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Châtiments corporels pour les enfants

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02.07.12 20:01
Antisexisme a écrit:Merci pour l'info, Lucha !
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Châtiments corporels pour les enfants - Page 5 Empty Re: Châtiments corporels pour les enfants

02.07.12 20:47
Dans les commentaires, il est précisé que l'étude porte sur 34653 adultes, et non 653. Ce qui est quand même lééégèrement plus représentatif Wink, et donne un résultat plus significatif ! (on sort de la marge d'erreur)
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Châtiments corporels pour les enfants - Page 5 Empty Re: Châtiments corporels pour les enfants

03.07.12 0:40
Ah, ils ont corrigé l'article. Ils ont remplacé "653 adultes" par "34 653 adultes".
Voici trois commentaires postés dans cet article de Le Monde :

saxo, le 2 juillet 2012 à 18h41, a écrit:Si on prend l’étude dans l’autre sens, on va bientôt être émerveillés de se rendre compte que les gens qui ont des problèmes comportementaux ont souvent été victimes ou témoins de ces mêmes problèmes dans leur enfance.
Plus sérieusement, il y a une énorme différence entre prendre une fessée et être élevé à la fessée. Dans un cas, un adulte a posé une limite, dans l’autre on inflige la peur et la violence comme comportement dominateur normal.
Pas étonnant que, sur un échantillon de population, les troubles mentaux soit plus nombreux chez ceux qui ont subi des fessées dans leur enfance. Simplement parce que dans cet échantillon, la probabilité d’avoir eu une éducation de soumission par la violence est hautement plus élevée.
Par contre, ça ne veut en rien dire que la fessée, utilisée à l’occasion pour poser une limite importante, affecte les gens psychologiquement…
belsa, le 2 juillet 2012 à 19h14, a écrit:Je suis très loin d’être un partisan des châtiments corporels, mais je suis surtout un ennemi déclaré du raz de marée d’études statistiques à tout sujet qui mettent en lumière des corrélations trop faibles pour avoir une quelconque signification.
Ce qui est amusant dans cette étude, c’est qu’elle arrive à des résultats franchement paradoxaux. Car, s’il est vrai qu’on trouve dans l’échantillon étudié plus de troubles psychiques chez des personnes ayant reçu des châtiments corporels que chez les autres, on trouve aussi:
Il y a plus de mariés ou concubins (69% contre 64%) et moins de divorcés ou veufs (15,2 contre 17,7%) chez les ex-enfants battus que chez les autres.
Il y a moins de pauvres (sous 20 000$/an) chez les enfants battus (11,4% contre 17,3%) et plus de riches.
Les enfants battus conaissent aussi moins d’échec scolaire (seulement 8,8% des enfants battus n’ont pas terminé le lycée, contre 12,7% chez les enfants non-battus) et ont plus souvent des diplomes universitaires.
C’est quand-même paradoxal: ne devrait-on pas penser que des personnes présentant plus souvent des troubles pyschologiques graves auraient aussi tendance à être moins éduqué et diplomé, plus pauvres, plus souvent célibataires ou divorcés? Que ces troubles leur rendent plus difficile la poursuite d’un cursus scolaire, le maintien d’un emploi et d’une relation affective stable?
Et on voit là l’ironie: ne pourrait-on pas se servir des mêmes données, pour prouver, au choix: 1.) que la fessée permet aux enfants de devenir mieux éduqués, plus riches, et moins seuls (mariés plutôt que divorcés/célibatires), donc potentiellement plu heureux? 2.) et encore mieux, que visiblement, les troubles psychologiques graves (dépression, alcoolisme, schizophrénie, phobies) ont en réalité des effets bénéfiques, puisque, apparemment, les personnes dépressives, alcooliques, schizophrènes sont plus diplômés, plus riches, et moins seuls, et donc, peut-être plus heureux!
Mais le toupet, c’est qu’on trouve aussi plus de noirs (14,7%) que de blancs (10,1%) chez les personnes à la fois battues, plus riches, plus diplômés et plus souvent mariés. Or, on sait, hélas, qu’aux Etats-Unis statistiquement la population afro-américaine est nettement plus pauvre, moins éduquée, et plus souvent célibataire et divorcée (les nombreuses mères célibataires dans les ghettos) que la population blanche.
Mais les résultats de l’étude ont été « ajustés » en fonction de « variables sociodémographiques » et de l’histoire familiale de dysfonctionnements psychiatriques. Il est possible, ainsi, que le profil sociodémographique plus défavorable de la population noire ait été pris en compte pour en changer le résultat, c’ést à dire, il n’est pas impossible que tout l’effet constaté n’est que la conséquence de ces ajustements.

Dans une veine similaire, une récente à montré les effets bénéfiques du café, puisque les buveurs de café vivent plus longtemps que les autres. Pourquoi croyait-on le contraire jusque là: parce que les buveurs de cafés sont aussi plus souvent des fumeurs (et buveurs d’alcool), ce qui réduit l’espérance de vie, et laissait donc croire que le café en était le responsable. Cette nouvelle étude avait donc ajusté le risque de mortalité des buveurs de café en en soustrauant le risque dû au tabac. Mais si jamais on surestime le risque du tabac, l’effet positif du café ne serait que le résultat de l’ajustement avec ce risque surestimé…. pas impossible que la même chose se passe ici.
misTakes, le 2 juillet 2012 à 19h18, a écrit:enfin, au vu du dernier DSM définissant les « troubles mentaux »…. On peut se demander la validité de l’étude…
qu’est un trouble mental ? selon le dernier DSM (cf. la recherche, juin 2012) les sensations ressenties lors d’un deuil d’un proche sont… les symptomes d’une depression ; les femmes qui deviennent tristes au moment des règles souffrent de « syndrome dysphorique mensuel »…
donc :
en regardant l’étude : 20.000 testés
663 hommes ayant subi des « punitions physiques »
600 femmes
(population témoin (non punie): 47% hommes, population « punie » : 60 % hommes)
2-7% d’écart de troubles mentaux (non significatif).
definition de trouble mentaux tres variable aux US
si en plus on ajoute cette ligne de l’étude :
(+5-10% en salaire moyen si l’on a été puni..) ==> conclusion de l’article là dessus : « c’est marrant on voit une tendance à avoir un plus gros salaire si l’on a été « puni »…  »
si là dessus ils font cette conclusion au lieu de prendre en compte la disparité homme/femmes… qui à fonction égale gagnent moins, et à diplome égale ont une plus petite fonction (statistiquement parlant hein… il y a une grande majorité égale)…
si ils loupent ça…
ils disent qu’ils ont modulés les chiffres en fonction du genre.. mais bon, au vu des points cités au dessus…
je ne trouve pas cette analyse hyper concluante.
(enfin, il faut noter quand même que si sur 20.000 personnes ils n’en trouvent que 1260 « punies », ils ne doivent pas comptabiliser dans « punition » ce que le commun des mortels fait. Je me refuse à croire, même au canada, que sur 20.000 personnes, 18000 n’ont jamais reçu de fessée…
(au fait, fessée, gifles et autres sont dans le même sac. deux critères sont retenus :
-la fréquence (jamais, quasiment jamais reçu, des fois, souvent, très souvent) et
-ça fait des marques ou non ? (si oui ==> on ne les compte pas)
vous vous rendez compte ? 18000 sur 20000 : 94% des gens qui ont reçu une fessée moins de « quasiment jamais » ??? ça existe ça ?
Je n'en suis pas certain, mais l'hypothèse de saxo n'est peut-être pas fausse.
Je ne peux pas encore commenter belsa et misTakes, car je n'ai pas lu l'étude.
colcat
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Ancien⋅ne
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Châtiments corporels pour les enfants - Page 5 Empty Re: Châtiments corporels pour les enfants

03.07.12 8:44
J'ai parcouru la conversation et je suis assez sidérée par un grand nombre de propos qui ont été tenus... Je baigne dans l'univers de l'éducation sans violence depuis 6 ans, et je dois vivre dans le monde des bisounours faut croire, je n'avais pas lu des propos aussi durs depuis bien longtemps. J'en avais les larmes aux yeux de lire comment certains participants à la conversation considèrent les enfants. Il y a encore bien du chemin à faire en France pour faire évoluer les mentalités et que l'enfant soit considéré comme un être humain à part entière, et pas un vile petit être diabolique à dresser et mettre dans le rang.
Merci notamment à Numa pour ses contributions. Eduquer sans punitions et sans fessées c'est possible. Des tas de livres existent sur le sujet. Cela nécessite de déconstruire la façon dont nous avons nous mêmes été élevés et d'avoir un regard neuf sur l'enfant. C'est dur il ne faut pas dire le contraire! Et il faut accepter de se remettre sérieusement en question. Mais ça ouvre des perspectives incroyables et ça permet réellement de nouer des relations saines et riches avec nos enfants.
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20.08.12 17:43
Personnellement, mes parents ont utiliser la fessée (à outrance selon moi).
Cela a eu plusieurs conséquence: pendant de nombreuse années je ne tentait plus rien, parce que j'avais toujours peur de mal faire.
Je suis devenus extrêmement timide, me faire des amis et les garder est devenus un problème constant. À la fin c'est devenus... La cata. Et avec les filles aussi!
Ben oui, c'est vrai, le type super timide au fond de la classe ont va pas lui parler hein?
Bref, les châtiments physique, non, non et non!
À la limite, si un enfant pleure, vous lui criez dessus (un peu, hein, les tympans c'est fragile).
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20.08.12 22:47
Euh bah moi, j'ai pas eu droit à de châtiments corporels mais je suis timide et stressée, aussi (peur de mal faire, sensible au culte de la performance, peur du jugements des autres, etc.). Par contre, oui, j'ai eu droit à des crises de colère de mon père pour un oui et pour un non ; en fait, systématiquement que je ne réussissais pas quelque chose du premier coup, que je le décevais, que je ne correspondais pas à son modèle d'enfant, etc.

Donc bon, je crois que ces peurs-timidités-résignation-dépression (un psychanalyste me catégoriserait "obsessionnelles-phobique") sont surtout liées aux fait qu'on n'ait pas été récompensés par nos parents (manque d'affection, manque d'estime, etc.) et qu'ils nous aient juste signifier qu'on les décevait (via des punitions et des renforcements négatifs) et qu'on n'ait pas eu d'autres personnes pour nous renforcer positivement.
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20.08.12 23:30
D'accord avec (m)hystérie, y'a bien d'autres choses que la violence physique qui peuvent expliquer ce genre de problèmes.
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21.08.12 15:13
@ M-hystérie : Ce que tu viens de dire à propos de l'origine de la timidité and co est... tout à fait ça ! Mais c'est con de blâmer ceux qui nous donné la vie (qu'on n'a pas démandée mais bon) alien !
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21.08.12 16:57
Je ne sais pas si c'est juste. Pour le moment, c'est la seule explication que je me suis formulée mais il y a sûrement tout un tas de psychologues et personnes qui ont dû réfléchir à tout ça bien mieux que moi !
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21.08.12 19:33
Morgause > En même temps, illes ne sont pas blâmés en tant qu'illes ont "donné la vie", mais en tant qu'illes ont adopte un comportement générateur d'angoisses... Ca n'empêche pas qu'illes aient fait ce qu'illes pouvaient (sans doute), et qu'il y ait plein d'autres facteurs, mais le fait d'avoir donné ou pas la vie n'entre pas en ligne de compte, c'est exactement pareil pour des parents/éducateurs biologiques ou pas.
(bref, tu n'entendais sans doute pas sacraliser la procréation et en faire une dette de l'enfant envers ses géniteurs, mais le passager sur blâmer ceux qui donnent la vie sonnait bizarrement à mes oreilles).
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18.01.13 19:19
Je suis hyper choquée par tes posts, Polyvalentour, d'autant plus que j'ai subi la même chose que ta petite soeur : le grand frère de 7 ans de plus qui décide qu'il est chargé de mon éducation et qui m'a frappée plusieurs fois parce que j'avais été "insolente", que je l'avais "bien cherché" de toute façon.

Même s'il a définitivement arrêté de me frapper lorsque j'avais 14 ans (je vois deux raisons : déjà je sortais du statut "enfant", et aussi j'ai appris à ne jamais rester seule avec lui dans un appartement ou une maison, super la relation), je vois des restes à deux niveaux :

-il continue d'utiliser de la violence envers moi, soit en haussant la voix et en m'insultant, soit en frappant des objets en me regardant. Par exemple la dernière fois que je l'ai vu, c'était en septembre, on avait un débat sur le féminisme parce que mes parents et mon frère considéraient que le viol conjugal n'en était pas un, que "la femme est censée savoir à quoi s'attendre" ; ma voix était calme, je n'ai insulté personne, et mon frère en face s'énervait, commençait à gueuler, à taper du poing sur la table, à faire mine de lever la main et prendre de l'élan avant de rebaisser le bras, pour recommencer une minute après; et quand je suis passée entre lui et un mur, il a frappé le mur juste après mon passage.

-j'imagine très facilement les gens de mon entourage me frapper, même si ce n'est pas du tout leur genre; j'ai l'impression que si je manque de délicatesse, si je pose une question maladroite, je vais voir l'expression de la personne en face se durcir et sa main se lever.


-je me suis déjà frappée moi-même (mais pas trop envie de développer là).


Je ne sais pas trop comment conclure ce post, de manière générale je suis 100% d'accord avec les posts de Numa et je voulais juste répondre par mon expérience aux posts de Poly parce que je m'identifiais complètement avec sa petite soeur.
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18.01.13 21:07
Waw, ça fait peur, ce que tu dis, Grussie. C’est un colérique ou quoi ? On dirait qu’il a du mal à canaliser ses émotions, j’espère que s’il est en couple, il ne se comporte pas de cette façon avec sa compagne.
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18.01.13 22:43
Cela fait longtemps que je n'ai plus infligé de châtiment corporel à ma petite sœur. Les courts intervalles de temps où elle et moi sommes en conflit sont beaucoup plus rares qu'avant. En fait, je me demande si l'exemple que je vous ai décrit il y a environ un an n'était pas la dernière fois que j'ai eu à la gifler.

Les petits sont lunatiques : un coup ils nous adorent, un coup ils nous détestent. Mais ce lunatisme diminue avec l'âge. Et quand les relations sont bonnes, les conflits sont moins fréquents que quand ces petits étaient plus jeunes.

Grussie a écrit:Je suis hyper choquée par tes posts, Polyvalentour, d'autant plus que j'ai subi la même chose que ta petite soeur : le grand frère de 7 ans de plus qui décide qu'il est chargé de mon éducation et qui m'a frappée plusieurs fois parce que j'avais été "insolente", que je l'avais "bien cherché" de toute façon.
Ton grand-frère essayait-il de se plaindre auprès de vos parents quand il te jugeait insolente ? Si oui, vos parents arbitraient-ils vos disputes ou bien s'en foutaient-ils ?

Grussie a écrit:je voulais juste répondre par mon expérience aux posts de Poly parce que je m'identifiais complètement avec sa petite soeur.
Tu sembles décrire ton grand frère comme une personne qui, même aujourd'hui, ne s'exprime envers toi que de manière violente. Je ne vois pas le rapport avec ma petite sœur et moi, à moins que tu ne t'identifie à ma petite sœur que les fois où elle était méchante avec moi, ce qui heureusement arrive rarement depuis au moins 6 mois.


Dernière édition par Polyvalentour le 10.11.13 17:17, édité 1 fois (Raison : faute d'orthographe)
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18.01.13 23:38
Polyvalentour a écrit:Cela fait longtemps que je n'ai plus infligé de châtiment corporel à ma petite sœur. Les courts intervalles de temps ou elle et moi sommes en conflit sont beaucoup plus rares qu'avant. En fait, je me demande si l'exemple que je vous ai décrit il y a environ un an n'était pas la dernière fois que j'ai eu à la gifler.
J'ai l'impression que tu confonds totalement éducation et vengeance.

"châtiment" appartient au champ lexical de l'éducation. "conflit" relève de la vengeance.
Mélanger les deux c'est moche.
Et, accessoiremment, frapper plus faible que soi c'est moche aussi, surtout dans un prétexte éducatif.
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18.01.13 23:48
C'est un peu assimilable aux brutalités policières.
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19.01.13 0:04
Polyvalentour a écrit:Je ne vois pas le rapport avec ma petite sœur et moi, à moins que tu ne t'identifie à ma petite sœur que les fois où elle était méchante avec moi
Tu trouves pas que ça ressemble à du victim-blaming, ce genre de phrase ?
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19.01.13 0:42
Grunt a écrit:"châtiment" appartient au champ lexical de l'éducation
Je ne le savais pas. Le dictionnaire confirme tes dires. Mais alors comment nommer avec concision une vengeance par la douleur physique ? "Représailles physiques" ?

Grunt a écrit:"conflit" relève de la vengeance.
Là, par contre, je n'ai pas trouvé de confirmation. Mon attitude lors du conflit que je viens de mentionner relève bien de la vengeance. Par contre, dans le cas d'une sanction pédagogique, je n'ai rien lu qui laissait penser que le mot "conflit" n'était pas adapté. Par exemple, si un établissement scolaire punit un racketteur, cette sanction n'est-elle pas une forme de conflit entre l'établissement et le racketteur (en plus du conflit entre le racketteur et les rackettés) ?

Grunt a écrit:Et, accessoirement, frapper plus faible que soi c'est moche aussi
Pourquoi ? Frapper plus fort que soi, c'est beau ? Suspect
Pourquoi les faibles devraient-ils avoir plus de droits que les autres ?

Numa a écrit:Tu trouves pas que ça ressemble à du victim-blaming, ce genre de phrase ?
Avant de te répondre, j'ai besoin de savoir plus précisément quels sont les sens que tu donnes au mots "victime" et "victime-blaming".

Je te pose cette question, car chez certaines personnes, par définition :
1) Quand deux personnes sont en conflit, celle qui a le dessous est une victime et l'autre non.
2) La victime est légitime.

C'est le fameux pouvoir des mots. Par exemple, quand on veut légitimer une conduite, il ne faut jamais dire "je veux avoir le pouvoir de" mais "je veux avoir la liberté de".

Je n'arrive pas à interpréter précisément le ou les arguments sous-entendus de ton message. Est-ce le tour de passe-passe sémantique avec le mot "victime" que je viens de décrire, ou bien une référence à des arguments que je n'ai pas réussi à interpréter ?
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19.01.13 0:55
Polyvalentour a écrit:
Grunt a écrit:"châtiment" appartient au champ lexical de l'éducation
Je ne le savais pas. Le dictionnaire confirme tes dires. Mais alors comment nommer avec concision une vengeance par la douleur physique ? "Représailles physiques" ?
Ouais, un truc genre "oeil pour oeil dent pour dent", "tu fais chier je te le rends".. oui, "représailles" est parfait.

Grunt a écrit:"conflit" relève de la vengeance.
Là, par contre, je n'ai pas trouvé de confirmation. Mon attitude lors du conflit que je viens de mentionner relève bien de la vengeance. Par contre, dans le cas d'une sanction pédagogique, je n'ai rien lu qui laissait penser que le mot "conflit" n'était pas adapté. Par exemple, si un élève rackette un autre élève, et si le racketteur se fait punir par l'établissement, cette sanction n'est-elle pas une forme de conflit entre l'établissement et le racketteur (en plus du conflit entre le racketteur et le racketté) ?
Non, pas vraiment. En tout cas, pas dans la façon dont notre société conçoit la notion de "justice", de "peine", de "châtiment", de "sanction". Ce sont des actes dé-personnalisés, exercés au nom d'un principe moral (et/ou de la société), qui excluent la notion de conflit.

D'ailleurs : les conflits armés sont régis par la Convention de Genève, qui permet que des gens s'entretuent, mais avec des règles (ne pas tirer sur les parachutistes, ne pas torturer les prisonniers)..
C'est très différent de la notion de "sanction par un état de droit" : quelqu'un qui tente d'être violent envers des policiers qui l'interpellent en flagrant délit, ou pire qui essaient de les menotter pour les embarquer chez lui, ne sera pas vu comme "en conflit" mais juste en train d'aggraver son cas.

Grunt a écrit:Et, accessoirement, frapper plus faible que soi c'est moche aussi
Pourquoi ? Frapper plus fort que soi, c'est beau ? Suspect
Pourquoi les faibles devraient-ils avoir plus de droits que les autres ?
Parce que la situation n'est pas symétrique. Frapper quelqu'un sans risque pour soi-même n'est pas équivalent à frapper quelqu'un en risquant de se faire dérouiller en retour. On est tjs le faible de quelqu'un d'autre, donc ça n'a pas vraiment de sens de dire "les faibles ont plus de droit" : c'est, dans une situation donnée, un rapport de force qui fait que le même acte n'a pas les mêmes conséquences.
Jeter une allumette sur quelqu'un n'a pas le même sens que jeter une allumette sur quelqu'un arrosé d'essence. Pourtant, ça ne veut pas dire qu'être arrosé d'essence signifie qu'on a "plus de droits que les autres".
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19.01.13 8:39
En ce qui me concerne je suis profondément choquée par l'usage de la violence sur les enfants. Je m'efforce de ne jamais y avoir recours, car à mon sens cela est une brutalité inacceptable qui se cache sous le couvert de l'éducation, mais qui n'en est pas. Ca relève plutôt de la volonté de domination. C'est un abus de pouvoir.
J'ai pris connaissance des travaux d'Olivier Morel de l'observatoire des violences éducatives ordinaires : http://www.oveo.org/ et globalement ça me parle beaucoup.
En ce moment la relation avec ma fille est difficile, et il m'arrive parfois de ne pas parvenir à sortir du conflit sans une tape, et ça me désole vraiment.
Lever la main sur un enfant c'est inacceptable.
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19.01.13 8:55
Polyvalentour a écrit:Pourquoi les faibles devraient-ils avoir plus de droits que les autres ?
Bon, déjà, je plussoie sur les arguments de Grunt, puis j'aimerais ajouter que le but (idéalement) des règles sociales et de la loi en particulier, est justement de protéger ceux qui sont en situation de faiblesse : ceux qui sont en situation de force n'ont pas besoin de cette protection.

Avant de te répondre, j'ai besoin de savoir plus précisément quels sont les sens que tu donnes au mots "victime" et "victime-blaming".
Euh, alors à un niveau assez basique, quand A tape sur B sans que B ait tapé sur A, je dis que B est victime de violences physiques de la part de A. Et le victim-blaming, c'est de dire (ou sous-entendre) que la victime est responsable de ce qui lui arrive.

1) Quand deux personnes sont en conflit, celle qui a le dessous est une victime et l'autre non.
Ce n'est pas de ça que je parle ici : tu as initié la violence physique, et vu vos âges respectifs, ce n'est pas une question « d'avoir le dessus » : la situation est trop asymétrique. Tu étais le seul en mesure d'exercer une violence physique efficace contre l'autre.

2) La victime est légitime.
Je ne sais pas ce que tu entends par « légitime », mais elle a certainement le droit qu'on ne cherche pas à :
1. minimiser les violences qu'elle a subi ;
2. tenter de les légitimer en disant qu'elle en est responsable.
Je rappelle que c'est toi qui a pris la décision d'utiliser la violence physique, elle ne t'y a pas forcé.

Je n'arrive pas à interpréter précisément le ou les arguments sous-entendus de ton message.
Alors je vais être très clair, quitte à être un peu blessant. Alors que Grussie raconte une expérience douloureuse, tu lui demandes si elle s'identifie à quelqu'un qui, en gros selon toi « l'a un peu cherché » (alors que comme tu le sais peut-être les victimes de violences ont déjà tendance à culpabiliser, on se demande bien pourquoi). Tu n'exprimes aucune empathie pour elle ni pour ta petite sœur et aucune inquiétude sur le fait que ta petite sœur ait pu être traumatisée par tes actes.

Ce comportement me semble tout à fait comparable à celui d'un violeur qui dit qu'elle « l'a bien cherché » et nie le traumatisme de la victime. Attention, je ne dis pas que frapper sa petite sœur c'est aussi grave que la violer, je parle du mécanisme de justification/minimisation et du refus d'écouter les victimes sans chercher à tout prix à les rendre responsables du comportement de leur agresseur.
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Châtiments corporels pour les enfants - Page 5 Empty Re: Châtiments corporels pour les enfants

19.01.13 11:38
Numa a écrit:Alors je vais être très clair, quitte à être un peu blessant. Alors que Grussie raconte une expérience douloureuse, tu lui demandes si elle s'identifie à quelqu'un qui, en gros selon toi « l'a un peu cherché » (alors que comme tu le sais peut-être les victimes de violences ont déjà tendance à culpabiliser, on se demande bien pourquoi). Tu n'exprimes aucune empathie pour elle ni pour ta petite sœur et aucune inquiétude sur le fait que ta petite sœur ait pu être traumatisée par tes actes.
@ Grussie : Désolé d'avoir rajouté une couche. Si j'ai réagi ainsi, c'est parce que j'ai été vexé que tu me compares à ton grand frère étant donnée la description que tu viens d'en faire.

Numa a écrit:Ce comportement me semble tout à fait comparable à celui d'un violeur qui dit qu'elle « l'a bien cherché » et nie le traumatisme de la victime. Attention, je ne dis pas que frapper sa petite sœur c'est aussi grave que la violer, je parle du mécanisme de justification/minimisation et du refus d'écouter les victimes sans chercher à tout prix à les rendre responsables du comportement de leur agresseur.
Je viens de relire la page 8 de ce topic et je constate que toi et moi avons interprété le comportement de ma petite sœur de manière très différente :

Numa a écrit:Note qu'en plus cette façon de présenter les choses est en quelque sorte la plus défavorable à ta petite sœur, parce qu'au lieu de considérer qu'elle se venge de façon consciente et délibérée on peut considérer qu'elle ne sait pas encore comment gérer ses sentiments (frustration, colère) et attirer l'attention des « grands » autour d'elle dont elle est pourtant totalement dépendante.

Numa a écrit:La différence avec une vengeance délibérée, c'est le jugement qu'on peut porter dessus en terme de « méchanceté ». J'ai plutôt tendance à voir ça comme un signe d'immaturité émotionnelle, ce qui me paraît tout à fait normal pour un enfant. Et par « normal », je ne veux évidemment pas dire qu'on doit tout accepter sans réagir, bien au contraire.

Pour prendre une comparaison, quand quelqu'un apprend quelque chose (quoi que ce soit), c'est normal qui se trompe et/ou le fasse mal au début. Bien sûr on doit lui faire remarquer pour qu'il progresse. Mais on ne va pas pour autant le juger et lui dire qu'il est « mauvais ». Il est juste débutant, c'est pas pareil.

Bah vivre en société, gérer ses émotions et les limites des autres, ça s'apprend aussi.

Numa a écrit:
Polyvalentour a écrit:
Numa a écrit:tout en posant des limites à ses comportements, on devrait rester conscient qu'il est normal qu'elle ne connaisse pas encore ces limites, elle est en train de les apprendre justement
Mais elle sait déjà que mes parents interdisent les insultes. D'ailleurs, lorsque c'est moi qui l'insulte ("Ta gueule !"), elle le rapporte aussitôt à mes parents.
Oui, j'ai hésité à préciser, j'aurais du. Je voulais plutôt dire intégrer les limites, enfin je veux dire il y a forcément des moments où on transgresse certaines limites volontairement soit pour les tester soit parce qu'on ne sait pas encore faire autrement pour obtenir une réaction, ou qu'on n'a pas encore compris quelles limites sont transgressables dans quelles situations.

Numa a écrit:
Polyvalentour a écrit:Est-on d'accord pour dire que les enfants veulent parfois faire du mal à autrui dans l'immédiat, et mobiliseront leur (modeste) intelligence pour atteindre ce but, ce que je condamne moralement et toi non ?
Je pense pas que te « faire du mal » (et franchement, j'aurais plutôt dit te faire chier, c'est moins poli mais ça me paraît un peu moins dramatique et plus au niveau de la situation) soit son but en fait. Je pense que c'est le seul moyen qu'elle a trouvé à ce moment pour s'exprimer.

Numa a écrit:
Polyvalentour a écrit:Mon motif ne vengeance n'est légitime que si le comportement de ma sœur est condamnable.
Euh, à mes yeux non, ton motif de vengeance n'est pas légitime tout court. À l'âge que tu as, avec l'éducation et l'expérience de la vie que tu as, tu disposes en principe d'autres moyen que de te venger par la violence physique pour gérer ton agacement, ta frustration ou ta colère.

Polyvalentour a écrit:
Numa a écrit:Euh, à mes yeux non, ton motif de vengeance n'est pas légitime tout court. À l'âge que tu as, avec l'éducation et l'expérience de la vie que tu as, tu disposes en principe d'autres moyen que de te venger par la violence physique pour gérer ton agacement, ta frustration ou ta colère.
D'autres moyens pour me venger, j'en ai à foison, mais ils sont tous à moyen terme ou à long terme. Plus haut, je disais : "Le problème, c'est qu'elle risque de ne pas comprendre que je la rejette un jour où elle est gentille car elle a été méchante la veille. Comme beaucoup d'autres jeunes enfants, elle ne voit pas à long terme."

Et même dans le cas où je trouverais une violence psychologique à court terme à lui faire subir, je ne vois pas pourquoi ce serait mieux que de la violence physique. Les deux reviennent au même à mes yeux. Après, il ne faut pas que la violence soit disproportionnée.

A moins que tu ne dises que j'ai d'autres moyens que de me venger, quelque serait la forme de la vengeance. Je peux facilement me laisser faire et tout prendre dans la tronche : j'ai déjà refoulé des colères et des frustrations bien pires (pas souvent, mais quand je le voulais, je le pouvais). Mais c'est toujours plus désagréable que de me venger. Donc si je juge la vengeance légitime et proportionnée, alors je ne m'en prive pas. En plus, dans ce cas-là, je n'étais pas seulement vengé, mais je pouvais aussi regarder l'émission.

Dans mon interprétation, comme j'ai choisi d'écouter une émission télévisée et donc de ne pas m'occuper de ma petite sœur ce soir là après manger, elle a ressenti de la frustration puis s'est vengée en cherchant volontairement à me faire souffrir.

Dans ton interprétation, elle a seulement cherché à attirer mon attention. Et comme elle était immature et avait du mal à gérer ses émotions, elle n'a rien trouvé de plus intelligent que de me traiter intempestivement de "con", de "méchant" et de "débile" avec un regard agressif pour m'empêcher d'écouter l'émission.

De mon point de vue, le comportement de ma petite sœur était inacceptable et je justifie cette gifle par ces deux raisons :
1) Il fallait qu'elle cesse ce comportement. (J'ai ainsi pu voir la fin de l'émission.)
2) Elle l'a mérité.

Pour les autres, je rappelle aussi que je m'oppose également à la dissymétrie entre les violences physiques et les violences psychologique. Ces derniers temps, notre société à tendance à diaboliser les châtiments et représailles physiques et à banaliser les châtiments et représailles psychologique.
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Châtiments corporels pour les enfants - Page 5 Empty Re: Châtiments corporels pour les enfants

19.01.13 12:26
Alice Miller a très bien cerné cette problématique dans ses ouvrages, en particulier Le Drame de l'enfant doué et C'est pour ton bien:
Alice Miller
Aux côtés des enfants maltraités

Psychanalyste suisse, Alice Miller lutte depuis vingt-cinq ans contre les châtiments corporels – claques, fessées – infligés aux enfants. Un combat repris par le Conseil de l’Europe, qui se mobilise pour leur interdiction. Les enfants humiliés et maltraités ne deviennent pas des monstres, mais tous les monstres ont été des enfants humiliés et maltraités.Devenu une évidence, ce constat n’allait pas de soi quand Alice Miller le formula au début des années 1980.

Petite femme brune au regard pénétrant, Alice Miller marque un avant et un après dans l’existence de ceux qui la rencontrent ou la lisent. Elle-même brimée par des parents meurtris par leur propre éducation, elle trouve refuge dans la peinture (www.alice-miller.com/gallery) et prend conscience de la charge d’angoisse imprimée dans son psychisme par son enfance.Après quelques années d’intense production créatrice, elle se met à écrire pour partager les fruits de sa réflexion.

Pensées

Dans "C’est pour ton bien", l’ouvrage qui fonde en 1984 l’acte de naissance de sa pensée, elle prend pour exemple la trajectoire d’Adolf Hitler : l’origine de sa cruauté serait à situer dans son enfance.

Sa pratique de la psychothérapie l’amènera aussi à explorer sa propre expérience, qu’elle raconte en filigrane dans ses livres, notamment dans Images d’une enfance (Aubier-Montaigne, 1987), autoportrait en mots et en aquarelles, ou Bilder meines Lebens, qui établit un parallèle entre son parcours psychique et artistique.

Son profond désaccord avec les thèses freudiennes au sujet du caractère « naturellement sexué et destructeur » de l’enfant la conduira à rompre avec l’Association psychanalytique internationale. Soutenue par l’Unesco et l’Unicef, sa thèse est aujourd’hui relayée par de nombreux thérapeutes ainsi que par des associations qui militent contre les violences « ordinaires » faites aux enfants (Ni claques ni fessées.org , Vaincre la violence...).

Agée de 84 ans, Alice Miller continue à publier livres, articles et réponses à des courriers de lecteurs pour propager son appel au changement des mentalités en matière d’éducation.

Le mal ne peut pas faire du bien
A l’origine de la violence que l’on s’inflige à soi-même ou que l’on fait subir à autrui, il y a toujours le meurtre de l’âme enfantine infligé aux petits par les adultes. C’est ce qu’Alice Miller appelle la « pédagogie noire », qui brise la volonté de l’enfant pour en faire un être docile et obéissant. La pierre angulaire de ce type d’éducation consiste à faire accepter à celui-ci qu’on « lui fait mal pour lui faire du bien ». Cette idée, développée par Alice Miller dans plusieurs de ses livres, dont Le Drame de l’enfant doué et C’est pour ton bien, met en relief le douloureux conflit intérieur que vit l’enfant : il souffre de la conduite de ses parents, mais l’accepte par amour pour eux.

Le droit de ne plus aimer ses parents
S’appuyant sur les parcours de Dostoïevski, Virginia Woolf ou Arthur Rimbaud, frappés d’épilepsie, de dépression ou de cancer, Alice Miller défend l’idée qu’il existe une relation irréfutable entre le manque de « nourriture affective » et les maux dont notre corps souffre à l’âge adulte. Avec le temps, les émotions réprimées dans l’enfance (par peur des punitions) se transforment en maladies et dépendances diverses. Pour rompre ce cycle malheureux, la thérapeute préconise de briser les interdits, et en particulier de nous autoriser à ne pas aimer nos parents. Tout comme les victimes doivent cesser de trouver des circonstances atténuantes à leur bourreau, les enfants ont le droit de rompre avec le commandement biblique : « Tu honoreras ton père et ta mère. » Le thérapeute, un « témoin éclairé » « Nous bâtissons de hautes murailles pour nous protéger de la douloureuse histoire de notre propre enfance. Il nous faut abattre ce mur du silence, en nous-même et dans le monde qui nous entoure, retrouver l’enfant méprisé, abandonné, trahi que nous étions jadis. Nous devons apprendre d’où viennent nos souffrances, et que l’on peut en guérir. » Pour ouvrir les yeux sur ce que nous avons vécu enfant, nous avons besoin d’un « témoin éclairé », un thérapeute conscient des répercussions des carences affectives précoces. Ce principe d’empathie est à la base de la pratique thérapeutique d’Alice Miller. En nous aidant à ouvrir les yeux, ce témoin éclairé vient à bout de notre « cécité émotionnelle ».

Extrait:
Revenant sur sa propre histoire, Alice Miller montre combien on peut souffrir en essayant en vain de combler les attentes de ses parents. "Je ne dois aucune reconnaissance à mes parents pour m’avoir donné la vie, car je n’étais pas désirée. Leur union avait été le choix de leurs propres parents. Je fus conçue sans amour par deux enfants sages qui devaient obéissance à leurs parents et souhaitaient engendrer un garçon, afin de donner un petit-fils aux grands-pères. Il leur naquit une fille, qui essaya, pendant des décennies, de mettre en œuvre toutes ses facultés pour les rendre heureux, entreprise en réalité sans espoir. Mais cette enfant voulait survivre, et je n’eus d’autre choix que de multiplier les efforts. J’avais, dès le départ, reçu implicitement la mission d’apporter à mes parents la considération, les attentions et l’amour que leurs propres parents leur avaient refusés. Mais pour persister dans cette tentative, je dus renoncer à ma vérité, à mes véritables sentiments. J’avais beau m’évertuer à accomplir cette mission impossible, je fus longtemps rongée par de profonds sentiments de culpabilité. Par ailleurs, j’avais aussi une dette envers moi-même : ma propre vérité – en fait, j’ai commencé à m’en rendre compte en écrivant Le Drame de l’enfant doué, où tant de lecteurs se sont reconnus.

Néanmoins, même devenue adulte, j’ai continué des décennies durant à essayer de remplir auprès de mes compagnons, mes amis ou mes enfants la tâche que m’avaient fixée mes parents. Le sentiment de culpabilité m’étouffait presque quand je tentais de me dérober à l’exigence de devoir aider les autres et les sauver de leur désarroi. Je n’y ai réussi que très tard dans ma vie. Rompre avec la gratitude et le sentiment de culpabilité constitua, pour moi, un pas très important vers la libération de ma dépendance à l’égard des parents intériorisés.

Mais il en reste d’autres à franchir : celui, surtout, de l’abandon des attentes, du renoncement à l’espoir de connaître un jour ces échanges affectifs sincères, l’authentique communication, dont j’avais tellement manqué auprès de mes parents. Je les ai finalement connus auprès d’autres personnes, mais seulement après avoir déchiffré l’entière vérité sur mon enfance, avoir saisi qu’il m’était impossible de communiquer avec mes parents et mesuré combien j’en avais souffert.
C’est alors seulement que j’ai trouvé des êtres capables de me comprendre et auprès desquels il m’était permis de m’exprimer librement et à cœur ouvert. Mes parents sont morts depuis longtemps, mais j’imagine aisément que le chemin est sensiblement plus difficile pour des gens dont les parents sont encore de ce monde.

Les attentes datant de l’enfance peuvent être si fortes que l’on renonce à tout ce qui nous ferait du bien pour être enfin tel que le souhaitent les parents, car on ne veut surtout pas perdre l’illusion de l’amour. » In Notre corps ne ment jamais (Flammarion, 2004).
"C'est pour ton bien" sur wikipédia:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_Miller#.22C.27est_pour_ton_bien.22_.281985.29

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Honnêtement combien de parents stressés et dépassés ont-ils cédé un jour à la violence? Je trouve normal d'avoir honte de ne pas arriver à se contrôler face à plus faible que soi, normal de tout faire pour tenter d'arriver à mieux se contrôler, en tout cas pas question de justifier ces dérapages et surtout pas d'en faire une méthode d'éducation...

Châtiments corporels pour les enfants - Page 5 52903698_p Peinture d'Alice Miller: Châtiments corporels pour les enfants - Page 5 Libres3 Châtiments corporels pour les enfants - Page 5 9782700721102
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19.01.13 12:42
Bon, je vais pas refaire le débat en entier, comme le montrent tes citations on a eu le temps chacun d'exprimer nos arguments et visiblement on n'arrive pas à s'accorder.

Un point quand même, donc je me souviens plus si on l'avait abordé : que penses-tu de la possibilité que ta petite sœur ait été marquée par ces épisodes, de façon plus profonde que tu ne l'as sans doute voulu ? Les jeunes enfants sont souvent plus vulnérables (et pas seulement à la violence physique, bien sûr, le fait de l'étiqueter comme « méchante » me semble aussi problématique). Est-ce que tu penses que le risque de la traumatiser est proportionné aux soucis qu'elle te causait ?

Pour les autres, je rappelle aussi que je m'oppose également à la dissymétrie entre les violences physiques et les violences psychologique. Ces derniers temps, notre société à tendance à diaboliser les châtiments et représailles physiques et à banaliser les châtiments et représailles psychologique.
Perso, comme je pense l'avoir déjà dit, je ne cherche pas du tout à banaliser la violence psychologique, et je pense que des concepts comme « châtiments » et « représailles » n'ont pas grand chose à faire dans l'éducation, qu'ils soient physiques ou non.
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19.01.13 13:12
J'en reviens à Alice Miller (qui m'a profondément marquée, c'est le genre d'ouvrages dont on se dit qu'il y a "avant" et "après" sa lecture...), qui parle des violences psychologiques autant que des violences physiques (qui sont hélas souvent complémentaires...):
La plaie sans doute la plus profonde – ne pas avoir été aimé tel qu'on était – ne peut guérir sans travail du deuil. Elle peut, avec plus ou moins de succès, être bridée par des mécanismes de défense (comme par exemple dans la grandiosité ou la dépression), ou bien, comme dans la compulsion de répétition, se rouvrir sans cesse. C'est également le cas dans la névrose obsessionnelle et la perversion. Les réactions méprisantes des parents face au comportement de l'enfant sont enregistrées en lui sous forme de souvenirs inconscients, et emmagasinées dans son corps.

L'avenir du drame de l'enfant doué (1994), Alice Miller (trad. Léa Marcou), éd. PUF, coll. Le fil rouge, 1996 (ISBN 2-13-047554-X), chap. III. Le cercle vicieux du mépris, Le mépris dans le miroir de la thérapie, p. 83

Dans le Drame de l'enfant doué, elle rapporte divers exemples de violences psychologiques, certaines extrêmes (de mémoire: "Une petite fille est désespérée: pour la punir son père a découpé vivant son hamster devant elle"), mais la plupart sont simplement du mépris, de l'indifférence.

Or s'il est envisageable d'interdire légalement les sanctions corporelles, comment pourrait-on interdire le mépris et l'indifférence, qui pourtant sont souvent largement aussi destructeurs? Sad
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19.01.13 13:24
Sardine : Je ne sais pas... ça m'a l'air impossible autrement que par un profond changement de mentalité. Sad

Sinon, en réponse à Poly :
Je t'ai comparé à mon frère mais mon frère n'est pas un monstre; il est "juste" très soupe-au-lait et excusé par la société d'être violent envers sa petite soeur, alors quand il a envie de se défouler, c'est logique que ça tombe sur moi; et puis il a une grosse voix, donc pour gagner un débat, c'est logique qu'il gueule; je ne le condamne pas particulièrement, c'est clair que je lui en veux beaucoup mais il lui arrive d'être très sympa aussi; j'expose juste le ressenti de quelqu'une qui s'est fait taper parce qu'elle se comportait comme ça lui venait, elle, et non pas comme il attendait qu'elle se comporte. C'est pour ça que quand tu écris que ta petite soeur avait été méchante, qu'elle te cherchait et qu'elle avait bien mérité une bonne baffe, ça me fait sursauter : moi non plus je ne suis pas une jolie poupée silencieuse et agréable, ça m'est bien sûr arrivé (et plus d'une fois, oulàlà) de faire chier mon grand frère, de le harceler pour qu'il joue avec moi, de brailler, comme font tous les enfants et de lui dire qu'il était débile. Et alors ? La situation est tellement inégale, c'est un devoir moral qu'on a en face de quelqu'un qui a moins d'attaque que nous, de s'abaisser à sa capacité d'attaque.
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