arrivé pas plus tard que cette semaine), ce qui fait que je loupe plein de conversations intéressantes aussi.
Le fait de ne pas me sentir à la hauteur intellectuellement parlant est très présent depuis plusieurs années, ce qui fait que je préviens les gens de mon "inculture".
Ce complexe est venu au lycée accueillant des élèves issus d'une catégorie sociale assez élevée, ou moyen plus. Parce que oui, comme disait quelqu'un, la culture ce n'est pas juste lire des bouquins ou autres, c'est assez lié à l'environnement, aux pratiques, aux partages : j'ai jamais été dans un musée étant enfant, ou bien avec l'école et encore; mes parents n'y connaissent rien à la géo-politique ou politique (je savais même pas ce qu'était le droite et la gauche politique avant le lycée...), à l'art ou je ne sais quoi
(bien que ma mère ait des connaissances évènementielles en histoire)
Alors, à la fois je subis cette injonction sociale à la culture et à la fois, ma famille me prend pour quelqu'un de très cultivé.
________
dans un autre type de connaissances, je pense être assez débrouillarde (j'ai pas le bon mot mis à part définir ça comme la technique/logique). Et de ce côté-là, je ressens pas mal de sexisme parce que d'office on va croire que je ne sais pas manipuler un marteau, que je ne sais pas lire une carte (si si je vous jure), ou en gros, que je ne sais pas observer pour mieux comprendre (j'avoue que c'est un truc qui m'agace profondément et je crois que c'est vraiment lié à du sexisme)
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
05.07.13 9:17
Pour situer mon propos, la culture que j'ai fait partie de la culture considérée comme "légitime". J'ai fait des études de lettres classiques, je passe mes journées en bibliothèque, j'adore aller au musée, au théâtre, bouquiner... Mais j'ai pleinement conscience d'avoir une culture très parcellaire et incomplète. Je n'ai par exemple aucune culture scientifique ou aucune culture musicale, et surtout très très peu de culture "pratique" (et pour tout ce qui est "manuel", c'est catastrophique).
Mais pour moi, la culture des gens doit être complémentaire. Chacun a sa culture propre et chacun peut apporter une pierre à l'édifice de la réflexion. Tout ce qu'il faut, c'est de la curiosité et une volonté de partage. Mon amoureux, par exemple, a une culture très différente de la mienne, voire opposée (culture scientifique au sens large, un peu de culture geek, connaissances pratiques...). On ne fonctionne pas de la même façon (quand je m'interroge sur quelque chose, je vais lire des trucs sur le sujet, et essayer de prendre une décision rationnelle, lui va fonctionner plus à l'instinct). J'ai l'impression d'apprendre énormément de choses et le fait de partager est particulièrement enrichissant. J'ai l'impression que nos décisions communes sont plus riches du coup.
Et je pense que c'est valable également pour les plus grands groupes, à condition que chacun y mette de la bonne volonté, soit capable de faire de la vulgarisation sur ses domaines et cesse de penser que sa culture est LA culture légitime et valable.
J'avoue être parfois un peu inquiète du rejet de la culture "classique" au profit du purement pratique et utilisable. Je ne parle pas des interventions précédentes, hein, mais d'une impression plus générale. J'ai fait des études de lettres classiques, et si j'ai l'impression de recourir au quotidien à cette culture, aussi bien dans mon rapport à la société que dans mes lectures par exemple (y compris quand je lis des romans de genre). Je ne dis pas qu'elle est indispensable à tout le monde, mais je pense qu'il est indispensable que cette culture soit présente dans la société et ça me fait flipper quand j'entends de longs discours sur son inutilité et son absence de rentabilité (cf discours de Sarkozy sur les études de lettres classiques par exemple).
Mais pour moi, la culture des gens doit être complémentaire. Chacun a sa culture propre et chacun peut apporter une pierre à l'édifice de la réflexion. Tout ce qu'il faut, c'est de la curiosité et une volonté de partage. Mon amoureux, par exemple, a une culture très différente de la mienne, voire opposée (culture scientifique au sens large, un peu de culture geek, connaissances pratiques...). On ne fonctionne pas de la même façon (quand je m'interroge sur quelque chose, je vais lire des trucs sur le sujet, et essayer de prendre une décision rationnelle, lui va fonctionner plus à l'instinct). J'ai l'impression d'apprendre énormément de choses et le fait de partager est particulièrement enrichissant. J'ai l'impression que nos décisions communes sont plus riches du coup.
Et je pense que c'est valable également pour les plus grands groupes, à condition que chacun y mette de la bonne volonté, soit capable de faire de la vulgarisation sur ses domaines et cesse de penser que sa culture est LA culture légitime et valable.
J'avoue être parfois un peu inquiète du rejet de la culture "classique" au profit du purement pratique et utilisable. Je ne parle pas des interventions précédentes, hein, mais d'une impression plus générale. J'ai fait des études de lettres classiques, et si j'ai l'impression de recourir au quotidien à cette culture, aussi bien dans mon rapport à la société que dans mes lectures par exemple (y compris quand je lis des romans de genre). Je ne dis pas qu'elle est indispensable à tout le monde, mais je pense qu'il est indispensable que cette culture soit présente dans la société et ça me fait flipper quand j'entends de longs discours sur son inutilité et son absence de rentabilité (cf discours de Sarkozy sur les études de lettres classiques par exemple).
- colcatAncien⋅ne
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Date d'inscription : 05/06/2012
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
05.07.13 9:55
Tout comme le fait de mettre un type de culture sur un piédestal, le fait d'en mettre un autre type au placard me semble tout à fait dommageable. Comme tu le dis Lila78, les filières de lettres classiques sont en train de fermer peu à peu, ça me navre.
- OmniiaAncien⋅ne
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Date d'inscription : 20/10/2012
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
05.07.13 10:26
Ça m'fait penser penser à moi : comme je l'ai dit plus tôt, la lecture de romans c'est vraiment pas mon truc, j'suis nase en Histoire, mais vu que j'avais de bonnes notes au lycée et que j'ai été poussé par mes profs bah j'ai fini par me retrouver en hypokhâgne après le Bac, ou comment se retrouver dans la filière la moins faite pour moi Bon y avait quand même la Philo que j'adorais, mais bon..Elfvy a écrit:Désolé, j'ai lu vos interventions en diagonale, mais de ce que j'ai lu, je pense être assez proche d'Omniia : je me sens totalement inculte face aux personnes qui m'entourent habituellement. Je fais (ai fait parce que c'est fini^^) des études d'histoire et je suis une quiche monumentale en Histoire
J'suis restée que quelques semaines, j'ai abandonné la veille de ma première colle, j'étais trop flippée : c'est pas les autres étudiant-es qui allaient me rassurer -> "T'façon les gens qui n'ont pas eu 16 de moyenne générale au Bac ils n'ont rien à foutre là", "Quoi t'as pas lu tel bouquin ?!", etc. etc. La compèt' était horrible, quasiment tous les gens étaient vraiment méchants... Bref je l'ai super mal vécu... Et le pire c'est que j'ai vraiment vécu ça comme un échec d'abandonner... Enfin plus maintenant heureusement !
- colcatAncien⋅ne
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Date d'inscription : 05/06/2012
Re: L'injonction sociale d'être cultivé
05.07.13 10:35
Omniia a écrit:
Ça m'fait penser penser à moi : comme je l'ai dit plus tôt, la lecture de romans c'est vraiment pas mon truc, j'suis nase en Histoire, mais vu que j'avais de bonnes notes au lycée et que j'ai été poussé par mes profs bah j'ai fini par me retrouver en hypokhâgne après le Bac, ou comment se retrouver dans la filière la moins faite pour moi Bon y avait quand même la Philo que j'adorais, mais bon..
J'suis restée que quelques semaines, j'ai abandonné la veille de ma première colle, j'étais trop flippée : c'est pas les autres étudiant-es qui allaient me rassurer -> "T'façon les gens qui n'ont pas eu 16 de moyenne générale au Bac ils n'ont rien à foutre là", "Quoi t'as pas lu tel bouquin ?!", etc. etc. La compèt' était horrible, quasiment tous les gens étaient vraiment méchants... Bref je l'ai super mal vécu... Et le pire c'est que j'ai vraiment vécu ça comme un échec d'abandonner... Enfin plus maintenant heureusement !
Ah tiens moi aussi j'ai été poussée à faire Hypokhâgne. J'ai presque tenu 1 trimestre un exploit quand j'y repense J'étais pas trop horrifiée par l'ambiance compèt' (j'étais pas dans une prépa prestigieuse) mais je trouvais qu'on nous faisait simplement apprendre (remplir le disque dur) et pas réfléchir (prendre du recul, analyser)
J'avais été sidérée à la rentrée, par tous ces petits malins qui comparaient leurs notes au bac. D'un coup avec mes 16 et 18 au bac de français j'étais quasi la dernière de la classe oh la claque pour l'amour propre
Elfvy : je ne sais pas ce que tu entends par "quiche en histoire" ; moi aussi j'ai fait histoire, jusqu'à la maîtrise. Et je suis infoutue de retenir une date ou le nom d'un roi (c'est ça que les gens croient être l'histoire en général autour de moi!!) Par contre j'adorais décortiquer les événements / tendances / modes de vie / idées qui ont conduit à un "truc" (une révolte, un changement de régime, une révolution, un changement culturel...) Ce croisement entre le temps long et le temps court. Ca me passionne toujours autant. Par contre te dire qui était roi d'Angleterre en l'an 1253 impossible! Mais pour ça il n'y a pas besoin de réfléchir, juste d'avoir de la mémoire
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